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NOUVELLE-AQUITAINE
Loïc Fabrègues
La pêche locale a la cote
Dans un marché rendu
difficile par la fermeture
des restaurants,
la pêche en Nouvelle-
Aquitaine tire son
épingle du jeu grâce
S ur les 529 navires de pêche que
compte la Nouvelle-Aquitaine,
les trois quarts sont des moins de
12 mètres. Une flottille de côtiers,
adepte des sorties à la journée, dont les
apports sont recherchés. Inscrit dans la pure
tradition du mareyage avec peu de produits
15 781
débarquées
dans les
5
criées
t
Comme on a la chance d’être avec des vail-
lants qui respectent leur métier et font le
boulot sur le bateau, on peut proposer un
produit qualitativement mieux travaillé »,
explique Jean-Manuel Goncalves. Le direc-
teur de Foro Marée et de Mayo marée à
Arcachon indique valoriser ces produits à
transformés et spécialiste de l’export, Foro néo-aquitaines l’achat. L’entreprise a également mis en
à sa flottille côtière. Marée à La Rochelle trouve auprès de ces en 2020 (-6 %). place les moyens logistiques pour les ache-
Des produits appréciés
74
bateaux les pièces entières de toute pre- miner le plus rapidement possible.
localement mais aussi mière fraîcheur qu’il envoie aux quatre % Pour des espèces phares comme la
à l’international. coins du monde. L’entreprise, qui achète des navires sole, le merlu, le maigre, le céteau ou bien
quelque 6 000 tonnes par an dans les criées néo-aquitains encore la seiche, Tom Alldritt, responsable
françaises, ne cache pas développer aussi pratiquent les arts des achats chez Mericq, basé à Estillac, près
les achats de gré à gré avec cette flottille dormants contre d’Agen, parle de son côté d’une « expertise
ou encore signer des contrats avec certains 26 % pour les arts globale » qui s’est forgée dans les ports de
de ces bateaux. traînants. la région. « On ne peut pas parler de spé-
(Source : comité régional
Cet engagement contractuel va de des pêches de Nouvelle-
cialisation car les criées vivent de leur diver-
pair avec la mise en place d’un cahier Aquitaine) sité mais on peut dire qu’il y a des savoir-
Reportage : Loïc FABRÈGUES des charges. « On attend une prestation. faire qui se sont développés sur ces espèces
▼
Pêcheurs d’Aquitaine à Arcachon semble
avoir valeur d’exemple sur ce point. Le Basée à Saint-Jean-de-Luz, l’entreprise de mareyage Dima
port doit aujourd’hui composer avec une privilégie les achats dans les criées de la région. Elle achète
partie de sa flottille ayant décidé d’al- néanmoins sur tout le littoral et notamment en Espagne dans les
ler vendre ses céphalopodes à la criée de Asturies, en Galice ou encore à Barcelone. « Les achats, c’est le
Pasajès, en Espagne. Le céteau, qui était nerf de la guerre », souligne Lionel Bertherat, le gérant de la
dans les cinq premières espèces en valeur société. Pour s’assurer de la qualité des approvisionnements,
à Arcachon jusqu’au milieu de la der- « c’est bien d’avoir quelqu’un sur place. On a donc des
nière décennie, vient, lui, de finir l’an- fournisseurs. On paye peut-être un peu plus cher mais on a
née 2020 en 14e position. Deux espèces eu des expériences d’achat à distance qui ne nous ont pas
DR
pour lesquelles l’atelier de mareyage de satisfaits. De plus, on travaille peu à la commande.
l’OP, désormais repris, avait développé un On préfère acheter en anticipant les besoins de nos
savoir-faire et de bons réseaux de commer- clients ». Les restaurants qui constituent l’essentiel de
cialisation par-delà justement les Pyrénées. sa clientèle.
Il n’en demeure pas moins, selon
Lionel Bertherat
Sophie Méric, que le marché régional reste
attrayant pour sa flottille de pêche. « La
Nouvelle-Aquitaine est en demande de pro-
Foro Marée s’agace des achats d’opportunités
▼
LFa
J
exprimé son soutien au travers d’une cam- Michel Berthommier, le patron de l’Esturgeonnière, met en avant la mobilisation
’ai fait une demande de PGE [prêt garanti pagne de promotion des produits régio- de la filière lors des fêtes de fin d’année.
par l’État] pour avoir un coussin de tréso- naux.
rerie mais je n’ai pas eu besoin des aides
prévues dans le cadre du Feamp (Fonds
« Les seules à avoir été assez frileuses ont
été les GMS, constate Michel Berthommier. 38 t
La production
à faire face à une concurrence féroce, avec
la Chine en chef de file. « Sur un marché
européen pour les affaires maritimes et la Elles ont été en rupture et auraient pu mondial de 380 tonnes, elle en produit 140
pêche) pour minimiser l’impact de la crise appuyer sur le bouton réassort. Elles ne de caviar en France à 150 avec une particularité : sa population
en 2020.
sanitaire. À ma connaissance, mes confrères l’ont pas fait. Cela démontre que le caviar n’en consomme pas et le pays exporte donc
ne les ont pas sollicitées non plus », indique est devenu un produit d’appel pour les fêtes toute sa production », souligne le patron
Michel Berthommier, patron de l’Esturgeon- mais ne constitue pas la marge du distribu- de l’Esturgeonnière. En Europe, l’Italie et la
nière, au Teich. Le vice-président du Syndicat teur. » Le maintien de la fermeture des res- Pologne sont de sérieux concurrents.
français de l’aquaculture marine et nouvelle taurants en France continue, lui, à peser sur Sous l’appellation caviar d’Aquitaine (lire
(Sfamn) et de l’association Caviar d’Aqui- les ventes. Ce débouché représente environ ci-dessous), une partie des producteurs fran-
taine avoue un mois de décembre excep- 20 % de la commercialisation. Il constitue çais s’est donc organisée pour mettre en
tionnel. « La filière s’est mobilisée et on a aussi sur certaines périodes la quasi-totalité avant son savoir-faire. La démarche porte ses
fait feu de tout bois. Ces efforts ont conduit des revenus des piscicultures. Les exporta- fruits. « Le caviar d’Aquitaine vaut deux fois
à de très bons résultats », explique-t-il. tions se révèlent donc de véritables planches plus cher que n’importe quel autre baeri
Parmi les actions engagées à l’approche de salut. européen », indique Michel Berthommier.
des fêtes, on retient la diffusion d’un mani- Le caviar français est très apprécié à Ce dernier déplore néanmoins une législa-
feste dans les médias. Signé par une cin- l’étranger. « On y vend entre 40 et 50 % tion un peu trop laxiste de la part de l’Eu-
quantaine de personnalités dont de nom- de nos volumes. Ces débouchés ne se rope. « Si vous achetez un esturgeon à
breux chefs, il résumait ainsi la situation : sont jamais vraiment arrêtés. Quand l’Asie l’étranger mais que vous produisez le caviar
« La crise sanitaire et ses répercussions éco- a stoppé l’import, les États-Unis ont pris le en France, vous pouvez écrire en gros
nomiques ont un impact considérable sur la relais. Cela nous a permis de continuer à tra- "Produit en France" et indiquer en minuscule
filière aquacole du caviar qui voit ses mar- vailler », raconte Michel Berthommier. Reste le pays d’origine du poisson », résume-t-il. n
U ne première production d’huîtres prix de nos huîtres parce qu’on avait le label.
LFa
labellisée Agriculture biologique L’important pour nous était de montrer que
(AB) a vu le jour sur le bassin d’Ar- l’on ne faisait pas de triploïde », indique
cachon. Pour Anne Marquet et Nicolas Anne Marquet. Le cahier des charges du
Goderel, à l’origine de la démarche, il a fallu bio l’interdit. Il permet, en revanche, d’uti-
une sacrée dose d’abnégation. Le couple liser du naissain diploïde issu d’écloseries.
de trentenaires, à la tête de l’entreprise Les Le couple a donc aussi adhéré à l’associa-
huîtres MarGo, a dû démontrer que les eaux tion Ostréiculteur traditionnel qui exige une
du bassin étaient éligibles au label. « On a huître née en mer. Ils réalisent ainsi l’en-
dû récupérer les analyses microbiologiques semble du cycle de production en démarrant
qui déterminent le classement sanitaire des par la pose des collecteurs pour le naissain.
zones conchylicoles. Il faut absolument avoir « Si on a choisi le bio, c’est qu’il est le label
des parcs classés en zone A ou B », explique le plus reconnu par les consommateurs. S’il
l’ostréicultrice, installée sur le port de La « Au tout début, il y a beaucoup de papiers à remplir. Après cela se calme », y avait eu un autre label avec une notoriété
Teste-de-Buch. raconte Anne Marquet. identique mais interdisant toute huître issue
Le travail ne s’est pas arrêté là. Les pro- d’un laboratoire, on y serait allé », avoue
duits bio devaient être bien séparés des Naissain naturel péen AB impose par ailleurs une période la jeune femme. L’entreprise ostréicole qui
autres, que ce soit sur les parcs ou dans le L’entreprise est de conversion de trois mois pour les parcs produit moins d’une vingtaine de tonnes
bassin dégorgeoir de la cabane. Il a fallu aussi membre durant laquelle l’ostréiculteur doit se mettre par an commercialise sa production en vente
aussi mettre en place une traçabilité depuis d’Ostréiculteur en conformité avec les règles de production directe sur les marchés du côté de Toulouse.
le naissain jusqu’à la marchande. « Il faut traditionnel qui bio. Résultat, le couple a mis environ trois ans Le couple espère pouvoir ouvrir cet été
tout bien noter », indique Anne Marquet. Il exige une huître pour labéliser sa production d’huîtres. une dégustation, moyennant quelques tra-
née en mer.
y a eu aussi les audits. Trois ont été menés Pour les deux ostréiculteurs, l’objectif vaux dans leur cabane. Il faudra aussi que
par l’organisme certificateur avant la déli- n’était pas de trouver une source de valorisa- les règles sanitaires liées au coronavirus se
vrance du logo vert. Le règlement euro- tion supplémentaire. « On n’a pas changé le soient assouplies d’ici là. n