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DOCUMENT CONFECTIONNE PAR MONSIEUR NDOUR

TEL. 77-621-80-97

LE LANGAGE

INTRODUCTION
Le langage désigne tout système de signes pouvant servir de moyen de communication. Cette définition
pose déjà l’idée que le langage est spécifique à l’homme, mais elle admet implicitement l’existence d’autres types
de langage : les gestes, l’écriture, le regard, l’art, la musique, la gestuelle, le langage des fleurs, de la nature, des
couleurs etc. Certains reconnaissent le langage animal qui serait différent du langage humain par ses caractères. Le
langage animal est naturel, innée, instinctif et est l’expression des besoins de l’animal. C’est aussi un langage
répétitif, commun à une espèce particulière. A la différence du langage animal, le langage humain repose sur des
signes qui sont des instruments, ce qu’on appelle outils linguistiques et ils sont conventionnels. Ils ne sont pas
innés, mais acquis. Les signes sont aussi relatifs, c’est à dire ils varient d’une société à une autre et d’une époque à
une autre. Bref, nous étudierons ici les rapports entre le langage, la langue et la parole. Ensuite, nous aborderons
les rapports que le langage entretient avec la pensée et enfin nous examinerons les différentes formes et fonctions
du langage.
I-) LANGUE, LANGAGE ET PAROLE
Le dictionnaire Lalande définit le langage comme « l’expression verbale de la pensée » ou encore « tout
système de signes pouvant servir de moyen de communication ». Pendant que le langage est une faculté
universelle de communication propre aussi bien à l’homme qu’à l’animal, la langue désigne un produit social. La
langue est une ensemble de signes adoptés par un groupe social pour exprimer son vécu, ses réalités, ses
sentiments etc. C’est pourquoi il existe des mots d’une langue, intraduisibles dans d’autres langues. La langue est
un fait social, car elle est collective ; elle est également culturelle. En effet, il n’y a pas de langue sans culture, tout
comme il n’y a pas de culture sans langue : c’est la langue qui spécifie la culture en la distinguant des autres
cultures. C’est ce que Sapir traduit en ces termes : « la langue est le dépôt de la culture ».
Pour ce qui est des rapports entre la langue et la parole, il faut retenir que la parole est une émission de sons
articulés, distinctifs, significatifs. C’est un acte concret et personnel. La parole est un acte personnel parce que
chaque personne s’exprime avec une intonation et un débit particuliers. La parole est l’actualisation de la langue,
c’est le code propre à une communauté et qui permet à ses membres de communiquer. Le linguiste, Ferdinand de
Saussure, a fait une distinction entre la langue et la parole. Selon lui, la parole est individuelle, elle est
l’actualisation personnelle de la langue. Autrement dit, la langue est le code dont l’individu se sert pour
transmettre un message par la parole. Tandis que la langue est collective, la parole est la réalisation effective de la
langue par un sujet individuel.
II-) FORMES DU LANGAGE
Le langage a plusieurs formes : il y a l’écriture, le regard, l’art, la musique, le langage des fleurs, la gestuelle
etc. La gestuelle est un langage, un système de communication dans lequel les énoncés sont véhiculés par des
gestes. Ce langage parvient à exprimer des concepts, des émotions, des sensations et à représenter des objets et
éléments de la nature au moyen du geste. Exemple la mimique chez les sourds-muets.
Au-delà de ces différentes formes du langage, est-il possible de parler d'un langage animal ? En tout cas, si on
considère que les animaux s'expriment à l'aide de gestes et de sons, on peut admettre que le langage animal existe
bel et bien. Ce qu'on appelle « communication animale » concerne la manière dont les espèces animales
communiquent à l'aide de signes non verbaux. Le système de communication des abeilles est, à cet effet, fascinant.
Elles présentent d'excellentes aptitudes à la communication, selon Karl Von Frish. Au retour d'une bonne source
de nourriture, une éclaireuse accomplit une danse sur les rayons supérieurs de la ruche, afin d'indiquer aux autres
abeilles la direction et la distance de la nourriture. Dans son ouvrage Vie et mœurs des abeilles, 1955, Karl Von
FRISH a étudié les danses en forme de 8 qu’effectuent les abeilles, dans le plan vertical de la ruche. Il a montré
que l’insecte peut ainsi livrer 4 informations à ses congénères qui lui emboîtent le pas en maintenant leurs
antennes en contact avec l’abdomen de la danseuse.
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III-) FONCTIONS DU LANGAGES
La principale fonction de la langue est la fonction de communication. Il s’agit de l’échange d’informations
entre un ou plusieurs locuteurs (émetteurs) et un ou plusieurs interlocuteurs (récepteurs, destinataires).
La fonction de communication peut être subdivisée en plusieurs fonctions.
-La fonction d’expression ou expressive : Le langage exprime, manifeste et extériorise l’intériorité de l’individu.
Lorsqu’on parle, notre vie intérieure ne nous appartient plus, car on livre à autrui notre intériorité. Mais le langage
exprime aussi notre façon d’être et de parler et en dit long sur notre personnalité.
-La fonction magique ou créatrice peut être perçue dans la pratique du sorcier qui, par ses incantations, arrive à
agir sur le réel, la nature. Avec son abracadabra ou toute autre formule, le magicien produit l’effet souhaité.
-La fonction thérapeutique : Le langage soigne, il peut permettre de soigner l’individu de ses peines et
souffrances. Celui qui croule sous le poids du remords se soulage lorsqu’il se confesse. La psychanalyse guérit par
la méthode du divan ; le « ndëpp » (exorcisme, cérémonie pleine de rituels) guérit également.
-La fonction sociale : Le langage est nécessaire à la compréhension de l’autre et à l’existence d’une vie sociale
faite d’entente et de compréhension mutuelle.
-La fonction poétique ou esthétique : Elle accorde une importance particulière à l’aspect esthétique du message
transmis. Elle utilise des procédés qui mettent en valeur le langage, et cela dans des œuvres poétiques.
-La fonction conative : Appelée aussi fonction impérative ou injonctive, cette fonction centre le message sur le
destinataire. Le locuteur cherche à produire un effet sur son interlocuteur : obtenir quelque chose de lui (dans le
cas d’un ordre, par exemple). Cette fonction est essentiellement représentée par l’emploi de l’impératif.
-La fonction phatique : Elle est celle qui permet d’établir, de maintenir ou d’interrompre le contact entre deux
interlocuteurs.
-La fonction métalinguistique est celle qui centre le message sur la langue elle-même en prenant le code utilisé
comme objet de description.
On constate que le langage a d’autres fins en plus de sa fonction essentielle qui est la communication. Si le
langage rapproche, il peut aussi séparer. En effet, certains mots peuvent blesser, choquer, nuire à l’intégrité
d’autrui. On peut donner l’exemple des injures, des calomnies. Le langage peut également être source
d’incompréhension . C’est parce que les mots peuvent avoir plusieurs sens et peuvent être diversement interprétés.
En résumé, on retiendra que le langage peut, à la fois, unir et séparer. C’est pourquoi HOLDERLIN disait : « Le
langage est le bien le plus précieux et le plus dangereux que les dieux ont donné aux hommes ». Ces différentes
fonctions du langage révèlent ainsi son pouvoir et son efficacité.
IV-) LANGAGE, POUVOIR ET VIOLENCE
1-) Langage comme source de pouvoir
Le pouvoir du langage peut être perçu dans les domaines de la politique ou de la presse. Le politicien est
d’habitude un démagogue qui sait attirer l’attention par son discours. La presse aussi a un pouvoir d’orienter les
opinions, de modifier les comportements. Le langage est donc un moyen de maîtrise et de domination. Le sophiste,
le poète, l’avocat et même le philosophe sont considérés comme des beaux parleurs, des séducteurs qui, par le
langage, ont un pouvoir de persuasion ou de dissuasion. Le langage confère ainsi à l’homme un pouvoir sur les
choses, car rien qu’avec les mots, l’homme peut changer le cours des choses.
2-) Langage et violence
On peut définir la violence comme tout acte moral, verbal, psychologique ou physique exercé sur un
individu sans son consentement. Cela, en vue de le contraindre, de lui faire mal. En bref, la violence désigne toute
forme d’atteinte à l’intégrité d’autrui. Dans son rapport avec la violence, s’il est vrai que le langage peut résoudre
des conflits, il peut aussi les réveiller et causer de rares violences. Selon le sociologue Pierre Bourdieu, à chaque
fois qu’un individu ne reçoit pas le respect qui lui est dû, on peut parler de violence. Par exemple, infantiliser une
personne adulte, lui parler comme si elle est un enfant ou un faible d’esprit, c’est la rabaisser.
V-) LANGAGE, PENSEE ET REEL
1-) Langage et pensée
Ici, il s’agit d’examiner les rapports entre la pensée et le langage d’une part et ses rapports avec la réalité
environnante d’autre part. Les rapports entre la pensée et le langage sont d’habitude posés en termes d’antériorité
de l’un par rapport à l’autre. Est-ce le langage qui précède la pensée ou le contraire ? Logiquement, c’est la pensée
qui précède le langage : nos paroles sont l’extériorisation, l’expression de la pensée, de nos idées. Ils nous arrivent
même de chercher les mots pour exprimer une pensée déjà faite, déjà construite. Mais il n’en est rien, la pensée ne
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vient pas avant le langage. En effet, dès qu’on pense, on parle, car on ne peut penser qu’avec les mots comme
l’écrit Oscar Wilde « nos pensées naissent toutes habillées ». Plutôt qu’un rapport d’antériorité, langage et pensée
entretiennent un rapport de simultanéité dans le processus de leur élaboration. Pour Hegel, « c’est dans les mots
que nous pensons », c’est à dire que nous formulons nos idées avec les mots. La pensée serait même une sorte de
langage intérieur, c’est « le dialogue silencieux de l’âme avec elle-même ».
2-) Le langage et le réel
Une rupture peut cependant s’établir entre la pensée et le langage. Dans le lapsus et le délire, le langage est
séparé de la pensée. Il arrive aussi que ce que nous disons ne traduit pas fidèlement la pensée. C’est pourquoi on
dit souvent que le langage est infidèle à la pensée puisqu’incapable de traduire exactement nos pensées, nos
sentiments, nos émotions etc. Parfois, quand la personne est sous l’effet d’une colère excessive ou d’une joie
débordante, elle a du mal à exprimer ses sentiments. Le langage présente des limites et c’est pourquoi il peut
manquer royalement la réalité ou même la masquer. Il lui arrive même assez souvent d’être incapable d’exprimer
des émotions et la personne se tait tout bonnement parce qu’elle entre dans l’univers de l’ineffable, de ce qui ne
peut être dit, faute de mots adéquats. C’est à ce titre que Ludwig Wittgenstein disait : « Ce qu’on ne peut dire, il
faut le taire ».
Mais selon Hegel, il est faux de dire que le langage est inapte à traduire nos pensées. A l’en croire, une pensée qui
ne trouve pas son mot n’est pas encore arrivée à maturité, elle est une pensée « à l’état de fermentation » et
trouvera forcément son mot lorsqu’elle sera mûre. Hegel critique ainsi l’ineffable ; pour lui, tout peut se dire, car
tout a un mot. Il affirme que c’est seulement dans et par le langage que la pensée peut se réaliser. Dès lors, on peut
comprendre Boileau qui disait : « Ce qui se conçoit bien, s’annonce clairement et les mots pour le dire viennent
aisément ».

CONCLUSION
Le langage a toujours intéressé la philosophie et il doit être l’affaire de tous, surtout des philosophes. C’est
pourquoi Alain a dit : « Celui qui n’a jamais réfléchi sur le langage n’a pas encore vraiment commencé à
philosopher ». Le linguiste Roman Jakobson, dans ses Essais de linguistique générale démontre que la plupart des
actes de langage mettent en œuvre 6 facteurs : un émetteur (ou locuteur / destinateur) qui transmet un message à
un récepteur (ou destinataire) dans un contexte, selon un code qui est commun à l’émetteur et au récepteur et par
le biais d’un canal (ou contact) qui établit et maintient la communication (la parole ou l’écrit).
L’étude des langues a considérablement progressé avec l’avènement de la linguistique. Cette discipline connaîtra
son essor avec Ferdinand de Saussure. Ce dernier considère la langue comme un ensemble, un système de signes
(mots). Le signe linguistique est constitué de deux parties : le signifiant et le signifié. Le signifiant est la partie
sonore, alors que le signifié est l’idée, le concept auquel renvoie le signifiant. Ferdinand de Saussure dit que le
rapport signifiant-signifié est arbitraire et c’est ce qui explique le caractère conventionnel des langues.
Rappelons enfin que le langage est à la fois animal et humain. Dans le langage humain, chaque locuteur a un
niveau de langage et de vocabulaire en rapport avec ses préoccupations personnelles, ses intérêts, sa vie
professionnelle, comme l’écrit Wittgenstein : « Les limites de mon langage sont les limites de mon monde ».

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