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Zineb Mikdam
Zineb Mikdam*
1
S ommaire
Résumé ………………..……………………..………...……………………. 3
Introduction ……………..………………………………………….....……... 4
Conclusion ……………………….....………………...……………………… 21
Bibliographie ………………....………………………..……………………. 22
2
Résumé
Or, ces accords que le Maroc avait conclus, sont confrontés à de sérieuses
difficultés et obstacles qui ne permettent pas de dynamiser le processus d’intégration du
Maroc dans cet espace, ce qui provoque de profondes difficultés qui bloquent
l’avancement des autres projets sous- régionaux dans lesquels le Maroc est une partie
prenante, et qui se répercutent négativement sur les flux des échanges extérieurs du pays, et
par conséquent sur l’ensemble de sa balance commerciale.
Abstract
As part of the Euro-Mediterranean partnership, Morocco has opted for free trade
agreements, focused on both the North and South of the Mediterranean to implement a free
trade area between Europe and each Mediterranean third countries.
This partnership is subject to other regional projects with the aim of closer
between the southern Mediterranean countries, including the Agadir Agreement, the pan-
Arab area, and the efforts provided as part of the UMA as a regional entity that brings
together the countries of the southern Mediterranean.
3
Introduction
L’ouverture sur l’économie mondiale, et le pas franchi par le Maroc dans le cadre
du processus d’intégration avec les pays de l’espace euro-méditerranéen sont sans doute
une opportunité à saisir. Cette opportunité peut générer des gains au-delà des gains
traditionaux en exploitant des économies d’échelle, et en permettant également aux
entreprises nationales de prospecter de nouveaux marchés et de bénéficier d’attraits de
capitaux. Le Maroc concevait ce processus d’intégration dans un cadre élargi de partenariat
Nord-Sud et Sud-Sud fondé sur des principes de dialogue et de coopération.
L’application du PAS1;
Des taux d’investissement insuffisants ;
Des échanges commerciaux peu diversifiés et très dépendants de l’Europe ;
Des assainissements macroéconomiques fragiles ;
Des flux financiers faiblement porteurs de développement.
1
. Programme d’Ajustement Structurel.
4
Nous procéderons dans ce qui suit, à la présentation des enjeux des divers accords
que le Maroc a conclu avec le Nord et le Sud de la méditerranée, notamment les incidences
commerciales de ce processus d’intégration.
Or, malgré cette diversification des partenaires, le Maroc s’est tourné vers l’UE,
en tant que principal partenaire du pays dans l’espace euro-méditerranéen.
Cette situation ne reflète pas, cependant, les relations économiques du Maroc avec
l’UE, où les écarts de développement restent immenses. D’ailleurs, en termes de produit
intérieur brut par habitant (plus précisément PIB par habitant en parité de pouvoir d’achat),
la moyenne européenne représente six fois le revenu moyen par habitant du Maroc qui était
à l’ordre de 5 193 dollars en 20123.
2
. MARIA Callejon; GEMMA Garcia; Effets commerciaux de l’établissement d’un accord de libre échange
entre l’UE et le Maroc ; Grup de Recerca en Governs i Mercats ; Site de l’université de Barcelone ;
www.ideas.repec.org/d/gprubes.html; Consulté le 23/10/2013
3
. Selon les chiffres publiés par le Fond Monétaire International en 2013.
5
Par ailleurs, il est évident que la libéralisation éprouve des lacunes en termes
d’échange, pourtant, l’UE est le premier partenaire commercial du Maroc dans l’espace
euro-méditerranéen.
Nous constatons de ce fait que le marché européen absorbe une part relativement
importante des exportations et des importations marocaines par rapport aux pays
méditerranéens, notamment après la mise en place progressive d’une zone de libre échange
en 1996, ce qui place l’UE au premier rang des principaux partenaires commerciaux du
Maroc, comme le montre le graphique suivant :
Graphique 1
2000 2013
32%
42%
UE
PSEM 54%
66%
Monde (hors Euromed)
2%
4%
6
Graphique 2
15%
1-France 2-Espagne
34% 3-Allemagne 4-Belgique
4% 5-Royaume-Uni 6-Pays-Bas
5% 7-Portugal 8-Suède
9-Roumanie 10-Italie
11-Polonie 12-Autriche
5%
13-Ireland 14-Finland
15-Lithuanie 16-Estonie
17-République tchèque 18-Hongrie
8% 19-Slovaquie 20-Grèce
21-Danemark 22-Lettonie
23-Bulgarie 24-Malta
25-Slovénie 26-Luxembourg
29% 27-Chypre
Nous constatons alors, que les échanges commerciaux du Maroc sont dominés
particulièrement par la France et l’Espagne, qui représentent les principaux fournisseurs et
les principaux débouchés pour le Maroc, en défiant ainsi l’obstacle d’inégalité de
développement entre le pays et ses deux anciens colonisateurs.
7
Graphique 3
Exportations Importations
80 000 120 000
70 000
100 000
60 000
80 000
50 000
40 000 60 000
30 000
40 000
20 000
10 000 20 000
0 0
Rappelons que, l’accord signé entre le Maroc et les pays de l’UE a porté
essentiellement sur trois secteurs à savoir, l’industrie, l’agriculture et la pêche.
En effet, nous pensons que cet accord a accordé une importance cruciale au
secteur industriel lors de son adoption, avec un léger retard pour faire avancer le secteur
agricole. Par contre, en ce qui concerne le secteur de pêche, ce dernier a toujours fait objet
de profondes négociations entre les deux partenaires depuis l’accord de 1996 jusqu’à nos
jours, plus précisément après la suspension de cet accord en 2011 pour le renouveler en
2013. Cette situation dévoile alors l’intérêt de ce secteur pour les deux partenaires.
D’ailleurs, cet intérêt porté au secteur industriel nous semble être défavorable
pour le Maroc, étant donné que le marché européen connait une forte concurrence,
notamment dans ce secteur. En effet, le Maroc se trouve concurrencé par les pays Sud
méditerranéens, surtout par la Tunisie et la Turquie dans le secteur du textile. Aujourd’hui,
le Maroc doit confronter d’autres concurrents sur le marché de l’UE, précisément des pays
de l’Asie, surtout dans le domaine d’habillement et des chaussures, puisque la fin de
l’accord multifibre en 2005 qui régissait le commerce international dans la filière textile, a
8
rendu la concurrence plus acharnée sur le marché européen et dont souffre le Maroc
actuellement. Nous pouvons dire alors que, la spécialisation du Maroc dans le secteur
industriel face à une forte concurrence sur le marché européen a certainement des
répercutions négatives sur l’économie nationale.
Sachant que les accords d’association avec l’UE ainsi que la zone de libre échange
sont fondés sur une libéralisation progressive du secteur agricole, ainsi qu’un
démantèlement sur douze ans pour les produits originaires de l'UE dans le cadre de trois
listes contre un accès libre pour les produits industriels marocains, force est de constater
que le Maroc s’est orienté vers un secteur pour lequel il ne possède pas d’avantage
comparatif. Par conséquent, le pays continuera à affronter la forte concurrence sur le
secteur industriel des pays européens industrialisés tel est le cas de l’économie Allemande.
D’ailleurs, même avec l’adoption des accords de libre échange autour de l’espace
euro-méditerranéen à la fois avec les pays de l’UE et les pays arabes ainsi qu’avec la
Turquie, la balance commerciale marocaine enregistre toujours un déficit structurel. En
effet les exportations marocaines ne couvrent que 50 % des importations selon la
Commission européenne.
9
l’UE, de sorte que ces accords ont permis aux entreprises nationales de développer une
stratégie de coopération avec les entreprises européennes, notamment dans le domaine
technologique, commercial..., et consolider leur présence sur le marché européen.
Cependant, les avantages sur le tissu industriel dans le cadre des accords de libre
échange entre le Maroc et l’UE comportent des risques majeurs, spécialement les
avantages en termes de main-d’œuvre sont minimisés face aux avantages des pays
industrialisés en termes de diffusion technologique, force financière, rendement d’échelle,
réseau d’information. Par conséquent, il est très difficile d’évoquer la notion
d’«intégration » entre les deux partenaires. La compétitivité de l’économie marocaine
dépend dans ce cas moins des avantages comparatifs traditionnels qu’elle possède dans
certains secteurs, à savoir l’agriculture et la pêche, d’où l’aggravation du déficit
commercial du Maroc avec l’UE.
Toutefois, il faut noter que l’approche adoptée par le Maroc dans le cadre de cette
tentative d’intégration avec l’UE a montré ses limites particulièrement au niveau
commercial. En effet, le Maroc visait à travers la signature de l’accord de libre échange
avec l’UE de stimuler même les flux financiers européens, notamment les IDE4 dans le
cadre des processus de délocalisation ou de création d’unités de production ayant pour
principal objet de répondre aux besoins du marché européen.
Or, les résultats sont au-delà des attentes, selon les statistiques que nous avons
présentées sur le commerce entre le Maroc et l’UE ces dernières années. Les importations
marocaines des pays européens ont augmenté d’une manière spectaculaire par rapport aux
exportations. De même, le Maroc n’a pas pu constituer une destination de choix pour les
flux financiers européens, ce qui remet en cause les principaux fondements de la signature
de l’accord de libre échange à cause du manque de compétitivité des facteurs de production
marocains en comparaison avec certains pays de l’Asie qui absorbent la demande du
marché européen d’une part, et les défaillances de son climat des affaires d’autre part. Par
conséquent, les flux des exportations basés au départ sur le potentiel d’attractivité des IDE
demeurent assez faibles par rapport aux importations.
4
. Investissements Directs Etrangers.
10
Nous pouvons dire alors que, malgré cette forte dépendance du Maroc vis-à-vis de
l’UE et la création d’une zone de libre échange entre les deux partenaires, force est de
constater que cette dépendance a un impact moins significatif sur le commerce extérieur
marocain que sur l’UE en raison de l’asymétrie des niveaux du développement entre ces
deux partenaires, qui provoque des blocages à une « intégration » entre les deux
partenaires entamée à travers l’accord de libre échange comme le montre le graphique ci-
dessous. Sachant que certainement les échanges entre le Maroc et l’UE restent dynamiques
par rapport aux autres pays méditerranéens, mais cette dynamique est relative à une forte
augmentation des importations que des exportations.
Graphique 4
-
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013
-10 000
-20 000
-30 000
-40 000
-50 000
-60 000
-70 000
-80 000
-90 000
5
. Daniel OTTOLENGI; des gains incertains : la libéralisation financière dans les pays méditerranéens ; In
Revue d’économie financière ; N°52 ; 1999 ; P 165.
6
. Bouchera BOUMAIZ ; La politique euro-méditerranéenne le partenariat avec le Maroc ; Thèse de doctorat
en Sciences économiques; Université Paris V ; 2001 ; P 98.
10
Dans le même sens, et autres que tout avantage que le Maroc peut procurer de sa
forte dépendance de l’UE au détriment des autres pays de l’espace euro-méditerranéen, la
récente crise de la dette dans la zone euro avec le début de l’année 2010, s’est gravement
répercutée sur la balance commerciale du pays avec un recul des exportations nationales,
ce qui reflète les difficultés auxquelles se heurtent le Maroc suite à sa forte dépendance de
l’UE.
Or, malgré cette défaillance de relation entre le Maroc et l’UE, le pays avait
demandé un statut avancé dans le cadre de ses relations avec l’UE, qui reste certainement
un acquis pour le Maroc, mais il n’en demeure pas moins qu’il reste une série de défis à
relever. Car, un véritable partenariat repose sur la création d’une homogénéité entre les
deux parties comme nous avons souligné au début de ce paragraphe.
Par ailleurs, nous pensons que le statut avancé a porté plus sur le contexte
politique qu’économique entre les deux partenaires, où les perspectives d’adoption d’un
accord de libre échange complet et approfondi sont toujours en cours de négociations, et sa
mise en œuvre reste encore ignorée.
Notons que, certains accords de libre échange entre le Maroc et les pays Sud sont
restés juste des projets sans aboutir à leur concrétisation, tel est le cas de l’Algérie.
11
Même si le niveau de développement économique est relativement similaire entre
le Maroc et certains pays du Sud7, mais force est de constater qu’une coopération du Maroc
avec les pays Sud méditerranéen se heurte à plusieurs obstacles. Cette situation du Maroc
reflète d’ailleurs le cas de l’ensemble des relations Sud-Sud.
Il nous semble d’ailleurs que, les relations économiques entre les partenaires de la
rive Sud sont souvent plus concurrentes que complémentaires, marquées par une faiblesse
des échanges commerciaux en valeur et en volume, et même les accords de libre échange
conclus entre eux-mêmes sont toujours en état embryonnaire, ce qui constitue un handicap
à la mise en œuvre du processus d’intégration entre ces pays.
D’ailleurs, le projet de l’UMA reposait sur la création d’une zone de libre échange
homogène entre les partenaires. Par ailleurs, les attentes étaient au-delà des prévisions. Les
problèmes politiques entre les partenaires bloquent le commercial, et le processus
d’intégration économique entamé dans le cadre de l’UMA restera difficile, voire même
impossible.
7
. Etant donné que les PIB par habitant en parité de pouvoir d’achat de ces pays sont relativement
convergents, avec 5977 Dollars pour la Jordanie, 6474 Dollars pour l’Egypte et 9650 Dollars pour la
Tunisie.
8
. Union Maghreb Arabe.
12
Dans de telles conditions, et tant que les facteurs de blocage sont multiples, on
trouve que les échanges commerciaux entre le Maroc et ces pays se trouvent toujours
faibles par rapport à ses échanges avec les autres continents comme le montre le graphique
ci-dessous.
Graphique 5
Par ailleurs, malgré les difficultés qui persistent dans le cadre de ses relations avec
les pays de l’UMA en tant que groupement régional homogène, le Maroc a opté pour un
accord de libre échange avec la Tunisie. Le démantèlement tarifaire du Maroc sur les
échanges commerciaux avec la Tunisie semble être important, puisque ce démantèlement
de 100% des tarifs douaniers peut entrainer un accroissement des échanges en matière
industrielle avec ce pays de 83,3%9 .
9
. Mehdi RAIS ; L’UMA fait débat au Maroc ; In le journal international du 15/11/2013.
14
Nous constatons alors que les négociations avec les pays Sud méditerranéens sont
d’ordre bilatéral, et les pays membres n’arrivent pas à dépasser les facteurs de blocage
entre eux, et tendre vers l’adoption d’une forme d’intégration plus poussée qui rassemble
ces pays, afin même de confronter les limites du processus d’intégration entamé avec le
Nord dans le cadre du partenariat euro-méditerranéen.
Nous pouvons dire alors que, les tensions politiques bloquent les avantages
commerciaux que les deux partenaires peuvent se procurer en développant les échanges
entre eux. Sachant que le partage des frontières communes joue un rôle important dans ce
cas, puisque les problèmes de distance qui risquent d’augmenter les coûts de transport sont
presque éliminés.
Dans le même sens, la relation entre le Maroc et la Libye en tant que pays Sud
méditerranéens appartenant à l’UMA reste restreinte. Les échanges commerciaux entre les
deux pays sont passés par des phases très fluctuantes. Mais ce n’est qu’en 2012 qu’ils ont
connu un saut qualitatif, en passant de 353 millions de dirhams en 2011 à 902 millions de
dirhams11. Pourtant, les échanges avec la Libye sont toujours marqués par leur fragilité.
Toutefois, le Maroc avait également opté pour un accord de libre échange avec les
pays de la zone panarabe qui rassemble certains pays du Sud méditerranéen, à savoir, la
Syrie, le Liban, La Jordanie, la Tunisie, la Palestine, l’Algérie et la Libye. Cet accord a
certainement contribué à la réduction des droits de douane, en préservant la libre
circulation des échanges commerciaux, comme il a facilité la circulation des capitaux et
des personnes. Or, il nous semble par ailleurs, qu’une coopération entre le Maroc et les
pays Sud méditerranéens appartenant à la zone panarabe, à l’instar des pays de l’UMA, est
marquée par la conclusion des accords bilatéraux, d’où l’absence d’une réelle volonté
10
. Mehdi RAIS ; Op.Cit.
11
. Hassan EL ARIF ; Une ligne maritime pour renouer avec la Libye ; In journal l’Economiste ; Edition N°
4073 du 12/07/2013.
15
d’une coopération solidaire entre les partenaires, voire même une absence d’une forme
d’intégration qui réunit ces pays, tant que les problèmes politiques ne sont pas encore
dépassés pour donner priorité aux objectifs commerciaux, sachant que les relations
commerciales et économiques généralement entre ces pays sont plus concurrentielles que
complémentaires.
De même, le déficit commercial du Maroc avec ces pays s’est creusé encore plus
avec les évènements du printemps arabe, bouleversant ainsi la stabilité commerciale entre
ces pays même si elle est déjà marquée par sa fragilité.
Donc, les rivalités stratégiques entre les pays arabes sont toujours la principale
raison de l’échec « d’une intégration économique régionale » entre ces pays membres.
Notons aussi que certainement le Maroc avait des relations bilatérales avec les
pays de l’UMA et ceux de la zone panarabe. Cependant, dans le cadre du renforcement de
sa coopération avec les pays du Sud méditerranéen, il figure parmi les pays signataires de
l’accord d’Agadir, qui a pu rassembler quatre pays du Sud méditerranéen autour d’un
projet, qui nous semblait être ambitieux dans ses apports pour les pays partenaires.
L’objectif principal est de rassembler les pays signataires autour d’un projet régional pour
faciliter les échanges entre eux malgré la distance qui les sépare qui pouvait limiter les flux
des échanges.
Dans l’accord d’Agadir, le Maroc a essayé de renforcer ses relations avec les pays
partenaires à travers un accord multilatéral portant sur la création d’une zone de libre
échange entre eux. Neuf ans après la signature de l'accord, les échanges commerciaux au
sein de cette zone ont certainement augmenté. Pourtant, l'accord doit toujours faire face à
de nombreux obstacles qui l'empêchent de réaliser tous ses objectifs. Pour le Maroc, les
échanges commerciaux réalisés dans le cadre de l’accord d’Agadir sont inscrits dans la
même tendance que les autres accords de libre échange adoptés par le pays avec ses
partenaires Sud méditerranéens.
16
Tableau 1
Evolution entre
2004 2008 2013
2004 et 2013
Pays
Exp Imp Exp Imp Exp Imp Exp Imp
Notons que l’UE est le principal partenaire commercial du Maroc dans l’espace
euro-méditerranéen comme souligné dans le paragraphe précédent, et que l’UE vise à
travers le processus de Barcelone le renforcement de ses relations avec les pays Sud, le
Maroc s’est trouvé devant la contrainte de la forte concurrence de ses partenaires de
l’accord d’Agadir sur les marchés mondiaux généralement, et sur le marché européen
particulièrement.
D’ailleurs, par son fort potentiel dans le secteur de textile, la Jordanie essaye
aujourd’hui de s’implanter sur d’autres marchés que celui de l’UE. L’Egypte monopolise
12
. Débat avec Guillaume ALMERAS ; Pour le Maroc, le bilan de ses accords de libre-échange est-il si
décevant ? ; Site : www.econostrum.info/Le-bilan-des-accords-de-libre-echange-est-il-si-decevant-pour-le
Maroc _a13632 .html.
17
certains produits relatifs au textile (coton) pour se positionner comme leader mondial
capable de concurrencer la Chine et l’Inde, tandis que la Tunisie essaye à son tour d’élargir
ses parts du marché de l’UE.
En effet, cette spécialisation dans le domaine de textile était bénéfique avant 2005,
date marquante de la fin de l’accord multifibre qui régissait le commerce international dans
la filière textile depuis trente ans par des quotas d’importation. Aujourd’hui, ce secteur de
spécialisation n’est plus bénéfique pour le Maroc, tant qu’il se trouve concurrencé après la
fin de cet accord par les grands producteurs du textile à savoir, l’Inde et la Chine, sachant
même qu’au Maroc, le textile est un domaine de sous-traitance pour l’UE, d’où la difficulté
de concurrencer les grands producteurs sur ce marché.
Même pour le secteur agricole, pilier des négociations entre le Maroc et les pays
de l’accord d’Agadir, une forte concurrence s’est manifestée entre les partenaires de cet
accord, du moment où le Maroc est doté d’un avantage comparatif dans ce secteur. Ce
constat nous permet de confirmer toujours le caractère de concurrence entre le Maroc et ses
partenaires. D’où la difficulté de refléter la notion d’«intégration » du Maroc avec ses
partenaires Sud méditerranéens.
Généralement, nous pouvons dire que cet accord n’est pas profitable au Maroc
dans la mesure où sa balance commerciale se trouve toujours déficitaire avec ses
partenaires de l’accord d’Agadir, même si le niveau de développement du Maroc est
relativement similaire à ces pays.
18
Graphique 6
-
-500 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013
-1 000
-1 500
-2 000
-2 500
-3 000
-3 500
-4 000
-4 500
-5 000
19
relatives au textile. Cette situation reflète l’évidence du déficit commercial du Maroc dans
le cadre de l’accord de libre échange avec la Turquie.
Graphique 7
0
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013
-1000
-2000
-3000
-4000
-5000
-6000
-7000
-8000
-9000
Il nous semble que plusieurs problèmes persistent pour faire avancer l’accord de
libre échange entre le Maroc et la Turquie. A l’instar de ses accords avec les pays arabes,
même son accord avec la Turquie est marqué par la forte concurrence et une absence de
complémentarité. De même, la divergence des niveaux de développement entre la Turquie
en tant qu’économie émergente et le Maroc en tant que pays en développement, affaiblit
toute forme d’intégration qui peut réunir les deux partenaires13.
Nous pensons qu’une coopération du Maroc avec les pays Sud méditerranéens se
trouve généralement défaillante, tant que cette coopération qui nécessite une
complémentarité entre les pays se traduit plutôt par une forte concurrence. Il nous semble
que les facteurs de production de ces pays sont similaires, et les secteurs pour lesquels le
Maroc est doté d’un avantage comparatif sont pareils à ceux des pays Sud méditerranéens,
et même leur débouché est similaire, à savoir l’UE. Donc il nous parait par conséquent
13
. Le PIB par habitant en parité de pouvoir d’achat (PPA) de la Turquie est presque trois fois le PIB par
habitant en PPA marocain, soit 14812 Dollars contre 5193 Dollars.
20
qu’il est évident pour le Maroc de se trouver face à une défaillance d’une coopération Sud-
Sud dans l’espace euro-méditerranéen, notamment dans son contexte commercial.
Conclusion
Néanmoins, quelque soit l’intérêt des accords que le Maroc avait conclu dans
l’espace euro-méditerranéen, force est de constater que le bilan de ces accords de libre-
échange nous parait décevant. Les déficits commerciaux se sont fortement creusés avec
l'UE, la Turquie, ainsi qu’avec les pays arabes méditerranéens, et les flux des importations
dépassent fortement les flux des exportations.
De même, ces accords avec les pays arabes méditerranéens présentent quelques
infirmités pour avancer le processus d’intégration du Maroc dans l’espace euro-
21
méditerranéen et la coopération commerciale avec les pays arabes méditerranéens est
marquée par son caractère concurrentiel plutôt que complémentaire, tant que les
productions sont similaires, et l’UE reste leur principal débouché.
Bibliographie
22