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Actes des colloques de la Société

française d'onomastique

Symbolisme, nom propre et oralité. Le cas de l'Algérie


Farid Benramdane, Ouerdia Yermeche

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Benramdane Farid, Yermeche Ouerdia. Symbolisme, nom propre et oralité. Le cas de l'Algérie. In: Le nom propre a-t-il un
sens ? Actes du Colloque d’onomastique d’Aix-en-Provence (juin 2010) Paris : Société française d'onomastique, 2013. pp. 73-
85. (Actes des colloques de la Société française d'onomastique, 15);

https://www.persee.fr/doc/acsfo_0000-0000_2013_act_15_1_1156

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Symbolisme, nom propre et oralité
Le cas de l'Algérie

Farid Benramdane
Université Ibn Badis, Mostaganem, chef de projet CRASC
Ouerdia Yermeche
ENS de Bouzaréah, Université d'Alger, maître de recherche associée CRASC

L’usage du nom propre dans ses réalisations les plus usuelles, en l’occurrence, les
toponymes et les anthroponymes, dans les pays méditerranéens, se déclinent diffé¬
remment selon qu’ils relèvent du registre oral ou du registre écrit. Les catégorisa¬
tions théoriques brillamment élaborées dans la sphère occidentale se heurtent à
leur degré d’opérationnalité dans des sociétés à tradition orale, à l’exemple de la
société maghrébine.
Nous soumettrons à notre analyse l’usage simultané de deux dénominations diffé¬
rentes et différenciées pour une seule entité référentielle.
La décantation oral/écrit dans le domaine onomastique qui, contrairement à la
pensée linguistique classique de type occidental, reflète non pas une variante de l’une
ou de l’autre facette de l’entité nommée mais une autre vision du monde et un décou¬
page de l’univers cognitif consacré par cette dualité.
A partir de données empiriques, à la fois linguistiques et anthropologiques, nous
présenterons une analyse de l’usage et du sens des noms propres, toponymes et
anthroponymes, en contexte maghrébin et, particulièrement, algérien. Les intentions
sociales, les stratégies dénominatives et redénominatives et leurs stratégies séman¬
tiques, les contextes historiques serviront à comprendre et à interroger autrement les
différents ressorts à la base d’un essai de conceptualisation du sens du nom propre
dans une société à tradition orale, soumise de manière cyclique à de fortes tensions
historiques et socioculturelles de colonisation/décolonisation/recolonisation.

Les noms propres algériens: « des noms en synthèse »


(Cheriguen, 1993)
L’onomastique algérienne est constituée de strates qui se sont formées au fil de l’his¬
toire perturbée de ce pays, soumis en permanence à des occupations étrangères succes¬
sives. Le substrat libyco-berbère de l’onomastique algérienne est perceptible dans

73
Farid Benramdane, Ouerdia Yermeche
50 % des toponymes1 observés et dans seulement 20 % des anthroponymes (Yermeche,
2008). Il se retrouve dans les noms relatifs à la faune, la flore, au relief, à l’eau, aux
éléments cosmogoniques ainsi que dans de nombreux sobriquets et noms honori¬
fiques. Les influences étrangères sont multiples. Dans l’antiquité, le fonds phénico-
punique qui est assimilé à l’arabe est difficilement perceptible dans les noms propres.
On le retrouve notamment dans des noms de plantes tels que « ouselmoun, remane,
aghanim, aguelmim », de divinités « Hamou, Baali » et de construction « kirat »...
La couche gréco-latine est peu perceptible avec seulement 0,25 % des noms
étudiés tels que des anthroponymes Lemi, Skander (forme locale d’ Alexandre) ; la
faune: Falkou; la flore: Oulmou Kerrouche; les objets: Kind, Bordji \ les noms du
calendrier Julien : Fourar ; et des éléments du corps humain: Kebouchi.
Durant la période latine, on constate la création de formes nominatives originales
propres à l’Afrique romaine appelées « gentilices exotiques », tels que mentionnés
par Jean-Marie Lassère (Lassere, 1987, cité par Yermeche, 2008). Celles-ci se présen¬
tent sous la forme de noms hybrides constitués d’un nom berbère auquel s’ajoute un
nom romain : Gaia Horius. Il est relevé également une latinisation des dénominations
berbères par différents procédés tels que la traduction, le rajout du suffixe latin -is au
nom berbère : Zruman/Zrumanis, ou du suffixe berbère -an : MSNSN/Massinissa ou
encore la troncation du nom berbère par la suppression de sa finale : YWGR TN/Yugurtha.
Dans le même temps, s’opère également une berbérisation des noms latins par une
adaptation/substitution phonétique. Les formes latines en -us deviennent par substi¬
tution des formes berbères avec les suffixes ouche/èche/iche. Ainsi Marius devient
Maaouche', Aurélius évolue en Allouche ; Andréus se transforme en Driouche;
Memmius se prononce Mammeche ; Claudius se mute en Gadouche et Amadeus
devient Hammadouche (cf. Yermeche, 2008).
Le fonds hébraïque est significatif dans l’onomastique algérienne avec 2,30 % des
noms étudiés.
Il se compose essentiellement de noms bibliques: Elias (Elisée), Ayoub (Job),
Younes (Jonas), Youcef (Joseph), Zakaria (Zacharie), Moussa (Moïse), Ma’ata
(Matthieu), Meriem (Marie).
A partir du VIIe siècle, avec la conquête musulmane, l’onomastique algérienne va
connaître une arabisation massive de son stock lexical. Les noms de souche arabe
constituent désormais une composante importante du patrimoine local, en toponymie,
mais surtout en anthroponymie (50 %). Cet apport est constitué essentiellement
d’un vocabulaire religieux (noms théophores en ‘abd « serviteur de », allah, eddine
« religion » et rebbi /rabbi avec le même sens véhiculé par l’hébreu rab < rabbin :
Herzellah ; Razkallah, Djaborebbi, Talebrebbi, Abdelkafi, Abed Rabbou, Chamsed-
dine, Daoudeddine. Un autre vocabulaire, profane celui-ci, relatif à tous les domaines
de la vie (faune, flore, objets...) de souche arabe est également bien présent dans
l’onomastique algérienne et/ou maghrébine (cf. Yermeche, 2008).

1 au
F. Benramdane,
l’eau:
l’homme,
23 novembre
unedeapproche
l’habitat,
2010,lexicométrique
2010. du
Actes
« La
relief
toponymie
en etvoie
de de
»,l’eau.
publication.
de l’ouest
dansHaut
Colloque
Commissariat
algérien:
international
de l’homme,
à l’Amazighité/CRASC.
Le nom
de l’habitat,
propre maghrébin:
duOran,
reliefDu
et 21
de

74
Symbolisme, nom propre et oralité
L’occupation espagnole a donné lieu à l’introduction dans l’onomastique
algérienne de quelques noms d’origine hispanique qui représentent seulement 0,32 %
des noms observés dans notre corpus d’anthroponymes. Ce sont essentiellement des
noms géographiques: Ghenouchi, El Korso, Randi ; des noms d’activités profes¬
sionnelles Koucha : « boulangerie, four », de « races » « Mouro »; d’états Tchikou,
Blanci ; des noms décrivant des caractéristiques physiques ou morales Longo et des
expressions Basta (cf. Yermeche, 2008).
L’onomastique algérienne est également marquée par l’apport turc, présent
de manière substantielle dans l’anthroponymie citadine, dont l’apport est évalué à
2,50 % du corpus analysé. Cet apport est constitué essentiellement de noms de pays
et d’origine tels que Lazougli, Matti, Morsli, des titres et métiers Bey, Bacha, Khodja,
Barbara. Des marques grammaticales telles que le suffixe « dji » ont été également
intégrées à la langue arabe pour construire des noms de métiers artisanaux comme
Khfafdji, Qahwadji, Hemamdji » ou des qualificatifs comme Qmardji...

Patronymie et état civil : un rappel historique


Avant l’arrivée des Français en terre algérienne, le système de nomination était essen¬
tiellement oral et fondé sur la filiation lignagère. Le système patronymique, qui n’exis¬
tait pas, du moins institutionnellement2, n’est apparu qu’à la fin du XIXe siècle suite à
la loi du 23 mars 1882 qui institua l’état civil3 et imposa le port obligatoire d’un patro¬
nyme à tous les « indigènes4 ». L’institutionnalisation de la nomination patronymique %
(patronyme et prénom), la fixation et l’immutabilité des noms de personnes en Algérie
sont donc le fait de l’administration coloniale. Le nom patronymique en Algérie s’est
imposé en deux temps, pour une minorité des Algériens en 1873 et pour la grande
majorité en 1882. C’est à partir de cette dernière date que les noms de personnes, sous
leur forme patronymique, se sont fixés officiellement et d’une manière définitive et
que le système patronymique a supplanté le système de nomination traditionnel, du
moins au niveau administratif5. Le passage de la propriété collective à la propriété
individuelle va entraîner un processus de dislocation de la tribu au profit de l’indi¬
vidu. L’imposition de l’état civil en Algérie va opérer une rupture définitive dans le
paysage onomastique algérien et plus particulièrement anthroponymique. « Par divers

2 Benet,
ou de famille.
1 937 : 73» : « Les indigènes algériens étaient donc presque tous dépourvus du nom patronymique

3 La loi de 1 882 sur l’état civil des indigènes musulmans de l’Algérie qui se présente comme un « moyen
d’affermir l’autorité de la France dans ce pays », édictait les procédures de choix ou d’attribution
du patronyme et imposait l’adjonction d’un patronyme aux prénoms et surnoms par lesquels était
antérieurement connu chaque indigène (article 1).
4 L’article 14 insiste sur le caractère obligatoire du port et de l’usage du nom patronymique et sur
l’interdiction à partir de la date d’homologation du patronyme, de nommer les individus par « d’autres
dénominations que celles portées dans leurs cartes d’identité, sous peine d’amende ».
5 Ageron, 1 968 : 1 78, cité par Yermeche, 2008 : « Dans la pratique d’ailleurs les musulmans n’adoptèrent
leurs « nouveaux noms » (qu’on appelait nekara dans l’Ouest, neqma dans l’Est) que pour l’usage
administratif, et continuèrent bien entendu à porter entre eux, leur nom musulman authentique, lequel
d’ailleurs restait inscrit au verso de la carte d’identité en caractères arabes. C’est pourquoi la plupart
des musulmans ont conservé jusqu’à nos jours le souvenir de leur véritable dénomination familiale. »
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Farid Benramdane, Ouerdia Yermeche

procédés, la colonisation créa une rupture aussi bien dans la reproduction de l’ordre
spatial que dans l’ordre généalogique de jadis » (Atoui, 1998: 169), par la mise en
place d’une nouvelle configuration généalogique. L’introduction du système patro¬
nymique consacre la rupture avec le système onomastique traditionnel et consacre
P« emprise du national sur le nominal » (Lapierre, 2001). A partir de ce moment-là,
la définition traditionnelle de la personne par le nasab la rattachant au lignage de son
père, grand-père et arrière-grand-père, fait ainsi place à une identité « personnelle »
où le nom et le patronyme suffisent à situer la personne dans sa société sans plus
recourir à sa filiation paternelle qui témoignait, à sa manière, en faveur de l 'agnatisme.
(Borrmans, 1977 : 74)

Avec l’instauration de l’état civil, « s’institue la fonction d’identification individuelle


au détriment de l’identification sociale » (Fabre, 1998 : 54). D’un système agnatique,
basé sur l’oralité et la mémoire collective dont les fondements sont les traditions,
les usages et l’organisation sociale, l’on passe à un système patronymique stable et
définitif, un système de nomination contraint, écrit et géré par un arsenal juridique fait
de lois, de décrets et d’arrêtés. « Dans un cas, on est gouverné par des lois, des décrets,
des traités, dans l’autre par une tradition ancestrale qui ne s’inscrit pas dans les livres
mais dans la mémoire sociale » (Calvet, 1974 : 79).
La dénomination naturelle et spontanée, fruit des habitudes socioculturelles cède
la place à une nomination officielle et arbitraire. Création artificielle, cette nouvelle
identité onomastique n’est pas le fait d’une transmission « normale » parce que
naturelle et spontanée, ou le fruit d’une maturation historique, mais plutôt celui d’un
fait accompli découlant d’une décision administrative qui a donné naissance à un
système souvent abâtardi, sans ancrage socio-historique et entrepris dans l’urgence6.
Ces deux systèmes de désignation d’un individu vont cohabiter et occuper des espaces
différents, l’un réservé au domaine de l’oralité, et usité dans un espace restreint
(famille ou groupe d’appartenance) et dans le quotidien; l’autre, administratif et
juridique, relève désormais du domaine de l’identification écrite, officielle et natio¬
nale7 (cf. Yermeche, 2008).

Nomination traditionnelle Nomination patronymique


Domaine de l’oralité et de l’affect; Du domaine de l’identification écrite,
régie par l’écriture et le droit;
Porteur d’un héritage séculaire ; Création artificielle à caractère officiel
arbitrairement imposée ;
Calquée sur l’organisation sociale ; de type De type individuel ;
tribal ; Fruit
Fruit d’une maturation historique et d’une Sans ancrage socio-historique ;
transmission naturelle ;
Facteur de l’identité Ne véhicule plus l’identité

6 Benet, 1937: .1: «L’œuvre, elle-même, malgré ses difficultés a été rapidement poursuivie. La
constitution de l’état civil a été achevée dans les territoires du nord en 1895, c’est-à-dire en 13 ans à
peine. »
7 Fabre, 1998 : 54 : « dans la première (phase), le droit est dominé par l’usage, alors que dans la seconde
(phase), l’usage est dominé par le droit. Ce glissement est important dans la mesure où il montre une
mainmise progressive de l’état sur une institution qui était à l’origine un phénomène social ».
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Symbolisme, nom propre et oralité

La patronymie: une rupture systémique


dans le mode de nomination

Avec la loi sur l’état civil, la nomination de type agnatique, patrilinéaire et tribal
va céder la place à une nomination de type patronymique. Les schèmes de nomina¬
tion traditionnels vont être remplacés, du moins dans l’administration, par le système
patronymique.

Nomination traditionnelle Nomination patronymique


X fils de.. .fils de.. .fils de:
Ali ben Mohamed ben Slimane Patronyme + Prénom :
Lounès n’Ahmed n’Amar
Idir Ou Hamou n’Ramdane Trache Ali
Mahloul Omar
X de la tribu de Y : RamdaneDjadja;
Mansour Aït/At Menguelet Ighil Youcef
Amokrane Nait Djenad Ksentini Mohamed ;
Adrar Moussa
Les enfants de... :
Ouled Moussa; Béni Khelifa

Dans la représentation mentale onomastique de l’Algérien, s’opère un dédoublement


de la nomination, l’une ancestrale, authentique et spontanée, la seconde, administra¬
tive, artificielle mais surtout étrangère car venue de « l’autre ». •JT

Neutralisation du paradigme nominal ethnique: de la filiation


séculaire à une infra-dénomination

La généralisation d’un patronyme à la population algérienne a effectué une rupture


dans les modes traditionnels de nomination et opéré de manière définitive une
coupure dans le mode de structuration du système onomastique local, du fait que
d’un système agnatique, basé sur l’oralité et la mémoire collective, nous passons à un
système patronymique écrit et définitif. Loin d’avoir été la continuité de cette tradi¬
tion anthroponymique séculaire, de type lignagère, l’état civil tel que conçu et réalisé
par l’administration coloniale française se présente au contraire comme la négation
même de cette continuité et constitue une violence symbolique, en brisant, de fait, la
chaîne généalogique et les paradigmes du système de nomination locale. À une filia¬
tion symbolique s’est substituée une filiation juridique, participant de deux « lois »
différentes. Alors que le mode traditionnel de nomination inscrit la succession des
générations, l’instauration du système patronymique repose sur une discontinuité, sur
un plan symbolique et formel, comme nous le verrons plus bas. Le cadre colonial va
reposer sur le versant linguistique de deux paradigmes de refondation : la terre et la
personne. Deux lois vont imposer cette nouvelle vision du monde : celle du Senatus
Consult (1863) et celle régissant l’état civil (1882). Les buts étaient de provoquer une
fracture dans la représentation spatiale en opérant une rupture dans l’ordre généalo¬
gique (mythe des origines, symbolique du nom, cohésion sociale). Par divers procédés,

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Farid Benramdane, Ouerdia Yermeche
notamment les lois du cantonnement du 16 juin 1851, celle du sénatus-consulte de
1863 et de 1873 ainsi que les lois sur l’état civil, l’administration coloniale impose
un cadre français à une réalité algérienne. L’autorité coloniale, consciente de l’impor¬
tance du nom et du culte des origines perpétué à travers les ethnies8 va renommer les
personnes et les lieux9, en niant les noms autochtones des tribus10 - lesquels symbo¬
11
lisaient toute
l l’histoire
a et l’identité
b de la communauté-et
ir briser
t le cadre afin
d’anéantir tout lien de cohésion. Il s’agissait, selon le rapport du Senatus Consult
sur les Hannancha du 2 mars 1867, de disloquer les tribus12 fondatrices de la société
algérienne qui constituaient à leurs yeux « de véritables petits états ayant chacun leur
origine, leur histoire, leur intérêt politique13. Il s’agit purement et simplement, sur
un plan onomastique, « d’effacer toute référence à un passé, d’où pourrait surgir des
sentiments nationalistes et de ne rappeler aux habitants aucun souvenir militaire ou
religieux, dont on pourrait tirer parti, dans un but de révolte » (Atoui, 1 998 : 1 69). Pour
neutraliser les tribus qui constituaient le paradigme fondateur de l’organisation sociale
et une constante du processus d’identité et d’identification des populations locales, les
autorités coloniales françaises se sont attelées à une « refonte d’une société » et à une
assimilation d’une population tout entière par une « assimilation onomastique14 ». La
perte de la filiation lignagère entraîne une perte de l’identité, de la solidarité et de la
cohésion qui caractérisent le groupe. Plus explicite, Atoui souligne :

la puissance coloniale a bien saisi l’importance de la dénomination et l’importance des


mythes des origines, symbolisées par le nom que porte la tribu. [...]. Ainsi, les éléments
de différenciation par rapport à autrui ne sont plus les mêmes. Par la perte de l’assise

8 Atoui, 1 998 : 1 69: « La puissance coloniale a bien saisi l’importance de la dénomination et l’importance
du mythe des origines symbolisé par le nom que porte la tribu, car étant à la base de sa cohésion. »
9 Akin, 1999 : 35: « Lieu d’affirmation identitaire, la dénomination est aussi lieu d’exercice du pouvoir.
Elle est conditionnée par les rapports de force, soumise à des contraintes, obéit à des règles sociales et
culturelles. »
îo Atoui, 1998 : 171: « De 4229 tribus et fractions de tribus avant la colonisation, (d’après le répertoire
alphabétique des tribus et fractions de tribus de l’Algérie par F. Accardo, 1 879), il ne restait qu’environ
1448 douars après l’application du Sénatus-consulte, soit le 1/3. »
il Bourdieu, 1970: 25 : La tribu est « l’unitééconomiquedeproductionetdeconsommation,unitépolitique
au sein de la confédération qui est le clan, unité religieuse [...]. C’est les liens de consanguinités qui
constituent l’archétype de tout lien social et où même les relations de parenté constituent le modèle de
relation économique. »
12 Cheriguen, op. cit. p. 35, ajoute que « la réduction des droits de propriété traditionnels au seul droit
français constitue pour les autochtones une expropriation et une destruction sociale et culturelle
(donc onomastique) sans commune mesure avec celles connues dans le passé, une agression d’autant
plus grave qu’elle est faite à brève échéance et s’est attaquée aux fondements même de la société
traditionnelle. »
13 R. Galissot, 1 978, cité par Atoui, op. cit. p. 1 72 : « Elles étaient la patrie, la nation. . . avec ses petites
frontières, sa petite administration, ses petites alliances et sa petite vanité nationale. »
14 Lapierre, 2001, «L’emprise du national sur le nominal», chap. 6, dans Le patronyme: histoire,
anthropologie, société, op. cit., p. 2: Le dessein de toute entreprise coloniale qui touche aux noms
propres d’un peuple n’est-il pas de « fonder ou refonder autoritairement et arbitrairement une nation
homogène, sur la base d’une langue unique, au mépris des populations qui la composent, dont le passé
et la culture sont déniés et dont les droits sont bafoués » ?
78
Symbolisme, nom propre et oralité
territoriale, la tribu perd sa cohésion, sa structure ; par la perte de son nom, elle perd son
identité, sa solidarité, puisque les individus ne se reconnaissaient plus dans le même
ancêtre-éponyme, et ne se sentent plus solidaires entre eux (Atoui, 1998 : 38).

ETHNONYMES NOMS DE TRIBUS NOMS DE TRIBUS


Avant l’application de la loi Après 1867
du Sénatus Consul 1867
Bou « père de » 74 24
Ben, béni « ils de » 664 143
Ouled (enfants de) 315 67
Ait, nait « fils de... » 1181 207
Si , Sidi, Ouled Sidi, 166 65
« Monseigneur, Saint »
TOTAL 2177 446

La période française: altération des noms algériens


lors du passage à l'écrit
Cet état de fait a donné lieu, aux niveaux formel et sémantique, à l’apparition dé
modes de nomination nouveaux, souvent en totale inadéquation avec les représenta¬
tions nominales de la société algérienne de l’époque. De nombreuses manipulations
ont été effectuées sur les noms, ainsi les particules fïliatives berbères aït/naït/ou (avec
le sens de « enfants de », « fils de... ») ont été purement et simplement supprimées
ou traduites en arabe {ou et aït deviennent successivement ben et ould dans certains
villages kabyles). Cette violence symbolique s’est également caractérisée par l’attri¬
bution de patronymes fantaisistes tels que des sobriquets « Abrouche, Bouchoune,
Lakrout, Zarita, Brouti, Guignoul, Serbi » ou humiliants « Tahane, Farkh, Khra,
Khakha, Khamadj, Zebila/Zbel, Troum, Zamoum, Debdabba, Didi, Teztouzi, Dib,
Kelb, Djadja, Chady, Begraa, Raselkelb, Demaalatrous, Debbah, Dar, Guittoune,
Guignol/Guignoule, Casemate » et bien d’autres encore tout aussi dépréciatifs pour
leurs porteurs15. Des noms différents ont été attribués aux membres d’une même
descendance, de même que des étrangers à une famille pouvaient prendre le même
nom patronymique que celle-ci. Mais la méthode la plus infâme qui soit, improvisée

15 officiers
de
Lacheraf,
méprisd’abord,
1998:
colonial169:
puis
ou «les
policier
L’état
administrateurs
civil
frisantde l’humiliation
notre
de commune
pays a délibérée
étémixte
artificiellement
dans
de vastes
les territoires
établi dans
collectivités
soumis
une
humaines.
perspective
à l’autorité
Les

militaire ou civile ont été lâchés dans cette affaire comme dans une partie de plaisir pour mauvais
sujets en goguette, forgeant des patronymes fantaisistes, en imposant d’autres de caractères infamant,
faisant assaut de honteuse émulation dans l’insulte à la mémoire des ancêtres d’humbles ressortissants
algériens astreints, chez eux, à l’obligation de se faire inscrire à l’état civil. »
79
Farid Benramdane, Ouerdia Yermeche

par les commissaires d’enquête, consistait à donner, à partir d’une lettre alphabétique
attribuée à un douar, autant de noms patronymiques que nécessaires16. Ce système

en vertu duquel tous les habitants de tel village devaient adopter des noms patronymiques
commençant par la lettre A, ceux du village voisin choisir des noms de famille ayant
pour initiale le B et ainsi de suite : C-D-E-F-G-H-I etc. jusqu’à la lettre Z en faisant
le tour de l’alphabet. Il suffisait à la gendarmerie ou à la police ou à la commune
mixte coloniale d’avoir affaire à un nom suspect commençant par l’une de ces lettres
alphabétiques pour qu’aussitôt on identifie le village de la personne arrêtée et que joue,
selon le cas, la peine individuelle ou la terrible responsabilité collective concernant plus
particulièrement les « délits » forestiers, de pacage ou d’atteinte non prouvée aux biens
des colons français. (Lacheraf, 1998 : 170).

C’est ce qui fait dire à M. Lacheraf que l’état civil en Algérie17 a été une véritable
« organisation militaire et concentrationnaire de l’espace et de ses habitants »
(Lacheraf, 1998: 171). Le cas le plus traumatisant18 est, sans conteste, l’attribution
de la mention dévalorisante SNP, « sans nom patronymique », aux personnes les plus
récalcitrantes19. Les personnes porteuses du nom SNP sont symboliquement confinées
à l’anonymat et se voient de fait dépersonnalisées20 et exclues de la sociabilité.
La transcription dans la langue du colonisateur a également été un facteur impor¬
tant de transformation/altération par francisation des noms algériens, d’autant que
la loi du 23 mars 1882 ne prévoyait pas de normes graphiques adaptées aux spécifi¬
cités linguistiques des langues locales (arabe et berbère21). La dénomination de type
classificatoire, la démultiplication des noms de famille (les membres d’une même
famille se sont vus affublés de noms différents ou orthographiés différemment) et
l’attribution pure et simple de noms français ou francisés ont contribué à déstructurer
et à dénaturer le système anthroponymique traditionnel en faisant éclater à terme la

16 propres
Lacheraf,familiaux
d’Algériens,
1998
soit: 160:
d’inventorier,
imposés,
« de autoritairement
donner
de collectivement
classer àdesleurs
villages
des patronymes
habitants
entiers
de Aselon
à Zinfamants
»l’ordre àalphabétique
un très granddesnombre
noms

17 Milliot L., dans la préface au livre de Benet, 1937 : 1, affirme que « l’état civil est une institution de
police - au sens large de l’expression-sa réglementation comporte, en effet, un ensemble de mesures
destinées à assurer la protection des personnes et des biens. »
18 Freud, 1977, trouve que «bon nombre de troubles que présentent les névrosés proviennent de leur
attitude à l’égard de leur nom propre et Lacan dans Subversion du sujet affirme que « le névrosé est au
fond un sans-nom. » cité par Nusinovici, 1992 : 99.
19 Ageron, 1998 : 169 : « La collation des noms fut systématique et partant de là, tous les abus, tous les
excès furent possibles, allant jusqu’à attribuer des noms grotesques et injurieux et au-delà à nommer
l’individu par un sans nom patronymique » (SNP), excluant ainsi de fait certaines personnes de la
société dans laquelle elle évolue. »
20 Encyclopaedia Universalis, 1998, « Si être, à la manière humaine, c’est être nommé, on comprend
qu’ inversement l’«anonymisation » soit une technique de déshumanisation. [...] Si être objet dans
un monde humain, c’est avoir un nom, le « sans-nom » ou l’innommable est aussi l’informe, le non-
identifiable, le vertigineux, l’angoissant, le sans visage. Le nom est l’équivalent langagier du visage,
comme le visage est l’équivalent perceptible du nom ».
21 Ce n’est qu’une année après que cette question de la transcription est évoquée dans le décret du 1 3 mars
1883, qui dans son article 20, énonce que « les noms actuels des indigènes, ceux de leurs descendants
et les noms patronymiques sont transcrits en français, d’après les règles de transcription déterminées
par le gouvernement général de l ’Algérie en conseil de gouvernement ».
80
Symbolisme, nom propre et oralité
structure sociale. Toutes ces pratiques énoncées ci-dessus ont eu pour conséquence le
brouillage de la filiation et la perte définitive des repères identitaires onomastiques par
une perte de la continuité généalogique22. Instauré par une administration étrangère
et transcrit dans une langue étrangère, l’état civil est le produit d’une manipulation
du système anthroponymique traditionnel à un double niveau, symbolique et formel,
d’abord par l’imposition d’un système de nomination calqué sur le modèle français
qui faisait fi des paradigmes fondateurs de l’anthroponymie autochtone, ensuite par
l’attribution arbitraire de nouvelles formes anthroponymiques souvent injurieuses et
dégradantes pour leurs porteurs.

De l’ordre ethnique au désordre patronymique

Patronyme + Prénom 4 Dé/Rebaptisation


Francisation : désintégration du sens
par la transcription graphique
Dénomination alphabétique Souggeur/T rézel
Formes SNP

Traduction Suppression Rajout Substitution


Ait Ouazou/Ait Ouferoukh Saadi/Ait Saadi Oulds/Ould Leroul/El Ghoul

De l'inégalité des noms propres: sémantique et idéologie


« épi-onomastique »
Pour cette raison, il n’est pas étonnant de voir que beaucoup de travaux en onomas¬
tique en Algérie inscrivent leurs démarches dans un cadre d’interrogation épisté¬
mologique et méthodologique un tant soit peu différent. La démarche répertoriale,
soulignent Benramdane et Atoui, « de la nomination et de la dénomination des entités
linguistiques n’est présente que pour soutenir un rapport, un processus et un question¬
nement » (2005 : 5). Pour Cheriguen, ces travaux sont

sous-jacent caractéristique aujourd’hui des motivations profondes de l’onomastique


algérienne, voire maghrébine, et qui peut se résumer par la question « Qui suis-je? »
dans le rapport de nomination/dénomination de tel ou tel territoire et/ou sous-territoire

22 Benet, cité par Milliot, 1 937, Z. ’état civil en Algérie, Alger, p. 1 02.
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Farid Benramdane, Ouerdia Yermeche
déterminé par tel ou tel autre nom? Questionnement essentiel au fondement de la
relation anthropo-toponymique qui, en Algérie, présente un intérêt particulier et dont
bon nombre d’études en font une problématique majeure23.

Le sens des noms propres de tribus, de lieux et de personnes prend naissance dans
le sentiment des locuteurs. Il n’est pas d’origine scientifique, dans la mesure où il
provient dans le cas d’espèce qui nous intéresse, dans une partie, d’une confrontation
entre une matrice ethnolinguistique forgée par la praxis historique et des préjugés
ethnocentriques, construits administrativement et qui croient, à l’évidence, en la
supériorité de leurs systèmes de nomination, qui, forcément, doit passer par la dévalo¬
risation des autres : la constitution de l’état civil « (était) et (devait) être un œuvre
de dénationalisation, l’intérêt de celui-ci était de préparer la fusion et de franciser
plus résolument encore les patronymes indigènes pour favoriser les mariages mixte »
(Ageron, 1968: 183).
Cette entreprise « épi-onomastique », menée à l’échelle de toute une société a été,
sur un plan opératoire, à la base d’une série de dérèglements dont souffre encore
jusqu’à présent la société algérienne.
C’est sur un plan diachronique qu’il faut comprendre les ultimes et extrêmes
ressources de préservation de cette matrice ethnolinguistique modelée dans sa dimen¬
sion sémantique par la praxis historique, au travers de modalités discursives précises.
Toutes les catégories onomastiques (ethnonymie, anthroponymie, hagionymie,
toponymie...) sont intimement liées au système social, lequel observe si bien
Bourdieu, « est conçu selon le modèle de la généalogie qui, au moins idéalement,
permet aux groupes ramifiés et dispersés de se découvrir des ancêtres communs. [. . .]
La logique onomastique n’est autre chose que la structure sociale projetée dans le
passé et par-là rationalisée et légitimée » (Bourdieu, 1974 : 87).
Toute la difficulté réside, dans de tels contextes, dans la forme et la position du
problème, dans un domaine, pour reprendre la réflexion de Siblot « où il n’existe ni
données pures, ni données parfaitement objectives. Seul l’examen du cadre épisté¬
mologique limite le risque de confusion entre données perceptives et données du
problème » (Siblot, 1999, 2001 : 22-23).
La dé/nomination linguistiquement différente et historiquement différenciée d’une
même entité réalise une décantation sémantique identitaire et identificatoire, avec des
visées communicatives fondamentalement opposées, cristallisée dans la dichotomie
écrit/oral.
Peut on parler, dans ce cas, s’interroge Benramdane, de « vérité orale » et de
« vérité écrite » de la réalité onomastique (2002 : 69) ?
Il répond en appelant les remarques suivantes :
- Le degré de fonctionnalité : dans un processus de re/dé/dénomination, la problé¬
matique posée est au centre de la fonctionnalité ou du degré de fonctionnalité
effective du code écrit dans une société à tradition orale et à l’inscription onomas¬
tique de sa charge symbolique dans le marché des échanges sociolinguistiques.

23 F. Cheriguen (Préface de), dans Benramdane, Atoui, 2005 : 3.


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Symbolisme, nom propre et oralité
- Les limités méthodologiques : l’approche référentielle des dénominations topony-
miques uniquement à partir des noms officiels, c’est-à-dire, ceux attribués par des
institutions dûment mandatées, donc transcrits par écrit, ne rend entièrement pas
compte de tous les processus de résistance, cristallisés dans et par les pratiques
orales, et qui traduisent, le moins qu’on puisse dire, le poids de la charge subjective
dans le processus d’(auto)/identification spatiale que s’attribue un groupe social.
- L’unicité de l’écrit, pluralité de l’oral : le nom propre, le toponyme précisément,
désigne une entité réelle à laquelle on se réfère en tant que telle, peut il renfermer,
au-delà de l’unicité du signe écrit, des significations plurielles orales ? Peut on
parler, dans ce cas, de vérité orale et de vérité écrite de la réalité linguistique ?
En d’autres termes, où est le sens de l’histoire dans ces cas d’espèces : dans les
documents officiels écrits ou dans les pratiques orales? Il est très intéressant
d’observer la catégorisation théorique en toponymie élaborée d’une façon si
pertinente par Albert Dauzat24 et d’autres spécialistes dans la sphère culturelle
occidentale, et son degré d’opérationnalité dans une société à tradition orale,
où les usagers ont opposé et opposent toujours, dans un contexte permanent de
violences cycliques et de séquence historiques d’occupation/libération/réoccupa¬
tion de l’espace, leurs propres stratégies de verbalisation identitaire onomastique.
- Le cadre d’interrogation épistémologique : ou toute la difficulté de construire une
théorie générale du sens du nom propre. La validité ou le degré de validité d’une
approche du sens du nom propre réside, comme nous avons tenté de le montrer
moins dans l’énumération des niveaux de catégorisation théorique énoncée que
dans la pertinence des interactions entre les différents déterminants et composants
de notre objet d’étude. Des options peuvent disqualifier des centralités établies, à
l’image du code écrit, dans la constmction des édifices conceptuels onomastiques,
de type colonial et même post-colonial, en raison de la simultanéité d’autres
logiques sociales, culturelles et politiques ascendantes, tout en mouvement et en
impulsion, en interaction avec l’environnement dans ses différentes articulations
et dans sa dimension humaine la plus innovante. La perspective transdisciplinaire
est suggérée par Siblot :

le processus de nomination ne peut, selon nous, être pleinement appréhendé que


par une linguistique anthropologique, prenant en considération la production
du sens par des sujets et le cadre effectif de réalisation. [...] Elle concerne
l’environnement (matériel, social, idéologique, interactionnel. . .) de production
du système ou de l’énoncé et la dialectique qui se joue entre le langage et le
réel » (Siblot, 1999, 2001 : 23-24).

- Signe et symbole : dans le contexte décrit dans notre contribution, le nom propre
fonctionne et s’érige comme un rempart symbolique, un ensemble de convictions
et de croyances, à la base d’une dynamique identitaire de résistance historique et
culturel, la triangulation espace/personne/signe onomastique est très historisée.

24 A. Dauzat, Les noms de lieux. Origine et évolution, Paris, Éditions Delagrave, 1957.
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Farid Benramdane, Ouerdia Yermeche
c’est le symbole qui l’emporte sur le signe. C’est un symbole-totalité. Une totalité,
comme le dit si bien Jacques Berque quand il parle des « Identités collectives et
sujets de l’histoire » (Berque, 1978), non une superposition ou un agrégat, une
totalité forgée historiquement par une pratique sociale, renforcée par le caractère
oral des transactions langagières dominantes, donc plus enclines à la flexibilité et
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