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LES ASSEMBLAGES

PAR SOUDURES

1. Généralités
Les dispositions données dans ce chapitre s’appliquent aux aciers de construction soudables conformes
à l’EN 1993-1-1 et aux épaisseurs de matériau de 4 mm et plus. Ces dispositions s’appliquent également aux
assemblages soudés dans lesquels les propriétés mécaniques du métal d’apport sont compatibles avec celles
du métal de base.

- Il convient que tous les produits d’apport de soudage soient conformes aux normes appropriées.
- Il convient que les valeurs spécifiées de limite d’élasticité, de résistance ultime en traction, d’allongement à la
rupture et d’énergie minimale lors de l’essai de flexion par choc sur éprouvette Charpy du métal d’apport
soient équivalentes ou supérieures aux valeurs spécifiées pour le métal de base.

Pour les soudures effectuées sur un matériau d’épaisseur moindre, il convient de se reporter à l’EN
1993 partie 1.3, et pour les soudures réalisées sur les profils creux de construction avec des épaisseurs de 2,5
mm et plus, des dispositions sont données en 7.3 de l’EN1993-1-8.
Il convient que les soudures soumises à la fatigue satisfassent également les principes donnés dans l’EN
1993-1-9.
Il convient d'éviter l’arrachement lamellaire.
Des recommandations concernant l’arrachement lamellaire sont données dans l’EN 1993-1-10.

2. Procédés de soudage

On appelle soudage, le procédé d'assemblage d'éléments métalliques par liaison de leurs matières,
obtenue soit par plastification, soit par fusion.
La technique d'assemblage par plastification nécessite l'application de fortes pressions des éléments à
assembler et ce, une fois l'état plastique atteint.
Le procédé par fusion est obtenu par mélange intime de la masse fondue des deux éléments, ce qui
donnera après refroidissement, une zone d'interpénétration (Fig. 4).
Les assemblages par soudure assurent une continuité de la matière, ils sont étanches et résistants. Les
pièces assemblées sont généralement réunies sans éléments auxiliaires et sans formations de trous
(sections non affaiblies), ce qui n'est d'ailleurs pas le cas des assemblages par boulons ordinaires ou HR.
Que ce soit en chaudronnerie, en serrurerie ou en constructions métalliques, divers procédés de
soudage se rencontrent en pratique et ce en fonction du domaine d'application et des dimensions des
éléments à assembler entre eux.

Parmi les procédés rencontrés, on peut citer :

a) Procédé par pression

Les éléments à assembler sont chauffés jusqu'à ce que l'état plastique soit atteint et par suite, leur
jonction se fera soit par pression mécanique ou hydraulique, soit par forgeage (martelage). Cependant, cette
technique est principalement utilisée en constructions mécaniques.

b) Procédé par résistance électrique

Ce procédé est utilisé seulement dans l'assemblage des tôles minces. Les tôles à assembler sont
placées entre un courant à bas voltage et à ampérage élevé, ce qui donnera naissance à un dégagement de
chaleur suffisant pour les lier entre elles par plastification.
c) Procédés chimiques

c.1) Soudage au chalumeau oxyacétylénique


Cette technique est utilisée depuis longtemps, dont le principe est de faire fondre des baguettes d'aciers
fusibles à une température élevée (environ 3000 °C) par combustion d'oxygène et d'acétylène, stockés en
bouteilles. N'étant pas coûteux, ce procédé est très utilisé en chaudronnerie, en serrurerie et en ferronnerie,
mais très peu utilisé en constructions métalliques, surtout dans les assemblages d'éléments de fortes
épaisseurs.
c.2) Soudage au chalumeau oxhydrique
Ce procédé est basé sur le même principe du soudage au chalumeau oxyacétylénique, seulement, la
combustion à haute température s'obtient suite au mélange d'hydrogène et d'oxygène.

d) Procédé au laser
Possédant une très grande précision, le rayonnement au laser peut exécuter un point de soudure sur
une zone concentrée de quelques microns. La soudure au laser est très utilisée en mécanique de précision et
en horlogerie.

e) Procédé à l'arc électrique (Fig. 1)


Les procédés de soudage à l'arc électrique sont les plus utilisés dans le domaine de la construction
métallique. Le principe consiste à créer l'arc électrique à partir d'une source de courant placée entre une
électrode (tige en acier) et la pièce à souder; il se produit alors une fusion et de l'électrode et de la masse
d'acier des éléments située dans le joint à souder. Il existe la soudure à électrodes non fusibles et la
soudure à électrodes fusibles.

e.1) Procédé à électrode non fusible


Cette technique porte l’appellation de procédé TIG (Tungsten Inert Gaz). Le principe consiste à ce
que l'arc soit produit entre une électrode non fusible en tungstène et les éléments à assembler sous jet d'un
gaz inerte qui est l'argon. Le métal d'apport, constituant la soudure, est donc obtenu par fusion d'une
baguette indépendante.

[FIG (1) – REPRESENTATION SCHEMATIQUE


DU PROCEDE DE SOUDAGE A L’ARCE ELECTRIQUE

e.2) Procédé à électrode fusible

L'arc électrique est créé entre une cathode (électrode fusible) et une anode (pièces à souder) par
l’intermédiaire d'un générateur de courant de faible intensité et de fort ampérage, jusqu'à 600 ampères. Ceci
va entraîner alors une élévation de température et par suite la fusion de la cathode et de l'anode (zone de
liaison des éléments à assembler). Le déplacement de la cathode le long du joint à souder constituera un
cordon de soudure. Le procédé de soudage à électrodes fusibles utilise soit l'électrode nue, soit l'électrode
enrobée.
e.2.1) Electrodes enrobées (Fig. 2)

C'est le procédé le plus employé dans la technique de la soudure. L'enrobage est assuré à l'aide d'une
gaine réfractaire qui se transforme lors de la fusion en un laitier ayant plusieurs avantages, parmi lesquels :

* éviter la trempe de l'acier et ce en ralentissant son refroidissement, ce qui permet d'éviter de rendre
l'acier cassant;
* protection de l'acier contre l'oxygène et l'azote, contenus dans l'atmosphère, ce qui donnera un acier non
fragile;
* canalisation du métal fondu et l'accélère, ce qui rend facile l'exécution des soudures au plafond et
les soudures verticales de bas en haut.

Les électrodes modernes possèdent un enrobage épais de composition spéciale, contenant plusieurs
éléments d'alliage donnant ainsi des soudures de résistances mécaniques appréciables.

e.2.2) Electrodes nues :

Les électrodes nues étaient les pionniers du soudage à l'arc électrique, mais ne présentaient pas les
avantages cités en section (e.2.1), c'est ce qui explique le choix d'utilisation de l'électrode enrobée.

[FIG (2) – SOUDAGE A L’ARC ELECTRIQUE AVEC ELECTRODE ENROBEE

Cependant, plusieurs techniques se développent et utilisent le procédé de l'électrode nue, tels que les
procédés MIG (Métal Inert Gaz) (fig. 3) et MAG (Métal Active Gaz). Le principe de l’électrode nue
consiste à noyer l'arc électrique dans un jet de gaz, permettant ainsi d'éviter les inconvénients cités en
(e.2.1). Le procédé MAG utilise le gaz carbonique, tandis que le procédé MIG utilise un gaz inerte,
généralement l'argon.

[FIG (3) – PROCEDE DE SOUDAGE MIG


3. Qualités et contrôles des soudures

La qualité d'une soudure est d'autant plus élevée que le métal d'apport fondu dans le joint pénètre
profondément et se mélange intimement avec le métal de base des pièces à souder. Généralement, la
pénétration varie entre 1.5 à 2 mm (Fig. 4).

[FIG (4) – ZONES D’INTERPENETRATION D’UNE SOUDURE

La résistance des joints soudés dépend de la structure de la soudure. La figure (5) montre
schématiquement une structure de la soudure avec les différentes zones affectées par la chaleur de fusion.
On distingue principalement trois zones : Le métal d'apport, la zone de transition et le métal de base.

[FIG (5) – ZONE D’AFFECTATION D’UNE SOUDURE

Le métal de base est considéré comme étant la zone adjacente à la soudure où la température, du
métal chauffé, est inférieure au seuil critique estimé à 723°C... La zone de transition est celle située entre
le métal de base et le métal d'apport ou la température varie entre 723 et 1500°C. (t° de fusion). La
structure cristalline de cette zone est très hétérogène, et le point faible du joint soudé (diminution des
caractéristiques mécaniques) se trouve dans la zone où la température atteigne 1000 à 1100°C.

3.1 Organisation du contrôle des soudures

Les contrôles de soudures à tous les stades de fabrication doivent être organisés par le constructeur en
présence du maître de l'ouvrage ou de son représentant, appelé aussi l'inspecteur de contrôle.
Lorsqu'un contrôle est programmé, l'inspecteur doit avoir libre accès aux différents lieux de
fabrication, de montage, de stockage, etc...., et il a la faculté d'assister aux différentes opérations de
fabrications et d'exécutions des essais. Le constructeur doit mettre à sa disposition tous les moyens
humains et matériels (personnels, plans d'exécution de soudage, moyens accès, échafaudages et autres) pour
mener à bien sa mission.
L'inspecteur doit respecter les règles sécuritaires en vigueur lors de son inspection, que ce soit en
atelier ou sur chantier.
En aucun cas, le cordon de soudure ne doit être peint avant d'avoir été contrôlé et accepté et, les
éléments structuraux assemblés en usine ne doivent être expédiés au chantier que sur autorisation de
l'inspecteur.
A l'issu de chaque intervention de contrôle, une fiche doit être établi en ce sens, signée par l'agent de
contrôle (représentant du constructeur) et contresignée par l'inspecteur.
3.2 Types de contrôle des soudures
Le contrôle des cordons de soudures se fait en pratiquant des procédés soit destructifs, soit non-
destructifs.
a) Contrôles destructifs
Les éléments destinés aux contrôles doivent être sollicités à des efforts de même nature qu'en phase
de service et, l'essai sera mené jusqu'à la rupture. Seulement, une étude statistique doit être établie sur
plusieurs échantillons identiques, afin de connaître les résultats.
b) Contrôles non destructifs
b.1) Contrôle visuel
L'examen visuel de la soudure se fait en tenant compte de la forme, de la dimension et des défauts de
surface. Il peut être confirmé par un deuxième contrôle appelé "contrôle de ressuage", afin de déceler les
défauts les plus fins débouchant à la surface du cordon. La procédure de ressuage consiste à mouiller la
pièce au niveau du joint soudé par un liquide fluorescent dont le ressuage apparaît par fluorescence au
droit des défauts.
b.2) Contrôle acoustique

A l'aide de frappes sur le cordon de soudure, les défauts sont décelés par la transmission irrégulière des
ondes sonores.
b.3) Contrôle par ultrasons
Le principe consiste à exposer le joint soudé à un champ d'énergie ultrasonique et, par suite de
déceler l'énergie dissipée par les défauts à l'aide d’un récepteur.
b.4) Contrôle radiographique par rayons (x) et (y)
Ce type de contrôle est le plus utilisé dans le domaine de la construction et plus particulièrement
dans les ouvrages de grandes importances, tels que ponts, réservoirs, navires, grandes charpentes, etc.... Les
défauts décelés, tels que manque de pénétration de matière ou présence de matière non métallisée, se
traduisent par des taches sur clichés radiographiques. L'interprétation de ces clichés, du ressort des
spécialistes, jugera sur l'acceptation ou le refus du cordon de soudure.
b.5) Contrôles complémentaires
Dans certains cas particuliers ou le contrôle d'un cordon de soudure laisse apparaître des doutes
quant à son acceptation, un contrôle complémentaire doit être effectué en ce sens pour une décision
finale. Le tableau (1) ci-après fixe la répartition des contrôles dans les soudures bout à bout et les soudures
d'angles interpénétrées.

4. défauts des soudures

Les défauts de soudures, dont l'identification doit être faite selon l'un des procédés de contrôle cité en
(3.2), peuvent être apparents ou internes. Parmi les défauts apparents, visibles à l'œil nu, on peut citer :

a) manque de pénétration du métal d'apport ou la fusion n'a pas été réalisée sur l'épaisseur de la tôle.

Ces défauts peuvent provenir :

* d'un chanfrein non conforme aux normes, par exemple chanfrein trop fermé;
* d'un écartement insuffisant des bords des pièces à souder;
* d'un avancement trop rapide (vitesse d'exécution du cordon) ;
* de l'emploi d'une électrode de diamètre trop grand pour exécuter la passe de fond.

Pour remédier à cela, un cordon de soudure supplémentaire doit être réalisé dans la zone ou il y a eût
un manque de pénétration. Cette technique porte le nom de "reprise à l'envers".
b) manque d'épaisseur due à un dépôt insuffisant du métal d'apport ou à une mauvaise reprise entre
passes successives. Pour palier à ce défaut, on opère à un chargement après piquetage de la surface du
cordon;

c) l’excès de charge du métal, qui n'augmente d'ailleurs pas la résistance du joint;

d) les caniveaux, morsures apparaissant au niveau des bordures du cordon, sont dus à une fusion
prolongée des bords des pièces à souder. On y remédie en les chargeant par du métal de soudure;

e) les cassures, fissures internes débouchant à la surface du cordon de soudure;

Si les défauts apparents sont visibles à l'œil nu, les défauts internes par contre ne le sont pas et sont
très difficiles à déceler. Parmi les défauts internes, on citera :

f) le manque de liaison dû à une mauvaise pénétration;

g) les fissures internes à l'intérieur du métal fondu, petites soient-elles, peuvent se transformer en
fissures grossières et entraîner des cassures;

h) le collage (manque de liaison interne entre le métal d'apport et le métal de base) est un défaut très
grave, car la continuité de la matière n'est pas assurée. Ce défaut, décelable que par contrôle destructif,
peut provenir d'une intensité de soudage trop faible ou de la présence d'oxyde entre l'interface métal
d'apport - métal de base.

P R O C E D E S DE C O N T R O LE S
EPAISSAURS SOUDURES
D’ANGLES
tmin SOUDURES BOUT A BOUT
INTERPENETRE
ES
(mm)
COMPLEMENTAI SEULS LES
PRINCIPALE
RE1
t min  20 RADIOGRAPHIE ULTRASONS2 EXAMENS PAR
RADIOGRAPHIE ULTRASONS2
20  t min  40 ULTRASONS
ou ULTRASONS ou RADIOGRAPHIE3

t min  40 ULTRASONS RADIOGRAPHIE SONT UTILISES


t min : Epaisseur la plus faible des pièces assemblées.
Tableau (1)

5. Contrainte résiduelles - retrait de soudage

Lors de l'exécution d'un joint soudé, la très haute température de fusion provoque, selon les cas, soit
la naissance de contraintes résiduelles, soit l'apparition des déformations.
Dans un premier cas, la zone froide du joint soudé va s'opposer à la dilatation de la partie chaude, ceci
va entraîner une compression de la zone chaude et une traction de la zone froide; et par suite, il en résulte
des flexions locales.
Le cordon de soudure, en passant de l'état fondu à l'état solide, se trouve être soumis à un retrait
tridimensionnel : transversalement, longitudinalement et selon son épaisseur.
Si les éléments à assembler sont librement dilatables, des déformations vont apparaître (fig. 6a et 6b),
par contre si elles sont bridées, le retrait donnera naissance à des contraintes internes ou résiduelles (Fig.
6c).
[FIG (6) – RETRAIT ET CONTRAINTES RESIDUELLES DANS LES PIECES SOUDEES

A l'aide de techniques appropriées, on peut éliminer les déformations et les contraintes résiduelles.
Les contraintes résiduelles peuvent être éliminées en :

* martelant à l'aide de burin pneumatique le cordon de soudure en évitant le forgeage du métal;


* appliquant un traitement thermique à basse température (200 à 300°C), ce qui produira une relaxation
appréciable;
* pratiquant un recuit de stabilisation (600 à 650°C) ou de normalisation (700 à 900°C), ce qui ramène
le métal à sa structure initiale.

On peut éviter ou éliminer les déformations, en :

* imposant des déformations initiales (pré-déformations) inverses aux déformations dues au retrait;
* redressant à froid les zones déformées;
* pratiquant un préchauffage des pièces afin d'éviter un refroidissement brusque.

6. Types de soudures

Selon le type du joint soudé, on rencontre en pratique :

* le raboutement, permettant d'assembler deux pièces bout à bout (Fig. 7a);


* le joint à recouvrement, ou à clin (fig. 7b);
* le joint d'angle (Fig. 7c);
* le joint en T (Fig. 7d);
* et le joint à entailles (Fig. 7e).

La réalisation des joints soudés se fait à l'aide de cordons de soudure qui se différencient selon leurs
positions spatiales et selon le type de joint soudé. Il existe principalement la soudure bout à bout et la
soudure d'angle.

Pendant la phase de soudage, selon la position du cordon de soudure (Fig. 8), la soudure d'angle
peut être verticale, horizontale (à plat) ou au plafond, et la soudure bout à bout peut être avec ou sans
reprise.
[FIG (7) – TYPES DE JOINTS SOUDES

[FIG (8) – TYPES DE SOUDURES

Les valeurs de limite d’élasticité, de résistance ultime à la traction et d’allongement à la rupture du métal
d’apport doivent être égales ou supérieures à celle du métal de base.

Il existe plusieurs procédés de soudage, classés en trois catégories :

- le soudage manuel (soudure d’accès difficile, petite longueur)


- le soudage automatique (la tête de soudage se déplace automatiquement le long du
joint, intéressant pour des joints longs)
- le soudage semi-automatique

Le choix de procédé se fait en fonction de l’épaisseur du matériau, de l’endroit où la soudure doit être faite,
de l’accès au joint, de la composition de l’acier de base et du coût comparé.

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