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Chapitre I Causes et origines de l’envasement

I.1. Introduction :
En ce chapitre on propose de montrer la gravité du phénomène de la sédimentation des
barrages à travers l’analyse des étapes de processus de l’envasement.

I.2. Processus de l’envasement :


L’envasement est définit comme étant le dépôt de sédiments dans les retenues des
barrages réduisant ainsi leurs capacités de stockage, voir figure (I.1).

Photo (I.1) : Envasement des barrages. [27]

I.2.1. L’érosion des bassins versants :

L'érosion des bassins versants en amont des barrages, sous toutes ses formes - laminaire, en
rigole, en ravine, des berges, glissement de terrain, coulée de boue, etc. - est à l'origine de
l'envasement des barrages. Que ce processus soit naturel ou anthropique, l’érosion est un
phénomène complexe. Elle englobe non seulement le détachement ou l'ablation des
particules de sol, mais aussi leur déplacement d’un point à un autre du bassin versant.
En Algérie le taux d’érosion dépasse 2000 t/km 2.an sur la plupart des bassins versants de
l’Atlas Tellien (Rhiou, Sly, Fodda, Mazafran, Isser). Il atteint 4000 t/km 2.an sur la chaine
côtière de Dahra, et 5000 t/km2 sur le bassin très dégradé de l’Oued Agrioum, voir Photo(I.2).
[2]

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Photo (I.2) : Phénomène d’érosion dans le bassin versant Chéliff. [28]

I.2.2 Mouvement de masse :


Les mouvements de masse sont des déplacements de matériaux solides et/ou meubles le long
d’une pente tels que chutes de pierres, éboulements, écroulements, glissements de terrain. Ils
peuvent être rapides et subits ou lents et continus.
L’eau joue toujours un rôle prépondérant dans ce processus, mais le mouvement du sol se
produit non par le mouvement de l’eau, mais plutôt suite à un stress gravitationnel. En effet,
lorsque les sols constitués de limons et d’argiles sont gorgés d’eau, les colloïdes responsables
de la cohésion du sol prennent une constance liquide. Si ces sols « liquéfiés » sont situés sur
de fortes pentes avec un sous-sol imperméable, ils peuvent glisser spontanément dans un
mouvement d’ensemble (glissement de terrain) ou encore sous forme de coulée de boue si les
matériaux sont à peu près complètement fluidifiés, voir Figure (I.1).

Figure (I.1): Processus de mouvement de la masse dans un bassin versant. [31]

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I.2.3 Processus du transport solide :


La distribution des sédiments sur un bassin versant et le transport spécifique dans
les fleuves regroupent deux processus différents. Ces deux notions permettent de
distinguer d'une part les processus de détachement et de transport de matériaux du sol
avant leur entrée dans le système "rivière" et d'autre part leur transport dans la rivière
elle même. Les taux de particules transportées vont à leur tour être régis par de
nombreux facteurs dont la vitesse de l'eau, les caractéristiques du lit, la granulométrie
des particules. [11]
Les particules ainsi transportées par le cours d'eau ne refléterons qu'en partie les
phénomènes d'érosion sur les versants puisqu'une partie des sédiments arrachés au
bassin pourra se déposer (éventuellement temporairement) entre les sources d'érosion
et l'exutoire du bassin de drainage. D'autre part, l'érosion des berges pourra contribuer à
la charge en suspension mesurée dans le cours d'eau tandis que la présence de lacs,
réservoirs entraînent une sédimentation des particules [11].
On sait que ce phénomène complexe dépend de certains paramètres tel que:
 la forme géométrique de la retenue : petite, grande, «canal ». «Lac »
 La profondeur de la retenue.
 L’apport solide de la retenue.
 La pente du fond de la retenue.
Les eaux des cours d’eaux transportent les sédiments sous deux formes :
a. Par charriage
Ils concernent les matières minérales en phase solide plus particulièrement les plus gros
éléments qui contribuent à la formation et à l’équilibre du lit, glissement, saltation et aussi par
suspension lorsque le débit liquide est très important (Figure I.2). Le débit charrié dans les
barrages Algériens est estimé entre 10 et 15% du débit en suspension [1].
b. En suspension
Ils concernent les éléments fins du transport solide qui sont maintenus en suspension, par la
turbulence de l’eau, crée par les matériaux du lit. La quantité de matériaux en suspension
dépend uniquement des quantités d’éléments très fins, qui proviennent de l’érosion des
bassins versants, due au ruissellement des eaux de pluie. Les concentrations d’éléments en
suspension des Oueds Algériens dépassent souvent les 100g/l surtout pendant les premières
pluies d’automne. A titre d’exemple dans l’oued Isser (Boumerdes), la concentration est de
20g/l en moyenne, et elle dépasse 265g/l en période de crue [1].

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Figure(I.2) : Les deux formes de transport solide. [11]

I.3 L’envasement des barrages en Algérie


I.3.1 Généralités
Lors des derniers levés bathymétriques effectués par l’ANBT entre 2004 et 2006, sur les 62
barrages en exploitation, seuls 59 d’entre eux ont fait l’objet d’un levé [1]. Les résultats
suivants ont été enregistrés :
 Barrages en exploitation : 59 barrages,
 Capacité initiale cumulée : 6,704 milliards de m3,
 Capacité totale au dernier levé (2004/2006):5,806 milliards de m3,
 Volume perdu par envasement à 2006:898 hm3,
 Taux d’envasement:13,4%.
Les pertes de capacité enregistrées dans les retenues sont d’autant plus inquiétantes que la
vase accumulée durant ces années empêche parfois le fonctionnement des équipements
hydromécaniques, la réduction des capacités dépasse :
 80% pour les barrages de Fergoug, Foum El Guiss
 50 % pour les barrages de Foum El Gherza, Bouguezoul, Ghrib, Oued Fodda et
K’Sob
 40 % pour les barrages de Bouhaifia, Iguil Emda et Zardezas
Selon les estimations prévisionnelles, voir figure (I.3), l’envasement à atteint :
 950 Hm3 en 2010 (soit 21% de la capacité globale d’emmagasinement).
Et il atteindrait :
 1 100 Hm3 en 2020 (14% de la capacité),

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 1 200 Hm3 en 2030 (13% de la capacité).


A partir des données disponibles, l’ANBT a estimé l’envasement global prévisible à différents
horizons présenté en tableau (I.1) et figure (I.3).

Tableau (I.1) : Evolution tendancielle de l’envasement. [1]

Année Capacité (Hm3) Envasement (Hm3)


1957 900 200
1962 1 300 240
2000 4 226 800
2006 5 806.31 898
2010 6 528.8 950
2020 7 612.8 1100
2030 9 626.1 1200

Figure(I.3) : Evolution tendancielle de l’envasement des barrages en fonction de


capacité installé. [1]

I.3.2 Situation des 10 barrages les plus envasés d’Algérie :

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Le tableau suivant nous récapitule les différents barrages, leurs caractéristiques ainsi les
travaux réalisés à leurs niveaux.
Tableau (I.2) : Constat des différents barrages Algériens. [1]

Anné Cap. Au Envas


Volum
e Cap. dernier . Taux
e
Barrage Oued Wilaya Mise Initial levé Moy. Envas Observation
Envas.
en (Hm3) 2004/(2005) Annu. .
(Hm3)
eau (Hm3) (Hm3)
Dragage de
Fergoug Hammam Mascara 1970 18 0.4 17.6 0.52 98%
7Hm3
Foum El El Dragage de 4
Biskra 1950 47 14.9 32.1 0.6 68.3%
Guerza Abiodh Hm3
Foum El
Gueiss Khenchela 1969 3 0.43 2.57 0.07 85%
Gueiss
Ghrib Chlef Ain Defla 1939 280 115.3 164.7 2.50 59%

1940 Surélévation.
Ksob K’sob M’Sila Surel.: 29.5 12.3 17.2 0.64 58.3% Dragage: 4
1977 Hm3
Soutirage
Oued El- Oued El- Courants
Chlef 1932 228 102.85 125.5 1.71 57%
Fodda Fodda Densité : 45
Hm3
Bou
Hammam Mascara 1948 73 38.1 34.9 0.62 47.8%
Hanifia
Boughzou Nahr
Médéa 1934 55 20.27 34.7 0.49 63.1%
l Ouassel
1945 Surélévation.
Zardezas Safsaf Skikda Surel : 31 18.7 12.3 0.4 39.7% Dragage : 10
1974 Hm3
Soutirage
Ighil Courants
Agrioun Béjaia 1954 154 81.2 72.8 2.1 47%
Emda Densité : 46
Hm3

I.4 Conclusion

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L’envasement est un phénomène naturel très complexe qu’il faut étudier de l’amont à
l’aval du barrage, il est devenu actuellement une réelle menace pour l’infrastructure
hydraulique, tant au niveau de la réduction rapide de la capacité utile du barrage qu’à celui de
la sécurité de l’ouvrage lui-même. En Algérie la durée de vie d’un barrage est calculée en
fonction du taux d’envasement. La plupart des barrages en Algérie ont une durée de vie de
l’ordre d’une trentaine d’année à cause de phénomène de l’envasement, Ils sont dans une
situation critique, leur exploitation reste en dessous de leur capacité réelle.

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