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Résumé Abstract
L’identification d’un cadre théorique capable The choice of a theoretical framework that can explain
d’expliquer le comportement responsable des the responsible behavior of companies in general, and
entreprises en général, et la diffusion d’informations the publication of green information by companies in
vertes par ces dernières en particulier, est le point le particular, is the most controversial point in green
plus controversé dans la recherche en comptabilité accounting research. Therefore, various explanations
verte. Aussi, diverses explications sont données dans la are given in the literature to explain why companies
littérature pour expliquer pourquoi les entreprises engage in CSR by publishing information about their
s’engagent dans la RSE en diffusant des informations social and environmental actions. Among the many
sur leurs actions sociales et environnementales. Parmi reasons given, the literature speaks for example of
les nombreuses raisons données, la littérature parle par seeking legitimation; pressure from stakeholders;
exemple de recherche de légitimation ; de pression des accounts manipulation; resources dependance; or
parties prenantes ; de manipulation des comptes ; de isomorphism, and cultural influence. The question is
dépendance vis-à-vis des ressources ; ou encore de approached in all directions, without any theoretical
comportement de mimétisme, et d’influence culturelle. basis is unanimous in the explanation of the
La question est abordée dans tous les sens, sans phenomenon. After discussing the rivalry between these
qu’aucun socle théorique ne fasse l’unanimité dans theoretical frameworks, it appears that the choice of the
l’explication du phénomène. Après avoir discuté de la theoretical framework follows a certain evolution over
rivalité entre ces cadres théoriques, il ressort que le time. From the borrowing of economic theories to the
choix du cadre théorique suit une certaine évolution au use of metatheories, through the use of social models
fil du temps. De l’emprunt des théories économiques à and socio-political theories, four different phases of this
l’usage des métathéories, en passant par l’usage des war of logic are identified. This research highlights the
modèles sociaux et des théories socio-politiques, quatre need to abandon the verification of existing theories and
différentes phases de cette guerre des logiques sont models, and instead to resort to comprehensive
identifiées. Cette recherche souligne la nécessité de grounded theory approaches. Such a perspective would
renoncer à la vérification des théories et modèles be useful for conducting research in under-explored
existant, et de recourir plutôt à des approches contexts, such as sub-Saharan Africa.
compréhensives de type grounded theory. Une telle
Keywords : GREEN ACCOUNTING ; ACCOUNTING
perspective serait utile pour conduire des recherches THEORIES ; SOCIAL MODELS ; METATHEORIES ;
dans des contextes peu explorés, comme celui de GROUNDED THEORY.
l’Afrique subsaharienne.
Mots clés : COMPTABILITE VERTE ; DIFFUSION
D’INFORMATIONS VERTES ; THEORIES
COMPTABLES ; MODELES SOCIAUX ;
METATHEORIES.
1
Introduction
Aussi, diverses explications sont données dans la littérature pour expliquer pourquoi les
entreprises s’engagent dans la RSE en diffusant des informations sur leurs actions sociales et
environnementales. Parmi les nombreuses raisons données, la littérature parle par exemple de
recherche de légitimation (Deegan, 2006) ; de pression des parties prenantes (Edward, 1984 ;
Phillips et al., 2003) ; de manipulation des comptes (Watts et Zimmerman, 1978 ; Watts et
Zimmerman, 1990) ; de dépendance vis-à-vis des ressources (Davis, 1973 ; Pfeffer et Salancik,
2003 ; Salancik et Pfeffer, 1977) ; ou encore de comportement de mimétisme, et d’influence
culturelle (Abrahamson et Fombrun, 1992 ; Claeyé et Jackson, 2012 ; DiMaggio et Powell,
2000 ; Haider, 2010 ; Jacob et Rouziès, 2014) etc. Ainsi, la question est abordée dans tous les
sens, sans qu’aucun socle théorique ne fasse l’unanimité dans l’explication de ce phénomène.
1
Traduction libre. ISE pour Informations Sociales et Environnementales
2
Au sens large, la diffusion d’ISE fait partie du courant managérial qui étudie le comportement responsable des
organisations.
2
Cette quête de la théorie ou du modèle qui explique le mieux le phénomène de diffusion
comptable d’informations sociales et environnementales s’apparente de plus en plus à une
quasi-guerre : une nouvelle « guerre des paradigmes ». Le début de cette guerre peut être situé
dans la seconde moitié des années 1900, lorsque les chercheurs commencent à s’intéresser à
l’extension de la comptabilité financière3 vers de nouvelles réalités telles que le social,
l’environnemental, les immatériels … (Colasse, 2000). Au fil du temps, la recherche du cadre
théorique adéquat pour étudier la diffusion d’ISE a connu plusieurs variations qu’il est possible
de délimiter en 4 phases : au départ, l’emprunt des théories économiques ; ensuite, le
développement de modèles sociaux ; après, l’émergence des théories socio-politiques ; et enfin
l’heure des paradigmes (ou des logiques) multiples (Antheaume et Teller, 2001).
3
Comptabilité classique ou comptabilité traditionnelle.
3
1. L’emprunt des cadres théoriques dans les recherches en comptabilité
verte
Les théories contractuelles et économiques regroupent d’une part des théories issues de
l’économie néoclassique comme la théorie positive de la comptabilité, et d’autre part les
théories communément connues sous le vocable de nouvelles théories de la firme, notamment
la théorie des droits de propriété, la théorie des coûts de transaction et la théorie de l’agence.
Watts et Zimmerman (1978 ; 1990) sont souvent cités comme étant à l’origine de la base
théorique associée aux études empiriques sur la diffusion d’ISE (Dumontier et Raffournier,
1999 ; Jeanjean et Ramirez, 2008). Cependant la référence qu’ils font de la diffusion d’ISE dans
leurs travaux est obscure. Au mieux, leur référence aux « campagnes de responsabilité sociale
dans les médias » se rapporte à une pratique commune aux Etats-Unis à l’époque de la publicité
avocate « advocacy advertising » (Gray et Milne, 2002 ; Hackston et Milne, 1996
; Milne et Gray, 2013). La publicité avocate était une tactique utilisée par
de nombreuses entreprises, en particulier Mobil Oil (Inc), pour contrer les
informations des médias et influencer les lois publiques et les débats
politiques. La théorie de Watts et Zimmerman se rapporte alors à une sorte
4
de management basée sur la maximisation du profit, où les managers font des
bénéfices importants en abusant potentiellement du pouvoir de leur monopole ;
l’hypothèse ici c'est d’utiliser une multiplicité d’approches comptables
pour instrumentaliser (manipuler) les données. Les ISE de par leur nature,
offrent ainsi aux dirigeants une marge de manœuvre encore plus importante,
pour « maquiller » les comptes de l’entreprise et « distraire » le public
(Milne, 2002 ; Vourvachis, 2008).
5
La principale limite de ce raisonnement se situe dans la nature même du phénomène de
diffusion d’ISE. Loin de se résumer à une simple relation entre dirigeants et propriétaires, les
ISE ont vocation à satisfaire un public beaucoup plus important. Résultant de pressions
multiples imposées directement ou indirectement aux organisations, la diffusion d’ISE nait en
réalité des limites du capitalisme. Aussi, les entreprises incapables de corriger toutes les
externalités négatives résultant de leur fonctionnement (catastrophes environnementales, stress
au travail, pollutions, changements climatiques, etc.), sont contraintes de tenir compte de
plusieurs facteurs dans le calcul de leur valeur sociale. De manière évidente, la relation d’agence
de type 1 (dirigeants VS propriétaires) ne suffit plus à justifier les informations produites ou
communiquées, puisque de nouveaux interlocuteurs de l’entreprise émergent, et lui réclament
aussi des comptes. Au regard de cette limite dans l’explication de la diffusion d’ISE, les
chercheurs ont essayé de trouver un cadre théorique capable d’intégrer les autres interlocuteurs
de l’entreprise qui sont exclus de la relation d’agence de type 1.
L’une des solutions est trouvée dans une vision orientée stakeholder4, dans laquelle la
relation d’agence de type 1 est déplacée pour intégrer d’autre agents (Hill et Jones, 1992). La
« stakeholders-agency theory » (théorie de l’agence généralisée) qui en résulte semble mieux
adaptée aux études sur la diffusion d’ISE. Dans la relation d’agence étendue à d’autres agents
(Etat, collectivité, clients, ONG, etc.), l’entreprise diminue l’asymétrie informationnelle avec
ses nouveaux agents et réduit de facto les coûts d’agence en diffusant des ISE. Les nouveaux
agents étant différents par nature, et avec des exigences qui ne convergent pas toujours,
l’entreprise a toutefois besoin d’adapter sa communication pour rendre des comptes. Le modèle
comptable traditionnel qui servait jusque-là de base à la communication financière, est
désormais questionné sur sa capacité à rendre des comptes à ce public hétérogène.
4
Stakeholder ou partie prenante ou porteur de part. Voir Freeman (1984).
6
De nombreuses recherches font encore recours aux théories économiques et
contractuelles pour expliquer la diffusion « comptable » d’ISE. Ces théories assez éprouvées
dans les recherches en comptabilité positive, présentent pourtant beaucoup de limites
lorsqu’elles sont convoquées en comptabilité verte. De fait, résumer la diffusion comptable
d’ISE au besoin de manipuler les données, ou encore à une relation limitée entre principal et
agent semble partiel et réductionniste. Puisque, loin de s’apparenter à une simple relation
économique, des études plus récentes montrent que le phénomène de diffusion d’ISE est très
complexe, et qu’il faudrait intégrer plusieurs autres éléments dans son explication. Cette limite
principale des théories empruntées de l’économie positive, a conduit au développement de
modèles sociaux.
1.2. L’usage des modèles sociaux pour étudier la diffusion comptable d’Informations
Sociales et Environnementales
Carroll a proposé en 1979 une définition à quatre niveaux de la RSE5 qui a été formalisée
en modèle. Dans ce modèle, Carroll fait la différence entre quatre types de RSE : économique,
légale, éthique et discrétionnaire.
5
Responsabilité Sociale des Entreprises
7
services. Dans cette perspective, le business se rapporte à la fonction primaire de l’entreprise
vue comme une unité de production.
La deuxième catégorie est la responsabilité légale qui se rapporte aux obligations légales
et juridiques dont doit faire face l’entreprise. Dans cette perspective, la société espère que le
business remplisse sa mission économique dans le cadre défini par la loi. La loi circonscrit à
cet effet les limites des comportements tolérables mais ne définit ni les règles de l’éthique, ni
les règles de moralité (Solomon, 1994b ; Solomon, 1994a).
Dans son essence, la responsabilité éthique pour sa part, pallie les limites de la loi en
créant un cadre éthique à l’intérieur duquel peut exercer chaque entreprise. Le business
représente ici un processus moral, dans lequel la bonne pratique des affaires est la règle.
Seulement, la responsabilité éthique intègre des activités qui ne sont pas nécessairement
codifiées par la loi, mais qui sont néanmoins espérées dans le business par les membres de la
société, comme le respect des convictions religieuses et les droits de l’homme.
La dernière responsabilité est celle dans laquelle les entreprises ont un champ
discrétionnaire de jugement et de choix élargi, sur les activités philanthropiques à mener. La
racine de ce type de responsabilité repose dans la croyance selon laquelle le business et la
société sont jumelés dans un processus organique. C’est la responsabilité la plus controversée
car ses limites sont relatives et ses implications peuvent entrer en conflit avec la responsabilité
économique.
8
Source : Golli et Yahiaoui (2009)
Le modèle présenté par Carroll, est une pyramide à quatre échelles d’importance
décroissante de la base vers le sommet. La responsabilité économique occupe la base de la
pyramide, suivie successivement des responsabilités juridiques, éthiques et philanthropiques.
L’implication de ce modèle en comptabilité sociale et environnementale, c’est la priorité que
l’entreprise donne aux ISE à diffuser. Ainsi, conformément à ce modèle, l’entreprise diffusera
selon l’ordre des priorités : d’abord les informations économiques (pour les stockholders),
ensuite les informations légales (pour le respect des lois et des règlementations), suivi ensuite
des informations éthiques et enfin des informations philanthropiques (pour les autres
stakeholders) (Carroll, 1979 ; Carroll, 1991 ; Carroll, 1999).
Malgré que le modèle de Carroll ait été vérifié empiriquement dans de nombreuses
études pour la plupart réalisées dans les pays occidentaux, il présente néanmoins des limites
contextuelles. La limite la plus importante repose sans doute dans l’ordre des priorités dévolue
à chaque responsabilité, qui n’est pas toujours le même en fonction de la localisation des études.
Si dans les pays développés, l’ordre des responsabilités est généralement conforme à celui du
modèle développé par Carroll (Golli et Yahiaoui, 2009), des études montrent que dans les pays
en développement par exemple, les responsabilités suivent les priorités suivantes :
économiques, philanthropiques, légales et enfin éthique (Visser, 2006). Cette limite remet en
exergue l’influence du contexte dans l’étude de la diffusion d’ISE. Ce phénomène (diffusion
d’ISE) souvent influencé par des réalités culturelles et même religieuses (Kamla, 2007), se prête
difficilement aux seules réalités économiques.
L’avantage des modèles sociaux comme celui de Carroll ou encore celui de Wood6, c’est
d’intégrer au-delà de l’aspect économique, les aspects sociaux qui représentent aussi une part
non négligeable dans l’explication de la diffusion comptable d’ISE. Ce sont principalement les
limites contextuelles de ces modèles, qui réduisent leur pouvoir explicatif.
6
Voir Wood (1990)
9
ordre d’idées, les théories socio-politiques ont connu un écho considérable en raison de
l’originalité de leur positionnement dans l’explication du phénomène. La section suivante est
réservée à leur présentation.
10
(redéfinition de son rôle ; isomorphisme coercitif ; altération des pratiques socialement
instituées), et le groupe 2 des stratégies symboliques (adoption d’objectifs socialement
acceptables ; démenti et dissimulation ; identification à des valeurs, des symboles ou des
institutions ; offre d’explications ; offre d’excuses ; conformité cérémoniale ; reconnaissance
de culpabilité ; divulgation partiale ou partielle ; évitement, trivialisation.) (Savage et al., 2000
; Savage, 1998).
Une demi-douzaine de paradigmes parmi les plus solides sur l’étude des organisations,
a émergé presque au même moment pendant l’administration de Ford, et pour la plupart à
Stanfort (Davis et Cobb, 2010). A l’occasion, on a assisté à l’explosion de théories majeures
telles que la théorie des coûts de transaction (Williamson, 1975 ; Williamson, 1983), la théorie
de l’agence (Jensen et Meckling, 1976), la nouvelle théorie institutionnelle (Meyer et Rowan,
1977), l’écologie de la population (Hannan et Freeman, 1977) et la théorie de la dépendance
des ressources (Pfeffer et Salancik, 1975 ; Salancik et Pfeffer, 1977). Ces théories et notamment
la théorie de la dépendance des ressources, continuent à exercer leur influence aujourd’hui.
Cette théorie est moins utilisée dans l’étude de la diffusion d’ISE que la théorie de la
légitimité (Davis et Cobb, 2010 ; Giordano-Spring et Riviere-Giordano, 2007). De fait, il
11
semble à priori irréaliste de rapporter la motivation à diffuser des ISE à la recherche pure et
simple du contrôle des ressources, étant donné que l’explication pourrait tout aussi venir des
réalités historiques qui conditionnent parfois les pratiques des entreprises. La théorie de la
dépendance exposée à la suite illustre un positionnement nouveau dans la recherche.
1.3.3. La théorie de la dépendance : l’apanage des études réalisées en contexte PVD (Pays en
Voie de Développement)
La théorie de la dépendance relève le plus souvent des études réalisées dans le contexte
des pays émergents et en développement, pour signifier l’impact de la colonisation ou toute
autre attitude impérialiste sur le comportement d’une nation ou d’un groupe. Utilisée dans le
cadre du reporting sociétal, elle montre comment l’adoption des pratiques de diffusion d’ISE
dans les [anciennes] colonies est fortement influencée par les approches de reporting adoptées
dans les [anciennes] métropoles (Kamla, 2007).
A la lumière de cette théorie relativement jeune, et dont les premières utilisations datent des
années 1990, Les entreprises des pays colonisés ou dominés diffusent des ISE par mimétisme
ou par contrainte, au regard de pratiques adoptées dans les pays dominateurs. La limite de cette
théorie est purement contextuelle, c’est pourquoi elle est généralement l’apanage des études
réalisées en contexte pays émergent ou en développement (Kamla, 2007).
1.3.4. La Théorie des Parties Prenantes (TPP) pour expliquer la diffusion comptable d’ISE
7
Bonnafous-Boucher M. et Rendtorff J. (2014). La théorie des parties prenantes. Paris. La Découverte.
13
dirigées en priorité pour satisfaire ce groupe. Dans cette optique, toute communication d’ISE
n’est justifiée que si elle améliore la prise de décision des propriétaires ou si elle leur est
favorable. La comptabilité sociale et environnementale est utilisée ici comme un outil (ou un
instrument) qui aide les stockholders à atteindre leurs objectifs, d’où son nom de vision
« instrumentale » des parties prenantes.
L’approche normative de la TPP est quant à elle plus humaine, puisqu’elle considère
« implicitement » que toutes les parties prenantes ont la même priorité. Dans cette mesure,
l’entreprise adopte des comportements dans le but de satisfaire toutes les parties prenantes
(directement ou indirectement) concernées par ses activités. La communication d’ISE va
évidemment en direction de tous les groupes qui ont un intérêt sur l’entreprise, pour les informer
de toutes ses actions. Le problème de cette vision repose essentiellement sur la difficulté à
établir les limites des parties prenantes de l’entreprise, certains auteurs qualifiant même
d’ « irréaliste », un tel positionnement (Friedman, 1971).
Dans l’optique de concilier ces deux visions et pallier les insuffisances de l’une comme
de l’autre, certains auteurs ont essayés de formaliser un modèle hybride, conciliant les
approches instrumentales et normatives de la TPP appelé « théorie convergente des parties
prenantes » (Jones et Wicks, 1999). Le principal argument avancé pour justifier cette approche
est celui selon lequel, toute théorie exclusivement normative ou exclusivement instrumentale
est par essence incomplète. Mais cette formalisation, loin de plaire, a fait l’objet de violentes
critiques, notamment au sujet de sa difficulté à être expérimentée8.
Dans l’optique de pallier les limites de la TPP, un autre positionnement assez différent,
ramène l’explication de la diffusion comptable d’ISE sur la tendance des organisations à se
ressembler, plutôt qu’à se différencier. C’est la vision de la nouvelle théorie institutionnelle.
8
La théorie convergente des parties prenantes est examinée plus bas, dans la partie 2, qui présente la construction
d’un cadre théorique multiple.
14
; Azizul Islam et Deegan, 2008 ; Deegan, 2006). Elle a deux dimensions : l’isomorphisme
(isomorphism), et le découplage9 (decoupling).
L’isomorphisme est défini comme un processus de contrainte qui force une unité de la
population à imiter d’autres unités qui font face aux mêmes conditions environnementales
(DiMaggio, 1995 ; DiMaggio et Powell, 2000). L’isomorphisme se réfère ainsi à l’adoption
d’une pratique institutionnelle (comme la diffusion comptable d’ISE) par une organisation
(DiMaggio et Powell, 2000). Dans ce cas, la diffusion comptable d’ISE est une pratique
organisationnelle, tandis que le moyen par lequel cette pratique est adoptée est un processus
d’isomorphisme. Cet isomorphisme est un processus influencé par la pression d’une
multiplicité de parties prenantes (pressions institutionnelles et professionnelles par exemple).
L’isomorphisme coercitif résulte des pressions formelles et informelles exercées sur une
organisation par d’autres organisations dont elle est dépendante, et par les croyances culturelles
propres à son environnement. Ces pressions peuvent se manifester par la force, la persuasion
ou l’invitation à rejoindre une coalition. Dans l’isomorphisme coercitif, le pouvoir des parties
prenantes joue un rôle significatif qui force les entreprises à adopter certaines pratiques
institutionnelles comme la diffusion d’ISE.
9
Le découplage ne fait pas l’objet d’une attention particulière dans la littérature, c’est pourquoi nous choisissons
délibérément de ne pas l’aborder.
15
pratiques institutionnelles (Ali et Rizwan, 2013 ; Deegan, 2006). Le groupe normatif inclus les
académiciens, les consultants environnementaux, les associations d’industries, et les
organisations gouvernementales et professionnelles qui utilisent les ISE des entreprises.
Le tableau de synthèse suivant récapitule les principales limites des cadres théoriques
mobilisés dans les recherches en comptabilité verte.
Tableau 1 : Les limites des cadres théoriques mobilisés dans les recherches en
comptabilité verte
CADRES THEORIQUES
MOBILISES EN COMPTABILITE USAGES LIMITES REFERENCES
VERTE
Attitude réductionniste de Milne (2002) ;
Les ISE de par leur nature, offrent résumer la diffusion d'ISE à la Vourvachis (2008) ;
Théorie aux dirigeants une marge de manipulation des comptes Watts et Zimmerman
positive de la manœuvre encore plus importante,
Les études empiriques utilisant la (1978 ; 1990) ; Milne
comptabilité pour « maquiller » les comptes de
(2001) ; Gray et al
l’entreprise et « distraire » le public. thèse originelle de Watts et
Zimmerman ont toutes échouées (1995)
16
En rendant compte de ses actions en la diffusion d’ISE ne repose pas De Villiers et Van
faveur de l’environnement et de son uniquement sur la volonté de Staden (2006) ;
Théorie de la
implication dans le développement légitimation de l’entreprise Savage et Cataldo
légitimité
de la communauté, l’entreprise auprès de ses nombreuses parties (1999) ; Suchman
légitime son mandat. prenantes. (1995)
Aldrich et Pfeffer,
La diffusion d’ISE est une stratégie
(1976) ; Pfeffer et
visant à obtenir un mandat auprès des il semble à priori irréaliste de
Théorie de la Salancik (1978) ;
différentes parties prenantes (Etat, rapporter la diffusion des ISE à
dépendance des Giordano et Rivière
Clients, Fournisseurs, collectivités la recherche pure et simple du
ressources (2008) ; Mercier
locales, …) pour le contrôle des contrôle des ressources.
(2005) ; Davis et
ressources.
Cobb (2009)
10
« the metatheoretical question of integrated theory » est une expression utilisée par Treviño et Weaver (1999)
pour désigner la question de l’intégration d’une théorie dans un cadre explicatif plus grand.
11
Etudes dont le cadre théorique est basé sur une seule théorie.
17
dans le premier cas, pour justifier le choix d’une théorie, les chercheurs se lancent dans des
démonstrations théoriques profondes, dans l’optique de montrer la supériorité de cette théorie
sur les autres théories rivales ; dans un deuxième cas, des théories proches ou complémentaires
sont mises ensembles (ou fusionnées) pour créer un cadre théorique jugé plus robuste ; dans un
troisième cas enfin, des théories mutuellement exclusives sont convoquées de manière
séquencée au cours d’une même recherche pour expliquer chacune, des pans d’une réalité
complexe.
Dans cette partie, la recherche est premièrement consacrée à l’illustration des problèmes
d’incohérences entre les théories mobilisées, ainsi que des contradictions entre les résultats
retrouvés dans les études. Deuxièmement, il est observé que le choix des cadres théoriques par
les chercheurs, connait plusieurs variations dans le temps. Ces variations (ou phases) seront à
leur tour présentées.
2.1. La recherche d’un cadre théorique pour la comptabilité verte : l’amalgame des
constructions théoriques
Trois études sont choisies dans trois contextes bien distincts pour servir d’illustration.
Dans ces trois cas, les auteurs se livrent à des démonstrations (et analyses) théoriques pour
montrer la supériorité d’une théorie dans l’explication du comportement social des
organisations. Le dénominateur commun de ces trois cas est l’usage de la théorie des parties
prenantes (Edward, 1984).
18
des parties prenantes » qui présenterait le mérite d’être à la fois instrumentale et normative. Le
troisième cas enfin, provient de l’International Journal of Asian Social Science. Dans cette
dernière étude réalisée en Asie12, c’est la supériorité de la théorie institutionnelle qui est
démontrée. La théorie des parties prenantes est présentée ici comme ayant un pouvoir explicatif
plus réduit que celui de la théorie institutionnelle. Les trois cas sont présentés et analysés de
manière successive.
Les recherches en comptabilité verte ont mobilisé plusieurs théories souvent empruntées
à la sociologie et aux sciences économiques, pour étudier le phénomène de diffusion
d’informations sociales et environnementales. Seulement, ces cadres théoriques copiés, sont le
plus souvent mal adaptés. C’est pourquoi Richard (2005) préconise d’utiliser des cadres
normatifs comptables éprouvés, pour se démarquer des théories de la RSE qui sont peu
stabilisées (Capron et al., 2005 ; Richard, 1999). Il s’agit en clair de prendre comme socle, les
cadres normatifs comptables (approche statique et dynamique de la comptabilité).
Sur cette lancée, et dans l’optique des construire un cadre théorique adapté aux études
en comptabilité verte, Giordano et Riviere (2007) identifient la théorie des parties prenantes
(TPP) comme étant aux deux extrêmes d’un continuum constitué des théories économiques
(théorie de l’agence, théorie des coûts de transaction …) et des théories sociopolitiques (théorie
de la légitimité en l’occurrence). Ainsi, Giordano et Rivière démontrent dans leur analyse que
la théorie des parties prenante à d’abord une vision économique, qu’ils qualifient d’« approche
instrumentale de la théorie des parties prenantes ». Cette vision se rapporte aux théories
contractuelles et par conséquent, elle intègre le reporting sociétal à la communication financière
dans une logique de la valeur. Parallèlement, il y’a aussi la vision sociale de la TPP baptisée
« approche normative de la TPP », qui repose sur la théorie de la légitimité (Gray et al., 1995),
et préconise au contraire une conception plus égalitaire des stakeholders (logique de la
transaction). Cette analyse est synthétisée dans le schéma ci-dessous issu des travaux de ces
deux auteurs.
12
L’étude est menée au Bangladesh
19
Source : Giordano et Rivière (2007)
En résumé, la théorie des parties prenantes peut aisément se substituer aux théories
contractuelles et à la théorie de la légitimité. Elle constitue donc à elle seule, un cadre explicatif
robuste pour expliquer la diffusion comptable d’ISE. Cette conclusion à laquelle arrivent
Giordano et Rivière conduit néanmoins à émettre des réserves sur la faisabilité du
rapprochement entre la vision instrumentale de la TPP et la vision normative de la TPP. Un
houleux débat consacré à la TPP dans une célèbre revue scientifique américaine, met à jour les
limites d’une combinaison entre les deux visions identifiées de la TPP. La présentation de ce
débat est l’objet du développement qui va suivre.
- La théorie des parties prenantes empirique descriptive, reposant sur l’hypothèse selon
laquelle « les managers agissent actuellement avec certaines manières », en tenant compte des
intérêts et des revendications des différents acteurs. La limite de cette théorie est qu’elle ne
permet pas de faire la connexion entre le management des stakeholders et les objectifs
traditionnels de l’entreprise ;
- La théorie des parties prenantes empirique instrumentale, qui étudie les liens entre
management des stakeholders et rentabilité. C’est une approche contingente qui utilise les
méthodes statistiques conventionnelles. L’hypothèse sous-jacente est que « certains résultats
20
sont plus probables si les organisations et les managers agissent avec certaines manières ». De
la sorte, en adoptant les pratiques de RSE, les entreprises sont performantes en termes de profit,
de stabilité, de croissance …
- La théorie normative des parties prenantes, qui indique que « les entreprises et les
managers doivent agir selon certaines mesures ». C’est une vision interprétative narrative,
reposant sur des concepts fondamentaux philosophiques.
Présenté de cette manière, la théorie des parties prenantes offre globalement deux
visions d’analyses : la vision instrumentale ou managériale, et la vision normative. Seulement,
cette distinction opérée entre vision instrumentale et vision normative de la théorie des Parties
prenante est à l’origine de vives controverses.
Dans l’optique de concilier les deux visions à l’intérieur d’un cadre théorique unique,
Weaver et Treviño (1994) étudient la relation entre approche normative et empirique de
l’éthique des affaires en se basant sur trois critères :
a- Le parallélisme, qui suppose le rejet de toute liaison entre normatif et empirique, pour
des raisons conceptuelles et pratiques ;
b- La symbiose, qui indique que les deux approches surviennent l’une de l’autre mais
restent distinctes dans leurs hypothèses et méthodologies ;
c- L’intégration, qui précise que les deux font partie d’un même cadre théorique.
Jones et Wicks (1999) proposent dans ce sens une théorie hybride des parties prenantes,
qui allie vision normative et vision empirique, puisqu’ils jugent que l’une ne va sans l’autre. Ils
nomment cette théorie hybride : la théorie convergente des parties prenantes « convergent
stakeholders theory ». Leur théorie hybride des parties prenantes repose sur trois
postulats majeurs :
21
Cette théorie s’intéresse ainsi aux relations entre managers et stakeholders se basant sur
des fondements moraux. Elle est simultanément normative et instrumentale. Son fondement
normatif est explicitement moral, et les moyens utilisés ne sont que pour des fins morales.
Cependant, les critiques avancées à l’encontre cette théorie sont d’une extrême
violence : intégration difficile entre théorie empirique et théorie instrumentale ; manque de
clarté ; manque de construit ; absence de variable empirique testable etc. Freeman (1999)
propose même en guise de réponse à Jones et Wicks, une ironique théorie divergente des parties
prenantes « divergent stakeholders theory ». Dans le même ordre d’idées, Treviño et Weaver
(1999) targuent Jones et Wicks d’être des théoriciens divergents qui ont mal compris la question
métathéorique de ce qu’est une théorie intégrée.
Sans intention de revenir sur le houleux contenu de ce débat qui a fait l’objet de la
publication d’un numéro spécial dans l’academy of management review13, cette recherche tente
simplement de décrire toute la difficulté qu’il y a à construire un corpus théorique cohérent et
adapté à la recherche en comptabilité verte.
Un dernier cas illustratif est issu d’une revue scientifique d’Asie. Il présente cette fois
une autre théorie jugée supérieure à la TPP, et mieux adaptée pour servir de cadre théorique
aux recherches en comptabilité verte dans les pays en développement.
Pour Ali et Rizwan (2013), L’adoption des pratiques de diffusions d’ISE par les
entreprises des pays en développement est influencée par un certain nombre de parties
prenantes : Etat, syndicats, associations de consommateurs, acheteurs internationaux, médias,
employés, investisseurs, entreprises multinationales, concurrents, réseaux de RSE, ONG,
organismes de normalisation et institutions académiques (Ali et Rizwan, 2013).
13
Academy of Management Review, 1999, Vol. 24, No. 2.
22
Contrairement à la TPP qui classifie les Parties Prenantes en deux groupes (en fonction
de leur proximité : PP14 proches et PP diffuses), la théorie institutionnelle les classifient
respectivement à leur pouvoir en trois groupes : coercitif (Etat, Syndicats, associations de
consommateurs, acheteurs internationaux, médias, employés et investisseurs), mimétique
(entreprises multinationales, concurrents) et normatif (réseaux de RSE, ONG, organismes de
normalisation et institutions académiques.)
L’étude d’Ali et Rizwan (2013) montre que les groupes normatifs exercent une pression
normative sur les firmes des pays en développement, pour les inciter à diffuser des ISE. Or, ces
groupes normatifs ne peuvent pas économiquement les impacter. Il revient donc à chaque
entreprise d’intégrer ou non les recommandations de ses PP. D’un autre côté, les PP telles que
l’Etat, les actionnaires, les employés, les clients internationaux et les médias, peuvent exercer
une pression coercitive sur les entreprises des pays en développement. Ces PP ont en effet le
pouvoir de contraindre économiquement ces entreprises. D’autres PP comme les
multinationales et les entreprises concurrentes, créent plutôt une pression mimétique sur les
entreprises des pays en développement (Ali et Rizwan, 2013).
THEORIE DE LA LEGITIMITE
14 Caractéristiques de l’entreprise
Parties Prenantes. PARTIES PRENANTES / Cadre conceptuel sur la RSE
Faible INSTITUTIONS ONG
Labels RSE et Agences de normalisations 23
1 Institutions Académiques
Source : Traduit d’Ali et Rizwan (2013)
Les trois cas ci-dessus illustrent le mal profond qui mine la recherche en comptabilité
verte. La robustesse des différentes études n’est pas remise en question ici, mais c’est plutôt la
divergence des résultats qui est problématique. Comme le précise Gray (2002 ; 2005), à certains
moments, le programme de recherche en comptabilité verte peut être contradictoire, confus et
divergent.
15
Les auteurs mobilisent souvent plusieurs théories au cours de la même étude, nous ne présentons dans cette
communication que les théories prises individuellement.
24
pensées), qui est désignée dans cette recherche comme « la guerre des paradigmes », pour
paraphraser l’expression utilisée généralement pour désigner l’opposition traditionnelle entre
positivisme et herméneutique.
Phase 1: emprunt des Théorie positive Théorie positive de la comptabilité Labellle et Thibault (1998) ;
(Watts et Zimmerman, 1976) Cochran et Wood (1984)
théories économiques
Théories Théories de l’agence (Jensen et Gillet et Martinez (2012) ;
contractuelles Meckling ; 1978) ; Théorie des droits
de propriété (Coase, 1960) ; Théorie
des coûts de transaction (Alchian et
Demetz, 1966)
Phase 2 : développement et Modèles sociaux Pyramide de Carroll (Carroll, 1979 ; Jamali et Mirshak (2007)
1991 ; 1999) ; Modèle de Wood
usage de modèles sociaux
(Wood, 1991)
Phase 3 : arrivée des théories Théories socio- théorie des parties Ullman (1985) ; Damak-Ayadi
politiques prenantes (Freeman, 1984) (2006)
socio-politiques
théorie de la légitimité (Sethi, 1975) ; De Villiers et Van Staden (2006) ;
(Dowling et Pfeffer, 1975) Dobbs et Van Staden (2012) ; Sethi
(1975)
théorie institutionnelle (Dimaggio et Mullenbach et Rmadi, (2010)
Powell, 1983)
théorie de la dépendance des David et Cobb (2009) ; Déjean et
ressources (Pfeffer et Salancik, 1978) Oxibar (2012)
théories de la dépendance (Ghandi, Kamla (2007)
1998) ; (Said, 1978 ; 1993)
Phase 4: l’heure des Cadre Janicot (2007) ; Trebucq (2006) ;
complémentaire Cauvin et al. (2006) ; Quairel
paradigmes multiples
formé de plusieurs (2004) ; Hahn et Lülfs (2013)
théories proches ou
rivales
Démonstration de la Damak-Ayadi (2006) ; Ali Et
supériorité de Rizwan (2013) ; Weaver et Treviño
certaines théories ou (1994 ; 1999) ; Jones et Wicks
l’heure des (1999)
Métathéories (fusion
de théories)
Phase 5: développements Nouvelles théories ? ? ?
futurs ? Nouveaux modèles ? ? ?
Passage vers une ? ?
théorie formelle ?
25
Abandon ? ? ?
Source : Nos propres soins
Dans la première phase de cette guerre, les chercheurs en comptabilité verte (appelée au
départ comptabilité de RSE16) font appels aux théories économiques (Jensen et Meckling, 1976
; Jensen et Meckling, 1978 ; Watts et Zimmerman, 1978) comme dans la plupart des premières
études réalisées en comptabilité financière.
16
Responsabilité Sociale des Entreprises. Se référer au chapitre 1 de cette thèse pour connaitre les autres noms
attribués à la comptabilité verte.
17
La diffusion d’ISE est un phénomène social, qui échappe aux seules études économiques. Il est étroitement encré
dans les relations entre les hommes, et donc beaucoup plus proche des sciences sociales que des sciences « dures »
(Ali et Rizwan, 2013 ; Islam, 2009).
18
Informations Sociales et Environnementales
26
2.2.3. Phase 3 : l’arrivée des théories socio-politiques
Sans une véritable transition entre les deux premières phases de « la guerre des
paradigmes », les recherches se sont orientées vers les théories socio-politiques (DiMaggio,
1995 ; Edward, 1984 ; Freeman, 1994 ; Pfeffer et Salancik, 2003). C’est le début de la troisième
phase de cette guerre, qui est sans doute la plus longue et la plus prolifique. Les théories socio-
politiques semblent mieux adaptées à l’étude de la diffusion comptable d’ISE, puisqu’elles
offrent aux chercheurs un positionnement particulier. Très proches des théories contractuelles,
ces théories possèdent en plus un côté un normatif. Elles permettent ainsi d’intégrer dans
l’explication de la diffusion comptable d’ISE, aussi bien des raisons économiques que des
raisons sociales, politiques, historique ou encore culturelles. Jusqu’à présent, de nombreux
chercheurs continuent encore à recourir aux théories socio-politiques pour étudier la diffusion
comptable d’ISE.
La quatrième phase de « la guerre des paradigmes » est marquée par la recherche des
cadres théoriques plus puissants, voire plus globalisants. De fait, à la suite de moult vérifications
et controverses, les théories socio-politiques ont été jugées peu robustes. Non seulement, elles
ne sont pas pertinentes dans tous les contextes, mais aussi, elles ne sont pas toujours vérifiables
empiriquement. Conséquemment, le débat actuel est dominé par des études qui recourent à des
méthodes plus ou moins sophistiquées, pour fusionner des théories, ou pour démontrer la
supériorité de certaines théories sur les autres théories rivales (Ali et Rizwan, 2013 ; Damak
Ayadi, 2006 ; Jones et Wicks, 1999). L’usage d’un cadre théorique composé de multiples
théories (rivales ou complémentaires) est donc devenu la règle (Ali et Rizwan, 2013 ; Azizul
Islam et Deegan, 2008 ; Belal et Cooper, 2011 ; Momin et Parker, 2013).
Ces questions essentielles laissent transparaitre en réalité l’une des limites majeures des
recherches en comptabilité vertes : le recours à des modélisations et des vérifications
théoriques, basées sur des raisonnements généralement déductifs (ou positivistes).
27
Conclusion
28
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