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SPECIALITE
FINANCE, BANQUES ET ASSURANCES
PARCOURS
RISK MANAGEMENT
NOUHA ANGAR
SOUS LA DIRECTION DE :
Je dédie ce mémoire
A ma sœur Nada
Pour son affection et sa tendresse.
Je remercie ces personnes sans lesquelles ce travail n’aurait pas pris forme et sa réalisation
n’aurait pas été possible.
Comme ce mémoire va marquer la fin de mes études, j’adresse mes remerciements aussi à
tous les professeurs de l’ISG notamment Monsieur Mohamed GABSI et Monsieur Slim
CHAOUACHI pour leur disponibilité et leurs aides très précieuses.
Je tiens à remercier finalement les membres de jury d’avoir accepté de juger mon travail.
LISTE DES ABREVIATIONS
CC : Connaissance de la clientèle.
Abstract
Financial scandals and recent development of international regulations have forced banks to
implement an effective system of compliance risk management in order to ensure their
compliance and avoid sanctions and financial losses.
This report aims to analyze the impact of compliance risk management on the financial
performance of banks in Tunisia. With an overall response rate of 89%, we collected
information on compliance risk management and anti-money laundering practices from a
questionnaire that was created and distributed to the banks’ chief compliance officers. ROE
was used in this study to measure financial performance. Statistical analyzes of the collected
Data show the existence of an impact of compliance risk management on financial
performance.
CHAPITRE 1 ..............................................................................................................................4
Introduction :...............................................................................................................................4
Conclusion : ..............................................................................................................................18
CHAPITRE 2 ............................................................................................................................19
Introduction :.............................................................................................................................19
Conclusion : ..............................................................................................................................43
CHAPITRE 3 ............................................................................................................................44
L’impact de la gestion des risques de non-conformité sur le ROE : analyse empirique ..........44
Introduction :.............................................................................................................................44
Conclusion : ..............................................................................................................................71
CONCLUSION GENERALE...................................................................................................73
BIBLIOGRAPHIE ....................................................................................................................74
ANNEXES ................................................................................................................................77
INTRODUCTION GENERALE
Suite aux défaillances dues au non-respect des normes prudentielles, la crise financière de
2007 et des multiples scandales bancaires et financiers ont eu lieu ces dernières décennies
(Scandale de Panama, L’affaire de Stavisky, BNP Paribas, Enron, …). Ces crises ont
engendré, d’une part, des pertes financières dramatiques et même la faillite de certains
établissements de crédit et ont affecté et détérioré, d’une autre part, la stabilité du système
bancaire et financier international et donc toute l’économie mondiale.
Dans ce contexte, la place de la conformité a été consolidée pour répondre à ces nombreux
scandales financiers. En effet, pour faire face à ce genre d’événements, les régulateurs
internationaux et nationaux ont cherché à renforcer leurs exigences et ont imposé des
nouvelles modalités et procédures afin d’éviter les conséquences lourdes de ces scandales
(Pertes financières, atteinte à la réputation, …).
Dans les années 90, les établissements de crédit n’ont pas accordé une grande importance aux
risques liés à la non-conformité, pour eux, la Conformité était considérée uniquement comme
un simple respect des lois et des régulations et il n’y avait pas une entité indépendante chargée
de la Conformité dans ces établissements, jusqu'à ce que le comité de Bâle, en octobre 2003, a
recommandé l’implémentation d’une fonction de contrôle de la Conformité.
Cette fonction est en charge d’identifier, d’évaluer, de suivre et de maîtriser les risques de
non-conformité existants dans les établissements de crédit et c’est en collaboration avec les
autres organes de contrôle permanant.
1
Introduction générale
La prise en compte de ce risque est devenue alors essentielle et déterminante dans la gestion
des établissements de crédit. C’est pourquoi la majorité des banques cherchent à améliorer la
fonction de contrôle de la Conformité à travers la mise en place des outils permettant de
prévenir les risques et déceler les opérations de blanchiment d’argent et de financement de
terrorisme.
Pour échapper alors à ce risque, nous parlons de la nécessité d’une bonne gestion des risques
de non-conformité au sein des établissements de crédit. Ainsi, un ensemble de bonnes
pratiques doivent être implémentées afin de le prévenir et le mitiger.
Pour répondre à cette problématique, nous avons élaboré un questionnaire qui a été distribué
aux responsables de la fonction Conformité des différentes banques en Tunisie. Pour l’analyse
des informations collectées, nous avons opté pour le logiciel d’analyse statistique SPSS
(Statistical Package for the Social Sciences).
Dans le deuxième chapitre nous allons se focaliser sur la fonction Conformité, son rôle et ses
missions ainsi qu’à la gestion des risques de non-conformité et nous allons s’intéresser au
risque de blanchiment de capitaux et de financement de terrorisme.
2
Introduction générale
3
Chapitre 1 : Cadre légal et réglementaire de la lutte anti-blanchiment et de financement de terrorisme
CHAPITRE 1
Introduction :
Le blanchiment d’argent et le financement de terrorisme sont des délits financiers qui ont des
effets économiques néfastes. En effet, ils peuvent construire une menace pour la stabilité du
secteur financier d’un pays. Ainsi, des mesures de lutte contre le blanchiment de capitaux et le
financement de terrorisme deviennent une nécessité et sont indispensables pour protéger
l’intégrité des marchés et la structure financière mondiale.
A cet égard, plusieurs organismes internationaux, régionaux et nationaux ont accordé une
grande attention à ce phénomène en faisant un focus sur les différents types des organisations
criminelles et les différentes techniques de blanchiment d’argent et de financement de
terrorisme.
Dans ce chapitre nous présenterons, alors, les différents acteurs dans la lutte contre le
blanchiment d’argent et le financement de terrorisme. A afin de porter plus d’éclaircissement,
nous divisons ce chapitre en deux sections : La première section sera consacrée pour présenter
le cadre légal et réglementaire international, et la deuxième portera sur le cadre légal et
réglementaire à l’échelle nationale.
4
Chapitre 1 : Cadre légal et réglementaire de la lutte anti-blanchiment et de financement de terrorisme
Dans cette première section, nous allons présenter les différents acteurs internationaux
impliqués dans la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement de terrorisme ainsi
que leurs principales missions.
Le groupe d’action financière appelé aussi en anglais FATF (Financial Action Task Force) est
un organisme intergouvernemental qui a été créé à Paris en 1989 et composé des pays
membres du G71 de la Commission européenne et de huit autres pays, le nombre de pays
membres s’est élargi, le GAFI rassemble actuellement 37 pays membres et 2 organisations
régionales (la Commission européenne et le Conseil de coopération du Golfe).
Les 40 recommandations ont été révisées pour la première fois en 1996, puis en 2001, 2003,
2012 et plus récemment en 2018. Après l’attaque terroriste de 11 Septembre 2011 et en
octobre de la même année, le GAFI a étendu son mandat pour s’intéresser aussi à la question
du financement de terrorisme et c’est en adoptant les 9 recommandations spéciales qui visent
à établir des mesures nécessaires pour lutter contre le financement des actes et des
organisations terroristes.
1
Le groupe des sept (G7) réunit les plus grandes puissances économiques du monde : États-Unis,
Canada, France, Italie, Allemagne, Royaume-Uni et Japon.
5
Chapitre 1 : Cadre légal et réglementaire de la lutte anti-blanchiment et de financement de terrorisme
Les recommandations définissent alors les mesures à mettre en œuvre afin de combattre le
blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme efficacement. Nous pouvons répartir
ces recommandations comme suit :
Le GAFI appelle tous les pays du monde à s’engager à mettre en œuvre des lois et des
mesures efficaces pour mettre leurs systèmes nationaux de lutte contre le blanchiment de
fonds, le financement du terrorisme et le financement de la prolifération des armes massives
en conformité avec les normes internationales qui sont devenues le schéma directeur mondial
en matière de LAB/FT.
Le GAFI collabore avec des organismes régionaux de type GAFI et qui prennent part dans ses
travaux, ils s’engagent à participer d’une part à l’établissement des normes, lignes directrices
et autres politiques du GAFI dans le but de lutter contre le blanchiment d’argent et le
financement de terrorisme et de s’assurer de la mise en œuvre efficace des différentes normes.
La liste de ces organismes régionaux appelés aussi membres associés du GAFI est présenté
dans le tableau ci-dessous.
6
Chapitre 1 : Cadre légal et réglementaire de la lutte anti-blanchiment et de financement de terrorisme
Le GAFIMOAN est un groupe régional de type GAFI qui opère dans la région du Moyen
Orient et l’Afrique du Nord. Il a été créé en 30 novembre 2004 lors d’une réunion
ministérielle tenue à Bahreïn par les gouvernements de 21 pays2 dont la Tunisie.
2
Tunisie, Algérie, Maroc, Egypte, Liban, Syrie, Arabie Saoudite, Qatar, Bahreïn, Yémen, Jordanie,
Koweït, Libye, Émirats Arabes Unis, Oman, Somalie, Mauritanie, Iraq, Soudan, Djibouti, Palestine.
7
Chapitre 1 : Cadre légal et réglementaire de la lutte anti-blanchiment et de financement de terrorisme
Le Comité de Bâle ou Comité de Bâle sur le contrôle bancaire appelé aussi en anglais BCBS
(Basel Committee on Banking Supervision) a été créé en 1947 par les gouverneurs des
banques centrales du groupe des Dix « G103 ». Ce Comité traite les sujets relatifs à la
supervision bancaire au niveau international de manière périodique et régulière. Il se
préoccupe principalement du renforcement et de la fiabilité du système financier,
l’établissement de standards en matière de contrôle prudentiel, la promotion de la coopération
internationale en matière de blanchiment d’argent et la diffusion des meilleures pratiques
bancaires et de surveillance.
Le comité de Bâle joue un rôle très important dans la diffusion d’une culture contre le
blanchiment de fonds et le financement de terrorisme. Dans ce sens, en octobre 2001, le
Comité a publié un document « Customer Due Diligence for Banks » dans lequel il a insisté
sur l’importance des normes de la connaissance clientèle (CC) pour les autorités de contrôle et
les banques, en effet, « une inadéquation ou l’absence de normes CC peut exposer les
banques à des risques sérieux liés à sa clientèle et à ses contreparties, notamment risque
d’atteinte à la réputation, risque opérationnel, risque juridique et risque de concentration. »
Cette approche CC du Comité de Bâle s’inscrit, au-delà de la lutte contre le blanchiment de
fonds, mais plutôt dans une perspective prudentielle plus vaste.
Dans ce document aussi, le Comité de Bâle a mentionné certains éléments essentiels des
normes CC que les établissements de crédit doivent prendre en compte lors de l’élaboration
de leurs programmes connaissance de la clientèle.
3
Suisse, Japon, Royaume-Unis, Allemagne, France, Belgique, Etats-Unis, Canada, Suède, Pays-Bas,
Italie.
8
Chapitre 1 : Cadre légal et réglementaire de la lutte anti-blanchiment et de financement de terrorisme
Les établissements de crédit doivent construire une relation d’affaire saine et solide, celle-ci
se base sur une bonne connaissance du client dans la mesure où elle permet de déceler
éventuellement les transactions atypiques ou inhabituelles qui peuvent être liées à des
opérations suspectes.
En octobre 2004, le Comité de Bâle a publié « Consolidated KYC Risk Management » qui
vient renforcer les mesures d’identification de la clientèle publiées en 2001. A travers ce
document, le Comité a mis l’accent sur la nécessité d’instaurer la notion de Know Your
Customer (KYC) au sein des établissements de crédit considérée comme l’une des pratiques
essentielles de gestion de risques.
Le Comité de Bâle a consacré aussi dans ce document des précisions sur le rôle important de
superviseur qui ne doit pas se limiter uniquement à la supervision et au contrôle de
l’application des standards KYC dans les établissements de crédit, mais aussi à l’examen des
dossiers de la clientèle.
Le Comité de Bâle a publié « Sound Management of Risk Related to Money Laundering and
Financing of Terrorism » qui porte des lignes directrices expliquant comment intégrer les
risques de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme à la gestion globale des
risques des établissements de crédit.
L’objectif de ce document, publié en janvier 2014 et mis à jour en février 2016, consiste non
seulement à fusionner ces deux documents antérieurs, mais également de mettre à jour les
obligations qui en résultaient, notamment en tenant compte des nouvelles recommandations
du GAFI.
En novembre 2001, le FMI a lancé un plan d’action au niveau national et international visant
à contrôler le respect des standards internationaux en matière de lutte contre le blanchiment
d’argent et le financement de terrorisme par tous les Etats membre de FMI.
9
Chapitre 1 : Cadre légal et réglementaire de la lutte anti-blanchiment et de financement de terrorisme
Ces deux institutions ont élaboré un questionnaire sur le dispositif de lutte qui a été distribué
aux pays membres pour obtenir des informations sur leurs appareils juridiques et
institutionnels de lutte contre le blanchiment de fonds et le financement du terrorisme.
Les réponses obtenues sont parfois utiles pour identifier des besoins d’assistance technique.
L’Organisation des Nations Unies est une organisation internationale fondée en 1945 et qui
regroupe aujourd’hui 193 Etats membres. Elle travaille essentiellement pour trouver des
solutions aux différents problèmes de l’humanité. A cet égard, son premier objectif est le
maintien de la paix et la sécurité à l’échelle internationale et pour arriver à accomplir cet
objectif, L’ONU traite et prend les mesures convenables et adéquates pour résoudre les
problèmes auxquelles sont confrontées les nations telles que le développement économique et
social, les droits de l’Homme, l'égalité entre hommes et femmes.
Le Conseil de sécurité4 de l’organisation des nations unies a le pouvoir de lier tous les Etats
membres par l’adoption des résolutions du Conseil de sécurité. Dans ce sens, l’ONU a adopté
différentes conventions en matière de lutte contre le blanchiment de capitaux, le financement
de terrorisme, la corruption et tout autre acte de criminalité financière. Parmi lesquelles nous
citons :
4
Le Conseil de sécurité est l’un des six principaux organes de l’ONU créés par la Charte de l'ONU. Le
Conseil peut se réunir à tout moment en cas de menace contre la paix et la sécurité internationales.
Parmi ses principales responsabilités : la publication des résolutions, l'établissement de sanctions
internationales et le maintien de la paix.
10
Chapitre 1 : Cadre légal et réglementaire de la lutte anti-blanchiment et de financement de terrorisme
Les principes de Wolfsberg Group en matière de lutte contre le blanchiment de fonds ont été
publiés en en octobre 2000, révisés en mai 2002 et, plus récemment, en juin 2012.
Les documents publiés par Wolfsberg Group sont désignés pour fournir aux institutions
financières (IF) une perspective sectorielle sur la gestion efficace des risques liés à la
criminalité financière. Les institutions financières peuvent chercher à adhérer aux différents
documents de WG de plusieurs manières, cependant les moyens par lesquels chaque IF choisit
d’adopter ces documents doivent être propres à chacune dans la mesure où chaque institution
financière doit avoir une stratégie de mitigation de risque propre à elle et adaptée à son niveau
de risque.
11
Chapitre 1 : Cadre légal et réglementaire de la lutte anti-blanchiment et de financement de terrorisme
Malgré certains progrès par rapport aux résultats trouvés en 2017, cet indice montre que
l’incapacité de la plupart des pays à contrôler de manière significative la corruption persiste.
Source : www.transparency.org
12
Chapitre 1 : Cadre légal et réglementaire de la lutte anti-blanchiment et de financement de terrorisme
La Tunisie obtient le score de 43 en 2018, gagnant ainsi un point par rapport à l’année 2017
soit une hausse de 1%. Avec ce score, elle arrive en 73ème place sur 180 pays. Depuis 2016,
la Tunisie continue de grimper au classement de la lutte contre la corruption, bien que celle-ci
se fasse lentement.
C’est une loi américaine antiterroriste dite aussi « Money Laundering abatement Act » a été
née le 26 octobre 2001 et votée par le Congrès américain comme une réponse directe aux
attentats du 11 septembre 2001.
Le USA PATRIOT ACT vise à unir et renforcer l’Amérique en fournissant les outils
nécessaires et convenables pour déceler tout acte de nature terroriste.
Cette loi considère que les clients étrangers de banques américaines constituent un risque pour
la sécurité. En effet, elle exige que toute banque américaine doive recevoir certains
renseignements de toute banque étrangère qui détient un compte de correspondant aux États-
Unis. Dans ce sens, pour se conformer aux exigences de cette loi, les banques sont appelées à
remplir deux engagements d’identification de leur clientèle et de repérage des transactions
suspectes.
FATCA est une loi américaine adoptée en mars 2010 et entrée en vigueur depuis juillet 2014,
elle oblige les établissements financiers étrangers ayant signé l’accord à procéder à une
déclaration annuelle à l’administration fiscale américaine (IRS – Internal Revenue Service)
des revenus et des avoirs détenus par les citoyens américains non-résidents aux Etats-Unis.
13
Chapitre 1 : Cadre légal et réglementaire de la lutte anti-blanchiment et de financement de terrorisme
Dans de nombreux pays, l’application de cette loi s’inscrit dans le cadre d’accords
intergouvernementaux (Intergovernmental Agreements ou IGAs) signés entre le
gouvernement des Etats-Unis et les gouvernements de chacun des pays partenaires.
Ces accords intergouvernementaux visent à permettre et exiger (pour toutes les banques et les
établissements financiers étrangers) la communication d’informations fiscales et bancaires des
citoyens américains soit directement à l’administration fiscale américaine (IRS), soit à
l’autorité fiscale nationale de chaque pays, qui doit à son tour les transmettre à l’IRS. Les
pays qui ont signé cet accord étaient au nombre de 113 en juillet 2018, la Tunisie aussi a signé
cet accord le 13 mai 2019.
Comme à l’échelle internationale, la Tunisie est impliquée dans la lutte contre le blanchiment
d’argent et le financement de terrorisme. En effet, des acteurs nationaux interviennent afin de
combattre ce fléau. Ils s’inspirent de la réglementation internationale, des recommandations et
des normes des organismes mondiaux en matière de LAB/FT pour publier des lois nationales.
Cette loi contient 143 articles divisés en trois chapitres comportant chacun plusieurs sections.
Le premier chapitre a été consacré à la lutte contre le terrorisme, sa définition, les infractions
terroristes ainsi que les peines encourues. Le deuxième chapitre a porté sur la répression du
blanchiment d’argent. Finalement, un dernier chapitre a mis l’accent sur les dispositions à
prendre pour la LAB/FT dont les mesures de vigilances à prendre en compte, l’instauration
d’une commission tunisienne des analyses financières (CTAF) et l’obligation de déclaration
des transactions et des opérations en cas de soupçon.
14
Chapitre 1 : Cadre légal et réglementaire de la lutte anti-blanchiment et de financement de terrorisme
Cette circulaire comporte les différentes pratiques de gestion des risques de blanchiment
d’argent et de financement de terrorisme à mettre en place pour assurer l’efficacité des
dispositifs LAB/FT des banques et des établissements financiers.
La CTAF est une Cellule de Renseignements Financiers5 qui a été constituée par l'article 78
de la loi organique n°2003-756. Elle est chargée de la réception, de l'analyse des déclarations
de soupçon ainsi qu’à la transmission au procureur de la République des déclarations dont
l'analyse a confirmé le soupçon. (Voir annexe 1).
L’article 119 de la loi n°2019-097 modifiant et complétant la loi 2015-26 a dicté la
composition de la CTAF comme suit :
5
Centre national pour la réception et l’analyse des déclarations d’opérations suspectes et des autres
informations concernant le blanchiment de capitaux, les infractions sous-jacentes associées et le
financement du terrorisme.
6
Loi n° 2003-75 du 10 décembre 2003, relative au soutien des efforts internationaux de lutte contre le
terrorisme et à la répression du blanchiment d'argent.
7
Loi organique n° 2019-9 du 23 janvier 2019, modifiant et complétant la loi organique n° 2015-26 du
7 août 2015, relative à la lutte contre le terrorisme et à la répression du blanchiment d’argent.
15
Chapitre 1 : Cadre légal et réglementaire de la lutte anti-blanchiment et de financement de terrorisme
Les membres de la CTAF sont nommés par décret gouvernemental pour une durée de six ans
avec renouvellement du tiers des membres une fois tous les deux ans.
L’article 120 de la loi 2015-26 énumère les missions de la commission, nous citons ci-dessous
quelques-unes :
16
Chapitre 1 : Cadre légal et réglementaire de la lutte anti-blanchiment et de financement de terrorisme
Des professions et des activités non financières tels que les avocats, les notaires, les
experts comptables, les agents immobiliers, les bijoutiers, les commerçants des
métaux précieux et de tout autre objet précieux et les dirigeants de casinos.
Dans le but de booster la qualité du renseignement financier, contrer et renforcer les outils de
LAB/FT et assurer la sécurité de la Tunisie, la CTAF coopère avec des partenaires nationaux
dont l’Instance Nationale de Lutte Contre la Corruption (INLUCC) ainsi que des partenaires
internationaux (GAFI, GAFIMOAN, …).
L’INLUCC a été créée par le décret-loi 2011-120 du 14 novembre 2011 et se compose d’un
président, d’un conseil, d’un organe de prévention et d’investigation et d’un secrétariat
général.
L’instance joue un rôle de facilitateur en matière de lutte contre la corruption. L’instance est
chargée de proposer, en collaboration avec les parties concernées, des politiques de lutte
contre la corruption, réunir des données relatives à la corruption pour construire une base de
données, faciliter le contact et la communication entre les différents acteurs et diffuser une
culture anti-corruption à travers les campagnes de sensibilisation, la publication des guides,
les stages de formation et les colloques.
17
Chapitre 1 : Cadre légal et réglementaire de la lutte anti-blanchiment et de financement de terrorisme
Conclusion :
La Tunisie est engagée activement au niveau international dans la LAB/FT. Elle participe à
l’élaboration de nombreux standards internationaux et prend part dans la collaboration avec
les autres pays.
Dans le deuxième chapitre, nous allons se focaliser sur la notion de la Conformité et ses
missions ainsi qu’au blanchiment de capitaux et financement de terrorisme et les mesures
nécessaires pour leur gestion, ce domaine qui a connu un essor important lors des dernières
années.
18
Chapitre 2 : Pratiques de gestion des risques LAB/FT et performance financière
CHAPITRE 2
Introduction :
Les établissements de crédit accordent de plus en plus une grande importance aux risques et à
leur gestion. En effet, suite aux multiples scandales financiers qui ont eu lieu au cours de ces
dernières décennies, les établissements bancaires ont pris conscience de l’importance de la
mise en place des différentes mesures et pratiques de gestion des risques afin de diminuer leur
exposition au risque et réduire ainsi les dommages qui peuvent survenir à cause de cet
événement.
Face à ces événements bouleversant la stabilité du système bancaire et financier, les autorités
réglementaires ont été aussi forcées de réfléchir aux nouveaux moyens et solutions pour
renforcer les politiques de maîtrise des risques ainsi que les systèmes de contrôle interne
notamment le contrôle de la Conformité. Dans ce contexte, le comité de Bâle a publié en
octobre 2003 un document consultatif8 portant sur la fonction Conformité.
L’objectif de ce document est d’instaurer et de diffuser une culture conformité dans les
établissements de crédit afin que ces derniers accordent plus d’attention à la gestion des
risques de non-conformité.
Dans ce présent chapitre nous allons traiter dans une première section la notion de la
Conformité, les risques qui y sont liés et les missions de la fonction Conformité dans les
établissements de crédit.
Dans la deuxième section nous allons se focaliser sur la gestion des risques de blanchiment
d’argent et de financement de terrorisme. Ce phénomène qui constitue aujourd’hui l’une des
8
Consultative Document on the Compliance Function in Banks.
19
Chapitre 2 : Pratiques de gestion des risques LAB/FT et performance financière
Une troisième section sera consacrée à une revue de littérature par rapport à l’impact de
pratiques de gestion des risques de non-conformité sur la performance financière.
20
Chapitre 2 : Pratiques de gestion des risques LAB/FT et performance financière
A travers cette section, nous définissons la notion de la Conformité, les différents types des
risques qui y sont liés, puis nous allons présenter la fonction Conformité au sein des
établissements de crédit ainsi que ses principales missions.
I. Notion de la Conformité :
Ce risque est représenté dans la possibilité que des jugements défavorables, des procès ou la
non-exécution des contrats bouleversent la situation d’un établissement.
C’est le risque le plus connu suite à une fraude ou à une incapacité d’être conforme. Les
établissements de crédit peuvent subir suite à l’exposition à ce risque des pertes financières
colossales comme c’était le cas pour plusieurs grands établissements bancaires qui ont été
obligés de payer cher.
21
Chapitre 2 : Pratiques de gestion des risques LAB/FT et performance financière
Ce risque est considéré comme une lourde menace pour les établissements de crédit. Il peut
être défini comme « l’éventualité qu’une publicité défavorable, justifiée ou non, concernant
des pratiques et connexions d’une banque n’entraîne une perte de confiance dans l’intégrité
de l’établissement9 ». La médiatisation excessive de cette publicité défavorable peut accroître
l’impact sur la réputation de l’établissement bancaire.
Dans ce sens, les établissements de crédit peuvent connaître une dégradation et une
détérioration sensible de leur image. Ainsi, elles doivent penser à se protéger en ayant recours
à des programmes KYC efficaces.
La fonction Conformité couvre tous les métiers et toutes les activités de l’établissement, elle
veille à la mise en conformité des activités exercées par les groupes bancaires avec les lois, les
règlements internes, les procédures et les bonnes pratiques qui portent notamment sur :
En Tunisie, la circulaire de la BCT n°2006-06 du 24 juillet 2006 a imposé aux banques et aux
établissements financiers de créer un système de contrôle de la Conformité.
Dès lors, les établissements de crédit se sont retrouvés dans l’obligation d’avoir un organe
chargé de la fonction contrôle de la Conformité et d’un responsable de la Conformité appelé
9
Comité de Bâle sur le contrôle bancaire. (2011, Octobre). Devoir de diligence des banques au sujet
de la clientèle.
22
Chapitre 2 : Pratiques de gestion des risques LAB/FT et performance financière
Le responsable Conformité donne aussi son avis à la direction générale sur les nouvelles
orientations possibles en ce qui concerne le développement du dispositif LAB/FT.
La fonction Conformité est considérée comme une fonction jeune, nouvellement installée au
sein des banques tunisiennes et qui se développe toujours depuis son apparition à la fin des
années 80. Les missions de la fonction Conformité sont nombreuses, citons ci-dessous celles
qui sont considérées les plus importantes :
23
Chapitre 2 : Pratiques de gestion des risques LAB/FT et performance financière
Comme mentionné ci-dessus, ce mémoire va traiter l’impact de la gestion des risques de non-
conformité sur la performance financière de la banque. Cependant, nous ne pouvons pas
prendre en compte tous les risques de non-conformité. En effet, cette fonction est très large et
vise plusieurs domaines, nous nous intéressons essentiellement dans ce présent mémoire à la
Conformité en matière de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement de terrorisme
vu que ce phénomène constitue une des préoccupations majeures de la fonction Conformité
au sein des banques et nous allons se focaliser donc sur la gestion des risques BA/FT.
Le risque BA/FT est devenu l’un des risques les plus importants dans tout établissement de
crédit. Il peut exposer la banque aux sérieux problèmes s’il n’est pas bien géré et contrôlé. Sa
gestion et sa maîtrise entre dans les intérêts et les métiers de la fonction Conformité, il est
alors considéré parmi les risques de non-conformité.
Dans cette deuxième section, nous présentons ce phénomène, ses étapes et les différentes
techniques employées pour blanchir l’argent. Puis nous allons s’intéresser en se référant à la
circulaire n° 2017-08 du 19 septembre 2017 aux différentes mesures et pratiques pour la
gestion du risque de blanchiment d’argent et de financement de terrorisme dans les banques.
I. Définitions :
24
Chapitre 2 : Pratiques de gestion des risques LAB/FT et performance financière
Le financement de terrorisme consiste, donc, à fournir des sommes d’argent dans le but de
financer des actes terroristes. Ce financement peut se faire à travers des sommes provenant
autant de sources légales que de sources illégales.
Depuis les attentats de 11 septembre 2011, la lutte contre ce phénomène a fait l’objet de
toutes les priorités. Les Etats ont élargi ainsi leur législation contre le blanchiment de fonds
aux activités terroristes.
10
La convention internationale pour la Répression du Financement du Terrorisme, adoptée par
l’assemblée générale des Nations Unies le 9 décembre 1999 à New York.
11
Loi organique n° 2015-26 du 07 aout 2015 relative à la lutte contre le terrorisme et la répression du
blanchiment d'argent.
25
Chapitre 2 : Pratiques de gestion des risques LAB/FT et performance financière
Sur le plan national, le blanchiment d’argent a été défini selon l’article 92 de la loi organique
n° 2015-26 qui abroge la loi n° 2003-75 « Est considéré blanchiment d’argent, tout acte
intentionnel qui vise par tout moyen à la justification mensongère de l'origine illicite des
biens meubles ou immeubles ou des revenus provenant directement ou indirectement de tout
crime ou délit passible d’une peine d’emprisonnement de trois ans ou plus ainsi que tout délit
sanctionné en vertu du code des douanes ». Aussi « Constitue également un blanchiment
d’argent, tout acte intentionnel ayant pour but le placement, le dépôt, la dissimulation, le
camouflage, l’administration, l’intégration ou la conservation du produit provenant
directement ou indirectement des infractions prévues par l’alinéa précédent ainsi que la
tentative, la complicité, l’incitation, la facilitation, ou l’apport de concours à le commettre ».
Le blanchiment d’argent consiste alors à cacher les traces de l’origine illicite de l’argent en le
réintroduisant dans le système financier et économique à travers des activités légales. Trois
étapes caractérisent le processus de blanchiment de capitaux à savoir :
Le placement :
Cette première étape est appelée aussi immersion ou prélavage. Elle consiste en la conversion
des sommes importantes de façon à en cacher leur origine criminelle et illégale. Il s’agit de
faire entrer l’argent à blanchir dans les circuits financiers. Quand les sommes sont de montant
faible, cette première étape est aisément dissimulable. Par contre, lorsque le blanchisseur
dispose des sommes importantes, l’opération de dépôt dans un compte bancaire sera
facilement détectable.
Plusieurs méthodes sont utilisées : l’achat d’instruments monétaires, le dépôt d’argent dans
des comptes bancaires, etc. Les trafiqueurs utilisent souvent la méthode de schtroumphage qui
consiste à faire multiplier les versements et les dépôts de petites sommes pour qu’elles soient
inférieures au seuil fixé par les régulateurs.
26
Chapitre 2 : Pratiques de gestion des risques LAB/FT et performance financière
L’empilage :
Aussi appelé lavage ou dissimulation. Il s’agit de rendre floue l’origine illégale de l’argent et
donc faire disparaître la traçabilité de l’argent sale12. Ceci se fait en plaçant successivement
les sommes d’argent dans plusieurs comptes bancaires dans différents établissements et
différents pays, ce qui rend complexe et opaque l’opération de surveillance et de suivi des
opérations et transactions financières.
L’intégration :
La troisième étape peut être appelée aussi essorage ou recyclage. A cette phase, l’argent
d’origine criminelle a repris un aspect légal et la preuve de l’illégalité des fonds devient
presque impossible. L’utilisation de ces fonds blanchis dans le circuit financier peut prendre
plusieurs formes : Investissements commerciales, Acquisition d’immeubles et de biens de
luxe, etc.
Figure 2: Aperçu du blanchiment d'argent
12
L’argent obtenu illégalement, qui provient du trafic, de la fraude fiscale, du vol, de la drogue, etc.
27
Chapitre 2 : Pratiques de gestion des risques LAB/FT et performance financière
Les criminels cherchent toujours des techniques innovantes et plus sophistiquées pour
exploiter les faiblesses du système financier. Les formes de blanchiment de capitaux sont
extrêmement variées et innovantes et toujours en évolution rapide et continue. Cela traduit les
publications continues, des régulateurs, des nouvelles normes et orientations en vue de
renforcer et mettre en place des mesures utiles et efficaces en matière de lutte contre le
blanchiment d’argent et le financement de terrorisme.
Dans cette partie, nous décrivons les méthodes de blanchiment de capitaux les plus
répandues :
II.1. Le schtroumphage :
Exemple : Nous prenons l'hypothèse d'un agent qui reçoit 20 000 DT afin de produire un faux
certificat. Ces 20 000 DT doivent être blanchis en vue de réintégrer un circuit financier légal.
Avec la méthode du schtroumphage, cet agent distribuera 1000 DT à 20 personnes de
confiance. Chacune de ces personnes va déposer l'argent sur son propre compte et passer ainsi
en dessous du seuil de détection. Supposons que ce seuil est fixé à 1500 DT.
Cette technique consiste à acheter et payer en argent liquide des produits et des biens de
valeur importante tels que des voitures, des bateaux ou certains objets de luxe tels que de
l’équipement électronique, des bijoux, des montres, etc. Les blanchisseurs utilisent ces
articles, mais ils vont s’en distancier en les achetant ou el les enregistrant au nom d’un
associé.
Posséder un Front Business, c'est-à-dire une activité ou une entreprise dont une grande part du
chiffre d’affaires est en espèces. Comme par exemple les restaurants, les laveries
28
Chapitre 2 : Pratiques de gestion des risques LAB/FT et performance financière
automatiques, les magasins de prêt à porter, etc. Dans la plupart des cas, ce genre d’activités
générant du cash n’attirent pas l’attention des banquiers et n’éveillent pas leurs doutes. A
défaut d’avoir ces Front Business, les blanchisseurs vont faire pression sur ceux qui les
possèdent en vue de mélanger l’argent sale avec le chiffre d’affaires de ces entreprises, d’où
la tâche sera plus compliquée pour les banquiers.
Cette technique consiste à déposer l’argent à blanchir sur un compte bancaire d’une banque
offshore. Ces fonds placés servent de garantie à un prêt contracté auprès d’une autre banque.
Ainsi, la banque en question n’est pas exposée dans ce cas à un risque de crédit puisque le
montant prêté est assuré dans sa totalité. Le blanchisseur peut choisir, par la suite, entre deux
options : soit il ne rembourse pas son prêt, chose qui déclenche la saisie de la garantie. Soit il
l’utilise pour le financement d’une activité rentable et le remboursement de la banque par la
suite.
Cette méthode consiste à émettre des fausses factures pour des services ou des produits non
réalisés, elle suppose l’existence de deux entreprises qui collaborent ensemble. La première
entreprise (entreprise complice) qui demande le service ou le produit fictif, va payer par
chèque et la deuxième (entreprise criminelle) qui doit vendre le produit ou effectuer le
service, remboursera en argent liquide l’entreprise complice. (Voir figure 3)
29
Chapitre 2 : Pratiques de gestion des risques LAB/FT et performance financière
Pour introduire ainsi leurs fonds dans le circuit bancaire, les trafiqueurs vont recourir aux
services du banquier qui va s’abstenir, à son tour, de déclarer l’opération du blanchiment.
Les établissements de crédit ont appris que le risque de blanchiment d’argent peut provenir
aussi bien des clients que des personnes en interne. A cet égard, ils ont pensé aux différents
programmes à mettre en place pour connaitre leurs personnels et leurs comportements et c’est
ce qu’on appelle Know Your Employee (KYE).
13
http://www.les-renseignements-genereux.org/var/fichiers/brochures-pdf/broch-blanchi-20080217-
web-a5.pdf
14
GAFI. (2004). Rapport sur les typologies de blanchiment de capitaux et du financement de
terrorisme 2003-2004.
30
Chapitre 2 : Pratiques de gestion des risques LAB/FT et performance financière
Dans ces deux cas, l’argent d’origine illégale est transformé en un chèque ou un virement
émis par une compagnie d’assurance.
Les chiffres d’affaires des blanchisseurs sont justifiés. Les enquêteurs seront ainsi incapables
de déceler les sources des différents et nombreux utilisateurs et donc à faire le lien entre les
blanchisseurs et leurs complices.
31
Chapitre 2 : Pratiques de gestion des risques LAB/FT et performance financière
Le trafiquant se rend au casino, où il se procure des jetons en échange d’argent liquide ayant
pour origine une activité illégale. A la fin de la soirée, il se présente à la caisse pour convertir
ses jetons en un chèque émis par le casino.
15
Banque Centrale de Tunisie. (2017, Septembre 19). Communiqué circulaire 2017-08.
https://www.bct.gov.tn/bct/siteprod/actualites.jsp?id=382
32
Chapitre 2 : Pratiques de gestion des risques LAB/FT et performance financière
La mise à la charge des banques d’élaborer leurs propres évaluations des risques de
blanchiment d’argent et de financement du terrorisme et de les communiquer à la BCT
dans un délai d’un an à compter de l’entrée en vigueur de la circulaire ;
La mise à la charge des banques de diligences spécifiques quant à leurs relations avec
leurs correspondants bancaires ;
Nous allons essayer dans cette partie de présenter les principales dispositions, à appliquer,
apportées par la réglementation et notamment la circulaire de la BCT n°2017-08.
L’adoption d’une approche basée sur les risques permet aux banques de prendre les mesures
efficaces et adéquates aux risques identifiés. Elle représente un outil d’évaluation de la
situation et de l’exposition actuelle de la banque aux risques de blanchiment de capitaux et de
financement de terrorisme.
33
Chapitre 2 : Pratiques de gestion des risques LAB/FT et performance financière
En effet, cette évaluation fournit, aux dirigeants, aux fonctions de contrôle ainsi qu’aux
régulateurs, des cotations de risque qui servent à la disposition des informations sur les
faiblesses et les forces du programme de conformité de la banque en matière de LAB/FT.
L’évaluation des risques liés à la banque et à ses clients en tenant compte des facteurs
des risques susmentionnés (Le profil des clients, les pays ou les zones géographiques,
les produits, les services, les transactions ou les canaux de distribution) ;
La diminution des risques par la mise en place de mesures et des contrôles adaptés aux
risques relevés ;
Il est à noter que les risques identifiés peuvent évoluer ou changer avec le temps puisque
l’activité bancaire n’est pas stable, de nouvelles menaces et de nouveaux produits peuvent
apparaître. Par conséquent, l’approche fondée sur les risques doit être mise à jour
régulièrement et à chaque changement (interne ou externe).
Selon l’article 4 de la circulaire de la BCT n°2017-08, les banques sont appelées à fournir les
résultats de l’évaluation des risques dans un rapport appelé « Rapport d’évaluation des risques
de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme de l’établissement assujetti ». Ce
rapport permet de garantir une traçabilité des mises à jour et des modifications réalisées sur la
classification des risques de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme.
16
Centre d'analyse des opérations et déclarations financières du Canada. (2017, Juin). Guide de
l’approche axée sur les risques pour lutter contre le blanchiment d’argent et le financement des
activités terroristes.
34
Chapitre 2 : Pratiques de gestion des risques LAB/FT et performance financière
La vigilance est une obligation pour tout employé concerné par la lutte contre le blanchiment
d’argent et le financement de terrorisme. En effet, c'est l’employé lui-même qui choisira le
degré de vigilance dont il doit accorder en fonction de la nature et du niveau du risque que
présente le client, le produit et l'opération financière à effectuer. Dans tous les cas, la
vigilance doit être maintenue tout au long de la relation d'affaires.
Par conséquent, il existe trois types de vigilances qui peuvent être appliquées :
Vigilance standard :
Ce type de vigilance est appliqué au moment de l’entrée en relation d’affaires avec les clients.
Il s’agit de l’identification du client et de ses transactions. En effet, l’employé doit vérifier et
se renseigner sur l’ensemble d’informations liées à l’identité du client, sa situation
professionnelle et financière, la nature et le montant de l’opération ou la transaction à
effectuer ainsi que l’origine des fonds.
Le banquier qui n’arrive pas à identifier le client et obtenir les informations nécessaires, doit
d’abstenir d’établir une relation d’affaires.
Vigilance allégée :
Ce type de vigilance est exercé dans le cas des clients présentant un risque de blanchiment
d‘argent ou de financement de terrorisme faible. Ceci est traduit par une vigilance amoindrie
et une identification allégée du client et de ses opérations.
Vigilance renforcée :
La vigilance renforcée est l’ensemble des mesures que les établissements de crédit doivent
prendre lorsque le risque de blanchiment de capitaux et de financement de terrorisme paraît
élevé. En effet, si des clients se présentent pour des opérations complexes, c'est-à-dire, ne
présentant ni une justification économique ni un objet licite ou encore des opérations à
montant trop élevé, l’établissement de crédit peut classer le client dans la catégorie des clients
à haut risque de blanchiment de capitaux et de financement de terrorisme.
Ce type de vigilance est exercé pour des clients PPE, les associations, les ambassades, les
partis politiques, les clients utilisant les nouvelles technologies pour effectuer leurs
opérations, les clients qui résident dans des pays désignés par le GAFI comme pays
35
Chapitre 2 : Pratiques de gestion des risques LAB/FT et performance financière
n’appliquant pas ou appliquant d’une manière insuffisante les normes et les recommandations
internationales en matière de LAB/FT.
En conclusion, Plus le niveau de risque est élevé, plus la fréquence de suivi et de surveillance
est élevée et plus les mesures de vigilance appliquées sont élevées.
Selon les articles 5,6 et 7 de la circulaire de la BCT n°2017-08, tous les clients avec lesquels
l’établissement de crédit entre en relation, doivent faire l’objet d’une fiche d’identification du
client « KYC »
L’application de « KYC » est une obligation, son absence expose l’établissement à des
risques sérieux liés à sa réputation, la perte de sa clientèle, lourdes sanctions administratives
et pénales, etc.
Les obligations « KYC » mises en œuvre représentent des différences selon le type de client
(personne physique, personne morale, les associations, PPE, partis politiques, ...), la banque
doit ainsi récolter un ensemble d’informations bien spécifiées pour chaque type de client.
(Voir annexe 2).
Le tableau ci-dessous comporte quelques types d’opérations à risque élevé et nécessitant une
vigilance renforcée.
36
Chapitre 2 : Pratiques de gestion des risques LAB/FT et performance financière
Opérations en espèces
Echange Echange de billets de banque en dinars ou en devises présentant un
caractère anormal en termes de montant, de fractionnement et de
fréquence ;
Echange de billets mutilés ou maculés, en dinars ou en devises, pour
des montants élevés.
Versement Versement déplacé de montants élevés ou répétés effectués par le
en espèces titulaire d’un compte ou par un tiers dans une agence autre que celle du
en dinars titulaire du compte ;
ou en Dépôts répétés dans plusieurs agences sans raison apparente ;
devises Versement en espèces pour des montants élevés ou répétés et sans lien
avec la situation économique ou personnelle.
Retraits Retraits en espèces fréquents ou de montants élevés apparaissant sans
d’espèces relation avec l’activité connue du client titulaire du compte, excédant
de loin le chiffre d’affaires d’une société ou les revenus d’un
particulier notamment lorsque l’activité professionnelle déclarée du
client n’explique par le fonctionnement observé du compte ;
Retraits répétés dans plusieurs agences ;
Prélèvement sur des comptes pour des montants élevés ou répétés
ouverts par des personnes politiquement exposées.
Opérations en compte
Chèque et Remise chèques de montant significatif sans rapport avec l’activité
ordre de économique du client ;
paiement Remise fréquente ou périodique de chèques en sommes rondes ;
Emission de chèques au profit de bénéficiaires domiciliés à l’étranger
pour des montants significatifs.
Virement et Transfert de fonds sans justification économique apparente en
transfert de provenance ou à destination de pays étrangers ;
fonds Transfert reçu d’un client présentant des caractéristiques anormales ou
inhabituelles au regard de la connaissance du client ;
Transfert reçu ou émis d’un pays où le client ne possède aucune
activité connue.
Opérations occasionnelles sur des comptes dominants
Opérations d’arbitrage multiple sur devises
Coffre-Fort
Coffre-Fort Coffre détenu par des non-titulaires de compte à la banque ou l’agence
concernée (coffre délocalisé) ;
Coffre ouvert à des personnes morales.
Opérations de financement
Opérations Règlements d’échéances par un tiers qui semble sans lien évident
de (notamment parental ou professionnel) avec le client ;
financement Origine inexplicable d’un remboursement anticipé partiel ou total d’un
crédit ;
Financement de biens importés ou exportés dont les prix sont sous-
estimés ou surestimés par rapport aux prix du marché.
Source : Circulaire BCT 2017-08 du 19 septembre 2017
37
Chapitre 2 : Pratiques de gestion des risques LAB/FT et performance financière
Tous les établissements assujettis sont tenus d’envoyer, sans délai, à la CTAF une déclaration
écrite sur toutes les transactions et les opérations à caractère suspect et inhabituel, qui peuvent
être liées à des fonds provenant d’origines criminelles et illégales ou au financement des
associations, des personnes ou des activités en rapport avec des infractions terroristes.
Les opérations, faisant l’objet de soupçon, détectées au niveau des back offices, des agences
et des salles des marchés pour les clients négociateurs, seront envoyées à la direction
Conformité pour examen et une éventuelle déclaration à la CTAF conformément à la
réglementation.
Toute opération à caractère inhabituel doit faire l’objet d’analyses. L’agence doit déclarer à la
direction Conformité si elle obtient toutes les informations confirmant la suspicion.
2. Appréciation et justification :
La structure Conformité est dotée d’un progiciel de contrôle des mouvements des comptes
clients appelé SIRON-AML, qui permet d’afficher toutes les opérations des comptes à
caractère inhabituel par rapport à leur propre historique d’opérations et à leur activité.
17
Attijari Bank Direction de la Conformité. (2018, Janvier). Manuel de Procédures AML.
38
Chapitre 2 : Pratiques de gestion des risques LAB/FT et performance financière
3. Infirmation de la suspicion :
Si après examen des informations fournies, il s’avère que la suspicion est infondée, la
structure Conformité dans la banque se charge d’informer le chef de l’agence en précisant le
motif de l’infirmation.
4. Confirmation de la suspicion :
Outre l’approche fondée sur les risques, les mesures de vigilance et la déclaration de soupçon,
le dispositif de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement de terrorisme repose
aussi sur :
La banque doit organiser des programmes de formation continue au profit de tous les
employés comportant des informations sur les méthodes, techniques, et tendances en matière
de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme.
Ces formations continues doivent porter sur tous les nouveaux aspects de la réglementation en
la matière et particulièrement les obligations de vigilance à l’égard des opérations, des clients
et de déclaration des transactions et des opérations inhabituelles et suspectes.
39
Chapitre 2 : Pratiques de gestion des risques LAB/FT et performance financière
Les établissements concernés sont tenus de conserver sur support électronique ou matériel
pendant dix ans au moins à compter de la date de clôture du compte et donc la fin de la
relation d’affaires, les dossiers de tous clients, occasionnels ou habituels, ainsi que les pièces
qui se rapportent à leurs identités. En outre, ces établissements doivent conserver les
informations relatives à toute opération réalisée en vue de garder la traçabilité de toutes ses
phases.
Cette section sera dédiée à l’étude du lien entre la gestion des risques et la performance
financière selon les recherches précédentes. Vu que la fonction Conformité est une fonction
qui est nouvellement installée dans les banques, les études antérieures consacrées uniquement
à la gestion des risques de non-conformité sont très rares, voire inexistantes. Ce qui a rendu
difficile l’élaboration de cette section « Revue de littérature » et nous nous sommes focalisés
sur la gestion des risques d’une manière générale. Nous ne pouvons en aucun cas nier la
contribution importante du risque de non-conformité dans le dispositif de la gestion des
risques dans la banque.
I. Performance financière :
Eccles (1999) a écrit : « On ne saurait trouver les principaux indicateurs de performance des
entreprises dans les seules données financières. Qualité, satisfaction des clients, innovation,
part de marché : des grandeurs de ce type reflètent mieux les conditions économiques et les
perspectives de croissance d’une entreprise que ses bénéfices publiés ».
Cependant, Chenhall (2005) indique qu’il sera difficile d’évaluer le bénéfice à partir d’une
mesure de performance non-financière.
40
Chapitre 2 : Pratiques de gestion des risques LAB/FT et performance financière
La notion de la performance s’est différée d’un auteur à un autre, dans ce sens, Otley (1999)
dit que la performance est un terme ambigu et elle peut posséder plus qu’une seule définition.
Plusieurs perceptions et points de vue ont été adoptés par rapport à la définition de la
performance et sa mesure la plus efficace, En effet, certains auteurs ont caractérisé la
performance financière par l’ensemble des mesures reflétant d’une manière immédiate la
situation de l’établissement alors que les mesures non-financières sont souvent axées sur du
long terme. Par conséquent, il n’existe pas une unanimité sur les indicateurs à utiliser pour la
mesure de la performance.
Dans notre étude, nous s’intéressons à la performance financière qui peut être mesurée par
plusieurs indicateurs : rendement des capitaux propres, rendement des actifs. Pour ce qui nous
concerne, nous utilisons le rendement des capitaux propres, Return on Equity (ROE) en
anglais comme un indicateur de performance financière.
La gestion des risques n’est pas une préoccupation nouvelle, mais l’intérêt porté à cette
discipline est de plus en plus important, cela est expliqué par une série d’événements qui ont
eu lieu dans le monde et qui ont basculé la stabilité du système financier. D’où, il est devenu
de plus en plus indispensable de disposer d’un cadre solide et efficace de gestion des risques
servant à identifier, évaluer et gérer les risques.
Georges Dionne (2013) « L’objectif de la gestion des risques est de maximiser la valeur de la
firme via la réduction des coûts associés aux différents risques ». A partir de cela, nous
pouvons conclure l’existence d’autres points de vue pouvant confirmant ou encore infirmant
l’idée ci-dessus : la création de la valeur est liée à la gestion des risques.
Dans ce sens, des recherches antérieures ont montré un certain désaccord concernant la
relation entre la performance financière et les pratiques de gestion des risques.
41
Chapitre 2 : Pratiques de gestion des risques LAB/FT et performance financière
En effet, Aebi et AL (2010) ont conclu dans leur étude que l’instauration d’une discipline de
gestion des risques dans les banques peut effectivement diminuer l’exposition aux risques,
cependant, cela peut être à l’origine d’une baisse de la performance financière.
De même, Kingsley (2017) indique dans son étude, faite sur 54 banques et établissement
financiers, que les pratiques de la gestion des risques n’ont pas un effet sur la performance
financière. Kingsley a déterminé les pratiques de la gestion des risques à partir des huit
éléments du dispositif de management des risques du cadre de référence de la gestion des
risques COSO 218.
Roslida Ramlee et Normah Ahmad (2015), quant à eux, ont fait une étude sur 148 entreprises
de la Malaisie pour étudier l’impact de la gestion des risques sur la performance financière
mesurée par le Return on Equity (ROE)19, Return on Assets (ROA)20 et le Q de Tobin21. Leur
échantillon a comporté deux types d’entreprises, celles qui disposent d’un comité de gestion
des risques et d’autres sans comité de gestion des risques.
Les résultats de cette étude n’ont révélé aucun impact significatif de la gestion des risques sur
la performance financière. Cette étude a souligné également que les entreprises appliquant la
gestion de risques ne sont pas considérées plus performantes que celles qui ne l’appliquent
pas.
Dans une autre optique, Giorgio Stefano Bertinetti, Gloria Gardenal et, Elisa Cavezzali (2013)
ont montré dans leur travail porté sur 200 entreprises européennes que la gestion des risques
contribue à la création de la valeur de l’entreprise et ont conclu donc l’impact positif de
l’adoption des pratiques de gestion des risques sur la performance financière de l’entreprise.
Sur la base des travaux susmentionnés, aucun de ces auteurs n’a axé ses études sur l’impact
de la gestion des risques de non-conformité sur la performance financière. Par conséquent,
notre étude cherche à combler cette lacune en étudiant la relation qui pourra exister entre la
gestion des risques de non-conformité notamment ceux liés au blanchiment d’argent et de
financement de terrorisme et la performance financière de la banque.
18
Committee of Sponsoring Organizations of the Treadway Commission. (2004, September).
Enterprise Risk Management — Integrated Framework.
19
En français, Rendement des capitaux propres.
20
En français, Rendement des actifs.
21
C’est un ratio considéré comme indicateur de performance qui correspond à la valeur boursière
d’une entreprise divisée par la valeur de remplacement de son capital fixe.
42
Chapitre 2 : Pratiques de gestion des risques LAB/FT et performance financière
Conclusion :
Le blanchiment des capitaux est un crime qui désigne l'ensemble des techniques permettant de
donner une apparence légitime à des sommes d’argent acquises par des manières illicites. Les
méthodes de blanchiment d’argent sont très nombreuses, néanmoins, les criminels continuent
toujours à chercher des techniques innovantes pour blanchir l’argent sale. De ce fait, les
autorités régulatrices mettent à jour les lois et diffusent de nouvelles réglementations et
dispositions dans le but de mieux gérer les risques de BA/FT. Les établissements de crédit
accordent également une attention accrue à la fonction Conformité et aux différentes pratiques
de gestion de risques BA/FT, ils utilisent chacun ses propres outils et méthodes afin de lutter
efficacement contre ce fléau.
Par conséquent, des dispositifs efficaces de LAB sont indispensables pour protéger l’intégrité
des marchés et la structure financière. Les mesures et les pratiques de lutte contre le
blanchiment d’argent constituent ainsi non seulement un impératif moral, mais aussi une
nécessité économique.
43
Chapitre 3 : L’impact de la gestion des risques de non-conformité sur le ROE : analyse empirique
CHAPITRE 3
Introduction :
A travers ce chapitre nous allons présenter dans un premier lieu l’organisme d’accueil : la
banque Tuniso-Libyenne ainsi que la direction de contrôle de la Conformité.
Ensuite nous allons répondre à notre problématique qui consiste à voir si la gestion des
risques de non-conformité, notamment les risques de blanchiment d’argent et de
financement de terrorisme, influe sur la performance financière de la banque mesurée par
le Return on Equity (ROE).
44
Chapitre 3 : L’impact de la gestion des risques de non-conformité sur le ROE : analyse empirique
La banque Tuniso-libyenne est une banque privée installée en Tunisie depuis 1984. A
travers cette section, une brève présentation sera consacrée à la banque Tuniso-libyenne,
son historique ainsi que la direction d’accueil : la direction de contrôle de la Conformité.
En 1984 et d’un capital de 100 MD, la Banque Tuniso-libyenne a été fondée en tant que
banque de développement et de commerce extérieur, en vertu de la convention entre la
république tunisienne et la république libyenne à la date du premier décembre 1983. A
partir de 20 octobre 2005, la BTL est devenue une banque universelle qui offre tous les
produits et les services proposés par les banques commerciales tunisiennes.
Suite à son nouveau statut, la banque a développé ses activités et son champ d’intervention
qui couvre les activités prévues par la loi n° 2001-65 du 10 juillet 2001 relative aux
établissements de crédit telle que modifiée et complétée par la loi n° 2006-19 de 02 mai
2006 à savoir :
Depuis sa création, la BTL a été autorisée à financer le commerce extérieur. Elle a ainsi
développé une grande expertise en matière d’accompagnement des importateurs et des
45
Chapitre 3 : L’impact de la gestion des risques de non-conformité sur le ROE : analyse empirique
exportateurs tunisiens en relation d’affaires avec la Libye, mais aussi avec le reste du
monde.
Siège social : Immeuble BTL Boulevard de la Terre – Lot AFH E12 – Centre
Urbain Nord _ 1082 Tunis I
E-mail : btl@gnet.net
Durée : 99 ans
CNSS; 26,25%
Libyan
Foreign Bank ;
50,00%
Etat Tunisien ;
23,75%
46
Chapitre 3 : L’impact de la gestion des risques de non-conformité sur le ROE : analyse empirique
II. Historique :
La direction contrôle de la Conformité a été implémentée en 2007 dans la BTL. C’est une
structure indépendante rattachée directement au conseil d’administration. Elle se charge de
mettre en place un système de contrôle de la Conformité des activités de la banque aux
textes de lois et à la réglementation en vigueur. Le responsable de cette fonction dispose de
la liberté d’accès à toutes les données et les documents nécessaires pour accomplir les
tâches et les missions qui lui sont confiées.
Suivre le comportement des clients à travers les mouvements enregistrés sur leurs
comptes ;
47
Chapitre 3 : L’impact de la gestion des risques de non-conformité sur le ROE : analyse empirique
Outre la mise en place d’un dispositif LAB/FT permettant la gestion et le suivi des risques
BA/FT. La structure de la Conformité permet à la banque d’établir son code de déontologie
que les personnels doivent respecter. Il contient l’ensemble des droits, des règles et de
devoirs qui régissent l’activité professionnelle des employés.
Structure LAB/FT
22
https://www.apbt.org.tn/wp-content/uploads/2018/10/R%C3%B4le-et-positionnement-de-la-
fonction-de-conformit%C3%A9-site.pdf
48
Chapitre 3 : L’impact de la gestion des risques de non-conformité sur le ROE : analyse empirique
I. Méthodologie :
Notre travail consiste à recueillir un ensemble d’informations auprès des banques installées
en Tunisie et plus précisément les responsables de la fonction Conformité. Les
informations recueillies à partir du questionnaire élaboré par rapport à la fonction
Conformité et au dispositif de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement de
terrorisme constitueront le point de départ pour la réalisation de ce mémoire.
II. Hypothèse :
L’objectif de cette étude est de déterminer l’impact de la gestion des risques BA/FT sur le
ROE de la banque.
49
Chapitre 3 : L’impact de la gestion des risques de non-conformité sur le ROE : analyse empirique
La réponse au questionnaire a été complétée dans un délai d’un mois. Pour le traitement
statistique des réponses du questionnaire qui sont de type qualitatif, nous avons dû utiliser
pour les variables de type ordinal une échelle de Likert car son utilisation va faciliter le
codage et l’analyse de données par la suite.
Le codage des variables qualitatives ordinales ainsi que nominales de notre étude est
présenté dans le tableau suivant :
50
Chapitre 3 : L’impact de la gestion des risques de non-conformité sur le ROE : analyse empirique
Pour avoir des résultats pertinents et significatifs, nous avons travaillé sur toute la
population, c'est-à-dire toutes les banques installées en Tunisie (publiques, privées et off-
shore).
Les banques privées : la BTL, Amen Bank, Attijari Bank, BIAT, QNB, Al Baraka,
TSB, BTE, UBCI, BFT, UIB, ATB, BT, BTK, Banque Zitouna et Wifak Bank.
Lors de la distribution du questionnaire, nous n’avons pas pu avoir des réponses de toutes
les banques et c’est dû à l’indisponibilité et à la charge de travail lourde des responsables
concernés et pouvant nous répondre. Ces banques sont au nombre de trois à savoir : les
deux banques off-shore (Citi Bank et TFB) et la banque privée Wifak Bank. Au final, nous
avons 11 % du total des banques installées en Tunisie qui n’ont pas fourni des réponses à
notre questionnaire.
Nous résumons dans la figure ci-après la répartition des banques ayant répondu à notre
questionnaire.
51
Chapitre 3 : L’impact de la gestion des risques de non-conformité sur le ROE : analyse empirique
16,66%
20,80%
62,50%
V. La collecte de données :
Deux types de données ont été utilisés dans notre étude : des données primaires et des
données secondaires.
Les données primaires ont été collectées à partir des questions que nous avons créées et
distribuées aux responsables Conformité. Quant aux données secondaires, nous avons eu
recours aux états financiers des banques disponibles dans le site du CMF, pour extraire les
valeurs de l’indicateur de performance financière choisi : le return on Equity (ROE).
Afin d’arriver à notre objectif de recherche qui consiste, d’une part, à voir s’il y a une
relation entre les pratiques de la gestion des risques de non-conformité plus précisément les
risques de blanchiment d’argent et de financement de terrorismes, et l’indicateur de
performance financière de la banque mesuré par ROE, et à constater, d’une autre part, la
nature de l’impact de ces pratiques sur cet indicateur.
Selon Dominique Laffy (2006), « la régression linéaire multiple permet d’analyser les
liens entre une variable dépendante quantitative à expliquer et plusieurs variables
explicatives indépendantes ». Cela explique le choix de la régression linéaire multiple pour
notre travail puisque nous voulons estimer la relation qui existe entre la variable
52
Chapitre 3 : L’impact de la gestion des risques de non-conformité sur le ROE : analyse empirique
dépendante Y, qui est le ROE, et les variables indépendantes Xi qui sont les pratiques de la
gestion des risques BA/FT.
Nous allons alors effectuer une analyse de régression à partir de ce modèle linéaire :
Y = β0 + ∑𝑛𝑖=1 βi Xi + ε
n = 24
Y : La variable dépendante ou à expliquer.
Xi : Les variables indépendantes ou explicatives.
βi : Les paramètres à estimer.
ε : Terme d’erreur.
Le modèle de régression relatif à notre étude sera donc présenté comme suit :
ROE = 0+1TAILLE+2DCP+3FP+4REPC+5R+6ER+β7CR+
Avant de mener nos analyses statistiques, nous allons tout d’abord présenter une analyse
descriptive des résultats obtenus suite aux questionnaires distribués auprès des
responsables Conformité des différentes banques installées en Tunisie.
53
Chapitre 3 : L’impact de la gestion des risques de non-conformité sur le ROE : analyse empirique
0
2004 2006 2007 2008 2009 2010 2012 2013 2014 2016 2018
La fonction Conformité et lutte contre le blanchiment d’argent est une structure liée
directement au conseil d’administration (CA) dans la plupart des établissements de crédit.
Selon la figure ci-après, 62.5 % des banques ont répondu que cette fonction est rattachée
au conseil d’administration de la banque, quant au 37.5% qui reste, ils ont répondu qu’elle
est liée directement à la direction générale (DG).
54
Chapitre 3 : L’impact de la gestion des risques de non-conformité sur le ROE : analyse empirique
Lié directement à CA DG
50,00% 45,83%
40,00%
30,00%
20,00% 16,67%
12,50% 12,50%
8,33%
10,00%
4,17%
0,00%
Privée Publique Off-shore
Oui Non
16,67%
83,33%
55
Chapitre 3 : L’impact de la gestion des risques de non-conformité sur le ROE : analyse empirique
Cependant, les dirigeants ont indiqué qu’il s’agit plutôt d’une question d’application et de
généralisation des textes de lois. En effet, ce manque d’application des lois et des
procédures peut être expliqué essentiellement par la non existence des contrôles pertinents
et appropriés assurant la surveillance et le suivi de la fonction Conformité et par l’absence
d’une culture Conformité dans l’environnement de la banque. Dans ce sens, les
responsables Conformité ont tous confirmé l’importance de l’existence et de la diffusion
d’une culture Conformité aux parties prenantes externes et internes de la banque et de la
sensibilisation de la nécessité de cette fonction pour garantir la stabilité du secteur bancaire
et assurer la protection de l’image de la banque.
Dans une même perspective, les répondants ont été tous d’accord sur le rôle important de
la fonction Conformité dans le maintien de la stabilité du secteur bancaire. Comme le
montre la figure 10, environ 96% des banques ont affirmé que l’application de la
Conformité améliore la stabilité du secteur bancaire hormis une seule banque qui n’a été ni
en désaccord ni en accord.
90,00%
79,17%
80,00%
70,00%
60,00%
50,00%
40,00%
30,00%
20,00% 16,67%
10,00% 4,16%
0,00%
Tout à fait d'accord D'accord Ni en désaccord ni
d'accord
En outre, la figure ci-dessous montre que la totalité des banques ont répondu que le non-
respect des procédures de Conformité et des dispositifs de lutte contre le blanchiment
d’argent et le financement de terrorisme aura assurément un impact sur l’image de la
banque. En effet, l’atteinte à la réputation est l’un des risques important auquel une banque
peut s’exposer, c’est un risque à faible probabilité d’occurrence mais à une très grande
gravité une fois qu’il est survenu. De plus, une image désastreuse aura certainement des
56
Chapitre 3 : L’impact de la gestion des risques de non-conformité sur le ROE : analyse empirique
répercussions sur l’activité bancaire, comme elle peut être aussi l’origine d’une perte de
confiance des clients aux différents services et produits de la banque. Par conséquent,
l’image d’une banque compte énormément aux clients et peut décider de la durée de la
relation d’affaire qui les relie.
Oui Non
100%
Par ailleurs, nous voulons relever auprès des dirigeants leurs opinions en ce qui concerne le
rôle de la Conformité et des différentes procédures LAB/FT dans l’amélioration de la
compétitivité de leurs établissements de crédit. Environ 54.17% des banques (dont 29.17%
sont tout à fait d’accord et 25% sont d’accord) ont jugé que la Conformité et la mise en
place des dispositions LAB/FT aident à améliorer la compétitivité de l’établissement.
Pour éclaircir l’idée, prenons cet exemple : un client se présente à une banque X en vue de
faire un dépôt ou de passer une certaine transaction d’une valeur très importante. La
banque X refuse de nouer une relation d’affaire avec ce client car la transaction lui semble
suspecte. Face à ce refus, le client se présente à une deuxième banque Y qui acceptera de
collaborer avec lui. C’est en ce sens-là que la banque Y gagne en faveur de la banque X.
57
Chapitre 3 : L’impact de la gestion des risques de non-conformité sur le ROE : analyse empirique
C’est pour cette raison qu’il est indispensable de respecter les lois et les règles et de
promouvoir l’équité dans l’ensemble du secteur bancaire.
Quant aux 8.33%, qui n’ont pas été d’accord, expliquent que la fonction Conformité, avec
ses règles et ses normes assez exigeantes, est perçue plutôt comme un frein et peut porter
atteinte à la compétitivité.
40,00% 37,50%
35,00%
29,17%
30,00%
25%
25,00%
20,00%
15,00%
10,00% 8,33%
5,00%
0%
0,00%
Tout à fait D'accord Ni en Pas d'accord Pas du tout
d'accord désaccord ni d'accord
d'accord
Par la suite, nous avons interrogé les responsables s’il existe, selon eux, une relation entre
la performance financière et les mesures et pratiques de gestion de risques de non-
conformité et de blanchiment de capitaux. 91.67 % ont répondu oui et 8.33% qui
correspondent uniquement à deux banques, ne trouvent aucune relation.
8,33%
Oui Non
91,67%
58
Chapitre 3 : L’impact de la gestion des risques de non-conformité sur le ROE : analyse empirique
Ce qui justifie l’existence d’une telle relation est par exemple la faillite de certaines
banques et les amendes énormes qu’elles ont dû payer suite à la non-conformité et au non-
respect des normes. Effectivement, la filiale suisse du groupe bancaire britannique
HSBC23 a accepté récemment, en 08 août 2019, de payer une amende de 294,4 millions
d'euros après avoir été accusée de blanchiment d’argent en 2014.
De même, deux filiales américaines de la banque française BNP Paribas se sont trouvées,
ce dernier octobre, face à l’obligation de payer une amende de 15 millions de dollars aux
régulateurs américains pour ne pas avoir mis en place des systèmes de détection
performants et efficaces contre le blanchiment d’argent d’où elles n’ont pas accepté les
règles de lutte anti-blanchiment.
Ensuite, nous leur avons demandé la nature de cette relation. La figure 14 montre que
70.83% des répondants ont confirmé l’existence d’une relation positive, 20.84% ont jugé
que la performance financière est influencée négativement par les pratiques de gestion des
risques de non-conformité et 8.33 % ont répondu qu’il n’existe aucune relation.
80,00%
70,83%
70,00%
60,00%
50,00%
40,00%
30,00%
20,84%
20,00%
8,33%
10,00%
0,00%
Positif Négatif Pas d'impact
La question suivante porte sur les améliorations qui pourront avoir lieu concernant les
textes des lois. Nous avons alors interrogé nos répondants « Selon vous, les textes de lois
peuvent être plus efficaces s’ils portent un plus de focus sur ? ». Les réponses ont été
diversifiés. La figure ci-après indique que la rubrique mesures LAB/FT représente le plus
grand pourcentage des réponses suivie par les procédures KYC et « Autres ». Nous avons
23
Groupe Bancaire International Britannique.
59
Chapitre 3 : L’impact de la gestion des risques de non-conformité sur le ROE : analyse empirique
Autres 20,83%
Dans cette section, nous procédons en premier lieu, via le logiciel SPSS réservé aux
analyses statistiques, à l’estimation de l’impact qu’exerce la gestion des risques BA/FT sur
le ROE. Et en deuxième lieu, nous allons présenter les limites de notre étude et les voies de
recherches futures.
I. Statistiques descriptives :
La moyenne et l’écart-type ont été calculés à l’aide du logiciel SPSS pour évaluer la
contribution des variables indépendantes par rapport à la performance financière comme
indiqué dans le tableau 5. (L’output du SPSS des statistiques descriptives est en annexe 4)
60
Chapitre 3 : L’impact de la gestion des risques de non-conformité sur le ROE : analyse empirique
Les résultats du tableau ci-dessus indiquent que les variables taille (moyenne = 5.79) avec
un écart-type de 3.283 et le reporting et communication (moyenne = 4.67) avec un écart-
type de 0.464 montrent la contribution la plus élevée dans la performance financière des
banques, suivies de la formation des personnels (moyenne = 3.33) avec un écart-type de
1.875 puis, l’évaluation des risques, les ressources dédiées à la fonction Conformité, la
cotation des risques dominante de la dernière cartographie des risques BA/FT élaborée et
finalement le degré de compétence des personnels (moyenne = 1.71) avec un écart-type de
0.464. Selon ces analyses statistiques, la taille contribue davantage que les autres variables
dans la variation du ROE.
Dans cette partie du mémoire, nous allons évaluer la relation entre les pratiques de la
gestion des risques BA/FT et la performance financière des banques à l’aide d’une analyse
de régression. L’intérêt de l’analyse de la corrélation ci-dessous est de s’assurer de la non-
existence d’une multicolinéarité entre les variables. Nous testons aussi l’homoscédasticité
pour vérifier l’égalité des variances des résidus. Quant à la régression linéaire multiple, elle
61
Chapitre 3 : L’impact de la gestion des risques de non-conformité sur le ROE : analyse empirique
a été utilisée pour déterminer l’impact de chacune des variables explicatives (taille,
formation des personnels, reporting et communication, ressources dédiées à la fonction
Conformité, évaluation des risques, cotation des risques BA/FT et degré de compétence
des personnels) sur la variable à expliquer (performance financière (ROE)).
H0 : Homoscédasticité vérifiée.
La probabilité (P-value = 0.69 > 0.05) => l’hypothèse nulle est acceptée :
l’homoscédasticité est vérifiéé. (Voir annexe 5)
Le coefficient de corrélation Pearson (r) peut varier entre -1 et 1 et il nous donne une idée
sur la force de la relation entre deux variables. Un coefficient qui est égal à 1 ou aussi
62
Chapitre 3 : L’impact de la gestion des risques de non-conformité sur le ROE : analyse empirique
proche de 1 (r ≥ 0.7) indique que les deux variables sont fortement corrélées d’où
l’existence d’une multicolinéarité.
Nous testons la multicolinéarité entre nos variables indépendantes, le tableau 6 montre que
la plus forte corrélation a été détectée entre la taille et le reporting et communication
(0.477). Une absence de corrélation entre la cotation des risques de la cartographie
LAB/FT et le reporting. Et la plus faible corrélation (presque nulle) a été trouvée entre le
degré de compétence des personnels et la fréquence de l’évaluation des risques (-0.008).
Ainsi, nous pouvons conclure qu'il n’existe pas un problème de multicolinéarité puisque le
coefficient de corrélation le plus élevé est de 0.477 < 0.7.
ROE : Return on Equity ; FFP : Fréquence de formation des personnels ; REPC : Reporting
et communication ; R : Ressources dédiées à la fonction Conformité ; FER : Fréquence de
l’évaluation des risques ; CR : Cotation des risques BA/FT ; DCP : Degré de compétence
des personnels ; TAILLE : Nombre de personnels de la structure Conformité.
Le coefficient de détermination R² tel que présenté dans le tableau 7 est de 0.559. Cela
signifie que les variables indépendantes étudiées dans notre étude représentent environ
63
Chapitre 3 : L’impact de la gestion des risques de non-conformité sur le ROE : analyse empirique
De plus, nous testons la significativité globale du modèle à travers le test de Fisher. Ce test
permet de déterminer si les variables indépendantes permettent d’expliquer les variations
de la variable dépendante ROE. Nous avons alors les deux hypothèses suivantes :
Dans notre cas, le niveau de significativité est de 0.000 < 0.05. On rejette l’hypothèse nulle
et nous concluons que nous avons une très bonne significativité du modèle ce qui signifie
que les variables indépendantes contribuent d’une manière très significative dans la
variabilité de la variable dépendante.
64
Chapitre 3 : L’impact de la gestion des risques de non-conformité sur le ROE : analyse empirique
ROE si ce dernier varie d’une unité. La colonne P-value est la colonne réservée au test de
la significativité des variables. En effet, le test de significativité est valide si la valeur de P-
value est inférieure à 5%.
R -0.243 0.034**
CR -0.305 0.003**
NOTE : *, ** significatif respectivement au seuil de 1 % et 5 %.
FFP : Fréquence de formation des personnels ; REPC : Reporting et communication ; R :
Ressources dédiées à la fonction Conformité ; FER : Fréquence de l’évaluation des
risques ; CR : Cotation dominante des risques BA/FT ; DCP : Degré de compétence des
personnels ; TAILLE : Nombre de personnels de la structure Conformité.
Reporting et communication :
D’après le tableau ci-dessus, il existe une relation significative (0.00 < 0.01) et positive de
force élevée (Coefficient β = 0.632) entre la variable reporting et communication (REPC)
et la variable à expliquer le ROE. Cela signifie que le REPC contribue d’une manière
importante dans la réalisation de la performance financière de la banque. Le reporting est
la réalisation et la publication des rapports et des documents propres à l’activité de chaque
banque. Selon l’article 4 de la circulaire de la BCT n°2017-08, les établissements assujettis
doivent publier régulièrement des rapports d’évaluation du dispositif de blanchiment
d’argent et de financement de terrorisme, comme ils sont appelés aussi à publier
annuellement un rapport contenant le nombre des déclarations suspectes ainsi que le
montant total des opérations et des transactions déclarées. La réalisation de ces rapports est
65
Chapitre 3 : L’impact de la gestion des risques de non-conformité sur le ROE : analyse empirique
essentielle et joue un rôle primordial dans le processus de la gestion des risques de non-
conformité et des risques BA/FT du fait qu’elle contient des informations et des données
clés et rend compte de : l’évaluation de la Conformité de l’établissement aux lois et aux
réglementations, le nombre de déclaration de soupçons, le mouvement des comptes
présentant un risque élevé, les changements au niveau des profils des clients, comparaison
du nombre de CHR24 avec celui des rapports précédents, les incidents majeurs, les actions
en matière de prévention, les alertes traitées, etc. Le reporting permanant et la
communication des informations constituent alors une nécessité car les rapports permettent
aux dirigeants d’évaluer les politiques, procédures et pratiques de leur établissement en
matière des risques de BA/FT, identifier et discuter les défaillances de dispositif LAB/FT
et mettre en place des plans d’action pour les nouveaux risques avant qu’ils ne se
développent et leur maîtrise devient alors difficile, chose qui peut impacter négativement la
performance financière de la banque.
Partons de ces valeurs pour mieux expliquer l’impact de ces deux variables sur la
performance financière de la banque. L’évaluation des risques comprend l’évaluation de la
probabilité d’occurrence des risques et leur impact sur la banque. Le risque est un
évènement incertain qui peut se produire à n’importe quel moment et peut engendrer des
24
Clients à haut risque.
66
Chapitre 3 : L’impact de la gestion des risques de non-conformité sur le ROE : analyse empirique
conséquences néfastes d’où une évaluation régulière de ses risques est indispensable
surtout lors du lancement des nouveaux produits, la banque doit faire une évaluation des
risques susceptibles de se produire et vérifier si les mesures et les outils de contrôle actuels
sont suffisants ou d’autres procédures supplémentaires seront nécessaires pour assurer la
bonne gestion de ces nouveaux risques. Suivre régulièrement les risques liés à la
Conformité et au BA/FT permet leur mitigation et par conséquent éviter la détérioration de
la performance financière de la banque.
Ce n’est donc que par des programmes de formation réguliers et efficaces et une
communication claire des nouvelles réglementations relatives à la lutte contre le
blanchiment de capitaux, et des modifications apportées aux pratiques et procédures déjà
mis en circulation, que l’employé peut être encouragé à accomplir correctement les tâches
et les responsabilités qui lui sont confiées et savoir gérer les risques auxquels il est exposé,
c’est la première étape pour assurer une bonne gestion des risques de non-conformité et
protéger donc la banque des conséquences désastreuses et des pertes financières.
67
Chapitre 3 : L’impact de la gestion des risques de non-conformité sur le ROE : analyse empirique
Il existe une relation négative (β = - 0.243) et significative (0.034 < 0.05) entre les
ressources dédiées à la fonction Conformité et le ROE. Selon le tableau 4 de codage des
variables, nous avons (1. Ressources insuffisantes ; 2. Ressources acceptables ; 3.
Ressources Suffisantes). Par conséquent, plus les ressources de la Conformité sont
suffisantes c’est-à-dire plus les banques investissent dans cette fonction plus le montant du
budget qui lui est consacré sera élevé et plus le ROE sera impacté et variera dans un sens
inverse. Cela peut être traduit par le coût très important des ressources allouées à la
fonction Conformité. En effet, vu que les techniques de blanchiment d’argent et de
financement de terrorisme sont en évolution continue et les risques qui y sont liés sont
nombreux et peuvent paraître brusquement, il est nécessaire aux banques de disposer des
outils et des logiciels très sophistiqués et très développés afin de leur permettre de bien
identifier leurs clients, détecter et suivre les opérations et les transactions suspectes et
limiter les risques de BA/FT.
La variable degré de compétence des personnels (DCP) ne semble pas avoir joué un rôle
dans cette étude. Aucune dépendance n'a été trouvée, la DCP avait un effet non significatif
sur la performance financière mesurée par le ROE (0.403 > 0.05).
Ce résultat non significatif peut être expliqué du fait de la non variabilité des réponses
obtenues relatives à la question exprimant la variable indépendante DCP, en effet, tous les
responsables Conformité interrogés ont jugé de « bonnes à très bonnes » les compétences
professionnelles des membres de la fonction Conformité dans leurs établissements. Selon
68
Chapitre 3 : L’impact de la gestion des risques de non-conformité sur le ROE : analyse empirique
notre modèle de régression, le DCP ne semble pas avoir un effet direct sur la performance
financière. Cependant, une équipe de Conformité hautement qualifiée et expérimentée est
indispensable
Nous avons introduit la variable indépendante taille dans notre modèle de régression afin
de vérifier la nature de la relation entre celle-ci et le ROE. Il ne semble y avoir aucune
corrélation entre ces deux variables (Probabilité (P-value) non significative (0.888 >>
0.05)), cela signifie qu’aucune relation n’existe entre la taille et le ROE. Nous concluons
ainsi que même avec une taille faible des personnes composant la structure Conformité, il
n’y aura aucun impact sur la performance financière de la banque. Effectivement, les
banques qui ont réalisé un ROE élevé en 2018 telles que la BIAT (20.8%), la BH (15.4%),
l’UBCI (14.1%) allouent de quatre à six personnes uniquement pour la structure
Conformité dans leurs établissements. En d’autres termes, le nombre de personnels, quel
qu'il soit faible ou important, n’agit pas sur la variation du ROE, ce qui compte le plus
c’est la répartition efficiente des rôles et des tâches tout en tenant compte des
connaissances, des compétences et des qualités des employés.
Notre travail a certes permis d’obtenir plusieurs conclusions et résultats en ce qui concerne
l’apport de la fonction Conformité dans les établissements de crédit et le rôle important des
pratiques de gestion des risques de blanchiment d’argent dans la réalisation de la
performance financière de la banque. Néanmoins, cette étude n'est pas exempte de critiques
et elle possède des limites que nous soulignons ci-dessous.
Dans notre travail, nous nous sommes intéressées uniquement aux pratiques de gestion des
risques BA/FT tandis que plusieurs autres facteurs entrent dans la mesure de la
performance financière qui auraient pu être pris en compte dans notre étude. De plus, nous
avons choisi l’utilisation du ROE pour mesurer la performance financière et qui est perçue
comme un bon indicateur. Cependant dans le but d’affiner nos résultats et confirmer la
relation entre la gestion des risques BA/FT et la performance financière, plusieurs autres
déterminants de la performance auraient pu être considérés en plus du ROE.
69
Chapitre 3 : L’impact de la gestion des risques de non-conformité sur le ROE : analyse empirique
Parmi les difficultés que nous avons rencontrées étaient premièrement au niveau de la
distribution du questionnaire et de la collecte des informations. En effet, certains
répondants n’ont pas été disposés à fournir des informations suffisantes sur leurs
établissements car ils risquent de dévoiler des données confidentielles, d’où un biais pourra
provenir du fait que les répondants ont peut-être privilégié les réponses valorisantes.
D’autres n’ont pas été en mesure de répondre au questionnaire à cause de leur
indisponibilité et ont refusé ainsi de participer à l’enquête.
De plus, le secteur bancaire tunisien est d’une taille faible d’où la taille a représenté un
obstacle et notre étude était basée sur une population limitée. Plus la taille de l’échantillon
est importante plus les résultats seront fiables et précis.
La présente étude a été menée auprès du secteur bancaire tunisien et s’est intéressée plus
particulièrement à la gestion des risques de blanchiment d’argent et de financement de
terrorisme. Cependant, le domaine de la Conformité est large, son champ d’application est
très vaste et ne se limite pas à la lutte contre le blanchiment de capitaux et la gestion des
risques BA/FT. Ainsi, pour des résultats généralisés et plus pertinents de l’impact de la
gestion des risques de non-conformité sur la performance financière, des études futures
peuvent tout d’abord cibler tout le secteur financier et non pas les banques uniquement et
peuvent tenir compte d’autres risques liés à la non-conformité.
70
Chapitre 3 : L’impact de la gestion des risques de non-conformité sur le ROE : analyse empirique
Conclusion :
L’objectif de notre étude était d’évaluer la relation qui existe entre la gestion des risques de
non-conformité notamment les risques de BA/FT et la performance financière de la
banque.
Cela a été réalisé en collectant des informations auprès de l’ensemble de secteur bancaire
tunisien à travers la distribution d’un questionnaire aux responsables Conformité de chaque
banque.
A travers le questionnaire distribué, nous avons étudié la perception des responsables vis-
à-vis la Conformité, son rôle et son application dans la banque ainsi que son impact sur le
secteur bancaire en général. Il y avait une unanimité sur le fait que l’implémentation d’une
telle fonction dans la banque permet d’assurer la stabilité de secteur bancaire et de créer
une certaine loyauté et honnêteté dans ce secteur à travers les textes de lois et la
règlementation que les banques se trouvent obligées de les respecter pour éviter les
différents risques de non-conformité. De plus, les responsables se sont mis tous d’accord
sur le fait que l’application de la Conformité permet de garantir une bonne réputation de la
banque et influe donc positivement sur sa performance financière. La figure ci-dessous
explique ce qui a été mentionné.
71
Chapitre 3 : L’impact de la gestion des risques de non-conformité sur le ROE : analyse empirique
Respect de la
réglementation et
l'application des
lois
Gain de la
Attraction des
confiance des
clients
clients
Par ailleurs, l’analyse empirique a approuvé que notre hypothèse a été bien vérifiée. En
effet, 71% de la totalité des variables indépendantes introduites dans le modèle d’étude
avaient un impact significatif sur le ROE. Par conséquent, nous concluons qu’il existe une
relation entre les pratiques de la gestion de risques BA/FT et la performance financière de
la banque. Cette relation est positive pour le reporting et communication, la formation des
personnels et l’évaluation des risques. La figure ci-après montre la proportion de l’impact
de chaque variable sur le ROE.
Reporting et
communication
Formation des
14%
personnels
36%
17% Evaluation des
risques
Ressources dédiées à
la fonction
Conformité
72
Conclusion générale
CONCLUSION GENERALE
A cet égard, ce mémoire a compris trois chapitres dans lesquels nous avons présenté le cadre
légal et réglementaire international ainsi que national, la fonction Conformité, ses missions et
son apport au sein des banques. Ensuite, nous nous sommes intéressés au risque de
blanchiment d’argent et de financement de terrorisme vu que c’est le risque le plus important
et le plus répandu. En effet le BA/FT a connu une évolution rapide et profonde en s’intégrant
progressivement dans tout le système financier et économique. Une section a été consacrée
alors à la présentation du concept de ce fléau, ses étapes, les différentes techniques et
méthodes utilisées par les criminels pour blanchir l’argent sale. Et les dispositions et pratiques
appropriées que les banques doivent prendre pour lutter contre ce phénomène.
Pour répondre à notre question centrale, nous avons distribué aux banques installées en
Tunisie un questionnaire contenant des questions traitant la place et le rôle de la fonction
Conformité dans les banques. Effectivement, tous les responsables sont conscients de
l’importance de la mise en place d’une fonction Conformité dans leurs établissements qui sera
chargée d’identifier, évaluer et contrôler les risques de non-conformité.
Les résultats obtenus de l’analyse empirique faite à l’aide de SPSS25 ont confirmé l‘existence
d’un impact de la gestion des risques de BA/FT sur la performance financière (mesurée par le
ROE).
25
Statistical Package for the Social Sciences.
73
Bibliographie
BIBLIOGRAPHIE
Ouvrages et articles :
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Bibliographie
Rapports :
Circulaire BCT n° 2017-08 du 19 septembre 2017, telle que modifiée par la circulaire
n° 2018-09 du 18 octobre 2018.
Sites Web :
75
Bibliographie
76
Annexes
ANNEXES
77
Annexes
78
Annexes
79
Annexes
80
Annexes
81
Annexes
82
Annexes
83
Annexes
84
Annexes
85
Annexes
Objet : Dans le cadre de la réalisation du projet de mémoire de Mastère, nous vous serions
reconnaissants si vous répondez à ces questions qui traiteront l’impact des mesures et
procédures de la gestion des risques de non-conformité et de blanchiment de capitaux sur le
ROE de la banque.
Nous vous remercierons par avance pour votre intérêt et le temps que vous avez consacré à la
réponse à ce questionnaire.
NOTE:
Nom de l’établissement :
86
Annexes
1. Public
2. Privé
3. Off-shore
1. Oui
2. Non
……………………………………………………………………………………
Q3. Depuis combien de temps la structure Conformité est mise en place au sein de votre
établissement ?
Q4. La structure Conformité dans votre établissement est une structure indépendante ?
1. Oui
2. Non
1. La direction générale
2. Le conseil d’administration
3. Autres. Veuillez préciser …………………………………………………
87
Annexes
1. Oui
2. Non
Q9. Existe-t-il une relation entre la gestion des risques de non-conformité et la performance
financière des établissements de crédit ?
1. Oui
2. Non
Q10. Pensez-vous que les mesures de la gestion des risques de non-conformité ont un impact
sur la performance financière des établissements de crédit ?
1. Oui
2. Non
1. Positif
2. Négatif
Q11. Selon vous, les lois sont-elles efficaces pour contrôler la non-conformité dans les
établissements de crédit ?
1. Oui
2. Non
88
Annexes
Q12. Selon vous, les textes de lois peuvent être plus efficaces s’ils portent un plus de focus
sur :
Q13. Les membres de la fonction Conformité dans votre établissement disposent-ils des
qualifications nécessaires pour assurer la bonne gestion des risques de non-conformité ?
1. Oui
2. Non
1. Très mauvaises
2. Mauvaises
3. Moyennes
4. Bonnes
5. Très bonnes
1. Oui
2. Non
1. Faible
2. Moyenne
3. Forte
4. Critique
5. Inacceptable
89
Annexes
1. Annuellement
2. Semestriellement
3. Trimestriellement
4. Autres Veuillez préciser …………………………………………………
1. Oui
2. Non
1. Insuffisantes
2. Acceptables
3. Suffisantes
Q19. L’organe de la Conformité dans votre établissement a la liberté d’accès à toutes les
données et les documents nécessaires pour accomplir ses missions. Veuillez évaluer votre
accord avec ce qui précède :
90
Annexes
Q20. L’organe de la Conformité dans votre établissement réalise des rapports régulièrement ?
91
Annexes
92
Annexes
93
Annexes
94
Table de matières
CHAPITRE 1 ..............................................................................................................................4
Introduction :...............................................................................................................................4
Conclusion : ..............................................................................................................................18
CHAPITRE 2 ............................................................................................................................19
Introduction :.............................................................................................................................19
95
Table de matières
I. Définitions : ..................................................................................................................24
96
Table de matières
Conclusion : ..............................................................................................................................43
CHAPITRE 3 ............................................................................................................................44
L’impact de la gestion des risques de non-conformité sur le ROE : analyse empirique ..........44
Introduction :.............................................................................................................................44
I. Méthodologie : .............................................................................................................49
97
Table de matières
Conclusion : ..............................................................................................................................71
CONCLUSION GENERALE...................................................................................................73
BIBLIOGRAPHIE ....................................................................................................................74
ANNEXES ................................................................................................................................77
98