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UNIVERSITE DE TUNIS

INSTITUT SUPERIEUR DE GESTION

MEMOIRE DE MASTER PROFESSIONNEL

SPECIALITE
FINANCE, BANQUES ET ASSURANCES

PARCOURS
RISK MANAGEMENT

L’impact de la gestion des risques de non-conformité sur la


performance financière de la banque

NOUHA ANGAR

SOUS LA DIRECTION DE :

Mohamed Bechir LAKOUD : Enseignant vacataire et Expert bancaire


Helmi ZELFANI : Compliance Manager, BTL

ANNEE UNIVERSITAIRE 2018/2019


DEDICACES

Je dédie ce mémoire

A l’âme de mon cher père Saïd


J’aurais bien aimé que tu sois à mes côtés aujourd’hui, c’est grâce à tes conseils que je me
suis guidée vers la réussite et que j’ai gardé toujours mon optimisme. Rien ne vaut l’effort
que tu as fait pour ma formation et mon bien être. Je te remercie d’avoir été l’épaule
infatigable sur laquelle je me suis reposée. Je te remercie pour tes sacrifices, ton amour, ton
soutien moral et tes encouragements.

A ma chère mère Saïda


A la plus belle des mamans, j’exprime mon amour et ma gratitude pour tous les sacrifices
que tu as consentis pour atteindre ce stade, pour le grand amour que tu m’as donné et pour
toute ton assistance et ta présence dans ma vie.
Que Dieu te préserve en bonne santé et t’accorde une longue vie.

A mes frères Ahmed Wassel et Azem


Pour leurs encouragements, l’aide et le soutien qu’ils m’ont apportés.

A ma sœur Nada
Pour son affection et sa tendresse.

A ma tante Mariem MLAYEH pour son amour et sa générosité.

A toute ma famille ANGAR et MLAYEH

A tous mes amis qui étaient à mes côtés.

A toutes les personnes chères à mon cœur.

Qu’elles trouvent ici l’expression de toute ma gratitude.


REMERCIEMENTS

Je remercie ces personnes sans lesquelles ce travail n’aurait pas pris forme et sa réalisation
n’aurait pas été possible.

Je tiens à remercier mon encadrant pédagogique Monsieur Mohamed Bechir LAKOUD


pour la qualité de son encadrement, pour le temps qu'il m'a consacré et pour les judicieux
conseils qu’il m’a donnés tout au long de l’élaboration de ce mémoire.

J’exprime ma reconnaissance à mon encadrant professionnel Monsieur Helmi ZELFANI


pour m’avoir transmis ses connaissances et m’avoir accompagné tout au long de la
réalisation de ce travail. Je le remercie vivement pour la richesse de son savoir, son
expertise et son perfectionnisme.

Je remercie également Madame Olfa TRABELSI de m’avoir permis d’effectuer mon


stage au sein de la BTL, Madame Lobna BEJAOUI et Madame Dorsaf LAZAAR pour
leur aide durant ma période de stage.

Comme ce mémoire va marquer la fin de mes études, j’adresse mes remerciements aussi à
tous les professeurs de l’ISG notamment Monsieur Mohamed GABSI et Monsieur Slim
CHAOUACHI pour leur disponibilité et leurs aides très précieuses.

Je tiens à remercier finalement les membres de jury d’avoir accepté de juger mon travail.
LISTE DES ABREVIATIONS

BA/FT : Blanchiment d’argent et financement de terrorisme.

BCT : Banque Centrale de Tunisie.

BTL : Banque Tuniso-Libyenne.

CC : Connaissance de la clientèle.

CHR : Clients à haut risque.

CMF : Conseil du Marché Financier.

CTAF : Commission Tunisiennes des Analyses Financières.

FATCA: Foreign Account Tax Compliance Act.

GAFI : Groupe des Actions Financières.

INLUCC : Instance Nationale de la Lutte contre la Corruption.

KYC: Know Your Customer.

KYE: Know Your Employee.

LAB : Lutte contre le blanchiment d’argent.

LAB/FT : Lutte contre le blanchiment d’argent et de financement de terrorisme.

PPE : Personnes Politiquement Exposées.

ROE : Return on Equity.


LISTE DES FIGURES

Figure 1 : Corruption Perception Index 2018 ...................................................................... 12


Figure 2: Aperçu du blanchiment d'argent .......................................................................... 27
Figure 3 : Processus du blanchiment d'argent à travers les fausses factures ....................... 30
Figure 4 : Processus du blanchiment d'argent à travers les casinos en ligne ....................... 31
Figure 5 : Fiche signalétique de la BTL .............................................................................. 46
Figure 6 : Répartition du capital de la BTL ......................................................................... 46
Figure 7 : Organigramme de la fonction Conformité .......................................................... 48
Figure 8 : Répartition des banques ayant participé au questionnaire .................................. 52
Figure 9 : Année de l'implémentation de la fonction Conformité ....................................... 54
Figure 10 : Rattachement de la fonction Conformité dans les banques .............................. 55
Figure 11 : Perception par rapport a l'efficacité des textes de lois ...................................... 55
Figure 12 : Les programmes de Conformité assurent la stabilité du secteur bancaire ........ 56
Figure 13 : L'impact du non-respect des dispositifs de Conformité et de LAB/FT sur
l'image de la banque ..................................................................................................... 57
Figure 14 : La Conformité est un avantage compétitif pour la banque ............................... 58
Figure 15 : Relation entre la performance financière et les pratiques de gestion des risques
de non-conformité ........................................................................................................ 58
Figure 16 : Impact des pratiques de la gestion des risques de non-conformité sur la
performance financière ................................................................................................. 59
Figure 17 : Amélioration au niveau des textes de lois......................................................... 60
Figure 18 : Relation entre la Conformité et la performance financière ............................... 72
Figure 19 : Répartition des variables significatives ............................................................ 72
LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1 : Les organismes régionaux de type GAFI ........................................................... 7


Tableau 2 : Evolution de l'IPC de la Tunisie ....................................................................... 13
Tableau 3: Typologie des opérations necessitant une vigilance renforcée .......................... 37
Tableau 4 : Codage des variables ........................................................................................ 50
Tableau 5 : Statistiques descriptives des variables indépendantes ...................................... 61
Tableau 6 : Matrice de corrélation de Pearson .................................................................... 63
Tableau 7 : Récapitulatif du modèle .................................................................................... 64
Tableau 8 : Les coefficients de régression........................................................................... 65
Résumé

Les scandales financiers et l’évolution récente de la réglementation internationale ont obligé


les banques à mettre en place un système efficace de gestion des risques de non-conformité
pour démontrer leur conformité et éviter les sanctions et les pertes financières.

Ce rapport vise à analyser l’impact de la gestion des risques de non-conformité sur la


performance financière des banques installées en Tunisie. Avec un taux de réponse global de
89%, nous avons collecté des informations sur la gestion des risques de non-conformité et les
pratiques de lutte contre le blanchiment d’argent à partir d’un questionnaire créé et distribué
aux responsables de la fonction Conformité dans les banques. Le ROE a été utilisé dans cette
étude pour mesurer la performance financière. Les analyses statistiques effectuées sur les
données recueillies conduisent à révéler l’existence d’un impact des mesures de gestion des
risques de non-conformité sur la performance financière.

Mots clés : Réglementation, gestion des risques de non-conformité, lutte contre le


blanchiment d’argent et le financement de terrorisme, performance financière, banques,
impact.

Abstract

Financial scandals and recent development of international regulations have forced banks to
implement an effective system of compliance risk management in order to ensure their
compliance and avoid sanctions and financial losses.

This report aims to analyze the impact of compliance risk management on the financial
performance of banks in Tunisia. With an overall response rate of 89%, we collected
information on compliance risk management and anti-money laundering practices from a
questionnaire that was created and distributed to the banks’ chief compliance officers. ROE
was used in this study to measure financial performance. Statistical analyzes of the collected
Data show the existence of an impact of compliance risk management on financial
performance.

Keywords: Regulation, compliance risk management, anti-money laundering and countering


financing of terrorism, financial performance, banks, impact.
SOMMAIRE

INTRODUCTION GENERALE ................................................................................................1

CHAPITRE 1 ..............................................................................................................................4

Cadre légal et réglementaire de la lutte anti-blanchiment et de financement de terrorisme .......4

Introduction :...............................................................................................................................4

Section 1 : Cadre légal et réglementaire international : ..........................................................5

Section 2 : Cadre légal et réglementaire tunisien : ................................................................14

Conclusion : ..............................................................................................................................18

CHAPITRE 2 ............................................................................................................................19

Pratiques de gestion des risques BA/FT et performance financière .........................................19

Introduction :.............................................................................................................................19

Section 1 : Qu’est-ce que la Conformité ? ............................................................................21

Section 2 : Blanchiment d’argent et financement de terrorisme : Concept et techniques : 24

Section 3 : Impact de la gestion des risques de non-conformité sur la performance


financière : Revue de littérature : ..........................................................................................40

Conclusion : ..............................................................................................................................43

CHAPITRE 3 ............................................................................................................................44

L’impact de la gestion des risques de non-conformité sur le ROE : analyse empirique ..........44

Introduction :.............................................................................................................................44

Section 1 : Présentation de l’organisme d’accueil : ..............................................................45

Section 2 : Démarche méthodologique de l’étude empirique : .............................................49

Section 3 : Analyse descriptive : ...........................................................................................53

Section 4 : Analyse empirique : ............................................................................................60

Conclusion : ..............................................................................................................................71
CONCLUSION GENERALE...................................................................................................73

BIBLIOGRAPHIE ....................................................................................................................74

ANNEXES ................................................................................................................................77

TABLE DES MATIERES ........................................................................................................95


Introduction générale

INTRODUCTION GENERALE

Suite aux défaillances dues au non-respect des normes prudentielles, la crise financière de
2007 et des multiples scandales bancaires et financiers ont eu lieu ces dernières décennies
(Scandale de Panama, L’affaire de Stavisky, BNP Paribas, Enron, …). Ces crises ont
engendré, d’une part, des pertes financières dramatiques et même la faillite de certains
établissements de crédit et ont affecté et détérioré, d’une autre part, la stabilité du système
bancaire et financier international et donc toute l’économie mondiale.

Dans ce contexte, la place de la conformité a été consolidée pour répondre à ces nombreux
scandales financiers. En effet, pour faire face à ce genre d’événements, les régulateurs
internationaux et nationaux ont cherché à renforcer leurs exigences et ont imposé des
nouvelles modalités et procédures afin d’éviter les conséquences lourdes de ces scandales
(Pertes financières, atteinte à la réputation, …).

Dans les années 90, les établissements de crédit n’ont pas accordé une grande importance aux
risques liés à la non-conformité, pour eux, la Conformité était considérée uniquement comme
un simple respect des lois et des régulations et il n’y avait pas une entité indépendante chargée
de la Conformité dans ces établissements, jusqu'à ce que le comité de Bâle, en octobre 2003, a
recommandé l’implémentation d’une fonction de contrôle de la Conformité.

Cette fonction est en charge d’identifier, d’évaluer, de suivre et de maîtriser les risques de
non-conformité existants dans les établissements de crédit et c’est en collaboration avec les
autres organes de contrôle permanant.

Le comité de Bâle définit le risque de non-conformité comme étant :

« Un risque de sanction judiciaire, administrative ou disciplinaire, de perte financière


significative ou d'atteinte à la réputation, qui naît du non-respect de dispositions propres aux
activités bancaires et financières, qu'elles soient de nature législatives ou réglementaires, ou
qu'il s'agisse de normes professionnelles et déontologiques, ou d'instructions de l'organe
exécutif prises notamment en application des orientations de l'organe délibérant ».

1
Introduction générale

La prise en compte de ce risque est devenue alors essentielle et déterminante dans la gestion
des établissements de crédit. C’est pourquoi la majorité des banques cherchent à améliorer la
fonction de contrôle de la Conformité à travers la mise en place des outils permettant de
prévenir les risques et déceler les opérations de blanchiment d’argent et de financement de
terrorisme.

Le non-respect des réglementations et de dispositions législatives peut exposer les


établissements de crédit à ce risque de non-conformité qui peut toucher jusqu’à la réputation
de l’établissement en question outre les sanctions qu’ils pourraient encourir.

Pour échapper alors à ce risque, nous parlons de la nécessité d’une bonne gestion des risques
de non-conformité au sein des établissements de crédit. Ainsi, un ensemble de bonnes
pratiques doivent être implémentées afin de le prévenir et le mitiger.

L’objectif de ce travail est d’évaluer l’impact de la gestion des risques de non-conformité


notamment les risques BA/FT et la performance financière bancaire et plus précisément le
rendement des capitaux propres (ROE en anglais).

Dans ce sens, notre problématique est formulée comme suit :

Quel est l’impact de la gestion des risques de non-conformité sur la performance


financière de la banque ?

Pour répondre à cette problématique, nous avons élaboré un questionnaire qui a été distribué
aux responsables de la fonction Conformité des différentes banques en Tunisie. Pour l’analyse
des informations collectées, nous avons opté pour le logiciel d’analyse statistique SPSS
(Statistical Package for the Social Sciences).

Notre mémoire comprend trois chapitres :

Le premier chapitre sera consacré à la présentation du cadre légal et réglementaire de la lutte


anti-blanchiment et le financement de terrorisme, dans lequel nous allons découvrir les
différents acteurs internationaux et nationaux de la LAB/FT.

Dans le deuxième chapitre nous allons se focaliser sur la fonction Conformité, son rôle et ses
missions ainsi qu’à la gestion des risques de non-conformité et nous allons s’intéresser au
risque de blanchiment de capitaux et de financement de terrorisme.

2
Introduction générale

Finalement, le troisième chapitre constituera la réponse à notre problématique, En premier


lieu, nous présenterons le lieu de stage la banque Tuniso-Libyenne et la direction d’accueil et
en deuxième lieu, nous allons analyser et interpréter les différents résultats obtenus en faisant
situer l’impact de la gestion des risques de non-conformité et de BA/FT sur le ROE.

3
Chapitre 1 : Cadre légal et réglementaire de la lutte anti-blanchiment et de financement de terrorisme

CHAPITRE 1

Cadre légal et réglementaire de la lutte anti-blanchiment et de


financement de terrorisme

Introduction :

Le blanchiment d’argent et le financement de terrorisme sont des délits financiers qui ont des
effets économiques néfastes. En effet, ils peuvent construire une menace pour la stabilité du
secteur financier d’un pays. Ainsi, des mesures de lutte contre le blanchiment de capitaux et le
financement de terrorisme deviennent une nécessité et sont indispensables pour protéger
l’intégrité des marchés et la structure financière mondiale.

A cet égard, plusieurs organismes internationaux, régionaux et nationaux ont accordé une
grande attention à ce phénomène en faisant un focus sur les différents types des organisations
criminelles et les différentes techniques de blanchiment d’argent et de financement de
terrorisme.

Dans ce chapitre nous présenterons, alors, les différents acteurs dans la lutte contre le
blanchiment d’argent et le financement de terrorisme. A afin de porter plus d’éclaircissement,
nous divisons ce chapitre en deux sections : La première section sera consacrée pour présenter
le cadre légal et réglementaire international, et la deuxième portera sur le cadre légal et
réglementaire à l’échelle nationale.

4
Chapitre 1 : Cadre légal et réglementaire de la lutte anti-blanchiment et de financement de terrorisme

Section 1 : Cadre légal et réglementaire international :

Il existe beaucoup de groupes, d’organisations et de comités internationaux qui sont chargés


d’établir et de publier des recommandations et des normes dans le but de bien organiser et
guider les pays et les établissements de crédit en termes de LAB/FT.

Dans cette première section, nous allons présenter les différents acteurs internationaux
impliqués dans la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement de terrorisme ainsi
que leurs principales missions.

I. Le Groupe d’action financière (GAFI) :

Le groupe d’action financière appelé aussi en anglais FATF (Financial Action Task Force) est
un organisme intergouvernemental qui a été créé à Paris en 1989 et composé des pays
membres du G71 de la Commission européenne et de huit autres pays, le nombre de pays
membres s’est élargi, le GAFI rassemble actuellement 37 pays membres et 2 organisations
régionales (la Commission européenne et le Conseil de coopération du Golfe).

L’objectif principal de ce groupe est de concevoir et de promouvoir des stratégies de lutte


contre le blanchiment de capitaux, le financement de terrorisme et le financement de la
prolifération des armes et c’est à travers l’élaboration des recommandations internationales et
la mise en œuvre des mesures législatives, réglementaires et opérationnelles.

Le GAFI a élaboré une série de recommandations en matière de lutte contre le blanchiment


d’argent et le financement de terrorisme, ces recommandations ont été établies en 1990 dans
l’optique de lutter contre l’usage abusif des systèmes financiers à des fins de blanchiment de
l’argent de la drogue.

Les 40 recommandations ont été révisées pour la première fois en 1996, puis en 2001, 2003,
2012 et plus récemment en 2018. Après l’attaque terroriste de 11 Septembre 2011 et en
octobre de la même année, le GAFI a étendu son mandat pour s’intéresser aussi à la question
du financement de terrorisme et c’est en adoptant les 9 recommandations spéciales qui visent
à établir des mesures nécessaires pour lutter contre le financement des actes et des
organisations terroristes.

1
Le groupe des sept (G7) réunit les plus grandes puissances économiques du monde : États-Unis,
Canada, France, Italie, Allemagne, Royaume-Uni et Japon.

5
Chapitre 1 : Cadre légal et réglementaire de la lutte anti-blanchiment et de financement de terrorisme

Les recommandations définissent alors les mesures à mettre en œuvre afin de combattre le
blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme efficacement. Nous pouvons répartir
ces recommandations comme suit :

 Recommandation.1 à Recommandation.2 : L’identification des risques, le


développement de politiques appropriées et la coordination nationale.
 Recommandation.3 à Recommandation.8 : Agir contre le BA/FT.
 Recommandation.9 à Recommandation.23 : La mise en place des mesures
préventives pour le secteur financier ainsi que pour d’autres secteurs non financiers
désignés.
 Recommandation.23 à Recommandation.25 : Doter les autorités compétentes des
pouvoirs et des responsabilités nécessaires et la mise en œuvre d’autres mesures
institutionnelles.
 Recommandation.26 à Recommandation.35 : Renforcement de la transparence des
personnes morales et des structures juridiques et la disponibilité des informations sur
les bénéficiaires effectifs.
 Recommandation.36 à Recommandation.40 : Faciliter la coopération internationale.

Le GAFI appelle tous les pays du monde à s’engager à mettre en œuvre des lois et des
mesures efficaces pour mettre leurs systèmes nationaux de lutte contre le blanchiment de
fonds, le financement du terrorisme et le financement de la prolifération des armes massives
en conformité avec les normes internationales qui sont devenues le schéma directeur mondial
en matière de LAB/FT.

Le GAFI collabore avec des organismes régionaux de type GAFI et qui prennent part dans ses
travaux, ils s’engagent à participer d’une part à l’établissement des normes, lignes directrices
et autres politiques du GAFI dans le but de lutter contre le blanchiment d’argent et le
financement de terrorisme et de s’assurer de la mise en œuvre efficace des différentes normes.
La liste de ces organismes régionaux appelés aussi membres associés du GAFI est présenté
dans le tableau ci-dessous.

6
Chapitre 1 : Cadre légal et réglementaire de la lutte anti-blanchiment et de financement de terrorisme

Tableau 1 : Les organismes régionaux de type GAFI

Organisme régional Abréviation


Groupe d'Action Financière du Moyen- GAFIMOAN
Orient et de l'Afrique du nord
Groupe d'action financière des Caraïbes GAFIC
Conseil de l'Europe - MONEYVAL MONEYVAL
Groupe d'action financière d'Amérique latine GAFILAT
Groupe d'action contre le blanchiment GABAC
d'argent en Afrique Centrale
Groupe Anti-blanchiment de l'Afrique GABAOA
Orientale et Australe
Groupe Asie/Pacifique sur le blanchiment de GAP
capitaux
Groupe Eurasie ____
Groupe Intergouvernemental d’Action contre GIABA
le Blanchiment d’Argent en Afrique de
l’Ouest
Source : www.fatf-gafi.org.fr

II. Le Groupe d'Action Financière du Moyen-Orient et de l'Afrique du nord


(GAFIMOAN) :

Le GAFIMOAN est un groupe régional de type GAFI qui opère dans la région du Moyen
Orient et l’Afrique du Nord. Il a été créé en 30 novembre 2004 lors d’une réunion
ministérielle tenue à Bahreïn par les gouvernements de 21 pays2 dont la Tunisie.

Le groupe regroupe actuellement 20 pays suite à l’adhésion du Soudan, l’Iraq, la Djibouti, la


Lybie et la Mauritanie.

Ce groupe régional a pour objet d’adopter et de mettre en œuvre les 40 recommandations de


GAFI ainsi que les traités et accords pertinents de l'ONU et c’est dans le but d’établir un

2
Tunisie, Algérie, Maroc, Egypte, Liban, Syrie, Arabie Saoudite, Qatar, Bahreïn, Yémen, Jordanie,
Koweït, Libye, Émirats Arabes Unis, Oman, Somalie, Mauritanie, Iraq, Soudan, Djibouti, Palestine.

7
Chapitre 1 : Cadre légal et réglementaire de la lutte anti-blanchiment et de financement de terrorisme

système efficace de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme et


la prolifération des armes et de destruction massive dans la région MOAN.

III. Le Comité de Bâle :

Le Comité de Bâle ou Comité de Bâle sur le contrôle bancaire appelé aussi en anglais BCBS
(Basel Committee on Banking Supervision) a été créé en 1947 par les gouverneurs des
banques centrales du groupe des Dix « G103 ». Ce Comité traite les sujets relatifs à la
supervision bancaire au niveau international de manière périodique et régulière. Il se
préoccupe principalement du renforcement et de la fiabilité du système financier,
l’établissement de standards en matière de contrôle prudentiel, la promotion de la coopération
internationale en matière de blanchiment d’argent et la diffusion des meilleures pratiques
bancaires et de surveillance.

Le comité de Bâle joue un rôle très important dans la diffusion d’une culture contre le
blanchiment de fonds et le financement de terrorisme. Dans ce sens, en octobre 2001, le
Comité a publié un document « Customer Due Diligence for Banks » dans lequel il a insisté
sur l’importance des normes de la connaissance clientèle (CC) pour les autorités de contrôle et
les banques, en effet, « une inadéquation ou l’absence de normes CC peut exposer les
banques à des risques sérieux liés à sa clientèle et à ses contreparties, notamment risque
d’atteinte à la réputation, risque opérationnel, risque juridique et risque de concentration. »
Cette approche CC du Comité de Bâle s’inscrit, au-delà de la lutte contre le blanchiment de
fonds, mais plutôt dans une perspective prudentielle plus vaste.

Dans ce document aussi, le Comité de Bâle a mentionné certains éléments essentiels des
normes CC que les établissements de crédit doivent prendre en compte lors de l’élaboration
de leurs programmes connaissance de la clientèle.

1. Politique d’acceptation des nouveaux clients.


2. Identification de la clientèle.
3. Surveillance continue des comptes à risques élevés.
4. Gestion des risques.

3
Suisse, Japon, Royaume-Unis, Allemagne, France, Belgique, Etats-Unis, Canada, Suède, Pays-Bas,
Italie.

8
Chapitre 1 : Cadre légal et réglementaire de la lutte anti-blanchiment et de financement de terrorisme

Les établissements de crédit doivent construire une relation d’affaire saine et solide, celle-ci
se base sur une bonne connaissance du client dans la mesure où elle permet de déceler
éventuellement les transactions atypiques ou inhabituelles qui peuvent être liées à des
opérations suspectes.

En octobre 2004, le Comité de Bâle a publié « Consolidated KYC Risk Management » qui
vient renforcer les mesures d’identification de la clientèle publiées en 2001. A travers ce
document, le Comité a mis l’accent sur la nécessité d’instaurer la notion de Know Your
Customer (KYC) au sein des établissements de crédit considérée comme l’une des pratiques
essentielles de gestion de risques.

Le Comité de Bâle a consacré aussi dans ce document des précisions sur le rôle important de
superviseur qui ne doit pas se limiter uniquement à la supervision et au contrôle de
l’application des standards KYC dans les établissements de crédit, mais aussi à l’examen des
dossiers de la clientèle.

Le Comité de Bâle a publié « Sound Management of Risk Related to Money Laundering and
Financing of Terrorism » qui porte des lignes directrices expliquant comment intégrer les
risques de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme à la gestion globale des
risques des établissements de crédit.

L’objectif de ce document, publié en janvier 2014 et mis à jour en février 2016, consiste non
seulement à fusionner ces deux documents antérieurs, mais également de mettre à jour les
obligations qui en résultaient, notamment en tenant compte des nouvelles recommandations
du GAFI.

IV. Le Fonds monétaire international (FMI) :

En novembre 2001, le FMI a lancé un plan d’action au niveau national et international visant
à contrôler le respect des standards internationaux en matière de lutte contre le blanchiment
d’argent et le financement de terrorisme par tous les Etats membre de FMI.

Le FMI, en collaboration avec la Banque mondiale, a fortement augmenté son assistance


technique aux pays membres pour leur permettre d’améliorer leurs cadres financiers,
réglementaires et de contrôles de LBC/FT.

9
Chapitre 1 : Cadre légal et réglementaire de la lutte anti-blanchiment et de financement de terrorisme

Ces deux institutions ont élaboré un questionnaire sur le dispositif de lutte qui a été distribué
aux pays membres pour obtenir des informations sur leurs appareils juridiques et
institutionnels de lutte contre le blanchiment de fonds et le financement du terrorisme.

Les réponses obtenues sont parfois utiles pour identifier des besoins d’assistance technique.

V. L’Organisation des Nations unies (ONU) :

L’Organisation des Nations Unies est une organisation internationale fondée en 1945 et qui
regroupe aujourd’hui 193 Etats membres. Elle travaille essentiellement pour trouver des
solutions aux différents problèmes de l’humanité. A cet égard, son premier objectif est le
maintien de la paix et la sécurité à l’échelle internationale et pour arriver à accomplir cet
objectif, L’ONU traite et prend les mesures convenables et adéquates pour résoudre les
problèmes auxquelles sont confrontées les nations telles que le développement économique et
social, les droits de l’Homme, l'égalité entre hommes et femmes.

Elle tient compte également de la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement de


terrorisme. En effet, elle est la première organisation internationale à prendre des mesures
importantes pour la lutte contre le blanchiment de fonds à une échelle internationale.

Le Conseil de sécurité4 de l’organisation des nations unies a le pouvoir de lier tous les Etats
membres par l’adoption des résolutions du Conseil de sécurité. Dans ce sens, l’ONU a adopté
différentes conventions en matière de lutte contre le blanchiment de capitaux, le financement
de terrorisme, la corruption et tout autre acte de criminalité financière. Parmi lesquelles nous
citons :

 La convention des Nations Unies contre le trafic illicite de stupéfiants et de


substances psychotropes du 20 décembre 1988, ou encore convention de Vienne,
qui a marqué le lancement de la lutte contre le blanchiment des profits non licites.
 La convention pour la répression et le financement de terrorisme du 9 décembre
1999. Elle a pour objet le renforcement de la coopération internationale entre les Etats
et l’adoption des mesures efficaces pour la répression de financement de terrorisme.

4
Le Conseil de sécurité est l’un des six principaux organes de l’ONU créés par la Charte de l'ONU. Le
Conseil peut se réunir à tout moment en cas de menace contre la paix et la sécurité internationales.
Parmi ses principales responsabilités : la publication des résolutions, l'établissement de sanctions
internationales et le maintien de la paix.

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Chapitre 1 : Cadre légal et réglementaire de la lutte anti-blanchiment et de financement de terrorisme

 La convention de Palerme du 15 novembre 2000 contre la criminalité


transnationale organisée. Elle vise à permettre aux Etats signataires de coopérer
efficacement en harmonisant les définitions des incriminations pénales dans les
différents systèmes juridiques nationaux.
 La convention des nations unies contre la corruption du 31 octobre 2003 et elle est
considérée comme le premier instrument mondial de lutte contre la corruption et les
crimes organisés.

VI. Le Wolfsberg Group (WG):

Le Wolfsberg Group est une association non gouvernementale rassemblant 13 banques


mondiales qui définit des standards pour les établissements financiers en matière de
connaissance des clients (KYC) et lutte contre le blanchiment d’argent et le financement de
terrorisme.

Les principes de Wolfsberg Group en matière de lutte contre le blanchiment de fonds ont été
publiés en en octobre 2000, révisés en mai 2002 et, plus récemment, en juin 2012.

Le groupe a publié un nombre important de documents consultables en plusieurs langues sur


son site. Ces documents peuvent être sous la forme des principes de lutte contre le
blanchiment des capitaux pour les banques correspondantes, des orientations sur une approche
basée sur les risque, des déclarations sur le financement de terrorisme, des lignes directrices
sur les programmes de conformité aux lois anti- corruption, des principes de financement de
terrorisme, des foires aux questions sur les personnes politiquement exposées (PPE) et une
déclaration approuvant les mesures visant le renforcement des virements internationaux.

Les documents publiés par Wolfsberg Group sont désignés pour fournir aux institutions
financières (IF) une perspective sectorielle sur la gestion efficace des risques liés à la
criminalité financière. Les institutions financières peuvent chercher à adhérer aux différents
documents de WG de plusieurs manières, cependant les moyens par lesquels chaque IF choisit
d’adopter ces documents doivent être propres à chacune dans la mesure où chaque institution
financière doit avoir une stratégie de mitigation de risque propre à elle et adaptée à son niveau
de risque.

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Chapitre 1 : Cadre légal et réglementaire de la lutte anti-blanchiment et de financement de terrorisme

VII. Transparency International (TI) :

Transparency International est une organisation internationale non gouvernementale d’origine


allemande chargée de la lutte contre la corruption. Elle rassemble la société civile, le secteur
privé et les gouvernements en une puissante coalition mondiale. TI travaille aux niveaux
international et national pour surveiller le corrupteur et le corrompu, elle possède aujourd’hui
80 sections nationales dans 110 juridictions.

Elle publie régulièrement des indices internationaux permettant d'évaluer le taux de


corruption des pays du monde, parmi lesquels, il existe trois indices remarquables « Global
Corruption Baromètre », « Bride Payers Survey » et « Corruption Perceptions Index ».

L’indice de perception de la corruption (IPC) 2018 s’est appuyé sur 13 enquêtes et


évaluations d’experts pour mesurer la corruption dans 180 pays et territoires, en attribuant à
chacun un score allant de zéro (fortement corrompu) à 100 (très peu corrompu).

Malgré certains progrès par rapport aux résultats trouvés en 2017, cet indice montre que
l’incapacité de la plupart des pays à contrôler de manière significative la corruption persiste.

Figure 1 : Corruption Perception Index 2018

Source : www.transparency.org

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Chapitre 1 : Cadre légal et réglementaire de la lutte anti-blanchiment et de financement de terrorisme

Nous montrons dans ce tableau, l’évolution de l’indice de perception de la corruption relatif à


la Tunisie sur les trois dernières années.

Tableau 2 : Evolution de l'IPC de la Tunisie

2016 2017 2018


Score 41 42 43
Rang 75 74 73

La Tunisie obtient le score de 43 en 2018, gagnant ainsi un point par rapport à l’année 2017
soit une hausse de 1%. Avec ce score, elle arrive en 73ème place sur 180 pays. Depuis 2016,
la Tunisie continue de grimper au classement de la lutte contre la corruption, bien que celle-ci
se fasse lentement.

VIII. Le USA PATRIOT ACT :

C’est une loi américaine antiterroriste dite aussi « Money Laundering abatement Act » a été
née le 26 octobre 2001 et votée par le Congrès américain comme une réponse directe aux
attentats du 11 septembre 2001.

Le USA PATRIOT ACT vise à unir et renforcer l’Amérique en fournissant les outils
nécessaires et convenables pour déceler tout acte de nature terroriste.

Cette loi considère que les clients étrangers de banques américaines constituent un risque pour
la sécurité. En effet, elle exige que toute banque américaine doive recevoir certains
renseignements de toute banque étrangère qui détient un compte de correspondant aux États-
Unis. Dans ce sens, pour se conformer aux exigences de cette loi, les banques sont appelées à
remplir deux engagements d’identification de leur clientèle et de repérage des transactions
suspectes.

IX. Foreign Account Tax Compliance Act (FATCA):

FATCA est une loi américaine adoptée en mars 2010 et entrée en vigueur depuis juillet 2014,
elle oblige les établissements financiers étrangers ayant signé l’accord à procéder à une
déclaration annuelle à l’administration fiscale américaine (IRS – Internal Revenue Service)
des revenus et des avoirs détenus par les citoyens américains non-résidents aux Etats-Unis.

13
Chapitre 1 : Cadre légal et réglementaire de la lutte anti-blanchiment et de financement de terrorisme

Dans de nombreux pays, l’application de cette loi s’inscrit dans le cadre d’accords
intergouvernementaux (Intergovernmental Agreements ou IGAs) signés entre le
gouvernement des Etats-Unis et les gouvernements de chacun des pays partenaires.

Ces accords intergouvernementaux visent à permettre et exiger (pour toutes les banques et les
établissements financiers étrangers) la communication d’informations fiscales et bancaires des
citoyens américains soit directement à l’administration fiscale américaine (IRS), soit à
l’autorité fiscale nationale de chaque pays, qui doit à son tour les transmettre à l’IRS. Les
pays qui ont signé cet accord étaient au nombre de 113 en juillet 2018, la Tunisie aussi a signé
cet accord le 13 mai 2019.

L’objectif de cette loi est de s’assurer de la communication et de la déclaration des revenus


perçus sur les biens et avoirs financiers détenus à l’extérieur des Etats-Unis par les personnes
(physiques ou morales) soumises à l’impôt américain.

Section 2 : Cadre légal et réglementaire tunisien :

Comme à l’échelle internationale, la Tunisie est impliquée dans la lutte contre le blanchiment
d’argent et le financement de terrorisme. En effet, des acteurs nationaux interviennent afin de
combattre ce fléau. Ils s’inspirent de la réglementation internationale, des recommandations et
des normes des organismes mondiaux en matière de LAB/FT pour publier des lois nationales.

La loi organique n°2019-09 du 23 janvier 2019, portant sur la répression du blanchiment


d’argent et la lutte contre le terrorisme, vient modifier et remplacer la loi n°2015-26 qui
modifie à son tour la loi organique n°2003-75 de 10 décembre 2003.

Cette loi contient 143 articles divisés en trois chapitres comportant chacun plusieurs sections.
Le premier chapitre a été consacré à la lutte contre le terrorisme, sa définition, les infractions
terroristes ainsi que les peines encourues. Le deuxième chapitre a porté sur la répression du
blanchiment d’argent. Finalement, un dernier chapitre a mis l’accent sur les dispositions à
prendre pour la LAB/FT dont les mesures de vigilances à prendre en compte, l’instauration
d’une commission tunisienne des analyses financières (CTAF) et l’obligation de déclaration
des transactions et des opérations en cas de soupçon.

14
Chapitre 1 : Cadre légal et réglementaire de la lutte anti-blanchiment et de financement de terrorisme

I. La Banque Centrale de Tunisie (BCT) :

La Banque Centrale de Tunisie a renforcé ses travaux de recherche pour mettre à sa


disposition et à la disposition des banques installées en Tunisie des moyens et des outils de
contrôle renforcés qui permettent de trouver des solutions aux problèmes liés au blanchiment
de capitaux et au financement de terrorisme.

Dans ce sens, la Banque Centrale de Tunisie a procédé à la diffusion de plusieurs circulaires,


la dernière circulaire n°2018-09 a été publiée le 08 octobre 2018 et qui vient modifier et
compléter la circulaire n°2017-08 relative à la mise en place des règles de contrôle interne
pour la gestion du risque de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme.

Cette circulaire comporte les différentes pratiques de gestion des risques de blanchiment
d’argent et de financement de terrorisme à mettre en place pour assurer l’efficacité des
dispositifs LAB/FT des banques et des établissements financiers.

II. La Commission Tunisienne des Analyses Financières (CTAF) :

La CTAF est une Cellule de Renseignements Financiers5 qui a été constituée par l'article 78
de la loi organique n°2003-756. Elle est chargée de la réception, de l'analyse des déclarations
de soupçon ainsi qu’à la transmission au procureur de la République des déclarations dont
l'analyse a confirmé le soupçon. (Voir annexe 1).
L’article 119 de la loi n°2019-097 modifiant et complétant la loi 2015-26 a dicté la
composition de la CTAF comme suit :

 Le Gouverneur de la Banque centrale de Tunisie ou son représentant ;


 Un magistrat de troisième grade ;
 Un expert représentant le ministère de l’intérieur ;
 Un expert du ministère des finances, représentant la direction générale des douanes ;
 Un expert représentant le conseil du marché financier ;
 Un expert représentant le ministère chargé des télécommunications ;

5
Centre national pour la réception et l’analyse des déclarations d’opérations suspectes et des autres
informations concernant le blanchiment de capitaux, les infractions sous-jacentes associées et le
financement du terrorisme.
6
Loi n° 2003-75 du 10 décembre 2003, relative au soutien des efforts internationaux de lutte contre le
terrorisme et à la répression du blanchiment d'argent.
7
Loi organique n° 2019-9 du 23 janvier 2019, modifiant et complétant la loi organique n° 2015-26 du
7 août 2015, relative à la lutte contre le terrorisme et à la répression du blanchiment d’argent.

15
Chapitre 1 : Cadre légal et réglementaire de la lutte anti-blanchiment et de financement de terrorisme

 Un expert représentant le comité général des assurances ;


 Un expert spécialisé en matière de lutte contre les infractions financières ;
 Un expert représentant l’association professionnelle des banques et des établissements
financiers ;
 Un expert représentant l’instance chargée de la lutte contre la corruption ;
 Un expert représentant l’autorité de tutelle sur la micro finance.

Les membres de la CTAF sont nommés par décret gouvernemental pour une durée de six ans
avec renouvellement du tiers des membres une fois tous les deux ans.
L’article 120 de la loi 2015-26 énumère les missions de la commission, nous citons ci-dessous
quelques-unes :

 L’établissement et la diffusion des principes directeurs permettant aux personnes


assujetties de déceler les opérations et les transactions suspectes et les déclarer ;
 Le recueil et l’analyse des déclarations concernant les opérations et les transactions
suspectes et inhabituelles ;
 L’assistance à l’élaboration de programmes ayant pour objectif la lutte contre les
circuits financiers illicites et la répression de blanchiment d’argent et de financement
de terrorisme ;
 La représentation des différents services et organismes concernés par ce domaine au
niveau national et international, et faciliter la communication entre eux ;
 La coordination entre les différentes autorités concernées dans ce domaine sur le plan
national et faciliter la communication entre elles.

Il est à noter que la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement de terrorisme ne


se limite pas aux banques seulement, une liste des personnes assujetties définie par l’article
107 de la loi 2019-09 sont tenues de faire une déclaration écrite à la CTAF sur toute opération
inhabituelle susceptible d’être liée à ce phénomène. Cette liste est composée :

 Des établissements de crédit et les établissements financiers ;


 Des institutions de micro finance ;
 De l’office national de la poste ;
 Des intermédiaires en bourse ;
 Des sociétés d’assurances et de réassurance et les intermédiaires en assurance ;
 Des bureaux de change ;

16
Chapitre 1 : Cadre légal et réglementaire de la lutte anti-blanchiment et de financement de terrorisme

 Des professions et des activités non financières tels que les avocats, les notaires, les
experts comptables, les agents immobiliers, les bijoutiers, les commerçants des
métaux précieux et de tout autre objet précieux et les dirigeants de casinos.

Dans le but de booster la qualité du renseignement financier, contrer et renforcer les outils de
LAB/FT et assurer la sécurité de la Tunisie, la CTAF coopère avec des partenaires nationaux
dont l’Instance Nationale de Lutte Contre la Corruption (INLUCC) ainsi que des partenaires
internationaux (GAFI, GAFIMOAN, …).

III. L’Instance Nationale de la Lutte contre la Corruption (INLUCC) :

L’INLUCC a été créée par le décret-loi 2011-120 du 14 novembre 2011 et se compose d’un
président, d’un conseil, d’un organe de prévention et d’investigation et d’un secrétariat
général.

L’instance joue un rôle de facilitateur en matière de lutte contre la corruption. L’instance est
chargée de proposer, en collaboration avec les parties concernées, des politiques de lutte
contre la corruption, réunir des données relatives à la corruption pour construire une base de
données, faciliter le contact et la communication entre les différents acteurs et diffuser une
culture anti-corruption à travers les campagnes de sensibilisation, la publication des guides,
les stages de formation et les colloques.

17
Chapitre 1 : Cadre légal et réglementaire de la lutte anti-blanchiment et de financement de terrorisme

Conclusion :

Face à la montée en puissance des organisations criminelles et du phénomène de blanchiment


d’argent et de financement de terrorisme qui est devenu largement répandu, des organismes
internationaux ont été créés pour mettre en œuvre des stratégies et publier des directives et des
recommandations qui doivent être entrepris au plan national pour contrer et réprimer le
blanchiment de fonds et le financement de terrorisme.

La Tunisie est engagée activement au niveau international dans la LAB/FT. Elle participe à
l’élaboration de nombreux standards internationaux et prend part dans la collaboration avec
les autres pays.

Ainsi ce premier chapitre nous a permis de s’introduire dans le monde de blanchiment


d’argent et le financement de terrorisme. Et ce, en abordant et présentant les différents acteurs
internationaux et nationaux et les différentes procédures, normes et lois à respecter pour la
lutte et la prévention du blanchiment de capitaux.

Dans le deuxième chapitre, nous allons se focaliser sur la notion de la Conformité et ses
missions ainsi qu’au blanchiment de capitaux et financement de terrorisme et les mesures
nécessaires pour leur gestion, ce domaine qui a connu un essor important lors des dernières
années.

18
Chapitre 2 : Pratiques de gestion des risques LAB/FT et performance financière

CHAPITRE 2

Pratiques de gestion des risques BA/FT et performance financière

Introduction :

Les établissements de crédit accordent de plus en plus une grande importance aux risques et à
leur gestion. En effet, suite aux multiples scandales financiers qui ont eu lieu au cours de ces
dernières décennies, les établissements bancaires ont pris conscience de l’importance de la
mise en place des différentes mesures et pratiques de gestion des risques afin de diminuer leur
exposition au risque et réduire ainsi les dommages qui peuvent survenir à cause de cet
événement.

Face à ces événements bouleversant la stabilité du système bancaire et financier, les autorités
réglementaires ont été aussi forcées de réfléchir aux nouveaux moyens et solutions pour
renforcer les politiques de maîtrise des risques ainsi que les systèmes de contrôle interne
notamment le contrôle de la Conformité. Dans ce contexte, le comité de Bâle a publié en
octobre 2003 un document consultatif8 portant sur la fonction Conformité.

L’objectif de ce document est d’instaurer et de diffuser une culture conformité dans les
établissements de crédit afin que ces derniers accordent plus d’attention à la gestion des
risques de non-conformité.

Dans ce présent chapitre nous allons traiter dans une première section la notion de la
Conformité, les risques qui y sont liés et les missions de la fonction Conformité dans les
établissements de crédit.

Dans la deuxième section nous allons se focaliser sur la gestion des risques de blanchiment
d’argent et de financement de terrorisme. Ce phénomène qui constitue aujourd’hui l’une des

8
Consultative Document on the Compliance Function in Banks.

19
Chapitre 2 : Pratiques de gestion des risques LAB/FT et performance financière

préoccupations majeures de la fonction Conformité au sein des banques qui mettent en


application les mesures et les procédures en matière de LAB/FT.

Une troisième section sera consacrée à une revue de littérature par rapport à l’impact de
pratiques de gestion des risques de non-conformité sur la performance financière.

20
Chapitre 2 : Pratiques de gestion des risques LAB/FT et performance financière

Section 1 : Qu’est-ce que la Conformité ?

A travers cette section, nous définissons la notion de la Conformité, les différents types des
risques qui y sont liés, puis nous allons présenter la fonction Conformité au sein des
établissements de crédit ainsi que ses principales missions.

I. Notion de la Conformité :

La Conformité se définit comme l’obligation de respecter les dispositions réglementaires et


législatives propres aux activités de la banque, les normes déontologiques et professionnelles
ainsi que les procédures internes et les codes de conduites particulièrement le code éthique.

II. Les risques de non-conformité :

L’inadéquation de la fonction Conformité au sein des établissements de crédit ou le non-


respect des dispositions réglementaires et législatives peuvent être l’origine de la naissance
des risques de non-conformité. Ci-dessous, nous allons définir les risques de non-conformité
qu’un établissement de crédit peut encourir.

II.1. Le risque de sanction judiciaire :

Ce risque est représenté dans la possibilité que des jugements défavorables, des procès ou la
non-exécution des contrats bouleversent la situation d’un établissement.

II.2. Le risque de sanction administrative ou disciplinaire :

C’est le résultat de la décision des autorités de supervision (CTAF, BCT) en cas


d’incrimination de l’établissement de crédit. La sanction peut être sous forme
d’avertissement, blâme, etc.

II.3. Le risque de perte financière :

C’est le risque le plus connu suite à une fraude ou à une incapacité d’être conforme. Les
établissements de crédit peuvent subir suite à l’exposition à ce risque des pertes financières
colossales comme c’était le cas pour plusieurs grands établissements bancaires qui ont été
obligés de payer cher.

21
Chapitre 2 : Pratiques de gestion des risques LAB/FT et performance financière

II.4. Le risque d’atteinte à la réputation :

Ce risque est considéré comme une lourde menace pour les établissements de crédit. Il peut
être défini comme « l’éventualité qu’une publicité défavorable, justifiée ou non, concernant
des pratiques et connexions d’une banque n’entraîne une perte de confiance dans l’intégrité
de l’établissement9 ». La médiatisation excessive de cette publicité défavorable peut accroître
l’impact sur la réputation de l’établissement bancaire.

Dans ce sens, les établissements de crédit peuvent connaître une dégradation et une
détérioration sensible de leur image. Ainsi, elles doivent penser à se protéger en ayant recours
à des programmes KYC efficaces.

III. La fonction Conformité au sein des établissements de crédit :

La fonction de contrôle de la Conformité appelée aussi fonction de Conformité occupe une


place dominante dans les établissements bancaires. Elle constitue un des piliers du contrôle du
secteur bancaire et elle prospère avec le développement de la réglementation.

La fonction Conformité couvre tous les métiers et toutes les activités de l’établissement, elle
veille à la mise en conformité des activités exercées par les groupes bancaires avec les lois, les
règlements internes, les procédures et les bonnes pratiques qui portent notamment sur :

 La lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement de terrorisme ;


 La prévention des fraudes ;
 La protection des données personnelles ;
 La sécurité financière ;
 La déontologie professionnelle ;
 Etc.

En Tunisie, la circulaire de la BCT n°2006-06 du 24 juillet 2006 a imposé aux banques et aux
établissements financiers de créer un système de contrôle de la Conformité.

Dès lors, les établissements de crédit se sont retrouvés dans l’obligation d’avoir un organe
chargé de la fonction contrôle de la Conformité et d’un responsable de la Conformité appelé

9
Comité de Bâle sur le contrôle bancaire. (2011, Octobre). Devoir de diligence des banques au sujet
de la clientèle.

22
Chapitre 2 : Pratiques de gestion des risques LAB/FT et performance financière

aussi « Compliance Officer » en anglais. Il est responsable principalement d’identifier,


évaluer et gérer les risques de non-conformité, mais, il sera également chargé de :

 La mise en place d’un plan de contrôle des risques de non-conformité :


 La mise en place d’un dispositif de lutte contre le blanchiment d’argent et le
financement du terrorisme ;
 La diffusion de la culture de la Conformité et la sensibilisation des membres de la
fonction Conformité ainsi que les autres personnels de l’importance de l’impact de la
non-conformité sur l’établissement de crédit.

Le responsable Conformité donne aussi son avis à la direction générale sur les nouvelles
orientations possibles en ce qui concerne le développement du dispositif LAB/FT.

IV. Les missions de la fonction Conformité :

La fonction Conformité est considérée comme une fonction jeune, nouvellement installée au
sein des banques tunisiennes et qui se développe toujours depuis son apparition à la fin des
années 80. Les missions de la fonction Conformité sont nombreuses, citons ci-dessous celles
qui sont considérées les plus importantes :

 Veiller à la bonne organisation et l’efficacité du système de contrôle dans


l’établissement de crédit et assurer la supervision de ce système. Dans ce cadre, la
fonction Conformité est chargée d’identifier, d’évaluer les risques de non-
conformité, mesurer leurs conséquences et les effets qu’ils peuvent avoir sur le bon
déroulement de l’activité de l’établissement ;
 Elaborer une cartographie des risques de non-conformité en suivant les étapes ci-
dessous :
1. L’identification des risques inhérents.
2. La quantification des risques : C’est à partir d’une échelle simple établie dans le
but de déterminer les zones les plus exposées afin de mesurer ensuite l’exposition
de chaque entité au risque. Echelle de risque [Probabilité d’occurrence X Impact].
3. Le suivi des risques : identification des zones non suivies et détermination des
indicateurs de suivi par type de risque.

23
Chapitre 2 : Pratiques de gestion des risques LAB/FT et performance financière

4. La maîtrise du risque : identification des besoins à mettre en place, renforcement


du contrôle, détermination du niveau de tolérance maximale et les nouvelles
orientations de maîtrise des risques à mettre dans les dispositifs existants.
 Communiquer au conseil d’administration, à la direction générale et au comité
d’audit des rapports comportant les mesures et les actions nécessaires à prendre
pour maîtriser les risques de non-conformité ;
 Vérifier si les transactions et les opérations de la banque sont en conformité avec
la réglementation.

Comme mentionné ci-dessus, ce mémoire va traiter l’impact de la gestion des risques de non-
conformité sur la performance financière de la banque. Cependant, nous ne pouvons pas
prendre en compte tous les risques de non-conformité. En effet, cette fonction est très large et
vise plusieurs domaines, nous nous intéressons essentiellement dans ce présent mémoire à la
Conformité en matière de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement de terrorisme
vu que ce phénomène constitue une des préoccupations majeures de la fonction Conformité
au sein des banques et nous allons se focaliser donc sur la gestion des risques BA/FT.

Section 2 : Blanchiment d’argent et financement de terrorisme : Concept


et techniques :

Le risque BA/FT est devenu l’un des risques les plus importants dans tout établissement de
crédit. Il peut exposer la banque aux sérieux problèmes s’il n’est pas bien géré et contrôlé. Sa
gestion et sa maîtrise entre dans les intérêts et les métiers de la fonction Conformité, il est
alors considéré parmi les risques de non-conformité.

Dans cette deuxième section, nous présentons ce phénomène, ses étapes et les différentes
techniques employées pour blanchir l’argent. Puis nous allons s’intéresser en se référant à la
circulaire n° 2017-08 du 19 septembre 2017 aux différentes mesures et pratiques pour la
gestion du risque de blanchiment d’argent et de financement de terrorisme dans les banques.

I. Définitions :

Commençons par la définition du financement de terrorisme puis celle du blanchiment


d’argent et les différentes phases qui le caractérisent.

24
Chapitre 2 : Pratiques de gestion des risques LAB/FT et performance financière

I.1. Définition du financement de terrorisme :

La convention10 de l’ONU du 9 décembre 1999 a défini le financement de terrorisme :


« Commet une infraction au sens de la Convention, quiconque, par quelque moyen que ce
soit, directement ou indirectement, illicitement et délibérément, fournit ou réunit des fonds
dans l'intention de les voir utiliser ou en sachant qu'ils seront utilisés, en tout ou partie, en
vue de commettre une des infractions visées dans les traités énumérés dans l'annexe à la
Convention, ou un acte destiné à tuer ou blesser grièvement une personne qui ne participe
pas directement aux hostilités dans le but d'intimider une population ou de contraindre un
gouvernement ou une organisation internationale à accomplir ou à s'abstenir d'accomplir un
acte quelconque ».

Sur le plan national, l’article 98 de la loi organique n°2015-2611 définit le financement de


terrorisme :

« Toutes formes de soutien et de financement de personnes ou organisations ou activités en


rapport avec les infractions terroristes prévues par la loi n°2015-26 et autres activités
illégales, qu’elles leur soient accordées de manière directe ou indirecte, à travers des
personnes physiques ou morales, quelqu’en soit la forme ou l’objet, même si le but qu’elles
poursuivent est à caractère non lucratif ».

Le financement de terrorisme consiste, donc, à fournir des sommes d’argent dans le but de
financer des actes terroristes. Ce financement peut se faire à travers des sommes provenant
autant de sources légales que de sources illégales.

Depuis les attentats de 11 septembre 2011, la lutte contre ce phénomène a fait l’objet de
toutes les priorités. Les Etats ont élargi ainsi leur législation contre le blanchiment de fonds
aux activités terroristes.

10
La convention internationale pour la Répression du Financement du Terrorisme, adoptée par
l’assemblée générale des Nations Unies le 9 décembre 1999 à New York.
11
Loi organique n° 2015-26 du 07 aout 2015 relative à la lutte contre le terrorisme et la répression du
blanchiment d'argent.

25
Chapitre 2 : Pratiques de gestion des risques LAB/FT et performance financière

I.2. Définition du blanchiment d’argent :

Selon GAFI : « Le blanchiment de capitaux consiste à retraiter des produits d’origine


criminelle pour en masquer l’origine illégale. Ce processus revêt une importance essentielle
puisqu’il permet au criminel de profiter de ces bénéfices tout en protégeant leur source ».

Sur le plan national, le blanchiment d’argent a été défini selon l’article 92 de la loi organique
n° 2015-26 qui abroge la loi n° 2003-75 « Est considéré blanchiment d’argent, tout acte
intentionnel qui vise par tout moyen à la justification mensongère de l'origine illicite des
biens meubles ou immeubles ou des revenus provenant directement ou indirectement de tout
crime ou délit passible d’une peine d’emprisonnement de trois ans ou plus ainsi que tout délit
sanctionné en vertu du code des douanes ». Aussi « Constitue également un blanchiment
d’argent, tout acte intentionnel ayant pour but le placement, le dépôt, la dissimulation, le
camouflage, l’administration, l’intégration ou la conservation du produit provenant
directement ou indirectement des infractions prévues par l’alinéa précédent ainsi que la
tentative, la complicité, l’incitation, la facilitation, ou l’apport de concours à le commettre ».

Le blanchiment d’argent consiste alors à cacher les traces de l’origine illicite de l’argent en le
réintroduisant dans le système financier et économique à travers des activités légales. Trois
étapes caractérisent le processus de blanchiment de capitaux à savoir :

 Le placement :

Cette première étape est appelée aussi immersion ou prélavage. Elle consiste en la conversion
des sommes importantes de façon à en cacher leur origine criminelle et illégale. Il s’agit de
faire entrer l’argent à blanchir dans les circuits financiers. Quand les sommes sont de montant
faible, cette première étape est aisément dissimulable. Par contre, lorsque le blanchisseur
dispose des sommes importantes, l’opération de dépôt dans un compte bancaire sera
facilement détectable.

Plusieurs méthodes sont utilisées : l’achat d’instruments monétaires, le dépôt d’argent dans
des comptes bancaires, etc. Les trafiqueurs utilisent souvent la méthode de schtroumphage qui
consiste à faire multiplier les versements et les dépôts de petites sommes pour qu’elles soient
inférieures au seuil fixé par les régulateurs.

26
Chapitre 2 : Pratiques de gestion des risques LAB/FT et performance financière

 L’empilage :

Aussi appelé lavage ou dissimulation. Il s’agit de rendre floue l’origine illégale de l’argent et
donc faire disparaître la traçabilité de l’argent sale12. Ceci se fait en plaçant successivement
les sommes d’argent dans plusieurs comptes bancaires dans différents établissements et
différents pays, ce qui rend complexe et opaque l’opération de surveillance et de suivi des
opérations et transactions financières.

 L’intégration :

La troisième étape peut être appelée aussi essorage ou recyclage. A cette phase, l’argent
d’origine criminelle a repris un aspect légal et la preuve de l’illégalité des fonds devient
presque impossible. L’utilisation de ces fonds blanchis dans le circuit financier peut prendre
plusieurs formes : Investissements commerciales, Acquisition d’immeubles et de biens de
luxe, etc.
Figure 2: Aperçu du blanchiment d'argent

Source : OCDE. (2009). Le manuel de sensibilisation au blanchiment de capitaux à l'intention des


vérificateurs fiscaux.

12
L’argent obtenu illégalement, qui provient du trafic, de la fraude fiscale, du vol, de la drogue, etc.

27
Chapitre 2 : Pratiques de gestion des risques LAB/FT et performance financière

II. Techniques de blanchiment d’argent :

Les criminels cherchent toujours des techniques innovantes et plus sophistiquées pour
exploiter les faiblesses du système financier. Les formes de blanchiment de capitaux sont
extrêmement variées et innovantes et toujours en évolution rapide et continue. Cela traduit les
publications continues, des régulateurs, des nouvelles normes et orientations en vue de
renforcer et mettre en place des mesures utiles et efficaces en matière de lutte contre le
blanchiment d’argent et le financement de terrorisme.

Dans cette partie, nous décrivons les méthodes de blanchiment de capitaux les plus
répandues :

II.1. Le schtroumphage :

C’est la méthode la plus courante de blanchiment d’argent. Cette technique nécessite de


nombreuses personnes dont le rôle consiste à effectuer des versements et des dépôts de petites
sommes sur plusieurs comptes auprès de succursales de banques pour qu’ils soient inférieurs
aux seuils de déclaration.

Exemple : Nous prenons l'hypothèse d'un agent qui reçoit 20 000 DT afin de produire un faux
certificat. Ces 20 000 DT doivent être blanchis en vue de réintégrer un circuit financier légal.
Avec la méthode du schtroumphage, cet agent distribuera 1000 DT à 20 personnes de
confiance. Chacune de ces personnes va déposer l'argent sur son propre compte et passer ainsi
en dessous du seuil de détection. Supposons que ce seuil est fixé à 1500 DT.

II.2. Achat de biens de luxe au comptant :

Cette technique consiste à acheter et payer en argent liquide des produits et des biens de
valeur importante tels que des voitures, des bateaux ou certains objets de luxe tels que de
l’équipement électronique, des bijoux, des montres, etc. Les blanchisseurs utilisent ces
articles, mais ils vont s’en distancier en les achetant ou el les enregistrant au nom d’un
associé.

II.3. Front Business :

Posséder un Front Business, c'est-à-dire une activité ou une entreprise dont une grande part du
chiffre d’affaires est en espèces. Comme par exemple les restaurants, les laveries

28
Chapitre 2 : Pratiques de gestion des risques LAB/FT et performance financière

automatiques, les magasins de prêt à porter, etc. Dans la plupart des cas, ce genre d’activités
générant du cash n’attirent pas l’attention des banquiers et n’éveillent pas leurs doutes. A
défaut d’avoir ces Front Business, les blanchisseurs vont faire pression sur ceux qui les
possèdent en vue de mélanger l’argent sale avec le chiffre d’affaires de ces entreprises, d’où
la tâche sera plus compliquée pour les banquiers.

II.4. Le prêt adossé :

Cette technique consiste à déposer l’argent à blanchir sur un compte bancaire d’une banque
offshore. Ces fonds placés servent de garantie à un prêt contracté auprès d’une autre banque.
Ainsi, la banque en question n’est pas exposée dans ce cas à un risque de crédit puisque le
montant prêté est assuré dans sa totalité. Le blanchisseur peut choisir, par la suite, entre deux
options : soit il ne rembourse pas son prêt, chose qui déclenche la saisie de la garantie. Soit il
l’utilise pour le financement d’une activité rentable et le remboursement de la banque par la
suite.

II.5. Rédaction des fausses factures :

Cette méthode consiste à émettre des fausses factures pour des services ou des produits non
réalisés, elle suppose l’existence de deux entreprises qui collaborent ensemble. La première
entreprise (entreprise complice) qui demande le service ou le produit fictif, va payer par
chèque et la deuxième (entreprise criminelle) qui doit vendre le produit ou effectuer le
service, remboursera en argent liquide l’entreprise complice. (Voir figure 3)

29
Chapitre 2 : Pratiques de gestion des risques LAB/FT et performance financière

Figure 3 : Processus du blanchiment d'argent à travers les fausses factures

Source : Comment blanchir l’argent sale ?13

II.6. Complicité bancaire :

Nous parlons de complicité bancaire, lorsque le banquier s’implique criminellement pour


aider le blanchisseur en lui facilitant l’opération du blanchiment d’argent.

Pour introduire ainsi leurs fonds dans le circuit bancaire, les trafiqueurs vont recourir aux
services du banquier qui va s’abstenir, à son tour, de déclarer l’opération du blanchiment.

Les établissements de crédit ont appris que le risque de blanchiment d’argent peut provenir
aussi bien des clients que des personnes en interne. A cet égard, ils ont pensé aux différents
programmes à mettre en place pour connaitre leurs personnels et leurs comportements et c’est
ce qu’on appelle Know Your Employee (KYE).

II.7. Utilisation des services d’une assurance :

Le secteur d’assurance a été toujours critiqué en ce qui concerne le nombre faible de


déclaration de soupçons. « Des montants significatifs ont pu être blanchis grâce à l’utilisation
de polices d’assurance, il est aussi apparu que le nombre de cas détectés était faible par
rapport à la taille globale du secteur. Ces phénomènes méritent d’être étudiés plus avant14 ».

13
http://www.les-renseignements-genereux.org/var/fichiers/brochures-pdf/broch-blanchi-20080217-
web-a5.pdf
14
GAFI. (2004). Rapport sur les typologies de blanchiment de capitaux et du financement de
terrorisme 2003-2004.

30
Chapitre 2 : Pratiques de gestion des risques LAB/FT et performance financière

Il y a deux schémas fréquents dans le domaine de l’assurance : Le premier consiste à souscrire


un contrat d’assurance-vie. Le mois suivant, le blanchisseur dénonce le contrat et la
compagnie d’assurance le rembourse par un virement ou par un chèque qui peut être déposé
auprès de n’importe quelle banque.

Le deuxième schéma est le remboursement du sinistre. Le blanchisseur recours à une


compagnie d’assurance pour assurer son bien acheté pour partie en espèces. Par la suite, il
organise le sinistre du bien et reçoit le remboursement de l’assureur.

Dans ces deux cas, l’argent d’origine illégale est transformé en un chèque ou un virement
émis par une compagnie d’assurance.

II.8. Les services sur Internet :

A travers différents services en ligne, il est possible de multiplier les possibilités de


blanchiment. Prenons ici l’exemple d’un casino sur Internet. La figure ci-dessous explique
bien cette technique.

Figure 4 : Processus du blanchiment d'argent à travers les casinos en ligne

Source : Comment blanchir l’argent sale ?

Les chiffres d’affaires des blanchisseurs sont justifiés. Les enquêteurs seront ainsi incapables
de déceler les sources des différents et nombreux utilisateurs et donc à faire le lien entre les
blanchisseurs et leurs complices.

31
Chapitre 2 : Pratiques de gestion des risques LAB/FT et performance financière

II.9. Les casinos :

Le trafiquant se rend au casino, où il se procure des jetons en échange d’argent liquide ayant
pour origine une activité illégale. A la fin de la soirée, il se présente à la caisse pour convertir
ses jetons en un chèque émis par le casino.

III. Pratiques de gestion des risques BA/FT :

Dans le cadre de la Conformité bancaire et le respect de la réglementation internationale et les


différentes normes en matière de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement de
terrorisme, tout établissement de crédit est appelé à appliquer le dispositif interne de la
gestion du risque de blanchiment de capitaux et de financement de terrorisme ainsi que les
lois et les circulaires publiées par la Banque Centrale de Tunisie. Dans cette sous-section,
nous allons parler des différentes mesures et procédures de la gestion de ce risque en se basant
sur la circulaire de la BCT n° 2017-08 du 19 septembre 2017 qui fixe les procédures à mettre
en place et les mesures à prendre par les banques et les établissements financiers en matière
de lutte contre le blanchiment de fonds et le financement de terrorisme.

III.1. Présentation de la circulaire BCT n° 2017-08 du 19 septembre 2017 :

La circulaire n°2013-13 du 07 novembre 2013 relative à la mise en place des règles de


contrôle interne pour la gestion du risque de blanchiment d’argent et de financement du
terrorisme a été abrogée par la circulaire BCT n°2017-08. Cette dernière représente le résultat
d’un travail de recherche inspiré des normes internationales principalement celles du comité
de Bâle et les recommandations de GAFI.

Parmi les principaux apports15 de la circulaire, nous notons :

 La consécration de l’approche basée sur les risques comme moyen d’allocation


optimale des ressources pour la gestion des risques de blanchiment d’argent et de
financement du terrorisme, laquelle approche exige des banques et des établissements
financiers d’identifier, d’évaluer et de comprendre les risques de blanchiment d’argent
et de financement du terrorisme auxquels ils sont exposés ;

15
Banque Centrale de Tunisie. (2017, Septembre 19). Communiqué circulaire 2017-08.
https://www.bct.gov.tn/bct/siteprod/actualites.jsp?id=382

32
Chapitre 2 : Pratiques de gestion des risques LAB/FT et performance financière

 La mise à la charge des banques d’élaborer leurs propres évaluations des risques de
blanchiment d’argent et de financement du terrorisme et de les communiquer à la BCT
dans un délai d’un an à compter de l’entrée en vigueur de la circulaire ;

 La mise à profit des conclusions de l’évaluation Nationale des Risques « NRA » en


soumettant certains profils de risque à une vigilance renforcée ;

 La mise à la charge des banques de diligences spécifiques quant à leurs relations avec
leurs correspondants bancaires ;

 La détermination d’un seuil minimum de 1000 TND pour les « virements


internationaux » qualifiés au sens du GAFI et pour lesquels les banques doivent
observer des mesures rigoureuses en matière de transfert de fonds.

III.2. Dispositif de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement de


terrorisme dans la banque :

Pour maîtriser et contrôler les risques liés au blanchiment d’argent et au financement de


terrorisme, chaque établissement de crédit doit disposer d’un dispositif interne efficace de
LAB/FT. Ce dispositif doit refléter l’ensemble des mesures et de procédures des différentes
normes internationales et loi nationales en matière de blanchiment de capitaux.

Nous allons essayer dans cette partie de présenter les principales dispositions, à appliquer,
apportées par la réglementation et notamment la circulaire de la BCT n°2017-08.

III.2.1. Evaluation du risque BA/FT :

Conformément aux recommandations de GAFI et en application de l’article 4 de la circulaire


de la BCT n° 2017-08, les banques sont appelées à mettre en place une évaluation des risques
LAB/FT en tenant compte des facteurs de risques tels que le profil des clients, les pays ou les
zones géographiques, les produits, les services, les transactions ou les canaux de distribution.

L’adoption d’une approche basée sur les risques permet aux banques de prendre les mesures
efficaces et adéquates aux risques identifiés. Elle représente un outil d’évaluation de la
situation et de l’exposition actuelle de la banque aux risques de blanchiment de capitaux et de
financement de terrorisme.

33
Chapitre 2 : Pratiques de gestion des risques LAB/FT et performance financière

En effet, cette évaluation fournit, aux dirigeants, aux fonctions de contrôle ainsi qu’aux
régulateurs, des cotations de risque qui servent à la disposition des informations sur les
faiblesses et les forces du programme de conformité de la banque en matière de LAB/FT.

Une approche basée sur les risques englobe ces éléments16 :

 L’évaluation des risques liés à la banque et à ses clients en tenant compte des facteurs
des risques susmentionnés (Le profil des clients, les pays ou les zones géographiques,
les produits, les services, les transactions ou les canaux de distribution) ;

 La diminution des risques par la mise en place de mesures et des contrôles adaptés aux
risques relevés ;

 Le maintien à jour des renseignements sur l'identité de la clientèle et les relations


d'affaires notamment celles présentant un degré de risque élevé ;

 Le contrôle continu des relations d'affaires et des opérations.

Il est à noter que les risques identifiés peuvent évoluer ou changer avec le temps puisque
l’activité bancaire n’est pas stable, de nouvelles menaces et de nouveaux produits peuvent
apparaître. Par conséquent, l’approche fondée sur les risques doit être mise à jour
régulièrement et à chaque changement (interne ou externe).

Selon l’article 4 de la circulaire de la BCT n°2017-08, les banques sont appelées à fournir les
résultats de l’évaluation des risques dans un rapport appelé « Rapport d’évaluation des risques
de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme de l’établissement assujetti ». Ce
rapport permet de garantir une traçabilité des mises à jour et des modifications réalisées sur la
classification des risques de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme.

III.2.2. Devoir de vigilance :

Avec l’augmentation des opérations de blanchiment de capitaux et la sophistication de ses


méthodes, il devient de plus en plus essentiel, pour les banques, de renforcer leurs mesures et
outils de vigilance afin de leur permettre de savoir quel type d’opérations ils traitent et avec
qui ils traitent.

16
Centre d'analyse des opérations et déclarations financières du Canada. (2017, Juin). Guide de
l’approche axée sur les risques pour lutter contre le blanchiment d’argent et le financement des
activités terroristes.

34
Chapitre 2 : Pratiques de gestion des risques LAB/FT et performance financière

La vigilance est une obligation pour tout employé concerné par la lutte contre le blanchiment
d’argent et le financement de terrorisme. En effet, c'est l’employé lui-même qui choisira le
degré de vigilance dont il doit accorder en fonction de la nature et du niveau du risque que
présente le client, le produit et l'opération financière à effectuer. Dans tous les cas, la
vigilance doit être maintenue tout au long de la relation d'affaires.

Par conséquent, il existe trois types de vigilances qui peuvent être appliquées :

 Vigilance standard :

Ce type de vigilance est appliqué au moment de l’entrée en relation d’affaires avec les clients.
Il s’agit de l’identification du client et de ses transactions. En effet, l’employé doit vérifier et
se renseigner sur l’ensemble d’informations liées à l’identité du client, sa situation
professionnelle et financière, la nature et le montant de l’opération ou la transaction à
effectuer ainsi que l’origine des fonds.

Le banquier qui n’arrive pas à identifier le client et obtenir les informations nécessaires, doit
d’abstenir d’établir une relation d’affaires.

 Vigilance allégée :

Ce type de vigilance est exercé dans le cas des clients présentant un risque de blanchiment
d‘argent ou de financement de terrorisme faible. Ceci est traduit par une vigilance amoindrie
et une identification allégée du client et de ses opérations.

 Vigilance renforcée :

La vigilance renforcée est l’ensemble des mesures que les établissements de crédit doivent
prendre lorsque le risque de blanchiment de capitaux et de financement de terrorisme paraît
élevé. En effet, si des clients se présentent pour des opérations complexes, c'est-à-dire, ne
présentant ni une justification économique ni un objet licite ou encore des opérations à
montant trop élevé, l’établissement de crédit peut classer le client dans la catégorie des clients
à haut risque de blanchiment de capitaux et de financement de terrorisme.

Ce type de vigilance est exercé pour des clients PPE, les associations, les ambassades, les
partis politiques, les clients utilisant les nouvelles technologies pour effectuer leurs
opérations, les clients qui résident dans des pays désignés par le GAFI comme pays

35
Chapitre 2 : Pratiques de gestion des risques LAB/FT et performance financière

n’appliquant pas ou appliquant d’une manière insuffisante les normes et les recommandations
internationales en matière de LAB/FT.

En conclusion, Plus le niveau de risque est élevé, plus la fréquence de suivi et de surveillance
est élevée et plus les mesures de vigilance appliquées sont élevées.

III.2.2.1. Devoir de vigilance à l’égard des clients :

Selon les articles 5,6 et 7 de la circulaire de la BCT n°2017-08, tous les clients avec lesquels
l’établissement de crédit entre en relation, doivent faire l’objet d’une fiche d’identification du
client « KYC »

Know Your Customer (KYC), ou la connaissance du client en français, désigne le processus


qui permet, aux banques, de réunir des informations sur les clients, visant à mieux les
identifier, avant l’entrée en relation. En effet, à travers l’entretien avec le client et en fonction
des documents et de données collectées, le banquier parvient à détecter, s’il existe, la tentative
de blanchiment d’argent ou de financement de terrorisme.

L’application de « KYC » est une obligation, son absence expose l’établissement à des
risques sérieux liés à sa réputation, la perte de sa clientèle, lourdes sanctions administratives
et pénales, etc.

Les obligations « KYC » mises en œuvre représentent des différences selon le type de client
(personne physique, personne morale, les associations, PPE, partis politiques, ...), la banque
doit ainsi récolter un ensemble d’informations bien spécifiées pour chaque type de client.
(Voir annexe 2).

III.2.2.2. Devoir de vigilance à l’égard des opérations :

Pour les opérations classifiées à risque de blanchiment d’argent ou de financement de


terrorisme élevé, la banque doit procéder à une vigilance et un examen renforcés afin d’obtenir
des informations supplémentaires sur ses clients.

Le tableau ci-dessous comporte quelques types d’opérations à risque élevé et nécessitant une
vigilance renforcée.

36
Chapitre 2 : Pratiques de gestion des risques LAB/FT et performance financière

Tableau 3: Typologie des opérations nécessitant une vigilance renforcée

Opérations en espèces
Echange  Echange de billets de banque en dinars ou en devises présentant un
caractère anormal en termes de montant, de fractionnement et de
fréquence ;
 Echange de billets mutilés ou maculés, en dinars ou en devises, pour
des montants élevés.
Versement  Versement déplacé de montants élevés ou répétés effectués par le
en espèces titulaire d’un compte ou par un tiers dans une agence autre que celle du
en dinars titulaire du compte ;
ou en  Dépôts répétés dans plusieurs agences sans raison apparente ;
devises  Versement en espèces pour des montants élevés ou répétés et sans lien
avec la situation économique ou personnelle.
Retraits  Retraits en espèces fréquents ou de montants élevés apparaissant sans
d’espèces relation avec l’activité connue du client titulaire du compte, excédant
de loin le chiffre d’affaires d’une société ou les revenus d’un
particulier notamment lorsque l’activité professionnelle déclarée du
client n’explique par le fonctionnement observé du compte ;
 Retraits répétés dans plusieurs agences ;
 Prélèvement sur des comptes pour des montants élevés ou répétés
ouverts par des personnes politiquement exposées.
Opérations en compte
Chèque et  Remise chèques de montant significatif sans rapport avec l’activité
ordre de économique du client ;
paiement  Remise fréquente ou périodique de chèques en sommes rondes ;
 Emission de chèques au profit de bénéficiaires domiciliés à l’étranger
pour des montants significatifs.
Virement et  Transfert de fonds sans justification économique apparente en
transfert de provenance ou à destination de pays étrangers ;
fonds  Transfert reçu d’un client présentant des caractéristiques anormales ou
inhabituelles au regard de la connaissance du client ;
 Transfert reçu ou émis d’un pays où le client ne possède aucune
activité connue.
Opérations occasionnelles sur des comptes dominants
Opérations d’arbitrage multiple sur devises
Coffre-Fort
Coffre-Fort  Coffre détenu par des non-titulaires de compte à la banque ou l’agence
concernée (coffre délocalisé) ;
 Coffre ouvert à des personnes morales.
Opérations de financement
Opérations  Règlements d’échéances par un tiers qui semble sans lien évident
de (notamment parental ou professionnel) avec le client ;
financement  Origine inexplicable d’un remboursement anticipé partiel ou total d’un
crédit ;
 Financement de biens importés ou exportés dont les prix sont sous-
estimés ou surestimés par rapport aux prix du marché.
Source : Circulaire BCT 2017-08 du 19 septembre 2017

37
Chapitre 2 : Pratiques de gestion des risques LAB/FT et performance financière

III.2.3. Devoir de déclaration de soupçon :

Tous les établissements assujettis sont tenus d’envoyer, sans délai, à la CTAF une déclaration
écrite sur toutes les transactions et les opérations à caractère suspect et inhabituel, qui peuvent
être liées à des fonds provenant d’origines criminelles et illégales ou au financement des
associations, des personnes ou des activités en rapport avec des infractions terroristes.

Même après la réalisation de l’opération, les établissements assujettis sont obligés de la


déclarer à la CTAF, s’ils disposent de nouvelles informations susceptibles de relier ladite
opération à des fonds d’origines illicites.

Les opérations, faisant l’objet de soupçon, détectées au niveau des back offices, des agences
et des salles des marchés pour les clients négociateurs, seront envoyées à la direction
Conformité pour examen et une éventuelle déclaration à la CTAF conformément à la
réglementation.

Toute déclaration de soupçon doit passer par les étapes17 suivantes :

1. Détection de l’opération suspecte au niveau de l’agence :

Les opérations mentionnées plus haut dans le tableau 3.

Toute opération à caractère inhabituel doit faire l’objet d’analyses. L’agence doit déclarer à la
direction Conformité si elle obtient toutes les informations confirmant la suspicion.

2. Appréciation et justification :

Au moment de la réalisation d’une opération complexe et à caractère suspect, le banquier


procède à une analyse de l’opération en se référant aux éléments qu’il dispose et aux
informations qu’il a pu retenir d’une investigation discrète.

Si l’opération paraît suspecte, il faut aviser la direction Conformité de l’établissement.

La structure Conformité est dotée d’un progiciel de contrôle des mouvements des comptes
clients appelé SIRON-AML, qui permet d’afficher toutes les opérations des comptes à
caractère inhabituel par rapport à leur propre historique d’opérations et à leur activité.

17
Attijari Bank Direction de la Conformité. (2018, Janvier). Manuel de Procédures AML.

38
Chapitre 2 : Pratiques de gestion des risques LAB/FT et performance financière

3. Infirmation de la suspicion :

Si après examen des informations fournies, il s’avère que la suspicion est infondée, la
structure Conformité dans la banque se charge d’informer le chef de l’agence en précisant le
motif de l’infirmation.

4. Confirmation de la suspicion :

En cas de confirmation de la suspicion, toute personne en charge de l’opération doit remonter


l’information à la structure de la Conformité consolidée par toutes les pièces relatives à
l’opération suspecte.

5. Déclaration auprès de la CTAF :

Après confirmation de soupçon, la banque doit :

 Faire une déclaration immédiate à la CTAF.


 Geler les fonds de la personne concernée et les placer dans un compte d’attente.
 Rapporter à la CTAF toute nouvelle information sur la personne concernée.

III.2.4. Autres dispositions :

Outre l’approche fondée sur les risques, les mesures de vigilance et la déclaration de soupçon,
le dispositif de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement de terrorisme repose
aussi sur :

III.2.4.1. Programmes de Formation :

La banque doit organiser des programmes de formation continue au profit de tous les
employés comportant des informations sur les méthodes, techniques, et tendances en matière
de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme.

Ces formations continues doivent porter sur tous les nouveaux aspects de la réglementation en
la matière et particulièrement les obligations de vigilance à l’égard des opérations, des clients
et de déclaration des transactions et des opérations inhabituelles et suspectes.

39
Chapitre 2 : Pratiques de gestion des risques LAB/FT et performance financière

III.2.4.2. Conservation des documents :

Les établissements concernés sont tenus de conserver sur support électronique ou matériel
pendant dix ans au moins à compter de la date de clôture du compte et donc la fin de la
relation d’affaires, les dossiers de tous clients, occasionnels ou habituels, ainsi que les pièces
qui se rapportent à leurs identités. En outre, ces établissements doivent conserver les
informations relatives à toute opération réalisée en vue de garder la traçabilité de toutes ses
phases.

Section 3 : Impact de la gestion des risques de non-conformité sur la


performance financière : Revue de littérature :

Cette section sera dédiée à l’étude du lien entre la gestion des risques et la performance
financière selon les recherches précédentes. Vu que la fonction Conformité est une fonction
qui est nouvellement installée dans les banques, les études antérieures consacrées uniquement
à la gestion des risques de non-conformité sont très rares, voire inexistantes. Ce qui a rendu
difficile l’élaboration de cette section « Revue de littérature » et nous nous sommes focalisés
sur la gestion des risques d’une manière générale. Nous ne pouvons en aucun cas nier la
contribution importante du risque de non-conformité dans le dispositif de la gestion des
risques dans la banque.

I. Performance financière :

La mesure de la performance prend deux formes : financière ou non-financière. Les mesures


financières sont les plus répandues et elles sont utilisées depuis longtemps. Toutefois,
plusieurs auteurs ont critiqué les mesures financières issues des états financiers le fait qu’elles
manquent d’indications et de prévisions sur la performance future et elles sont basées sur des
valeurs historiques.

Eccles (1999) a écrit : « On ne saurait trouver les principaux indicateurs de performance des
entreprises dans les seules données financières. Qualité, satisfaction des clients, innovation,
part de marché : des grandeurs de ce type reflètent mieux les conditions économiques et les
perspectives de croissance d’une entreprise que ses bénéfices publiés ».

Cependant, Chenhall (2005) indique qu’il sera difficile d’évaluer le bénéfice à partir d’une
mesure de performance non-financière.

40
Chapitre 2 : Pratiques de gestion des risques LAB/FT et performance financière

La notion de la performance s’est différée d’un auteur à un autre, dans ce sens, Otley (1999)
dit que la performance est un terme ambigu et elle peut posséder plus qu’une seule définition.

Plusieurs perceptions et points de vue ont été adoptés par rapport à la définition de la
performance et sa mesure la plus efficace, En effet, certains auteurs ont caractérisé la
performance financière par l’ensemble des mesures reflétant d’une manière immédiate la
situation de l’établissement alors que les mesures non-financières sont souvent axées sur du
long terme. Par conséquent, il n’existe pas une unanimité sur les indicateurs à utiliser pour la
mesure de la performance.

Dans notre étude, nous s’intéressons à la performance financière qui peut être mesurée par
plusieurs indicateurs : rendement des capitaux propres, rendement des actifs. Pour ce qui nous
concerne, nous utilisons le rendement des capitaux propres, Return on Equity (ROE) en
anglais comme un indicateur de performance financière.

II. Relation gestion des risques et performance financière :

La gestion des risques n’est pas une préoccupation nouvelle, mais l’intérêt porté à cette
discipline est de plus en plus important, cela est expliqué par une série d’événements qui ont
eu lieu dans le monde et qui ont basculé la stabilité du système financier. D’où, il est devenu
de plus en plus indispensable de disposer d’un cadre solide et efficace de gestion des risques
servant à identifier, évaluer et gérer les risques.

La réglementation et les normes internationales en matière de gestion des risques se


renforcent et évoluent au fur et à mesure que des défaillances et des faiblesses apparaissent
dans le secteur financier mondial. Elles fournissent aux différents établissements des lignes
directrices et des principes dans le but de palier aux insuffisances et de mieux gérer et
contrôler donc les différents risques susceptibles de se produire.

Georges Dionne (2013) « L’objectif de la gestion des risques est de maximiser la valeur de la
firme via la réduction des coûts associés aux différents risques ». A partir de cela, nous
pouvons conclure l’existence d’autres points de vue pouvant confirmant ou encore infirmant
l’idée ci-dessus : la création de la valeur est liée à la gestion des risques.

Dans ce sens, des recherches antérieures ont montré un certain désaccord concernant la
relation entre la performance financière et les pratiques de gestion des risques.

41
Chapitre 2 : Pratiques de gestion des risques LAB/FT et performance financière

En effet, Aebi et AL (2010) ont conclu dans leur étude que l’instauration d’une discipline de
gestion des risques dans les banques peut effectivement diminuer l’exposition aux risques,
cependant, cela peut être à l’origine d’une baisse de la performance financière.

De même, Kingsley (2017) indique dans son étude, faite sur 54 banques et établissement
financiers, que les pratiques de la gestion des risques n’ont pas un effet sur la performance
financière. Kingsley a déterminé les pratiques de la gestion des risques à partir des huit
éléments du dispositif de management des risques du cadre de référence de la gestion des
risques COSO 218.

Roslida Ramlee et Normah Ahmad (2015), quant à eux, ont fait une étude sur 148 entreprises
de la Malaisie pour étudier l’impact de la gestion des risques sur la performance financière
mesurée par le Return on Equity (ROE)19, Return on Assets (ROA)20 et le Q de Tobin21. Leur
échantillon a comporté deux types d’entreprises, celles qui disposent d’un comité de gestion
des risques et d’autres sans comité de gestion des risques.

Les résultats de cette étude n’ont révélé aucun impact significatif de la gestion des risques sur
la performance financière. Cette étude a souligné également que les entreprises appliquant la
gestion de risques ne sont pas considérées plus performantes que celles qui ne l’appliquent
pas.

Dans une autre optique, Giorgio Stefano Bertinetti, Gloria Gardenal et, Elisa Cavezzali (2013)
ont montré dans leur travail porté sur 200 entreprises européennes que la gestion des risques
contribue à la création de la valeur de l’entreprise et ont conclu donc l’impact positif de
l’adoption des pratiques de gestion des risques sur la performance financière de l’entreprise.

Sur la base des travaux susmentionnés, aucun de ces auteurs n’a axé ses études sur l’impact
de la gestion des risques de non-conformité sur la performance financière. Par conséquent,
notre étude cherche à combler cette lacune en étudiant la relation qui pourra exister entre la
gestion des risques de non-conformité notamment ceux liés au blanchiment d’argent et de
financement de terrorisme et la performance financière de la banque.

18
Committee of Sponsoring Organizations of the Treadway Commission. (2004, September).
Enterprise Risk Management — Integrated Framework.
19
En français, Rendement des capitaux propres.
20
En français, Rendement des actifs.
21
C’est un ratio considéré comme indicateur de performance qui correspond à la valeur boursière
d’une entreprise divisée par la valeur de remplacement de son capital fixe.

42
Chapitre 2 : Pratiques de gestion des risques LAB/FT et performance financière

Conclusion :

Le blanchiment des capitaux est un crime qui désigne l'ensemble des techniques permettant de
donner une apparence légitime à des sommes d’argent acquises par des manières illicites. Les
méthodes de blanchiment d’argent sont très nombreuses, néanmoins, les criminels continuent
toujours à chercher des techniques innovantes pour blanchir l’argent sale. De ce fait, les
autorités régulatrices mettent à jour les lois et diffusent de nouvelles réglementations et
dispositions dans le but de mieux gérer les risques de BA/FT. Les établissements de crédit
accordent également une attention accrue à la fonction Conformité et aux différentes pratiques
de gestion de risques BA/FT, ils utilisent chacun ses propres outils et méthodes afin de lutter
efficacement contre ce fléau.

Par conséquent, des dispositifs efficaces de LAB sont indispensables pour protéger l’intégrité
des marchés et la structure financière. Les mesures et les pratiques de lutte contre le
blanchiment d’argent constituent ainsi non seulement un impératif moral, mais aussi une
nécessité économique.

43
Chapitre 3 : L’impact de la gestion des risques de non-conformité sur le ROE : analyse empirique

CHAPITRE 3

L’impact de la gestion des risques de non-conformité sur le


ROE : analyse empirique

Introduction :

A travers ce chapitre nous allons présenter dans un premier lieu l’organisme d’accueil : la
banque Tuniso-Libyenne ainsi que la direction de contrôle de la Conformité.

Ensuite nous allons répondre à notre problématique qui consiste à voir si la gestion des
risques de non-conformité, notamment les risques de blanchiment d’argent et de
financement de terrorisme, influe sur la performance financière de la banque mesurée par
le Return on Equity (ROE).

Un questionnaire a été élaboré et traité à l’aide du logiciel d’analyse statistique SPSS. Ce


choix est expliqué par la souplesse et la facilité d’utilisation trouvées dans ce logiciel.
Ensuite, nous avons interprété les résultats obtenus d’une régression linéaire multiple faite
sur les variables indépendantes (les pratiques de gestion de risques BA/FT) et la variable
dépendante (ROE) afin de déterminer le degré d’impact des pratiques ci-dessus sur la
performance financière de la banque mesurée dans notre cas par le ROE.

44
Chapitre 3 : L’impact de la gestion des risques de non-conformité sur le ROE : analyse empirique

Section 1 : Présentation de l’organisme d’accueil :

La banque Tuniso-libyenne est une banque privée installée en Tunisie depuis 1984. A
travers cette section, une brève présentation sera consacrée à la banque Tuniso-libyenne,
son historique ainsi que la direction d’accueil : la direction de contrôle de la Conformité.

I. Présentation générale de la BTL :

En 1984 et d’un capital de 100 MD, la Banque Tuniso-libyenne a été fondée en tant que
banque de développement et de commerce extérieur, en vertu de la convention entre la
république tunisienne et la république libyenne à la date du premier décembre 1983. A
partir de 20 octobre 2005, la BTL est devenue une banque universelle qui offre tous les
produits et les services proposés par les banques commerciales tunisiennes.

Suite à son nouveau statut, la banque a développé ses activités et son champ d’intervention
qui couvre les activités prévues par la loi n° 2001-65 du 10 juillet 2001 relative aux
établissements de crédit telle que modifiée et complétée par la loi n° 2006-19 de 02 mai
2006 à savoir :

 Réception des dépôts du public quelles qu’en soient la durée et la forme ;


 Octroi de crédits sous toutes les formes ;
 Exercice des opérations de change, à titre d’intermédiaire ;
 Mise à la disposition de la clientèle et gestion des moyens de paiement ;
 Conseil en matière de gestion de patrimoine, gestion financière, Ingénierie
financière, création, développement et restructuration des entreprises, opérations
d’importation, d’exportation et de négoce international, rapprochement et recherche
de partenaires, accompagnement des entreprises dans leurs opérations avec
l’étranger ;
 Prise de participation au capital d’entreprises existantes ou en création.

Généralement, toutes les opérations de financement de projets, de financement des


marchés publics, de financement des opérations de commerce extérieur et toutes les
opérations d’engagement par signature.

Depuis sa création, la BTL a été autorisée à financer le commerce extérieur. Elle a ainsi
développé une grande expertise en matière d’accompagnement des importateurs et des

45
Chapitre 3 : L’impact de la gestion des risques de non-conformité sur le ROE : analyse empirique

exportateurs tunisiens en relation d’affaires avec la Libye, mais aussi avec le reste du
monde.

Figure 5 : Fiche signalétique de la BTL

Dénomination : Banque Tuniso-Libyenne - BTL

Siège social : Immeuble BTL Boulevard de la Terre – Lot AFH E12 – Centre
Urbain Nord _ 1082 Tunis I

Tél : 70 131 700

Fax : 70 131 900

Site web : www.btl.com.tn

E-mail : btl@gnet.net

Date de création : 14 Septembre 1984

Durée : 99 ans

Forme juridique : Société anonyme dotée au statut d’une banque

Capital social : 1.000.000.000 dinars

Effectif : 234 employés

Registre de commerce : B 197871996

Code TVA : 033272D/P/M000

Directeur général : Zouhaier OUAKAA

Source : Document interne de la BT

Figure 6 : Répartition du capital de la BTL

CNSS; 26,25%

Libyan
Foreign Bank ;
50,00%

Etat Tunisien ;
23,75%

Source : Document interne de la BTL

46
Chapitre 3 : L’impact de la gestion des risques de non-conformité sur le ROE : analyse empirique

II. Historique :

 1990 : La dynamisation des échanges commerciaux entre la Tunisie et la Lybie. En


effet, 25% du volume des exportations annuelles tunisiennes est destiné au marché
libyen.
 1997 : Lancement de nouveaux produits et services bancaires : Crédits
d’exploitation et leasing.
 2005 : Obtention de l’agrément du ministère des finances en tant que banque
universelle régie par la loi n° 2001-65 du 10 juillet 2001 relative aux
établissements de crédit.
 2010 : Diversification de l’activité de la BTL et déploiement de ses activités aux
particuliers pour la première fois depuis l'obtention de son agrément de banque
universelle.
 2012 : Afin de concurrencer les autres banques et améliorer son activité, la banque
ouvre quatre nouvelles agences.
 2013 : Augmentation du capital de la BTL de 70 MD à 100 MD.
 2014 : La mise en place du nouveau système T24, un système de gestion qui vise à
améliorer la qualité de services fournis à la clientèle et de concevoir une base de
données performante et utile pour tous les intervenants.
 2016 : Actualisation de la charte de l'audit interne.
 2018 : Inauguration du nouveau siège au centre urbain nord.

III. Présentation de la direction contrôle de la Conformité :

La direction contrôle de la Conformité a été implémentée en 2007 dans la BTL. C’est une
structure indépendante rattachée directement au conseil d’administration. Elle se charge de
mettre en place un système de contrôle de la Conformité des activités de la banque aux
textes de lois et à la réglementation en vigueur. Le responsable de cette fonction dispose de
la liberté d’accès à toutes les données et les documents nécessaires pour accomplir les
tâches et les missions qui lui sont confiées.

Les principales missions de la structure Conformité au sein de la BTL sont :

 Suivre le comportement des clients à travers les mouvements enregistrés sur leurs
comptes ;

47
Chapitre 3 : L’impact de la gestion des risques de non-conformité sur le ROE : analyse empirique

 Diffuser une culture Conformité et sensibiliser les personnels de la banque de


l’importance de cette fonction ;
 Elaborer et fournir des rapports au conseil d’administration ;
 Analyser les déclarations de soupçons reçues des différentes agences de la BTL ;
 Faire des investigations sur les clients présentant un profil suspect ;
 Le contrôle des personnes à haut risque telles que les (PPE, les associations, etc.) ;
 Collaborer avec les autres structures de la banque pour élaborer des plans de
contrôle.

Outre la mise en place d’un dispositif LAB/FT permettant la gestion et le suivi des risques
BA/FT. La structure de la Conformité permet à la banque d’établir son code de déontologie
que les personnels doivent respecter. Il contient l’ensemble des droits, des règles et de
devoirs qui régissent l’activité professionnelle des employés.

L’organigramme de la fonction Conformité est présenté comme suit :

Figure 7 : Organigramme de la fonction Conformité

Structure LAB/FT

Conseil Structure de contrôle


d'administration de la Conformité
Structure de la
Conformité
réglementaire et
déontologique

Source : Rôle et positionnement de la fonction Conformité22

22
https://www.apbt.org.tn/wp-content/uploads/2018/10/R%C3%B4le-et-positionnement-de-la-
fonction-de-conformit%C3%A9-site.pdf

48
Chapitre 3 : L’impact de la gestion des risques de non-conformité sur le ROE : analyse empirique

Section 2 : Démarche méthodologique de l’étude empirique :

A travers cette section, nous allons présenter l’hypothèse, la méthodologie de recherche,


l’échantillon, ainsi que le modèle de régression relatif à notre travail.

I. Méthodologie :

Notre travail consiste à recueillir un ensemble d’informations auprès des banques installées
en Tunisie et plus précisément les responsables de la fonction Conformité. Les
informations recueillies à partir du questionnaire élaboré par rapport à la fonction
Conformité et au dispositif de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement de
terrorisme constitueront le point de départ pour la réalisation de ce mémoire.

II. Hypothèse :

L’objectif de cette étude est de déterminer l’impact de la gestion des risques BA/FT sur le
ROE de la banque.

L’hypothèse est ainsi formulée comme suit :

H1 : La gestion des risques BA/FT influe sur le ROE.

III. La conception du questionnaire :

Le questionnaire de notre travail de recherche, disponible en annexe 3, tient compte de


divers axes. En effet, afin de mener à bien nos analyses descriptives et empiriques, nous
avons essayé de recueillir le maximum possible d’informations sur la fonction Conformité
au sein des banques installées en Tunisie. Le questionnaire s’est focalisé tout d’abord sur
des informations concernant la structure Conformité en général : l’année de
l’implémentation, la taille des personnes, etc. Ensuite, nous avons essayé de révéler la
perception des répondants vis à vis l’impact que peut générer l’adoption des programmes
de Conformité dans leurs banques. Finalement, une partie du questionnaire, qui servira à
nos analyses empiriques, a été consacrée aux différentes mesures et pratiques de gestion
des risques de non-conformité et de BA/FT mises en place par la banque pour servir les
exigences et les besoins de la structure chargée de la Conformité et de la lutte anti-
blanchiment.

49
Chapitre 3 : L’impact de la gestion des risques de non-conformité sur le ROE : analyse empirique

La réponse au questionnaire a été complétée dans un délai d’un mois. Pour le traitement
statistique des réponses du questionnaire qui sont de type qualitatif, nous avons dû utiliser
pour les variables de type ordinal une échelle de Likert car son utilisation va faciliter le
codage et l’analyse de données par la suite.

Le codage des variables qualitatives ordinales ainsi que nominales de notre étude est
présenté dans le tableau suivant :

Tableau 4 : Codage des variables

Degré de 1. Très mauvaises


compétence des 2. Mauvaises
personnels 3. Moyennes
4. Bonnes
5. Très bonnes
Reporting et 1. Pas du tout d’accord
communication 2. Pas d’accord
3. Ni en désaccord ni en accord
4. D’accord
5. Tout à fait d’accord
Formation des 1. Aucuns programmes de formation
personnels 2. Annuelle
3. Semestrielle
4. Trimestrielle
5. Mensuelle
6. A chaque changement
Evaluation des 1. Annuelle
risques 2. Semestrielle
3. Trimestrielle
4. Autres
Cotation des
risques 1. Faible
dominante de la 2. Moyenne
dernière 3. Forte
cartographie des 4. Critique
risques BA/FT 5. Inacceptable
élaborée
Ressources 1. Insuffisantes
dédiées à la 2. Acceptables
fonction 3. Suffisantes
Conformité

50
Chapitre 3 : L’impact de la gestion des risques de non-conformité sur le ROE : analyse empirique

IV. Description de l’échantillon :

Pour avoir des résultats pertinents et significatifs, nous avons travaillé sur toute la
population, c'est-à-dire toutes les banques installées en Tunisie (publiques, privées et off-
shore).

 Les banques publiques : elles sont au nombre de quatre : La Banque Nationale


Agricole (BNA), la Société Tunisienne des Banques (STB), Banque de
Financement de petites et moyennes entreprises (BFPME), BH Bank et la Banque
Tunisienne de Solidarité (BTS).

 Les banques privées : la BTL, Amen Bank, Attijari Bank, BIAT, QNB, Al Baraka,
TSB, BTE, UBCI, BFT, UIB, ATB, BT, BTK, Banque Zitouna et Wifak Bank.

 Les banques off-shore : ce sont des banques installées en dehors du pays de


résidence du déposant des fonds. Les banques off-shore situées en Tunisie sont:
Arab Banking Corporation (ABC), North African International Bank (NAIB),
ALUBAF International Bank, Tunis International Bank (TIB), Tunisian Foreign
Bank (TFB) et Citi Bank.

Lors de la distribution du questionnaire, nous n’avons pas pu avoir des réponses de toutes
les banques et c’est dû à l’indisponibilité et à la charge de travail lourde des responsables
concernés et pouvant nous répondre. Ces banques sont au nombre de trois à savoir : les
deux banques off-shore (Citi Bank et TFB) et la banque privée Wifak Bank. Au final, nous
avons 11 % du total des banques installées en Tunisie qui n’ont pas fourni des réponses à
notre questionnaire.

Nous résumons dans la figure ci-après la répartition des banques ayant répondu à notre
questionnaire.

51
Chapitre 3 : L’impact de la gestion des risques de non-conformité sur le ROE : analyse empirique

Figure 8 : Répartition des banques ayant participé au questionnaire

16,66%

20,80%
62,50%

Banques privées Banques publiques Banques offshore

V. La collecte de données :

Deux types de données ont été utilisés dans notre étude : des données primaires et des
données secondaires.

Les données primaires ont été collectées à partir des questions que nous avons créées et
distribuées aux responsables Conformité. Quant aux données secondaires, nous avons eu
recours aux états financiers des banques disponibles dans le site du CMF, pour extraire les
valeurs de l’indicateur de performance financière choisi : le return on Equity (ROE).

VI. Modèle de régression :

Afin d’arriver à notre objectif de recherche qui consiste, d’une part, à voir s’il y a une
relation entre les pratiques de la gestion des risques de non-conformité plus précisément les
risques de blanchiment d’argent et de financement de terrorismes, et l’indicateur de
performance financière de la banque mesuré par ROE, et à constater, d’une autre part, la
nature de l’impact de ces pratiques sur cet indicateur.

Selon Dominique Laffy (2006), « la régression linéaire multiple permet d’analyser les
liens entre une variable dépendante quantitative à expliquer et plusieurs variables
explicatives indépendantes ». Cela explique le choix de la régression linéaire multiple pour
notre travail puisque nous voulons estimer la relation qui existe entre la variable

52
Chapitre 3 : L’impact de la gestion des risques de non-conformité sur le ROE : analyse empirique

dépendante Y, qui est le ROE, et les variables indépendantes Xi qui sont les pratiques de la
gestion des risques BA/FT.

Nous allons alors effectuer une analyse de régression à partir de ce modèle linéaire :

Y = β0 + ∑𝑛𝑖=1 βi Xi + ε

 n = 24
 Y : La variable dépendante ou à expliquer.
 Xi : Les variables indépendantes ou explicatives.
 βi : Les paramètres à estimer.
 ε : Terme d’erreur.

Le modèle de régression relatif à notre étude sera donc présenté comme suit :

ROE = 0+1TAILLE+2DCP+3FP+4REPC+5R+6ER+β7CR+

 ROE : Indicateur de performance financière.


 TAILLE : Nombre de personnels composant la fonction Conformité.
 DCP : Degré de compétence des personnels.
 FP : Formation des personnels.
 REPC : Reporting et communication.
 R : Ressources dédiées à la fonction Conformité.
 ER : Evaluation des risques.
 CR : Cotation des risques BA/FT.

Section 3 : Analyse descriptive :

Avant de mener nos analyses statistiques, nous allons tout d’abord présenter une analyse
descriptive des résultats obtenus suite aux questionnaires distribués auprès des
responsables Conformité des différentes banques installées en Tunisie.

I. Informations générales sur la fonction Conformité :

La circulaire n°2006-06 du 24 juillet 2006 a obligé aux établissements de crédit de mettre


en place un système de contrôle de la Conformité chargé essentiellement de garantir la

53
Chapitre 3 : L’impact de la gestion des risques de non-conformité sur le ROE : analyse empirique

conformité aux différents règlements et lois et de s’assurer de la bonne application des


obligations légales ainsi que le respect des différentes règles déontologiques et
professionnelles. C’est ce qui explique la figure 7 qui montre que l’année 2006 représente
le nombre le plus élevé des banques ayant implémenté une fonction de contrôle de
Conformité. Une seule banque off-shore (ABC Bank) dispose de cette fonction avant 2006.

Figure 9 : Année de l'implémentation de la fonction Conformité

0
2004 2006 2007 2008 2009 2010 2012 2013 2014 2016 2018

La fonction Conformité et lutte contre le blanchiment d’argent est une structure liée
directement au conseil d’administration (CA) dans la plupart des établissements de crédit.
Selon la figure ci-après, 62.5 % des banques ont répondu que cette fonction est rattachée
au conseil d’administration de la banque, quant au 37.5% qui reste, ils ont répondu qu’elle
est liée directement à la direction générale (DG).

De plus, tous les répondants ont répondu positivement à la question de l’indépendance de


la structure Conformité. Cela signifie que chacune de ces banques dispose d’une équipe
indépendante dédiée à la gestion des risques de non-conformité. Toutes les banques sont
alors en conformité avec l’exigence de la banque centrale.

54
Chapitre 3 : L’impact de la gestion des risques de non-conformité sur le ROE : analyse empirique

Figure 10 : Rattachement de la fonction Conformité dans les banques

Lié directement à CA DG
50,00% 45,83%

40,00%

30,00%

20,00% 16,67%
12,50% 12,50%
8,33%
10,00%
4,17%

0,00%
Privée Publique Off-shore

II. Perception vis-à-vis les programmes de Conformité et de LAB/FT :

Nous avons interrogé les responsables de la fonction Conformité concernant leur


perception et leur satisfaction à l’égard des lois nationales en matière de lutte contre le
blanchiment d’argent et le financement de terrorisme. A cet égard, la plupart des banques
(83.3%) ont été d’accord que les textes des lois existants sont suffisants, efficaces et
conformes à la réglementation internationale ainsi qu’aux dispositions des
recommandations internationales. Celles qui ne sont pas d’accord représentent uniquement
16.67 % et elles sont au nombre de 4.

Figure 11 : Perception par rapport à l'efficacité des textes de lois

Oui Non
16,67%

83,33%

55
Chapitre 3 : L’impact de la gestion des risques de non-conformité sur le ROE : analyse empirique

Cependant, les dirigeants ont indiqué qu’il s’agit plutôt d’une question d’application et de
généralisation des textes de lois. En effet, ce manque d’application des lois et des
procédures peut être expliqué essentiellement par la non existence des contrôles pertinents
et appropriés assurant la surveillance et le suivi de la fonction Conformité et par l’absence
d’une culture Conformité dans l’environnement de la banque. Dans ce sens, les
responsables Conformité ont tous confirmé l’importance de l’existence et de la diffusion
d’une culture Conformité aux parties prenantes externes et internes de la banque et de la
sensibilisation de la nécessité de cette fonction pour garantir la stabilité du secteur bancaire
et assurer la protection de l’image de la banque.

Dans une même perspective, les répondants ont été tous d’accord sur le rôle important de
la fonction Conformité dans le maintien de la stabilité du secteur bancaire. Comme le
montre la figure 10, environ 96% des banques ont affirmé que l’application de la
Conformité améliore la stabilité du secteur bancaire hormis une seule banque qui n’a été ni
en désaccord ni en accord.

Figure 12 : les programmes de Conformité assurent la stabilité du secteur bancaire

90,00%
79,17%
80,00%
70,00%
60,00%
50,00%
40,00%
30,00%
20,00% 16,67%

10,00% 4,16%
0,00%
Tout à fait d'accord D'accord Ni en désaccord ni
d'accord

En outre, la figure ci-dessous montre que la totalité des banques ont répondu que le non-
respect des procédures de Conformité et des dispositifs de lutte contre le blanchiment
d’argent et le financement de terrorisme aura assurément un impact sur l’image de la
banque. En effet, l’atteinte à la réputation est l’un des risques important auquel une banque
peut s’exposer, c’est un risque à faible probabilité d’occurrence mais à une très grande
gravité une fois qu’il est survenu. De plus, une image désastreuse aura certainement des

56
Chapitre 3 : L’impact de la gestion des risques de non-conformité sur le ROE : analyse empirique

répercussions sur l’activité bancaire, comme elle peut être aussi l’origine d’une perte de
confiance des clients aux différents services et produits de la banque. Par conséquent,
l’image d’une banque compte énormément aux clients et peut décider de la durée de la
relation d’affaire qui les relie.

Figure 13 : L'impact du non-respect des dispositifs de Conformité et de LAB/FT sur


l'image de la banque

Oui Non

100%

Par ailleurs, nous voulons relever auprès des dirigeants leurs opinions en ce qui concerne le
rôle de la Conformité et des différentes procédures LAB/FT dans l’amélioration de la
compétitivité de leurs établissements de crédit. Environ 54.17% des banques (dont 29.17%
sont tout à fait d’accord et 25% sont d’accord) ont jugé que la Conformité et la mise en
place des dispositions LAB/FT aident à améliorer la compétitivité de l’établissement.

En contrepartie, 37,5 % ayant répondu « ni en désaccord ni en accord » ont jugé très


important l’exécution et l’application de toutes les normes de Conformité existantes par
toutes les banques. En effet, pour estimer le rôle de la Conformité dans l’amélioration de la
compétitivité de la banque, il faut principalement que toutes les banques travaillent dans un
environnement similaire en respectant et appliquant toute loi et toute règle en la matière.

Pour éclaircir l’idée, prenons cet exemple : un client se présente à une banque X en vue de
faire un dépôt ou de passer une certaine transaction d’une valeur très importante. La
banque X refuse de nouer une relation d’affaire avec ce client car la transaction lui semble
suspecte. Face à ce refus, le client se présente à une deuxième banque Y qui acceptera de
collaborer avec lui. C’est en ce sens-là que la banque Y gagne en faveur de la banque X.

57
Chapitre 3 : L’impact de la gestion des risques de non-conformité sur le ROE : analyse empirique

C’est pour cette raison qu’il est indispensable de respecter les lois et les règles et de
promouvoir l’équité dans l’ensemble du secteur bancaire.

Quant aux 8.33%, qui n’ont pas été d’accord, expliquent que la fonction Conformité, avec
ses règles et ses normes assez exigeantes, est perçue plutôt comme un frein et peut porter
atteinte à la compétitivité.

Figure 14 : La Conformité est un avantage compétitif pour la banque

40,00% 37,50%
35,00%
29,17%
30,00%
25%
25,00%
20,00%
15,00%
10,00% 8,33%

5,00%
0%
0,00%
Tout à fait D'accord Ni en Pas d'accord Pas du tout
d'accord désaccord ni d'accord
d'accord

Par la suite, nous avons interrogé les responsables s’il existe, selon eux, une relation entre
la performance financière et les mesures et pratiques de gestion de risques de non-
conformité et de blanchiment de capitaux. 91.67 % ont répondu oui et 8.33% qui
correspondent uniquement à deux banques, ne trouvent aucune relation.

Figure 15 : Relation entre la performance financière et les pratiques de gestion des


risques de non-conformité

8,33%
Oui Non

91,67%

58
Chapitre 3 : L’impact de la gestion des risques de non-conformité sur le ROE : analyse empirique

Ce qui justifie l’existence d’une telle relation est par exemple la faillite de certaines
banques et les amendes énormes qu’elles ont dû payer suite à la non-conformité et au non-
respect des normes. Effectivement, la filiale suisse du groupe bancaire britannique
HSBC23 a accepté récemment, en 08 août 2019, de payer une amende de 294,4 millions
d'euros après avoir été accusée de blanchiment d’argent en 2014.

De même, deux filiales américaines de la banque française BNP Paribas se sont trouvées,
ce dernier octobre, face à l’obligation de payer une amende de 15 millions de dollars aux
régulateurs américains pour ne pas avoir mis en place des systèmes de détection
performants et efficaces contre le blanchiment d’argent d’où elles n’ont pas accepté les
règles de lutte anti-blanchiment.

Ensuite, nous leur avons demandé la nature de cette relation. La figure 14 montre que
70.83% des répondants ont confirmé l’existence d’une relation positive, 20.84% ont jugé
que la performance financière est influencée négativement par les pratiques de gestion des
risques de non-conformité et 8.33 % ont répondu qu’il n’existe aucune relation.

Figure 16 : Impact des pratiques de la gestion des risques de non-conformité sur la


performance financière

80,00%
70,83%
70,00%

60,00%

50,00%

40,00%

30,00%
20,84%
20,00%
8,33%
10,00%

0,00%
Positif Négatif Pas d'impact

La question suivante porte sur les améliorations qui pourront avoir lieu concernant les
textes des lois. Nous avons alors interrogé nos répondants « Selon vous, les textes de lois
peuvent être plus efficaces s’ils portent un plus de focus sur ? ». Les réponses ont été
diversifiés. La figure ci-après indique que la rubrique mesures LAB/FT représente le plus
grand pourcentage des réponses suivie par les procédures KYC et « Autres ». Nous avons

23
Groupe Bancaire International Britannique.

59
Chapitre 3 : L’impact de la gestion des risques de non-conformité sur le ROE : analyse empirique

relevé au niveau de la rubrique « Autres » :

 La protection des employés de la banque appliquant ces textes.


 Des textes plus clairs et ne portant pas confusion en termes d’interprétation.
 Culture Conformité et Ethique.

Figure 17 : Amélioration au niveau des textes de lois

Aucune de ces réponses 8,33%

Autres 20,83%

Sanctions et mesures disciplinaires 16,67%

Mesures LAB/FT 25%

La protection des données personnelles 8,33%

Procédures KYC 20,83%

Section 4 : Analyse empirique :

Dans cette section, nous procédons en premier lieu, via le logiciel SPSS réservé aux
analyses statistiques, à l’estimation de l’impact qu’exerce la gestion des risques BA/FT sur
le ROE. Et en deuxième lieu, nous allons présenter les limites de notre étude et les voies de
recherches futures.

I. Statistiques descriptives :

La moyenne et l’écart-type ont été calculés à l’aide du logiciel SPSS pour évaluer la
contribution des variables indépendantes par rapport à la performance financière comme
indiqué dans le tableau 5. (L’output du SPSS des statistiques descriptives est en annexe 4)

60
Chapitre 3 : L’impact de la gestion des risques de non-conformité sur le ROE : analyse empirique

Tableau 5 : Statistiques descriptives des variables indépendantes

Variable Xi Moyenne Ecart-type

Nombre de personnels de la 5.79 3.283


fonction Conformité

Degré de compétence des 1.71 0.464


personnels

Formation des personnels 3.33 1.875

Reporting et communication 4.67 0.482

Ressources dédiées à la 2.08 0.504


fonction Conformité

Evaluation des risques 2.42 0.929

Cotation des risques 1.87 0.338


dominante de la dernière
cartographie des risques
BA/FT élaborée

Les résultats du tableau ci-dessus indiquent que les variables taille (moyenne = 5.79) avec
un écart-type de 3.283 et le reporting et communication (moyenne = 4.67) avec un écart-
type de 0.464 montrent la contribution la plus élevée dans la performance financière des
banques, suivies de la formation des personnels (moyenne = 3.33) avec un écart-type de
1.875 puis, l’évaluation des risques, les ressources dédiées à la fonction Conformité, la
cotation des risques dominante de la dernière cartographie des risques BA/FT élaborée et
finalement le degré de compétence des personnels (moyenne = 1.71) avec un écart-type de
0.464. Selon ces analyses statistiques, la taille contribue davantage que les autres variables
dans la variation du ROE.

II. Statistiques inférentielles :

Dans cette partie du mémoire, nous allons évaluer la relation entre les pratiques de la
gestion des risques BA/FT et la performance financière des banques à l’aide d’une analyse
de régression. L’intérêt de l’analyse de la corrélation ci-dessous est de s’assurer de la non-
existence d’une multicolinéarité entre les variables. Nous testons aussi l’homoscédasticité
pour vérifier l’égalité des variances des résidus. Quant à la régression linéaire multiple, elle

61
Chapitre 3 : L’impact de la gestion des risques de non-conformité sur le ROE : analyse empirique

a été utilisée pour déterminer l’impact de chacune des variables explicatives (taille,
formation des personnels, reporting et communication, ressources dédiées à la fonction
Conformité, évaluation des risques, cotation des risques BA/FT et degré de compétence
des personnels) sur la variable à expliquer (performance financière (ROE)).

II.1. Test de l’homoscédasticité :

L’homoscédasticité est une propriété fondamentale dans le modèle de la régression, Il


s’agit d’avoir une variance des erreurs égale. Dans d’autres logiciels d’analyse statistique,
le test de l’homoscédasticité se fait à travers le test de Pagan-Breusch. Cependant, ce test
ne peut pas être réalisé avec SPSS. Par conséquent, nous procédons de la manière
suivante : en effet, l’idée de l’homoscédasticite, comme indiqué ci-dessus, est d’avoir une
même variance des valeurs résiduelles à tous les niveaux des variables indépendantes ce
qui signifie que les variables indépendantes n’agissent pas sur les valeurs résiduelles et la
variance de ces dernières ne change pas. Pour ce faire, nous allons effectuer une régression
où la variable dépendante sera « les carrés des résidus ».

Le test de Fisher dans le tableau ANOVA permet de déterminer si les variables


indépendantes auront un impact significatif sur la variable dépendante introduite.

H0 : Homoscédasticité vérifiée.

H1 : Homoscédasticité non vérifiée.

La probabilité (P-value = 0.69 > 0.05) => l’hypothèse nulle est acceptée :
l’homoscédasticité est vérifiéé. (Voir annexe 5)

II.2. Analyse de la corrélation :

Le tableau ci-dessous est la matrice de corrélation de Pearson (Output du SPSS est en


annexe 6) utilisée pour déterminer la dépendance entre les variables explicatives et
expliquées. Elle sert à croiser deux variables en vue de détecter l’existence d’une relation
entre elles.

Le coefficient de corrélation Pearson (r) peut varier entre -1 et 1 et il nous donne une idée
sur la force de la relation entre deux variables. Un coefficient qui est égal à 1 ou aussi

62
Chapitre 3 : L’impact de la gestion des risques de non-conformité sur le ROE : analyse empirique

proche de 1 (r ≥ 0.7) indique que les deux variables sont fortement corrélées d’où
l’existence d’une multicolinéarité.

Nous testons la multicolinéarité entre nos variables indépendantes, le tableau 6 montre que
la plus forte corrélation a été détectée entre la taille et le reporting et communication
(0.477). Une absence de corrélation entre la cotation des risques de la cartographie
LAB/FT et le reporting. Et la plus faible corrélation (presque nulle) a été trouvée entre le
degré de compétence des personnels et la fréquence de l’évaluation des risques (-0.008).

Ainsi, nous pouvons conclure qu'il n’existe pas un problème de multicolinéarité puisque le
coefficient de corrélation le plus élevé est de 0.477 < 0.7.

Tableau 6 : Matrice de corrélation de Pearson

ROE TAILLE DCP FFP REPC R FER CR


ROE 1
Taille .459 1
DCP -.175 .015 1
FFP .120 .126 -.437 1
REPC .579 .477 -.259 -.065 1
R -.125 -.305 -.077 .201 .120 1
FER .269 .215 -.008 -.109 .032 -.170 1
CR -.168 .132 .035 -.069 .000 -.192 .312 1

ROE : Return on Equity ; FFP : Fréquence de formation des personnels ; REPC : Reporting
et communication ; R : Ressources dédiées à la fonction Conformité ; FER : Fréquence de
l’évaluation des risques ; CR : Cotation des risques BA/FT ; DCP : Degré de compétence
des personnels ; TAILLE : Nombre de personnels de la structure Conformité.

II.3. Analyse de la régression :

Une analyse de régression a été réalisée pour déterminer si le nombre de personnels de la


structure Conformité, la formation des personnels, la reporting, les ressources dédiées à la
fonction Conformité, l’évaluation des risques, la cotation des risques BA/FT et le degré de
compétence de personnels ont un effet significatif sur le ROE de la banque. Les résultats
de cette régression sont disponibles en annexe 7.

II.3.1. Récapitulatif du modèle :

Le coefficient de détermination R² tel que présenté dans le tableau 7 est de 0.559. Cela
signifie que les variables indépendantes étudiées dans notre étude représentent environ

63
Chapitre 3 : L’impact de la gestion des risques de non-conformité sur le ROE : analyse empirique

56% de la variabilité de ROE. Nous pouvons ainsi conclure que ce coefficient de


détermination traduit une bonne capacité d’explication du modèle. Les 44% restants
peuvent être attribués à d’autres variables non prises en compte par ce modèle d'étude.

De plus, nous testons la significativité globale du modèle à travers le test de Fisher. Ce test
permet de déterminer si les variables indépendantes permettent d’expliquer les variations
de la variable dépendante ROE. Nous avons alors les deux hypothèses suivantes :

H0 : Le modèle est non significatif.

H1 : Le modèle est significatif.

Dans notre cas, le niveau de significativité est de 0.000 < 0.05. On rejette l’hypothèse nulle
et nous concluons que nous avons une très bonne significativité du modèle ce qui signifie
que les variables indépendantes contribuent d’une manière très significative dans la
variabilité de la variable dépendante.

La dernière colonne est consacrée au test de Durbin-Watson. On accepte une valeur


comprise entre 1 et 3 pour ce test. Plus la valeur est proche de 2, moins il y a de problème
au niveau de l'indépendance des erreurs. Nous estimons avoir dans notre cas une très bonne
valeur de test de Durbin-Watson puisqu’elle est très proche de 2.

Tableau 7 : Récapitulatif du modèle

R R² R² ajusté Erreur Variation Sig.variation Durbin-


standard de de F de F
l’estimation Watson

0.748 0.559 0.499 0.066056 9.407 0.000 1.807

II.3.2. Interprétation et discussion des résultats :

Le tableau de coefficients ci-dessous nous permet d’extraire les variables significatives


c’est-à-dire celles qui ont un impact sur le ROE ainsi que les variables qui ne semblent pas
avoir une relation avec la performance financière. La colonne des coefficients indique le
degré de contribution ou la proportion d’impact de chaque variable indépendante sur le

64
Chapitre 3 : L’impact de la gestion des risques de non-conformité sur le ROE : analyse empirique

ROE si ce dernier varie d’une unité. La colonne P-value est la colonne réservée au test de
la significativité des variables. En effet, le test de significativité est valide si la valeur de P-
value est inférieure à 5%.

Tableau 8 : Les coefficients de régression

Xi Coefficients Bêta P-value

TAILLE 0.019 0.888

DCP 0.099 0.403

FFP 0.265 0.032**

REPC 0.632 0.000*

R -0.243 0.034**

FER 0.328 0.002**

CR -0.305 0.003**
NOTE : *, ** significatif respectivement au seuil de 1 % et 5 %.
FFP : Fréquence de formation des personnels ; REPC : Reporting et communication ; R :
Ressources dédiées à la fonction Conformité ; FER : Fréquence de l’évaluation des
risques ; CR : Cotation dominante des risques BA/FT ; DCP : Degré de compétence des
personnels ; TAILLE : Nombre de personnels de la structure Conformité.

 Variables avec probabilité (P-value) significative :

 Reporting et communication :

D’après le tableau ci-dessus, il existe une relation significative (0.00 < 0.01) et positive de
force élevée (Coefficient β = 0.632) entre la variable reporting et communication (REPC)
et la variable à expliquer le ROE. Cela signifie que le REPC contribue d’une manière
importante dans la réalisation de la performance financière de la banque. Le reporting est
la réalisation et la publication des rapports et des documents propres à l’activité de chaque
banque. Selon l’article 4 de la circulaire de la BCT n°2017-08, les établissements assujettis
doivent publier régulièrement des rapports d’évaluation du dispositif de blanchiment
d’argent et de financement de terrorisme, comme ils sont appelés aussi à publier
annuellement un rapport contenant le nombre des déclarations suspectes ainsi que le
montant total des opérations et des transactions déclarées. La réalisation de ces rapports est

65
Chapitre 3 : L’impact de la gestion des risques de non-conformité sur le ROE : analyse empirique

essentielle et joue un rôle primordial dans le processus de la gestion des risques de non-
conformité et des risques BA/FT du fait qu’elle contient des informations et des données
clés et rend compte de : l’évaluation de la Conformité de l’établissement aux lois et aux
réglementations, le nombre de déclaration de soupçons, le mouvement des comptes
présentant un risque élevé, les changements au niveau des profils des clients, comparaison
du nombre de CHR24 avec celui des rapports précédents, les incidents majeurs, les actions
en matière de prévention, les alertes traitées, etc. Le reporting permanant et la
communication des informations constituent alors une nécessité car les rapports permettent
aux dirigeants d’évaluer les politiques, procédures et pratiques de leur établissement en
matière des risques de BA/FT, identifier et discuter les défaillances de dispositif LAB/FT
et mettre en place des plans d’action pour les nouveaux risques avant qu’ils ne se
développent et leur maîtrise devient alors difficile, chose qui peut impacter négativement la
performance financière de la banque.

 Evaluation des risques et cotation du risque BA/FT :

Passons aux variables suivantes : la fréquence de l’évaluation des risques (FER) et la


cotation dominante du risque dans la cartographie des risques BA/FT la plus récente (CR).
Nous remarquons d’après le tableau 8 qu’il existe une dépendance entre ces deux variables
indépendantes et le ROE. (0.002 < 0.05) pour la FER et (0.003 < 0.05) pour la CR.

Comme mentionné dans le tableau 4, le codage de la variable CR est le suivant : (1.


Faible ; 2. Moyenne ; 3. Forte ; 4. Critique ; 5. Inacceptable). Logiquement, plus la cotation
du risque dominante de la cartographie sera forte et tendra vers un état critique et
inacceptable plus le ROE sera impacté négativement et varie dans un sens décroissant.
Cela a été justifié par le signe négatif du coefficient (β) donné par la régression (-0.305) de
la variable CR. Pour ce qui est de la fréquence de l’évaluation des risques, elle est
positivement corrélée avec le ROE ; plus la banque augmente la fréquence de l’évaluation
des risques BA/FT, plus le ROE sera influencé positivement.

Partons de ces valeurs pour mieux expliquer l’impact de ces deux variables sur la
performance financière de la banque. L’évaluation des risques comprend l’évaluation de la
probabilité d’occurrence des risques et leur impact sur la banque. Le risque est un
évènement incertain qui peut se produire à n’importe quel moment et peut engendrer des

24
Clients à haut risque.

66
Chapitre 3 : L’impact de la gestion des risques de non-conformité sur le ROE : analyse empirique

conséquences néfastes d’où une évaluation régulière de ses risques est indispensable
surtout lors du lancement des nouveaux produits, la banque doit faire une évaluation des
risques susceptibles de se produire et vérifier si les mesures et les outils de contrôle actuels
sont suffisants ou d’autres procédures supplémentaires seront nécessaires pour assurer la
bonne gestion de ces nouveaux risques. Suivre régulièrement les risques liés à la
Conformité et au BA/FT permet leur mitigation et par conséquent éviter la détérioration de
la performance financière de la banque.

 Formation des personnels :

Observons maintenant la significativité entre la fréquence de formation des personnels


(FFP) et le ROE (0.032<0.05). Le codage attribué à cette variable est le suivant : (1.
Aucuns programmes de formation ; 2. Annuelle ; 3. Semestrielle ; 4. Trimestrielle ; 5.
Mensuelle ; 6. A chaque changement). D’après ce codage et le coefficient (β) positif
trouvé, nous interprétons la relation entre la FFP et le ROE de la manière suivante : Plus
les banques organisent des programmes de formation et de sensibilisation pour leurs
personnels, plus le ROE sera influencé d’une manière positive. La fonction Conformité est
considérée comme un sujet neuf, elle est nouvellement installée au sein des établissements
de crédit et une absence dans son application comme mentionné ci-dessus peut engendrer
des conséquences trop lourdes et désastreuses à la banque. A cet égard, les banques sont
appelées à faire régulièrement des formations à tous les personnels, notamment ceux qui
sont le plus concernés par cette nouvelle fonction (les chargés de la clientèle, les chefs
d’agence, les membres de la fonction Conformité dans les sièges des banques, etc.), surtout
que les réglementations et les textes de lois relatives à la lutte contre le fléau de BA/FT
sont en évolution progressive et subissent fréquemment des modifications et des
changements que l’employé doit connaître.

Ce n’est donc que par des programmes de formation réguliers et efficaces et une
communication claire des nouvelles réglementations relatives à la lutte contre le
blanchiment de capitaux, et des modifications apportées aux pratiques et procédures déjà
mis en circulation, que l’employé peut être encouragé à accomplir correctement les tâches
et les responsabilités qui lui sont confiées et savoir gérer les risques auxquels il est exposé,
c’est la première étape pour assurer une bonne gestion des risques de non-conformité et
protéger donc la banque des conséquences désastreuses et des pertes financières.

67
Chapitre 3 : L’impact de la gestion des risques de non-conformité sur le ROE : analyse empirique

 Ressources dédiées à la fonction Conformité :

Il existe une relation négative (β = - 0.243) et significative (0.034 < 0.05) entre les
ressources dédiées à la fonction Conformité et le ROE. Selon le tableau 4 de codage des
variables, nous avons (1. Ressources insuffisantes ; 2. Ressources acceptables ; 3.
Ressources Suffisantes). Par conséquent, plus les ressources de la Conformité sont
suffisantes c’est-à-dire plus les banques investissent dans cette fonction plus le montant du
budget qui lui est consacré sera élevé et plus le ROE sera impacté et variera dans un sens
inverse. Cela peut être traduit par le coût très important des ressources allouées à la
fonction Conformité. En effet, vu que les techniques de blanchiment d’argent et de
financement de terrorisme sont en évolution continue et les risques qui y sont liés sont
nombreux et peuvent paraître brusquement, il est nécessaire aux banques de disposer des
outils et des logiciels très sophistiqués et très développés afin de leur permettre de bien
identifier leurs clients, détecter et suivre les opérations et les transactions suspectes et
limiter les risques de BA/FT.

La lutte efficace contre le fléau de blanchiment de capitaux exige la mise en place de


bonnes pratiques de gestion des risques de BA/FT, ce qui peut donc être considéré comme
étant une charge à la banque à travers le coût très élevé des moyens et des outils
nécessaires. Cependant, le coût d’une non-conformité est très énorme, par conséquent une
bonne application de la Conformité permet à la banque d’éviter les pénalités, les amendes
et les sanctions disciplinaires et administratives qui lui coûtent trop cher et pouvant
entraîner des pertes financières colossales.

 Variables avec probabilité (P-value) non significative :

 Degré de compétence des personnels :

La variable degré de compétence des personnels (DCP) ne semble pas avoir joué un rôle
dans cette étude. Aucune dépendance n'a été trouvée, la DCP avait un effet non significatif
sur la performance financière mesurée par le ROE (0.403 > 0.05).

Ce résultat non significatif peut être expliqué du fait de la non variabilité des réponses
obtenues relatives à la question exprimant la variable indépendante DCP, en effet, tous les
responsables Conformité interrogés ont jugé de « bonnes à très bonnes » les compétences
professionnelles des membres de la fonction Conformité dans leurs établissements. Selon

68
Chapitre 3 : L’impact de la gestion des risques de non-conformité sur le ROE : analyse empirique

notre modèle de régression, le DCP ne semble pas avoir un effet direct sur la performance
financière. Cependant, une équipe de Conformité hautement qualifiée et expérimentée est
indispensable

 Nombre de personnels composant la structure Conformité :

Nous avons introduit la variable indépendante taille dans notre modèle de régression afin
de vérifier la nature de la relation entre celle-ci et le ROE. Il ne semble y avoir aucune
corrélation entre ces deux variables (Probabilité (P-value) non significative (0.888 >>
0.05)), cela signifie qu’aucune relation n’existe entre la taille et le ROE. Nous concluons
ainsi que même avec une taille faible des personnes composant la structure Conformité, il
n’y aura aucun impact sur la performance financière de la banque. Effectivement, les
banques qui ont réalisé un ROE élevé en 2018 telles que la BIAT (20.8%), la BH (15.4%),
l’UBCI (14.1%) allouent de quatre à six personnes uniquement pour la structure
Conformité dans leurs établissements. En d’autres termes, le nombre de personnels, quel
qu'il soit faible ou important, n’agit pas sur la variation du ROE, ce qui compte le plus
c’est la répartition efficiente des rôles et des tâches tout en tenant compte des
connaissances, des compétences et des qualités des employés.

III. Limites de l’étude :

Notre travail a certes permis d’obtenir plusieurs conclusions et résultats en ce qui concerne
l’apport de la fonction Conformité dans les établissements de crédit et le rôle important des
pratiques de gestion des risques de blanchiment d’argent dans la réalisation de la
performance financière de la banque. Néanmoins, cette étude n'est pas exempte de critiques
et elle possède des limites que nous soulignons ci-dessous.

III.1. Limites liées à l’indicateur de la performance financière :

Dans notre travail, nous nous sommes intéressées uniquement aux pratiques de gestion des
risques BA/FT tandis que plusieurs autres facteurs entrent dans la mesure de la
performance financière qui auraient pu être pris en compte dans notre étude. De plus, nous
avons choisi l’utilisation du ROE pour mesurer la performance financière et qui est perçue
comme un bon indicateur. Cependant dans le but d’affiner nos résultats et confirmer la
relation entre la gestion des risques BA/FT et la performance financière, plusieurs autres
déterminants de la performance auraient pu être considérés en plus du ROE.

69
Chapitre 3 : L’impact de la gestion des risques de non-conformité sur le ROE : analyse empirique

III.2. Limites liées à la population :

Parmi les difficultés que nous avons rencontrées étaient premièrement au niveau de la
distribution du questionnaire et de la collecte des informations. En effet, certains
répondants n’ont pas été disposés à fournir des informations suffisantes sur leurs
établissements car ils risquent de dévoiler des données confidentielles, d’où un biais pourra
provenir du fait que les répondants ont peut-être privilégié les réponses valorisantes.
D’autres n’ont pas été en mesure de répondre au questionnaire à cause de leur
indisponibilité et ont refusé ainsi de participer à l’enquête.

De plus, le secteur bancaire tunisien est d’une taille faible d’où la taille a représenté un
obstacle et notre étude était basée sur une population limitée. Plus la taille de l’échantillon
est importante plus les résultats seront fiables et précis.

IV. Voie de recherche future :

La présente étude a été menée auprès du secteur bancaire tunisien et s’est intéressée plus
particulièrement à la gestion des risques de blanchiment d’argent et de financement de
terrorisme. Cependant, le domaine de la Conformité est large, son champ d’application est
très vaste et ne se limite pas à la lutte contre le blanchiment de capitaux et la gestion des
risques BA/FT. Ainsi, pour des résultats généralisés et plus pertinents de l’impact de la
gestion des risques de non-conformité sur la performance financière, des études futures
peuvent tout d’abord cibler tout le secteur financier et non pas les banques uniquement et
peuvent tenir compte d’autres risques liés à la non-conformité.

70
Chapitre 3 : L’impact de la gestion des risques de non-conformité sur le ROE : analyse empirique

Conclusion :

L’objectif de notre étude était d’évaluer la relation qui existe entre la gestion des risques de
non-conformité notamment les risques de BA/FT et la performance financière de la
banque.

Cela a été réalisé en collectant des informations auprès de l’ensemble de secteur bancaire
tunisien à travers la distribution d’un questionnaire aux responsables Conformité de chaque
banque.

Nous avons choisi le ROE comme indicateur de performance financière et le nombre de


personnes composant la structure Conformité, le degré de compétence des personnels, le
reporting et communication, la formation des personnels, les ressources allouées à la
fonction Conformité, l’évaluation des risques et la cotation des risques BA/FT comme des
facteurs entrant dans la gestion des risques de BA/FT. Afin de tester la nature de la relation
entre nos variables indépendantes et notre variable dépendante ROE, nous avons utilisé le
logiciel statistique SPSS.

A travers le questionnaire distribué, nous avons étudié la perception des responsables vis-
à-vis la Conformité, son rôle et son application dans la banque ainsi que son impact sur le
secteur bancaire en général. Il y avait une unanimité sur le fait que l’implémentation d’une
telle fonction dans la banque permet d’assurer la stabilité de secteur bancaire et de créer
une certaine loyauté et honnêteté dans ce secteur à travers les textes de lois et la
règlementation que les banques se trouvent obligées de les respecter pour éviter les
différents risques de non-conformité. De plus, les responsables se sont mis tous d’accord
sur le fait que l’application de la Conformité permet de garantir une bonne réputation de la
banque et influe donc positivement sur sa performance financière. La figure ci-dessous
explique ce qui a été mentionné.

71
Chapitre 3 : L’impact de la gestion des risques de non-conformité sur le ROE : analyse empirique

Figure 18 : Relation entre la Conformité et la performance financière

Respect de la
réglementation et
l'application des
lois

Impact positif sur


la performance Bonne réputation
financière

Gain de la
Attraction des
confiance des
clients
clients

Par ailleurs, l’analyse empirique a approuvé que notre hypothèse a été bien vérifiée. En
effet, 71% de la totalité des variables indépendantes introduites dans le modèle d’étude
avaient un impact significatif sur le ROE. Par conséquent, nous concluons qu’il existe une
relation entre les pratiques de la gestion de risques BA/FT et la performance financière de
la banque. Cette relation est positive pour le reporting et communication, la formation des
personnels et l’évaluation des risques. La figure ci-après montre la proportion de l’impact
de chaque variable sur le ROE.

Figure 19 : Répartition des variables significatives

Reporting et
communication

Formation des
14%
personnels
36%
17% Evaluation des
risques

Cotation des risques


18% 15% LAB/FT

Ressources dédiées à
la fonction
Conformité

72
Conclusion générale

CONCLUSION GENERALE

Suite à la multiplication des crises financières, la réglementation internationale a rendu


incontournable la notion de la Conformité pour toutes les activités financières et bancaires. La
Conformité est devenue alors un sujet central et les banques ont montré une véritable prise de
conscience quant aux risques de non-conformité.

A cet égard, ce mémoire a compris trois chapitres dans lesquels nous avons présenté le cadre
légal et réglementaire international ainsi que national, la fonction Conformité, ses missions et
son apport au sein des banques. Ensuite, nous nous sommes intéressés au risque de
blanchiment d’argent et de financement de terrorisme vu que c’est le risque le plus important
et le plus répandu. En effet le BA/FT a connu une évolution rapide et profonde en s’intégrant
progressivement dans tout le système financier et économique. Une section a été consacrée
alors à la présentation du concept de ce fléau, ses étapes, les différentes techniques et
méthodes utilisées par les criminels pour blanchir l’argent sale. Et les dispositions et pratiques
appropriées que les banques doivent prendre pour lutter contre ce phénomène.

Pour répondre à notre question centrale, nous avons distribué aux banques installées en
Tunisie un questionnaire contenant des questions traitant la place et le rôle de la fonction
Conformité dans les banques. Effectivement, tous les responsables sont conscients de
l’importance de la mise en place d’une fonction Conformité dans leurs établissements qui sera
chargée d’identifier, évaluer et contrôler les risques de non-conformité.

Les résultats obtenus de l’analyse empirique faite à l’aide de SPSS25 ont confirmé l‘existence
d’un impact de la gestion des risques de BA/FT sur la performance financière (mesurée par le
ROE).

25
Statistical Package for the Social Sciences.

73
Bibliographie

BIBLIOGRAPHIE

Ouvrages et articles :
 Aebi, V., Sabato, G., & Schmid, M. (2012). Risk management, corporate governance,
and bank performance in the financial crisis. Journal of Banking & Finance, 36(12),
3213-3226.
 Alawattegama, K. K. (2017). The Impact of Enterprise Risk Management on Firm
Performance: Evidence from Sri Lankan Banking and Finance Industry. International
Journal of Business and Management, 13(1), 225.
 Bertinetti, G. S., Cavezzali, E., & Gardenal, G. (2013). The effect of the enterprise risk
management implementation on the firm value of European companies. Department of
Management, Università Ca'Foscari Venezia Working Paper, (10).
 Broyer, P. (2002). Le blanchiment de l'argent. Etudes, 396(5), 611-621.
 Chaduteau, O. (2019, Janvier). Quand la compliance devient un avantage compétitif.
Revue des juristes de sciences po- N°16.
 Chenhall, R. H. (2005). Integrative strategic performance measurement systems,
strategic alignment of manufacturing, learning and strategic outcomes: an exploratory
study. Accounting, organizations and society, 30(5), 395-422.
 Dionne, G. (2013). Gestion des risques : histoire, définition et critique. Cahier de
recherche/Working Paper, 13, 01.
 Djoumetio, N. L. T. (2015). Les banques et la mise en œuvre du dispositif de lutte
contre le blanchiment des capitaux au Cameroun et en France (Doctoral dissertation).
 Otley, D. (1999). Performance management: a framework for management control
systems research. Management accounting research, 10(4), 363-382.
 Ramlee, R., & Normah, A. (2015). Panel Data Analysis on the Effect of Establishing
the Enterprise Risk Management on Firms’ Performance. In Proceedings of 4th
European Business Research Conference (pp. 9-10).

74
Bibliographie

Rapports :

 Attijari Bank Direction de la Conformité. (2018, Janvier). Manuel de Procédures


AML.
 Centre d'analyse des opérations et déclarations financières du Canada. (2017, Juin).
Guide de l’approche axée sur les risques pour lutter contre le blanchiment d’argent et
le financement des activités terroristes.
 Comité de Bâle sur le contrôle bancaire. (2011, Octobre). Devoir de diligence des
banques au sujet de la clientèle.

 Conseil du Marché Financier. (2017, Septembre). GUIDE relatif à la lutte contre le


Blanchiment d’argent et le financement du terrorisme destiné aux intermédiaires en
bourse et aux sociétés de gestion des portefeuilles de valeurs mobilières pour le
compte de tiers.

 GAFI. (2004). Rapport sur les typologies de blanchiment de capitaux et du


financement de terrorisme 2003-2004.

Circulaires et lois organiques :

 Banque Centrale de Tunisie. (2017, Septembre 19). Communiqué circulaire 2017-08.

 Circulaire BCT n° 2017-08 du 19 septembre 2017, telle que modifiée par la circulaire
n° 2018-09 du 18 octobre 2018.

 Circulaire BCT n°2006-06 du 24 juillet 2006.

 Loi n° 2003-75 du 10 décembre 2003, relative au soutien des efforts internationaux de


lutte contre le terrorisme et à la répression du blanchiment d'argent.

 Loi organique n° 2015-26 du 7 août 2015, relative à la lutte contre le terrorisme et la


répression du blanchiment d’argent.

 Loi organique n° 2019-9 du 23 janvier 2019, modifiant et complétant la loi organique


n° 2015-26 du 7 août 2015, relative à la lutte contre le terrorisme et à la répression du
blanchiment d’argent.

Sites Web :

 Site de Fonds Monétaire International www.imf.org/external/np/exr/facts/fre/amlf.htm

75
Bibliographie

 Site de la Banque Centrale de Tunisie : www.bct.gov.tn

 Site de la Commission Tunisienne des Analyses Financières : www.ctafbct.gov.tn

 Site de Transparency International : www.transparency.org

 Site du Centre d'analyse des opérations et déclarations financières du Canada :


www.fintrac-canafe.gc.ca

 Site du Groupe des Action Financières : www.fatf-gafi.org

 Site du Portail de l'Économie, des Finances, de l'Action et des Comptes publics :


www.economie.gouv.fr

76
Annexes

ANNEXES

Annexe 1 : Formulaire CTAF de déclaration d’opération ou de transaction


suspecte.

77
Annexes

78
Annexes

79
Annexes

80
Annexes

81
Annexes

82
Annexes

83
Annexes

Annexe 2 : Elements d’identification de la clientèle.

84
Annexes

85
Annexes

Annexe 3 : Questionnaire de Projet de Mémoire de Mastère.

Institut Supérieur de Gestion de Tunis

Questionnaire de Projet de Mémoire de Mastère

Thème : L’impact de la gestion des risques de non-conformité sur la performance financière


de l’établissement de crédit.

Objet : Dans le cadre de la réalisation du projet de mémoire de Mastère, nous vous serions
reconnaissants si vous répondez à ces questions qui traiteront l’impact des mesures et
procédures de la gestion des risques de non-conformité et de blanchiment de capitaux sur le
ROE de la banque.

Nous vous remercierons par avance pour votre intérêt et le temps que vous avez consacré à la
réponse à ce questionnaire.

NOTE:

KYC: Know Your Customer.


BA/FT : Le blanchiment d’argent et le financement de terrorisme.
LAB/FT : Lutte contre le blanchiment d’argent et le financement de
terrorisme.
ROE : Return on Equity (Rendement des capitaux propres).

Nom de l’établissement :

86
Annexes

Q1. Votre établissement est ?

 1. Public
 2. Privé
 3. Off-shore

Q2. Avez-vous une structure spécifique à la Conformité dans votre établissement ?

 1. Oui
 2. Non

Combien de personnes composent cette structure ?

……………………………………………………………………………………

Q3. Depuis combien de temps la structure Conformité est mise en place au sein de votre
établissement ?

 1. Après 2006 Veuillez préciser l’année : …………………………………


 2. Avant 2006

Q4. La structure Conformité dans votre établissement est une structure indépendante ?

 1. Oui
 2. Non

Q5. La structure Conformité dans votre établissement est liée directement à :

 1. La direction générale
 2. Le conseil d’administration
 3. Autres. Veuillez préciser …………………………………………………

Q6. La fonction Conformité rend le secteur bancaire plus stable :

 1. Tout à fait d'accord


 2. D'accord
 3. Ni en désaccord ni d’accord
 4. Pas d'accord
 5. Pas du tout d'accord

87
Annexes

Q7. La fonction Conformité améliore la compétitivité de votre établissement :

 1. Tout à fait d'accord


 2. D'accord
 3. Ni en désaccord ni d’accord
 4. Pas d'accord
 5. Pas du tout d'accord

Q8. Pensez-vous que le non-respect des dispositifs de Conformité et de lutte contre le


blanchiment d’argent et le financement de terrorisme peut dévaloriser la réputation et
l’image de votre établissement ?

 1. Oui
 2. Non

Q9. Existe-t-il une relation entre la gestion des risques de non-conformité et la performance
financière des établissements de crédit ?

 1. Oui
 2. Non

Q10. Pensez-vous que les mesures de la gestion des risques de non-conformité ont un impact
sur la performance financière des établissements de crédit ?

 1. Oui
 2. Non

Si oui, Comment décrivez-vous cet impact ?

 1. Positif
 2. Négatif

Q11. Selon vous, les lois sont-elles efficaces pour contrôler la non-conformité dans les
établissements de crédit ?

 1. Oui
 2. Non

88
Annexes

Q12. Selon vous, les textes de lois peuvent être plus efficaces s’ils portent un plus de focus
sur :

 1. Les procédures KYC


 2. La protection des données personnelles
 3. Mesures et procédures de lutte contre le blanchiment d’argent et le
financement de terrorisme
 4. Sanctions et mesures disciplinaires
 5. Autres. Veuillez préciser …………………………………………………

Q13. Les membres de la fonction Conformité dans votre établissement disposent-ils des
qualifications nécessaires pour assurer la bonne gestion des risques de non-conformité ?

 1. Oui
 2. Non

Q14. Comment évaluez-vous les compétences professionnelles de l’équipe Conformité ?

 1. Très mauvaises
 2. Mauvaises
 3. Moyennes
 4. Bonnes
 5. Très bonnes

Q15. Disposez-vous d’une cartographie des risques BA/FT ?

 1. Oui
 2. Non

Si oui, pour la dernière cartographie élaborée, quelle était la cotation de


risque dominante ?

 1. Faible
 2. Moyenne
 3. Forte
 4. Critique
 5. Inacceptable

89
Annexes

Q16. Quelle est la fréquence de l’évaluation des risques de non-conformité ?

 1. Annuellement
 2. Semestriellement
 3. Trimestriellement
 4. Autres Veuillez préciser …………………………………………………

Q17. Votre établissement organise-t-il des programmes de formation dédiés à la


communication des nouvelles lois et règlements relatifs à la conformité, ainsi qu’aux
nouvelles techniques, méthodes et tendances en matière de LAB/FT ?

 1. Oui
 2. Non

Si oui, Quelle est la fréquence de ces programmes de formation ?

 1. Aucuns programmes de formation


 2. Annuelle
 3. Semestrielle
 4. Trimestrielle
 5. Mensuelle
 6. A chaque changement

Q18. Comment considérez-vous les ressources disponibles dédiées à la fonction


Conformité et permettant d’examiner et assurer le suivi des comptes enregistrant des
opérations inhabituelles ?

 1. Insuffisantes
 2. Acceptables
 3. Suffisantes

Q19. L’organe de la Conformité dans votre établissement a la liberté d’accès à toutes les
données et les documents nécessaires pour accomplir ses missions. Veuillez évaluer votre
accord avec ce qui précède :

 1. Tout à fait d'accord


 2. D'accord
 3. Ni en désaccord ni d’accord
 4. Pas d'accord
 5. Pas du tout d'accord

90
Annexes

Q20. L’organe de la Conformité dans votre établissement réalise des rapports régulièrement ?

 1. Pas du tout d'accord


 2. Pas d’accord
 3. Ni en désaccord ni d’accord
 4. D’accord
 5. Tout à fait d'accord

Merci de votre collaboration


Nouha ANGAR
Tél : 24585788
E-mail : angar.nouha.rdr@gmail.com

91
Annexes

Annexe 4 : Statistiques descriptives.

Annexe 5 : Test de l’homoscédasticité.

92
Annexes

Annexe 6 : Matrice de corrélation de Pearson.

93
Annexes

Annexe 7 : Résultats de la régression linéaire multiple.

94
Table de matières

TABLE DES MATIERES

INTRODUCTION GENERALE ................................................................................................1

CHAPITRE 1 ..............................................................................................................................4

Cadre légal et réglementaire de la lutte anti-blanchiment et de financement de terrorisme .......4

Introduction :...............................................................................................................................4

Section 1 : Cadre légal et réglementaire international : ..........................................................5

I. Le Groupe d’action financière (GAFI) : .........................................................................5

II. Le Groupe d'Action Financière du Moyen-Orient et de l'Afrique du nord


(GAFIMOAN) : ......................................................................................................................7

III. Le Comité de Bâle :.......................................................................................................8

IV. Le Fonds monétaire international (FMI) : ....................................................................9

V. L’Organisation des Nations unies (ONU) : .................................................................10

VI. Le Wolfsberg Group (WG): ........................................................................................11

VII. Transparency International (TI) : ................................................................................12

VIII. Le USA PATRIOT ACT : ..........................................................................................13

IX. Foreign Account Tax Compliance Act (FATCA): .....................................................13

Section 2 : Cadre légal et réglementaire tunisien : ................................................................14

I. La Banque Centrale de Tunisie (BCT) : .....................................................................15

II. La Commission Tunisienne des Analyses Financières (CTAF) : ..............................15

III. L’Instance Nationale de la Lutte contre la Corruption (INLUCC) : ..........................17

Conclusion : ..............................................................................................................................18

CHAPITRE 2 ............................................................................................................................19

Pratiques de gestion des risques BA/FT et performance financière .........................................19

Introduction :.............................................................................................................................19

95
Table de matières

Section 1 : Qu’est-ce que la Conformité ? ............................................................................21

I. Notion de la Conformité : .............................................................................................21

II. Les risques de non-conformité : ...................................................................................21

II.1. Le risque de sanction judiciaire : ..............................................................................21

II.2. Le risque de sanction administrative ou disciplinaire :.............................................21

II.3. Le risque de perte financière :...................................................................................21

II.4. Le risque d’atteinte à la réputation : .........................................................................22

III. La fonction Conformité au sein des établissements de crédit : ..................................22

IV. Les missions de la fonction Conformité : ..................................................................23

Section 2 : Blanchiment d’argent et financement de terrorisme : Concept et techniques : 24

I. Définitions : ..................................................................................................................24

I.1. Définition du financement de terrorisme : .................................................................25

I.2. Définition du blanchiment d’argent : .........................................................................26

II. Techniques de blanchiment d’argent : ........................................................................28

II.1. Le schtroumphage : ...................................................................................................28

II.2. Achat de biens de luxe au comptant : .......................................................................28

II.3. Front Business : ........................................................................................................28

II.4. Le prêt adossé : .........................................................................................................29

II.5. Rédaction des fausses factures :................................................................................29

II.6. Complicité bancaire : ................................................................................................30

II.7. Utilisation des services d’une assurance :.................................................................30

II.8. Les services sur Internet : .........................................................................................31

II.9. Les casinos : ..............................................................................................................32

III. Pratiques de gestion des risques BA/FT : ...................................................................32

III.1. Présentation de la circulaire BCT n° 2017-08 du 19 septembre 2017 : ..................32

III.2. Dispositif de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement de terrorisme


dans la banque : .................................................................................................................33

96
Table de matières

III.2.1. Evaluation du risque BA/FT :...............................................................................33

III.2.2. Devoir de vigilance : ............................................................................................34

III.2.2.1. Devoir de vigilance à l’égard des clients : ..........................................................36

III.2.2.2. Devoir de vigilance à l’égard des opérations : ...................................................36

III.2.3. Devoir de déclaration de soupçon : ....................................................................38

III.2.4. Autres dispositions : .............................................................................................39

III.2.4.1. Programmes de Formation : ..............................................................................39

III.2.4.2. Conservation des documents : ...........................................................................40

Section 3 : Impact de la gestion des risques de non-conformité sur la performance


financière : Revue de littérature : ..........................................................................................40

I. Performance financière : ...............................................................................................40

II. Relation gestion des risques et performance financière : .............................................41

Conclusion : ..............................................................................................................................43

CHAPITRE 3 ............................................................................................................................44

L’impact de la gestion des risques de non-conformité sur le ROE : analyse empirique ..........44

Introduction :.............................................................................................................................44

Section 1 : Présentation de l’organisme d’accueil : ..............................................................45

I. Présentation générale de la BTL : .................................................................................45

II. Historique : ...................................................................................................................47

III. Présentation de la direction contrôle de la Conformité : ..............................................47

Section 2 : Démarche méthodologique de l’étude empirique : .............................................49

I. Méthodologie : .............................................................................................................49

II. Hypothèse : ..................................................................................................................49

III. La conception du questionnaire : ................................................................................49

IV. Description de l’échantillon : ......................................................................................51

V. La collecte de données : .............................................................................................52

VI. Modèle de régression : ...............................................................................................52

97
Table de matières

Section 3 : Analyse descriptive : ...........................................................................................53

I. Informations générales sur la fonction Conformité : .....................................................53

II. Perception vis-à-vis les programmes de Conformité et de LAB/FT : ...........................55

Section 4 : Analyse empirique : ............................................................................................60

I. Statistiques descriptives : ...............................................................................................60

II. Statistiques inférentielles : .............................................................................................61

II.1. Test de l’homoscédasticité : ......................................................................................62

II.2. Analyse de la corrélation : ........................................................................................62

II.3. Analyse de la régression : .........................................................................................63

II.3.1. Récapitulatif du modèle : .......................................................................................63

II.3.2. Interprétation et discussion des résultats : .............................................................64

III. Limites de l’étude :.....................................................................................................69

III.1. Limites liées à l’indicateur de la performance financière : .....................................69

III.2. Limites liées à la population : ..................................................................................70

IV. Voie de recherche future : ...........................................................................................70

Conclusion : ..............................................................................................................................71

CONCLUSION GENERALE...................................................................................................73

BIBLIOGRAPHIE ....................................................................................................................74

ANNEXES ................................................................................................................................77

TABLE DES MATIERES ........................................................................................................95

98

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