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Ahmed BOUTOUMILATE
Doctorant
Faculté des Sciences Juridiques Economiques et Sociales-Souissi
Université Mohammed V
Email : ahmed.boutoumilate@um5s.net.ma
Résumé
Suite à la déclaration de l’état d’urgence sanitaire, les redevables des taxes locales se sont trouvés face à
une situation inédite. Sous peines de sanctions, ces redevables étaient obligés d’une part de déposer
auprès des services compétents des déclarations prévues par la loi n° 47-06 relative à la fiscalité des
collectivités locales et d’autre part de rester en confinement suite aux injonctions prises en vertu de
l’état d’urgence sanitaire. En examinant les répercussions de la pandémie covid-19 sur les obligations
des contribuables en matière de fiscalité locale, cette étude cherche à analyser les solutions initiées par
les autorités publiques pour résoudre la situation antinomique née suite à l’état d’urgence sanitaire entre
l’obligation de déposer les déclarations fiscales et l’obligation de rester en confinement
Mots-clés : obligations des contribuables- fiscalité locale – norme fiscale-déclaration fiscale - état
d’urgence sanitaire – pandémie covid 19
Abstract
Following state health emergency declaration, the persons indebted to local taxes faced a difficult
situation. To avoid sanctions, taxpayers need to file to the concerned authorities their declarations as
defined in law n° 47-06 related to local authority taxation. On the other hand, they need to remain in
confinement as determined under the health emergency the measures state. By examining the impact of
the Covid-19 pandemic on taxpayers' local tax obligations, this study seeks to analyze the solutions
initiated by the public authorities to resolve the conflicting situation arising from the state of health
emergency between the duty to file tax declarations and the obligation to remain in confinement.
Keywords: Taxpayer’s obligations, local taxation, fiscal norm, fiscal statement, state of health
emergency, pandemic covid-19.
Codes JEL: K34
REMFO http://revues.imist.ma/?journal=REMFO&page=about
REMFO N°12 Janvier 2021 ISSN 2489-205X
Introduction
Dans un système fiscal déclaratif, le contribuable est soumis à l’obligation « de produire des
déclarations sincères et exactes de la matière imposable » (Bouvier, 2016). En contrepartie de
ce dispositif, les services fiscaux contrôle les déclarations des contribuables et demande, en cas
de besoin, toutes les justifications qu’elle juge nécessaires. Mais, suite à la déclaration de l’état
d’urgence sanitaire au Maroc, les redevables des taxes locales se sont trouvés face à une
situation inédite. Sous peines de sanctions fiscales ou pénales, ces redevables étaient obligés
d’une part de déposer auprès des services compétents des déclarations prévues par la loi n° 47-
06 relative à la fiscalité des collectivités locales1 et d’autre part de rester en confinement suite
aux injonctions prises par les autorités publiques en vertu du décret-loi n° 2-20-292 édictant des
dispositions particulières à l’état d’urgence sanitaire et les mesures de sa déclaration2.
A cet égard, « les éléments des forces de sécurité, dont ceux des Forces armées royales et de la
Gendarmerie royale, ont été très vite déployés dans les villes et les douars à travers le Royaume
pour s’assurer du respect des instructions de confinement et pour limiter les déplacements de la
population au strict minimum en cas d’urgence » (Bouhia, 2020).
1
Loi n° 47-06 relative à la fiscalité des collectivités locales promulguée par le dahir n° 1-07-195 du 19 kaada 1428
(30 novembre 2007), B.O. n° 5584 du 6 décembre 2007.
2
Décret-loi n° 2-20-292 édictant des dispositions particulières à l’état d’urgence sanitaire et les mesures de sa
déclaration, B.O. n° 6870 du 2 avril 2020.
1
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REMFO N°12 Janvier 2021 ISSN 2489-205X
entités décentralisées étaient appelées à contribuer davantage aux efforts de l’Etat dans la lutte
contre la pandémie et la réduction de ses effets.
Pour les besoins de cette recherche, nous adoptons la distinction entre normes fiscales et
normes d’imposition que Marc Pelletier a utilisée dans son ouvrage sur les normes en Droit
fiscal (Pelletier, 2008). Ainsi, les normes d’imposition seraient des normes d’application des
normes de conduite du droit fiscal qui s’apparentent à des normes individuelles alors que les
normes fiscales seraient les normes de ce droit qu’on pourrait qualifier de normes générales.
Pour vérifier l’hypothèse formulée ci-dessus, nous examinerons en premier lieu lesdites
déclarations avant et après la déclaration de l’état d’urgence sanitaire et nous chercherons dans
un second lieu à mettre en exergue les solutions préconisées pour résoudre les difficultés
empêchant le dépôt de ces déclarations. A cet effet, nous avons mené des entretiens avec les
agents et fonctionnaires des services fiscaux chargés de recevoir ces déclarations et nous avons
également conçu un questionnaire qui a été diffusé sur les réseaux sociaux et quelques groupes
WhatsApp réservés aux agents et fonctionnaires des CT.
Pour point de départ nous considérons comme étant contribuable local toute personne physique
ou morale qui serait susceptible d’être assujettie aux taxes locales. Avant l’entrée en vigueur du
décret-loi n° 2-20-292, soit le 24 mars 2020, les obligations du contribuable local au sujet des
déclarations à déposer devaient être remplies conformément aux dispositions de la loi n° 47-06
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précitée. Suite à la déclaration de l’état d’urgence sanitaire, ce contribuable local est soumis à
des conditions particulières différentes aux conditions normales.
I.1. Les normes régissant le dépôt des déclarations annuelles dans les conditions normales
La loi n° 47-06 regroupe sous le terme « obligations des contribuables » des devoirs juridiques
qui pèsent sur les assujettis aux taxes locales. Ces devoirs consistent essentiellement à souscrire
ou à produire des déclarations auprès des services fiscaux gérant l’assiette des taxes locales et
peuvent également porter sur les modalités, les délais et la justification de paiement que nous
ne traiterons pas dans le cadre de cette étude.
I.1.1 Les obligations des contribuables liées aux taxes locales gérées par l’Etat
L’Etat gère trois taxes communales dont l’assiette est gérée par les services de la Direction
Générale des Impôts (DGI)3 et dont le recouvrement est confié aux services de la Trésorerie
Générale du Royaume (TGR). Il s’agit de la taxe professionnelle (TP), la taxe d’habitation
(TH) et la taxe des services communaux (TSC). Les déclarations concernant ces trois taxes sont
à déposer auprès des services déconcentrés de la DGI aussi bien par les entreprises que par les
ménages.
▪ Déclaration d'inscription au rôle de la TP dans un délai maximum de trente (30) jours suivant
la date du début à l'activité4 ;
3
L’article 167 de la loi n° 47-06, confie la gestion de la TP, TH et la TSC aux services relevant de la direction des
impôts.
4
Article 12 de la loi n° 47-06
5
Premier alinéa de l’article 13 de la loi n° 47-06
3
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▪ Déclaration indiquant toutes les modifications effectuées dans l'établissement ayant pour effet
d'accroître ou de réduire les éléments imposables et ce au plus tard le 31 janvier de l'année
suivant celle de la réalisation de la modification6 ;
▪ En cas de défaut ou de retard dans le dépôt de la déclaration des éléments imposables ou des
modifications y afférentes ou de déclaration insuffisante ou incomplète, l'imposition est
établie d'après les éléments en possession de l'administration avec application d'une
majoration de 15% calculée sur le montant de la taxe due ou qui aurait été due en l'absence de
toute exonération ou réduction10 ;
6
Deuxième alinéa de l’article 13 de la loi n° 47-06
7
Article 15 de la loi n° 47-06
8
Article 16 de la loi n° 47-06
9
Article 140 de la loi n° 47-06
10
Article 141 de la loi n° 47-06
11
Article 143 de la loi n° 47-06
4
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majoration de 15% calculée sur le montant de la taxe due ou qui aurait été due en l'absence de
toute exonération ou réduction12.
▪ Les contribuables qui n'ont pas produit dans les délais prescrits les déclarations
d'achèvement de construction, de changement de propriétaire ou d'affectation sont passibles
d'une majoration de 15% calculée sur la taxe due ou qui aurait été due en l'absence
d'exonération totale ou partielle16 ;
▪ Les contribuables qui n'ont pas répondu à la convocation de l'inspecteur ou qui n'ont pas
produit dans les délais prescrits la déclaration de vacance perdent le bénéfice de la décharge
de la taxe établie au titre de la vacance17.
12
Article 135 de la loi n° 47-06
13
Article 30 de la loi n° 47-06
14
Idem
15
Article 31 de la loi n° 47-06
16
Article 143 de la loi n° 47-06
17
Article 145 de la loi n° 47-06
5
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déclarations à souscrire pour la TP, TH et TSC qu’il s’agit de déclarations occasionnelles liées
à la réalisation d’un évènement particulier.
I.1.2 Les obligations des contribuables liées aux taxes locales gérées par les CT
Conformément aux dispositions de l’article 167 de la loi n° 47-06 les services fiscaux relevant
des CT se chargent de la gestion des taxes locales autres que la TP, TH et TSC. Les
déclarations portant sur les taxes locales gérées par les CT peuvent êtres annuelles ou
occasionnelles.
▪ Déclaration, par tout débitant de boissons à consommer sur place, des recettes réalisées au
cours de l’année écoulée en ce qui concerne la taxe sur les débits de boissons (TDB)18;
▪ Déclaration, par les exploitants des sources d’eaux minérales ou de table, du nombre de
litres ou fraction de litres d’eaux minérales et de tables devant être livrées à la
consommation sous forme de bouteilles et ce en ce qui concerne la taxe sur les eaux
minérales et de table (TEMT)20;
▪ Déclaration, par tout exploitant autorisé d’une carrière, de la nature et de la quantité des
produits extraits au cours de l’année écoulée en ce qui concerne la taxe sur l’extraction des
produits de carrières (TEPC)21;
▪ Déclaration, par les exploitants miniers, des quantités des produits miniers extraites au cours
de l’année écoulée en ce qui concerne la taxe sur les exploitations minières (TEM)22;
18
Article 67 de la loi n° 47-06
19
Article 74 de la loi n° 47-06
20
Article 81 de la loi n° 47-06
21
Article 95 de la loi n° 47-06
6
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▪ Déclaration, par les prestataires de services portuaires, du chiffre d’affaires, hors taxe sur la
valeur ajoutée, réalisé au cours de l’année écoulée en ce qui concerne la taxe sur les services
portuaires (TSP)23.
Les propriétaires ou les possesseurs des terrains urbains non bâtis, soumis à la taxe sur les
terrains urbains non bâtis (TTUNB) ou exonérés, doivent déposer avant le premier mars de
chaque année une déclaration faisant ressortir tous les éléments de liquidation de cette taxe24.
Notons qu’en cas de défaut de déclaration ou de déclaration déposée hors délai 25 en ce qui
concerne la TTUNB, la TDB, la TS, la TEMT et la TSP, le montant de la taxe exigible est
majoré de 15%.
Signalons que des sanctions sont également prévues en cas de non-respect de ces obligations.
Il s’agit de sanctions en matière d’assiette communes30 à plusieurs taxes locales bien que le
législateur a réservé des sanctions spécifiques31 pour la TDB et la TTPV.
22
Article 120 de la loi n° 47-06
23
Article 125 de la loi n° 47-06
24
Article 47 de la loi n° 47-06
25
Article 134 de la loi n° 47-06
26
Article 48 de la loi n° 47-06
27
Articles 67 et 87 de la loi n° 47-06
28
Articles 68, 75 et 87 de la loi n° 47-06
29
Article 69 de la loi n° 47-06
7
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I.2. Le dépôt des déclarations annuelles par le contribuable locale après la déclaration de
l’état d’urgence sanitaire
Du point de vue de droit, nous constatons que les mesures prises suite à la déclaration de l’état
d’urgence sanitaire ont engendré des difficultés et des enjeux aussi bien pour le contribuable
local que pour les services fiscaux relevant des CT.
I.2.1 Les difficultés à déposer et à recevoir les déclarations sous l’état d’urgence
Du côté de l’administration chargée de recevoir les déclarations des contribuables, nous avons
constaté qu’elle aussi est confrontée à des difficultés suite aux mesures prises pour lutter contre
30
Les articles de 134, 135, 136, 137, 139 de la loi n° 47-06
31
Article 146 de la loi n° 47-06
32
Décret n° 2-20-293 du 29 rejeb 1441 ( 24 mars 2020 ) portant déclaration de l’état d’urgence sanitaire sur
l’ensemble du territoire national pour faire face à la propagation du corona virus - covid 19, B.O n° 6870 du 2
avril 2020.
8
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la pandémie de Covid-19. Les fonctionnaires et agents chargés de recevoir les déclarations des
contribuables, sont soumis aux mêmes règles ayant limité le déplacement hors domicile. Les
mesures réduisant la liberté d’aller et venir pour ces fonctionnaires et agents ne peut
qu’impacter la capacité des services fiscaux à recevoir les déclarations des contribuables.
▪ Du domicile au lieu de travail, notamment les services publics vitaux les entreprises privés,
les professions libérales dans les secteurs et les établissements essentiels fixés par arrêtés des
autorités gouvernementales concernées, sous réserves des règlements fixés par les autorités
administratives concernées à cet effet ;
▪ Pour motif familial impérieux pour l’assistance des personnes en situation difficile ou qui
ont besoin de secours.
Ainsi, aucun de ces assouplissements ne constitue une autorisation au contribuable local d’aller
déposer ses déclarations auprès des services fiscaux concernées. Ce qui nous pousse à supposer
que le cadre juridique régissant l’état d’urgence sanitaire a créé une difficulté au contribuable
local en ce qui concerne le dépôt de ses déclarations annuelles. Ceci dit, le contribuable
pourrait toujours accomplir cette obligation en contournant les barrages de contrôles qui
veillent au respect strict des mesures de confinement prises par les autorités compétentes.
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Ladite circulaire a fixé un ensemble de mesures préventives contre les risques de propagation
de l’épidémie du Corona dans les administrations publiques, les CT, les institutions et les
entreprises publiques. Ainsi, la capacité de recevoir les déclarations fiscales se trouve impactée
par les mesures de cette circulaire qui a appelé les administrations à adopter des mesures
restrictives de manière à limiter le contact direct entre les fonctionnaires et les usagers.
I.2.2 Les enjeux liés au dépôt et à recevoir les déclarations du contribuable local
Le dépôt des déclarations du contribuable présente des enjeux notamment financiers aussi bien
pour le contribuable que pour les CT.
Toutefois il est à signaler, qu’en vertu de l’article 162-II de la loi n° 47-06, le redevable peut
toujours demander au ministre de l'intérieur de lui accorder au vu des circonstances invoquées,
remise ou modération des majorations, amendes, pénalités, et autres sanctions prévues par cette
loi.
Il faut noter qu’accorder cette prérogative au Ministre de l’intérieur est souvent perçue comme
étant une garantie contre tout abus éventuel de la part des élus qui peuvent transformer cette
possibilité en un moyen de pression sur les électeurs
33
https://www.mmsp.gov.ma/uploads/file/Circulaire_N_012020_16032020.pdf (en arabe)
10
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Après avoir retraité les données publiées par la TGR afin de ressortir les recettes mensuelles
réalisées au niveau des taxes locales durant la période allant de janvier à juillet 2020 nous
avons réalisé la même opération pour les exercices 2018 et 2019 aussi bien pour les taxes
gérées par l’Etat que celles gérées par les CT.
Le tableau n° 1 ci-dessus montre que la somme des recettes réalisées durant le mois de janvier
et février 2020 au niveau des taxes locales gérées par l’Etat, est supérieure à celle calculée pour
les exercices 2018 et 2019. Alors qu’à partir du mois de mars et jusqu’au juin 2020, les recettes
mensuelles de ces taxes ont enregistré une diminution par rapport aux résultats des exercices de
2018 et 2019.
2018 7 10 8 38 95 44 26
TH
2019 10 9 16 43 90 55 20
34
Bulletins Mensuels de statistiques des finances locales publiés par la Trésorerie Générale du Royaume durant
les exercices 2018, 2019 et 2020 (www.tgr.gov.ma)
11
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2020 6 14 8 28 69 60 20
Au niveau des taxes locales gérées par les CT, le tableau n° 2 atteste la baisse des recettes pour
la TDB et la TS à partir du mois de mars 2020 durant lequel l’état d’urgence sanitaire a été
déclaré. Notons cependant que pour la TTUNB, les recettes ont atteint un record durant le
même mois ce qui pourrait être expliqué par la tendance des contribuables à payer la taxe à la
date de l’échéance fixée par la loi : le 1er mars de chaque année.
Quant à la baisse des recettes au niveau de la TDB et la TS elle peut s’expliquer par le fait
suivant : « les secteurs du tourisme, du transport et de la restauration ont été les premiers à
ressentir directement la crise, avec la fermeture des aéroports, l’arrêt de la circulation des trains
et autres moyens de transport en commun » (Bouhia, 2020).
2018 26 20 4 22 26 3 19
TDB
2019 28 21 7 34 14 2 30
12
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2020 6 46 5 5 13 3 6
2018 37 8 6 25 25 1 50
TS 2019 33 20 4 36 10 2 41
2020 4 53 2 8 19 1 4
Eu égard aux difficultés ayant été identifié en ce qui concerne le dépôt des déclarations auprès
des services fiscaux des CT concernées et vu l’hypothèse formulée en introduction au sujet de
l’existence de solutions à toute antinomie constatée, il y a lieu dans ce qui suit d’appréhender le
terrain pour vérifier l’existence de ces solutions et d’en analyser l’efficacité dans le cas où elles
existent.
A cet effet, nous avons entamé, depuis le 25 mai 2020, des entretiens téléphoniques, avec les
fonctionnaires et les agents des services fiscaux de certaines CT puis nous avons diffusé au
lendemain du jour de déconfinement, soit à partir du 26 juin 2020, un questionnaire35 dont le
critère d’exclusion est de ne pas travailler au sein d’une CT. Ce questionnaire a été diffusé sur
certaines pages Facebook et quelques groupes WhatsApp auxquels sont inscrits des
fonctionnaires et agents travaillant au sein des services fiscaux relevant des CT.
Les entretiens menés et le questionnaire diffusé ont permis de poser, à des praticiens de la
fiscalité locale, des questions visant à identifier :
▪ Les sources de ces difficultés au niveau des normes fiscales exigeant ce dépôt ;
35
https://docs.google.com/forms/d/e/1FAIpQLSfMyAjOWGjzGifViyU4W0Y-
R51kCSEWsQNrM57fKGZ3LxfD_g/viewform?usp=sf_link
13
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La présentation et la discussion des résultats obtenus, nous amènent à articuler la portée et les
limites des solutions envisagées autour de deux axes : les solutions s’appuyant sur
l’interprétation des normes fiscales et les solutions nécessitant la modification de ces normes.
L’enquête que nous avons menée a révélé que plus de 70% des questionnés estiment, qu’après
la déclaration de l’état d’urgence sanitaire, le nombre de déclarations annuelles reçues cette
année par les CT a beaucoup diminué par rapport à la même période de l’année dernière.
Face à cette situation, plus de 73% affirment qu’une partie des difficultés liées au dépôt de
déclarations par le contribuable local a été résolue par la circulaire du ministre de l’intérieur n°
7186 du 11 mai 2020 au sujet des répercussions de l'état d'urgence sanitaire sur l'application des
sanctions relatives aux ressources financières gérées par les CT. Cette circulaire qui s’inscrit
dans le cadre du rôle de l’interprétation joué par le ministère de l’intérieur pour assurer la
« meilleure manière » pour appliquer les textes en relation avec les CT.
14
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Ainsi, si cette doctrine a une valeur juridique elle ne peut être déterminée que par rapport au
lien qu’elle tisse avec la norme fiscale. L’image pouvant illustrant ces propos est celle de la
relation de la partie cachée de l’iceberg à sa partie visible. En ne voyant que les normes fiscales
et les normes d’imposition produites, on omet l’existence de la partie cachée générée par
l’interprétation administrative et juridictionnelle.
▪ Lors du paiement de la TTUNB au titre de l’année 2020, les sanctions pour paiement tardifs
sont appliqués sans qu’elles portent sur la période de l’état d’urgence sanitaire ;
▪ Dans le cas où les propriétaires ou les possesseurs des terrains urbains non bâtis n’ont pas
déposé leurs déclarations avant le 1er mars 2020, ou les ont déposé après ce délai,
l’administration fiscale leur appliquera les sanctions en matière d’assiette prévue par l’article
134 de la loi n° 47-06 ;
▪ Ces sanctions ne seront pas appliquées en ce qui concerne le 1er trimestre de l’année 2020
pour les taxes locales nécessitant le dépôt des déclarations annuelles avant le 1er avril de
chaque année ;
▪ Au paiement des taxes déclaratives au titre des années antérieures à 2020, les sanctions en
matière de recouvrement prévues par l’article 147 de la loi n° 47-06 sont appliquées sans
qu’elles couvrent la période de l’état d’urgence sanitaire et sont également appliquées les
sanctions en matière d’assiette prévues par l’article 134-I de la même loi en cas de défaut de
déclaration ou dépôt hors délai.
Il est clair que les mesures préconisées par la circulaire du ministre de l’intérieur ont été dictée
par le contexte de l’urgence sanitaire. Ces mesures restent dépendantes des conditions de leur
15
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Cependant le champ d’application de cette circulaire reste circonscrit aux taxes locales gérées
par les CT et ne prévoit aucune mesure pour la TP, TH et TSC. En effet, la doctrine
administrative en matière de ces trois taxes reste un domaine réservé de la DGI.
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On ne peut que constater le foisonnement de propositions des lois qui ont visé l’adaptation des
textes juridiques au nouveau contexte de l’état d’urgence sanitaire. La loi n° 47-06 a été parmi
ces textes qui ont été l’objet d’un certain nombre de proposition de loi présentées par des
groupes parlementaires relevant aussi bien de la majorité gouvernementale que de l’opposition.
▪ Ces dispositions sont également à appliquer pour l’état d’exception et l’état de siège ;
17
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suspension des majorations relatives à tous les impôts et taxes et ce depuis la date d’entrée de
ce décret-loi jusqu’au 30 juin 2020.
Le PJD a également déposé le 10 juin 2020 trois propositions de loi en relation avec la fiscalité
locale. A cet égard, la proposition de loi complétant et modifiant la loi n° 47-06 relative à la
fiscalité des collectivités locale introduit une disposition visant à considérer par la force de la
loi que les établissements concernés sont en situation de chômage durant toute la période de
l’état d’urgence. Nous pouvons en conclure que cette proposition peut être assimilée à une
déclaration par le législateur de la situation de chômage à la place du contribuable. La
proposition prévoit également que le montant de la TP soit dégrevé d’un montant équivalent à
la période de chômage et que les redevables ne paient pas la TDP, TS et TTPV durant la
période du chômage et jusqu’à la fin de décembre 2020.
L’une des deux autres propositions de lois concerne l’annulation des majorations, amendes,
pénalités et frais de recouvrement afférents aux impôts, taxes, droits, contributions et
redevances dus aux régions, préfectures, provinces et communes alors que la seconde à vise à
exonérer les redevables du début du 2e trimestre de l’année 2020 à la fin de décembre 2020 en
ce qui concerne :
▪ La redevance d’occupation temporaire du domaine public communal par des biens meubles
et immeubles liés à l’exercice d’un commerce, d’une industrie ou d’une profession.
Même les propositions de loi dont la qualité de rédaction laisse à désirer constituent une
réponse à un besoin. Si les rédacteurs de la proposition de loi ont mal exprimé la réponse à ce
besoin, il n’en diminue en rien qu’ils ont pris connaissance de ce besoin. C’est ainsi, que les
propositions de lois visant à modifier et à compléter la loi n° 47-06 présent en ensemble de
limites aussi bien au niveau de leur forme qu’au niveau du fond.
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A titre d’exemple, la proposition de loi présentée par le PAM dans son premier article annonce
que seront modifiés et complétés les articles 8,16, 64, 68, 69, 83 de la loi n° 47-06 alors que le
dispositif modifie et complète les articles 8, 16, 64, 68, 75 et 87 de cette loi. Cette discordance
entre ce qui est annoncé et ce qui est réalisé constitue l’un des aspects à rectifier lors de la
discussion de cette proposition au sein de la commission parlementaire compétente.
Quant à la solution données par le PJD dans l’une de ses propositions de lois, elle consiste à
introduire la suspension des majorations relatives à tous les impôts et taxes et ce depuis la date
d’entrée de ce décret-loi jusqu’au 30 juin 2020 et dans une autre proposition de loi à annuler au
titre de l’année 2020 les majorations, amendes, pénalités et frais de recouvrement afférents aux
impôts, taxes, droits, contributions et redevances dus aux régions, préfectures, provinces et
communes.
Une autre proposition de loi vise à considérer par la force de la loi la situation de chômage des
durant toute la période de l’état d’urgence c’est-à-dire que le législateur déclare la situation de
chômage à la place du contribuable.
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Conclusion
Bibliographie
Bouhia, H. (2020). Le Maroc face au covid 19 : agilité, cohésion et innovation. Policy brief.
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