Vous êtes sur la page 1sur 16

NB 

: Le candidat traitera un seul sujet de son choix.

Sujet de type I : Contraction de texte


MINESEC DÉPARTEMENT DE FRANÇAIS ANNÉE SCOLAIRE : 2017- 2018
RÉGION DU LITTORAL DOUALA ÉVALUATION DE FIN D’ANNÉE NIVEAU : P A4, C & D
IVème
CPB LHES CHRISTIAN ÉPREUVE DE LITTÉRATURE ET DE DURÉE : 4H / COEF : 2
CULTURE GÉNÉRALE
La langue française en plein déclin

Au Cameroun, le mal s’aggrave du recul de l’enseignement de la langue, et de l’enseignement


tout court. Les enseignants ont démissionné, le législateur a reculé. On dirait que ces deux
partenaires de l’éducation conspirent dans le dos de la langue française. L’un élargit, de jour en jour,
les marges de tolérance, l’autre ferme les yeux ou ne voit plus rien du tout. Au total, aujourd’hui, les
fautes de syntaxe et d’orthographe ne sont plus aussi sévèrement sanctionnées qu’elles l’étaient
naguère. En France même, la réforme de l’orthographe décidée et ajournée en 1990 est, à nouveau, à
l’ordre du jour sous la forme d’une guerre contre l’accent circonflexe que d’aucuns jugent inutile. Il
se trouve qu’en français, malheureusement, les accents sont aussi pertinents que les lettres ! S’il ne
sert pas à ouvrir ou à fermer des voyelles, s’il n’a pas pour rôle de discriminer des mots en position
de paires minimales, il sert, au moins, à ouvrir un chemin qui conduit à l’étymologie, c’est-à-dire à la
racine, au sens premier du mot. Dans tous les cas, les avis sur la réforme de l’orthographe française
sont si équitablement partagés qu’on devra retenir que la guerre est loin d’être terminée, qu’elle ne
fait que commencer.
Pendant ce temps, au Cameroun, la langue traverse sa petite révolution ! Dans ce pays
d’Afrique centrale, le français a quitté l’école pour descendre dans la rue, dans les ménages. C’est
tout le monde qui le parle, qu’il en ait la maîtrise ou non. Dans de nombreuses familles, ce qu’on
enseigne aux enfants dès le berceau est tout, sauf le français ! Une grosse perte pour les langues
locales, bien évidemment et, pour le français lui-même, paradoxalement. La situation devient
désespérante lorsqu’on sait que certains enseignants, arrivés à la profession on se demande comment,
n’ont, eux aussi, qu’une connaissance approximative de la langue française qu’ils sont appelés à
enseigner.
On ne devrait pas continuer à regarder ça ! La langue est à la base de toutes les formations,
qu’elles soient scientifiques ou littéraires. Le législateur devrait procéder à une reprise en main de
l’école et au retour à l’étude systématique et rigoureuse de la langue française, de sa grammaire, de
sa stylistique et de sa phonétique.
On ne peut pas s’y prendre autrement, on ne peut pas continuer à parler une langue en marchant sur
les règles qui la régissent. Les pays francophones du continent n’ont vraiment pas de choix. Aussi
longtemps qu’ils auront le français comme langue véhiculaire, ils doivent se remettre avec autant de
détermination que par le passé à l’enseignement de cette langue. Il y va de leur réputation et de la
préparation de leur jeunesse à relever tous les défis.
Reste la situation de ceux qui ne sont plus sur les bancs de l’école. Combien d’entre eux ont-ils
encore le temps à consacrer à l’étude de la langue lorsque l’homme de notre temps n’a plus le temps
à consacrer aux subtilités, ni à l’accessoire, ce qu’il croit être de l’accessoire ? Il lui faut, au plus vite,
aller à l’essentiel ; il lui faut des fast languages autant qu’il réclame des fast foods. Et c’est ainsi que
sa santé se dégrade au même rythme que son langage. Désespérant !
Pour contrer les dérives de la langue, tant à l’école que partout, la solution la plus accessible et
la plus efficace, c’est la lecture. Cette recette a fait ses preuves à travers le temps et offre l’avantage

1
de pouvoir s’insérer dans les espaces de loisir. La fréquentation des bons auteurs est un moyen
efficace de lutte pour la sauvegarde de l’expression correcte. Ô, loin de nous la prétention de nous
ériger en modèle, de nous arroger une si grande distinction ! Notre but se limite, modestement, à
indiquer le chemin qu’il faut suivre pour barrer la voie à la piraterie et aux dérives linguistiques.
Pour défendre la langue sur ce continent, il faut déjà y promouvoir la lecture ! Et le Cameroun
ne lit pas assez, malheureusement ; l’Afrique ne lit pas ! Sans doute, c’est une décision politique qui
pourra, rapidement, y remédier. En attendant, il convient d’inciter à la lecture en proposant des textes
agréables, des textes qui accrochent et qui bercent.

Rita Stella Tchatchoua, « Nouvelle Défense et Illustration de la langue française », Préface du


roman de Thomas Tchatchoua, Dans la chambre voisine, l’amour est une école, L’Harmattan, 2017.

Résumé : 8 points
Ce texte comporte 700 mots. Vous le résumerez en 175 mots. Une marge de 18 mots en plus ou
en moins est tolérée. Vous préciserez le nombre de mots utilisés à la fin du résumé.
Discussion : 10 points
Pensez-vous comme l’auteure que : « Pour contrer les dérives de la langue, tant à l’école que
partout, la solution la plus accessible et la plus efficace, c’est la lecture » ? Vous répondrez à cette
question dans un développement argumenté en vous appuyant sur des exemples précis tirés de vos
expériences.
Présentation : 2 points

Sujet de type II : Commentaire composé


Au premier carrefour, quelques Noirs m’attendaient. Ma vitre a été brisée par une brique qui
m’a manqué de peu et a atterri sur la banquette. Pendant un moment, j’ai perdu le contrôle de la
voiture, j’ai zigzagué, affolant les enfants, la volaille, les évitant tous miraculeusement.
Ça n’avait certainement pas duré plus d’une minute ou deux, mais j’avais l’impression que ça
n’avait pas de fin. Puis je me suis retrouvé dans une autre agglomération. Les enfants jouaient avec
les pneus, avec des roues de bicyclettes. Des femmes criaient tant qu’elles pouvaient d’un coin de la
rue à l’autre. Des carcasses de voitures jonchaient les espaces nus du veld. Des gens grattaient et
fouillaient des tas d’ordures. Tout était hostile et étranger. Atroce. Je n’avais aucune idée de la
direction à prendre. J’étais en même temps trop affolé pour m’arrêter. J’ai simplement continué de
rouler, agité, sans but. En brisant presque mes amortisseurs dans les ornières et les nids-de-poule.
J’évitais de justesse les piétons, les abandonnant dans un nuage de poussière. Ils juraient et
brandissaient le poing. Des rues, des rues, d’une agglomération à l’autre.
Au bout d’un long moment, je me suis obligé à m’arrêter dans une étendue brulée du veld. Je
me suis assis là, pour me calmer. Je respirais profondément. Mes membres étaient meurtris. Ma tête
me faisait mal. Mes vêtements couverts de poussière et déchirés. Mes mains écorchées. Mon corps
tout entier tremblait de fièvre. J’ai attendu jusqu’à ce que je me sente plus ou moins sur de moi-
même avant de remettre la voiture en marche et de me diriger vers un centre commercial où j’ai pu
demander mon chemin. Il s’est avéré, à ce moment-là, que je me trouvais à l’autre bout de Soweto,
près du cimetière, là où Gordon était enterré.
André Brink, Une Saison blanche et sèche, III, 5, Stock, 1980.
Sans dissocier le fond de la forme, vous ferez de ce texte un commentaire composé .Vous
pouvez, si vous le voulez par exemple, à l’aide des outils linguistiques tels que les figures de style,
les champs lexicaux, les temps verbaux, l’énonciation, la ponctuation, etc. mettre en évidence la
violence subie par Ben et son état d’âme.

2
Sujet de type III : Dissertation
Présentant son roman L’Assommoir, Emile Zola a déclaré : « C’est une œuvre de vérité, le
premier roman sur le peuple, qui ne mente pas et qui ait l’odeur du peuple.»
Pensez-vous que l’écriture romanesque soit toujours le reflet des réalités sociales ? Illustrez vos
exemples à partir des œuvres littéraires lues ou étudiées.

TEXTE :
MINESEC DÉPARTEMENT DE FRANÇAIS ANNÉE SCOLAIRE : 2017- 2018
RÉGION DU LITTORAL DOUALA ÉVALUATION DE FIN D’ANNÉE NIVEAU : P A4, C & D
IVème
CPB LHES CHRISTIAN ÉPREUVE DE LANGUE FRANÇAISE DURÉE : 2 H / COEF : 2

Le temps passe, voici une nouvelle année, et inlassablement nous sommes entourés des
« c’était- mieux-avantistes ». Vous savez, ceux qui passent leur temps à dire que tout était mieux
avant. À les écouter, nous sommes ridicules, nous autres, à tenter de vivre le présent. Comme si nous
avions le choix ! Jusqu’à preuve de contraire, nous sommes bien obligés de vivre l’instant que nous
vivons. Les nostalgiques peuvent, à la limite, à l’aide de leurs souvenirs, voyager dans le passé, mais
notre époque demeurera toujours notre époque. Alors qu’ont-ils, ces aigris du maintenant, à nous
faire regretter la passé ? Qu’est ce qu’il avait de mieux, ce passé ? Était-il plus beau, plus riche, en
meilleure santé ? Est-ce que l’on était heureux, avant, en amour ? Est-ce qu’il faisait beau pendant
les hivers d’hier ? Il faudrait me le vanter, ce passé que les déclinistes glorifient [….]
Je me demande subitement : et avant est ce que l’on disait aussi que c’était mieux avant ? Quand les
gens vivaient leur présent, qui est notre passé est ce qu’ils fantasmaient aussi sur la vie de leurs
parents ? Et si je poursuivais mon raisonnement, je pourrai me demander en toute logique : est ce que
maintenant sera le « c’était-mieux-avant » de dans dix ans ? Vous me suivez ? Voilà une pensée
positive. À tous ceux qui disent que c’était mieux avant, il leur répondre que, d’un point de vue
futuriste, notre présent est le passé de demain !... Voilà comment embrouiller ceux qui ne sont jamais
heureux au quotidien. Encore une question : quand est ce que cette nostalgie sinistre a commencé ?
Est ce que Adam disait à Eve : « Ecoute chérie, c’était quand même mieux avant, quand tu étais une
de mes côte et que moi, j’étais une poussière dans un esprit » ? Il est fort probable que la Terre ait
toujours porté ces rêveurs de l’ailleurs temporel. Quoique l’on fasse, ils sont toujours entrain de nous
vanter le passé, avec des tremolos dans la voix, ce qui revient aussi à démolir le présent : ils
critiquent Internet (ca va trop vite) et les dernières palmes d’or (c’est trop lent). Ca suffit ! Le présent
est bien, car le présent est ce que nous faisons de notre présent. Cela ne m’intéresse pas de me dire
que c’était mieux avant ou que ce sera mieux demain. Je veux être heureux maintenant. Ce qui
compte dans la vie, c’est le bon moment. C’est de rencontrer les gents au bon moment, de prendre
les bonnes décisions au moment où l’on doit les prendre. C’est à nous de faire en sorte, et là est aussi
la difficulté, de prendre le bonheur et de le planter dans le maintenant. Et l’on pourra se dire : c’était
mieux tout de suite.
David Foenkinos, La Délicatesse, Gallimard, 2009.

3
QUESTIONS
I- COMMUNICATION : 5 pts
1- Qui est l’énonciateur de ce texte ? En quoi reconnaît-on sa présence ? 2 pts
2- À qui s’adresse-t-il ? justifiez-vous. 1 pt
3- Quels sont les points de vue qui s’opposent dans le texte ? Pourquoi ? 2 pts.
MORPHOSYNTAXE : 5 pts
1- Relevez dans le texte le temps verbal récurrent et précisez sa valeur d’emploi 2 pts
2- Quelle est la valeur des différentes interrogations du texte ? 2 pts
3- Relevez dans le texte trois connecteurs logiques et précisez la relation logique que chacun
entretient. 1.5 pts
II- SEMANTIQUE : 5 pts
1- Quel est le thème développé dans le texte ? En déduisez la thèse de l’énonciateur. 2 pts
2- Relevez dans le texte les champs lexicaux du passé et du présent. Dites pourquoi
l’énonciateur utilise ces deux périodes dans le texte 3 pts
III- RHÉTORIQUE DES TEXTES : 5 pts
1- À quel type appartient ce texte ? Justifiez votre réponse à l’aide de trois éléments tirés du
texte. 2 pts
2- Identifiez trois stratégies argumentatives mobilisées par l’énonciateur dans ce texte et
justifiez leur l’emploi respectivement ? 1.5 pts
3- Quelle est la tonalité dominante de ce texte ? dites pourquoi 1.5 pts

4
MINESEC DÉPARTEMENT DE ANNÉE SCOLAIRE : 2017- 2018
FRANÇAIS
RÉGION DU LITTORAL ÉVALUATION DE FIN NIVEAU : Tle A4 ALL/ ESP
DOUALA IVème D’ANNÉE
CPB LHES CHRISTIAN ÉPREUVE DE LITTÉRATURE DURÉE : 4H / COEF : 2
ET DE CULTURE GÉNÉRALE
NB : Le candidat traitera un seul sujet de son choix.
Sujet de type I : Contraction de texte et discussion
Définir les représentations sociales nous fait penser à la définition de l'eau. Qu'est-ce que l'eau ?
Il y avait une fois deux jeunes poissons et un vieux. Tout en nageant le vieux salue les jeunes : «
Bonjour les jeunes, comment est l'eau aujourd'hui ? » Les deux poissons nagent encore un bout de
temps tout en se regardant mutuellement et finissent par s'exclamer : « Mais bon dieu, qu'est-ce que
c'est que cette eau dont il parle ? » Il en est ainsi des représentations sociales. C'est un milieu dans
lequel nous vivons (et par lequel nous vivons, car elles nous sont indispensables) et dans lequel nous
baignons tant que nous finissons par ne pas en avoir conscience. Autrement dit, les réalités les plus
importantes et les plus évidentes sont souvent celles qu'il est le plus difficile de voir et dont il est le
plus difficile de parler.
Les représentations sociales sont la base de notre vie psychique. Elles englobent aussi bien des
concepts (le beau, le bien, le vrai), des objets physiques (un animal, des arbres, un marteau, etc.) ou
des objets sociaux (vêtements, savoir-vivre, danse, etc.), des catégories sociales ou professionnelles
(professeur, psychanalyste, paysan), etc.
Pierre Mannoni écrit fort justement que l'un des principaux problèmes qui se posent est de
connaître quelles sont les limites des représentations sociales : leurs contours mais aussi l'étendue du
champ social concerné, les référents culturels évoqués explicitement ou implicitement, les
mécanismes intrapsychiques conscients et inconscients impliqués, les pratiques sociales et les
processus psychologiques à l'œuvre, les cadres institutionnels ou simplement sociaux intéressés.
Bref, les représentations sociales sont présentes dans la vie mentale des individus aussi bien que des
groupes et sont constitutives de la pensée.
Pour les psychosociologues contemporains, les études se font à partir de questionnaires,
d'enquêtes, d'interviews, de sondages, etc. pour analyser par exemple les représentations sociales de
la psychanalyse ou de la maladie. Pour nous littéraires qui travaillons essentiellement sur le passé,
ces méthodes d'investigation sont inappropriées. Les représentations sociales impliquent une
interdisciplinarité essentielle, car elles relèvent aussi bien de l'histoire que de la psychologie, de la
sociologie, de l'anthropologie, de l'ethnologie, de l'imagologie, des sciences des religions, de la
linguistique ou de l'histoire de l'art. Aussi, pour cerner le champ d'une représentation sociale - par
exemple les représentations des interactions concernant la communication (la politesse) à une époque
donnée -, on doit rassembler un ensemble de données où se donnent à lire ces représentations : dans
l'histoire des mentalités, dans l'iconographie, et d'abord dans un ensemble de textes, qu'il s'agisse de
journaux, de traités, de romans, de lettres, d'autobiographies et de mémoires, etc., afin de pouvoir
dessiner l'état des représentations sociales de l'objet à étudier. Évidemment les méthodes
d'investigation sont différentes suivant le matériau abordé, mais la finalité reste la même.
Dans un second temps, une fois le champ des représentations sociales mis en place (bien
entendu l'exhaustivité ne peut être complète, d'autant que les représentations sociales ne sont ni
homogènes, ni sans contradictions), on s'intéresse à la manière dont l'auteur perçoit et juge la société.
Autrement dit, on voit comment il exprime et met en scène ces représentations, d'une part parce qu'il
les partage pleinement. Premier cas. Il s'agit alors de voir comment il les construit esthétiquement par
l'objet littéraire.

5
D'autre part, deuxième cas, on voit comment il en est pour partie conscient et comment il en
prend pour partie distance (ou encore s'oppose totalement à celles-ci) et crée à partir de cela son
œuvre. Cela dit, l'écart esthétique provocateur, dans l'exemple des avant-gardes par exemple,
témoigne que l'effet ne peut exister que s'il entre encore en résonance avec les représentations
sociales de l'époque - une œuvre totalement indépendante et sans lien aux représentations non
seulement n'est pas concevable, mais l'idée même en serait absurde.
Alain Montandon, « Sociopoétique », Sociopoétique [En ligne], Mythes, contes et
sociopoétique, mis en ligne le 13/10/2016.

A) Résumé : 8 points
Ce texte comporte 629 mots. Vous en ferez un résumé en 158 mots. Une marge de 10% de
mots en plus ou en moins vous est concédée. Vous préciserez le nombre de mots exact utilisés à la
fin de votre résumé.
B) Discussion : 10 points
À votre avis, la personnalité d’un individu est-elle déterminée par les représentations
sociales ?
C) Présentation : 2 points

Sujet de type II : Commentaire composé

NIEDERMEYER
(Frappant du poing sur la table.)
Taisez-vous ! C’est moi qui pose les questions ! Quel avantage avez-vous tiré de votre
activisme ?
DUALLA MANGA

Ma destitution, mon arrestation, ma mise en prison, mon procès, et le verdict que vous
allez prononcer.

NIEDERMEYER
En êtes-vous satisfait ?
DUALLA MANGA

Plus que satisfait, je suis comblé, car j’ai réussi à faire germer l’esprit patriotique dans le
cœur des enfants de ce pays. Ils ont compris le sens de la Nation et l’ont prouvé en se
rangeant derrière moi comme un seul homme. Vos brimades, vos bastonnades et vos prisons
ne les ont pas fait peur... Pourrais-je tirer meilleur satisfaction que celle-là ?

NIEDERMEYER

Ne vous lancez pas dans une autosatisfaction démesurée, vous n’avez pas eu le soutien
de tous vos frères.
DUALLA MANGA
Une grande communauté ne peut manquer de traître. Je sais que quelques véreuses ont
été d’intelligence avec vous… Mais combien étaient-elles ? En réalité une goutte d’eau dans

6
la mer. Ce n’est pas à cause de ces quelques scélérats qui venaient vous rapporter nos secrets
que vous pouvez prétendre que j’ai échoué… Loin de là ! Mon travail a produit des fruits.
J’ai conduit ma barque à bon port ; et si ces traîtres sont couverts de gloire grâce à leurs
dénonciations calomnieuses, les échos me parviendront même au séjour des morts ! Mais
qu’ils ne l’oublient pas : quiconque se transforme en Judas connaîtra le sort de Judas.

David Mbanga Eyombwan, Ngum a jamea ou la foi inébranlable de Rudolf Dualla


Manga Bell, Acte IV, scène 1, coédition Presses de l’UCAC et CICD, 2007.

Vous ferez de ce texte un commentaire composé sans dissocier le fond de la forme. Vous
pouvez, si vous le voulez, en prenant appui sur les outils d’analyse (champs lexicaux, ponctuation,
temps et modes verbaux, figures de style, etc.), mettre en relief le bilan de l’activisme de Dualla
Manga.

Sujet de type III : Dissertation

« Les héros de la tragédie classique est un homme mort, mais sa mort n’est pas gratuite, elle
permet aux auteurs d’éveiller les consciences. »
En vous inspirant des héros tragiques dans les œuvres théâtrales lues ou étudiées, vous
commenterez et au besoin discuterez ce point de vue de Jean Racine.

7
NB : Le candidat traitera un seul sujet de son choix.
MINESEC DÉPARTEMENT DE ANNÉE SCOLAIRE : 2017- 2018
FRANÇAIS
RÉGION DU LITTORAL ÉVALUATION DE FIN NIVEAU : Tle D
DOUALA IVème D’ANNÉE
CPB LHES CHRISTIAN ÉPREUVE DE LITTÉRATURE DURÉE : 3H / COEF : 2
ET DE CULTURE GÉNÉRALE
Sujet de type I : Contraction de texte et discussion

Le selfie exhibé sur les réseaux sociaux est la nouvelle idéologie de notre temps : ce que
l’écrivain italien Andrea Inglese appelle « l’unique passion légitime, celle de l’autopromotion
permanente ». Il existe une hiérarchie aristocratique édictée par le selfie. Les selfies solitaires, où
l’on s’exhibe devant un monument ou un paysage, ont une signification : je suis allé dans cet endroit
et pas toi. Le selfie est un curriculum visuel, une e-carte de visite, un marchepied social. Le selfie à
côté d’une célébrité est plus lourd de sens. Le selfiste cherche à prouver qu’il a rencontré quelqu’un
de plus connu que son voisin. Personne ne demande de selfie à un anonyme, sauf s’il a une
originalité physique : nain, hydrocéphale, homme-éléphant ou grand brûlé. Le selfie est une
déclaration d’amour mais pas seulement : il est aussi une preuve d’identité (« the medium is the
message », avait prédit McLuhan sans imaginer que tout le monde deviendrait un medium). Si je
poste un selfie à côté de Marion Cotillard, je n’exprime pas la même chose que si je m’immortalise
avec Amélie Nothomb. Le selfie permet de se présenter : regardez comme je suis beau devant ce
monument, avec cette personne, dans ce pays, sur cette plage, en plus je vous tire la langue. Vous me
connaissez mieux à présent : je suis allongé au soleil, je pose le doigt sur l’antenne de la tour Eiffel,
j’empêche la tour de Pise de tomber, je voyage, je ne me prends pas au sérieux, j’existe parce que j’ai
croisé une célébrité. Le selfie est une tentative pour s’approprier une notoriété supérieure, pour
crever la bulle de l’aristocratie. Le selfie est un communisme : il est l’arme du fantassin dans la
guerre du glamour. On ne pose pas à côté de n’importe qui : on veut que la personnalité de l’autre
déteigne sur soi. La photo avec un « people » est une forme de cannibalisme : elle engloutit l’aura de
la star. Elle me fait entrer dans une orbite nouvelle. Le selfie est le langage nouveau d’une époque
narcissique : il remplace le cogito cartésien. « Je pense donc je suis » devient « Je pose donc je suis
». Si je fais une photo avec Leonardo DiCaprio, je suis supérieur à toi qui poses avec ta mère au ski.
D’ailleurs, ta mère aussi ferait volontiers un selfie à côté de DiCaprio. Et DiCaprio à côté du pape. Et
le pape avec un enfant trisomique. Cela signifie-t-il que la personne la plus importante du monde est
un enfant trisomique ? Non, je m’égare : le pape est l’exception qui confirme la règle de la
maximisation de la célébrité par la photographie portable. Le pape a cassé le système du snobisme
égo-aristocratique initié par Dürer en 1506 dans La Vierge de la fête du rosaire, où l’artiste s’est
peint au-dessus de Sainte Marie Mère de Dieu.
La logique selfique peut bien être résumée ainsi : Bénabar voudra un selfie avec Bono mais
Bono ne voudra pas de selfie à côté de Bénabar. Par conséquent, il existe une nouvelle lutte des
classes tous les jours, dans toutes les rues du monde entier, dont l’unique but est la domination
médiatique, l’exhibition d’une popularité supérieure, la progression sur l’échelle de la notoriété. Le
combat consiste à comparer le nombre d’UBM (Unités de Bruit Médiatique) dont chacun dispose :
passages télé ou radio, photos dans la presse, likes sur Facebook, vues sur YouTube, retweets, etc.
C’est une lutte contre l’anonymat, où les points sont faciles à compter, et dont les gagnants snobent
les perdants. Je propose de baptiser cette nouvelle violence le Selfisme. C’est une guerre mondiale

8
sans armée, permanente, qui ne connaît aucune trêve, 24 heures sur 24 : la « guerre de tous contre
tous », « bellum omnium contra omnes » définie par Thomas Hobbes, enfin techniquement organisée
et instantanément comptabilisée. Lors de sa première conférence de presse après son investiture en
janvier 2017, le président des États-Unis, Donald Trump, n’a pas souhaité exposer sa vision de
l’Amérique, ni la géopolitique du monde futur : il a uniquement comparé le nombre de spectateurs de
sa cérémonie inaugurale avec le nombre de spectateurs de son prédécesseur.

Frédéric Beigbeder, Une vie sans fin, Grasset, 2018.

A) Analyse / 8 pts
Ce texte comporte 700 mots. Vous en ferez une analyse en 234 mots. Une marge de 10% de
mots en plus ou en moins vous est concédée. À la fin de votre analyse, vous préciserez le nombre de
mots exact utilisé.
B) Discussion / 10 pts
Pensez-vous comme Frédéric Beigbeder que « le selfisme » constitue un nouveau moyen
d’expression de l’individualisme et de snobisme dans la société contemporaine ?
C) Présentation / 2 pts

Sujet de type II : Commentaire composé

NIEDERMEYER
Vous êtes foncièrement méchant ! Vous ne faites en aucun cas de l’amour qui nous a fait
quitter notre beau pays pour venir habiter dans cette forêt dense.
DUALLA MANGA
« Forêt dense » qui vous comble d’aise ! Si vous viviez dans votre merveilleux pays, pourriez-
vous vous permettre la belle vie que vous avez ici ? Aurez-vous à votre service une pléiade de
domestiques : cuisinier, garçon de chambre, blanchisseur, nurse et même quelqu’un qui s’occupe
exclusivement de vos animaux domestiques ? Des employés qui reçoivent systématiquement vingt-
cinq coups de lanière sur le derrière et à la moindre peccadille, voire pour une faute imaginaire. Vous
ne nous aimez pas. Ce que vous aimez, ce sont nos richesses que vous pillez.
NIEDERMEYER
Détrompez-vous ! Votre pays n’est pas un eldorado, et il n’y a pas de comparaison entre les
avantages que nous tirons ici et les peines que nous endurons chaque jour. (Lui montrant son bras.)
Regardez comment le soleil m’a brûlé, si j’étais en Allemagne, ma peau aurait-elle cette apparence ?
DUALLA MANGA
Pourquoi ne rentrez-vous donc pas en Allemagne ? Vous vous lamentez à longueur de journée
au sujet de la chaleur, de l’humidité, des mouches, des moustiques et que sais-je encore ! Mais, vous
êtes toujours là, et vos frères viennent chaque jour grossir vos effectifs… Si vous êtes si malheureux
ici, pourquoi au lieu de plier bagage et retourner tranquillement dans votre pays, cherchez-vous
plutôt à nous déposséder de nos terre à tout prix ?
NIEDERMEYER
Notre présence s’impose ici parce que nous sommes investis d’une mission divine qui consiste
à vous éduquer, à vous éduquer, à vous sortir des ténèbres de l’ignorance pour vous conduire vers la
civilisation.
DUALLA MANGA
Et nous autres donc, de quelle mission divine sommes-nous investis ? C’est d’être vos
esclaves ? Des corvéables à merci ? Non ! Non ! Non et Non ! Nous sommes des êtres humains au
même titre que vous ! La couleur de la peau, différente puisse-t-elle être, ne signifie pas une

9
différence anatomique ou physiologique : le sang, le cœur et le cerveau du Noir sont absolument
semblables à ceux du Blanc.

David Mbanga Eyombwan, Ngum a jamea ou la foi inébranlable de Rudolf Dualla


Manga Bell, Acte IV, scène 1, coédition Presses de l’UCAC et CICD, 2007.

Sans dissocier le fond de la forme, vous ferez de ce texte un commentaire composé. À l’aide
des champs lexicaux, des ponctuations, des types de lexique, des temps verbaux et des figures de
style, entre autres, vous pourrez, si cela vous convient, montrer comment se déploie le procès de la
colonisation.

Sujet de type III : Dissertation

Dans le Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig affirme : « La poésie
ne se trouve pas que dans le vers. »
Vous justifierez cette affirmation en vous appuyant sur des illustrations tirées des textes
poétiques ou non.

10
MINESEC DÉPARTEMENT DE ANNÉE SCOLAIRE : 2017- 2018
PHILOSOPHIE
RÉGION DU LITTORAL ÉVALUATION DE FIN NIVEAU : Tle A4
DOUALA IVème D’ANNÉE
CPB LHES CHRISTIAN ÉPREUVE DE PHILOSOPHIE DURÉE : 4H / COEF : 4

NB : Le candidat traitera au choix l’un des trois sujets suivants :

SUJET I : Fortifier le droit est-il une condition de la cohésion sociale ?

SUJET II : « La religion c’est l’opium du peuple.» Que vous suggère cette affirmation de Karl
Marx ?

SUJET III : Dégagez l’intérêt philosophique du texte suivant à partir de son étude ordonnée :

« Le point de vue matériel a détourné l’attention des hommes jusqu’au point de leur faire voir dans
le sous-développement une situation qui se définirait exclusivement par des privations. Dans cette
optique, tout se passait comme si le sous-développement n’était que sous-développement de l’avoir
et jamais de l’être. Ce qui est évidemment une erreur, disons une grave illusion d’optique. Si le
développement doit être au service de l’homme c’est en tant que celui-ci est d’abord un être distinct
de son avoir. Le sous-développement de l’avoir n’est pas l’essentiel. Le véritablement sous-
développement est celui de l’être en tant que tel. Un être sous-développé n’est pas un être qui n’a
pas ceci, qui n’a pas cela, qui manque de ceci, qui est privé de cela…, un être sous-développé  est
d’abord un être en quelque sorte atrophié. Vivre dans l’ignorance, la superstition sous toutes ses
formes, la crainte d’un univers déifié et investi de puissances terrifiantes, vivre dans la résignation,
élément passif d’une histoire qui vous fait bien plus que vous ne le faites, qu’est-ce d’autre sinon se
montrer atrophié dans son être ? Il ne s’agit pas pour nous de contester l’importance de l’avoir dans
l’entreprise d’épanouissement personnel de tout être, mais simplement d’inviter à effectuer un
déplacement d’accent, un renversement des positions : ce n’est pas l’être qui doit être subordonné à
l’avoir mais exactement le contraire. »

Ébénézer NJOH MOUELLE, De la médiocrité à l’excellence, Clé, 1998, p.169.

11
MINESEC DÉPARTEMENT DE ANNÉE SCOLAIRE : 2017- 2018
FRANÇAIS
RÉGION DU ÉVALUATION DE FIN NIVEAU : Tle A4 ALL/ ESP
LITTORAL DOUALA IVème D’ANNÉE
CPB LHES CHRISTIAN ÉPREUVE DE LANGUE DURÉE : 2h / COEF : 2
FRANÇAISE
TEXTE :
Le texte suivant est extrait du témoignage d’Ebénezer Njoh-Mouelle prononcé à l’occasion des
obsèques de son confrère Marcien Towa.
Monsieur Le Ministre, Monsieur le Recteur, Chers collègues,
Laissez-moi à présent dire un au revoir personnel à Marcien :
Mon cher Marcien,
En guise de bouquet ce ne sont pas des fleurs qui se fanent et qui passent, ce sont des pensées
et des réflexions assemblées en ce témoignage philosophique. Mon bouquet de fleurs pour
t’accompagner dans ton voyage, c’est l’évocation de ce qui, de toi, n’est pas censé mourir, à savoir la
lettre et l’esprit de ta pensée. Toi, qui n’as pas ignoré cette réflexion de Bertrand Russell selon
laquelle « l’un des symptômes d’une proche dépression nerveuse est de croire que l’œuvre qu’on
accomplit est terriblement importante ». À aucun moment, il ne m’a semblé que tu aies laissé
percevoir un tel symptôme. Nous n’avons jamais vu passer le moindre nuage de vaine dispute
ouverte entre nous, autour des idées que nous défendions, même s’il n’a pas manqué des gens pour
tenter d’introduire de tels nuages. Tu ne t’étais pas fait prier pour participer à la table ronde
d’hommage que le CERCAPHI1 a organisée en ton honneur en janvier 2005 et qui figure dans
l’ouvrage collectif « Philosophes du Cameroun », en reconnaissance aussi de l’attitude positive qui
fut la tienne chaque fois que le CERCAPHI a eu à te solliciter. […] Tu as tenu le rôle qui était le tien
dans la pièce de théâtre de ta vie. C’était ton rôle, créé par ta liberté, et non l’interprétation d’un rôle
conçu et décidé par un divin dramaturge ! N’était-ce qu’un rôle de professeur ? Assurément non !
C’était un rôle de « Maître ». Tu passes à présent de l’autre côté du rideau. S’agit-il d’un rideau qui
ne se lèvera ou ne s’ouvrira plus pour de nouveaux saluts et des applaudissements habituellement
répétés et réclamés par la salle, à la fin du spectacle ? Le rideau se lèvera à coup sûr, à l’occasion des
travaux et des colloques qui ne manqueront pas de porter sur ton œuvre ; le rideau est même levé en
permanence car, Cher Marcien Towa, tu n’auras pas été un héros né de l’illusion théâtrale mais un
héros de la vie réelle. André Malraux a dit un jour que : « Le tombeau des héros est le cœur des
vivants » ; le cœur ou plutôt l’esprit des vivants ? La postériorité dira.
Va, Mon cher collègue, et que ton âme repose en paix !
1
Cercle Camerounais des Philosophes.

12
QUESTIONS :
I- COMMUNICATION / 5 points

1- À partir du repérage des indices textuels précis, identifiez le locuteur et les allocutaires de
cette situation de communication. Quel(s) rapport(s) semblent-ils entretenir respectivement ?
2 pts.
2- Identifiez le référent dans ce texte ainsi que ses substituts variés que vous classeriez selon
leur nature. Ce référent est-il textuel ou situationnel ? 2 pts.
3- Décodez un présupposé et un sous-entendu dans l’énoncé suivant :
« Tu as tenu le rôle qui était le tien dans la pièce de théâtre de ta vie. » 1 pt.

II – MORPHOSYNTAXE / 5 points

1- Étudiez les temps verbaux récurrents dans le texte. 3 pts.


2- Étudiez l’emploi des guillemets, des exclamations et des interrogations dans ce texte. 2 pts.

III – SEMANTIQUE / 5 points

1- En vous fondant sur le texte, construisez le champ lexical de la pensée d’une part et celui de
la mort d’autre part. Quel rapport entretiennent-ils ? En déduisez l’intention du locuteur à
travers l’emploi de ces deux réseaux lexicaux. 3 pts.
2- Étudiez les connotations dont sont chargés les mots suivants dans le texte : « rideau » et
« héros ». Quel est l’effet de sens recherché ? 2 pts.

IV – STYLISTIQUE / 5 pts
1- À quel type d’énoncé appartient ce texte ? Relevez trois éléments textuels ou paratextuels
justifiant votre réponse.  2 pts.
2- Quel est le but visé par le locuteur à travers son texte ? Pourquoi et comment selon vous ?
Identifiez deux stratégies argumentatives déployées par le locuteur pour parvenir à cette fin. 2
pts.
3- Quelle est la tonalité dominante dans ce texte ? Justifiez-vous. 1 pt.

« Qui veut aller loin ménage sa monture.» Jean Racine

13
MINESEC DÉPARTEMENT DE ANNÉE SCOLAIRE : 2017- 2018
FRANÇAIS
RÉGION DU ÉVALUATION DE FIN NIVEAU : Tle D
LITTORAL DOUALA IVème D’ANNÉE
CPB LHES CHRISTIAN ÉPREUVE DE LANGUE DURÉE : 2h / COEF : 2
FRANÇAISE
TEXTE : Un amour impossible

Mon cher ami,


Quoiqu’il en soit, il arrive toujours à quelqu’un qui n’en a pas l’habitude, de réfléchir. Cela est
l’apanage de nous autres, jeunes gens qui ne savons encore rien de la vie et qui voulons trouver la
réalisation immédiate de nos rêves d’enfant.
Et puis la prise de conscience se fait tout d’un coup. La réalité bien souvent médiocre nous
déçoit ; la vie change brutalement. On y découvre un réseau inextricable de voies dont on ne sait
laquelle suivre. Très souvent, le manque de maturité d’esprit nous en fait emprunter une mauvaise.
Dès lors, on est pris dans un vertige auquel on échappe difficilement en luttant. Ou bien on se révolte
contre la société ou, dans un dernier cas, on s’abandonne jusqu’à ce plus vil degré de bassesse moral
qu’on dit dépravation.
Au collège, beaucoup de camarades me traitaient de frivole, volage même. Ne proteste pas.
J’ai toujours su ce qu’on disait de moi. Toi, tu m’aimes et il paraît que l’amour est aveugle ; mais tes
amis te parlaient mal de moi. Aucune importance. Vois-tu Ebinto mon enfance et ma vie se sont
passées dans le tourbillon de cette atmosphère de ville, de cinémas, de surprises-parties, de bals. Tu
comprends ? Ma frivolité, ma coquetterie, mon manque de complexe : tout cela est un attribut de la
société. J’ai pris la vie comme je l’ai trouvée, aimant rire, ne prenant presque rien au sérieux.
Et puis, tu m’as montré que la vie était autre chose ou plutôt qu’elle pouvait être autre chose.
Tu m’as mise devant la réalité : l’amour profond et sincère. Et j’ai dû réfléchir. J’ai beaucoup
réfléchi depuis notre baiser au bord de la mer afin de te dire la vérité que je t’avais promise. Cher
Ebinto, je voudrais tellement te rendre heureux, mais je sais que je n’arriverais qu’à te faire souffrir.
Cette vie sérieuse qui est la tienne, je voudrais pouvoir l’adopter mais cela n’est pas possible. Je ne
peux pas changer mon caractère. Je serais un monstre si j’avais le courage d’accepter de t’aimer et
ensuite de bafouer ton amour.
Ebinto, je ne sais comment te le dire. Vois-tu, je t’aime bien. Près de toi, je me sens en
sécurité, j’ai confiance en toi et je voudrais te raconter mes secrets comme à un frère et non comme
au garçon que j’aime d’amour. Je sais que tu souffriras, mais je préfère te faire souffrir un jour que
de gâcher toute ta vie.
Cher Ebinto, je pars en France où je vais continuer mes études. Je ne t’oublierais jamais. Tu
vivras toujours dans mon cœur. Je te souhaite de trouver une fille qui puisse te rendre heureux
comme tu le mérites.
Au revoir, cher Ebinto, et reçois toutes mes amitiés.

Muriel.

I- COMMUNICATION : 5 points
1- a) À partir des indices précis tirés du texte, dites qui en est l’énonciateur et qui est le
destinataire. 2 pts
b) Quels sont les rapports qui les lient ? 0.5 pt

14
2- Identifiez et expliquez les contenus latents dans les énoncés suivants :
- « Il paraît que l’amour est aveugle. »
- « Tu m’as mise devant la réalité. » 1 pt
2- Quelle est la fonction du langage qui domine dans le texte ? Justifiez votre réponse. 1.5 pts

II- MORPHOSYNTAXE : 5 points

1- Relevez le temps verbal dominant dans le texte et donnez sa valeur d’emploi. 1 pt


2- Soit le paragraphe : « Ebinto, je pars en France… Comme tu le mérites. »
a) À quelle structure appartiennent les phrases de ce paragraphe ? 1 pt
b) Donnez la nature des propositions de la dernière phrase de ce paragraphe. 1.5 pts
3- Relevez les différents « mais » dans le texte
a) Quelle est la nature de ce mot ? 0.5 pt
b) Quelles sont ses différentes valeurs d’emploi ? 1 pt

III- SEMANTIQUE : 5 points

1- a) Dans ce texte, l’énonciateur cherche-t-il à persuader ou à convaincre son interlocuteur ?


Justifiez votre réponse. 1.5 pts
b) Pourquoi utilise-t-il cette stratégie ? 1 pt
2- a) Étudiez le type de lexique dominant dans le texte. Que traduit-il ? 1.5 pt
b) Quelle signification prend la pensée de l’énonciateur dans le paragraphe suivant : « Ebinto,
je ne sais comment te le dire… Gâcher toute ta vie. » 1 pt

IV- RHETORIQUE DES TEXTES : 5 points

1- Relevez dans le texte : une énumération et une antithèse puis expliquez l’emploi de chacune
de ces figures. 2 pts
2- À quel type appartient ce texte ? Justifiez votre réponse à l’aide de trois éléments tirés du
texte. 2 pts
3- Quel est le type de raisonnement adopté par le locuteur ? Expliquez en quoi il consiste dans ce
passage. 1 pt

15
16

Vous aimerez peut-être aussi