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Support de cours : ANALYSE FINANCIERE

2e année 2020-2021

Chapitre 4 : Les soldes intermédiaires de gestion

Les soldes intermédiaires de gestion sont des indicateurs synthétiques de l’activité d’une
entreprise, servant généralement de base à l’analyse financière.

But et utilité des soldes intermédiaires de gestion :


La présentation des SIG permet de calculer le résultat net et de décomposer ce résultat
en niveaux intermédiaires et selon trois grandes masses liées aux activités :
- D’exploitation (activité récurrente de l’entreprise) ;
- Financière (coût de financement de l’activité) ;
- Extraordinaire (activité non récurrente de l’entreprise).
Il explique donc la formation du résultat de l’exercice en analysant les différentes étapes
de création de valeur dans l’entreprise.

A. Présentation des soldes intermédiaires de gestion

Intitulé Exercice N
Vente de marchandise
Coût d’achat des marchandises vendues (Achats de Mdses +/– Δ stock de Mdses SI-SF).
Marge commerciale (1)
Production vendue (y compris les prestations de services)
Production stockée (SF- SI)
Production immobilisée
Subventions d'exploitation
Production de l'exercice (2)
Matières et fournitures consommées (Achats de MP +/– Δ stock MP SI-SF).
Services externes et autres consommations
Consommation de l'exercice (3)
Valeur ajoutée (4) = (1+2)-(3)
Frais de personnel
Impôts, taxes et versements assimilés
Excédent brut d'exploitation (5)
Autres produits opérationnels
Autres charges opérationnelles
Dotations aux amortissements, provisions et pertes de valeur
Reprises sur provisions et pertes de valeur

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Résultat opérationnel (6)


Produits financiers
Charges financières
Résultat financier (7)
Résultat brut des activités ordinaires (8) = (6+7)
Impôt sur les bénéfices
Total produits ordinaires
Total charges ordinaires
Résultat net des activités ordinaires (9)
Produits extraordinaires
Charges extraordinaires
Résultat extraordinaire (10)
Résultat de l'exercice (11) = (9+10)

B. Les retraitements :
1. Principe :

La présentation « standard » des soldes intermédiaires de gestion peut être


modifiée selon les besoin de l’analyse. Un retraitement consiste à déplacer un
poste du compte de résultat vers un autre solde que celui où il était prévu au
départ.

L’objectif est double :

- Mieux approcher la réalité économique de l’entreprise ;


- Faciliter les comparaisons entre les entreprises ayant effectué des choix
différents (embauche ou recours au personnel intérimaire ; recours au
crédit-bail pour l’acquisition d’immobilisations..)

2. Principaux retraitements :
Redevance de crédit La redevance de crédit-bail est exclue des consommations
bail (CB) ou de en provenance des tiers car cette opération peut
location
s’apparenter, économiquement, à une opération
financement
d’acquisition d’une immobilisation financée par emprunt.
La redevance est donc éclatée en deux fractions :
- Une partie qui correspond à la dotation
d’amortissement du bien :
Dotation CB= (valeur du bien/ durée d’amortissement)
- Le reste (redevance – dotation CB) est considéré
comme des charges d’intérêts.

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Charges d’intérim Elles sont enregistrées en services extérieurs, mais


correspondent, en termes économiques, à des charges de
personnel et peuvent donc être considérées comme telles.
Les dépenses de personnel intérimaire doivent être exclues
des consommations en provenance de tiers et rattachées
aux charges de personnel.

C. Interprétation et intérêt des principaux soldes


1- La marge commerciale :
La marge commerciale n’a de sens que pour les entreprises qui ont une activité
commerciale de distribution de produits revendus en l’état. Elle concerne aussi les
entreprises mixtes qui ont à la fois une activité industrielle et commerciale.

La marge commerciale donne une information sur le profit brut procuré à l’entreprise
par ses seules activités commerciales, elle est suivie dans le temps soit en valeur absolue,
soit sous forme d’une grandeur relative.

La marge brute = Vente de marchandises en état – Coût d’achat des marchandises


vendues1

2- La production :
La production de l’exercice est un indicateur d’activité d’une entreprise industrielle
et/ou de prestation de services de l’entreprise. Elle mesure l’activité économique d’une
entreprise.

Production de l’exercice = Production vendue + Production stockée + Production


immobilisée + Subvention d’exploitation

3- La valeur ajoutée :
La valeur ajoutée produite (VA) exprime la capacité de l’entreprise à créer des richesses
dans ses activités économiques par rapport à la valeur initiale des biens et services
utilisés pour réaliser ces activités.

La valeur ajoutée correspond à la somme des rémunérations des facteurs de production.


Elle se partage entre tous ceux qui ont contribué à la créer : salariés (charges de

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Coût d’achat des marchandises vendues = Achats de marchandises +/– Variation de stock de
marchandises (SI-SF).

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personnel), État (impôts), financiers (intérêts), machines (dotations aux


amortissements), actionnaires (résultat net de l’exercice).

Valeur ajoutée produite = Marge commerciale + Production de l’exercice –


Consommation de MP et Appro (achats +/– variation de stock) – Autres achats et
Charges externes

La valeur ajoutée permet de juger la performance interne de l’entreprise et son activité


propre. Elle constitue une bonne base de comparaison entre les entreprises qui découle
de la mise en œuvre par l’entreprise de facteurs de production (capital, main-d’œuvre,
savoir-faire…)2.

La valeur ajoutée peut ensuite être redistribuée aux parties prenantes à l’intérieur ou à
l’extérieur de l’entreprise, donc la VA à trois utilisations :
 La rémunération de travail
 La rémunération du capital
 Etat (Impôts et Taxes)
4- L’excédent brut d’exploitation : EBE
L’excédent brut d’exploitation (EBE) est un solde particulier qui représente le surplus
monétaire potentiel créé par l’exploitation mesurant l’efficacité ou performance
industrielle et commerciale de l’entreprise après rémunération du facteur de production
(travail et des impôts liés à la production) et avant les décisions d’amortissements et les
charges financières qui découlent des choix de financement de l’entreprise. Il ne dépend
que des opérations de production et de commercialisation.

EBE = Valeur ajoutée– Charges de personnel – Impôts et taxes

Résumé : L’EBE permet de mesurer la capacité de l’entreprise :


 A rémunérer les capitaux empruntés (charges financières) ;
 A maintenir et développer l’outil de production (politique d’amortissement et
d’investissement) ;
 A couvrir les risques (Provision pour dépréciation des éléments de l’actif / pour
risques et charges) ;
 A dégager un résultat courant : L’EBE est un surplus monétaire potentiel car il ne
se retrouve pas immédiatement en caisse, une partie est retenue au niveau du BFR
(besoin en fond de roulement). L’EBE n’entrera en trésorerie que lorsque les ventes
auront été encaissées et les charges décaissées.

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Cette notion a une grande utilité au niveau macroéconomique car elle permet en agrégeant la valeur ajoutée
des entreprises d’une branche ou d’un secteur, d’en mesurer la contribution à la production nationale.

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5- Résultat d’exploitation ou opérationnel :


Le résultat d’exploitation mesure l’enrichissement brut de l’entreprise en tenant compte
de l’usure et de la dépréciation du capital économique, donc après prise en compte des
politiques d’amortissement et de provision (Il présente l’avantage d’incorporer la
nécessité de préserver l’outil économique). Il apparaît comme la rentabilité brute de
l’outil économique qu’est l’entreprise dans le déroulement de son exploitation.

Résultat d’exploitation = EBE – Dot. aux amort. et prov + Reprise sur prov. et transfert
de charges + Autres produits d’exploitation – Autres charges d’exploitation

Le résultat d’exploitation est indépendant de la politique de financement et du niveau


d’endettement de l’entreprise, car il est établi avant les produits et charges financiers.

6- Résultat financier

Les postes de charges et de produits financiers sont eux-mêmes hétérogènes : frais


d’intérêts liés à l’endettement, produits de dividendes de filiales, produits et charges liés
aux opérations de trésorerie, gains ou pertes de change.

Le résultat financier permet d’apprécier le coût de l’endettement financier et le produit


de la trésorerie.

Résultat financier = Produits financiers – Charges financières

7- Le résultat ordinaire avant impôt :


Le résultat ordinaire avant impôt prend en compte la politique financière et des choix de
financement (structure de financement de l’entreprise), car les charges et produits
financiers sont intégrés dans leur globalité.

Résultat ordinaire avant impôt = Résultat d’exploitation +/– Résultat des opérations
faites en commun3 + Produits financiers – Charges financières

De manière générale, le résultat ordinaire avant impôt permet d’analyser le résultat


d’une entreprise sans que le jugement ne soit modifié par des éléments exceptionnels (il
résulte de l’activité normale d’exploitation et de financement de l’entreprise).

Le résultat ordinaire avant impôt exprime la performance globale de l’entreprise censée


correspondre à son activité normale. Il permet d’apprécier le résultat qui sera réparti
entre :

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Pour une entité non gérante, elle représente sa participation aux bénéfices, et pour une entité gérante, elle
représente des pertes mises à la charge des associés.

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– l’État, sous forme d’impôt sur les bénéfices ;


– les salariés, sous forme de participation ;
– les actionnaires, sous forme de dividendes.

8- Le résultat net des activités ordinaires :

Résultat net des activités ordinaires = Résultat ordinaire avant impôt - Impôts exigibles
sur résultats ordinaire - Impôts différés sur résultat ordinaire

9- Le résultat extraordinaire :
Il retrace ce qui sort de l’activité habituelle de l’entreprise. Les éléments extraordinaires
sont donc un ensemble hétérogène de charges et de produits non reproductibles. Ceux-
ci reprennent en particulier des produits et des charges qui sont de purs éléments calculés
(dotations, reprises, quotes-parts de subventions, valeurs comptables d’actifs cédés…)
sans conséquences monétaires.

Résultat extraordinaire = Produits extraordinaires – Charges extraordinaires

10- Le résultat net de l’exercice :


Le résultat net de l’exercice est le solde final du compte de résultat (Le résultat net
comptable constitue le solde à disposition des actionnaires qui décideront de son
affectation).

Le résultat net de l’exercice = Résultat net des activités ordinaires +- Résultat


extraordinaire

Exemple d’application: La société Alpha vous communique les éléments de son compte de
résultats

Achats de marchandises: 2 710 000


Stock initial de marchandises: 300 000
Stock final de marchandises: 350 000
Achats de mat. premières et app.: 400 000
Stock initial de mat premières: 160 000
Stock final de mat premières: 120 000
Autres achats et charges externes: 970 000
Charges de personnel: 2885 000
Impots, taxes et versements assimilés: 115 000

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Dotations aus amort, prov et pertes de valeur: 990 000


Autres charges d’exploitation: 20 000
Intérets et charges assimilées: 340 000
Charges extraordinaires: 130 000
Ventes de marchandises: 6 450 000
Production vendue: 1 840 000
Stock initial de produit finis: 530 000
Stock final de produit finis: 640 000
Production immobilisée: 0
Subvention d’exploitation: 320 000
Autres produits d’exploitation: 10 000
Reprises sur pertes de valeur: 230 000
Produits financiers: 130 000
Produits extraordinaires: 190 000

TAF:
Calculer les soldes intermédiaires de gestion en retraitant le personnel extérieur et la
redevance de crédit bail.
Dans les charges externes, on a notamment:
- Personnel extérieur: 64 000 DA
- Redevance de crédit-bail: 82 000 DA. Elle correspond à un matériel d’une valeur
de 320 000DA, amortissable sur 5ans.

Montant
Ventes de marchandises 6 450 000
Cout d’achat des marchandises vendues (2710 000+ 300 000-350 000) 2 660 000
Marge commerciale 3 790 000
Production vendue 1 840.000
Production stockée (640 000-530 000) 110.000
Subventions d'exploitation 320.000
Production de l'exercice 2 270 000
Matières et fournitures consommées (400 000 +160 000 -120 000) 440.000
Services externes et autres consommations (970 000 – 64 000- 82 000) 824 000
Consommation de l'exercice 1264 000
Valeur ajoutée 4 796 000
Frais de personnel (2 885 000 + 64 000) 2 949.000
Impôts, taxes et versements assimilés 115 000
Excédent brut d'exploitation 1 732 000

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Autres produits opérationnels 10.000


Autres charges opérationnelles 20.000
Dotations aux amortissements, provisions et pertes de valeur 1 054.000
(990 000+64 000)
Reprises sur provisions et pertes de valeur 230.000
Résultat opérationnel 898 000
Produits financiers 130 000
Charges financières (340 000+18 000) 358 000
Résultat financier (228 000)
Résultat brut des activités ordinaires 670 000
Impôt sur les bénéfices 127 300
Résultat net des activités ordinaires 542 700
Produits extraordinaires 190 000
Charges extraordinaires 130 000
Résultat extraordinaire 60 000
Résultat de l'exercice 602 700
11- La capacité d’autofinancement [C.A.F]
La notion de CAF s’oppose aux ressources externes de l’entreprise provenant des
associés (apport en capital), prêteurs (emprunts) ou État (subventions), car elle
représente une ressource interne dégagée par l’entreprise du fait de son activité, en
cherchant à évaluer le surplus monétaire potentiel dégagé par l’entreprise au cours d’un
exercice en prenant en compte l’ensemble de ses produits encaissables et l’ensemble de
ses charges décaissables.

CAF = Produits encaissables (sauf produits de cession) – Charges décaissables

Il existe deux méthodes pour calculer la CAF :


La méthode ascendante ou indirecte ou additive :
De nombreux analystes ont pris l’habitude de calculer la CAF en corrigeant le résultat
net de l’entreprise des éléments non monétaires qui ont servi à sa détermination. Il suffit
d’ajouter au bénéfice net les charges calculées n’entraînant pas de décaissement et
symétriquement de soustraire les produits calculés non encaissables. L’incidence des
plus ou moins-values de cession doit alors être annulée.

Capacité d’autofinancement (CAF) = Résultat net


+ Dotation aux amortissements
+ Dotation aux provisions (d’exploitation, financières, exceptionnelles)
– Reprises (d’exploitation, financières et exceptionnelles)
– Plus-Values sur cession d’actifs
+ Moins-Values sur cession d’actifs
– Subvention d’investissement virée au compte de résultat

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L’approche additive donne une indication de l’utilisation de la CAF dans l’entreprise au


travers de son affectation comptable :
– Renouvellement des immobilisations (amortissements) ;
– Couverture des pertes et risques probables (provisions) ;
– Développement et croissance de l’entreprise (mise en réserve) ;
– Rémunération des actionnaires (résultat distribué).

En effet, la CAF permet le financement des investissements et le remboursement des


emprunts.

La méthode descendante ou directe ou soustractive :


CAF =EBE +Transfert de charges d’exploitation
+autres produits d’exploitation (sauf plus-values sur cession d’actifs, reprises sur
provisions et subvention d’investissement viré au compte de résultat)
-autres charges d’exploitation (sauf moins-values sur cession d’actif)
+ou–quote part d’opérations en commun
+produits financiers (sauf reprises de provisions)
-charges financières (sauf dotations aux amortissements et aux provisions financières) –
participation des salariés
–impôts sur les bénéfices.

Autofinancement :
L’autofinancement ne peut prétendre mesurer l’enrichissement de l’entreprise ou de ses
actionnaires. Il illustre le principe de conservation de l’autonomie stratégique de la
firme. Il ne peut en aucun cas être assimilé à un profit économique brut de l’entreprise.

Autofinancement (année N) = CAF (année N) – Dividendes distribués (au titre


année N–1)

Exemple :

À partir des données présentées ci-dessous, calculer la CAF avec les deux méthodes.

Valeur ajoutée 8.100


Frais de personnel 4.400
Impôts et taxes 1.100
Charge financières 600
Dotation aux amortissements 1.300
Dotations aux provisions 300
Résultat net 1.100
Reprise sur provision 500

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Plus-value 200

1ere formule
CAF= R net + dotations aux amort et prov – reprises –plus-values
CAF = (1100 + 1300 +300)-500-200= +2000

2ème formule
CAF=EBE +produits encaissables – charges décaissables
CAF= (8100 -4400-1100) -600=+2000

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