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Fiche 07

Rubriques concernées dans l’outil PEQEB :


Construction : 1.7 / 2.1.1 / 2.1.2 / 2.1.3 / 2.1.4 / 2.2.8 / 2.2.9
Rénovation : 2.1.1 / 2.1.2 / 2.1.3 / 2.2.7 / 2.2.8

L’approche bioclimatique
Objectif
Concevoir un bâtiment en harmonie avec son environnement, en tirant parti des avantages du site d’accueil,
tout en se protégeant de ses contraintes

Pourquoi c’est important ?


Un bâtiment bioclimatique est un bâtiment qui est construit en tenant compte des caractéristiques cli-
matiques du site : ensoleillement, orientation et fréquence des vents, températures, hygrométrie…, et de la
configuration de la parcelle : topographie, végétation et bâtiments environnants (vues et masques solaires).
Une fois les atouts et contraintes du site identifiés dans l’analyse environnementale, on cherchera tout
d’abord à optimiser la conception du bâtiment de manière passive, c’est-à-dire en jouant sur des paramètres
tels que l’implantation, l’orientation, la forme du bâtiment ou encore l’enveloppe de celui-ci. Ce n’est que
dans un deuxième temps qu’on aura recours aux systèmes actifs (chauffage, ventilation, éclairage artificiel,
…) pour compléter les besoins du projet.
L’implantation et l’orientation des bâtiments déterminent les déperditions thermiques, les apports solaires,
l’éclairement, les possibilités de ventilation naturelle, les vues, …
Un bâtiment morphologiquement inadapté au site devra compenser ses handicaps tout au long de son
existence par des moyens artificiels toujours coûteux financièrement et énergétiquement.

Comment faire ?
Effectuer une analyse environnementale du site pour identifier ses atouts et contraintes (cf. FICHE 05)
A partir des particularités relevées du site, il s’agit de trouver de justes compromis.

Optimiser l’implantation et l’orientation des bâtiments


En hiver, le soleil est recherché pour bénéficier des apports de chaleur passifs, alors qu’en été, on essaye de
s’en protéger pour limiter les surchauffes [7.1].

[7.1] : Course du soleil l’hiver et l’été - Source : Tekhnê Architectes

> En hiver, la course du soleil est plus courte et basse dans le ciel. Seules les façades orientées au Sud apportent un
complément solaire significatif par rapport aux besoins de chauffage, les apports solaires des autres orientations
sont moindres.
> L’été, la course du soleil est beaucoup plus longue et plus haute dans le ciel. Les façades Est et surtout Ouest fe-
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La stratégie d’implantation consiste donc à éloigner le bâtiment des masques d’hiver identifiés pour capter
le plus d’apports solaires, et le rapprocher des masques d’été pour bénéficier de l’ombre produite.
Pour les bâtiments destinés au logement [7.2], on évitera une mono-exposition en privilégiant les bâti-
ments traversants (accès à deux façades opposées) ou bi-orientés quand cela est possible, et en préférant
une orientation Nord/Sud avec une grande ouverture au Sud. La façade Sud est en effet la plus passivement
profitable : elle offre le meilleur compromis entre apports de chaleur et apports lumineux en toute saison.
Les apports solaires sur une façade Sud seront source d’agréments l’hiver et seront facilement maîtrisables
l’été (protections solaires de type débord de toiture ou casquette). En revanche, les expositions plein-Est
et plein-Ouest nécessitent des protections solaires en été, plus difficilement compatibles avec un confort
visuel (apports lumineux et éblouissement) puisque le soleil est rasant en matinée et fin d’après-midi. La
façade Nord étant la plus déperditive, ses ouvertures doivent être réduites au maximum.

Hiver Été

[7.2] : Apport solaire sur les façades selon la saison et l'orientation - Source : “L’isolation thermique écologique“
JP Oliva et S Courgey - Editions Terre Vivante, 2010

Pour les autres bâtiments, il faut choisir une orientation qui permette de concilier confort et limitation des
consommations d’énergie.
Les nuisances sonores sont également à prendre en compte dans le choix d’implantation et d’orientation
du bâtiment : jouer sur les retraits ou les écrans sonores, et orienter le bâtiment de manière à ce qu’il tourne
le dos à la nuisance sonore et que les pièces principalement occupées soient les moins exposées.
Les vues offertes par les trouées à travers les ensembles bâtis proches et la végétation environnante sont à
mettre à profit.
On veillera aussi à considérer la trajectoire des vents dominants pour s’en protéger l’hiver, ou au contraire
profiter des brises pour la ventilation naturelle traversante l’été, source de rafraîchissement passif.

Rechercher la compacité des formes bâties et optimiser l’enveloppe thermique

La forme, et plus précisément la compacité d’un bâtiment, ont un impact direct sur les déperditions ther-
miques, qui sont proportionnelles à la surface en contact avec l’extérieur [7.3]. Par exemple, à isolation et
volume égaux, un bâtiment de forme cubique, sera moins déperditif qu’un bâtiment rectangulaire. L’idée
est donc d’opter pour des formes simples qui minimisent les surfaces d’échange avec l’extérieur, sans tou-
tefois ignorer les incidences en termes de confort d’usage ou de formes urbaines, entre autres.

[7.3] : Comparaison de la déperdition entre deux bâtiments de même surface et de même isolation, mais de
formes différentes - Source : eEgénie

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Un bon compromis est nécessaire entre la compacité/fonctionnalité et les apports en lumière naturelle. Il
est important de réaliser des simulations d’éclairage naturel avec un logiciel adapté dès la première phase
de conception pour s’en assurer la qualité (cf. FICHE 13).
Une bonne isolation de l’enveloppe du bâti est indispensable pour limiter les déperditions en hiver et les
surchauffes en été. Une attention particulière sera portée au traitement des ponts thermiques (rupture de
continuité de l’isolation) avec la mise en œuvre de dispositifs adaptés, tels que balcons à structures dépor-
tées, rupteurs de ponts thermiques, dalles sur sabots, ...
L’inertie thermique d’un bâtiment correspond à sa capacité à emmagasiner la chaleur (dans les murs, dalles,
cloisons, …) puis à la restituer de manière diffuse. Cela a pour effet d’amortir les variations « brusques » de
température à l’intérieur du bâtiment. Plus le bâtiment aura une masse importante, plus son inertie sera
forte, et plus il se réchauffera et se refroidira lentement [7.4].
Pour prendre en compte toutes ces questions, il toujours utile de procéder à une simulation thermique dy-
namique du bâtiment dès la phase Avant-Projet Sommaire (cf. FICHE 12).

[7.4] : Déphasage et amortissement du flux thermique selon l’inertie du bâtiment - source : www.energieplus-le-
site.be

Adapter l’organisation intérieure du bâtiment aux ambiances offertes


Agencer les pièces selon un plan bien organisé, de façon à créer des ambiances thermiques différenciées et
adaptées à leur fonction. Ainsi, les pièces les plus occupées et les plus exigeantes en termes de confort (lieux
de vie) bénéficieront d’une orientation privilégiée (Sud) et seront protégées par des « espaces tampons »
moins nécessiteux (garages, circulations, celliers, locaux techniques).
Réserver les expositions Sud aux pièces les plus occupées (séjours, bureaux...), afin de profiter au maximum
des apports solaires passifs l’hiver et d’un éclairage naturel abondant, et préférer les chambres à l’Est, cui-
sines, salles de bain, circulations et locaux techniques au Nord et à l’Ouest [7.5].

NORD

OUEST EST

SUD
[7.5] : Organisation bioclimatique d’un logement type - source : ADEME

Accepter un certain « nomadisme saisonnier » plutôt que de chercher à maintenir un même niveau d’am-
biance en toute saison.

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Favoriser les locaux traversants pour permettre une ventilation naturelle
On s’emploiera dans la mesure du possible à ce qu’un maximum de locaux soit traversant pour permettre
une ventilation naturelle (ventilation continue de part et d’autre de deux façades opposées, avec des im-
postes prévues au-dessus des portes et fenêtres, par exemple).
Dans l’habitat, proposer une profondeur de bâtiment dont les dimensions intérieures ne dépassent pas une
douzaine de mètres, et dans laquelle les logements pourront avoir des ouvertures sur deux faces opposées.
Envisager des distributions de logements par l’extérieur, au moyen de coursives notamment, pour accompa-
gner la répartition des logements en bande traversante [7.6].

[7.6] : Exemple de coursives de distribution des logements protégeant le vis-à-vis des fenêtres
Source : Architecte : Amplitude - Photo : eEgénie

Pour des bureaux, encourager les aménagements paysagers qui ont l’avantage de ne pas présenter d’obs-
tacle à la circulation d’air, de façade à façade [7.7]. En outre, ils permettent aux postes de travail de profiter
plus facilement de la lumière naturelle. On veillera cependant à ce que l’acoustique entre postes de travail
soit traitée dans les règles de l’art (obstacle à la transmission du bruit, atténuation des réverbérations sur
les parois et les plafonds, adaptation du comportement de chacun, espaces de réunion isolés à proximité).

[7.7] : Exemple d’aménagement paysager de bureaux - source : Architecte : Tectoniques - Photo : eEgénie

La mise en place de dispositifs de ventilation naturelle nocturne, par le biais d’ouvertures extérieures sécu-
risées contre les intrusions, permet de rafraichir passivement les locaux en période chaude.
On veillera aussi à considérer la trajectoire des vents et profiter des brises pour la ventilation naturelle tra-
versante l’été, source de rafraîchissement passif.
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Se protéger des vents dominants (qui ont une orientation variable suivant les quartiers)
Penser une morphologie des bâtiments qui protège les espaces extérieurs. Par exemple, on pourra définir
une forme de bâtiment en « L » pour abriter une partie des espaces extérieurs des vents dominants, tout en
cherchant à profiter de l’ensoleillement. On pourra aussi réfléchir à l’opportunité d’intégrer un patio ouvert
dans le volume du bâtiment, en veillant néanmoins à ne pas trop dégrader le facteur compacité.
Prendre en considération les effets aggravants du vent : effets de canalisation, de tourbillon amont, de rou-
leau aval, de venturi…

Les erreurs à éviter


Concevoir un projet sans réaliser d’analyse environnementale de site et sans identifier les atouts et
contraintes du site.

Ne pas prévoir de dispositifs de protection efficaces contre les surchauffes solaires sur les baies Est et
surtout Ouest. Les apports solaires sur ces façades peuvent en effet être très importants dès la mi-saison,
lorsqu’on n’a plus besoin de chauffage.

Un trop grand nombre d’ouvertures au Nord pénalisera la performance énergétique du bâtiment (pas
d’apports solaires en hiver).

Les protections solaires intérieures ne permettent pas de se protéger efficacement des apports de chaleur
(par exemple, des stores intérieurs non-réfléchissants). Il sera en effet trop tard, la chaleur sera déjà rentrée.

Les préoccupations énergétiques, aussi importantes soient-elles, doivent cependant être appréciées au
regard d’autres considérations telles que le confort d’été, l’éclairage naturel ou le confort visuel.

L’inertie thermique du bâtiment ne permet pas de supprimer les transferts de chaleur, mais uniquement
de les décaler dans le temps. Il faut donc à un moment donné prévoir l’évacuation de la chaleur
emmagasinée dans l’enveloppe (par exemple, en faisant de la ventilation naturelle : ouverture des
fenêtres ou by-pass de la ventilation double-flux lorsqu’en été la température extérieure est plus basse que la
température intérieure).

Pour aller plus loin…


- Les fondamentaux du bioclimatisme, Thomas Jusselme : www.enviroboite.net/les-fondamentaux-du-bioclimatisme
- Réussir un projet d’urbanisme durable, Méthode en 100 fiches pour une approche environnementale de
l’urbanisme (AEU), ADEME, 2006, ISBN : 978-2-281125-45-0
- Traité d’architecture et d’urbanisme bioclimatiques, Alain Liébard, Le Moniteur Editions, 2006,
ISBN : 978-2-281192-90-2
- Habitat passif et basse consommation, principes fondamentaux et études de cas, Philippe Lequenne et Vincent
Rigassi, Terre Vivante, 2011, SBN : 978-2-36098-048-2
- La conception bioclimatique - des maisons confortables et économes, Samuel Courgey et Jean-Pierre Oliva Terre
Vivante, 2006, ISBN : 978-2-914717-21-2

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