Architectures
fonctionnelle
et structurelle
Le 18 décembre 2013, le premier cœur artificiel Carmat
est implanté chez un patient. La conception est le fruit de
quinze années de recherche collaborative entre des équipes
médico-chirurgicales et des ingénieurs de Matra. Il met en
œuvre les technologies les plus récentes. Sa forme
anatomique, son poids de 900 g et son volume de 0,75 l lui
autorisent une implantation compatible avec au moins 65 %
des patients. À l'aide des capteurs de pression et de position,
l'électronique de contrôle, totalement embarquée, permet une
régulation automatique en débit et en fréquence. Les
matériaux sont biocompatibles pour toutes les surfaces en
contact avec le sang. Ses tests fonctionnels et d’endurance
drastiques garantissent une durabilité de 5 ans.
Objectifs
Ce qu’il faut connaître
La décomposition structurelle d’un système en chaîne d’information et chaîne d’énergie
La fonction des différents constituants
Le diagramme de définition de blocs
Le diagramme de bloc interne
Le diagramme paramétrique.
Méthode 2.1. Détermination des données, des énergies et des matières entrantes et
sortantes associées à un système
Informations
destinées à
Chaîne d’information d’autres systèmes
et interfaces
Homme /
ACQUERIR TRAITER Machine
Informations MEMORISER COMMUNIQUER
issues d’autres CODER
RESTITUER
systèmes et
interfaces
Homme / Matières d’œuvre
Machine Ordres
Pertes
Energies entrantes CHARGER MODULER énergétiques
STOCKER CONVERTIR TRANSMETTRE AGIR
DISTRIBUER
ALIMENTER
Chaîne d’énergie
Matières d’œuvre
+ Valeur ajoutée
La chaîne d’énergie
La chaîne d’énergie contribue à la réalisation de la fonction de service globale, en agissant sur la
(ou les) matière(s) d’œuvre.
Transmetteurs :
Prise réseau EDF, Préactionneurs : Actionneurs : Embrayage, poulies / courroies,
alimentation Contacteur, relais, Moteurs électriques, pignon / roue / chaîne, train
stabilisée, batterie, variateur, vérins linéaires et d’engrenages, systèmes vis-
etc. distributeur, etc. rotatifs, etc. écrou, transformateurs plans,
etc.
L'énergie issue de la chaîne d’information est faible. Elle n'est pas suffisante pour être utilisable
directement par les actionneurs.
La fonction d’un préactionneur est de distribuer une énergie importante en la modulant le cas
échéant, sous l'action d'une énergie de commande (ordre) plus faible.
Le transmetteur adapte l’énergie en provenance de l’actionneur pour la donner l’effecteur.
L’effecteur est le dernier élément de la chaîne d’énergie, il agit directement sur la matière
d’œuvre (pince, convoyeur, ventouse, etc.).
Méthode 2.2. Définition de la chaîne d’énergie d’un système
La chaîne d’information
La chaîne d’information permet notamment :
– d’acquérir des informations :
- sur l’état d’un produit ou de l’un des constituants de la chaîne d’énergie,
- issues d’interfaces Homme/Machine,
- élaborées par d’autres chaînes d’information ;
– de les coder si nécessaire ;
– de traiter ces informations ;
– de communiquer :
- les ordres à la chaîne d’énergie,
- les messages destinés aux interfaces Homme/Machine,
- les messages à d’autres chaînes d’information.
Grandeurs Images informationnelles Informations traitées
physiques, Ordres,
consignes TRAITER messages
ACQUERIR MEMORISER COMMUNIQUER
CODER RESTITUER
38 CHAPITRE 2
Pour acquérir une grandeur physique (force, température, etc.) ou une consigne, les constituants
utilisés sont des capteurs. Ils restituent une image de la grandeur physique mesurée sous une
sous forme logique, numérique ou analogique exploitable par l’unité de traitement.
Méthode 2.3. Définition de la chaîne d’information d’un système
Chaîne d’action
Energie mécanique
Ordres Energie distribuée Energie mécanique
adaptée à la réalisation
d’une fonction
Module de Préactionneur Actionneur Transmetteur et élémentaire
sortie(s) effecteur
Traitement
Unité de traitement
Grandeur(s)
Module de Module Capteur(s) physique(s)
dialogue(s) d’entrée(s)
Chaîne d’acquisition
Méthode 2.4. Identification des différents constituants associés à une chaîne fonctionnelle
40 CHAPITRE 2
Le diagramme de définition de blocs
Le diagramme de définition de blocs (blocks definition diagram ou bdd) est un diagramme
normalisé SysML.
Il permet de décrire :
– les caractéristiques structurelles grâce aux propriétés structurelles ;
– les caractéristiques comportementales par le biais des fonctions ;
– les relations entre blocs, avec notamment :
– l’association (trait plein simple) : indique une relation d’égal à égal entre blocs. Leur
présence est simultanée ;
– la composition (trait plein et losange plein) : représentation graphique équivalente aux
propriétés de type « parts », c’est une relation d’inclusion obligatoire. Elle est très utilisée
pour montrer la structure hiérarchique d’un système ;
– l’agrégation (trait plein et losange évidé) : c’est une relation d’inclusion non obligatoire ;
– la généralisation / spécialisation (trait plein et triangle évidé) : selon le sens de lecture,
un bloc se généralise ou se spécialise en un autre. Dans ce dernier cas, il hérite alors des
propriétés du bloc généralisé, il en a souvent des supplémentaires ;
– la dépendance (trait en pointillés et flèche) : un bloc a un comportement qui dépend d’un
autre.
Le diagramme paramétrique
Le diagramme paramétrique (parametric diagram ou par) est un diagramme normalisé SysML.
Par le biais de relations ou contraintes (constraints) paramétriques, il permet de montrer des
lois de comportement entre certaines propriétés d’un bloc.
Couplé à des fonctionnalités de simulation de certains logiciels comme « Cameo » avec
« MagicDraw », le diagramme paramétrique est un préalable à la validation de certains aspects
du comportement d’un système, de certaines exigences.
42 CHAPITRE 2
On définit les contraintes dans un diagramme de définition de blocs :
Les paramètres sont représentés par des ports dans le diagramme paramétrique d’un bloc.
On les relie aux valeurs indiquées dans les propriétés (values).
On donne le cas du sous-ensemble « bloc » défini ci-dessus :
La modélisation n’est pas causale, les liens ne sont pas orientés. La contrainte 1 aurait pu être
écrite de la manière équivalente : paramètre 1 = paramètre 2 – K.
On notera aussi que le diagramme paramétrique est en fait une spécialisation du diagramme de
bloc interne. C’est pour cela qu’il est classé dans les diagrammes de structure, même s’il
contribue à définir le comportement d’un système.
Les valeurs déterminées par les relations mentionnées pourront ensuite être utilisées dans des
diagrammes SysML de type comportementaux.
Méthode 2.7. Construction et lecture d’un diagramme paramétrique
Il faut commencer par délimiter une frontière d’étude entre le système et le milieu
extérieur, puis :
– Recenser toutes les informations échangées entre le système le milieu extérieur.
– Définir les matières d’œuvre et la valeur ajoutée.
– Identifier les énergies entrantes nécessaires aux constituants de la chaîne d’éner-
gie. Les énergies sortantes sont différentes (notamment des pertes).
A : Touche « reprendre »
B : Touche « suspendre »
C : Touche « + »
D : Touche « – »
Energie électrique 12 V
Chaîne d’énergie
Automobile avec vitesse régulée
Automobile automatiquement
44 CHAPITRE 2
Méthode 2.2. Définition de la chaîne d’énergie d’un système
Il est possible de partir des différents actionneurs associés aux différentes chaînes
fonctionnelles. On poursuit ensuite la chaîne d’action avec les transmetteurs.
À chacun des actionneurs est associé en amont un préactionneur que l’on
reconnaîtra.
Les constituants permettant d’alimenter seront alors facilement identifiables.
Pour chacun des constituants, il faut définir le type d’énergie entrante et sortante en
fonction de la technologie qu’il utilise. Les pertes sont globalement regroupées en
énergies sortantes pour le système étudié.
Méthodes
Roue
Poulie arrière
motrice
Courroie
crantée
Poulie
réceptrice
Frein à tambour
Courant moteur,
tension batterie, Images informationnelles Informations traitées Signalisation routière
Vitesse de rotation visuelle et sonore,
roue motrice TRAITER informations conducteur
ACQUERIR COMMUNIQUER
MEMORISER
Consignes conducteur CODER Ordres de
RESTITUER
Position béquille, commande moteur
Selle verrouillée,
Données diagnostic
Carte électronique, Carte électronique de Commandes TOR, tableau
détecteurs inductifs, traitement de bord, bruiteur, carte
potentiomètre rotatif, clavier, électronique, feux, voyants.
détecteurs TOR
Exercice 2.5
46 CHAPITRE 2
Exemple : station de peinture
La station de peinture présentée fait partie d’une chaîne de fabrication de camions.
La fonction globale du système est de peindre des cabines.
Les matières d’œuvre sont l’ensemble « luge + cabine » et la peinture.
Plusieurs robots sont utilisés : deux latéraux et un de toit.
Pulvérisateurs de
peinture
Déplacement
de la luge
Robot latéral
Z
Y
Détecteur
gauche EG Robot de toit
X Cabine
Robot latéral
Méthodes
Détecteur
droit ED
Luge
ENTREE DE ZONE STATION DE PEINTURE
Amortisseur hydraulique α
X X
Moto-réducteur horizontal (X)
0,25 kW Z
Energie électrique
en attente
Chaîne d’action
Carte d’axe
et modules E/S
Angle rotation
arbre moteur
Codeur incrémental
Informations électriques images Position bol de
pulvérisation
Détecteurs TOR
Chaîne d’acquisition
48 CHAPITRE 2
Exemple : Station de peinture
Méthodes
Méthode 2.6. Construction et lecture d’un diagramme de bloc interne
Les blocs avec le stéréotype « constraint » décrivent les lois de comportement liant
les paramètres. Dans un diagramme paramétrique, ils ont les coins arrondis.
Les connecteurs lient soit deux ports, soit un port avec un bloc « valeur ».
La lecture est identique à un diagramme de bloc interne.
Exercice 2.5
Exemple : Station de peinture
En reprenant la chaîne fonctionnelle « Déplacer verticalement un pulvérisateur latéral », on peut
s’intéresser au bloc « réducteur et système poulies / courroie ».
Le réducteur transforme un mouvement de rotation de vitesse angulaire « we » en un
mouvement de rotation à la vitesse angulaire « ws ». La loi de comportement est ws = k × we.
Le bol pulvérisateur est solidaire de la courroie (encastré). Il se déplace donc à la même vitesse
linéaire Vs que celle-ci. La relation liant les paramètres est alors Vs = R × ws où R est le rayon
de la poulie. On définit ces contraintes à l’aide d’un diagramme de blocs :
ou plutôt :
50 CHAPITRE 2
Vrai/Faux
Vrai Faux
1. La chaîne d’information n’a pas besoin d’énergie pour fonctionner.
Le doseur d’eau, la pompe et l’électrovanne ne sont pas visibles sur la photo ci-dessus.
Pour le système « DISPENSER D10 » : définir les données entrantes et sortantes de la chaîne
d’information ; définir les énergies et matières entrantes et sortantes de la chaîne d’énergie.
52 CHAPITRE 2
Exercice 2.2*
Le système objet de l’étude est un fauteuil roulant électrique
« POSITELEC 90 ». Afin de répondre au besoin d’autonomie des
utilisateurs, les fauteuils roulants sont électriquement motorisés.
La motricité est assurée par deux moteurs électriques à courant
continu commandant séparément une des deux roues arrière afin de
diriger le fauteuil. Les roues avant sont montées « folles » (libres
dans leurs mouvements).
L’asservissement de la vitesse et la commande de puissance des
motoréducteurs sont effectués par une carte électronique appelée
variateur. Les motoréducteurs sont
équipés de freins électromécaniques à Figure 1 Boîtier de
manque de courant, commandés en tout commande
Pour le système « Porte de TGV », construire le schéma topo fonctionnel montrant l’archi-
tecture de la chaîne d’information.
D'après concours Centrale-Supélec
54 CHAPITRE 2
Exercice 2.4**
Le système étudié est la Direction Assistée Électrique de la voiture TWINGO de RENAULT.
En plus du système mécanique classique, l'ensemble d'assistance est constitué notamment d’un
calculateur et d’un motoréducteur accouplé à la colonne de direction.
Le calculateur permet, à partir de paramètres mesurés par des capteurs sur l evéhicule, de mettre
en service le motoréducteur pour assister le conducteur dans ses manœuvres de parking ou à
basse vitesse.
Motoréducteur Volant Double cardan Moteur électrique
Embrayage
Réducteur électromagnétique
roue / vis sans fin
Barre de torsion
Capteur de couple
Le système doit assister le conducteur dès la mise en rotation du volant. Un capteur de couple
informe le calculateur de l’intensité du couple exercé sur le volant. Le motoréducteur est alors
commandé en fonction du couple exercé par l’utilisateur sur le volant mais aussi en fonction de
la vitesse du véhicule.
En effet, une assistance élevée offre un confort de manœuvre à l’arrêt ou à faible vitesse. Elle
n’est plus nécessaire à haute vitesse car les braquages sont réduits et l’effort au volant ne doit
pas être trop assisté pour des raisons de sécurité de conduite. D’ailleurs, à partir du seuil de
vitesse (environ 74 km/h) où le confort de la direction traditionnelle est suffisant, le moteur
électrique n’est plus alimenté. En cas de surintensité dans le circuit de puissance, le calculateur
coupe l’alimentation du moteur.
Au cours de son assemblage, le disjoncteur est toujours transporté par la même palette.
Chaque palette est constituée d'un support matériel permettant de maintenir le disjoncteur au
cours de son évolution et d'un espace mémoire destiné à tenir à jour les opérations déjà
réalisées.
Chaque module est constitué de postes de travail qui accomplissent des opérations élémentaires
de fabrication, d'assemblage, ou de tests.
Chaque module est géré par un automate programmable, qui synchronise toutes les opérations à
réaliser.
Le poste d'aiguillage d'entrée prélève une palette avec son disjoncteur si les opérations
précédentes ont été réalisées et si les postes du module sont
vides. Sinon, la palette reste sur la chaîne en passant par le poste Carré de
manœuvre
d'aiguillage de sortie et continue à circuler (transfert libre).
56 CHAPITRE 2
Le diagramme de définition de blocs du système « module de finition » avec ses deux postes est
proposé ci-dessous :
La structure du poste de tests est décrite ci-dessous et sur la page suivante. La partie commande
intègre le traitement des informations et la distribution de l’énergie vers les actionneurs.
2. Pour chacune des chaînes fonctionnelles du poste de tests, définir : l’actionneur, les
transmetteurs, les capteurs.
58 CHAPITRE 2
4. On définit les contraintes suivantes pour le bloc « système pignon crémaillère » :
Exercice 2.6
On s’intéresse au système automatisé FAAC décrit dans les méthodes du chapitre 1.
60 CHAPITRE 2
On donne pour le vérin hydraulique une description des contraintes entre certains paramètres :
Exercice 2.1. Les données entrantes émanent ici du choix de l’utilisateur (café
court ou long), ainsi que de la présence de pièces ou de jetons.
La matière d’œuvre est ici matérielle : eau et grains de café.
Exercice 2.2. La carte variateur est le préactionneur des moteurs. C’est donc elle
qui module et distribue l’énergie électrique.
Exercice 2.4. On retrouve l’ensemble « calculateur DAE » dans toutes les fonctions
de la chaîne d’information, ainsi que pour les fonctions moduler et distribuer.
62 CHAPITRE 2
Corrigé des exercices
Pièces ou jetons
Consignes utilisateur Informations visuelles
(court, long) Chaîne d’information
Méthode 2.1
Corrigé
Fauteuil en
position initiale
Ordres émanant de
la carte de Energie électrique Energie mécanique
Energie électrique commande distribuée de rotation
Energie Energie
électrique mécanique de Pertes
EDF STOCKER MODULER rotation Déplacer énergétiques
CONVERTIR TRANSMETTRE le fauteuil
ALIMENTER DISTRIBUER
Intensité moteur
Chaîne d’information
ACQUERIR TRAITER
MEMORISER COMMUNIQUER Roues en position
Consigne volant CODER
RESTITUER initiale
Image vitesse véhicule
Energie électrique
STOCKER MODULER Manœuvrer Pertes
Energie électrique ALIMENTER CONVERTIR TRANSMETTRE les roues énergétiques
DISTRIBUER
Energie électrique Energie mécanique
Chaîne d’énergie
64 CHAPITRE 2
Méthode 2.5
2.
MONTER / DESCENDRE TOURNER le carré de manœuvre ESCAMOTER la butée
Capteurs S 1, S 2 S 3, S 4, S 5 S6
Méthode 2.4
Corrigé
3.
Méthode 2.6
Méthode 2.7
Méthode 2.5
66 CHAPITRE 2
2. Diagramme de bloc interne de l’actionneur FAAC 402 :
Corrigé
Méthode 2.6
Méthode 2.7