Vous êtes sur la page 1sur 9

15 février 2017 | 

8 commentaires
COMPARTIMENTS LIQUIDIENS ET ECHANGES DU MILIEU
INTERIEUR
COMPARTIMENTS LIQUIDIENS
L’eau diffuse librement à travers toutes les membranes de l’organisme.

Après ingestion ou injection d’eau, l’eau est contenue dans le plasma à l’intérieur des vaisseaux
sanguins. Les échanges se font au niveau des capillaires, dont les membranes très fines (une
seule couche de cellule) laissent passer l’eau et les substances dissoutes. L’eau passe alors dans
les interstices entre les cellules = l’interstitum ou le secteur intertitiel.

Du secteur intertitiel, l’eau diffuse dans les cellules à travers la membrane cellulaire.

en bleuté : eau intra cellulaire, en rosé, eau plasmatique, en jaune, eau interstitielle

En rouge, la membrane capillaire, en bleu la membrane


cellulaire 

Les flèches figurent les mouvements d’eau : attention, pas de passage direct du plasma vers les
cellules

Donc, l’eau totale est contenue dans deux grands compartiments liquidiens séparés par la
membrane cellulaire (figure) :

-       le milieu intra cellulaire, à l’intérieur  des cellules

-       le milieu extra cellulaire, à l’extérieur des cellules.


Leur composition est très différente, du fait des propriétés de la membrane cellulaire, qui, à
l’aide de pompes gardent préférentiellement certains ions à l’extérieur (le sodium par exemple)
et d’autres à l’intérieur (le potassium, les phosphates…..).

Le compartiment extra cellulaire est divisé en deux compartiments : le plasma et l’eau


interstitielle séparés par la membrane capillaire.

On peut schématiser l’eau de l’organisme par trois grands compartiments séparés par deux
membranes :

Membrane Capillaire                 Membrane Cellulaire

LE COMPARTIMENT EXTRA CELLULAIRE


a)    généralités

Il s’agit du milieu intérieur de l’organisme, dans lequel baignent les cellules.

 Il contient surtout de l’eau et du sodium.


Le milieu extra cellulaire est lui même séparé en deux compartiments par la membrane
capillaire :
 le secteur vasculaire, dans les vaisseaux, qui inclut les hématies et le plasma. Il
représente 4% du poids corporel environ. le plasma contient de grosses molécules, les protéines,
qui ne traversent pas la membrane capillaire. Ces grosses molécules exercent une force
d’attraction sur les molécules d’eau (elles se comportent comme des éponges) = la pression
oncotique.
 le secteur interstitiel à l’extérieur des vaisseaux, dans lequel baignent les cellules et qui
représente environ 16% du poids corporel.
Entre ces deux secteurs, la membrane capillaire est perméable à l’eau et aux substances
dissoutes et imperméable aux grosses molécules (protéines).  La membrane capillaire est
perméable aux petites molécules, les compositions respectives de ces deux secteurs en petites
molécules est quasi identique avec une prédominance de sodium, de chlore et de bicarbonate.
La perméabilité de la membrane capillaire explique que toute modification d’un des
compartiments du secteur extra cellulaire soit  répercutée sur l’autre :

(par exemple une perte de sang du secteur vasculaire (hémorragie) va être compensé très
rapidement par un passage d’eau du secteur interstitiel vers le plasma : Au total, la perte
liquidienne va être répartie sur les deux secteurs  : le secteur plasmatique va être abaissé (=
hypovolémie et baisse de la TA) et le secteur interstitiel va être abaissé).
LE COMPARTIMENT INTRA CELLULAIRE
L’eau intra cellulaire représente 40% du poids total du corps.

D’une façon générale, les cellules sont riches en potassium, en phosphates, en magnésium et en
protéines. La composition du milieu intra cellulaire est très différente du milieu extra cellulaire.
Cette composition très différente est rendue possible par :

 La membrane cellulaire perméable à l’eau et aux substances dissoutes, mais pas aux
protéines qui ne peuvent pas quitter la cellule
 Des systèmes actifs de pompes inclus dans la membrane qui s’opposent aux effets de la
diffusion de l’eau et des substances dissoutes. La plus importante étant la pompe Na/K qui
expulse le sodium à l’extérieur de la cellule et fait entrer du potassium.
LES ECHANGES
Toutes les membranes de l’organisme sont perméables à l’eau, aux petites molécules et aux
substances dissoutes.

ECHANGES DE MOLECULES
Les petites molécules (ions, glucose, …..) et les substances dissoutes circulent librement entre les
différents compartiments, de façon passive, selon le gradient de concentration jusqu’à ce qu’il y
ait une concentration équivalente de part et d’autre de la membrane :

ECHANGES D’EAU
Généralités
Les échanges d’eau entre les compartiments hydriques sont régis par des différences de
pression.

1)   Les différences de pression hydrostatiques (filtration) :


La pression hydrostatique est la pression exercée par une colonne d’eau sur une surface donnée.

Elle dépend donc du poids de l’eau, donc de la gravité, et de la surface sur laquelle s’exerce cette
force, donc du volume du contenant (la pression hydrostatique exercée par l’eau intra cellulaire
ou par l’eau interstitielle est quasi nulle car cette pression s’exerce sur une surface infinie).
L’eau se déplace des zones de hautes pressions vers les zones de pressions plus basses

 Par exemple : le sang dans les veines et les capillaires a une pression hydrostatique
supérieure à la pression ambiante : quand on ouvre une veine le sang coule du vaisseau
(pression la plus élevée) vers l’extérieur
            2 ) Les différences de pression osmotique (diffusion)
La pression osmotique est une pression d’attraction, exercée sur les molécules d’eau par des
particules en solution. Autrement dit, à travers une membrane, l’eau est attirée vers le secteur
ou la concentration en molécules est la plus grande et tend à diluer cet excès de concentration
jusqu’à ce que les concentrations de part et d’autre de la membrane (= les pressions
osmotiques) s’équilibrent, c’est-à-dire que l’eau va du milieu le moins concentré vers le milieu le
plus concentré en particules.

La pression osmotique générée par un soluté est proportionnelle au nombre de particule de


soluté et non pas à la taille ou au poids du soluté. L’unité de mesure de la pression osmotique
est l’osmole. Une osmole est définie comme une mole (molécule gramme) de toute substance
indissociable

Exemple :

1 mmol de glucose = 1 mosmole

1 mmol de NaCl = 2 mosmoles (molécule dissociée en Na+ et Cl-)

La pression oncotique est le nom donné à la pression osmotique exercée par les grosses
molécules. Les grosses molécules (les protéines) se comportent comme des éponges qui attirent
l’eau et la retiennent. Dans le plasma, les protéines ne peuvent traverser la membrane capillaire
et attirent l’eau du secteur interstitiel.
Dans la pratique, la pression oncotique exercée par les protéines du plasma est contre
balancée par la pression hydrostatique exercée du plasma vers l’interstitium

 
La pression oncotique exercée par les protéines cellulaires est contre balancée par la
différence de pression osmotique maintenue par les pompe membranaires

   
Répartition de l’eau dans l’organisme :
En situation physiologique, la répartition de l’eau entre les différents secteurs vasculaire,
interstitiel et intra cellulaire est principalement régie par les différences de pressions osmotiques
générées, au dela des équilibres précédemment décrits.

Puisque toutes les membranes sont perméables à l’eau, la distribution de l’eau entre les
différents secteurs à l’état d’équilibre (c’est-à-dire après les mouvements transitoires liés à une
perturbation d’un des secteurs), et donc leurs volumes, est déterminée par la pression
osmotique que chacun des secteurs exerce sur les membranes qui le délimitent.

Chaque compartiment contient une molécule dont la concentration est le déterminant principal
de la pression osmotique efficace du secteur, c’est-à-dire générant une différence de pression
osmotique de part et d’autre de la membrane capable de générer des mouvements d’eau (les
autres osmoles du secteur soit ne jouent aucun rôle car leur concentration est la même de part
et d’autre de la membrane, soit jouent un rôle très minime car leur concentration est très
faible) : Il s’agit des protéines dans le plasma, du sodium dans l’interstitium et du potassium dans
les cellules  (figure).

Par exemple : le sodium est présent en quantité identique dans les secteurs vasculaires et
interstitiel. Il contribue donc à l’osmolarité de chacun de ces secteurs mais ne génère pas de
pression osmotique efficace (qui serait liée à une différence d’osmolarité entre ces deux
secteurs). La pression osmotique du plasma est liée aux protéines, qui ne traversent pas la
membrane.  Par contre, le sodium est maintenu dans le secteur interstitiel par les pompes des
membranes cellulaires, générant donc une différence de pression osmotique entre l’interstitium
et la cellule : le sodium exerce une pression osmotique sur la cellule à travers la membrane
cellulaire.  Il contribue à la pression osmotique exercée sur la membrane cellulaire

Echanges  à travers la membrane capillaire, entre le secteur vasculaire et le secteur interstitiel


L’équilibre de part et d’autre de la membrane capillaire est déterminé par:

 la pression oncotique des protéines du plasma qui retient l’eau dans le plasma
o La pression hydrostatique qui tend à faire sortir l’eau
Cet équilibre peut être rompu par :

 Une baisse de la pression oncotique :


par exemple, en cas de dénutrition avec baisse de concentration des protéines plasmatiques qui
ne sont plus fabriquées, l’eau sort du plasma pour aller dans le secteur interstitiel : il y a œdèmes

 Une augmentation de la pression hydrostatique : diffusion d’eau suivant la concentration


en sodium
en cas de garrot, le sang ne s’écoule vers l’aval alors qu’il continue d’arriver par l’amont : le
volume de sang augmente dans le capillaire qui ne peut pas se dilater. La pression hydrostatique
augmente et le plasma est filtré vers le secteur interstitiel où la pression hydrostatique est quasi
nulle car le secteur n’est pas clos : il y a formation d’œdèmes

en cas de saignement, la pression hydrostatique baisse dans le secteur vasculaire et le liquide


interstitiel afflue

 Une augmentation de l’osmolarité plasmatique


En cas de prise de sel (NaCl): la concentration en sodium dans le plasma augmente
(hypernatrémie) et  augmente la pression osmotique du plasma, ce qui provoque une arrivée
d’eau du secteur interstitiel et un équilibre entre les osmolarité plasmatique et interstitielle. 
L’augmentation du volume plasmatique provoque une réaction rénale et une augmentation de la
diurèse. L’augmentation de l’osmolarité (liée à l’augmentation de la quantité de sodium) dans le
secteur extra cellulaire entraine également une sortie d’eau des cellules vers l’interstitium et une
deshydratation intra cellulaire, donc la soif (voir plus bas).

En cas d’hyperglycémie importante, l’hyperosmolarité plasmatique qui en découle provoque une


entrée d’eau de l’intertitium vers le plasma, une hypervolémie et une polyurie. L’augmentation
de l’osmolarité dans le secteur extra cellulaire par perte d’eau  et par augmentation de la
quantité de glucose) dans le secteur extra cellulaire entraine également une sortie d’eau des
cellules vers l’interstitium et une deshydratation intra cellulaire, donc la soif (polydipsie).

Osmolarité plasmatique normale = 2 natrémie + urée + glycémie

Normale entre 280 et 290 mmosm/l

Habituellement, le glucose (environ 6 mmol/l et l’urée autour de 3 à 5 mmol/l ne comptent pas


par rapport aux 135 mmol/l de la natrémie, mais peuvent devenir significatifs en cas
d’hyperglycémie majeure (acido cétose diabétique) ou d’insuffisance rénale

Echanges entre le secteur interstitiel et le secteur intra cellulaire


En temps normal, il existe une différence de composition entre l’intérieur de la cellule et
l’extérieur qui est entretenue par l’action de pompes actives.  Ces pompes s’opposent à l’entrée
du sodium dans les cellules (le sodium entre puis est expulsé activement) : on peut considérer la
membrane cellulaire comme imperméable au sodium du secteur extra cellulaire.

Le contenu important des cellules en protéines exerce une pression oncotique, mais
parallèlement, la pompe à sodium expulse du sodium et crée une pression osmotique qui attire
l’eau hors de la cellule. Ce mécanisme est associé à une entrée de potassium, ce qui explique
qu’il y ait plus de potassium dans la cellule que dans le milieu extra cellulaire.

Par contre, la membrane cellulaire étant considérée comme imperméable au sodium et


perméable à l’eau, toute modification de la concentration en sodium dans le secteur interstitiel
entraine une modification de l’osmolarité de ce secteur et les mouvements d’eau qui vont avec :
autrement dit, les mouvements d’eau à travers la membrane cellulaire dépendent de la
concentration en sodium du secteur extra cellulaire donc de la natrémie.

 L’hypernatrémie provoque une sortie d’eau des cellules (car la pression osmotique
interstitielle augmente), une deshydratation intra cellulaire (et la sensation de soif).
 L’hyponatrémie provoque une entrée d’eau dans les cellules (car la pression osmotique
interstitielle diminue), une hyperhydratation intra cellulaire (et un œdème cérébral avec un
coma).
Le rôle du rein dans la régulation des volumes corporels
En situation d’augmentation du volume plasmatique (hypervolémie), le débit sanguin rénal
augmente et la diurèse comme la natriurèse augmentent pour éliminer la volémie en excès
(pertes d’eau et de sel).

En cas d’ingestion d’un plat très salé : le sel absorbé par le tube digestif passe dans le sang : la
natrémie augmente transitoirement et provoque un passage d’eau vers le plasma  et une
hypervolémie qui induit une augmentation de la diurèse et de la natriurèse  et l’élimination
d’eau et de sel.

Le sodium diffuse de part et d’autre de la membrane capillaire et se « distribue » dans tout le


secteur extra cellulaire. L’augmentation du sodium extra cellulaire (reflété par l’augmentation de
la natrémie) provoque une sortie d’eau des cellules vers l’interstitium : On a alors une
deshydratation intra cellulaire, qui provoque la soif et donc l’ingestion d’eau. Cette arrivée d’eau
dans le sang, diminue la natrémie et favorise le retour de l’eau dans les cellules et le retour à la
normale (la soif persiste tant que le volume intra cellulaire n’est pas redevenu normal).
———————————————-L’eau ingérée entretient l’augmentation du volume
plasmatique, l’ hyperdiurèse / hypernatriurèse et l’élimination de l’eau (que l’on vient de boire)
et du sel (que l’on a ingéré initialemen

Les variations des volumes extra cellulaires en situations normales et pathologiques


1)   Situations physiologiques :

1. En cas de variations des apports en sel et en eau, les volumes varient peu grâce à
l’ajustement rénal.
Les apports en eau sans sodium provoquent une baisse de la pression oncotique et une
augmentation de la pression hydrostatique, donc un passage d’eau du plasma vers l’interstitium
qui sert alors de réservoir. Cela s’accompagne également d’une baisse de l’osmolarité extra
cellulaire et d’une entrée d’eau dans les cellules jusqu’à équilibration des pressions osmotiques :
Il y a hyponatrémie, hyperhydratation extra cellulaire et hyper hydratation  intra cellulaire : la
charge en eau s’est répartie entre les différents secteurs au prorata des volumes respectifs.
L’augmentation de la volémie et la baisse de l’osmolarité plasmatique  (minimes et transitoires)
activent la régulation rénale et l’élimination de l’excès d’eau.

L’ingestion de sodium sans eau provoque une augmentation de la natrémie et de l’osmolarité


extra cellulaire avec un mouvement d’eau de la cellule vers le secteur extra cellulaire : Il y a
hypernatrémie, augmentation du volume extra cellulaire et diminution équivalente du volume
intra cellulaire. L’adaptation rénale est provoquée par l’hypernatrémie qui provoque une
élimination d’eau et de sel. La deshydratation intra cellulaire provoque la soif et l’ingestion d’eau
(sans sel).

La diminution des apports en eau et/ou en sel provoquent des mouvements liquidiens inverses.

En cas d’apports iso osmolaire en eau et en sel, il ne se produit aucun mouvement entre les
cellules et le secteur extra cellulaire car les osmolarités ne varient pas. Seul le secteur extra
cellulaire voir son volume augmenté, de façon transitoire jusqu’à élimination de l’excès d’eau et
de sel par les reins.

2)   Situation pathologiques :

Les oedèmes sont une manifestions cliniques évidente d’une augmentation du secteur
interstitiel. Cela se produit quand :

-       les reins dysfonctionnent et sont incapables d’éliminer une charge en eau et/ou en sel :
Dans cette situation, les apports d’eau et de sel diluent le plasma et induisent une baisse de la
pression oncotique et augmentant la pression hydrostatique d’où un passage d’eau vers le
secteur interstitiel.

-       la pression oncotique est très basse (dénutrition cirrhose…) provoquant une fuite d’eau
plasmatique vers le secteur interstitiel. De plus, la baisse de la pression hydrostatique entraine
une réponse du rein qui retient l’eau et le sel et aggrave la baisse de la pression oncotique et
diluant le plasma

Vous aimerez peut-être aussi