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Le Maroc ne figure plus sur la liste grise des paradis fiscaux.

Le conseil des affaires étrangères de l’UE


a adopté, le 22 février, ses conclusions sur les pays non coopératifs en matière de fiscalité. Il s’agit de
la position de l’UE confirmant l’avis positif du groupe de code de conduite du conseil de l’UE (CCG)
qui a enlevé le Maroc de la liste grise des paradis fiscaux. Rabat figure désormais sur la liste verte. Les
réformes entamées depuis la loi de finance 2018, notamment la suppression du régime des banques
offshore, le réajustement de la fiscalité de l’export et de la place financière de Casablanca ont été
jugés conformes aux conditions de l’UE et aux standards internationaux.

L’hémorragie se poursuit. Chaque année, l’évasion fiscale coûte au Maroc plus de 521,5
millions de dollars et fait perdre à l’économie l’équivalent de 3,1% du produit intérieur
brut (PIB). Pour le Wali de Bank Al Maghrib, ce phénomène prend des proportions
inquiétantes.

“La fraude fiscale bat son plein”. Cette déclaration de Abdellatif Jouahri, wali de Bank Al-
Maghrib, devant la Commission des finances de la première Chambre du Parlement, mardi 24
novembre 2020, est à ruminer longuement. Car c’est une des principales raisons qui
empêchent l’économie marocaine d’émerger. «C’est la réalité! Il y a au niveau de l’évasion
fiscale et de la fraude fiscale quelque chose d’invraisemblable», s’insurgeait-il.

Aujourd’hui, il y a une preuve que l’évasion fiscale continue de porter un coup de massue à
l’économie marocaine. Le rapport de l’Alliance mondiale pour la justice fiscale, intitulé
«Justice fiscale: état des lieux 2020», publié dans la dernière semaine du mois de novembre
2020, indique que l’évasion fiscale offshore fait perdre au Royaume près de 521,54 millions
de dollars américains par an. Le même rapport précise que la perte de revenus provenant de la
richesse offshore non imposée s’élève pour le Maroc à environ 70 millions de dollars. De pire
en pis, le rapport nous apprend que le Maroc perd également 451,61 millions de dollars par an
à cause de la fraude fiscale des entreprises. De ce fait, le Royaume occupe la huitième place
en termes de pertes d’impôt sur les sociétés en Afrique.

Un phénomène multi-facette
Avec une richesse offshore s’élevant à 3,7 milliards de dollars, le Maroc représente moins de
1% de la richesse offshore mondiale. Quand on transpose ce chiffre sur les indicateurs
macroéconomiques nationaux, l’on s’aperçoit que cela représente 3,1% du PIB (Produit
intérieur brut) du pays. Côté classement, le Maroc est au 72e rang comme le plus grand
facilitateur de l’évasion fiscale et du secret financier dans le monde. Au perchoir de ce
classement on trouve les Îles Caïman, les États-Unis, la Suisse et Hong Kong. Un détail non
moins important: la France, Maurice et le Luxembourg représentent les partenaires
commerciaux du Maroc et les plus grands responsables de cette vulnérabilité.

Qui dit évasion fiscale dit tout flux financier vers l’étranger qui cherche à fuir une imposition
(impôt sur le revenu, impôt sur les sociétés, impôt sur les plus-values et sur les biens...). Pour
mieux cerner le phénomène multi-facette, un récent rapport des Nations-Unies relatif au
continent africain a démontré que les flux financiers illicites sortant du Maroc ont atteint près
de 16,6 milliards de dollars, soit 155 milliards de dirhams marocains en seulement deux ans
(2013-2014.
Le gouvernement Benkirane avait lancé, fin 2013, une campagne pour inciter les Marocains
ayant des biens à l’étranger (argent et actions) de les rapatrier au Maroc, en profitant
d’exonérations sur les pénalités, sanctions, amendes ou taxes. Cette opération a été grosso
modo un échec. Une opération similaire a été menée fin 2019 par le gouvernement El
Othmani. Une fois encore, elle n’a pas atteint les objectifs escomptés, à savoir le rapatriement
des fonds déposés à l’étranger par des méthodes illicites.

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