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Chapitre 1

Des technologies de l’information aux systèmes d’information


L’intelligence économique (IE)1 est l’ensemble des actions coordonnées de recherche, de
traitement, de distribution et de protection de l’information obtenue légalement, utile aux
acteurs économiques en vue de la mise en œuvre de leurs stratégies individuelles et
collectives. Son rôle est donc de fournir aux décideurs des informations pertinentes
synthétisées et orientées. Ces informations constituent une source indispensable pour la
bonne décision permettant d'engager la pérennité de l'organisation. L'IE est à la fois un terrain
de réflexions, une pratique avec des retours d'expérience, qui nécessite une approche inter- et
pluri- disciplinaire pour être correctement appréhendée, avec un investissement de haut
niveau par les acteurs scientifiques, économiques et socio-politiques. L'ensemble doit être
structuré en processus communicants, avec les acteurs, les ressources et les outils, notamment
les Systèmes d'information (SI), pour permettre de convertir les données d'une organisation en
informations décisionnelles.
Depuis les années 1960, une révolution technique s’opère à un rythme accéléré : l’avènement
des technologies électroniques du traitement de l’information bouleverse les méthodes de
travail, les rôles individuels, la manière même de poser certains problèmes. L’analyse
préalable des technologies de l’information, de leurs caractéristiques, de leurs possibilités est
devenue désormais indispensable pour concevoir et gérer un système d’information.

I. TIC: des technologies variées


On peut définir la technologie comme l’application d’une technique à la conception et à la
réalisation d’un produit. Les TIC correspondent donc à des techniques permettant de fabriquer
(saisir, traiter, stocker, communiquer) de l’information.

I.1. Les caractéristiques techniques


I.1.1. Les bases technologiques
a)- Point de départ : l’ordinateur
La très grande majorité des réalisations actuelles repose sur le principe de codage électronique
de l’information. A partir de ce principe, les premières réalisations ont été constituées par les
ordinateurs, machines automatiques capables de traiter, stocker, transmettre de l’information
codée sous forme numérique.

b)- Evolution technologique


- Tendance à prendre en compte l’information sous ses différentes formes de base
Au départ, le terme informatique correspondait essentiellement au traitement de données
numériques ; la technologie était une technologie de calcul. Vers les années 1970, le
néologisme de bureautique révélait la prise en compte de données sous forme de textes et
1
Dans sa terminologie anglaise de Business Intelligence, l'IE a été perçue dans la communauté scientifique
comme étant l'activité de production des connaissances, servant les buts économiques et stratégiques d'une
organisation.

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l’utilisation des mêmes matériels pour le travail de bureau. Sont apparus, depuis, le traitement
des images et des sons. La technique de numérisation du signal permet de coder ces différents
types d’informations sous une forme unique (des signaux numériques binaires) favorisant
ainsi l’évolution vers des matériels multimédia (capables de traiter de manière combinée des
données numériques ou textuelles, des images fixes ou animées, des sons).

- Alliance des techniques informatiques et des techniques de télé-transmission


L’émergence de la télématique traduit ce rapprochement du téléphone et de l’ordinateur. Il est
devenu possible désormais d’utiliser des ordinateurs à distance, de faire communiquer des
ordinateurs entre eux, de faire travailler l’ensemble des matériels hétérogènes tels que la
télécopie et l’ordinateur, d’utiliser des ordinateurs pour gérer les télécommunications, etc.

- différentiation des matériels


A l’origine peu variée, la technologie de base a évolué vers la production de matériels
différenciés tant dans leur finalité d’usage (ordinateur à vocation de calcul, ordinateur à
vocation de gestion, ordinateur de conduite de processus, etc.) que dans leur niveau de
performances (micro-ordinateurs, grands ordinateurs, etc.). Il en découle aujourd’hui, une très
grande variété des matériels et par suite des logiciels.

1.2. Les propriétés spécifiques


a)- des caractéristiques particulières
L’apport immédiat des TI peut être résumé en quatre points :

- Compression du temps
Traiter l’information c’est la transformer par des opérations variées (comparaison, calcul,
édition, transmission, etc.) pour la rendre pertinente. Les TI automatisent ces opérations avec
des performances de vitesses sans commune mesure avec celle de l’être humain.
Les deux principales conséquences sont :
Possibilité d’éliminer très vite les taches manuelles spécialisées dans le calcul;
Possibilité de recourir à certains modèles de résolution de problèmes connus mais
inexécutables à la main.

- Compression de l’espace
Il est possible de transmettre instantanément de très grands volumes de données, entre deux
points quelconques du globe. Ce qui a des conséquences directes :
Sur les possibilités d’utilisation à distance des ordinateurs ;
Sur la richesse des signaux transmis. Cela permet de transmettre des données, des documents,
des images, etc., et donc d’accroître la variété des informations échangées.

- Expansion de l’information stockée


Les technologies magnétiques (disque à bandes) et optiques (disque optique, CD-rom, etc.)
autorisent dans des conditions d’encombrement très faibles le stockage de volumes
considérables de données (le plus petit micro-ordinateur dispose d’un disque dur d’une

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capacité de 100 millions de caractères ; un petit disque optique (CD-rom) peut stocker 500
millions de caractères soit l’équivalent de 270 000 pages imprimées.

- Flexibilité d’usage
Un ordinateur est construit pour exécuter un certain nombre d’opérations élémentaires sur des
symboles représentant l’information. Il conserve cependant un très large éventail
d’utilisations.

b)- une évolution des conditions d’accès


Deux éléments sont ici à considérer : la facilité d’utilisation ; le coût d’accès à la technologie.

II. Les usages diversifiés : système d’information


II.1. La notion de systèmes d’information
Un système d’information est un ensemble organisé de ressources : matériel, logiciel,
personnel, données, procédures permettant d’acquérir, de traiter, stocker, communiquer des
informations (sous forme de données, textes, images, sons, etc.) dans les organisations.

Un système est un ensemble organisé :


Il n’est pas une simple juxtaposition d’éléments ; les différents éléments sont articulés,
combinés pour répondre à des exigences précises d’acquisition, de traitement, de stockage ou
de communication d’informations. Cette organisation est imposée par des objectifs.

Exemple : On parlera d’un système d’information pour la gestion des livraisons aux
entrepôts ; ce système, qui utilise des ordinateurs, des lignes de transmission, des personnes,
etc., devra enregistrer les commandes, établir les ordres de préparations, conserver en
permanence les informations relatives au stock de chaque produit, communiquer aux
acheteurs la liste des produits à réapprovisionner, etc. Pour réaliser ces fonctions précises de
traitement de l’information, des logiciels ont été écrits, des matériels ont été choisis, des
personnes ont été formées, des procédures ont été élaborées. On remarquera, d’ailleurs, que
les procédures et les logiciels sont des modes opératoires qui définissent la façon dont chaque
élément joue son rôle et qu’ils constituent l’élément central de l’organisation du système.

Un système comporte différentes ressources


Personnes : il n’y a pas de système sans personnes ; ce sont soit des utilisateurs, c'est-à-dire
des employés, des cadres, qui, pour l’exécution de leurs tâches, consomment l’information
produite par le système ou contribuent à l’acquisition, au stockage, au traitement ou a la
communication d’informations, soit des spécialistes des systèmes d’information dont la
fonction exclusive consiste à concevoir, implanter, faire fonctionner un système
d’information.

Matériel : Cela inclut toutes les dispositions physiques utilisées : unités centrale et
périphériques, stations de travail, réseaux de communication, etc., et les différents supports de
l’information (feuille de papiers, disques magnétiques, etc.).

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Logiciels et procédures : dans l’hypothèse où le système d’information comporte des
ordinateurs, le logiciel correspond à l’ensemble des programmes d’application et de service
nécessaires à leur fonctionnement. Ces phases automatiques de traitement sont généralement
articulées avec des phases manuelles au sein d’une procédure décrivant le fonctionnement
d’ensemble (qui fait quoi ? comment ? où ? quand ?). En l’absence de matériel informatique,
les procédures sont manuelles et il n’y a pas lieu de préparer des logiciels.

Exemple : dans l’exemple de la gestion des livraisons cité ci-dessus, la procédure précise
d’abord comment enregistrer les commandes sur la station de travail ; il y a combinaison de
tâches manuelles d’un operateur et de tâches automatiques, puis elle indique ensuite comment
obtenir les bordereaux de préparation indispensables au magasinier pour rassembler les
produits commandés. C’est dans la procédure qu’est réalisée la coordination des différents
éléments du système.

Données : sous des formes variées (caractères alphabétiques, textes, images, sons, etc.).

II.2. Les différents types de système d’information


Selon leurs finalités, on distingue :
- les supports d’opérations qui ont pour finalité d’assister le traitement des opérations
quotidiennes correspondant aux activités de l’entreprise ;
- et les systèmes supports de gestion qui ont pour objectif d’aider les cadres et dirigeants de
différents niveaux à prendre des décisions opportunes.

1. les systèmes supports d’opérations


Ces systèmes sont de différents types :

a)- Systèmes de traitement des transactions


Une organisation, une entreprise en particulier, effectue de nombreuses transactions, telles
que les ventes ou les achats, les règlements, etc. La préparation et la conduite de ces
transactions requièrent de nombreuses opérations de traitement de l’information, souvent
imbriquées avec des opérations matérielles. En outre, ces transactions produisent de
l’information : leurs différents résultats doivent être enregistrés dans des bases de données qui
servent à la conduite des opérations et au management de l’organisation (Figure1).

Le système schématisé figure 1 traite les ventes d’un magasin de détail. Un terminal point de
vente, grâce à un lecteur de codes barres identifie les produits vendus ; le logiciel permet la
consultation de la base « produits » qui décrit le produit, en fournit le prix, etc. ; il est ainsi
possible d’éditer une facture (document obligatoire pour matérialiser la transaction).
Simultanément la base « clients », la base « produits » et la base « ventes » sont mises à
jour : en effet, l’évènement élémentaire concerne un client (on note qu’il a acheté…),
concerne un produit (son stock a diminué, il faut mettre la base à jour) et une vente (on
conserve une trace de toutes les ventes effectuées). Toutes ces données sont mémorisées ; les
différentes bases peuvent être interrogées à partir d’une station de travail (exemple de

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questions : quel est le stock actuel du produit 65126 ? quel chiffre d’affaires a-t-on réalisé
avec le client Dubois ?).

Exemple de système de traitement des transactions

Produits Clients Ventes

- Traitement et enregistrement des


ventes
- Mise à jour des bases de données
- Réponses aux requêtes

Terminal point de
vente
Requêtes
(Ordinateur)
Station de travail
+
(Ordinateur)
Opérateur

b)- support et contrôle des processus industriels


Dans la plupart des activités industrielles, le fonctionnement des matériels de production est
contrôlé par des ordinateurs qui appliquent des modèles de contrôle. Ce fonctionnement
produit ainsi des informations (quantités produites, incidents de fonctionnement, etc.) qui
peuvent être mémorisées et exploitées par d’autres systèmes d’information. De même, à coté
de ces systèmes de production assistée par ordinateur (PAO), on trouve des systèmes de
conception assistée par ordinateur (CAO) ou dessin assisté par ordinateur (DAO) au service
des bureaux d’études.

c)- Support des opérations de bureau et communication


Sous le terme de bureautique ont été développés des systèmes d’information ayant pour but
d’automatiser, au moins partiellement, des activités de bureau et, de manière plus générale, les
activités de communication de l’organisation (production de documents ou de messages non
formels).
- Les systèmes de traitement de texte et de publication assistée par ordinateur (PAO), la
gestion d’agenda, individuel ou collectif.
- Les systèmes de messagerie électronique internes et externes (échanges de messages par
réseau d’ordinateurs).
- les systèmes de téléconférence (audio-conférence, video-conférence).

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- les systèmes d’échange de données informatisé (EDI) permettant un échange direct,
d’ordinateur à ordinateur, de document support de transaction (commande, avis d’expédition,
facture, etc.).

2. systèmes supports de gestion


L’objectif principal est ici de fournir des informations aux décideurs et de les assister dans
leur processus de décision. Très schématiquement, on peut distinguer :

a)- Système de production de rapports


Dans la plupart des organisations, on formalise la communication d’informations essentielles
à l’aide de rapports périodiques : tableaux des ventes de la semaine par rayon, par catégories
de clients, liste des incidents de fabrication, ventilation des coûts par produits ou postes,
tableaux retraçant l’exécution du budget mensuel avec écarts, etc. Le système comptable
traditionnel est souvent le pivot de ces ensembles de rapports.
Ces rapports peuvent être produits :
- Systématiquement à périodicité prédéfinie,
- à la demande d’un utilisateur,
- si les circonstances le justifient
Ces rapports exploitent les résultats fournis par les différents systèmes de traitement des
transactions et peuvent les présenter sous des formes variées adaptées à la fonction et au
niveau hiérarchique des utilisateurs.

b)- Système d’aide à la décision : ce sont des systèmes qui ont pour objectif d’assister les
décideurs dans leur processus de prise de décision : recherche d’informations dans la phase
d’intelligence, aide à la modélisation, aide au choix par calcul ou simulation, etc. (Mais au
delà de cette segmentation classique, on peut observer une grande variété de système d’aide à
la décision.)

Section 2. La gestion des systèmes d’information

I. des systèmes d’information : pour quoi faire ?


1. raisonner dans le cadre de l’alignement stratégique
1.1. L’évolution du rôle des systèmes d’information
Cette évolution peut être repérée à la fois par l’étendu des bénéfices attendus et par le degré
des transformations apportées. Il est nécessaire de distinguer cinq niveaux de définition :

- l’exploitation locale : c’est le niveau le plus bas auquel peut être défini un système
d’information. A l’intérieur d’un processus de gestion (par exemple la conception du produit),
la technologie est introduite pour automatiser ou assister certaines tâches (par exemple le
dessin assisté par ordinateur).

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- Intégration interne : après une série de développements locaux où chaque domaine exploite
la technologie de manière séparée, on recherche généralement une intégration pour bénéficier
pleinement des possibilités offertes par la technologie (stockage et communication). Les
informations produites par chaque exploitation locale peuvent être mises à la disposition des
auteurs pour éliminer les redondances et améliorer la coordination.

- Nouvelle conception des processus de gestion : ce niveau (ainsi que les deux suivants)
implique des changements radicaux. Le recours au TIC est un moyen de reconsidérer
totalement les processus de gestion.

Exemple : Un grossiste qui utilisait auparavant le système classique traitement de


commandes-expédition-facturation-encaissement a décidé de transformer son entrepôt en
libre-service utilisant des terminaux points de vente et un étiquetage à code barres : il n’y a
plus de tenue de compte clients ; facturation-livraison et encaissement sont simultanés ; il en
résulte une réduction massive des coûts administratifs.

- redéfinition des réseaux d’affaires : Ce niveau dépasse les frontières de l’organisation ; il


correspond à l’usage des TIC pour aménager un nouveau réseau de relations d’affaires avec
les fournisseurs, sous-traitant, les clients, etc.

Exemple : Une entreprises décide de sous-traiter certains éléments de ses produits ; elle
organise un réseau d’échange de documents informatisé (EDI) avec ses partenaires qui
s’intègrent en juste à temps dans le processus de production. Les ordinateurs des différents
partenaires échangent directement des données relatives aux flux (commandes, expéditions)
et aux stocks (état des stocks chez les partenaires, etc.).

- Redéfinition du champ d’activités : le champ d’activités de l’entreprise est défini par ses
positions en termes de produits, marchés, technologies. Ce champ d’activités est la base des
choix stratégiques. Il est possible, sous certaines conditions, que les technologies de
l’information permettent un élargissement ou un déplacement de ce champ.

Exemple : American Airlines, qui avait développé, pour son propre usage, un système
perfectionné de réservation de places, vend les services de ce système à d’autres compagnies
aériennes. A l’heure actuelle, les profits tirés de cette activité sont plus élevés que ceux tirés
de l’activité première : le transport de passagers.

II. Des systèmes d’information : comment les gérer ?


II.1. Problématique de l’organisation d’un système d’information
II.1.1. Conception des systèmes d’information
Nous examinerons les problèmes posés en considérant successivement les objectifs de la
conception puis la démarche de conception
a)- Les objectifs de la conception :
Le travail du concepteur est analogue à celui d’un architecte. Il s’agit, à partir d’une définition
préliminaire en termes généraux de proposer une solution réalisable, montrant comment les

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différents composants sont assemblés, quels seront leur rôle et leur fonctionnement. La
définition de cette solution implique l’intégration de trois plans de définition :

- le plan informationnel est celui de la représentation. Quels sont les éléments à représenter ?
Comment les représenter au mieux en choisissant un langage de communication, avec une
sémantique, une syntaxe ?

- Le plan organisationnel définit les conditions de fonctionnement du futur système dans


l’organisation. Il précise les rôles et les activités concernées par la collecte, la communication,
le traitement, l’utilisation des informations, donc les rapports entre les structures
d’information et la structure de l’organisation, le partage entre le formel et l’informel.

- Le plan technologique correspond aux choix des technologies particulières et à la définition


de leur usage. Pour toute la partie automatisée des procédures, il faut définir quelle
technologie sera utilisée et comment elle sera utilisée. La connaissance des possibilités de la
technologie permet de décider des opérations à automatiser et des conditions de leur
automatisation.

b)- La démarche de conception


Pour des systèmes de dimensions très limitées, la conception peut rester pour une très large
part intuitive, par essais-erreurs, tâtonnements et améliorations. Au delà d’une certaine
dimension (très faible en pratique), cette approche empirique n’est plus possible et il est
indispensable de recourir à des démarches méthodiques. Ces démarches combinent :

- des modèles de représentation de données et de traitement afin de faciliter la communication


dans le temps (à différents instants) et dans l’espace (à différents participants) ;

- des modèles de conduite décrivant le contenu des différentes étapes et les conditions de
passage d’une étape à l’autre ;

- éventuellement des outils d’aide à la conception : il n’est pas interdit en effet d’utiliser les
technologies de l’information pour assister les concepteurs dans certaines de leurs tâches.

II.1.2. L’implantation du système d’information


Cette phase correspond au passage du système d’information de l’état de projet à l’état de
réalisation. Très concrètement, dans la mesure où il y a modification du contenu des tâches,
de la structure d’information, l’implantation du système d’information nouveau correspond à
l’introduction du changement dans une organisation et soulève les mêmes types de problèmes.

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