ACTIVITÉS

GENDARMERIE

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Magazine quadrimestriel d’information de la Gendarmerie nationale N° 28 - Janvier 2021
 ACTIVITÉS
GENDARMERIE

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Magazine quadrimestriel d’information de la Gendarmerie nationale N° 28 - Janvier 2021

DIRECTEUR DE PUBLICATION
Colonel Papa DIOUF
RÉDACTEUR EN CHEF
Chef d’escadron Ababacar FAYE
COMITÉ DE RÉDACTION
Colonel Cheikh SARR
Colonel Ibou WATHIE
Lt- colonel Davy K MANE
Lt- colonel Omar NDOUR
Chef d’escadron Ababacar FAYE
Chef d'escadron Michel Ngor DIOUF
Capitaine Ablaye BA
Capitaine Ousmane FAYE
Capitaine Elhadji DIOUCK
Lieutenant (F) Aissatou DIEDHIOU
Mdc El hadji NDONG
Gendarme Kalidou BARRY
Gendarme (F) Mbenda THIAM
Gendarme (F) Maty DOUKAR
Gendarme Mamadou SAMBOU
PHOTOGRAPHIE
Gendarme Boubacar FABOURE
Gendarme Daniel Cyriaque SAMBOU
Gendarme Félix KABATOU
Gendarme Mamadou NDIOR
Gendarme Fallou FAYE
INFOGRAPHIE
Gendarme Pierre DIAGNE
Gendarme Daouda BA
GA / Brig Mamadou DIATTA
SOMMAIRE
ACTIVITÉS
GENDARMERIE
▶ Mot du Haut Commandant................................................................................... 5
▶ Éditorial.............................................................................................................. 7
ACTIVITÉS GENDARMERIE
▶ Octobre rose: la gendarmerie participe à la lutte contre le cancer........................... 10
▶ La gendarmerie nationale renove l’école élémentaire de la Caserne Samba Diéry DIALLO et
offre un lot de matériel didactique.................................................................................... 11
▶ Formation des formateurs en police de proximité..................................................... 12
▶ Remise de drapeau à la FPU 8 MINUSMA...................................................................... 13
▶ Manoeuvre Falémé: six cents gendarmes, cent douze véhicules, douze motos et deux
Aéro-G mobilisés............................................................. 14-15
DOSSIER
▶ Les problématiques de la sécurité nationale............................................................. 18-19
▶ Surveillance du territoire: méthodes et résultats....................................................... 20-23
▶ La gendarmerie face au défi de la mise en oeuvre de la police de proximité.................... 24-25
▶ Impact des groupements de gendarmerie mobile sur la surveillance du territoire...... 26-27
▶ L’appui du CNIC aux unités territoriales dans le cadre des missions de police judiciaire 28-29
▶ Urbanisme et sécurité publique, un lien permanent................................................ 30-32
▶ La problématique de la lutte contre le terrorisme.................................................... 33-38
▶ La lutte contre le terrorisme: pour une adaptation de l’appareil de défense et de
sécurité à la menace................................................................................................ 39-41
CONTRIBUTIONS
▶ Réforme du code pénal: le cas du viol........................................................................ 42-43
▶ Société et sécurité humaine : pour des comportements et modes de vie en phase
avec la sécurité.................................................................................................. 44
▶ Quel modèle de sécurité pour le Sénégal en Afrique de l’Ouest? Du cercle de feu
au cercle de coprospérité malgré la menace terroriste............................................... 45-47
▶ La gendarmerie nationale et la sécurité..................................................................... 48-50
PORTRAIT
▶ Feu Colonel Silymane SARR: Ancien Haut commandant en second de la gendarmerie 52-53
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GENDARMERIE

LA RSE CHEZ
EIFFAGE SENEGAL
30 ANS AU
SERVICE DE LA
CITOYENNETE

4 Eiffage Sénégal - Avenue Felix Eboué x Route des Brasseries, BP 737 Dakar
Tel : d’information
Magazine quadrimestriel (+221) 33 839
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2021
 ACTIVITÉS
MOT DU HAUTGENDARMERIE
COMMANDANT

C’est donc bien de Sécurité nationale qu’il

s’agit ici, une intégration de tous les moyens
de défense et de sécurité pour répondre à la
multiplicité et à l’hybridation des défis.

Une politique de sécurité nationale prend

Général de Corps d’armée Jean Baptiste TINE
Haut Commandant de la Gendarmerie nationale
et Directeur de la Justice militaire
essentiellement en compte le terrorisme y
compris les mouvements sécessionnistes, les
catastrophes, la protection des infrastructures
essentielles y compris informatiques, le crime
organisé mais aussi les pandémies.

L
’année 2020 a été marquée
principalement par la survenue de la Cette édition de La Grenade ouvre la réflexion
pandémie de la Covid-19. La vitesse de sur quelques enjeux de la sécurité nationale.
propagation de la maladie partie de Wuhan Relativement nouveau dans le vocabulaire
en Chine a été fulgurante, mettant à mal stratégique francophone, le terme suscite
les dispositifs sanitaires de tous les Etats, les de plus en plus d’intérêts à la mesure des
plus nantis en particulier. enjeux gigantesques en cause, surtout
Paradoxalement, les pays africains, objets dans le domaine de l’intégration et de la
des pronostics les plus pessimistes, ont fait coordination des politiques publiques, des
preuve d’une admirable résilience au cours institutions et des services.
de la première vague.
Par le volume, l’étendue du déploiement, la Revenant sur les préoccupations internes, j’ai,
durée et l’esprit, l’engagement opérationnel durant le dernier trimestre de 2020, effectué
de nos forces restera gravé pour longtemps des visites dans les légions de gendarmerie
dans les esprits. Est, Nord et Sud qui m’ont permis de noter le
dévouement remarquable de nos personnels
En effet, les Forces de Défense et de Sécurité dans l’exécution globalement satisfaisant de
étaient traditionnellement mises en œuvre, nos missions. Je les félicite et les encourage
dans le cadre de l’état d’urgence pour des à persévérer dans l’effort.
raisons de rétablissement de l’ordre, ou dans
le cadre du plan d’organisation des secours, En ce début d’année, j’exprime mes vœux à
pour faire face à une catastrophe naturelle, tout le personnel de la Gendarmerie engagé
des intempéries ou un accident industriel. dans le pays et à l’étranger. J’associe à ces
Cette fois-ci, c’était pour une raison sanitaire. vœux, les partenaires de la Gendarmerie, les
La vie de la nation était bien en péril, pour anciens, les retraités et les familles.
justifier la mobilisation de « l’ensemble des
moyens, doctrines, activités et ressources,
de nature civile (politique, diplomatique, A toutes et tous,
économique, juridique) et militaire pour bonne et heureuse année 2021 !
protéger nos intérêts nationaux essentiels ».

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ACTIVITÉS
GENDARMERIE
Colonel Papa DIOUF
Chef Chaîne Emploi-Opérations
C
e numéro 28 de La
Grenade se penche sur une
thématique cruciale : les
enjeux de la sécurité nationale.
La stratégie de sécurité
nationale a pour objet
d’identifier l’ensemble des
menaces et des risques
susceptibles d’affecter la vie
de la Nation, notamment en
ce qui concerne la protection
de la population, l’intégrité du
territoire et la permanence des
institutions de la République,
et de déterminer les réponses
que les pouvoirs publics
doivent y apporter.
Les stratégies, les cadres légaux et
les postures opérationnelles des
différents acteurs de la sécurité
peuvent en eux-mêmes être
considérés comme des piliers de
la sécurité nationale. Cependant,
les enjeux se mesurent à la
complexité pour l’Etat de mettre
en œuvre des codes de portée
collective, qui s’accommodent
parfaitement des aspirations
individuelles des populations, dont
les droits et libertés sont sacrés et
constituent la principale raison
d’être de la sécurité nationale,
tout en garantissant cependant
la nécessité de préserver l’ordre
public et la sécurité collective
sans lesquels aucune œuvre
développement n’est possible.
Le citoyen et la communauté
sont donc une préoccupation
essentielle pour la réussite et la
finalité des mécanismes et des
stratégies de sécurité.
On se rappelle cependant que
dans les moments forts de la
guerre contre le terrorisme en
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Magazine quadrimestriel d’information de la Gendarmerie nationale N° 28 - Janvier 2021
2001, les États-Unis avaient
adopté le USA Patriot Act (Uniting
and Strenghening America
Act by Providing Appropraite
Tools Required to Intercept and
Obstrcut Terrorism) qui était une
loi antiterroriste visant à aider
les agences gouvernementales
à détecter et à empêcher les
actes possibles de terrorisme,
ou le financement des groupes
terroristes. Si elle s’est révélée
efficace dans le cadre des enquêtes
judiciaires et dans la surveillance
des personnes suspectes, cette
loi a tout de même suscité
des inquiétudes plus ou moins
légitimes chez les groupes de
défense des libertés civiles,
relativement à la préservation
du droit à la confidentialité des
données.
Cependant, en matière de politique
publique et de gouvernance,
sécuritaire, il est indispensable
d’avoir une vision, une stratégie
et des plans d’actions dédiés,
dont l’objectif est de réduire les
vulnérabilités liées aux limites
des moyens et à la fugacité des
menaces actuelles et imminentes.
L’Etat du Sénégal a décidé de se
doter d’un outil de planification,
de gouvernance et de suivi de
son action en matière de défense
et de sécurité depuis 2013, avec
les instructions contenues dans la
directive n°00108/PR/EMP/CEDG
du 06 mars 2013. Le Président de la
République appelait à la réflexion
sur la manière dont notre pays
comptait anticiper et répondre aux
menaces sécuritaires diverses. Ce
qui a donné naissance aux travaux
d’élaboration d’un Concept de
Défense et de Sécurité nationale.
Les travaux d’élaboration d’une loi
d’orientation et de programmation
pour la sécurité intérieure avaient
également été initiés auparavant,
avant que l’élaboration d’une
stratégie de sécurité ne soit en
gestation au sein du CHEDS.
Entre temps la COVID est passée
par là et a déstabilisé beaucoup
de perspectives, même si « nous
devons apprendre à vivre avec le
virus », pour reprendre les termes
du Président de la République.
ÉDITORIAL
Sécurité, Défense nationale et
Sécurité intérieure, sont autant
de notions qui sonnent simples
mais qui comportent beaucoup
de complexité. Toutes concourent
aux mêmes buts ; la quiétude
des populations, la stabilité des
institutions, en somme une sécurité
globale et collective. Elles doivent
également se caractériser par des
éléments d’accompagnement
consubstanciels comme la
cohésion nationale, la citoyenneté,
le dialogue et une veille collective
permanente, dans une dynamique
de coproduction de la sécurité et
un esprit de défense partagé.
Il faut reconnaitre que même si
la Défense nationale était déjà
consacrée par la Loi 70-23 du
06 juin 1970 au lendemain des
indépendances, il n’en demeure
pas moins nécessaire de revisiter
le cadre politique et historique de
la défense nationale, pour mieux
percevoir comment ont évolué au
fil du temps les enjeux de la défense
en général, mais surtout ceux de
la défense civile en particulier. Il
s’agit aujourd’hui de s’adapter
aux défis émergents en matière
de sécurité, de santé publique, de
protection de l’Environnement, de
développement économique etc.,
dans un contexte où le référentiel
unique des politiques publiques
de développement est le PSE.
A termes, le Sénégal, dans ses
environnements sécuritaires
national, régional et international
devra adopter un ensemble de
postures codifiées et coïncidant
chacune à des niveaux
d’engagement et des capacités
à détenir, dans le domaine de la
sécurité nationale.
En interne, il sera question à
l’image du code de sécurité
intérieure français publié en 2012,
de penser à regrouper l’ensemble
des dispositions législatives et
réglementaires ayant trait à la
sécurité intérieure. En effet, dans
ce code cité supra, la mission
de l’État dans le domaine de la
sécurité intérieure est présentée
en introduction du texte comme
suit : « L’État a le devoir d’assurer la
sécurité, en veillant, sur l’ensemble
 ÉDITORIAL
du territoire de la République, à
la défense des institutions et des
intérêts nationaux, au respect des
lois, au maintien de la paix et de
l’ordre public, à la protection des
personnes et des biens. »
La circulation des armes, l’exercice
de la sécurité privée, l’action des
forces de l’ordre en tenue civile, le
port d’arme, la sécurité routière,
l’occupation du sol, les activités
à fort impact environnemental,
le contrôle des voies de
communication, la cybersécurité,
l’usage des drones et la sécurité
du territoire numérique etc. sont
autant de domaines de la sécurité
nationale qui appellent à identifier
précisément les rôles des différents
acteurs et les buts poursuivis d’une
part ; et à définir d’autre part, les
complémentarités et les synergies
dans les fonctions stratégiques
d’anticipation, de veille, de
prévention et d’intervention.
La Gendarmerie se doit d’être
au cœur des leviers d’action
dans la gouvernance sécuritaire.
Elle constitue en effet un atout
fondamental pour la nation dans
le continuum défense sécurité, au
travers des missions permanentes
qu’elle effectue dans la
surveillance générale du territoire,
la recherche du renseignement
et la sécurité publique, dans les
zones les plus reculées. Elle est
présente en effet dans les zones
périurbaines, rurales et sur les
grandes voies de communication,
au niveau desquelles elle contribue
au contrôle des flux de personnes
et de biens.
C’est donc un défi majeur pour
l’institution et son personnel de
remplir ce contrat opérationnel
qui consiste à répondre de
manière satisfaisante aux attentes
des populations et des pouvoirs
publics. C’est pourquoi, le Haut
commandant de la Gendarmerie
a placé son action sous le sceau
de l’intensification de l’activité
opérationnelle qui est seule à
même de produire des résultats
qui renforcent notre crédibilité
et la confiance dans notre notre
institution.
Pour ce faire, le commandement
s’est engagé dans une stratégie
de montée en puissance physico-
capacitaire, en modernisant les
capacités d’intervention et en
adaptant notre organisation aux
buts poursuivis. C’est ce qui fait
dire au Ministre des Forces Armées
venu présider l’inauguration du
Quartier de l’ESI de Diamniadio
en novembre 2020, que «la
Gendarmerie nationale s’est
résolument engagée dans la
mise en œuvre des orientations
majeures du Président de la
République, notamment dans la
réalisation des objectifs de l’axe 3
du Plan Sénégal Emergent (PSE).
A cet égard, le renforcement
de la sécurité, de la stabilité,
de la protection des droits et
libertés participent à la création
de meilleures conditions d’une
paix sociale, et favorisent le plein
épanouissement des potentialités
économiques ».
La Gendarmerie a également
démontré au cours de cette année
particulièrement éprouvante à
tous points de vue, son potentiel
d’adaptation, de planification et
de mobilisation de ses forces, en
contribuant à la mise en œuvre
des stratégies gouvernementales
de lutte contre la pandémie COVID
19 développées par le président
de la République. Elle a permis de
garantir l’effectivité des mesures
d’interdiction et des prescriptions
édictées à l’échelle nationale,
dans le but de lutter contre la
propagation de la maladie. Elle
a été particulièrement active et
efficace dans la gestion de cette
crise durable et a fait preuve de
disponibilité, dans la prévention
des risques, l’information et
l’alerte des populations, ainsi
que la protection des personnes,
des biens et de l’environnement
contre les accidents, les sinistres et
les catastrophes etc. Au cours de
cette année pas comme les autres,
la Gendarmerie a également
participé remarquablement à
la conception et à l’exécution
de la grande opération de
distribution de l’aide alimentaire
d’urgence aux populations et
groupes vulnérables, à la grande
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ACTIVITÉS
satisfaction des autorités et des
GENDARMERIE
populations.
Réfléchir sur les enjeux de la
sécurité nationale au Sénégal est
un exercice qui vient à son heure,
au moment où se dégagent
des perspectives d’émergence
et de découverte de ressources
stratégiques prometteuses...
Il s’agit d’anticiper sur les
différents spectres d’évolution
des menaces qui ne manqueront
pas de se dévoiler à la faveur de
ces changements de paradigmes
importants pour notre pays. En
faisant une introspection sans
complaisance de nos forces et des
faiblesses de notre système, il nous
sera possible de les faire évoluer,
en définissant les postures idoines
face à des situations propices
à l’insécurité, afin d’y parer au
mieux, le moment venu.
De ce point de vue, l’analyse
sur la spécificité du service de la
gendarmerie doit nécessairement
obéir à un processus itératif, à
même d’adapter ses méthodes
et techniques aux exigences
que nous impose l’évolution du
monde en général, et de la société
sénégalaise en particulier.
En effet, la Gendarmerie doit
constamment se réinventer
tout en préservant ses valeurs
fondamentales. Ses hommes et
ses femmes doivent faire preuve
d’engagement, de solidarité et de
professionnalisme, pour contribuer
à l’amélioration de l’offre de
sécurité à l’échelle nationale,
et pour assurer la crédibilité de
l’institution et partant la survie de
notre modèle qui est performant
à bien des égards ! Cette oeuvre
commune fait appel avant tout à
notre esprit de responsabilité. Pour
emprunter la formule à Antoine
de Saint-Exupery, Pilote de guerre,
« Chacun est responsable de tous.
Chacun est seul responsable.
Chacun est seul responsable de
tous. »
Bonne lecture !!!
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 ACTIVITÉS
GENDARMERIE A U DIENC ES DU H A U T C O M M A NDA NT

Audience avec les commandants des FPUs MONUSCO et MINUSCA Audience avec M. François COLLIN Secrétaire Général adjoint
du Gouvernement

Audience avec les inspecteurs FPAT de la MINUSMA

Audience avec les membres de l’ANGRS

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 ACTIVITÉS
AUDIENC ES D U H AU T C OM M A NDA NT GENDARMERIE

Audience avec le Général de brigade Michel DELPIT, Commandant les Éléments Français au Sénégal (EFS)

Visite de travail du Ministre gambien de la Défense

Audience avec la délégation de la Saint-cyrienne

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 ACTIVITÉS
GENDARMERIE
L
a Gendarmerie a organisé,
dans la période du 14 au 23
octobre 2020, sa première
édition de journées dédiées à la
lutte contre les cancers : « les 10
jours roses de la Gendarmerie
nationale ». Cette activité
hautement sociale pilotée par la
Division Genre en collaboration
avec le Service de santé de la
Gendarmerie nationale, entre
dans le cadre de la campagne
d’Octobre rose.
Des journées de dépistage
gratuit des cancers du col de
l’utérus et du sein avec une
possibilité de mammographie
se sont tenues à l’infirmerie
de la caserne Samba Dièry
Diallo au profit du personnel
et de leur famille, des civiles
mais également des membres
d’autres corps notamment les
Douanes et l’Administration
Pénitentiaire. Les opérations
se sont déroulées avec
l’intervention de l’éminent
cancérologue, le docteur
Abdoul Aziz KASSE venu
s’entretenir avec le personnel
médical avant le lancement
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Magazine quadrimestriel d’information de la Gendarmerie nationale N° 28 - Janvier 2021
OCTOBRE ROSE : LA GENDARMERIE PARTICIPE A LA LUTTE CONTRE LE CANCER
des activités mais aussi avec Jean Baptiste TINE, Haut
la participation des membres Commandant de la
de l’Association nationale Gendarmerie nationale et
des sages-femmes d’Etat du Directeur de la Justice militaire
Sénégal, présentes tout au long a, lors de sa visite des opérations
des dix jours. le mercredi 21 octobre,
magnifié cette initiative qui
Le cancer, une des causes de constitue une première dans
décès les plus fréquentes chez la Gendarmerie et a instruit
les femmes, est devenu un au service de santé de réaliser
enjeu majeur de santé publique. le maximum de vaccin dans le
Cette campagne arrive ainsi à cadre de la lutte contre le cancer
du col de l’utérus. Il compte
par ailleurs soutenir les efforts
fournis dans ce domaine aux
regards du nombre grandissant
des effectifs féminins dans
l’institution.
Au total six-cent-cinquante-
trois (653) femmes ont pu
gratuitement bénéficier de ces
dépistages dont cent-un (101)
en mammographie. Le docteur
KASSE, en collaboration avec
point nommé et constitue un la Gendarmerie, compte
moyen de favoriser la prise de poursuivre cette campagne
conscience sur ces maladies et avec un suivi médical de
d’informer sur l’importance du quelques cas particuliers.
dépistage précoce et du suivi
Lieutenant (F) Aissatou DIEDHIOU
médical. Division Communication et Relations
Le général de division Publiques

LA GENDARMERIE NATIONALE RENOVE L’ECOLE ELEMENTAIRE DE LA CASERNE
SAMBA DIERY DIALLO ET OFFRE UN LOT DE MATERIEL DIDACTIQUE
D
ans le cadre de la rentrée
scolaire 2020-2021 le
Ministre de l’Education
nationale s’est rendu ce jeudi
12 novembre 2020 à la caserne
Samba Diéry Diallo pour
présider la cérémonie de remise
de dons à l’école élémentaire.
L’événement a eu lieu en
présence du gouverneur de la
région de Dakar, du général
de brigade, commandant
la Gendarmerie Mobile, de
l’Ambassadrice de l’Union
européenne, de l’Ambassadeur
d’Italie, du Directeur général
du bureau de l’UNESCO à
Dakar et des autorités locales
notamment les maires des
communes de Gueule Tapée, de
Plateau et des parents d’élèves.
ACTIVITÉS
GENDARMERIE
le haut commandement de la
Gendarmerie, une imprimante
et une photocopieuse offertes
par l’association des anciens
de l’école, des masques
transparents qui permettent aux
élèves de mieux comprendre
leur interlocuteur en lisant sur
les lèvres offertes par l’Union
européenne à travers l’agence
italienne de coopération a
été remis à cet établissement.
Outre le cadre attractif qu’offre
désormais cette école, ce
Après le mot de bienvenue
matériel permettra également
du général de brigade Thiaca
d’accompagner et de renforcer
THIAW, représentant le Haut
le dispositif du ministère de
commandant de la gendarmerie
l’éducation pour la protection
nationale, un sketch relatif au
des apprenants et du personnel
respect des mesures barrières
dans un contexte de rentrée
et interprété par des élèves
scolaire marquée par la
sourds-muets a été présenté à
pandémie du coronavirus.
l’assistance.
L’école maternelle de la caserne
Le Ministre de l’Education,
a été également rénovée et
dans son allocution, a magnifié
équipée dans la même veine
les efforts du commandement
de cette action de haute portée
de la Gendarmerie qui a
sociale de la gendarmerie
bien voulu réhabiliter cette
nationale.
école en rénovant toutes les
salles de classes et les locaux
administratifs. Il a rappelé Gendarme (F) Maty DOUKAR
Division Communication et Relations
que cette école abritée par la Publiques
caserne est « un symbole de
l’inclusion qui traduit l’esprit
de protection et d’ouverture de
notre Gendarmerie nationale
» car dit-il “elle entre dans
le cadre des politiques et
stratégies mises en place afin
de bâtir une école pour tous”.
De plus, un important lot de
matériel composé de deux cent
(200) tables-bancs offerts par
11
Magazine quadrimestriel d’information de la Gendarmerie nationale N° 28 - Janvier 2021
 ACTIVITÉS
GENDARMERIE FORMATION DE FORMATEURS EN POLICE DE PROXIMITÉ

VINGT-UN GENDARMES ET POLICIERS RECOIVENT LEUR ATTESTATION EN POLICE

DE PROXIMITÉ

L
a cérémonie de remise d’attestation de fin
de stage en police de proximité s’est tenue
ce vendredi 20 novembre 2020 au sein de
l’école nationale de police. Cette rencontre
avec les stagiaires formateurs a été présidée
par l’encadreur principal Paolo BONNANO,
conseiller de police pour le groupe de capacité
stratégique (SCG) en présence du Colonel Ibou
WATHIE, Commandant la légion de Gendarmerie
Ouest, du Commissaire de Police Divisionnaire
de Classe Exceptionnelle (ER) Doudou NDIAYE et
du représentant de l’ambassadeur des Etat Unis
Joseph DENIS.

Le projet de formation des moniteurs encadreurs

dans les écoles de formation de la Police et de la
Gendarmerie vise à institutionnaliser la police de
proximité au Sénégal avec la constitution d’un
comité consultatif communautaire.

Ainsi lors de la remise d’attestation de fin de

Cette cérémonie marque la fin d’une formation
d’une semaine au profit de vingt et un (21)
formateurs dont onze (11) gendarmes officiers
et sous officiers. Le but était de former des
formateurs de la Police et de la Gendarmerie ainsi
que des Commandants de brigade de proximité
afin de valider le contenu pédagogique des
modules de formation.
Au terme de cette semaine, les stagiaires ont
réussi la mission qui consistait à encadrer leurs
collègues sur le terrain afin de faciliter leur
rapprochement avec les populations dans le
cadre de la lutte contre les formes de criminalité
et de délinquance.
stage quatre (04) communes pilote ont été
choisies comme cible notamment Thiaroye,
Tivaoune Diaksao, Keur Massar et Pikine Ouest.
L’encadreur du stage Paolo BONNANO a
insisté sur le changement de comportement.
Selon lui, ce stage devait être utile pour les
hommes de terrain des brigades de proximité
et des communautés de brigade notamment en
favorisant le développement de bonnes relations
avec les populations qui pourront servir dans les
activités opérationnelles qu’elles soient de police
administrative comme de police judiciaire.
Lieutenant (F) Aissatou DIEDHIOU
Division Communication et Relations
Publiques
www.gendarmerie.sn
www.facebook.com/hautcommandement

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Magazine quadrimestriel d’information de la Gendarmerie nationale N° 28 - Janvier 2021
 ACTIVITÉS
REMISE DE DRAPEAU A L A FPU 8 MINUSMA GENDARMERIE

En effet, cette préparation a été sanctionnée par

la visite d’une équipe d’experts des Nations Unies
pour évaluer le niveau d’aptitude individuel et
collectif de l’unité. Ainsi le général de brigade
Thiaca THIAW, Commandant la Gendarmerie
mobile s’est adressé aux missionnaires en ces
mots : « officiers, sous-officiers et membres
du contingent, vous voici suffisamment outillés
pour prendre part avec efficacité aux activités
des composantes police de la MINUSMA. Vos
principales tâches concerneront la protection
des civiles, la stabilisation et la restauration de
l’autorité de l’Etat, la réforme du secteur de

L
sécurité et la facilitation de l’acheminement de
e quartier Samba Dièry Diallo a abrité ce
l’aide humanitaire ».
mercredi 06 janvier 2021 la cérémonie de
Il a, en outre, remercié l’ensemble des invités
remise de drapeau au contingent SENFPU
d’avoir honoré de leur présence cet évènement,
8 MINUSMA en partance pour le Mali. Elle a
une tradition bien établie dans l’agenda des
été présidée par le général de brigade Thiaca
activités majeures de la gendarmerie.
THIAW, Commandant la Gendarmerie mobile
en présence de plusieurs autorités civiles et
Le chef d’escadron Ousmane DIOP Commandant
militaires.
du contingent SENFPU 1/8 se dit très honoré de
Ce contingent, fort de cent soixante-dix (170)
la marque de confiance. Ainsi dit- il, le Général
militaires dont dix-huit (18) féminins devant
Commandant la Gendarmerie mobile leur a
être déployés dans le cadre des opérations des
transmis le flambeau avec comme message
Nations Unies au Mali, vient de boucler huit (08)
clé; les trois principes que sont le respect de la
semaines de préparation de pré-déploiement,
diversité, l’intégrité et le professionnalisme.
une des préconisations indispensables de l’ONU.
Il aura pour mission le soutien des autorités
maliennes dans les domaines de la sécurité, de la
stabilité ainsi que la protection des installations Gendarme (F) Mbenda THIAM
onusiennes. Division Communication et Relations
Publiques
Ces missionnaires ont reçu des modules de
formation qui leur permettront de se familiariser
avec les aspects essentiels des opérations de
paix durant ces deux (02) mois. Par ailleurs, ils
ont suivi les modules spécialisés propres aux
unités constituées de police ainsi qu’aux équipes
spéciales.
A cela s’ajoute un module d’entrainement militaire
spécifique qui fait la valeur des formations
de gendarmerie dans les opérations de police
internationale et de l’entrainement physique
militaire destiné à les préparer à réagir aux incidents
opérationnels sur les théâtres d’opération.

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 ACTIVITÉS
GENDARMERIE MANŒUVRE FALEME 2020 : SIX CENTS GENDARMES, CENT DOUZE

L
a manœuvre Falémé 2020 a eu lieu dans d’investigation, les unités spécialisées dans
la période du 20 au 26 novembre 2020 la lutte contre le terrorisme telles que le
en légion Est, couvrant les régions de Groupement d’intervention de la gendarmerie
Tamba et de Kédougou. Elle s’est déroulée nationale (GIGN), le pôle de police judiciaire,
en deux phases : une phase zonale et une mais aussi le Groupe d’action rapide de
phase nationale qui ont permis, pour la surveillance et d’intervention (GARSI ), la Légion
première fois la participation de la quasi- de gendarmerie d’Intervention (LGI) participent
totalité des forces de défense et de sécurité, aux côtés des autres forces de défense et de
et de plusieurs autres acteurs de la lutte sécurité à la manœuvre nationale afin d’évaluer
contre le terrorisme. le niveau d’entraînement des unités, tester la
capacité opérationnelle et l’adaptation des
En plus du renforcement des capacités des équipements sur les théâtres d’opération.
acteurs, la manoeuvre Falémé 2020 avait pour
but d’harmoniser l’intégration des Forces de Sur le plan opérationnel, il est apparu que les unités
de la Gendarmerie avaient une connaissance parfaite
Défense et de Sécurité dans le cadre de la de la zone de manoeuvre. Ce qui fait qu’elles ont
planification, du soutien et de la conduite des accompli presque toutes les missions assignées à
opérations contre les menaces asymétriques. leur GTIA d’appartenance. La connaissance du terrain
est donc un facteur déterminant dans une opération
Falémé 2020 revêt un cachet particulier. Elle a militaire.
permis de mobiliser, en dehors des unités des
CEN Mouhamadou DJIBA
Armées, celles de la Gendarmerie, de la Brigade Commandant GARSI
nationale des sapeurs-pompiers et de la Police
nationale, chacune avec des moyens propres à Une cérémonie officielle de clôture de cette
ses structures. Ce sont au total trois mille cinq séance s’est tenue le 26 novembre, à travers
cent quarante-deux (3542) membres des Forces une journée baptisée ‘’VIP Day’’ à Goudiry. Elle
de défense et de sécurité, quatre cent quatre- a été présidée par le Ministre des Forces armées
vingt-treize (493) véhicules, quatre-vingts (80) Me Sidiki KABA. Au cours de cette dernière,
engins blindés, trente (30) motos et sept (07) les éléments du GIGN, du BIP et des Forces
aéronefs qui ont participé à cette activité. Spéciales ont joué un scénario de libération
Selon le lieutenant-colonel Davy Koguilla Mané, d’otages lors d’une attaque terroriste.
Commandant de la Légion de Gendarmerie
Est, les unités de la Gendarmerie comme les Hormis cette activité, des actions civilo-
brigades territoriales, les différents organes militaires ont été effectuées, notamment

14
Magazine quadrimestriel d’information de la Gendarmerie nationale N° 28 - Janvier 2021

E VEHICULES, DOUZE MOTOS ET DEUX AÉRO-G MOBILISÉS
une remise de matériel scolaire à vingt et un
(21) établissements de plusieurs localités,
la réfection de deux (02) salles de classe à
Bounolou Diowé, le rétablissement du pont
de Lali ainsi que la réhabilitation du périmètre
maraicher de Goudiry.
La manœuvre Faleme a été un exercice conjoint riche
en enseignements qui a donné la possibilité au GIGN
d’affiner sa préparation au combat pour les missions
futures dans cette partie du pays tout en permettant
d’évaluer le niveau d’interoperabilité entre les Forces
spéciales des armées, de la Police et de la Gendarmerie
nationale.
CNE Demba C LY
Commandant GIGN
Selon le Chef d’état-major général des Armées,
le contexte actuel de crise dans la sous-région
explique la pertinence de cette manœuvre. “La
sous-région fait face à des défis sécuritaires
complexes, aigus, dont la prise en charge
requiert une posture d’anticipation. Et qui
Malgré les quelques difficultés rencontrées, la
manœuvre FALEME 2020 a permis au Premier
Escadron Blindé, de parcourir près de 1700 km (915
km en déplacement aller-retour et plus de 700 km
de manœuvre), d’éprouver les véhicules blindés sur
plusieurs types de terrain et de tester la capacité
opérationnelle de son personnel.
CNE Mor GUEYE
Commandant 1er Escadron Blindé
Magazine quadrimestriel d’information de la Gendarmerie nationale N° 28 - Janvier 2021
ACTIVITÉS
GENDARMERIE
parle d’anticipation, parle de planification,
d’exercices, mais aussi de manœuvres”
Le Haut Commandant de la Gendarmerie
nationale et Directeur de la Justice militaire a
rappelé la forte mobilisation de la Gendarmerie
dans la manœuvre, avec six cent (600) éléments,
une centaine de véhicules et, pour la première
fois lors d’une manœuvre, l’utilisation de deux
(02) aéronefs G1. Ces derniers ont permis de
fournir des renseignements aux troupes au sol
et de faire des missions de liaison. Il a aussi
salué l’engagement concomitant de l’ensemble
des forces de défense et de sécurité pour
travailler sur une problématique transversale
qui nécessite l’adhésion de tous pour le même
but.
Cette manœuvre a permis d’apprécier le volume du soutien
logistique que la gendarmerie a mis au profit des troupes
engagées.
Pour le personnel de l’escadron constitué essentiellement
de jeunes, cet exercice a permis aussi d’évaluer leur état
d’esprit face à des situations souvent stressantes.
En définitive, le quatrième escadron porté a fait preuve de
détermination dans les missions qui lui ont été confiées et
a démontré que l’instruction tactique au sein des unités
mobiles est un facteur déterminant.
CNE Jonas BADJI
Cdt 4ème Escadron Porté
Gendarme Kalidou BARRY
Division Communication et Relations
Publiques
15
16
Magazine quadrimestriel d’information de la Gendarmerie nationale N° 28 - Janvier 2021
 ACTIVITÉS
GENDARMERIE

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Magazine quadrimestriel d’information de la Gendarmerie nationale N° 28 - Janvier 2021
 DOSSIER
LES PROBLEMATIQUES DE LA SÉCURITÉ NATIONALE
les réflexes sécuritaires sont tout
aussi déterminants. Ce niveau
d’implication est une mentalité qui
peut être forgée dans l’éducation
et la formation à la citoyenneté, à
l’exemple suisse, dans le cadre de
la coproduction de sécurité.
Chef d’escadron Ababacar FAYE Aujourd’hui, dans les stratégies
Chef Division Communication et Relations Publiques
de communication, l’adhésion
Q
u’ils soient de la population aux politiques
économiques, culturels, de sécurité publique est devenue
diplomatiques ou un facteur de premier ordre. On
sanitaires, les combats menés parle de sécurité humaine pour
par les pouvoirs publics se mieux fédérer les esprits. A chaque
déroulent souvent sur plusieurs occasion où il y a des interactions
fronts. Mais force est de avec le public et les médias, les
reconnaître que la protection communautés sont appelées à
des ressources, le terrorisme, la vigilance en coopérant avec
le crime organisé, les trafics les forces de l’ordre par l’alerte,
illicites et la COVID 19 sont l’information ou la dénonciation.
aujourd’hui les défis sécuritaires Sécurité nationale et libertés
les plus prégnants. fondamentales
La COVID19 n’a-t-elle pas montré
La sécurité nationale obéit à que les habitudes qui semblaient
la nécessité d’une approche les plus immuables pouvaient
globale. être abandonnées ? En moins
Chaque communauté a ses d’un trimestre, le monde s’est vu
propres attentes vis-à-vis de l’Etat contraint à changer, à casser, à
et de ses organismes pourvoyeurs rompre, bref à porter le masque
de sécurité, qu’ils se nomment pour mener une guerre ?
Gendarmerie, Police, Garde ou Le niveau d’information et l’analyse
autre. Mais pas que ! le citoyen de la menace peuvent amener les
également est appelé à jouer sa pouvoirs publics à devoir anticiper,
partition. prévenir ou intervenir. A ce titre,
Les us et coutumes voire les réalités la définition du cadre législatif
sociologiques sont importantes et règlementaire est toujours
dans la définition d’une sécurité essentielle pour encadrer l’usage
nationale car les habitudes et de la force publique, l’entorse aux
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Magazine quadrimestriel d’information de la Gendarmerie nationale N° 28 - Janvier 2021
libertés et surtout faire savoir les
nécessités liées à la sécurité pour
mieux les faire adopter.
Liberté et sécurité ne sont pas
autant antagoniques. Elles vont
ensembles. A l’heure des sociétés
de liberté exclusive, les Etats
sont davantage confrontés à la
problématique de la conciliation
entre ses différentes aspirations.
En prenant, l’exemple de la lutte
contre la cybercriminalité, il est
normal de concevoir que les
services d’investigations entrent,
par nécessité, dans l’intimité
des honnêtes gens pour mieux
les protéger. A titre illustratif,
le recours à des fichiers et des
bases de données des « Géants
du web » lors des procédures de
judiciaires, même s’il a suscité des
débats dans certains pays était
essentiel pour mettre un terme à
certaines activités criminelles et
terroristes. Une pratique qui peut
être liberticide, en opposition aux
droits humains, mais qui constitue
parfois l’unique solution.
Le Sénégal, un ilot de stabilité
dans un océan d’incertitudes
L’histoire commune de la Nation
sénégalaise est fondamentalement
une histoire de paix et de stabilité.
La lutte pour l’indépendance
nationale a été dans la forme
d’une résistance pacifique. Les
régimes politiques qui se sont
succédés depuis 1960 ont forgé

les aspirations à une paix et à
une cohésion nationale. De plus,
le tissu social, fait de réalités
socio-économiques, de dialogue
inter-religieux, d’Islam organisé
en confréries et de rapports
interethniques stables, constitue
un socle sûr pour une paix interne.
Les facteurs déstabilisant d’une
telle société, ne pourraient
potentielllement provenir que de
l’extérieur. En fait, le niveau de la
mondialisation et la nécessité de
s’ouvrir à l’extérieur sont des réalités
incontournables. Il s’agit d’une
opportunité pour les organisations
de la criminalité transnationale,
les réseaux trafics illicites et le
terrorisme, mais également un
ensemble d’enjeux qui interpellent
les pouvoirs publics, les forces de
sécurité en premier.
La sécurité, un préalable à tout
développement.
La sécurité des personnes et des
biens prime sur tout. Des exemples,
dans des pays réputés démocraties
libérales, ont montré qu’en cas
de force majeure, la sécurité de la
collectivité est prioritaire sur celle
des individus.
Si le président Barack OBAMA,
recevant le Prix Nobel de la Paix
en 2009, a osé défendre le droit à
la guerre, en affirmant que « dire
que la guerre est parfois nécessaire
n’est pas un appel au cynisme, c’est
la reconnaissance de l’histoire,
des imperfections de l’homme et
des limites de la raison », c’est
pour réaffirmer son attachement
au devoir de protéger le peuple
américain.
A l’image de son prédécesseur
Georges Bush qui avait fait voter
le Patriot Act en 2008, pourtant
virulemment contesté, le président
OBAMA n’a fait ni plus ni moins
que de répondre à une attente
; assumer son rôle de chef
suprême, rassurer les américains
qui étaient en pleine guerre contre
le terrorisme. Comme pour dire
que quand le peuple a besoin
de sécurité, l’Etat a besoin d’être
renforcé, encouragé et encadré
dans sa guerre.
Faire des lois et établir des
codes pour suppléer au déclin
des idéaux et des mœurs.
Avec la mondialisation et le
multilatéralisme, les seules mœurs
ne suffisent plus à garantir
l’harmonie dans les sociétés. Il faut
des lois car le débat sur les mœurs
est aussi clivant que sensible.
Si les sociétés sont laissées à elles-
mêmes, il sera difficile d’y établir un
ordre. Et pour atteindre un niveau
de sécurité dans une Nation, il
faudrait forcément appuyer sur
des leviers comme l’éducation
citoyenne et les institutions fortes
qui garantissent l’Etat de droit.
Comme pour paraphraser Karl
Max qui disait que « l’erreur
des modernes c’est de vouloir
transformer le monde, sans vouloir
ni pouvoir transformer l’homme.
», il n’est qu’à considérer le
niveau actuel de numérisation
des activités de l’homme et le
Magazine quadrimestriel d’information de la Gendarmerie nationale N° 28 - Janvier 2021
DOSSIER
rythme effréné de l’individualisme
pour admettre que toutes ces
conflictualités et adversités
finissent par créer de l’insécurité.
Il existe des caractéristiques de la
vie en collectivité et des rapports à
la chose publique qui sont porteurs
de forces et de vulnérabilités du
point de vue sécuritaire.
Dans un tel contexte, l’Etat doit
définir ses priorités qui, en principe,
sont celles de la collectivité.
Sensibiliser la population sur
les vulnérabilités et les forces
découlant de ses activités et modes
de vie est une démarche qui peut
améliorer le niveau de sécurité
intérieure.
En définitive, la sécurité nationale
est un tout. Elle est moins
un ensemble de dispositions
sécuritaires à plusieurs niveaux,
que la prise de conscience par les
citoyens d’une Nation, des rapports
entre eux et les forces de défense
et de sécurité pour leurs permettre
en tout temps d’identifier et de
contenir les menaces. Pour ce faire,
il ne faudrait laisser aucune place
au désordre, à l’improvisation et
au défaut de communication qui
peuvent compromettre la confiance
des uns envers les autres.
Et dans cet ensemble, la
Gendarmerie nationale joue un role
pilier en déployant ses capacités
sur l’ensemble du territoire
national pour servir au plus près les
communautés et les institutions.
19
 DOSSIER
SURVEILLANCE DU TERRITOIRE : METHODES ET RESULTATS
Lieutenant-colonel Davy K MANÉ
Commandant Légion de Gendarmerie Est
A
l’instar des pays de
l’Afrique de l’Ouest, le
Sénégal doit faire face
aux menaces que représentent
le terrorisme, la criminalité
transnationale notamment la
traite des êtres humains, le
trafic d’armes et de drogues
et l’exploitation illégale de
ressources naturelles. C’est
ainsi qu’au cours de la dernière
décennie, les forces de défense
et de sécurité ont connu une
augmentation significative de
leurs capacités en phase avec l’axe
trois du Plan Sénégal Émergent
(PSE). Ce dernier prévoit le
renforcement de la sécurité, de
la stabilité et de la gouvernance,
la protection des droits et
libertés et la consolidation de
l’État de droit afin de créer les
meilleures conditions d’une
paix sociale et de favoriser
le plein épanouissement des
potentialités.
La Gendarmerie nationale, à la
20
Magazine quadrimestriel d’information de la Gendarmerie nationale N° 28 - Janvier 2021
fois force militaire et force de
police, s’inscrit dans cette vision
politique en adoptant le plan
stratégique 2017-2019 qui a
permis le relèvement significatif
de ses ressources humaines
et matérielles mais aussi la
création d’unités pour répondre
efficacement aux défis posés par
l’insécurité.
La gendarmerie s’impose
aujourd’hui bien plus qu’hier
comme un pilier essentiel
dans l’architecture de sécurité
nationale tant par la qualité des
hommes et des femmes qui la
composent que par le caractère
transversal de ses missions. En
plus de veiller à la sûreté publique
ainsi que d’assurer le maintien de
l’ordre et l’exécution des lois et
règlements, la gendarmerie joue
un rôle de surveillance continue,
préventive et répressive à
travers les missions de police
(administrative, judiciaire
et militaire) et de défense
nationale, les concours aux
diverses administrations et la
participation aux opérations de
maintien de la paix. Son action
s’exerce sur toute l’étendue du
territoire de la République .
En analysant l’avant dernier
alinéa de l’article du décret
référencié, il apparait
clairement que la Gendarmerie
est une institution dédiée
essentiellement à la surveillance
qui porte sur l’espace terrestre,
fluvial, maritime, aérien.
Aujourd’hui avec la révolution
numérique, la gendarmerie s’est
adaptée en investissant dans la
surveillance du cyberespace.
La brigade territoriale,
cheville ouvrière de la
surveillance du territoire
La surveillance du territoire est
assurée par les unités relevant
de la gendarmerie territoriale.
Articulée en légions territoriales,
en unités spécialisées et
en services techniques, la
gendarmerie territoriale est la
subdivision de la Gendarmerie
nationale chargée des missions
de sécurité publique dans les
zones de compétence de la
gendarmerie. Par ailleurs elle est
compétente en matière de police
judiciaire partout sur le territoire
national. Elle compte ainsi six
(06) légions de Gendarmerie
territoriale couvrant les quatorze
(14) régions administratives (près
de 80% du territoire national),
vingt (20) compagnies, cent
deux (102) brigades et quarante-
neuf (49) brigades de proximité.
Les brigades territoriales
constituent les véritables

chevilles ouvrières de cette
organisation territoriale et sont
intégrées au cœur des territoires
et des populations dont elles
assurent la protection.
Compte tenu de l’étendue de leur
circonscription qui peut atteindre
une superficie de 15000km2,
les brigades sont organisées
de manière à permettre une
exécution efficiente de leurs
missions dans l’espace et dans
le temps. L’Instruction n°059/
MFA/CAB MILI du 21 juin 1976
portant Règlement sur le service
intérieur de la Gendarmerie
revient largement dans les
articles 56 à 69 sur les missions
de surveillance des brigades
territoriales. Les services externes
et les patrouilles à la résidence
sont essentiellement dédiés à la
surveillance.
Les services externes consistent
à des visites de secteurs dont
le but est la recherche du
renseignement, l’exploration et la
surveillance du territoire. Il s’agit
pour les gendarmes désignés à
cet effet de séjourner pendant
quelques jours dans une localité
qui n’est pas souvent visitée du
fait de son éloignement ou de
son enclavement pour marquer
la présence de l’Etat et rassurer
les populations. Les patrouilles à
la résidence poursuivent le même
but que les services externes
dans le lieu d’implantation de
la brigade. En complément de
cette surveillance dynamique,
la brigade territoriale détient
Magazine quadrimestriel d’information de la Gendarmerie nationale N° 28 - Janvier 2021
DOSSIER
des documents qui constituent
un tableau de bord pour une
meilleure connaissance de la
circonscription et des faits
d’insécurité. Il s’agit du cahier de
surveillance qui renseigne sur la
géographie physique et humaine
de la circonscription, du fichier
de surveillance sur les individus
recherchés et les suspects à
surveiller notamment et enfin
le fichier de renseignement
pour satisfaire les demandes de
renseignements.
Toute cette organisation de
la brigade territoriale met en
exergue la prise en compte au
quotidien, de jour comme de
nuit, de la sécurité des personnes
et de leurs biens.
Toutefois, face à la montée du
sentiment d’insécurité et pour
réduire les délais d’intervention,
la gendarmerie a adopté le
concept des communautés
de brigade et des brigades de
proximité.
Les communautés de brigade
et les brigades de proximité,
un nouveau concept pour
une surveillance efficiente du
territoire
Pour rendre les brigades plus
proches des populations et
renforcer leur action, densifier le
maillage territorial pour adapter
le dispositif d’occupation et de
surveillance des circonscriptions
21
 DOSSIER

des brigades à l’évolution
démographique et de l’habitat, le
commandement a fait évoluer le
concept des brigades classiques
en les articulant en brigades
territoriales autonomes (BTA), en
brigade de proximité (BP) et en
communauté de brigades (COB)
. unités de la gendarmerie mobile
Le concept des « communautés
de brigades » a pour but une
meilleure occupation de la
circonscription, un renforcement
de l’activité opérationnelle et
une amélioration de la qualité du
service public fourni en matière
de sécurité, sans dénaturer
l’action de la Gendarmerie. La
création d’unités additionnelles
appelées « brigades de proximité
», reparties suivant les exigences
et les besoins sécuritaires au
tour de la brigade principale
appelée Brigade territoriale
autonome (BTA). Ce concept, en
expérimentation dans les légions
de gendarmerie ouest et centre-
ouest depuis le 5 août 2019,
enregistre des résultats probants
en termes de renforcement de la
posture préventive et réduction
des délais d’intervention
des unités et surtout suscite
l’adhésion des élus et des
populations.
Tout compte fait, les unités
territoriales n’agissent pas seules.
Elles bénéficient de l’appui
permanent des unités mobile et
du concours circonstancié des
unités spécialisées.
Le concours des unités mobiles
et spécialisées incontournable
Dans leur mission de surveillance,
les unités territoriales s’appuient
sur le savoir-faire particulier des
et spécialisées.
Les unités mobiles notamment
les escadrons de surveillance et
d’intervention (ESI) au nombre
de sept (07) dont une grande
partie est implantée le long
des frontières terrestres (Saint-
Louis, Ziguinchor, Ouroussogui,
Bakel, Kédougou, Kounkané) et
le groupe d’action rapide de
surveillance et d’intervention
(GARSI) à Kidira constituent
des réservoirs de forces
d’intervention qui effectuent au
quotidien un contrôle des zones
frontalières par des patrouilles
de sécurisation, des postes de
contrôle et de surveillance en
renfort des brigades territoriales.
Quant aux unités spécialisées,
elles interviennent surtout dans
le cadre de la police judicaire pour
apporter un appui technique
aux unités territoriales. C’est
ainsi que dans le cas de la lutte
contre la grande criminalité,
la section de recherches, la
cellule nationale d’identification
criminelle (CNIC), la plateforme
numérique de lutte contre
la cybercriminalité (PNLC), le
groupe de lutte antidrogue
(GLAD), l’unité de scanner
mobile (USM) sont régulièrement
sollicitées.
La section aérienne de la
gendarmerie nationale (SAGN)
créée en 2015, compétente
sur l’ensemble du territoire

22
Magazine quadrimestriel d’information de la Gendarmerie nationale N° 28 - Janvier 2021

national, apporte un soutien de
taille aux unités territoriales. Elle
s’illustre particulièrement dans
la lutte contre les coupes illicites
de bois, dans la surveillance
routière à l’occasion des grands
rassemblements (Magal, gamou,
etc.). Durant la période de couvre,
elle a activement participé à
faire respecter les interdictions
de circulation interurbaine.
Enfin, la section environnement
et les brigades fluviales
interviennent efficacement
dans la surveillance des côtes
et des plans d’eau. L’arrestation
des migrants clandestins, les
saisies des marchandises de
contrebande et de drogue
sont caractéristiques de rôle
prépondérant que jouent ces
entités dans la surveillance du
territoire.
L’apport considérable de ces
unités mobiles et spécialisées
font que les résultats de services
sont très perceptibles.
Des résultats satisfaisants
A titre illustratif, trois mille douze
(3012) kilogrammes de chanvre
indien ont été saisis au premier
semestre de l’année 2020
contre près de mille deux cent
quarante-sept (1247,53) kg à la
même période de l’année 2019.
Trois cent deux (302) crimes et
délits constatés dont trois cent
quatorze (314) élucidés. En
somme, mille quatre vingt douze
(1092) personnes déférées pour
différentes infractions par les
unités de Gendarmerie.
Des perspectives prometteuses
Le décret n°2020-2042 du 20
octobre 2020 fixant l’organisation
du Haut commandement de la
gendarmerie nationale ainsi que
les attributions des autorités de
commandement vient à point
nommé, par des changements
importants, renforcer
l’organisation de la surveillance
du territoire avec la mise en
place de nouvelles unités.
Au niveau du haut
commandement, la création de
la légion de gendarmerie de
l’air et des transports aériens,
de la légion de gendarmerie
maritime et fluviale et de la
légion de gendarmerie des
transports ferroviaires permettra
d’exercer les services dans les
gares ferroviaires et les espaces
fluviaux, maritimes, aériens
qui jusque-là étaient en partie
exécutés par les brigades
territoriales.
A l’échelon de la gendarmerie
territoriale, le groupe
d’investigation anti-terroriste et
la section spéciale chargée de la
protection de l’environnement
complètent l’arsenal technique
d’investigation en matière
de lutte contre le terrorisme
Magazine quadrimestriel d’information de la Gendarmerie nationale N° 28 - Janvier 2021
DOSSIER
mais surtout contre les
agressions de l’environnement
notamment dans la région de
Kédougou où l’exploitation
des ressources minérales
dégrade considérablement
l’environnement.
Concernant les légions
territoriales, elles seront un peu
plus autonomes en matière de
police judiciaire et de sécurité
routière avec la création d’une
section de recherches et d’un
escadron d’autoroute par légion,
d’une brigade de recherches
et d’une brigade routière par
compagnie.
En définitive, la gendarmerie
nationale poursuit sa montée
en puissance en adaptant en
permanence son organisation,
ses modes d’action, ses
équipements et la formation des
personnels pour une répondre
de façon efficace et efficiente à
la lutte contre l’insécurité sous
toutes ses formes, sur l’ensemble
des zones de responsabilité
de la Gendarmerie. Les
espaces lacunaires et les zones
frontalières font l’objet d’une
surveillance particulière.
La sécurité des personnes et de
leurs biens demeure la raison
d’être de la gendarmerie qui au
fil des années reste fidèle à sa
réputation de « force humaine ».
23
 DOSSIER
LA GENDARMERIE FACE AUX DÉFIS DE LA MISE EN ŒUVRE DE POLICE DE PROXIMITÉ
Colonel Cheikh SARR
Commandant Légion de Gendarmerie Centre Ouest
POLICE DE PROXIMITÉ,
COMMUNAUTÉ DE BRIGADES.
D
epuis quelques années, les
organisations policières du
monde ont expérimenté un
nouveau concept connu sous le
nom de « police de proximité » ou
encore « police communautaire
». Dans cette approche, il s’agit
pour les institutions chargées des
missions de police d’être au contact
des populations pour mieux prendre
en compte leurs préoccupations et
répondre à leurs attentes.
Ainsi, s’inscrivant dans cette
dynamique, le Haut-commandement
de la Gendarmerie nationale a procédé
à une adaptation de l’organisation
et des modes de fonctionnement
des unités territoriales pour accroitre
l’efficacité de son action sur le
terrain et disposer d’une capacité
d’intervention efficace. Privilégiant la
prévention et le rapprochement avec
les populations, le maillage territorial
a été densifié avec la création des
Communautés de Brigades (CoB)
dans certaines circonscriptions où
leur mise en place est judicieuse.
Le concept de CoB, dans son
organisation est motivé par la
nécessité de renforcer les capacités
des brigades territoriales, pour une
surveillance plus efficace des secteurs
de compétence dans le cadre de la
police de proximité. En effet, la CoB
regroupe sous un commandement
24
Magazine quadrimestriel d’information de la Gendarmerie nationale N° 28 - Janvier 2021
opérationnel unique, une Brigade
Territoriale Autonome (BTA)
renforcée par deux (02) à trois (03)
points d’appui communément
appelés Brigades de Proximité (BP).
Avec des emprises décentralisées,
cette forme d’organisation permet
une occupation efficace des
secteurs de compétence. A ce titre,
les brigades de proximité exercent
une action à la fois préventive et
dissuasive sur le terrain, au plus près
des populations, dans les zones où
la présence de la brigade territoriale
n’est pas suffisamment perceptible.
Les principaux objectifs visés par la
CoB sont entre-autres : l’optimisation
des moyens humains et matériels,
l’occupation quotidienne du
terrain et la réduction des délais
d’intervention. Erigées à des
endroits stratégiques des zones
de responsabilité des brigades
territoriales autonomes, les brigades
de proximité exercent essentiellement
des missions opérationnelles dans
les circonscriptions des brigades
d’origine dont elles dépendent
dans les domaines judiciaire et
administrative.
Cette nouvelle articulation intégrant
les communautés de brigades permet
à la Gendarmerie de développer une
sécurité plus inclusive impliquant les
populations, les autorités locales,
le secteur privé, les mouvements
associatifs et tous les acteurs
locaux afin d’assurer une meilleure
mobilisation en faveur de la sécurité.
De même, cette forme d’organisation
participe activement à l’amélioration
de la qualité du service en matière de
sécurité. En effet, la communauté de
brigades se retrouve avec un effectif
et des moyens matériels beaucoup
plus conséquents.
En définitive, la mise en œuvre
des communautés de brigades au
sein de la Gendarmerie territoriale
permet une application de la police
de proximité. Fort de son maillage
territorial, la Gendarmerie, par
l’adoption des communautés de
brigades, vise à la fois la prévention
et la dissuasion. Ainsi, les brigades
de proximité, à travers une écoute
attentive des citoyens, veillent à être
en phase avec leurs besoins pour
anticiper sur les défis sécuritaires et
remplir efficacement les missions
dévolues à la Gendarmerie nationale.
LE CAS DES COMMUNAUTÉS DE
BRIGADE DE LA LÉGION CENTRE
OUEST.
Dans le cadre de la mise en œuvre
du Plan Sénégal Emergent (PSE),
le Sénégal a décliné sa politique
stratégique en trois axes qui
constituent désormais le référentiel
de la politique économique et
sociale pour accélérer sa marche vers
l’émergence.
En mars 2005, l’ancien Secrétaire
général des Nations Unies Koffi Anan
affirmait : « Il n’y a pas de sécurité
sans développement, il n’y a pas
de développement sans sécurité,
et il ne peut y avoir ni sécurité,
ni développement si les droits de
l’Homme ne sont pas respectés ».
Le Sénégal conscient de cela
a consacré l’axe 3 du PSE au
renforcement de la sécurité, de la
stabilité et de la gouvernance, de la
protection des droits et libertés et de
la consolidation de l’État de droit afin
de créer les meilleures conditions
d’une paix sociale. Cette démarche
constitue le levier sur lequel l’action
des Forces de sécurité en général et
la Gendarmerie en particulier doit
s’appuyer afin de promouvoir une
nouvelle forme de gouvernance
sécuritaire.
Dans ce contexte, l’action de
la Gendarmerie territoriale

conformément à l’ordre du jour
N°1 du Haut-commandant de la
Gendarmerie nationale entend
apporter une contribution
pertinente et significative à la
réalisation des objectifs sectoriels
du PSE et notamment ceux liés au
renforcement de la sécurité et à la
lutte contre la criminalité.
Pour mieux faire face aux nouveaux
défis sécuritaires liés à la délinquance
galopante, la Gendarmerie nationale
a procédé à un redéploiement
stratégique de ses unités territoriales,
d’une part, en poursuivant le maillage
territorial à travers la création des
communautés de brigades, et
d’autre part, en intégrant le concept
de police de proximité.
En effet, l’opérationnalisation du
nouveau concept de gouvernance
sécuritaire a permis de renforcer
le maillage du territoire en créant
les communautés de brigades de
gendarmerie et les brigades de
proximité pour renforcer la prévention
et la lutte contre la délinquance.
Cette démarche s’est faite à travers
la collaboration avec les collectivités
territoriales et notamment par la
mise en place des Contrats Locaux
de Sécurité (CLS).
En outre, l’installation des
communautés de brigades et des
brigades de proximité a démontré
la volonté du commandement
d’accroitre l’efficacité de son action
dans la lutte contre l’insécurité afin
de juguler l’augmentation de la
criminalité et du grand banditisme,
ainsi que les atteintes contre les
personnes et les biens de toute nature,
dans ses zones de compétence, sur
l’ensemble du territoire national.
Ainsi, le dispositif de communautés
de brigades et brigades de proximité
mis en place dans la Légion de
Gendarmerie Centre Ouest à travers
ses démembrements a permis de
privilégier la prévention mais aussi la
réduction des délais d’intervention.
De plus, l’utilisation plus cohérente
des unités territoriales a permis de
mieux occuper le terrain en zones
périurbaines et rurales ainsi que les
grandes voies de communication
en se rapprochant des populations
et des autorités, et en collaborant
avec la communauté. Cette nouvelle
approche sécuritaire n’a pas manqué
de rencontrer le satisfecit de la
population locale. La sollicitation
permanente pour l’installation
d’une brigade de proximité dans
leur localité par les autorités locales
constitue une parfaite illustration.
Cependant, la mise en place des
communautés de brigades et
brigades de proximité dans les
circonscriptions ne constitue pas
à elle seule un facteur de succès
dans cette nouvelle gouvernance
sécuritaire. En effet, l’amélioration
de la qualité de l’accueil, de
l’information et l’aide aux victimes
ainsi qu’une présence visible et
rassurante, accompagnée de l’écoute
des attentes de la population et des
autorités constituent également un
enjeu majeur pour les unités de la
LCO. A ce titre, le redéploiement
du dispositif doit être accompagné
de la maitrise du concept de police
de proximité par les militaires de la
gendarmerie.
Tout d’abord, l’introduction d’un
modèle de police de proximité
doit entraîner nécessairement
des changements systémiques
dans l’approche de la sécurité,
dans la stratégie de sécurité, mais
surtout dans le choix des décisions
techniques pour une mise en œuvre
efficace.
En effet, la police de proximité
implique de la part des militaires
de la gendarmerie la nécessité de
remplacer une logique réactive par
une approche proactive. Elle passe
par une connaissance des besoins
et des attentes de la population
et se déployer sur le terrain en
Magazine quadrimestriel d’information de la Gendarmerie nationale N° 28 - Janvier 2021
DOSSIER
conséquence. Mais également
par l’intégration plus efficace des
gendarmes dans le tissu urbain,
par une présence visible, active
et reconnue. De ce fait, une
amélioration de la perception du
public constitue une meilleure
dissuasion pour les délinquants
potentiels. En outre, la présence
permanente des gendarmes dans
les environnements sensibles de leur
circonscription assure une dissuasion
suffisante.
Enfin, la sécurité publique étant
l’affaire de tous, la Gendarmerie
doit agir selon le mandat que lui
accorde la population. Elle est ainsi
une force instituée au service de
tous les citoyens. Les stratégies de
rapprochement avec la population
permettent aux citoyens et aux
gendarmes de proximité de mieux se
connaître et d’apprendre à travailler
ensemble à l’établissement ainsi
qu’à la préservation de la qualité
de vie des citoyens. A cet effet, la
participation des gendarmes de
proximité à la vie de la communauté
doit être permanente, systématisée
et liée au reste de la stratégie et de
l’action de sécurité. Cela facilitera
l’adaptation permanente de la
stratégie de police de proximité
aux besoins des citoyens, favorise
la confiance mutuelle et sous-tend
la mise en œuvre de partenariats
cohérents avec les populations et
organisations.
En définitive, le concept de sécurité
de proximité qui constitue une
approche visant à impliquer la
communauté dans la gestion de la
sécurité qui était jadis l’apanage des
hommes en uniforme vient à son
heure. Elle permet de recueillir le
maximum de renseignements dans
l’anticipation de façon efficiente sur
des projets délictueux ou de troubles
pouvant aboutir à des conséquences
néfastes.
25
 DOSSIER

IMPACT DES GROUPEMENTS DE GENDARMERIE MOBILE SUR LA SURVEILLANCE DU TERRITOIRE

variable d’escadrons de opérationnelle. Ainsi, les

surveillance et d’intervention et groupements de gendarmerie
placés sous le commandement mobile permettront de réduire
d’un officier supérieur. Leur la complexité organico-
création répond à deux fonctionnelle à laquelle les
impératifs organisationnels escadrons mobiles étaient
et à un contexte sécuritaire confrontés. Désormais le
Chef d’escadron Michel G DIOUF
Commandant Groupement Gendarmerie Mobile Sud particulier. commandant de légion
dispose d’un adjoint, chef des

E
noncés parmi les grandes Du point de vue opérations, le commandant de
réformes déclinées dans le organisationnel, il s’agit d’une groupement mobile.
plan stratégique horizon part de décongestionner
2025, les groupements de la légion territoriale d’un D’autre part, il fallait opérer
gendarmerie mobile ont vu commandement lourd et une harmonisation des unités
le jour avec le décret 2020- multiple. En effet, l’ensemble élémentaires mobiles. Aux
2042 du 20 octobre 2020 des unités mobiles et territoriales côtés des anciens escadrons
fixant l’organisation du était sous le commandement du mobiles ou territoriaux, héritiers
Haut commandement de commandant de légion. Cette des pelotons territoriaux,
la Gendarmerie nationale situation rendait la coordination étaient créés les escadrons de
ainsi que les attributions des des actions très difficiles pour surveillance et d’intervention
autorités de commandement. ce dernier et ne semblait plus dont les missions ne se
Ils sont articulés en nombre s’adapter au défi de l’effficacité limitaient pas seulement à des
renforts aux unités territoriales.
Ainsi, avec la mise sur pied des
groupements de gendarmerie
mobile, les escadrons mobiles
deviennent tous des escadrons
de surveillance et d’intervention
avec un impact sécuritaire
remarquable compte tenu de
leur renforcement en termes
de moyens opérationnels
réadaptés.
Les mutations de
l’environnement sécuritaire
et l’hybridation des menaces
26
Magazine quadrimestriel d’information de la Gendarmerie nationale N° 28 - Janvier 2021

qui étaient naguère fixes et
appréhendées, ont nécessité
une réadaptation des
forces d’où la création des
groupements de gendarmerie
mobile. En effet, l’insécurité a
atteint, ces dernières années,
des proportions insoupçonnées
sur toute l’étendue du
territoire national, selon qu’elle
concerne la personne dans son
individualité ou la communauté
dans son ensemble. Qu’il
s’agisse d’actes isolés ou non,
la population est en proie à une
criminalité multiforme, souvent
mouvante et particulièrement
déconcertante.
Une transformation des acteurs
tout comme une mutation
de leurs activités se sont
opérées au gré des évolutions
de l’environnement. Cet
état de fait nécessitait une
reconfiguration et une posture
proactive pour assurer la
sécurité des personnes et des
biens. Ainsi, les groupements de
gendarmerie mobile à travers les
patrouilles, les nomadisations
et les visites de secteur qu’ils
organisent, sont devenus des
acteurs importants dans la
recherche du renseignement et
la dissuasion pour la sécurité
territoriale.
A cela s’ajoute la criminalité
transnationale étroitement liée
au terrorisme dont le Sahel
demeure le terreau. Il nécessite
une attention particulière
de la part des forces de
gendarmerie. Et l’une des
caractéristiques principales des
escadrons de surveillance et
d’intervention qui constituent
les groupements mobiles, est
leur réversibilité. En effet,
Magazine quadrimestriel d’information de la Gendarmerie nationale N° 28 - Janvier 2021
DOSSIER
grâce à leur entrainemen, leur
équipement, leur armement et
leurs actions en unité constituée,
ils sont capables de muer d’une
situation de sécurité calme à
une opération de combat de
moyenne intensité notamment
dans le cadre de la défense
opérationnelle du territoire.
Enfin, le maillage des
groupements de gendarmerie
mobile dans le territoire national
particulièrement dans les zones
frontalières constituent des
remparts contre la criminalité
transfrontalière.
En définitive, force est
de reconnaitre que les
groupements de gendarmerie
mobile constituent une plus-
value pour la sécurité intérieure
en ce sens qu’ils permettent de
faire face à situation sécuritaire
changeante, à une criminalité
et à des acteurs multiformes.
Provision de puissance
du commandement, leur
vulgarisation permettrait de
combler le gap dans le maillage
territorial et de développer
corrélativement la gendarmerie
de proximité.
27
 DOSSIER
L’APPUI DU CNIC AUX UNITES TERRITORIALES DANS LE CADRE DES MISSIONS JUDICIAIRES
Capitaine Ablaye BA
Commandant Compagnie de Gendarmerie de Louga
L
a mutation dans
l’administration des moyens
de preuves ôte la primeur
à l’aveu et contraint, l’officier
de police judiciaire à présenter
des preuves irréfutables pour
asseoir la culpabilité des agents
pénaux. Punir le crime passe par
le préalable de l’identification
du criminel et par la preuve
qu’il a commis son acte.
Preuve qui permet à la justice
de le sanctionner. A cet effet,
la preuve scientifique, par sa
rigueur suffit à attester de
l’existence d’un fait et à aider
à la manifestation de la vérité
dans le respect du principe
à valeur constitutionnelle de
la présomption d’innocence.
Ainsi, la preuve scientifique a
gagné une place de choix dans
le processus judiciaire.
Consciente de ce fait, la
Gendarmerie avec l’appui de la
coopération française a créé un
Centre National d’Identification
28
Magazine quadrimestriel d’information de la Gendarmerie nationale N° 28 - Janvier 2021
Criminelle (CNIC). Depuis sa
création, le CNIC apporte un
appui déterminant aux unités
territoriales dans le cadre des
missions judiciaires.
En effet, figurant parmi les
missions essentielles du CNIC,
l’appui aux unités en est l’une
des plus importantes. Basée sur
une méthodologie bien définie,
l’intervention des techniciens
sur les scènes de crimes
constitue une étape primordiale
dans la détermination future
des agents pénaux. A ce titre,
le CNIC, à travers son expertise,
sert de consultant aux unités
territoriales dans la résolution
des affaires criminelles très
complexes.
Ainsi l’appui du CNIC aux
unités territoriales dans le
cadre des missions judiciaires
pourrait être saisi à travers trois
points essentiels. Il s’agit de la
gestion de la scène du crime,
de la collecte des indices et
de la rédaction des rapports
d’expertise.
LA GESTION DE LA SCENE
DU CRIME
Lors de la commission d’une
infraction, la survenue
d’évènements graves ou même
la découverte de cadavre dont
les causes de la mort sont
difficiles à déterminer, les
premières constatations sont
toujours déterminantes pour
la manifestation de la vérité.
Les unités de police judiciaires
étant souvent limitées pour
investir de tels lieux reçoivent
l’appui du CNIC. Dans ce
cadre précis, l’intervention du
CNIC consiste en une gestion
rationnelle et minutieuse des
lieux où ces évènements se sont
déroulés, afin d’y rechercher
des traces et des indices
pouvant aider les enquêteurs
des unités territoriales à
comprendre ce qui s’est passé.
Dans bien de nombreux cas,
le fruit de ces opérations ont
permis d’asseoir des éléments
de preuves factuels, confondre
des suspects et identifier des
coupables.
LA COLLECTE DES ELEMENTS
DE PREUVES
L’une des tâches les plus
importantes des interventions
du CNIC consiste à identifier
et collecter sur la scène des
traces et des indices pouvant
constituer des éléments de
preuves. Souvent éphémères
et fragiles ces traces et indices
appellent, de la part des
techniciens, adresse, vigilance
et ingéniosité quant à leur

préservation, leur collecte et
leur traitement, en passant par
leur transport. Le prélèvement
des traces de pneus, de
chaussures, de fluides, liquides
et d’empreintes digitales s’est
avéré déterminant dans la
résolution d’affaires judiciaires
dont l’issue n’était pas évidente
dès les premières heures de
l’enquête. Avec l’appui du
CNIC, les unités territoriales ont
pu résoudre plusieurs affaires
judiciaires au cours desquelles
les preuves scientifiques
apportées par le CNIC ont
donné un tournant décisif
aux enquêtes. Grâce aux
interventions du CNIC les
enquêteurs parviennent à aux enquêteurs des unités
désigner, comme suspects, des
individus que tout semblait
écarter au début de l’enquête.
Dans la même logique, grâce
à ces mêmes preuves, des
individus ont été écartés d’une
liste de suspects potentiels
vers qui tous les soupçons
convergeaient.
LA REDACTION DES
RAPPORTS D’EXPERTISE
A l’issue du travail
d’investigation sur scène, les
techniciens du CNIC procèdent
à l’établissement de rapports
d’expertise sous la forme de
procès-verbaux techniques.
C’est pourquoi, en plus du
savoir-faire sur le terrain et
des qualités techniques, il
est exigé des agents du CNIC
une bonne compétence
rédactionnelle. Ainsi, à la suite
des investigations sur scène, les
techniciens du CNIC délivrent
territoriales des procès-verbaux
techniques qu’ils joignent à leurs
procédures. Ces procédures
techniques étayent jusque dans
les moindres détails l’historique
des faits et permettent leur
Magazine quadrimestriel d’information de la Gendarmerie nationale N° 28 - Janvier 2021
DOSSIER
parfaite reconstitution, en cas
de besoins. Leur travail initial
rendu, les techniciens du CNIC
peuvent être à nouveau saisis,
des mois ou des années après
pour apporter des précisions
dans le cadre des instructions
judiciaires qui suivent les
périodes de flagrance.
En définitive, le travail de fond
des unités territoriales dans le
cadre des missions judiciaires
notamment, les recoupements,
les vérifications, les filatures,
la mise en perspective de
l’enchaînement des faits et du
croisement des indices restent
indispensables et doivent se
renforcer mutuellement avec
l’appui de la preuve scientifique
dans le cadre d’un débat
contradictoire et loyal.
Qui plus est, la perspective
de restructuration du centre
en plusieurs départements
dont, la biologie, la chimie,
la toxicologie, les stupéfiants,
la balistique, la fraude
documentaire, les incendies et
explosifs ainsi que la réalisation
d’un laboratoire d’analyse
permettra d’élargir le spectre
des domaines d’intervention
et d’éviter le recours à des
structures privées dans le cadre
de certaines enquêtes.
29
 DOSSIER
URBANISME ET SÉCURITÉ PUBLIQUE, UN LIEN PERMANENT
Capitaine Ousmane FAYE
L
Commandant 1er Escadron Porté (LGI)
’urbanisation «incontrôlée»
et l’agriculture intensive
pour nourrir une population
croissante sur des terres limitées sont
les conséquences les plus visibles
de la croissance démographique.
En Afrique, le foncier est l’enjeu
de nombreux conflits. Le Sénégal
avec un taux d’urbanisation
supérieure à 40% n’y échappe pas.
L’usage des terres pour l’habitat
ou pour l’agriculture est source
de conflictualité et d’insécurité
récurrente. Paradoxalement, un
riche corpus juridique est adopté
pour encadrer la gestion des terres.
Mais les problèmes sociaux liés à
l’urbanisme restent actuels.
L’urbanisation incontrôlée est
indubitablement source d’insécurité
publique à plusieurs égards dans la
mesure où elle rompt les équilibres
sociaux économiques nécessaires
pour le développement national.
L’ignorance de la législation sur la
question est le premier facteur de
conflits. Il convient de rappeler ces
textes avant d’exposer quelques
problèmes qui découlent de la
gestion des terres. Enfin quelques
pistes de solutions seront suggérées.
30
Magazine quadrimestriel d’information de la Gendarmerie nationale N° 28 - Janvier 2021
I) Un corpus juridique riche et
varié mais largement ignoré
Sans être exhaustif
nous rappellerons ici : les textes
relatifs au domaine national,
au domaine de l’Etat, autres
titres appartenant aux privés, à
l’expropriation pour cause d’utilité
publique et des textes spéciaux
ayant un lien avec l’urbanisme.
A) Domaine national
✓ Loi n°64-46 du 17 Juin
1964 relative au Domaine national
✓ Décret n°64-573 du 30
Juillet 1964 fixant les conditions
d’application de la loi n°64- 46 du
17 Juin 1964 relative au Domaine
national
✓ Décret n°64-574 du 30
juillet 1964 portant application
de l’article 3 de la loi n°64- 46
du 17 Juin 1964, relative au
domaine national autorisant, à
titre transitoire, l’immatriculation
au nom des occupants ayant réalisé
une mise en valeur à caractère
permanent;
✓ Décret n°66-858 du 07
Novembre 1966 portant application
de l’article 5 de la loi n°64-46 du
17 Juin 1964 relative au domaine
national et fixant les conditions
de l’administration des terres
du domaine national à vocation
agricole dans les zones urbaines
✓ Décret n°72-1288 du 27
Octobre 1972 relatif aux conditions
d’affectation et de désaffectation
des terres du domaine national
comprises dans les communautés
rurales modifié
✓ Décret n°80-268 du 10
Mars 1980 portant organisation
des parcours du bétail et fixant
les conditions d’utilisation des
pâturages
✓ Décret n°87-720 du 04
juin 1987 portant reversement de
certaines zones pionnières dans la
zone des terroirs
B) Domaine de l’Etat
✓ Loi n°76-66 du 2 Juillet
1976 portant Code du Domaine de
l’Etat, modifiée par la loi n°85-15
du 25 février 1985
✓ Décret n°81-557 du 21 Mai
1981 portant application du Code
du Domaine de l’Etat en ce qui
concerne le Domaine Privé modifié;
✓ Loi n°87-11 du 24 Février
1987 autorisant la vente de terrains
domaniaux destinés à l’habitation
situés en zones urbaines;
✓ décret 78-603 du 28
juin 1978 instituant une taxe
pour la délivrance de certaines
pièces relatives aux opérations
d’urbanisme et d’habitat
✓ Décret n°87-271 du 03
Mars 1987 portant application de
la loi n°87-11 du 24 Février 1987
autorisant la vente de terrains
domaniaux situés en zones urbaines
destinés à l’habitation;
✓ Décret n°88-826 du 14
Juin 1988 abrogeant et remplaçant
certaines dispositions du décret
n°87-271 du 03 Mars 1987 portant
application de la loi n°87-11 du 24
Février 1987 autorisant la vente
de terrains domaniaux destinés
à l’habitation situés en zones

urbaines ;
✓ Loi n°94-64 du 22 Août
1994 autorisant la vente de terrains
domaniaux à usage industriel ou
commercial ;
✓ Décret n°95-737 du 31
Juillet 1995 portant application de
la loi n°94-64 du 22 Août 1994
autorisant la vente de terrains
domaniaux à usage industriel et
commercial
✓ Loi n°95-12 du 07 Avril
1995 autorisant la vente du
domaine privé immobilier bâti
de l’Etat à usage d’hôtels ou de
réceptifs touristiques et de ses
dépendances ;
✓ Loi n°74-20 du 24 juin
1974 portant classement du réseau
routier national et fixant le régime
domanial de ce réseau;
✓ Décret n°74-718 du 19
juillet 1974 relatif au classement
du réseau national
✓ Décret n°2010-1445 du 4
novembre 2010 relatif à la pose
ou dépose de conduites diverses
et à l’occupation de l’emprise des
routes et voies du réseau routier
classé
✓ Décret n°2010-399 du
23 mars 2010 abrogeant le
décret n°60-36/MF du 26 janvier
1960 portant fixation du taux
des redevances pour occupation
temporaire du domaine public de
l’Etat, portant fixation du barème
des redevances pour occupation
temporaire du domaine public de
l’Etat ;
✓ Décret n°2010-400 du 23
mars 2010 portant barème des
prix du loyer pour occupation du
domaine privé immobilier de l’Etat
✓ Arrêté ministériel n°2781/
MEF/DGID du 22 mars 2010
portant barème des prix de vente
des terrains domaniaux
C) Titre appartenant à des
particuliers
✓ Loi n°2011-06 du 30 mars
2011 portant transformation des
permis d’habiter et titres similaires
en titres fonciers ;
✓ Loi n°2011-07 du 30 mars
2011 portant régime de la propriété
foncière
✓ Décret n°2012-1270 du 08
novembre 2012 portant application
de la loi n°2011-06 du 30 Mars
2011 portant transformation des
permis d’habiter et titres similaires
en titres fonciers ;
✓ Loi n°77-85 du 10 Août
1977 soumettant à autorisation
préalable certaines transactions
immobilières ;
✓ Décret n°77-754 du
20 Septembre 1977 fixant les
conditions d’application de la loi
n°77-85 du 10 Août 1977;
✓ Loi n°88-04 du 16 juin 1988
portant statut de la copropriété des
immeubles bâtis
✓ Décret n°2002-160 du 15
février 2002 portant application
de la loi n°88-04 du 16 juin 1988
portant statut de la copropriété des
immeubles bâtis
✓ Décret n°2010-439 du 6
avril 2010 abrogeant et remplaçant
le décret n°88-74 du 18 janvier
1988 fixant le barème du prix des
terrains nus et des terrains bâtis,
applicable en matière de loyer
D) Expropriation pour cause
Magazine quadrimestriel d’information de la Gendarmerie nationale N° 28 - Janvier 2021
DOSSIER
d’utilité publique
✓ Loi n°76-67 du 02 Juillet
1976 relative à l’expropriation
pour cause d’utilité publique et
aux autres opérations d’utilité
publique, modifiée par la loi n°85-
02 du 03 janvier 1985 remplaçant
le premier alinéa de l’article 31 de
la loi n°76-67 du 02 juillet 1976 et
la loi n°2005-20 du 05 août 2005
abrogeant et remplaçant l’article 4
de la loi n°76-67 du 02 juillet 1976
✓ Décret n°77-563 du 03
Juillet 1977 portant application de
la loi n°76-67 du 02 Juillet 1976
relative à l’expropriation pour
cause d’utilité publique et aux
autres opérations foncières d’utilité
publique
E) Textes spéciaux
Code de l’urbanisme
✓ Loi n° 2008-43 du 20 août
2008 portant Code de l’Urbanisme
✓ Loi n° 2009-26 du 8 juillet
2009 modifiant l’article 68 de la
loi n° 2008-43 du 20 août 2008
portant Code de l’Urbanisme.
✓ Décret n° 2009-1450
du 30 décembre 2009 portant
partie règlementaire du Code de
l’Urbanisme.
Code de la construction
✓ Loi n° 2009-23 du 8
juillet 2009 portant code de la
construction partie législative
✓ Décret n°2010-99 du 27
janvier 2010 portant code de la
construction (partie règlementaire)
✓ Code forestier
✓ Loi n°98-03 du 08 janvier
1998 portant Code forestier,
modifiée par la loi n°2010-02 du 12
mars 2010 remplaçant les articles
31
 DOSSIER
L47 et L48 de la loi n°98-03 du 08
janvier 1998 portant code forestier,
relatifs aux feux de brousse
✓ Décret n°98-164 du 20
Février 1998 portant application
de la loi n°98-03 du 8 Janvier 1998
portant Code forestier;
✓ Décret n°96-572 du 09 juillet
1996 fixant les taxes et redevances
en matière d’exploitation forestière,
modifié par le décret n°2001-217
du 13 Mars 2001 abrogeant et
remplaçant l’article 3 du décret
n°96-572 du 09 Juillet 1996
✓ La loi n° 78-43 du 2 juillet
1978 portant orientation de
l’architecture sénégalaise ;
✓ La loi n° 83-71 du 5 juillet
1983 portant Code de l’hygiène ;
✓ Loi 2001-01 du 15
janvier 2001 portant Code de
l’Environnement ;
II) L’ignorance de ces
textes est source de plusieurs
problèmes notamment
sécuritaire
D’abord, les récurrentes révoltes
paysannes contre l’attribution des
terres du domaine national pour
la production agro-industrielle
préoccupent tous les acteurs.
Ensuite, les troubles à l’ordre
consécutifs au lotissement et
délibération dans certaines zones
urbaines et périurbaines font
souvent la une des média. La
fréquence de ces révoltes renseigne
sur la réalité du phénomène.
Ensuite, le contentieux judiciaire
lié aux transactions immobilières
est sans précédent. De plus
l’occupation illégale de la voie
32
Magazine quadrimestriel d’information de la Gendarmerie nationale N° 28 - Janvier 2021
publique entrave la mobilité
particulièrement à Dakar. En
effet, certaines rues des grandes
agglomérations sont encombrées
par les vendeurs à la sauvette
ou des installations précaires «
devenues permanentes ». Elles
ralentissent la mobilité, causent des
accidents et présentent un mauvais
décor malgré les efforts des
autorités pour rendre les villes plus
modernes. Enfin, les constructions
anarchiques dans certaines villes
ou quartier (Ouakam, Yoff, Bargny,
Téfess) sont particulièrement
problématiques. Elles posent un
problème d’hygiène et de santé
public et surtout d’accessibilité
pour les soldats du feu et les
forces de maintien de l’ordre.
Pourtant, il s’agit de quartier où
les agressions, les incendies et
les troubles à l’ordre publics sont
assez fréquents. Généralement la
gendarmerie est en première ligne
dans ces conflits. Sa compétence
particulière en zone rurale et sur les
voies de communication la mettent
au contact des acteurs des litiges
fonciers.
Ainsi le gendarme, sans être
géomètre, ni urbaniste est
interpellé par ces questions de
société. Il est nécessaire qu’il ait
une base de connaissance dans ce
domaine.
III) Une connaissance des
dispositions juridiques dans ce
domaine est indispensable pour
le gendarme
Plusieurs actions sont déjà menées
dans ce sens. L’enregistrement
des lois dans le dossier permanent
permet de disposer de l’essentiel
des textes. Mais aujourd’hui :
les régimes domaniaux existants
au Sénégal, la procédure
d’expropriation, le régime de la
propriété foncière, les infractions
foncières et leur régime restent
largement méconnues. Que faut-il
faire ?
Premièrement la mise à jour et
l’usage du DP dans les unités
territoriales doit être une priorité.
Elle permettra aux commandants
de compagnie et commandant
de brigade de disposer des
outils pour mieux jouer leur
rôle de conseilleur de l’autorité
administrative. Deuxièmement
chaque gendarme doit prendre
conscience de la nécessité de
bien connaitre la législation pour
éviter les transactions immobilières
litigieuses. Aussi, il est nécessaire
d’avoir une structure outillée et
dédiée à la question foncière et
domaniale. La création du Centre
des Affaires Immobilière est à
ce propos salutaire. En dernier
lieu, le commandement pourrait
introduire le cours de droit foncier
et domanial dans les programmes
de formation du personnel en
plus des séminaires et conférences
souvent organisés.
En définitive, les problèmes
liés à l’urbanisme en particulier
interpellent la gendarmerie du
fait de sa place dans l’architecture
sécuritaire nationale. Homme de
loi et spécialiste de l’ordre public, le
gendarme doit être à cheval sur les
nombreux textes qui constituent la
base de son intervention.

LA PROBLEMATIQUE DE LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME
Colonel Ibou WATHIE
Commandant Légion de Gendarmerie Ouest
A
u cœur des grands
bouleversements qui
affectent le système
mondial, l’une des menaces les
plus inquiétantes, qui hantent les
esprits à tous les niveaux, demeure
le terrorisme sous toutes ses
formes. Selon le « Larousse », c’est
un « ensemble d’actes de violence
(attentats, prises d’otages, etc.)
commis par une organisation ou
un individu pour créer un climat
d’insécurité, pour exercer un
chantage sur un gouvernement,
pour satisfaire une haine à l’égard
d’une communauté, d’un pays,
d’un système » . Cependant, il
faut noter que chaque pays ou
organisation a cerné la question
suivant son vécu. C’est pourquoi
une masse impressionnante
de publications est consacrée
au terme terrorisme dont, il
faut le reconnaitre, « (…) son
étude scientifique demeure
problématique, dispersée (…)» .
Ce qui a conduit inéluctablement
à une multitude de définitions
qui constituent la véritable pierre
d’achoppement de toutes les
études effectuées sur cette notion.
Par ailleurs, l’accord des chercheurs
sur la gravité de la menace sur la
paix et la stabilité internationales
ne signifie nullement l’accord sur
ses racines, l’appréhension de ses
acteurs, mécanismes ou modalités
d’expression et sur les solutions
envisageables pour la contenir.
En effet, devant cette réalité
complexe, le pays de la « teranga
» (hospitalité) présente des
vulnérabilités du fait de sa place
sur l’échiquier international, de sa
proximité avec les pays victimes
d’attaques terroristes (Mali,
Burkina Faso, Niger, Côte d’Ivoire,
etc.) et dont les ressortissants
peuvent se déplacer librement
au Sénégal en raison des accords
de libre circulation des personnes
et biens dans l’espace CEDEAO.
Aussi, sa position géographique
fait de notre pays un espace
d’échanges, carrefour des flux
aériens, maritimes et terrestres en
provenance de divers horizons.
Les prises de position du Sénégal
en faveur de la démocratie, de
la liberté, des droits de l’homme
et sa stabilité incontestable font
de lui un terrain prisé par un
nombre important d’organisations
internationales ayant leur siège
à Dakar, des représentations
diplomatiques ainsi qu’une
multitude de rencontres
Magazine quadrimestriel d’information de la Gendarmerie nationale N° 28 - Janvier 2021
DOSSIER
internationales dans tous les
domaines d’activités. Regorgeant
de nombreuses cibles potentielles
(symboles de l’Etat, installations
de la SENELEC, de la SONATEL,
de la SEN’EAU), le Sénégal est à
la croisée du développement des
réseaux sociaux, très difficiles à
surveiller, qui pourrait être convoité
par les groupes terroristes comme
un excellent outil de propagande
et de recrutement.
Et pourtant, entre 2018 et 2019,
les attaques terroristes en Afrique
de l’Ouest ont occasionné 592
morts au Mali, 593 au Burkina
Faso et 1245 au Nigéria pour ne
citer que ceux-là.
Même si ces vulnérabilités
exposent le Sénégal à des attaques
terroristes, il n’en demeure pas
moins que les forces de défenses et
de sécurité continuent à s’inscrire
dans une dynamique empreinte
de cohérence, de synergie des
efforts et de gestion efficiente
des problèmes de sécurité. Cette
posture demeure étendue à
l’ensemble du territoire national à
l’heure où les menaces multiformes
et diffuses déstructurent le vécu
des citoyens et compromettent
leur développement harmonieux
en les condamnant à l’insécurité
permanente face à des mécanismes
de lutte peu efficaces.
Dès lors, le choix porté sur « la
problématique de la lutte contre
33
 DOSSIER

le terrorisme est d’une brulante
actualité » et se justifie à plus d’un
titre car, aujourd’hui, l’évidence
est manifeste et indéniable que
l’émergence ouest africaine est
plombée par le trafic de drogue,
la criminalité transfrontalière, la
circulation des armes mais surtout
le terrorisme qui demeure toujours
invaincu.
Par conséquent, ce thème offre
une belle opportunité pour jeter les
bases d’une réflexion prospective
afin de mieux comprendre ce défi
sécuritaire (I), mettre en place
des mécanismes de lutte plus
efficaces et sans cesse adaptés à
cette menace très mouvante et
polymorphe (II) et en conclusion
dégager quelques perspectives.
I - Quelques généralités sur la
menace terroriste en Afrique
de l’Ouest.
L’étude du thème requiert un
panorama des objectifs et la
cartographie sommaire des
groupes terroristes (11) et
l’énumération des modes d’actions
connues et probables (12).
11 – les objectifs et la
cartographie sommaires des
groupes terroristes
D’une part, le sahel est le théâtre
de différents groupes terroristes
dont l’objectif, au regard de leurs
modes opératoires, de leurs cibles,
et de la stratégie qu’ils mettent en
place, peut être décliné en quatre
(04) agendas:
• Agenda militaire et
géographique : ces groupes évoluant en Afrique de l’ouest et
hétérogènes, bien structurés, se les pays dans lesquels ils opèrent .
répartissent les tâches et les zones 12 – Les modes d’actions
– ce qui les rend plus fluides et connus et probables
difficilement localisables. Cette D’autre part, depuis son
stratégie leur permet de mettre à émergence, les terroristes
rude épreuve les armées régulières, s’adaptent et changent
puisqu’ils élargissent au maximum en permanence les modes
le front du combat. opératoires utilisés en fonction
• Agenda économique : des particularités de chaque pays.
créer un couloir pour fluidifier Au Sénégal, par exemple, ils
et alimenter l’économie grise au pourraient :
sahel et dans le Sahara. - Perpétrer des attaques
• Agenda politique : armées isolées ou simultanées sur
exacerbation des tensions des objectifs militaires ou civils ;
communautaires, harcèlement et - Procéder à des prises
déstabilisation de l’État. d’otages (hautes personnalités,
• Agenda religieux : ressortissants des pays étrangers,
instauration d’un Etat islamique etc.) avec demandes de rançon ;
dans lequel la « charia » constitue - Faire des actes de
l’échelle de référence de toutes les sabotage (Piratage des systèmes
activités qui y sont effectuées. de communication, infrastructures
La figure qui suit met en exergue vitales…) ;
les différents groupes terroristes - Conduire des attaques

34
Magazine quadrimestriel d’information de la Gendarmerie nationale N° 28 - Janvier 2021

à main armée sur des objectifs
d’opportunité (hôtels,
ambassades, sièges d’institutions
internationales, multinationales,
édifices publics et religieux…) ;
- Saboter des installations
clés (usines, infrastructures…)
- Utiliser les réseaux sociaux
pour vulgariser l’idéologie
terroriste, recruter et former
de nouveaux combattants et
coordonner leurs actions ;
Qui plus est, il faut noter que
ces modes d’action ont tendance
à évoluer vers des techniques
plus affinées, mieux élaborées et
difficilement détectables par les
forces de sécurité.
Dans ce cadre, les réflexions
et la finesse des stratégies des
terroristes pourraient aboutir à
des:
- objets piégés (imprimante
dotée de cartouches modifiées,
transformation de la batterie de
l’ordinateur, etc.) ;
- chiens kamikazes, femmes
et enfants kamikazes (utilisés par
les talibans et Boko Haram) ;
- slips explosifs (ex. du cas
de Umar Farouk Abdulmutalab) ;
- bombes anales ou
suppositoires (utilisée par AQPA) ;
- prothèses mammaires
explosives (indétectables à la
palpation et au scanner) ;
- bombe-ventouses (objets
miniaturisés et faciles à dissimuler).
Même si ces modes d’action ont
été expérimentés ailleurs, il n’en
demeure pas moins qu’ils peuvent
être utilisés pour commettre des
attentats au Sénégal. Ce qui nous
amène à repenser les mécanismes
de lutte pour plus d’efficacité dans
l’action.
II - Les mécanismes actuels de
lutte
La lutte contre le terrorisme trouve
son fondement dans la nécessité
d’être en conformité avec les
conventions internationales
pertinentes et de traduire en
actes l’alinéa 1er de l’article 6
de la constitution du Sénégal
qui stipule que « La personne
humaine est sacrée. L’Etat a
l’obligation de la respecter et de
la protéger ». Elle nécessite un
corpus juridique solide (21) et un
dispositif opérationnel efficace et
adapté (22).
21 – le cadre juridique
Déjà, le cadre juridique
international a scellé des bases
solides servant de socle aux pays
pour asseoir une stratégie de lutte
efficace contre le terrorisme.
Les textes les plus importants sont
: conditions
- la convention sur les stupéfiants
(New-York 1961)
- la convention sur le trafic illicite
de stupéfiants (Vienne 1988)
- la convention internationale
pour la répression du financement
du terrorisme des nations Unies
du 09 décembre 1999.
- la convention de Palerme sur
la criminalité transnationale
Magazine quadrimestriel d’information de la Gendarmerie nationale N° 28 - Janvier 2021
DOSSIER
organisée (New York 2000)
- la convention de 1973 pour la
prévention et la répression des
infractions contre les personnes
protégées internationalement
- la convention de 1979 contre la
prise d’otages
- la convention de 1997 pour la
répression des attentats à l’explosif
Sur le plan régional, il s’agit de :
- la convention de l’OUA du 1er
juillet 1999 sur la prévention et la
lutte contre le terrorisme : définit
l’acte terroriste, fixe les domaines
de coopérations (extradition,
entraide judiciaire, etc.) et son
protocole du 08 juillet 2004
- la convention de 2003 sur la
lutte contre la corruption
- la convention de 2014 sur la
cybersécurité et la protection des
données personnelles
- la convention de 2014 sur la
coopération transfrontalière
- la convention relative à l’entraide
judiciaire en matière pénale (29
juillet 1992)
- la convention d’extradition
(06 août 1994) : les principes,
et limites de
l’extradition.
- le protocole sur la lutte contre la
corruption (2001)
- la convention sur les armes
légères (2006)
- la Directive n°04/2007/CM/
UEMOA relative à la lutte contre
le financement du terrorisme
dans les Etats membres de l’union
économique et monétaire ouest
35
 DOSSIER
africaine (UEMOA) du 04 juillet
2007.
- le Groupe Intergouvernemental
d’Action Contre le Blanchiment
d’Argent en Afrique de l’Ouest
(GIABA) est une Institution
Spécialisée de la CEDEAO et un
Organe Régional de type GAFI
qui promeut des politiques afin
de protéger le système financier
des Etats membres contre le
blanchiment de capitaux, le
financement du terrorisme, et le
financement de la prolifération
des armes de destruction massive.
- le West African Police
Information System (WAPIS) créé
en 2010 et fruit du partenariat
entre INTERPOL et la CEDEAO.
Ce système facilitera l’échange
d’informations policières à travers
un canal sécurisé et permettra
l’accès aux données policières
mondiales à travers le système
de communication d’INTERPOL:
I-24/7. Les pays concernés sont
le Bénin, le Burkina-Faso, le Cape
Verde, la Côte d’Ivoire, la Gambie,
le Ghana, la Guinée, la Guinée
Bissau, le Libéria, le Mali, la
Mauritanie (observateur), le Niger,
le Nigéria, le Sénégal, la Sierra
Léone, le Togo.
Au niveau national, le Sénégal
s’est doté d’un cadre juridique
performant et adapté.
La Cellule Nationale de Traitement
des Informations Financières
(CENTIF) du Sénégal créée par
la loi uniforme n°2004-09 du
36
Magazine quadrimestriel d’information de la Gendarmerie nationale N° 28 - Janvier 2021
06 février 2004 relative à la
lutte contre le blanchiment de
capitaux. Ladite loi a été adoptée
en application de la Directive
n° 07/2002/CM/UEMOA du 19
septembre 2002 du Conseil des
Ministres de l’Union Economique
et Monétaire Ouest Africaine
(UEMOA). Les compétences de
la Cellule ont été élargies à la
lutte contre le financement du
terrorisme aux termes de la loi
uniforme n°2009-16 du 02 mars
2009. « Elle joue un rôle central
dans le dispositif national de lutte
contre le blanchiment de capitaux
et le financement du terrorisme
(LBC/FT). »
La loi uniforme 2009-16 relative
à la lutte contre le financement
du terrorisme abrogeant l’article
279-3 du code pénal, publiée le
02 mars 2009, pose à travers ses
articles 4,5 et 6 des incriminations
réprimant l’association, l’entente
ou la complicité en vue du
financement du terrorisme. Elle
réprime aussi le blanchiment de
capitaux commis dans le cadre
des activités terroristes. Les peines
prévues pour ces infractions sont
de 10 ans d’emprisonnement au
moins et d’une amende égale
au moins au quintuple de la
valeur des biens ou des fonds sur
lesquels ont porté les opérations
de financement du terrorisme.
Aussi, le législateur sénégalais
s’est efforcé d’adapter sa
législation nationale aux normes
internationales que nous venons
de rappeler. Cet effort s’est traduit
par l’adoption, en 2007 et 2016,
de nouvelles règles introduites
dans le Code Pénal et le Code
de Procédure Pénale. Elles ont
introduit dans notre droit positif
l’incrimination d’actes terroristes
tout en prévoyant une procédure
spéciale dans la recherche, la
poursuite et le jugement de ces
faits.
Par ailleurs, le Sénégal collabore
avec le Centre Africain de
Recherche et d’Etudes sur
le Terrorisme (CAERT) créé
conformément aux dispositions du
Plan d’action de l’Union Africaine
pour la prévention et la lutte
contre le terrorisme.
Le Sénégal a aussi signé et ratifié
la convention de Chicago relative
à l’aviation civile internationale le
07 décembre 1944 qui stipule que
« chaque Etat contractant veillera
à ce qu’à chaque aéroport servant
à l’aviation civile, une autorité soit
chargée de coordonner la mise en
œuvre des contrôles de sûreté » .
22 – Le dispositif opérationnel
Il convient de relever sa pertinence
conjuguée à une cohérence qui
ne laisse aucun doute sur les
aptitudes à faire face aux menaces
émergentes.
En effet, si notre pays est
épargné jusque-là par des actions
terroristes directes bien que
touchant des pays frontaliers, cela
est dû en partie aux différentes

mutations opérées dans le cadre
opérationnel et touchant divers
domaines.
Ainsi, une grande réforme a été
entreprise récemment dans les
activités de renseignement avec la
création à l’échelon de la Présidence
de la République de la Délégation
au Renseignement national (DRN).
Elle regroupe la Direction générale
du renseignement extérieur
(DGRE) et la Direction générale du
renseignement intérieur (DGRI).
Elle constitue la structure chargée
de mettre en synergie les actions
des unités et services qui s’activent
dans le domaine du renseignement
à travers une communauté. Il était
important de souligner au premier
plan la question du renseignement
dans la mesure où la guerre contre
le terrorisme repose entièrement
sur la capacité d’anticipation et de
prévention guidées par une base
de données fiables sur la menace.
Plusieurs services interviennent
dans la lutte contre le terrorisme au
Sénégal. Cependant, l’accent sera
mis sur le dispositif opérationnel
de la gendarmerie ainsi que les
évolutions souhaitées.
A ce titre, il convient de mettre en
exergue les efforts consentis pour
renforcer les capacités des unités
spécialisées à la hauteur des défis
sécuritaires. Des unités d’élite et
spécialisées sont venues renforcer
le maillage notamment :
✓ le Centre d’Analyse
et de Prospection (CAP), une
structure dédiée au recueil,
exploitation, analyse et diffusion
du renseignement au sein de
la gendarmerie. Il participe
activement à toutes les opérations
effectuées par les unités de
gendarmerie en tant qu’élément
d’appui.
✓ le Groupement
d’Intervention de la Gendarmerie
Nationale (GIGN), créé par le
décret 82-12 du 20/01/1982, qui
dispose expressément, que le «
GIGN participe aux opérations
déclenchées à l’occasion de
certains événements graves,
tels que actes de terrorisme ou
de banditisme, prises d’otages,
révoltes en milieu pénitentiaire,
et nécessitant notamment
pour aboutir à la neutralisation
d’individus très dangereux,
l’utilisation de techniques et des
moyens particuliers d’intervention
» . En outre, il est outillé pour
participer « aux opérations
déclenchées à l’occasion de
certains événements graves,
tels que actes de terrorisme ou
de banditisme, prises d’otages,
révoltes en milieu pénitentiaire,
et nécessitant notamment
pour aboutir à la neutralisation
d’individus très dangereux,
l’utilisation de techniques et des
moyens particuliers d’intervention
».
✓ les brigades de recherche
avec leurs GOS (Groupe
d’observation et de surveillance),
Magazine quadrimestriel d’information de la Gendarmerie nationale N° 28 - Janvier 2021
DOSSIER
formées et équipées pour
prendre en charge des enquêtes
nécessitant des compétences
particulières, notamment en
matière d’identification criminelle.
✓ les escadrons territoriaux,
qui sont en voie de transformation
en escadron de surveillance
et d’intervention, mises à la
disposition des commandants
de légion pour le maintien de
l’ordre, la défense opérationnelle
du territoire et l’appui aux autres
unités.
✓ le Groupe d’Action Rapide
de Surveillance et d’Intervention
(GARSI) spécialement formé
et équipé pour lutter contre le
terrorisme.
✓ Les centres opérationnels
de légion (COL) constituent
des cellules de coordination et
de renseignement mises à la
disposition des commandants de
légion.
✓ le Cynogroupe doté
d’équipes dédiées à la recherche
d’explosifs entre autres
spécialisations.
✓ la Section de
l’environnement spécialisée dans
les enquêtes en milieu portuaire
et marin, équipée de matériels
de plongée sous-marine et de
recherche de renseignements.
✓ Les Escadron de Surveillance
et d’Intervention (ESI) équipés
et entraînés pour faire face aux
différentes menaces identifiées à
37
 DOSSIER
nos frontières, notamment dans
la zone frontalière et dans les
espaces de transit à l’intérieur du
pays, à Ourossogui (Nord), Bakel
(Est), Kédougou (Sud-est) et à
Linguère (zone de transit) entre
autres. Leurs missions sont de
trois ordres:
o Participer aux initiatives
régionales de lutte contre le
terrorisme
o Soutenir les unités
territoriales (éventuellement
opérations militaires)
o Participer au maintien et
au rétablissement de l’ordre sur
l’ensemble du territoire national.
✓ la plate-forme numérique
de lutte contre la cybercriminalité
dont la mission principale est
d’appuyer les unités territoriales
dans le cadre de la conduite des
enquêtes et des investigations
en matière de cybercriminalité et
recueil du renseignement criminel
mais aussi l’étude des grandes
tendances du phénomène
cybercriminel.
✓ Enfin, le centre national
d’identification criminel (CNIC)
disposant de personnel qualifié
et matériels modernes pour les
opérations de police technique
en cas de scènes de crime très
complexes nécessitant une
spécialisation dans la recherche
des preuves.
Conclusion et perspectives
En définitive, le caractère
transnational des acteurs, la
porosité des frontières ainsi que
38
Magazine quadrimestriel d’information de la Gendarmerie nationale N° 28 - Janvier 2021
la réduction de l’espace par
les moyens de communication
modernes semblent favoriser
l’expansion du phénomène
djihadiste dans la sous-région
ouest-africaine. Le Sénégal n’est
pas totalement à l’abri d’une
telle propagation, ne serait-ce
qu’idéologiquement.
Toutefois, l’identification des
actions terroristes probables sur
le sol sénégalais et la mise sur
pied d’une stratégie globale et
adaptée à la situation actuelle
devrait permettre de contenir
la menace terroriste hors du
Sénégal. En outre, la lutte contre
le terrorisme nécessite des efforts
soutenus durant de longues
années. Les mesures adoptées
dans ce sens doivent faire l’objet
d’un renouvellement et d’une
réactualisation.
C’est pourquoi, le renseignement
doit rester au cœur de la
prévention. Pour ce faire, il
faudra certes compter sur les
formes traditionnelles de recueil
du renseignement d’origine
humaine mais surtout investir sur
des moyens techniques adéquats
pour développer davantage de
nouvelles capacités d’acquisition
du renseignement d’origine
électromagnétique qui restent
insuffisants. Il s’agit d’exploiter
tout ce que l’économie de la
sécurité offre comme moyens
d’accroitre les performances des
services.
De plus, l’aptitude et les capacités
du dispositif de lutte anti-terroriste
à remplir ses fonctions dépendent
essentiellement de leur degré
d’expertise liées intrinsèquement
à la formation et à l’entrainement.
Par des épreuves opérationnelles
et la formation continue, il
faudrait hisser les unités à un
niveau opérationnel adéquat pour
l’exécution efficiente des missions
assignées. A ce titre, à noter
que l’antiterrorisme requiert des
magistrats et OPJ spécialisés et des
personnels des unités tout à fait à
jour en termes de connaissances
du phénomène terroriste. Même
la couche saine de la population
doit être sensibilisée pour mener
le combat en partenariat avec les
services de sécurité.
Et surtout, la recherche de la
cohérence capacitaire dans le
domaine de la lutte contre le
terrorisme constitue une simple
question de recherche de la
logique d’efficacité. En effet, le
problème de la menace terroriste
est une question d’intérêt national
de très haute priorité et d’une
extrême gravité. Il est absolument
nécessaire de définir une stratégie
de lutte certes et de programmer
la dotation de moyens de lutte
suffisants et adaptés pour
faire face efficacement à cette
problématique. Ces moyens
concernent aussi bien les
compétences techniques ainsi que
les équipements.

LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME : POUR UNE ADAPTATION DE L’APPAREIL DE DEFENSE ET DE SECURITE A LA MENACE
Lieutenant-colonel Omar NDOUR
Légion Quartier Général
L
a lutte contre le terrorisme
est une opération de contre-
insurrection (counter-
insurgency : COIN en Anglais). Les
forces de défense et de sécurité
sénégalaises ont une expérience
solide dans le domaine des COIN
du fait de leur engagement
ininterrompu en Casamance
depuis 1982. Cependant,
quand bien même l’ennemi est
nettement plus faible, les COIN
ont mis en relief des difficultés qui
n’ont jamais « cessé de hanter les
esprits des responsables politiques
et des chefs militaires ».
En effet, « Français en Indochine
et en Algérie, Britanniques à
Aden, Américains au Vietnam,
Soviétiques en Afghanistan :
aucune grande puissance n’a
échappé, au siècle dernier à une
défaite politique et à une impasse
de contre-insurrection ». Devant «
l’impuissance [de ces] puissances »
pour paraphraser Bertrand Badie,
sont facilement compréhensibles
les difficultés qu’éprouvent les
armées africaines de très loin
plus faibles, face aux insurgés
terroristes qui ne respectent pas
la trinité clausewitzienne (Pouvoir-
Forces-Population) et font la
guerre au sein des populations .
Toutefois, le fatalisme n’est pas
permis face à une menace si
destructrice qu’est le terrorisme.
Il y a des points sur lesquels les
forces de défense et de sécurités
sénégalaises devront faire des
efforts afin de mieux s’adapter à
la menace. Il s’agit de renforcer
la force morale des soldats, de
conserver l’initiative et le soutien
des populations.
D’abord, la force morale des
soldats est déterminante de
la capacité d’une armée. Elle
repose sur plusieurs piliers tels
que l’entrainement individuel et
collectif qui installe la confiance en
soi et en ses pairs, l’équipement qui
donne l’ascendant sur l’adversaire,
le soutien des chefs, des
gouvernants et de la population
qui procure la légitimité . La
force morale est un facteur vital
dans la lutte contre le terrorisme
notamment, en Afrique de l’ouest
où les débâcles de certaines armées
face aux terroristes reflètent
une ascendance psychologique
qu’ont ces derniers sur les forces
régulières . Ce qui leur permet
de gagner des batailles en faisant
Magazine quadrimestriel d’information de la Gendarmerie nationale N° 28 - Janvier 2021
DOSSIER
souvent de nombreuses victimes et
de renforcer leurs équipements en
récupérant le matériel militaire .
Les causes sont multiples. D’une
part, les terroristes ont gagné la
bataille de l’information valorisée
en bénéficiant d’une forte
médiatisation de leur opiniâtreté
et surtout, des atrocités qu’ils
réservent à leurs adversaires.
Même si, c’est exagéré car ayant
des buts de propagande, la
conséquence est une surestimation
par les soldats, de la puissance de
leur ennemi qui les poussent à fuir
ou à peu résister . D’autre part, il
y a un manque de confiance entre
les unités sur le terrain et la chaine
de commandement spécialement
dans le domaine crucial du
soutien feu dont ont besoin dans
des délais raisonnables, les unités
engagées dans les combats .
De plus, les armées dans le Sahel
et le bassin du Lac Tchad ont
rarement l’initiative dans leur
combat contre les terroristes à
cause d’un manque criard des
capacités de renseignement, de
surveillance et de reconnaissance
(ISR : Intelligence, Surveillance,
and Reconnaissance en Anglais).
Les terroristes choisissent le lieu, le
moment, la nature de l’attaque et
bénéficient souvent de l’effet de
surprise au grand dam des unités
déployées sur le terrain . Dans ce
39
 DOSSIER
lot, les brigades de gendarmerie
qui sont isolées et non préparées
face un une telle menace, sont
des cibles faciles et une source
d’approvisionnement en armes
pour les terroristes .
En outre, il y a une grande
difficulté à conserver le soutien
de la population qui est pourtant
un objectif stratégique dans
cette guerre contre le terrorisme.
La défaite psychologique face
à un ennemi imbriqué dans les
populations entraine souvent, de
la part des Forces de défense et de
sécurité, des attitudes réactionnaires
généralement, après les attaques.
Il en résulte des brutalités ou
des punitions collectives contre
les populations .Ces violations
constituent selon le PNUD, « un
facteur déclencheur pour les 71%
des personnes qui rejoignent un
40
Magazine quadrimestriel d’information de la Gendarmerie nationale N° 28 - Janvier 2021
groupe extrémiste . » La perte
du soutien des populations est
aggravée par la création de milices
dites d’autodéfense parfois
soutenues et armées par l’Etat.
Elles finissent par échapper à son
contrôle et installer un climat de
conflit communautaire qui profite
aux terroristes. Ce fut le cas au
Mali avec la milice dogon Dan Nan
Ambassagou et au Burkina avec
les milices mossies koglweogo
qui sont accusées de plusieurs
massacres contre les Peuls .
Evoluant dans un tel contexte,
le Sénégal tente de renforcer le
contrôle effectif de son territoire
et dispose de Forces de défense et
de sécurité dotées d’une longue et
bonne expérience dans les COIN
et dont le professionnalisme est
reconnu . Leur équipement et leur
capacitation font l’objet d’une
volonté nationale avec le soutien
de partenaires variés. Seulement,
la complexité du combat contre le
terrorisme comme c’est expliqué
supra, appelle une anticipation en
vue de réduire les faiblesses qui
ont profité aux terroristes dans la
sous-région.
Par conséquent, le Sénégal
devra renforcer sa capacité à
déconstruire la propagande
terroriste pour conserver intact le
moral de ses troupes. La confiance
de ces dernières sera rehaussée par
des capacités ISR et d’intervention
rapide notamment de l’Armée de
l’air du moment où, la mobilité
terrestre fait souvent défaut
dans les zone où se déroulent
généralement les hostilités. Ces
deux aptitudes permettent de
conserver l’initiative face aux
terroristes en évitant d’une part,
la surprise et en procurant d’autre
part, le soutien aérien nécessaire
et en temps opportun aux unités,
principalement dans les zones
reculées et à mobilité terrestre
limitée. De plus, le dispositif des
brigades de gendarmerie similaire
à ceux du Mali, du Burkina ou du
Niger pour des raisons d’héritage
colonial, est à repenser afin de
réduire la vulnérabilité de ces
unités, le plus souvent isolées.
En effet, le décret 74-571 du 13
juin 1974, portant règlement
sur l’emploi et le service de la

Gendarmerie nationale, octroie
à cette dernière les missions de
police administrative, judicaire et
militaire dans la Campagne . En
développant le concept de police
de proximité afin de renforcer
la confiance des populations et
permettre par la même occasion
de contrôler effectivement sa zone
de responsabilité, la Gendarmerie
a implanté des unités jusque dans
les zones les plus reculées. Ces
unités sont très vulnérables face à
la menace terroriste.
Aujourd’hui avec le développement
des unités constituée genre,
GARSI (Groupe d’action rapide
de surveillance et d’intervention)
et ESI (Escadron de surveillance
et d’intervention) est une réponse
pertinente à la menace terroriste.
Toutefois, il faudra un dispositif
judicieusement installé le long de la
frontière Est et Sud-est qui servira
de verrou. Il sera plus pertinent si
cette occupation respecte un plan
coordonné avec les Armées dans
le but de mutualiser les efforts.
Par ailleurs, avoir et conserver le
soutien de la population reste le
cœur de l’action. Pour cela, il urge
de renforcer la préparation des
forces surtout dans le domaine de
l’éthique car, cela a manqué dans
la sous-région. L’éthique est un
pilier central de la légitimation de
la force aux yeux des populations.
Il exige un comportement
exemplaire et une extension de la
responsabilité jusqu’au plus bas de
l’échelle tactique. Dans le combat
contre le terrorisme, le soldat se
trouve dans un environnement
paradoxal où il change de posture
régulièrement, en développant
des aptitudes bien définies par la
formule britannique « smile shoot
and smile [souris, tires et souris] ».
Ce contexte donne tout leur sens
aux concepts « caporal stratégique
» du général Charles Krulak et «
power to the edge » d’Alberts et
Hayes. Tous les deux promeuvent
une responsabilisation de
l’échelon inférieur jusqu’au plus
bas de l’échelle hiérarchique. Le
premier appelle l’attention sur
le fait qu’une simple action du
soldat sur le terrain peut avoir un
impact stratégique à cause de la
médiatisation de l’environnement
dans lequel évoluent les forces. Le
second fait référence à un système
dynamique de synchronisation
des actions pour arriver à un
C2 (command and Control)
agile. Cette agilité repose sur six
attributs,
Robustesse : la capacité de
maintenir son efficacité dans une
gamme de tâches, de situations et
de conditions ;
Résilience : la capacité de
récupérer ou de s’adapter à un
malheur, des dommages ou une
perturbation déstabilisatrice de
Magazine quadrimestriel d’information de la Gendarmerie nationale N° 28 - Janvier 2021
DOSSIER
l’environnement ;
Réactivité : la capacité de réagir en
temps opportun à un changement
dans l’environnement ;
Flexibilité : la capacité d’employer
plusieurs façons de réussir et la
capacité de se déplacer de façon
transparente entre elles ;
Innovation : la capacité de faire de
nouvelles choses et la capacité de
faire de vieilles choses de nouvelles
façons ;
Adaptation : la capacité de
changer les processus de travail
et la capacité de changer
l’organisation. [Traduction libre] .
Le Sénégal en s’inspirant de ces
deux concepts qui intègrent
une culture éthique très forte,
renforcera considérablement les
capacités de ses Forces de défense
et de sécurité et réalisera par la
même occasion les conditions
d’une résilience face au terrorisme.
En définitive, pour relever le défi
de la lutte contre le terrorisme,
le Sénégal devra réadapter
davantage le système de défense
et de sécurité. L’effort devra porter
sur le renforcement de la force
morale des soldats, la conservation
de l’initiative face aux terroristes
et la conservation à tout prix du
soutien de la population.
41
 CONTRIBUTIONS
Capitaine El Hadji DIOUCK
Section de Recherches
D
epuis son accession
à l’indépendance, le
Sénégal s’est doté
d’une législation pénale visant
à protéger, entre autres, les
catégories vulnérables que
sont les femmes et les enfants.
Compte tenu des fortes
mutations de la société,
l’arsenal juridique a été
renforcé, notamment, par
la loi n° 99-05 du 20 janvier
1999 portant sur la répression
des infractions à connotation
sexuelle. Dix ans plus tard,
avec la recrudescence des
agressions sexuelles et une
forte pression sociale exacerbée
par l’affaire Bineta Camara
qui a défrayé les chroniques,
les pénalités attachées aux
infractions sexuelles ont été
réactualisées dans le sens de
leur durcissement à travers
la loi n° 2020-05 du 10
janvier 2020 qui criminalise
intégralement le viol.
Le présent article se propose de
retracer les modalités de cette
dernière réforme concernant
le viol avant d’en mesurer la
portée.
42
Magazine quadrimestriel d’information de la Gendarmerie nationale N° 28 - Janvier 2021
LA REFORME DU CODE PENAL: LE CAS DU VIOL
Les modalités de la réforme
Les modifications apportées
par le législateur tiennent
d’une part à la nature de
l’infraction et d’autre part à la
procédure applicable.
Les aspects liés à la nature
de l’infraction
Il faut signaler d’emblée que la
nouvelle loi n’apporte aucune
modification à la définition
du viol. L’article 320 du Code
pénal modifié dispose toujours
que « tout acte de pénétration
sexuelle, de quelque nature
qu’il soit, commis sur la
personne d’autrui par
violence, contrainte, menace
ou surprise est un viol ».
Toutefois, les circonstances
aggravantes de cette infraction
ont été renforcées par le
législateur qui y en a élargi le
champ en y intégrant les actes
de tortures ou de barbarie
ayant précédé, accompagnés
ou suivis le viol.
Cependant, le changement
majeur consiste en la
criminalisation de l’infraction.
En effet, en vertu de l’alinéa
2 de l’article précité, le viol
est puni de la réclusion
criminelle de dix à vingt ans.
La répression passe ainsi d’une
peine maximum de 10 ans à
20 ans.
Aussi, au sens de l’alinéa 3
et suivants de l’article 320,
nonobstant les dispositions
de l’article 432 qui prévoit
la modification des peines
prononcées contre les accusés
reconnus coupables, en faveur
de qui la chambre criminelle
aura retenu des circonstances
atténuantes, les coupables
seront punis de la réclusion
criminelle de 10 à 20 ans,
sans possibilité de réduction
au-dessous du minimum.
Autrement dit, la personne
reconnue coupable d’un viol,
ne peut écoper de moins de
10 ans de réclusion criminelle.
Les aspects liés à la
procédure
Avant la réforme de 2020,
le viol était classé dans la
catégorie des délits. Il était ainsi
puni de peine correctionnelle
et le mode de poursuite
utilisé par le procureur de la
république était généralement
la procédure de flagrant délit.
Il s’agit d’une procédure de
comparution rapide devant la
juridiction de jugement qui est
règlementée pour l’essentiel
par les articles 63 et 381 à
385 du code de procédure
pénale. Dans la pratique, le
ministère public se limite à
enrôler l’affaire à l’audience
la proche, le mis en cause
comparaissant devant la
juridiction de jugement dans
la semaine de son placement
sous mandat de dépôt.
Cependant, avec la
criminalisation du viol,
l’instruction devient obligatoire
en vertu de l’article 70 du code
de procédure pénale. De ce

fait, la seule voie de poursuite
qui s’offre au procureur de la
république est l’information
judiciaire. C’est la procédure
par laquelle, le Procureur de
la République, par le biais
d’un réquisitoire introductif,
demande au juge d’instruction
de mener une enquête sur des
faits qu’il considère comme
une violation de la loi pénale.
A l’issue de l’instruction,
s’il existe suffisamment de
charges, la personne accusée
est renvoyée devant la
chambre criminelle.
Au-delà de la réforme en tant
que telle, il serait intéressant de
s’interroger sur son efficacité.
La portée de la réforme
La loi criminalisant le viol a
un impact non négligeable à
la fois sur les parties et sur le
système répressif.
L’impact sur les parties
Fortement appréciée par les
féministes, la criminalisation
du viol a une incidence tant
sur la victime que sur le mis en
cause.
Concernant la victime, un pas
symbolique est franchi si l’on
considère le durcissement de
la peine comme un instrument
de dissuasion des éventuels
auteurs d’agressions sexuelles.
Cependant, le revers de la
médiale réside dans la lenteur
de la procédure. En fait,
avec l’information judiciaire,
la victime risque de subir
ce que madame Fatoumata
GUEYE président d’honneur
de l’association des femmes
juriste appelle « une double
souffrance », c’est-à-dire subir
une agression sexuelle et devoir
attendre des années pour
qu’on instruise le dossier et
condamne s’il y’a lieu l’auteur
présumé de l’agression.
S’agissant de l’inculpé, il peut
être confronté à une longue
détention provisoire du fait
du caractère obligatoire de
l’information judiciaire. Le
temps de l’instruction peut
durer en moyenne six mois
à un an voire plus alors que
la personne mise en cause
pouvait être fixé sur son sort
en moins d’un mois si elle
avait été poursuivie en flagrant
délit.
L’impact sur le système
répressif
La criminalisation du viol
n’a aucune incidence sur la
nature de l’enquête. A la
phase de police judiciaire,
les mêmes principes et
méthodes de recherches sont
appliqués. Or, le durcissement
des pénalités constitue une
pression supplémentaire pour
l’enquêteur déjà confronté au
problème de preuves.
En effet, le viol est une
infraction difficile à prouver.
En l’absence de témoin, c’est
la déclaration de la victime
qui est prise en compte
en l’absence d’une preuve
scientifique difficile à apporter.
Magazine quadrimestriel d’information de la Gendarmerie nationale N° 28 - Janvier 2021
CONTRIBUTIONS
Le seul document de référence
est le certificat médical qui, en
réalité, ne renseigne que sur la
matérialité des faits et non sur
leur imputabilité.
Toutefois, l’aspect positif de
la réforme est qu’elle devrait
pousser les services de police
et de gendarmerie à affiner
leurs enquêtes en recherchant
des preuves plus parfaites
et à se doter de laboratoires
modernes et équipés.
A la phase d’instruction,
l’encombrement des cabinets
d’instruction est inévitable
dans la mesure où le viol
représente déjà une grande
partie des dossiers, ce qui va
déteindre inexorablement sur
la qualité de l’information.
L’instruction ne fera
certainement pas ressurgir
des preuves scientifiques déjà
compromises dans la durée
et, le temps aidant, le mis en
cause pourrait revenir sur ses
déclarations et compliquer
davantage l’enquête. Sous
le rapport de la qualité,
l’information judiciaire risque
d’être source de moins-value.
Devant la juridiction de
jugement, puisque des peines
très sévères sont encourues,
les juges seront plus enclins
à acquitter en l’absence
d’éléments probants solides,
ce qui présage des taux de
condamnations encore plus
faibles que dans le passé.
43
 CONTRIBUTIONS
SOCIETE ET SECURITE HUMAINE : POUR DES
COMPORTEMENTS ET MODES DE VIE EN PHASE AVEC LA
SECURITE ?

la personne humaine, en spéciaux parmi lesquels, la

perpétuel contact avec son
semblable, se départit de son
animalité au profit de son
humanité. Malheureusement,
ce contact entre les hommes
Dr Kaly NIANG
Docteur en Sociologue fait naître des tensions qu’il
faut endiguer.
gendarmerie. Celle-ci est
une actrice majeure de la
dissuasion, de la protection
du territoire et la sécurité des
points sensibles aussi bien
civils que militaires et des
institutions de la République.

L
’homme est un «
zoon politikon » En effet, une des panacées, Toutefois, il faudra noter
pour emprunter une pour dissiper les voiles que l’homo senegalensis,
expression aristotélicienne. d’agression qui parfois est un être très sociable,
Autrement dit, il est un être drapent l’homme, est la mais qui peut adopter des
condamné à vivre en société. protection. Sous ce rapport, comportements et attitudes
En effet, d’après Jean Piaget, la protection devient déviants, pouvant froisser la
« la société est l’ensemble une donnée éthique et morale et l’étiquette sociale.
des êtres unis par la nature métaphysique qui s’inscrit au D’où l’intérêt de développer
ou vivants sous des lois centre de l’existence sociale. une culture pro sécurité en
communes ». S’en arrêter là En Afrique traditionnelle, la intégrant dans les curricula des
serait restreindre la notion protection de l’individu se écoles primaires, l’instruction
de société car celle-ci s’étend faisait suivant des rituels et civique et l’éducation à la
sur d’autres conceptions. la référence à l’histoire et citoyenneté participative.
aux mythes fondateurs des
C’est dire que la société n’est communautés.
pas seulement une somme
d’individus mais aussi la Avec la pénétration étrangère,
multiplicité des interactions, les modes de gestion de
de sujets humains qui nos sociétés traditionnelles
composent le tissu ont connu des mutations
fondamental et élémentaire profondes et absolues. Des
de la société, lui conférant administrations transposées
existence et vie. de la métropole ont été
instaurées.
Ainsi, un homme pris Dr Kaly NIANG
Sociologue
isolément ne saurait Des corporations ont été Directeur de l’Environnement et du
développement durable à AIBD SA
évoluer. Il a besoin de son établies et la protection
semblable pour assumer sa des personnes et des biens
nature humaine. De plus, est confiée à des corps

44
Magazine quadrimestriel d’information de la Gendarmerie nationale N° 28 - Janvier 2021
 CONTRIBUTIONS
Quel modèle de sécurité pour le Sénégal en Afrique de l’Ouest ?
Du cercle de feu au cercle de coprospérité malgré la menace terroriste

le business qui ont des « un «superbe lever de soleil»

affinités électives ».
L’histoire montre que les
démocraties ne se font pas la
guerre et que l’économie et
le business rendent le recours
Yoro DIA
Journaliste, Politologue
à la guerre anachronique.
Aujourd’hui les armes les
pour ce pays frère mais aussi
pour le Sénégal.
Le Sénégal a très bien
manœuvré, avec une bonne
division du travail de deux de
ses deux acteurs sur la scène
internationale (le diplomate

L
e Président Senghor
avait théorisé l’unité
africaine par cercles
concentriques. Le premier
cercle qui entoure le
Sénégal c’est-à-dire nos
voisins immédiats a connu
des évolutions variables
depuis l’indépendance.
Dans les années 80-90, ce
premier cercle qui enserrait
le Sénégal était plutôt un
cercle de feu. Seul notre
flanc EST devenu aujourd’hui
notre plus grand problème
sécuritaire était relativement
calme et stable. Aujourd’hui
ce cercle de feu est en train
de se transformer en cercle
vertueux de démocratie et
de coprospérité grâce à la
nouvelle vague démocratique
de nos pays et surtout aux
enjeux de l’exploitation du
pétrole qui nous lie à nos
voisins. Ceux-ci rendent
anachronique les conflits
qui nous ont opposés. Ce
cercle de démocratie et après l’opération de la Il ne faut pas oublier que
de prospérité repose sur CEDEAO en Gambie qui le Sénégal et le Botswana
la démocratisation et sur s’est revelée une reussite, font partie des exceptions
plus efficaces du Sénégal
pour pacifier son entourage
sont la démocratisation et
les ressources stratégiques.
Cette doctrine que j’appelle
la Téranga armée suppose
que le Sénégal ait trois
acteurs sur la scène
régionale: le diplomate, le
soldat et l’homme d’affaires
qui doivent entrer en scène
de façon alternée ou de
façon concomitante.
En bon français, parler de
Téranga armée est comme
un oxymore, c’est-à-dire
mettre cote à cote deux mots
que tout oppose. De là, on
peut résumer notre stratégie
de défense nationale et
notre doctrine sécuritaire
en Afrique de l’Ouest parce
qu’elles nous permettent
d’être fidèle à nos valeurs
comme l’ouverture
l’hospitalité tout en étant
prêt à faire face à l’hostilité.
J’avais élaboré ce concept
Magazine quadrimestriel d’information de la Gendarmerie nationale N° 28 - Janvier 2021
et le soldat).
La symphonie a été parfaite.
L’intervention et surtout
la démonstration de force
a eu le mérite de régler
le problème mais aussi
de servir d’avertissement.
Rappelonsque dans cette
crise, la CEDEAO avait
mandaté les présidents
Buhari et Ellen Johnson
Sirleaf. Certains acteurs
sont entrés par effraction
dans la crise, non pas pour
la paix, mais pour exfitrer
un president vaincu et qui à
vrai dire montrait beaucoup
d’animosité envers le
Sénégal. Les avancées dans
la résolution de la crise en
Casamance et la politique de
bon voisinage sont de retour.
Le Sénégal, la plus vielle
démocratie du continent ne
et pouvait pas éternellement
s’accomoder d’être si proche
de l’une des dernières
dictatures du continent.
45
 CONTRIBUTIONS
démocratiques en Afrique.
En somme, le retour de la
Gambie à la démocratie est
une excellente chose parce
qu’il est communément
admis que les démocraties
ne se font pas la guerre.
Mais dans nos relations avec
la Gambie, c’est l’homme
d’affaires qui doit entrer en
jeu pour compléter le travail
du diplomate et du soldat.
L’intégration politique avec
la Gambie sera toujours un
échec alors que l’intégration
économique peut atteindre
les mêmes résultats et plus
rapidement.
Oublions le projet de
confédération politique
et concentrons notre
énergie sur cette zone de
coprospérité, qui partirait de
Banjul à Bissau dont le pont
sur le fleuve Gambie est le
premier jalon.
Les démocraties substituent
le business à la guerre comme
mode de régulation de leurs
relations.
Les Européens après des
siècles de guerre dont deux
guerres mondiales, des
guerres de religions ont
décidé de remplacer la guerre
par l’économie comme mode
de régulation de conflit.
Depuis 1945, l’Europe qui
était le berceau des guerres
vit la plus longue paix de son
46
Magazine quadrimestriel d’information de la Gendarmerie nationale N° 28 - Janvier 2021
Quel modèle de sécurité pour le Sénégal en Afrique de l’Ouest ?
Du cercle de feu au cercle de coprospérité malgré la menace terroriste
histoire mais aussi et surtout
une très grande prospérité
économique.
L’Union européenne est un
modèle de paix d’intégration
et de co prosperité.
Le Sénégal est en train de
faire le même chose avec
ses voisins. Après la Gambie,
le Sénégal en aidant la
Guinée Bissau à retrouver
courageusement le chemin
de la démocratie est entrain
de poser les jalons d’une
zone de co prospérité
économique qui irait de
Banjul à Bissau en passant
par Bignona, c’est-à-dire
reconstituer le Gabou mais
sur le plan économique avec
une zone de coprospérité
économique du Sud. Cette
zone de coprospérité fera
passer la Casamance du
désenclavement économique
à l’intégration sous régionale,
avec une nouvelle forme de
régionalisation qui transcende
les frontières des trois pays.
Si les démocraties préfèrent
l’économie à la guerre, il va
de soi que avoir des intérêts
économiques en commun
éloigne l’idée même de
guerre. Et c’est qui est en
train de se faire avec la
Mauritanie, pays auquel
nous lie la géographie,
l’histoire mais aussi et
surtout le pétrole et le gaz.
Si au Nord (Mauritanie) et
au Sud (Guinée Bissau) et au
Centre (Gambie), l’heure est
à l’entente cordiale et à la
co prospérité, à l’Est l’heure
doit être à la démonstration
de force.
Si le Sénégal n’est pas
encore attaqué par les
groupuscules terroristes, il y
a deux explications: ou nous
ne sommes pas dans leur
agenda ou nous avons été
dissuasifs. Il est évident que
c’est la dissuasion parce que
dans les schémas et doctrines
djihadistes, le Sénégal cette
vielle terre d’Islam devait
être dans l’agenda bien
avant la Code d’Ivoire et le
Burkina mais les djihadistes
qui font aussi de la stratégie
ont adopté la tactique des
maillons faibles. Le Mali
a été le plus faible, puis le
Burkina où ils ont profité de
la confusion de la transition
politique et puis la Cote
d’Ivoire où la crise politique
est endémique.
Le Sénégal est certes le pays
de la Téranga, mais il faut
que ce soit une Téranga
armée, c’est-à-dire faire
du oft power comme payer
les droits de la CAN à la
Guinée Bissau et du Hard
power comme nous l’avons
fait pour ramener l’ordre
constitutionnel à Banjul.
 Quel modèle de sécurité pour le Sénégal en Afrique de l’Ouest ?
Du cercle de feu au cercle de coprospérité malgré la menace terroriste
La page de la menace venant
du Sud (Casamance, Guinée
Bissau, Gambie) se ferme
il faut se préparer à celle
venant de l’Est. Tôt ou tard
la France va se retirer du
Mali et il n’est pas évident
que ce pays puisse avoir de
sitôt les capacités d’assurer
sa défense face aux Touaregs
et aux islamistes. N’eut été
l’opération Serval, nous
aurions aujourd’hui les
hordes djihadistes à nos
frontières. Préparons-nous
au retrait des Français du
Mali et dans l’hypothèse de
défendre nos frontières face
aux djihadistes. Notre flanc
Est qui était connu pour sa
stabilité est devenu notre
plus grande préoccupation
sécuritaire avec la question
du terrorisme mais
heureusement que le Sénégal
a compris deux choses
fondamentales:
- Premièrement que Qui
veut la paix se prépare à la
guerre.
- Deuxièmement que le
Mali relève de la politique
extérieure pour la France
mais pour le Sénégal, c’est
un problème de sécurité
nationale car si le Mali tombe
nous devenons la ligne de
front.
Donc mieux vaut aider le
Mali à faire du containment
djihadiste à Mopti et à
Gao plutôt que de le faire
nous-mêmes à la frontière.
Contrairement à beaucoup de
nos intellectuels qui perdent
du temps et de l’énergie à
vouloir repenser le congrès de
Berlin qui a divisé l’Afrique,
les djihadistes ont transcendé
Berlin et inscrivent leur
combat au niveau régional
en ignorant les frontières et
les souverainetés. Donc il ne
faut pas se bercer d’illusions,
le Sénégal est bel et bien
dans leur agenda. Le Sénégal,
maillon fort a été dissuasif et
il faudra continuer à l’être.
Face aux djihadistes il y a
trois schémas.
- Le premier serait des
attentats dans les centres
urbains pour créer la
psychose mais l’expérience
montre c’est contreproductif
car malgré les attentats de
Paris, les terrains de Saint
Michel et de Saint Germain
sont toujours fréquentés.
Même à Mogadiscio, la vie
continue et le 11 septembre
n’a pas empêché aux
voyageurs de prendre l’avion.
Ce schéma qui vise souvent à
mettre la pression sur un Etat
pour l’obliger à prendre des
décisions politiques entraine
souvent l’inverse un soutien
total des populations à
l’Etat pour combattre le mal
Magazine quadrimestriel d’information de la Gendarmerie nationale N° 28 - Janvier 2021
CONTRIBUTIONS
absolu.
- Le deuxième schéma
serait celui du Nord Mali
avec une occupation d’une
partie du territoire pour
s’y implanter. Ce qui est
peu probable parce que le
Sénégal n’a pas les immenses
étendues désertiques du nord
Mali si favorables à la guérilla
dans le désert. En plus les
djihadistes sont conscients
que le Sénégal contrairement
au Mali a une véritable
armée professionnelle qu’ils
ont vu à l’œuvre au Mali et
en Gambie.
- Le troisième schéma
qui est plus plausible et plus
dangereux est l’ancrage local
c’est-à-dire l’endoctrinemen
de populations sénégalaises
vivant à l’Est, en
instrumentalisant des
frustrations locales liées à
l’enclavement et à l’absence
d’infrastructures primaires
et surtout à l’absence de
l’Etat qui doit faire des
investissements massifs à
la périphérie pour renforcer
le sentiment et la fierté
d’appartenance au Sénégal.
Yoro DIA
Ancien étudiant de Sciences Po Paris
et de l’École Nationale d administration
Paris. Pdt association sénégalaise des
anciens de l Ena
Enseignant au CHEDS et au BEMS
47
 CONTRIBUTIONS
Colonel (ER) Abdoulaye Aziz NDAO
Ancien Haut commandant en second
Q
uelle place pour la
Gendarmerie dans la
problématique générale
de la Sécurité ?
Le plan Sénégal Emergeant dans
sa vision globale place la sécurité
des sénégalais comme priorité
absolue et donne les moyens à
l’Etat d’assurer en tout temps
et en tout lieu la protection des
personnes et des biens
Cette politique volontariste
a permis de constater des
investissements importants
et prioritaires pour non
seulement avoir les effectifs de
cette politique et encore plus
important, d’équiper les forces
de défense et de sécurité avec
des moyens modernes adéquats
et innovants.
Les défis de sécurité sont énormes,
constants et interpellatifs.
Le sentiment de sécurité ou
d’insécurité fait l’objet d’un
traitement médiatique particulier
et exige une posture vigilante
des autorités politiques, des
autorités de commandement et
des populations.
J’ai essayé dans un livre, Sécurité
pour l’émergence, d’identifier
les priorités, voire organiser
les moyens et surtout répartir
judicieusement les charges
entre les institutions qui ont
pour vocation la protection des
sénégalais et de leurs biens.
48
Magazine quadrimestriel d’information de la Gendarmerie nationale N° 28 - Janvier 2021
LA GENDARMERIE NATIONALE ET LA SECURITE
Certains aspects très importants
n’avaient pas été abordés par ce
livre, notamment la participation
des armées à la sécurité et
surtout comment instaurer entre
les différentes forces les charges
de sécurité en veillant à la légalité
de l’action, à l’efficacité des
interventions et surtout à une
adéquation des moyens.
Le but ultime de la Sécurité est
d’assurer la tranquilité publique,
la salubrité publique et le bon
ordre. La tranquilité publique
oblige les populations à exercer
leurs droits et devoirs dans un
esprit citoyen en observant
un ensemble de régles qui
permettent le plein exercice du
bon vouloir de vivre ensemble.
La salubrité publique veille à ce
qu’un ensemble de régles de vie,
notamment les besoins de santé
publique soient en condition par
la mise en place de régles de
protection. Enfin, le bon ordre ou
ordre public régit l’exercice des
libertés publiques et l’occupation
de l’espace public.
L’Etat dispose de moyens pour
conduire la sécurité et met en
oeuvre deux procédures pour
assurer la sécurité, une procédure
à base de prévention et une
procédure à base de répression.
La prévention s’analyse avec
des mesures d’information, des
mesures de présence et des
mesures de contrôle. La répression
s’exerce dans la constatation
des infractions, la recherche de
leurs auteurs et la saisine des
juridictions pour réprimer les
délinquants.
Outil central de la politique
de sécurité, la Gendarmerie
nationale se présente comme
une force militaire sur laquelle
repose une partie importante de
la réussite des politiques mises en
œuvre.
Cette réussite, condition sine
qua none de l’adhésion des
populations à la politique
sécuritaire définie par le chef de
l’Etat, impose à la gendarmerie
une action permanente en
tout lieu et en tout temps,
une adaptabilité énergique et
une abnégation sans faille des
hommes et femmes qui ont
l’honneur de porter l’uniforme
gendarmerie
I- ACTION PERMANENTE
En charge de 50% des populations
et de 95% du territoire national,
la gendarmerie par son action
assure la plénitude des besoins
de sécurité que l’Etat donne
aux citoyens et hôtes étrangers
qui vivent au Sénégal. Cette
action est en premier lieu, une
action de présence, en second
lieu une action de surveillance,
en troisième lieu une action de
souveraineté et enfin une action
de repression.
La Gendarmerie, par son
organisation est présente de
façon systématique sur chaque
portion du territoire où elle exerce
au nom de l’Etat un ensemble
de missions régaliennes propres
et de façon subsidiaire des
missions incombant à d’autres
administrations qui ne sont pas
présentes.
Cette présence renforce l’autorité
de l’Etat et assure la continuité
de la plupart des services publics
que l’Etat est chargé de fournir.
Cette action est assurée même
en territoire étranger dans nos
missions diplomatiques et au

sein des Armées en opérations
extérieures.
Au nom de l’Etat, la gendarmerie
assure la surveillance continue,
permanente et exhaustive
du territoire national. Cette
surveillance permanente lui
permet d’informer les autorités
politiques, administratives et
judiciaires de l’état des personnes,
des biens publics, des infrastrures
et des dangers et menaces.
Cette surveillance qui peut
prendre diverses formes permet à
la gendarmerie de visiter tous les
coins et recoins pour qu’aucune
parcelle du territoire n’échappe
à sa vigilance. Elle se traduit en
visites de secteur, patrouilles à
la résidence et stationnements
en des points particuliers du
territoire.
La gendarmerie exerce de façon
systématique une action de
souveraineté en agissant et en
représentant l’Etat dans toutes
ses formes d’expression. A ce
titre, elle assure la garde, la
protection et la sécurité de
toutes les autorités étatiques
et principalement le Président
de la République, gardien de
la constitition et voûte des
institutions.
A ce titre, la Gendarmerie fait
partie des symboliques d’Etat et
l’exprime à travers une multitude
d’uniformes liée au cadre et à la
nature de la représentativité. Par
exemple, l’uniforme d’apparat
rouge acccompagne le chef
de l’état dans l’expression de
son prestige et de sa force
constitutionnelle. Elle n’est mise
en contribution que dans le
cadre de la solennité de l action
présidentielle.
Enfin, dans le cadre permanent de
son action la gendarmerie réprime
toutes les infractions commises
dans le cadre des différents
codes qui régissent l’ouverture
d’un procès pénal. Il peut s’agir
d’infractions au code pénal, au
code la route ou enfin au code
de justice militaire. A ce titre, la
Gendarmerie dispose d’officiers
et d’agents de police judiciaire
dépendants des parquets des
tribunaux.
En outre et partie importante
de la répression, la gendarmerie
apporte son concours à certaines
administrations spécifiques
en charge de réprimer des
infractions spéciales. La
gendarmerie les accompagne et
les remplace. L’exemple probant
est la répréssion des fraudes
douanières.
Cependant, pour mener
une action permanente, la
gendarmerie a besoin d’une
adaptabilité prospective.
II- ADAPTABILITE DE LA
GENDARMERIE
Pour traverser huit siècles
d’histoire en gardant sa force
et son ame, la gendarmerie
a fait preuve d’innovation,
d’anticipation, d’adaptation et
d’ouverture.
L’adaptation repose sur une
réponse énergique et permanente
face aux défis de sécurité. Contre
le terrorisme, la gendarmerie a
mis dans un délai très court un
ensemble d’unités performantes
pour lutter contre les actions
terroristes. Le GIGN a été la
première réponse au terrorisme.
Sa création date des années 70 où
le péril était lié au détournement
d’avion. Il faut dans le même
cadre rappeler que la création de
la gendarmerie mobile est liée
Magazine quadrimestriel d’information de la Gendarmerie nationale N° 28 - Janvier 2021
CONTRIBUTIONS
aux revendications sociales des
années 30 qui ont vu les grèves
du front populaire. Les armées
n’étaient pas outillées pour
faire le maintien de l’ordre et
les carnages de la fin du 19ème
siècle n’étaient plus tolérables.
Le Haut Commandement de
la Gendarmerie a placé son
action dans l’anticipation. Il
s’agit aujourd’hui plus qu’hier,
d’anticiper sur les évènements.
En novembre 2019, La Grenade,
journal de la Gendarmerie,
pour marquer la prise de
commandement du nouveau
patron avait sorti un numéro
dont le dossier spécial traitait des
catastrophes et des pandémies.
La gendarmerie a trouvé très
vite les modes opératoires pour
conduire sa mission anti COVID 19
dans le cadre de l’état d’urgence
sanitaire. Elle a pu permettre sur
les points les plus reculés une
présence de l’Etat et la mise en
œuvre de la politique sécuritaire.
La gendarmerie dans ses
formations et dans ses techniques
est innovante et très marquée par
les avancées technologiques. En
15 ans, la bureautique de service
a pris le pas sur les légendaires
machines à écrire qui ont fait
les beaux jours de l’Arme. De
même, l’informatique de service
a beaucoup allégé aussi bien le
travail d’état-major que les suivis
logistiques permettant une bonne
adéquation « missions-moyens ».
La gendarmerie s’est dotée de
moyens modernes épousant
les technologies d’avenir et
permettant d’apporter une
aide précieuse à l’action des
unités sur le terrain. Les moyens
d’investigation des unités
de recherches épousent les
49
 CONTRIBUTIONS
technologies les plus performantes
en recherche d’indices et de lutte
contre la grande délinquance.
La gendarmerie, pour s’adapter,
anticiper et innover a fait preuve
d’ouverture dans tous les sens
pour se donner les moyens de
son envergure. Ell s’est ouverte
à l’université, recrutant dans
toutes les facultés, s’assurant
ainsi des ressources humaines
de qualité à même de se coller
à l’environnement général
du monde. Les officiers sont
issus de toutes les filières de
formation avant d’être moulés
dans une formation militaire et
professionnelle commune.
De même, un nouveau corps
de spécialistes et d’appui a été
mis en place pour répondre aux
sollications logistiques de plus
en plus pointues. Par exemple, le
soutien du parc automobile est
assuré par ces spécialistes recrutés
dans le corps de métiers de la
mécanique et de l’électronique.
L’action permanente et
l’adaptabilité n’ont de sens que
si la gendarmerie reste une force
humaine dont le principal atout
repose sur des hommes et des
femmes de valeur.
III- ABNEGATION DU
PERSONNEL
« Les remparts de la cité sont des
hommes et non des pierres ».
Que serait la gendarmerie sans
les gendarmes, des hommes et
des femmes pétris de valeurs
chevaleresques dont les titres
sont compétence, engagement,
loyauté et honneur ?
La gendarmerie veille à ce que
les gendarmes, tous militaires,
maitrisent le métier de gendarme.
Cette maitrise repose sur deux
pilliers que sont :
50
Magazine quadrimestriel d’information de la Gendarmerie nationale N° 28 - Janvier 2021
- Une formation initiale
solide rigoureuse et adaptée dans
les écoles et centres de formation.
Tout officier, tout sous-officier et
tout gendarme auxilliaire après
recrutement est formé dans une
école ou centre de la gendarmerie
- Une formation continue
sanctionnée par des diplomes
est exigée avant tout passage
à un grade supérieur. Cette
formation est personnelle et
requiert un investissement total
avant de prendre une quelconque
responsabilité dans l’institution.
Une discipline militaire rigoureuse
est exigée à chaque membre de
la gendarmerie. Cette discipline
qui se traduit par un engagement
total, sans faille et permanente
assure la carrière du gendarme.
Soumis à la fois au code de
procédure pénale, au code de
justice militaire et au règlement
de discipline générale des
armées, le personnel fait l’objet
d’une surveillance permanente
des autorités de commandement.
Toute punition entraine une
suspension d’examen ou
d’avancement de cinq ans.
De façon générale, épousant
de facto le statut militaire, un
dévouement au drapeau est le
corrolaire de l’état de gendarme.
Le serment devant un tribunal
de grande instance, de façon
solennelle et en séance spéciale
prend toute son importance.
Les gendarmes sont dévoués
au drapeau, aux autorités de
la République et à leurs chefs.
Agents d’autorité quel que soit
leur grade, ils font preuve d’un
zèle tangible aves les autorités
Le mot honneur lie la gendarmerie.
La devise HONNEUR-PATRIE fait
que depuis plus d’un millénaire
des hommes de devoirs se
sacrifient au quotidien pour que
d’autres survivent et vivent. Les
gendarmes sans cri, sans état
d’âme sacrifient journellement
leurs loisirs, leur vie, leur famille
pour que les autres aient une
vie décente et en sécurité. Une
bonne dizaine de gendarmes
meurent chaque annéee face à
des criminels sans scrupule.
La gendarmerie est le corps qui
sanctionne avec une extrême
rigueur ceux qui n’épousent
pas les valeurs du corps. Une
vingtaine de personnel sont
radiés pour indélicatesse. Le
service intérieur est le guide du
gendarme pour lui éviter toute
forme de dérives, même légère
qui pourrait constituer une faute
contre l’honneur et la discipline.
En tout état de cause, la seule
confiance des autorités et surtout
du chef suprême des forces
armées, impose à la gendarmerie
de satisfaire les besoins sécuritaires
des sénégalais. Elle entraine une
offensive permanente contre les
menaces et défis qui ont pour nom
terrorisme, drogue, émigration,
fraude et trafic de bois.
Mes vœux accompagnent le
commandement dont les efforts
permanents envers les retraités,
les veuves, les orphelins de la
gendarmerie traduisent une
volonté ferme et réelle de conduire
la grande famille gendarmerie
vers un destin multiséculaire.
Aux jeunes, je dis la gendarmerie
a un bel avenir devant elle.
Tenons très haut le flambeau
pour continuer de mériter
l’admiration et la considération
des populations.
 CONTRIBUTIONS

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Magazine quadrimestriel d’information de la Gendarmerie nationale N° 28 - Janvier 2021
 PORTRAIT
FEU COLONEL SILYMANE SARR

aout 1966. Promu au grade

de capitaine en 1973, il
est lauréat du concours
pour l’école supérieure de
gendarmerie où il obtiendra
le certificat de sciences
criminelles (université de
droit Paris 2) en 1976.
Commandant à compter du
01-juillet 1977 il est affecté
à la légion de gendarmerie
d’intervention comme adjoint
et en 1979 il va à l’école de
formation et d’application
de la gendarmerie comme
commandant de l’école.
Il sera ensuite affecté à
la sous-direction de la
gendarmerie pour arriver à
FEU COLONEL SILYMANE SARR
ANCIEN HAUT COMMANDANT EN SECOND DE LA GENDARMERIE l’état-major de la FINUL au
sud Liban en 1980. En 1981
C’est à Bakel qu’il a vu le Le 01 octobre 1960 il est il est auditeur à l’institut des
jour le neuf (09) mai 1935. libéré de ses obligations à hautes études de défense
Après avoir fréquenté l’égard de la gendarmerie nationale à Paris. Lieutenant-
l’école élémentaire de française en application colonel le 01 juillet 1982 il
Louga de 1941 à 1947, le de l’accord de défense en sera nommé commandant
cycle secondaire au lycée matière de défense suite d’école de gendarmerie.
de Faidherbe de 1947 à décision n°962/3.4.5 du Suite décret 885-323 du
1954, il est employé comme 04 avril 1960 du général 27- 03- 85, il est promu
cadre à la compagnie commandant supérieur de la colonel et commandant du
française de l’Afrique zone d’outre- Mer n°1. groupement des écoles et
Occidentale grâce à ces Il est rayé des contrôles et centres de formation.
compétences sportives. des cadres, il sera transféré Durant sa longue et brillante
En 1958 il opta pour le à la gendarmerie de la carrière il a eu a occupé
recrutement direct des république du Sénégal suite plusieurs poste dans la
auxiliaires gendarme. Après AM n° 11515/1B.GCS des 4 et gendarmerie : adjoint et
sa formation en 1959 suivi 8.11.60. Admis au concours commandant de compagnie
d’une application en 1960 direct à l’école des officiers territoriales ; commandant
il obtiendra son diplôme de la gendarmerie nationale d’escadron de la gendarmerie
d’Aptitude Professionnel n° (EOGN) de Lodève (Hérault), mobile ; chef de division ;
1 et n° 2 ainsi que Certificat major de sa promotion, il commandant en second de
d’Aptitude Technique 1 et 2. nommé lieutenant le 01 la légion de gendarmerie
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Magazine quadrimestriel d’information de la Gendarmerie nationale N° 28 - Janvier 2021

d’intervention ; commandant
du groupement des écoles
et centres de formation
en 1982 et en 1990 Haut
commandant en second de la
gendarmerie nationale.
Le colonel Silymane SARR a
effectué plusieurs missions .
De 1974 à 1975, il est prévôt
à Suez et à Ismaila en Egypte
avec l’UNEF (guerre israélo-
arabe). Il a été chef de
sécurité à l’état-major de la
FINUL au Liban avec résidence
à Nakuru et compétence
territoriale au Liban –Israël-
EGYPTE-Syrie ;
De 1987-1989 il a effectué
les fonctions de commandant
de la gendarmerie nationale
en Gambie et commandant
adjoint de la gendarmerie
fédérale ;
PORTRAIT
En 1990 il est chef de la l’union sportive de Lodève
sécurité à l’organisation de la (dans l’Hérault) ; demi
Coupe d’Afrique des Nations -finaliste championnat de
(CAN), Sénégal 92. France militaire de judo avec
Il a reçu plusieurs distinctions l’EOGN ; meilleur athlète
dont les félicitations écrites du point d’appui de Dakar
du colonel commandant de (compétition militaire).
la gendarmerie de la zone Il était époux et père de
d’outre - mer n°1 ; des famille.
félicitations écrites avec
gratification ; des félicitations
écrites du ministre de
l’intérieur et des citations à
l’ordre de la gendarmerie.
Il est à noter que le colonel
SARR était un grand sportif.
Il a participé à plusieurs
compétitions nationales et
internationales comme le
championnat international
civil en basket-ball et
athlétisme ; championnat de
France football amateur avec
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Magazine quadrimestriel d’information de la Gendarmerie nationale N° 28 - Janvier 2021
 IN MEMORIAM

Le Général de Corps d’armée Jean Baptiste TINE,

Haut Commandant de la Gendarmerie nationale et Directeur de la Justice militaire
ainsi que l'ensemble du personnel expriment leur compassion et renouvellent leurs sincères
condoléances aux familles et proches des camarades arrachés à notre affection.

▶ Le gendarme Ismaila DIOP matricule 16296/S, précédemment en service à

la Légion de Gendarmerie d’Intervention décédé le 29 juillet 2020.

▶ Le gendarme Jean Grégoire BOP matricule 15814/S, précédemment en

service à l’escadron de surveillance et d’intervention de Bakel décédé le 27
septembre 2020.

▶ Le gendarme Abdoul Aziz BOYE matricule 8220/S, précédemment en service

à l’Etat Major de la Gendarmerie nationale (CHAÎNE EMPLOIS OPÉRATIONS,
CROGEND) décédé le 06 octobre 2020.

▶ Le gendarme Alassane BADJI matricule 12465/S, précédemment en service

à la légion Sud (Brigade SAMINE) décédé le 11 octobre 2020.

▶ Le gendarme Aloyse MENDY matricule 12905/S, précédemment en service

à Légion EST (Group d’action Rapide et de surveillance de la Gendarmerie
nationale GARSI ) décédé le 11 octobre 2020.

▶ Le gendarme Jean Martin DIATTA matricule 11691/S, précédemment en

service à l’Ecole des sous officiers de la Gendarmerie Nationale (ESOGN) décédé
le 22 octobre 2020.

▶ Le gendarme Abdoulaye NIANG matricule 15797/S, précédemment en

service à l’escadron de surveillance et d’intervention de Dakar décédé le 02
novembre 2020.

▶ Le maréchal des logis chef Cheikh CISSE matricule 3154, précédemment

en service à la Légion Ouest (Section de recherche) décédé le 23 novembre
2020.

▶ Le gendarme Abdoulaye FOFANA matricule 12306/S, précédemment en

service à la Légion Sud (brigade de Ziguinchor) décédé le 21 décembre 2020.

▶ Le gendarme Joseph Souleymane SOUMARE matricule 8219/S,

précédemment en service à la Légion Nord (brigade de Rosso) décédé le 10
janvier 2021.

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 ACTIVITÉS
GENDARMERIE

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