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Review

Author(s): Alison Fairlie and Alison Fairlie


Review by: Alison Fairlie and Alison Fairlie
Source: Revue d'Histoire littéraire de la France, 72e Année, No. 1 (Jan. - Feb., 1972), pp. 143-148
Published by: Presses Universitaires de France
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Accessed: 05-11-2015 22:44 UTC

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COMPTES RENDUS 143

dernièrespages, M. Brombertne peut s'empêcherd'évoquer, face à cette


liberté,les déterminismes de l'Histoire.L'acquiescementdu beyliste est ur*
refusmasqué qui préserveles colloques de l'intimité.Et par là Stendhalest
bien un écrivainde notre temps.
Jusqu'à quel point? La question vaut la peine d'être posée. Je ne suis-
pas tellementsûr qu'on puisse jeter un pont entre Stendhal et les existen-
tialistes,ou André Malraux. Gertes, les héros de Stendhal ne sont pas
- commetrèssouvent,ceux de Balzac - prédéterminés. Ils ont le privilège
du devenir.Cela n'impliquepourtantpas, me semble-t-il,que chez eux, le
faire l'emportesur l'être. Ce qu'ils recherchent,c'est moins faire que se
foire.Le beylismeest une quête de la réalitéde soi, ou, commepréférerait dire
neut-êtreVictor Brombert,de la liberté de soi.
H.-F. Imbert.

EmmanuelJ.Mickel, Jr.,The ArtificialParadises in French Lite-


rature. I. The Influence of Opium and Hashish on the Literature
of French Romanticismand « Les Fleurs du Mal ». Chapel Hill, The
Universityof North Carolina Press, 1969. Un vol. in-8° de 212 p.
Dans ce livre au titreambitieux,M. Mickel rassembleautour d'un thème
importantun choix de matériauxjusqu'ici dispersés dans des travaux de
spécialistes,et formule,surtoutsur Baudelaire, des observationspersonnelles.
Le sujet mériteraitdes recherchesplus poussées. Trois chapitres brossent
une toile de fond : « Aspects médicaux» ; « Considérationshistoriques »;
«Opium et hachisch dans la société du
littéraire dix-neuvième siècle». Au
quatrièmechapitre,«Opium et hachisch dans la littératuredu romantisme
français», quarante pages en tout traitent,dans l'ordre suivant,de Balzac,
Flaubert, Puycoussin[sic, passim], Dumas, Gautier, Nerval et Sue*.
Le chapitresur Baudelaire,beaucoup plus étenduet mieuxinformé, discerne
surtoutdes analogies obsédantes entre trois grands thèmes du poète : la
Femme, les Paradis artificiels,l'Art. Au lecteur averti de distinguerces
commentairesqui font voir, souvent de façon convaincante,les riches et
suggestivesallusions offertespar le thème des stimulants,d'avec certaine»
interprétations bizarresou hasardéesqui transformeraient des poèmes d'amour
en procès-verbaux d'une nuit d'opium.
Malgré des renseignements et des observationsutiles, les résumés, les
analyses et les jugements de M. Mickel2, se fondantsur une documentation
troppeu systématique 3, aboutissentsurtoutà un aperçu qui serviraà indiquer
certaineslacunes dans nos connaissancesplutôt qu'à les combler de façon
suffisante.
Alison Fairlie.

1. La paraphrase prime l'analyse dans le très court espace alloué à chaque auteur. Les
rapports entre le thème des stimulants et les préoccupations principales des auteurs en
question ne sont guère analysés, pas plus que les différences esthétiques qui marquent
l'utilisation de ce thème chez des auteurs de valeur très inégale. Quels sont, surtout, les
principes qui ont présidé à ce choix d'auteurs ? (Cf. la liste donnée, p. 58, n. 1). Signalons
que le livre d'Alethea Hayter, Opium and the Romantic Imagination, London, Faber and
Faber, 1968, bien que quelquefois insuffisammentrenseigné du côté français, traite de
façon appofondie certains problèmes essentiels.
2. Sa connaissance de la langue française s'avère de temps en temps insuffisante:
voir p. 159 les suppositionssur a Sed non satiata », ou p. 187 où « Vainement ma raison
voulait prendre la barre » est interprétécomme o The poet tries in vain to bar the door ».
3. Pour n'en prendre que quelques exemples : sur Nerval, la bibliographie ne fait
mention que du second volume de l'édition de la Bibliothèque de la Pléiade et de deux
études sur cet auteur. Aucune mention de l'important ouvrage de Brierre de Boismont
(1845). Sur Balzac, il aurait fallu discuter, entre bien d'autres détails, une importante
lettre à Moreau de Tours ; si le cinquième volume de l'édition de la Correspondance par

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144 REVUE D'HISTOIRE LITTÉRAIRE DE LA FRANCE

F. W. Leakey, Baudelaire and Nature. ManchesterUniversity


Press,
1969. Un vol. in-8°de xvn-382p.
Ce livre importantaura,reçu, dès sa publication,l'accueil enthousiastedes
baudelairiens.Depuis de longues années, les articlesde F. W. Leakey, soit
qu'ils apportentde précieusesdécouvertes de nouvelles
1, soit qu'ils promettent
synthèses 2, nous laissaientsur notrefaim. Avec la présenteétude, un érudit
qui a longuementmûrisa pensée et dont la maîtrisea été saluée récemment
par M. Cl. Pichois3, inaugure une série où paraîtrontles fruits de sos
recherchesdétaillées.Ce volumecompteradésormaisparmiles outilsessentiels
dont se servirontles baudelairiensde l'avenir. Son apport est triple : il
examinede nouveau et de près les problèmesde chronologie,la situationde
Baudelaire à l'égard non seulementde ses contemporains françaismais aussi
de certainscourantseuropéens,et la valeur artistiquede textesessentiels.
Une courte préface cerne admirablementles difficultésque comportele
sujet et indique les méthodesque l'auteur se propose de suivre4. D'emblée
se dresse le problèmeépineuxde la chronologie,non pas de la publication,
mais de la composition.Comment,en principe,ne pas abonder dans le sens
de M. Leakey quand il se sépare de ces critiquesqui choisiraient et érigeraient
en systèmecertainesattitudesdu, poète a coupées d'avec la réalité chan-
geante de l'expériencecréatrice» ** ou quand il cite Baudelaire lui-mêmesur
a le plaisirqu'on a à lire dans les œuvresd'un artisteles diversestransforma-
tions de son art et les préoccupationssuccessivesde son esprit» ? Si, pour
certainslecteurs,il sembleraitpeut-êtrediscutable de dire que « dans les
rares cas où nous possédons une série de versionssuccessivesd'un poème
de Baudelaire,le contenuprincipalet les images essentiellestendentà rester
invariables» 6, M. Leakey est cependantpleinementconscientdes difficultés
qui résultentdes lacunes dans l'état présentde nos connaissances.Cest dans
les grandeslignes d'époques successivesqu'il suivra l'évolutiondes attitudes
de Baudelaire,s'attachantà retracerce qu'elles comportent de contradictions,
de redites,d'ambivalenceet de constantes.En ce qui concerne les détails,
il exposera,soit dans le texte,soit dans son Index Chronologique,les faits
qui permettront au lecteur de juger pour lui-mêmeles argumentsavancés.
Le livre comportedeux parties,consacréesà deux époques : 1832-1851 et
1852-1865. Pour chacune de ces deux époques, quatre chapitres traitent
d'attitudes qui caractériseraient des étapes successives et distinctes,tout

R. Pierrot, avec ses excellentes notes sur cette lettre, a paru trop tard pour que M. Mickel
en tienne compte, la lettre avait été citée dans un des ouvrages figurantdans la biblio-
graphie de M. Mickel. Cette bibliographie ne fait pas mention de l'article de Cl. Pichois
et R. Kopp : « Baudelaire et l'opium : une enquête à reprendre», Europe, XLV, n° 456-457,
avril-mai 1967, pp. 61-79.
1. Voir surtout « Baudelaire and Mortimer», French Studies, VII, 2 (1953), p. 101-115
(et d'autres articles de F. W. Leakey, signalés dans la Bibliographie du présent ouvrage).
2. Voir surtout « Pour une étude chronologique des Fleurs du Mal : « Harmonie du
Soir», R.H.L.F., LXVH, 2, avril-juin 1967, p. 343-356; «Les Esthétiques de Baudelaire :
le " système" des années 1844-1847 p, Revue des Sciences humaines, XXIII, fase. 127,
juillet-septembre1967, p. 481-496 ; etc.
3. Robert Kopp et Claude Pichois : Les Années Baudelaire, Neuchâtel, A la Bacon-
nière, 1969, p. 34, 144.
4. Reconnaissant dès le début l'ambiguïté du terme Nature, M. Leakey cherche (p. x*)
à prendre comme centre l'attitude de Baudelaire envers les phénomènes du monde extérieur,
tout en tenant compte de certains textes où le mot aura le sens de « nature humaine ».
Le sens « système de l'univers » aurait aussi son importance.
5. « Divorced from the mobile reality of the actual creative experience» (p. xn).
6. « In the few cases where we do possess a number of successive versions of a poem
of Baudelaire's, the main content and imagery tend to remain unchanged » (p. xxv).
Serait-ce vrai en ce qui concerne, par exemple, « La Mort des artistes», ou la fin
d'« Un Fantôme ■?

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COMPTES RENDUS 145

en montrantde façon détaillée leurs rapportscomplexes avec les thèmes


qui les précèdentou les suivent.Dix pages de Conclusion résumentavec
une clartéexemplaireles grandeslignes des argumentsqui se sont développés
à traversle volume. « La philosophiede la Nature chez Baudelaire,loin de
resterstable et uniformeà traverssa carrière(comme on Ta si généralement
supposé)présenteau contraireun réseau trèscomplexed'idées changeantesaux
relationsréciproquesvariées» 7. Au début, culte de la Nature, avec des
dettes enversles philosophesdu xvnr3siècle. Changementd'idées vers 1846
où paraissent,du côté philosophique,la tendance à voir dans la Nature un
systèmemoral et, du côté esthétique,des théories* qui opposentà l'imitation
de la Nature,l'idéalisationà traversle tempérament de l'artiste8. En même
temps, nostalgie d'un o ailleurs» ou païen ou primitiviste. Tandis que la
vision primitivistepersisteraà traversl'œuvre,l'aspect païen cédera la place
à deux formesde modernisme : modernisme social et utilitaire,fruitdes années
t engagées» entre 1848 et 1851, et qui disparaîtraimmédiatement ensuite;
modernisme esthétique,déjà proclamédans le Salon de 1846 et qui persistera,
sous des avatars variés, jusqu'à la fin.
Changementdécisifà partirde l'hiver 1851-1852. Désormais se discerne-
ront quatre tendances principales,comportantmainte contradiction,mais
s'unissantautour de ce subjectivismequi caractérisaitdéjà, dans la période
précédente,les théories esthétiques.D'abord, la tendance anti-naturaliste,
qui pour M. Leakey appartiendraitessentiellementaux années 1853-1854,
la plupartdes critiquesl'ayant à tortrattachéeau Salon de 1846 sur la foi
d'une phrase isolée. Cet anti-naturalisme « humaniste» serait chez Baudelaire
plutôtsuperficiel: provocationsuscitéepar les circonstanceset qu'il partage
avec plusieurscontemporains qui ont contribuéau recueil sur Fontainebleau9.
Si, vers 1859, Baudelaire condamnela descriptiona réaliste», cette attitude
découleraitde ses théoriessur l'idéalisationexpriméedéjà dans le Salon de
1846 : XimaginationremplacemaintenantVidéalisation.Le culte de l'artificiel
serait sans importancefondamentalepour l'esthétiquede Baudelaire et n'y
figureraitque comme aspect subsidiairede la doctrinedu péché originel,
doctrineprésentéepar M. Leakey comme comportantdes contradictions avec
le désir d'éleverl'hommeau-dessusde la Nature.Entre la Cité et le Paysage,
ce sont plutôt des analogies que des contrastesqu'exprimele poète. En
somme,les a diatribescontrela Nature dont òn a fait tellementétat révèlent
une attitudebien plus limitéeet bien moins cohérentequ'on ne le suppose
généralement » 10.
Seconde attitude: la théorie et la pratique d'un symbolismetiré de la
Nature. Examinant de nouveau cette question tant rebattue, M. Leakey
distingueavec une admirablenettetéentreles analogiesde typetranscendental,
représentées par Swedenborg,et celles de type terrestre, par Fourier; trouve
que Baudelaire est sans doute plus près de Fourier; et souligne (en accord
surtoutavec les travauxde L. J. Austin,entreautres) le fait que Baudelaire

7. « Baudelaire'sNature-philosophy,
far frombeing fixedand uniformthroughout his
career(as has so widelybeen assumed)presentson the contrary a highlycomplexpattern
of shiftingand variouslyinterrelated ideas » (p. 311).
8. En ce qui concernecettepériode,ajouterà l'excellentebibliographie
de M. Leakey
l'articlede D. J. Kelley : «Deux aspectsdu Salon de 1846 : la dédicace aux Bourgeois
et la Couleur», Forumfor Modem Language Studies,V, 4, octobre1969, p. 331-346.
D. J. Kelleyprépareune éditioncritiquedu Salon de 1846.
9. Voir,en mêmetempsque les détails fournisdans le présentvolume,p. 112 sq.,
l'articlede M. Leakey : «A Festschrift of 1855 : Baudelaireand the Hommageà CF.
Denecourtw, Studies in French Literature presented to H.W. Lawton, édité par J. C.
Ireion,I. D. McFarlaneet GarnetRees, ManchesterUniversity Press [1968], p. 175-202.
10. «Baudelaire'smuch-publicizeddiatribesagainst Naturereveal a far more limited
and inconsistentattitudethan is commonlysupposed» (p. 313).

Revue d'hist. uttér. de la France (72" Ann.), lxxd. 10

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se sert des théoriciensde l'analogie universellepour en tirerbien moins une


mystiquequ'une théoriepersonnellede la. métaphore.Une analyse détaillée
du fameuxsonnetdes « Correspondances » (p. 195 sq.) s'attaqueraà la distinc-
tion de sens qu'établitune critique traditionnelle entre le premierquatrain
et le reste du poème, et soulignerala primautéde l'impressionémotive et
pittoresqueen comparaisonavec certainesthéoriesque la critique a tirées
après coup et de façon trop systématiquede ce poème si suggestif.
Les idées de Baudelaire sur les correspondances présenteraient des contra-
dictionsnon seulementavec sa « répudiationhumanistede la Nature», mais
aussi avec la troisièmetendance de sa pensée, celle d'une misanthropie qui,
« terribleet desséchante», l'obséderaitd'une manière croissanteà partir de
1857. Cest à partirde cette époque-là qu'il se tourneraitvers les aspects
de la Naturequi sontles plus éloignésde l'homme: mer,nuages*, déserts,etc.»
revenantainsi de façon cyclique,mais avec une attitudeplus sobre et plu»
cynique,à certainsthèmesde sa jeunesseH.
Finalement,l'époque du « nihilisme» : tourmentsrésultantde la contem-
plationde la Naturedans « Obsession» ou dans « Le Confiteorde l'artiste» ;
désir d'atteindre« le vide et le noir et le nu » ; craintede retrouveraprès
la mort les conditionsde la vie. Si les dernièresphrases du chapitrevm
affirment que « misanthropieet nihilismes'unissentpour remplacer toute
attitudeantérieureenversla Nature» 12. M. Leakey caractérisepourtant,dans
son analyse du « Voyage», « the aspiringqualityof Baudelaire'snihilism» 13.
Quatre pages excellentesterminentcette étude, en résumant,derrièreles
contradictions ou les complexitésdes attitudesde Baudelaire,certainescons-
tantes qui contribueront à son originalité.Sa sensibilitéenvers la Nature
extérieurene comporteni mysticismeexalté ni descriptiondétaillée; au
centrede son universil place l'homme: l'hommeenvisagé non pas comme
abstraction,mais à traversle prismefournipar une sensibilitéindividuelle.
La Nature servir^de moyend'exprimerou de suggérerles rêves, les délices!
ou les terreursde cettesensibilitéen mêmetempsparticulièreet représentative.
La tension entre délices et terreurse découvre dès le texte de jeunesse
a Incompatibilité» et trouveune dernièreexpressionvingtans plus tard dans
« Le Confiteorde l'artiste». M. Leakey nous rappelle d'ailleurs l'importance
du fait que Baudelairevoit le plus souventla Nature à traversdes transpo-
sitionsesthétiques.Surtout,son dernierparagraphesouligne deux conclusions
essentielles: d'abord Fambivalencequi sous-tendtoutes les attitudes de
Baudelaireenversla Nature; ensuite,le triomphede l'artiste,qui, o par l'acte
même de donner à l'échec une expressionmémorable,[...} réussit»malgré
tout, à arracherune victoireparadoxaleet durable» 14.
Tout résume et toute critique risquerontde fausser les conclusionsd'un
livre qui se fonde sur des considérations très détailléeset très nuancées. Les
travauxde M. Leakey mettenten pleine valeur l'importanced'une approcha
chronologique.Pour les années qui se situentautourde 1846 il nous montre
clairementcombien Baudelaire est attirépar un systèmeoù le mal jouerait
uà rôle salutaire (y aurait-ilpeut-êtretendance à sous-estimerquelquefois
l'importanceà cette époque de la part d'une ambivalenceou d'une ironie
déjà cinglante? : a la bonne nature» de la premièreversionde « La Mort
11. « By a process of development that is not so much circular a» " cyclic**, Baude-
laire reverts, towards the end of his life, to a relationship with Nature which recalls,
but at a more chastened and cynical remove, the « honeymoon» phase of bis youth *
(p. 317.)
12. « Misanthropy and nihilism combine to supersede all prior attitudes,to Nature->
(p. 310).
13. Voir p. 294-310 et 317.
14. a Yet by the very act of memorablyrecording that failure, the artist E-T contrives,
in spite of all, to wrest a paradoxical and enduring victory»■(p. 320).

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COMPTESRENDUS 147

des artistes» ou « la naturegrande en ses desseinscachés» de « Tu mettrais


» se placent dans des contextesqui relèventpeut-êtred'une amer-
l'univers...
tume provocatriceautant que d'une philosophie sérieuse). Si M. Leakey
abonde dans le sens de Baudelaire en voulant éviter toute adhésion à des
systèmesétroitsou simplificateurs, faussementimposésà une œuvremultiforme
et exploratrice,n'aurait-ilpas quelquefois couru le risque d'imposerpour sa
part quelques simplifications chronologiques? (Y aurait-ilvers 1852 un renver-
sement d'attitudeaussi total qu'il le suggère à la page 99 ou dans ses
remarquesréitéréessur « new » ou a for the firsttime» au cinquièmecha-
pitre,p. 103, 104, 112, etc.)? D'un autre côté, soucieux de ce droit de se
contredireque réclamaitBaudelaire,M. Leajcey ne tendrait-ilpas quelquefois
à souligneravec une logique salutairemais quelque peu rigoureusedes contra-
dictions apparentesentre les préoccupationsde différentesépoques plutôt
que de toujoursretracerdans les détails le degré de cohérencequi sous-tend
des attitudess'avérantdès le début ambivalentes?Lui-mêmed'ailleursdéfinit
et caractérisecette potentialitéd'ambivalencedans les excellentesanalysesdo
son premieret de son dernierchapitreI5.
Des questions de ce genre demanderaientune discussion serrée de la
riche argumentation offerte par chaque chapitredu présentouvrage : ouvrage
offrantau surplusune somme de connaissancesqui dépasse de loin le sujet
immédiat.Soit dans le texte,soit dans les notes où il a reléguéavec modestie
mainte découverteet maint commentairedu plus grand intérêt,NL Leakey
nous donne de nouveaux moyens de situer l'œuvre de Baudelaire dans le
climat de son époque, qu'il en suggèrede nouvelles a sources», ou qu'il le
compare avec les grands courants littéraires.Son examen rigoureuxde
certainstermes ambigus (o mystique», p. 48 ; 0 surnaturel », p. 179 sq.,
p. 314 -9surtout a spirituel», p. 236, etc.) sera d'une très grande valeur.
Certainesanalysesde textes,préciseset détaillées,scrutentde façon suggestive
des aspects essentielsde la. technique de Baudelaire, poète ou prosateur.
Si quelques commentaires susciteront peut-êtredes discussionsou des réserve»
(par exemple, 1' 0 incohérence » attribuée à a J'aime le souvenir» ou au
« Soleil» ; certainesremarquessur a L'Homme et la mer» ; quelques-unes
d'entreles observations4sur « Rêve parisien» ou sur 0 Alchimiede la Douleur»),.
M. Leakey le plus souventanalyse d'importants textes avec une vigueur et
une finessequi mettenten pleine lumièreleur sens et leur subtilité(entre
beaucoup d'autres, o La Vie antérieure », 0 Coucher du Soleil romantique»,
et surtout0 Horreursympathique »).
Les nécessitésimposéespar un manuscritsous presse n'ont pas permisà
M. Leakey de faire état dans son texte des importantsdétails fournisdans
la refoötedu premiervolume de l'édition Crépet-Blinpar Cl. Pichois et
dam le Catalogue de l'ExpositionBaudelaire au Petit Palais en 1968. Mais
il a pu heureusementen tenir compte dans son index chronologique.Cet
index, avec ses cinq colonnes résumant sous forme très commode des
référencesprécises,sera pour tout baudelairienun précieux instrumentde
travail16, Le texte,par la qualité de son érudition,par l'importancede ses
poifcukttschronologiques, et par la sensibilitéet l'intelligencedont témoignent

15. Voir aussi p. 112, 124, 127, 132, 279, etc.


19. Cet index comporte écrits en prose en même temps que poesies* M, Leakey, dans
1» note qui le précède, ne nous explique pas quei serait le principe ayant détermfaé
certames omissions. D. I. Mossop, dans son compte icadu, French Studies, XXIV, 4
octobre 1970, signale l'absence de a La Vie antérieure». En fait» 31 poèmes dé k second»
édition des FM. semblent ne pas figurer à l'Index chronologique. A la liste à*errata
fournie avec le volume pourraient s'ajouter quelques »mimes faute» d'impression (p. 224 :
e comparisca v ; p. 230 : « Circonstance» ; p. 293 : c characterwte> ; p. 308» tu 1 t
omission de l's après B.)

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148 REVUE D'HISTOIRE IJTTÉRAIRE DE LA FRANCE

certaines analyses de poèmes ou de morceaux en prose, offriraaux dix-


neuviémistesen général en même temps une somme de connaissanceset un
stimulantqui susciterade nouvelles découvertes.
Alison Fairue.

La Commune de Paris, numérospécial de la revueEurope,48e an-


née, n° 499-500, novembre-décembre
1970.
En présentantce cinq-centièmenumérod'Europe, M. Pierre Abrahamrap-
pelle qu'une des caractéristiques de la politique culturellede la revue est sa
• fidélitéà l'espritde la Communede 1871 » : Europe se devait donc de
célébrerle centièmeanniversairede la Commune,comme elle avait célébré
le quatre-vingtième en avril-mai1951, par un numérospécial qui a même
paru avec quelques mois d'avance. Trop tôt peut-êtrecar, pendant ces quel-
ques mois, les publicationsrelativesà la Communese sont multipliéeset ce
numéroprécocene pouvaitévidemment ni en rendrecompteni en tirerparti.
Le centenaire: n'était-cepas l'occasion de faire le point sur l'événement
lui-mêmeet sur les études dont il a été l'objet? Nous ne trouvonspas ici
te bilan attendu.Il est regrettable, par exemple,que ce numérone comporte
pas de bibliographie(les indicationsque fournitM. Henri Guilleminp. 41-42,
sont utiles,certes,mais n'en constituent qu'une esquisse). Il arrivemême que
des ouvragessoientsignaléssans aucune référence(par exempleLe Mythede
la Communede Mason, p. 551).
Ce numérospécial ne prétendni épuiserla question,ni renouveler,encore
moins bouleversernotre connaissanceet notre conceptionde la Commune.
On y décèle en outre une assez nette diversitéd'inspiration.Le livre de
M. Paul Lidsky,Les Écrivainscontrela Commune,est expédié,sinon exécuté,
dans une note dédaigneuse(note 1, p. 48), en raisonde ses « conclusionsd'un
simplismeétonnantsur les rapportsdes événementsde 1968 avec ceux de
1871 », mais un article de M. NorbertChatillon s'intituleprécisément« La
Communeet mai 1968 » et dégage une exigencecommuneaux deux mouve-
ments : « penser dans la Révolution». Blanqui est évoqué à deux reprises,
mais alorsque M. VirgileBarrelestimequ'il convientde méditersur le manque
de théorieet les erreursd'un révolutionnaire démodé (p. 252-253),M. Armand
Lanoux se demandesi celui-cine retrouvepas aujourd'huiune certaineactua-
lité (p. 245). Devant le livre du généralZeller,Les Hommesde la Commune,
M. Jean Gacon s'indigne(p. 7), mais M. Henri Guillemindit sa «surprise
heureuse» (p. 42).
Au-delà des divergencesd'appréciationsur tel ou tel point,il semble bien
que se trouventjuxtaposées,mais non véritablementconfrontées,plusieurs
visions de la Communeet plusieursidéologies. Elles soulèventen tout cas
le problèmecapital de l'image de la Commune,de la façon dont celle-ci a
été décrite,utilisée,enseignée,ignorée.M. Gérard Milhaûd qui montrecom-
menton est passé, dans la présentation des faits,« de la calomnieà l'histoire»
et MmeHenriettePsichariqui dénonce« l'aveuglementdes écrivains» amorcent
ce qu'on appelleraitvolontiers l'histoiredu mythede la Communesi les auteurs
ne prenaientautantde soin à repousser,voire à exorciserle mot. Plutôt que
de le refusera priori,mieux aurait valu en définirle sens et la portée et
chercherdans quelle mesurele conceptpourraitêtre utilisé.
L'histoireproprementdite des événements,telle qu'elle est rapportéedans
l'exposéliminairede M. Jean Gacon, resteconformeà l'interprétation marxiste,
ce qui est tout à fait admissible.Ce qui Test moinsc'est que M. Jean Gacon
ignore délibérémentles travaux récents,notammentceux de MM. Jacques
1. Allusion, je suppose, au chapitre vi, « The Commune in Socialist Mythology», du
Hvre d'Edward S. Mason, The Taris Commune, An Episode in the History of the Socialist
Movement, New York, The Macmillan Company, 1930.

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