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Descriptif : Ce cours sur les écosystèmes tropicaux non zonaux veut donner aux
apprenants un aperçu des milieux spécifiques en continuité avec le cours de 1er
année sur les types d’écosystèmes. Pour ce faire, un minimum de connaissances sur
la mise en place de ces reliefs fascinants que sont les montagnes leur est prodigué.
Toutes les notions de formation des montagnes, d’érosion, de risques
d’aménagement des montagnes seront passées en revue.
Plan du Cours
Introduction générale
1. Définition et appréhension de la montagne
1.1. Définitions
1.2. Typologie des montagnes
1.3. Caractéristiques et caractères du relief montagnard
2. Formation des montagnes
2.1. Observations du problème
2.2. Théories en appui
2.3. Histoire géologique et formation des montagnes
2.4. Mise en place des montagnes au Cameroun
3. Climat et érosion en montagne tropicales
3.1. Climat montagnard
3.2. Sol en montagne
3.3. Erosion en montagne tropicale
4. Les écosystèmes montagnards dans le monde tropical
4.1. Amérique Latine
4.2. Asie
4.3. Afrique
5. Aménagement des montagnes tropicales
5.1. Concept d’aménagement
5.2. Types d’aménagement
Conclusion générale
Lexique
Références indicatives
2
Introduction générale
Veyret & Veyret (1962) et Gerbeaux (1989), à leur tour vont renchérir et montrer
que la montagne est un objet complexe à définir. De l’allemand ’’berg, gebirge’’, et
pour le sens commun, la montagne désigne une réalité visuelle évidente
correspondant à une élévation brutale du relief terrestre, mieux, une forme
saillante de relief caractérisée par des altitudes, des volumes et des paysages
spécifiques qui font l’objet des conventions variables selon les contextes et
selon les pays.
Certes, il existe une imprécision sur la définition de la montagne si l’on s’en tient
aux différents contextes géographiques (montagnes de 1000, 2000, 3000, 4000
7000m etc.) ou alors politiques (toute définition conventionnelle paraît
réductrice). Cette imprécision tient à 3 raisons principales:
l’absence d’unanimité des scientifiques sur les critères à retenir et les
valeurs quantitatives susceptibles d’avoir une fonction de seuil; entre 300
et 1000 selon la FAO (2002) ; A Mountain is defined by elevation above
sea level (minimum between 300 and 1000 meters, depending on
latitude), steepness of slope and excluding large plateaus
la persistance d’un usage ancien et populaire (lié à l’imaginaire des peuples)
qui désigne par montagne l’un des deux termes d’un contraste paysager
entre formes de relief et terroir indépendamment de son altitude et de son
volume;
l’association récurrente entre ce type de relations physiques et des
attributs ou des qualités que l’imaginaire collectif conçoit comme étant
consubstantiels (montagne lieu sauvage, vierge, de loisir, de tourisme;
montagne fertile et féconde) et qui organise l’aménagement de la montagne.
Par ailleurs, la notion de contraste d’altitude avec les piémonts doit être aussi
invoquée. Aussi, la montagne doit-elle s’élever brutalement au-dessus des reliefs
environnants et se dresser comme une muraille avec des dénivellations > 300.
C’est le cas du plateau de l’Adamaoua qui surplombe les régions aux alentours par
des versants escarpés et abrupts avec plus de 400 à 500m de dénivelées par
endroits. Par conséquent, le paradigme de la verticalité, propice aux discontinuités
et aux mobilités représente un critère important, mais pas suffisant. Ainsi, il
existe des milieux de plus de 3000 à 5000m d’altitude qui ne sont pas des
montagnes, parce que les versants ne sont pas abrupts, c’est le cas de l’altiplano
des Andes centrales et d’une partie des montagnes éthiopiennes. N’empêche que
c’est à cause des différenciations altitudinales que l’on parvient à distinguer la
haute montagne (> 2000m) de la moyenne montagne (1000-2000m) et la basse
montagne (<1000m).
des monts Mandara ne sont-ils pas considérés comme des populations refugiées
dans ces montagnes sèches pour résister à la conquête islamique?
Certes, il n’est pas exclu que le déterminisme ait conditionné le mode de vie des
populations montagnardes, néanmoins « la montagne est parmi les milieux
distincts que présentent la terre, un de ceux qui par leur ensemble de
conditions physiques détermine avec plus de forces chez ses habitants un
caractère particulier» Reclus, 1905.
C’est dire que l’adaptation des populations à ce sanctuaire qu’est la montagne leur
confère un mode vie singulièrement différent de celui des populations des basses
terres environnantes. Ceci est d’autant plus vrai que le montagnard est considéré
souvent en fonction de sa robustesse, sa résistance, signe même et
caractéristique de la salubrité du milieu montagnard qui fragile par essence,
‘‘n’accouche’’ pas des hommes fragiles. C’est pourquoi, Dupaignes (1873), rappelle
qu’il suffit de prononcer le mot «montagnard pour éveiller l’idée d’homme
robuste, actif, persévérant, travailleur, brave, généralement honnête et de
bon sens, aimant la liberté, enfin sincèrement religieux».
L’auteur souligne à bon escient des qualités physiques liées aux avantages des
montagnes tropicales considérées à juste titre comme des îlots de fraicheur
relative (et qui suppose par conséquent des parasitoses moins développées et
l’éloignement du paludisme endémique) et des châteaux d’eau (par définition eau
saine) ainsi que des qualités morales et cosmogoniques sacralisantes qui font des
montagnards tropicaux des hommes respectueux et profondément religieux et
enracinés dans leur culture ancestrale. Sur ce plan, on retiendra la définition de
Veyret « Les montagnes sont définies comme des mosaïques de milieux
physiques plus ou moins anthropisés, des laboratoires de la nature, des musées
de paysage, des formes de mode de vie »
Indépendamment de ses caractères objectifs, une montagne est aussi pour les
habitants et visiteurs une représentation collective. Façons dont les systèmes
culturels se représentent tout ou partie de la réalité montagnarde et façon dont
les pratiques collectives, les règles institutionnelles et les dynamiques sociales
sont influencées par ces représentations.
Toutefois, pour caractériser une montagne, il ne faut pas seulement tenir compte
de sa longueur sur la carte, mais aussi de l’altitude de ses principaux sommets et
des différents niveaux de son volume montagneux. Cela détermine l’étagement d’un
plus ou moins grand nombre d’étages bioclimatiques, nombre déterminé toutefois
par les caractéristiques thermiques saisonnières de la zone climatique où se situe
le relief montagneux
Toutefois, les plus hauts sommets de la Planète se trouvent sous les tropiques
comme le montre le tableau
13
La terre compte quatorze sommets excédant 8 000 mètres, tous situés dans la chaîne de
l'Himalaya ou celle du Karakoram. Ils furent conquis en l'espace d'une quinzaine d'années.
Sommet Altitude Conquête
Everest 8 850 m 1953
K2 (Godwin Austen) 8 611 m 1954
Kangchenjunga 8 586 m 1955
Lhotse 8 516 m 1956
Makalu 8 463 m 1955
Cho Oyu 8 201 m 1954
Dhaulagiri 8 167 m 1960
Manaslu 8 163 m 1956
Nanga Parbat 8 126 m 1954
Annapurna 8 091 m 1950
Gasherbrum I 8 068 m 1958
Broad Peak 8 051 m 1957
Shisha Pangma 8 046 m 1956
Gasherbrum II 8 035 m 1964
Les plus hauts sommets des continents donnent encore la première place aux
nations tropicales
Tandis que les quatorze plus hauts sommets du monde sont situés en Asie, la plus
haute cime de chacun des continents excède 5 000 mètres à l'exception de la
pyramide de Carstensz en Indonésie.
Continent-Pays Sommet Altitude
Asie-Népal et Tibet Everest 8 850 m
Amérique du sud-Argentine Aconcagua 6 959 m
Amérique du nord-Alaska E.U. Mc Kinley 6 195 m
Afrique-Tanzanie Kilimandjaro 5 895 m
Europe-Russie Elbrouz 5 642 m
Antarctique Vinson 5 140 m
Australie/Océanie-Indonésie Carstensz 4 884 m
(Andes de Colombie, mont Cameroun, Himalaya etc. Dès lors, l’exposition joue un
rôle fondamental et permet de distinguer l’adret et l’Ubac en milieu tempéré,
versants exposés et sous exposé en milieu tropical.
La typologie des versants peut se résumer à trois catégories:
• Versants nus que l’on retrouve en montagne sèche ou en haute montagne. Ils
sont décapés de leurs altérites à cause de la forte pente et de la vigueur
de l’érosion. Ce sont des escarpements à facettes, des rebords de trapps
ou de coulées basaltiques, des parois nus et de versants raides à pente
d’éboulis.
• Versants à gradins qui sont structuraux, Jakiri, Bafang, Ndop
• Les versants couverts: avec épaisse couverture d’altérite, convexes ou
convexo concaves ou concaves
Système de crêtes qui représentent des résidus d’anciennes surfaces (Kumbo
Nkambé, on circule entre 1200-1400m sur une ligne de crête caractérisée par
de vieilles cuirasses bauxitiques. Les crêtes peuvent représenter des résidus
de coulées ou de constructions volcaniques (dykes, necks) donnant des
pointements rocheux (aiguilles). Elles peuvent être liées à la tetonique (Magbas
et mylonite de Foumban)
Vallées et bassins intramontagnards
• Gorges très profondes 2-3000m, Gorges du Nkam, de Sagbayémé. Ces
gorges posent un double problème : problème tectonique ou d’épigénie
• Vallées en V fréquentes dans les montagnes tempérée et même tropicales.
• Vallées en berceau dans les milieux tropicaux qui ont reçu des coulées
basaltiques
• Vallées et vallons suspendues liées aux mouvements orogéniques
• Les profils longitudinaux sont en marche d’escalier montrant l’adaptation à
la structure (Mentchum, Bamiléké, etc), antécédence pour les cours d’eau
de l’himalaya
Les éléments morphoclimatiques: changement de climat avec l’altitude notamment
changement dans le rythme de la pluviométrie, abaissement des températures avec
un gradient 0.6° tous les 100m
Changement dans la végétation avec étagement: forêt humide à la base, savane
arborée et herbeuse pelée, steppe et pelouse ou prairie au sommet avec parfois
neige sur les hautes montagnes (Kilimandjaro, Kenya)
Changements dans les processus morphogéniques marquées par apparition du gel,
changement de caractère de l’érosion qui devient catastrophique, accroissement
et intensification de ce caractère catastrophique, les cours d’eau devenant des
torrents
Changements dans les sols qui sont épais et profonds à la base et passent aux
lithosols vers le sommet.
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Au plan sanitaire, la Montagne milieu plus salubre que les basses terres,
n’admettant pas de moustiques et glossines
Conclusion
L'appréhension scientifique de la montagne est fortement influencée :
• Par les cadres disciplinaires dans lesquels il prend place : la géographie
"met l'accent sur les paramètres géométriques de la montagne alors que [la
géologie] traite plus des propriétés et de la structure des éléments
constitutifs des montagnes et de leurs aspects génétiques" (Lidia Ioganson)
• par les écoles de pensée : recours aux étages de végétation important chez
les tenants d'une conception classique de l'écologie et de la biogéographie
(Ozenda 1985) mais perd de sa pertinence chez les plus jeunes.
L'importance attachée aux modes de vie pastorale et aux migrations
humaines (Grötzbach 1980) remonte loin dans l'histoire de l'anthropologie
et de la géographie (Blache 1930), mais perd de sa pertinence avec évolution
des modes de vie et de production observée dans les montagnes
contemporaines.
• par les concepts qui structurent une problématique scientifique : possible
de différencier les chercheurs selon qu'ils considèrent que la montagne est
17
aurait été à l'origine et des chaînes de montagnes, et des vastes dépressions que
constituaient les océans.
Les arguments de Jessen : Théorie de la contraction de la Terre, due à son
refroidissement. Dressant le constat des bourrelets montagneux des
continents qui sont flanqués par les profondeurs océaniques considérables
Eduard Suess (1831-1914) défend la théorie de la contraction terrestre pour
expliquer l'existence des continents et des océans. Pour lui, et de nombreux
géologues, la surface de la Terre s'est contractée comme une pomme créant des
creux et des bosses, les zones continentales et les zones océaniques.
transports en masse des plis sur des distances beaucoup plus grandes que celles
envisagées par les théories anciennes. Heim avait conclu d'après celles-ci que les
Alpes avaient dû subir une contraction de l'ordre de leur moitié […] »
Un des exemples historiques (la Faille du Midi qui limite au Sud le bassin houiller
franco-belge, dessinée en 1876) où les géologues ont mis en évidence des
« charriages », qui nécessitaient de fortes poussées latérales.
22
Figure . Structure du Zillertal selon Pierre Termier (modifié d’après Termier, 1903,
. 734). G : Zentralgneis, T : calcaire triasique, g : Grauwackengneis, S : Schieferhülle, Q : quartzites
triasiques, P : phyllades de Pinzgau, W : schistes fortement sériciteux
• Figure . La théorie des géosynclinaux d'Émile Haug (modifié d’après Marvin, 1974,
p. 48). Les bassins remplis de sédiments sont transformés en chaîne de montagne par le
soulèvement de la plateforme continentale.
Autour de ces boucliers, les chaînes de montagnes plus récentes ont des âges
allant de 450 à 650 Ma. Les traits indiquent le "grain" tectonique de ces chaînes.
À remarquer, dans les régions de São Luis et de Salvador au Brésil, la présence de
petits morceaux de boucliers.
Le rapprochement des deux continents (carte ci-contre) montre qu'en fait les
deux petits morceaux des zones de São Luis et de Salvador se rattachent
respectivement aux boucliers ouest-africain et angolais, et qu'il y a aussi une
certaine continuité dans le grain tectonique des chaînes plus récentes qui viennent
se mouler sur les boucliers. L'image du puzzle est cohérente.
26
La dérive des continents est une théorie proposée au début du siècle par le
physicien-météorologue Alfred Wegener, pour tenter d'expliquer, entre autres,
la similitude dans le tracé des côtes de part et d'autre de l'Atlantique, une
observation qui en avait intrigué d'autres avant lui.
4 étapes:
1/ Les failles fracturent un continent et forment un fossé d’effondrement.
2/ Le fossé s’élargit grâce au volcanisme présent.
3/ La mer envahit le fossé: un océan est né.
4/ L’océan s’agrandit grâce aux remontées de magma refroidissant rapidement
sous l’eau: petit à petit de la lithosphère nouvelle se forme au niveau de la dorsale
médio-océanique.
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BILAN :
Dans l'axe des dorsales océaniques, du plancher océanique se forme, les plaques
s'écartent et l'océan s'élargit ( ex : milieu de l'océan Atlantique) . Les plaques se
forment donc au niveau des dorsales.
Définitions :
Dorsale : longue chaîne de montagne sous-marine qui parcourt tous les océans du
monde sur plus de 60 000 km. Elle fait 1000 km de large et 2000 m de hauteur.
Rift : fossé d'effondrement fissuré, situé dans l'axe des dorsales et dont la
largeur peut atteindre une dizaine de kilomètre.
Pillow-lava : lave émise dans l'axe des dorsales et qui en se refroidissant, prend
la forme d'oreillers ( =pillow en anglais)
Fossé d'effondrement : effondrement d'une portion de lithosphère entre 2
systèmes de failles.
Tout ce qui précède tend à démontrer que la théorie de la tectonique des plaques
est unificatrice et qu'elle rend compte des grands phénomènes géologiques de la
planète. Est-ce à dire que nous avons tout compris? Certainement pas. Nous avons
compris le cadre général unificateur, mais il reste encore des inconnues, la
principale étant les processus du manteau reliés particulièrement aux cellules de
convection qu'on tient pour le moteur de la tectonique des plaques
La période calédonienne :
Deux chaînes de montagnes sont nées pendant l'ère primaire : le massif calédonien
(entre 420 et 380 millions d'années) et le massif hercynien (entre 360 et 295
millions d'années). On peut encore voir les restes de ces montagnes, cependant
bien émoussées : Terre-Neuve, les montagnes scandinaves, les plateaux écossais,
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très dur et résistant, finit par s'altérer sous l'action de l'eau. Notons que
l'érosion est de plus en plus liée à l'action… de l'homme. En enlevant la couverture
végétale, il expose les sols au vent et à l'éboulement. En construisant des barrages,
il dévie les cours des rivières. Et un chantier ou la surexploitation du bétail peut
entraîner un terrassement
Le Gondwana
Les hautes terres (Adamaoua, Mont Oku, Grassfields, plateau Bamiléké et Bamoun,
mont Bamboutos, Mandara, mont Cameroun et Mont Roumpi) s’individualisent
définitivement au cours de cette période tertiaire de diastrophisme. Il en est de
même des structures d’effondrement qui les accompagnent (dépression de Ndop,
des Mbos, de Batié, amphithéâtre et gouttière de la pénéplaine Tikar.
Le sol est constitué de deux grandes phases: l’une minérale provenant de la roche
mère et l’autre organique provenant de la biosphère. Il souligne ainsi la zone de
contact entre roche, atmosphère et biosphère
La phase minérale résulte de l’attaque de la roche mère qui fait intervenir deux
processus coexistant habituellement mais exclusifs l’un de l’autre aux cas limites:
il s’agit de la désagrégation mécanique et de l’altération chimique pour lequel l’eau
représente un facteur indispensable. La température facteur de différenciation
devient aussi facteur limitant, car le froid réduit l’altération et privilégie la
désagrégation mécanique.
Là où règne un humus mor, la minéralisation qui n’existe pas dans les tourbes
demeure très lente et les colloïdes humiques sont faiblement polymérisés,
ce qui donne un humus très acide
Le moder est un humus de type intermédiaire où la minéralisation est
meilleure que dans le mor
L’humus mull est caractérisé par une minéralisation plus rapide
Les sols deviennent de moins en moins riches en produits libérés par l’altération
au fur et à mesure que croit l’altitude.
Le même procédé évoqué pour la roche aura lieu pour la matière végétale. L’activité
bactérienne est de plus en plus inhibée par l’abaissement de la température liée à
l’altitude. Par conséquent l’évolution de la phase organise se fera de plus en plus
lentement et de plus en plus mal. On trouvera donc une forte proportion d’humus
de type mor ou moder en montagne. Les mull se cantonneront en basse altitude
généralement à moins que la qualité de la litière fasse échec aux inhibiteurs de la
température en altitude.
• Plus bas encore: sols à horizons d’humus plus ou moins acides séparés de la
roche mère par des horizons minéraux meubles qui résultent d’une meilleure
altération, mais que le jeu des humus acides mor ou moder a rendu souvent
friables par exportations des argiles et du fer réciproquement dégradés ou
complexés.
• A la base, humus de type mull achève le dispositif édaphique. Les sols sont
plus profonds, parfois podzolisés ou lessivés, structurés et cohérents.
L’influence de l’érosion crée des sols minces en altitude sur de fortes pentes à
cause de l’ablation
• A la base, on aura des sols profonds enrichis et engraissés de colluvions
descendus des versants supérieurs
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• Cet étage est comparable à l’étage subalpin (même s’il ignore naturellement
tout phénomène semblable à la formation d’une Nebelwald). Transition entre
tierras frias et étage supérieur, les espaces steppiques ou prairials
apparaissent à 3500m : c’est le pàramo des Andes équatoriales ou
colombiennes, la puna des Andes péruviennes, ou steppe à tola des Andes
chilienne… Cet espace ressemble à l’étage alpin des montagnes
« tempérées ». Comme lui, il n’accueille aucune habitation permanente et est
seulement utilisé - quand les hommes s’y aventurent- comme pâturages.
• - au-delà de 4000m se trouvent les tierras heladas marquées par
l’interruption de la végétation par une couverture de neige ne subissant pas
ou peu de variations saisonnières. Elles sont comparables à l’étage nival.
• Il est évident que cet étagement enregistre des variations même entre les
différentes montagnes tropicales : suivant quelles soient exposées à la
mousson ou non, qu’elles soient en milieu tropical aride ou humide… Mais la
grille de lecture de l’organisation de l’espace montagnard en tierras
demeure celle qui convient le mieux pour rendre compte à la fois de la
répartition des espèces végétales et animales et de l’installation des
sociétés montagnardes.
51
Andes
4.2. Asie
L’étagement observé dans l’Himalaya se trouve résumé dans la figure
4.3. Afrique
Étage nival
• Au-dessus de 5 000 mètres d'altitude, presque rien ne vit. Le peu
de précipitations qui tombent s'infiltrent quasiment immédiatement dans
le sol ou s'accumulent sur les glaciers. Toutefois, Helichrysum newii a été
trouvé près d'une fumerolle du cratère Reusch. Des lichens à croissance
très lente ( Xanthoria elegans) peuvent également vivre plusieurs centaines
d'années jusqu'au sommet. Le seul animal découvert à ce jour au Kibo est
une espèce d'araignée.
L'étage afro-alpin
Ses limites inférieures et supérieures ne sont pas marquées de façon très nettes
mais on le situe généralement entre 4 000-5000m d’altitude .
Atmosphère sèche, avec en moyenne 200 millimètres de précipitations par an, et
d'importants écarts de températures.
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Les espèces de plante qui y vivent sont parfaitement adaptées au climat rude et
certaines sont endémiques. Ainsi, on trouve Lobelia deckenii, la seule espèce alpine
de Lobelia à vivre sur le Kilimandjaro. Le Séneçon géant (Dendrosenecio
kilimanjari) pousse principalement dans le Barranco, plus humide et abrité que le
reste de la montagne à altitude égale. Une autre espèce d'astéracée est
l'immortelle Helichrysum kilimanjari. Des herbes à tussack parsèment les
prairies humides : Pentaschistis borussica et des espèces des genres Koeleria
et Colpodium.
La faune est représentée par quelques espèces de rapaces capables de vivre à
cette altitude : la Buse rounoir (Buteo rufofuscus), l'Aigle des steppes (Aquila
nipalensis), l'Élanion blac (Elanus caeruleus), le Gypaète barbu (Gypaetus barbatus)
et l'Aigle couronné (Stephanoaetus coronatus) ; ainsi que deux espèces
de passereaux : le Traquet afroalpin (Cercomela sordida) et le Bruant
cannelle (Emberiza tahapisi)
Étage alpin: Les landes et maquis
• Entre 2 800 et 4 000 mètres d'altitude et avec 500
à 1 300 mm de précipitations par an.
• Végétation composée de bruyères dont la forme arborescente d’Erica
arborea surtoiut et Erica excelsa. Ces deux espèces sont pyrophytes,
c'est-à-dire qu'elles colonisent les terrains incendiés, précédemment
occupés par la forêt de nuage.
• Sous l’anthropisation pastorale du peuple ongamo , leur limite basse est
descendue de 700 à 900 mètres d'altitude selon les zones depuis 200 à
400 ans en fonction des versants.
• Lorsque la fréquence des feux augmente, seules des
herbes des genres Hyparrhenia et Festuca arrive à se renouveler.
• La volonté des autorités du parc de lutter contre les incendies en
contraignant les pasteurs et les apiculteurs a un effet pervers : le milieu
entre la limite supérieure de la forêt et les landes n'est plus géré de
manière harmonieuse et les feux ne sont plus contrôlés alors même qu'ils
sont nécessaires à la survie de certaines espèces. Ainsi, entre 1976 et 2005,
la superficie de la forêt d’Erica arborea est passée de 187 à 32 km2, ce qui
équivaut à une diminution de 15 % du couvert végétal total de la montagne.
Étage alpin: Les landes et maquis
• Au plan de la faune, elle est constituée de nombreux espèces
de nectariniidés aux couleurs vives peuplent la limite supérieure de la
forêt : Souïmanga du Kilimandjaro (Nectarinia mediocris), Souïmanga
olivâtre (Nectarinia olivacea), Souïmanga à tête verte (Nectarinia
verticalis), Souïmanga à gorge verte (Nectarinia rubescens), Souïmanga
améthyste (Nectarinia amethystina), Souïmanga à poitrine
rouge (Nectarinia senegalensis), Souïmanga malachite (Nectarinia
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• Étage montagnard:
• La forêt tropicale, approximativement située entre 1 600
et 2 700 mètres d'altitude, est découpée en quatre zones distinctes. Celles-
ci sont fragilisées par l'activité humaine (déboisement au niveau de la limite
inférieure, incendies volontaires sur la limite supérieure) et la ceinture
qu'elles constituent est de taille très inégale ; elle est ainsi très réduite au
nord et à l'ouest
• Le morcèlement de la forêt est responsable d'une extinction sensible
des grands mammifères. Cette forêt abrite les primates du
genre Cercopithèque à diadème (Cercopithecus mitis), des Guérezas
d'Angola (Colobus angolensis) et du Kilimandjaro (Colobus guereza). Puis le
Babouin olive (Papio anubis). Parmi les autres mammifères,
le léopard (Panthera pardus pardus), la Mangouste rayée (Mungos mungo),
le serval (Leptailurus serval), Potamochoerus porcus, le ratel (Mellivora
capensis), le Porc-épic à crête (Hystrix cristata) sont difficiles à observer
bien qu'ils s'aventurent fréquemment dans la savane. Le Calao à joues
argent (Bycanistes brevis), leTouraco de Hartlaub (Tauraco hartlaubi),
le Touraco de Schalow (Tauraco schalowi), le Touraco violet (Musophaga
violacea), le Tchitrec bleu (Elminia longicauda), le Tchitrec d'Afrique
(Terpsiphone viridis), le Coliou rayé (Colius striatus) et le Cossyphe de
Rüppell (Cossypha semirufa) sont des espèces d'oiseaux bien adaptées à la
vie dans l'épaisse canopée.
• La forêt sèche
• Elle est rendue fragile par ses longues phases de repos végétatif et n'existe
en réalité plus qu'à l'état de vestige ; elle a été presque intégralement
remplacée par des cultures de piémont irriguées. Les espèces qui la
composaient sontTerminalia brownii, Stereospermum kunthianum et
du genre Combretum
• Étage montagnard:
• La forêt pluviale
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• Elle est présente au sud et à l'est du volcan, sur un vaste croissant de Sanya
Juu à Tarakea. Elle est fortement soumise aux précipitations
(2300mm/an), mais tolérante à des périodes plus sèches.
• Sa flore varie en fonction des quantités d'eau reçues et de l'altitude. On y
trouve le Genévrier d'Afrique (Juniperus procera), Olea
europaea subsp. cuspidata, Olea welwitschii, Albizia
schimperiana, Terminalia brownii, Ilex mitis, Ocotea usambarensis, Euclea
divinorum, Prunus africana, le Bois de rempart (Agauria salicifolia), Croton
macrostachyus, Croton megalocarpus, Macaranga
kilimandscharica, Impatiens kilimanjari, Viola eminii, Impatiens
pseudoviola ainsi que
des espèces des genres Combretum, Pittosporum, Tabernaemontana ou
encore Rauvolfia.
• Cette forêt subit une forte pression démographique, en particulier au sud
où nombre de plantations ont été intégrées au sein des espèces sauvages.
Certaines parcelles sont exploitées pour la sylviculture et des essences
introduites comme le cyprès du Portugal (Cupressus lusitanica), lui-même
menacé par l'apparition d'une espèce de puceron du genre Aphis.
• Alors que des coupes sélectives sont cicatrisées rapidement, des coupes a
blanc mettent cinquante ans avant de voir une diversité végétale
réapparaître. Cette progression de la limite agro-forestière supérieure est
stabilisée par le classement en réserve de la forêt et par la prise de
conscience des cultivateurs locaux du problème de pénuries d'eau et
d'acidification des sols. Ces deux facteurs sont parfois responsables de la
remontée parallèle de la limite inférieure des plantations qui sont
remplacées par la savane. La situation n'est pas uniforme : des plans de
recolonisation favorisés par la bonne connaissance bioclimatique
des Wachagga permettent de trouver des équilibres biologiques avec des
espèces arborées
• La forêt de Njoro, au sud de Moshi, est une forêt sacrée depuis plusieurs
siècles et bénéficie de surcroît d'un statut de protection. Ce sont sans
doute les raisons pour lesquelles elle est la dernière forêt pluviale à
subsister en plaine, même si elle subit un lent recul. Elle est notamment
composée de Newtonia buchananii.
• Étage montagnard:
• La forêt de brouillard se caractérise par la présence des Podocarpus
milanjianus et de
nombreux épiphytes comprenant mousses et ptéridophytes qui recouvrent
environ 80 % des arbres. Cette forêt est présente sur le versant méridional
entre 2 300 et 2 500 mètres d'altitude. L'eau est apportée presque
uniquement par une circulation de l'humidité générée par
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Mont kenya
L'aménagement est une action volontaire portée sur des territoires à des échelles
plus ou moins grandes: locale, régionale, nationale. Il s'agit d'une politique publique
qui renvoie à une philosophie d'action et non à une philosophie du « laisser-faire ».
C'est pourquoi l'aménagement est une idée qui se situe en opposition au libéralisme
(symbolisé par la figure de la « main invisible ») et qui a trouvé ses racines dans
des économies planifiées (URSS, Chine). Ses objectifs consistent à mieux
distribuer des activités sur un territoire (réduire les inégalités territoriales) et
à améliorer les performances globales de ces territoires.
pour être en harmonie avec la nature et avec les ancêtres et les dieux. L’eau étant
un véhicule pour laver les fautes, les malédictions etc.
Au mont Cameroun, connu localement comme montagne des Dieux ou comme
Montagne du tonnerre (chez les bakweri), en cas de prolongation des éruptions, on
sacrifie un coq blanc, un mouton blanc ou exceptionnellement un albinos pour
calmer la colère des dieux.
Il en est de même des lacs de cratère et maars qui sont considérées comme des
lieux sacrés, requérant des approches respectueuses
Bocage Bamiléké et terrasse dans les Mandara dans l’extrême nord du Cameroun
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