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Coubertin et la restauration des Jeux Olympiques : projet et réalisation

Introduction

En « 1894 le feu olympique a été rallumé dans les cœurs de l’humanité moderne et
depuis lors il illumine la civilisation mondiale ». En effet en 1894, un français né en
1863, Pierre de Fredy, baron de Coubertin, à l’origine des Jeux Modernes, permet la
restauration des Jeux Olympiques. Organisateur, visionnaire, fondateur du
mouvement Olympique, dont le but est de servir autrui, ce personnage singulier et
attaché à ses convictions va passer sa vie et dépenser sa fortune à organiser le sport
en France et plus tard à réaliser avec une persévérance, son idée olympique.

Problématique : Pourquoi a-t-il restauré les Jeux Olympiques ? Comment cela a-t-il
été possible ? Qu’avons nous retenu de son œuvre ?

I) Un projet moderne de rénovation

a- Une idéologie personnelle… Apologie du Sport ?


i. développement personnel

- En tête de son manuel de pédagogie sportive : « le sport est un culte volontaire et


habituel de l’exercice militaire intensif appuyé sur le désir du progrès et pouvant
aller jusqu’au risque ».

- Aide à développer des qualités telles que : initiative, persévérance, intensité,


recherche du perfectionnement, mépris du danger éventuel.

- « culture physique » est orientée vers l’hygiène corporelle », qui fait appel au jeu
et à la performance individuelle, sans négliger la formation du caractère, véritable
éducation morale.

- Harmonie de l’âme et du corps

- « eurythmie », bon rythme de vie


- Sens des « concurrences démocratique » et du struggle for life

- En Grèce, associé à l’idée religieuse de purification et sanctification (cf à Olympie,


gravé sur un disque le texte de la convention passée entre Lycurque et Iphitos pour
établir la « Trêve Sacrée »), l’Olympisme et le sport étaient donc des garanties
morales, sociales, éthiques (respects de principes éthiques), techniques s’entourant
d’un appareil religieux (culte des Dieux)

ii. développement de l’humanité

Ses principes se retrouveront surtout dans sa pensée sur l’olympisme

Désireux de populariser le sport (secrétaire général de l’Union des sociétés


française de sports athlétiques, comité pour la propagation des exercices physiques
dans l’éducation), il comprend que pour réaliser ses objectifs, il faut
l’internationaliser : l’Olympisme

b- Une vision particulière de l’Olympisme ancrée dans son temps


i. Emergence de la culture de masse
Epoque de diffusion de la culture de masse : apparition du temps libre et donc
diffusion des loisirs, notamment le sport. Triomphe du modèle britannique, de la
« culture physique » orientée vers l’hygiène corporelle

ii. Inspirations, un engouement pour l’olympisme depuis le XIXe s


- « promenades olympiques » près de Grenoble, fouilles à Olympie…

- Thomas Arnaud, directeur du collège de rugby, qui avait mis le sport au cœur du
système éducatif britannique

- Différents voyages dans le monde anglo-saxon (USA, Canada) : il voit qu’ils


disposent d’une puissance récente rendue possible par la réforme sportive du
système éducatif. Il va donc présenter une modernité sportive et veut, sur ce
modèle « rebronzer la France »

- Plusieurs tentatives par W.P. Brookes qui instaura les « jeux olympiques de Much
Wenlock »

- Evangelios Zappas qui proposa de créer un « concours olympique »,


manifestation qui eut lieu à Athènes en 1859

- Pour lui le rétablissement des JO était donc l’aboutissement logique de l’histoire


contemporaine, le XIXe s ayant vu renaître le goût des exercices physiques.

iii. Vision personnelle de l’olympisme

 Son état d’esprit se résume en 4 grands principes

- Etre en religion, « adhésion à un idéal de vie supérieure, d’aspiration au


perfectionnement », cf Olympie, conférence donnée en 1925 à Paris : rappel de
l’importance de l’esprit des Olympiades de l’Antiquité, avec côté religieux, moral…

- Représenter une élite « d’origine totalement égalitaire » en même temps qu’une


« chevalerie » présentant toutes les qualités morales

- Instaurer une trêve « fête quadriennale du printemps humain »

- Glorifier la beauté par la « participation aux Jeux des Arts et de la pensée », le sport
uni à l’art et à la culture au service du développement harmonieux de l’homme

 vision de l’olympisme donc comme pouvant servir l’humanité

- les principes fondamentaux olympiques qu’il pose sont censés barrer la route
aux ambitions démesurées, à la convoitise et à la soif du pouvoir qui mène à la
décadence et à la corruption.

athlète= signe d’une humanité plus harmonieuse et plus lucide -


le sport peut encourager la paix entre les nations, société pacifique soucieuse de
préserver la dignité humaine
 Il ne s’agit donc pas d’une simple compétition sportive

- restaurer les JO, non pour en faire des championnats du monde mais agir sur les
esprits en faveur d’une réforme culturelle de l’éducation.

- Mouvement Olympique issu de l’Olympisme moderne : bâtir un monde pacifique


en éduquant la jeunesse par le sport uni à la culture et pratiqué sans
discrimination et dans l’esprit olympique qui exige la compréhension mutuelle,
un comportement amical, la solidarité et le fair-play.

Transition : sa vision de l’Olympisme a une connotation utopique, visible dans son


projet qui ressemble fort à ceux des projets socialistes (Phalanstère…)

c- Des concepts aux applications


- établissement d’un protocole réglant le déroulement symbolique des Jeux, dans
l’esprit d’une culture hellénique qui l’anime.

- Son projet recouvre

• construction d’une Olympie moderne, « Mecque Olympique » (description de


l’architecture et activités de la cité, allant de l’écurie aux différents bâtiments
réservés pour les sportifs et personnels administratifs).

• administration (différents conseils d’administration, Sénat olympique, un


conservateur, un secrétaire général, comité d’organisation de chaque
olympiade, CIO composé de personnes cultivées, menant une vie exemplaire,
ayant des connaissances sportives ainsi que de l’autorité morale et si
possible légale dans leur pays, fédérations internationales sportives, CNO)

• programme des jeux (description de tous les jeux et partie artistique avec des
concours, voulant revêtir les jeux de « raffinement et de beauté »)

• qualifiés (énumération des critères de sélection sociale, éthique, morale et


technique)

• spectateurs (distribution et vente des places)

• cérémonies (solennité, cérémonial, serment des athlètes, distribution des


récompenses…)

II) La réalisation d’un projet d’envergure

a- Des oppositions multiples…

b- …n’empêchant pas la mise en place des Jeux

- projet repris lors d’un Congrès à la Sorbonne en 1894, soutenu par 49


associations sportives de 12 pays

- création de la Commission de l’étude du projet, embryon du Comité


International Olympique, composé de membres choisis par Coubertin qui
devait définir la politique à suivre et représenter le mouvement olympique
dans leur pays.

- premiers Jeux à Athènes en 1896 avec 9 sports

- les seconds, « championnats du monde amateur », lors de l’Exposition


Universelle de 1900.

- Développement des organisations au fur et à mesure : 1915 CIO fixé à


Lausanne par Coubertin, fixe la ville des JO ; 1921 création par Coubertin de la
Commission exécutive (responsabilité suprême de l’administration du CIO,
commissions spécialisées pour étudier certaines questions financières…

c- Quel bilan ? Un idéal trahi ?

i. bilan positif…

- 1995 : 25 sports.. ; grand succès, augmentation du nombre de participants, du


nombre de sports

- CIO en expansion avec en 1980 147 CNO reconnus, vocation universelle


accomplie.

- Rôle dans l’abolition des lois de l’apartheid

- Puis femmes acceptées

 bien développement des valeurs humaines, relations d’estimes, de paix


entre les peuples

ii. … ne pouvant occulter un idéal trahi

- Records pour les jeux modernes, pas pour les anciens. Cf Pindare / poètes de
la Société Radio-Canada « aller plus vite, toute une vie pour grignoter des
secondes, des millièmes de secondes, tous les jours ! »

- Côté moral, qu’il avait emprunté à la Grèce ne subsiste guère longtemps,


l’olympisme et le sport sont devenus les corollaires indispensables du
perfectionnement cérébral.

- Politisation des JO (lutte du CIO) : 1976 gouvernement du Canada n’octroie pas


de visas d’entrée aux sportifs de Taïwan pour des raisons de politique
internationale ; CNO africains décident de boycotter les JO si la Nouvelle-
Zélande participe 1972 des terroristes enlevèrent et assassinèrent plusieurs
membres de la délégation d’Israël. ; 1980 le Président Carter annonce qu’il
s’opposera à la participation des athlètes russes ; boycott des JO de LA en
1984, Séoul 1988.

Conclusion

Les Jeux Olympiques sont une grande leçon de philosophie que l’humanité se donne
à elle-même : tels jeux, telles conceptions du bonheur, de l’homme, de l’éducation…
Selon son souhait son cœur repose sur le site d’Olympie, il gagna le concours
artistique de 1912 pour son « Ode au sport » (15 OOO pages imprimées !).
Rétablissement des Jeux Olympiques, leur internationalisation dans le contexte de
l’ère moderne, la structure philosophique de l’Olympisme, voilà l’œuvre de
Coubertin. Son plus grand mérite est d’avoir promu le sport au rang de valeur
universelle et d’avoir doté le Mouvement olympique de la théorie et de la pratique
sans lesquels il n’aurait pu se développer. Les bases de l’Olympisme sont donc dans
l’humanisme classique et l’apport personnel de Coubertin qui était un homme de
culture soucieux de son époque. Cependant l’on peut s’interroger sur l’évolution de
ces bases… avec le dopage, apparition de la commercialisation dans le sport, les
Jeux ressemblent d’avantage à une « foire aux meilleurs », détournés de leur rôle
original qu’à une compétition morale, sociale, culturelle… vision de la société
actuelle.

Bibliographie :

- encyclopedia universalis

- Esprit Olympique, Pierre de Coubertin, J.A Samaranch, Esprit du temps 1992

- La vie et l’œuvre pédagogique de Pierre de Coubertin, Yves-Pierre Boulogne,


Léméac 1975.

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