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net/publication/309179472
Suivi des feux de végétation dans les aires protégées d'Afrique sub-
saharienne
CITATIONS READS
7 530
4 authors, including:
Chevallier Damien
French National Centre for Scientific Research
97 PUBLICATIONS 413 CITATIONS
SEE PROFILE
Some of the authors of this publication are also working on these related projects:
Thèse CNRS-CNES-DEAL Guyane: Stratégies alimentaires et optimisation du comportement de plongée chez les tortues marines View project
All content following this page was uploaded by Chevallier Damien on 16 October 2016.
COMMISSION EUROPEENNE
DIRKTION GÉNÉRALE
2003 EUR 20862 FR
Centre Commun de Recherche
Suivi des feux de végétation dans les aires protégées
d'Afrique sub-saharienne
Apport des techniques spatiales et des données satellitales pour le suivi
des feux en Afrique sub-saharienne
Suivi des feux de végétation dans les aires protégées d'Afrique sub-saharienne
AVERTISSEMENT
EUR 20862 FR
©Communautés Européennes, 2003
Imprimé en Italie
II Suivi des feux de végétation dans les aires protégées d'Afrique sub-saharienne
Préface
Depuis des temps immémoriaux, l'espèce humaine a utilisé le feu dans les écosystèmes africains. Les
chercheurs s'accordent à dire que la plus grande partie des milieux africains a été façonnée et entretenue
par la récurrence des feux.A l'époque moderne, l'intensification de l'exploitation du sol en Afrique sub-
saharienne a conduit à une augmentation de l'occurrence des feux et à une réduction des espaces
strictement naturels. Parallèlement, de nombreuses aires protégées ont été créées sur tout le continent
pour préserver la richesse floristique et faunistique. Les feux, qu'ils soient planifiés ou non, ont
également un impact considérable sur la faune sauvage et la végétation de ces espaces protégés. Il y a
dès lors, plus que jamais, un besoin pressant d'informations précises et rapides sur l'activité des feux afin
de garantir une gestion optimale des aires protégées.Depuis plus de 20 ans, le Centre Commun de
Recherche (CCR) de la Commission Européenne s'est activement impliqué dans la recherche pour
améliorer le suivi environnemental du continent africain en support aux politiques et aux actions de
développement durable de l'Union Européenne. Les images enregistrées par les satellites d'observation
de la terre ont joué un rôle-clé dans cette démarche. Plus récemment, l'intégration de ces données avec
des observations de terrain au sein de systèmes d'information géographique a réellement permis le
développement d'outils puissants de prise de décision par les gestionnaires d'aires protégées.
Ce rapport présente brièvement les diverses activités qui peuvent soutenir la gestion des feux en aire
protégée et la recherche sur leur impact écologique. Ces activités, menées au CCR, font partie de son
mandat qui est de soutenir scientifiquement les différentes politiques de la Commission. En tant que tel,
elles démontrent les bénéfices potentiels que l'on peut retirer d'un suivi environnemental permanent. De
tels bénéfices ne peuvent être garantis sur le long terme sans le support actif des gestionnaires
environnementaux au niveau régional pour de tels activités.
Nous espérons que ce rapport pourra servir de point de départ pour la fourniture opérationnelle de
produits spatiaux permettant un développement durable de l'environnement africain.
Les auteurs
Ispra et Ouagadougou, novembre 2003
Foreword
The human race has employed fire in African ecosystems for thousands of years. Indeed it has been
argued that the very landscape of the continent has been formed and maintained by this practice. In
modern times the intensification of land-use in sub-Saharan Africa has lead to an increase in the use of
fire and to a reduction in natural ecosystems. At the same time a number of protected areas have been set
up across the continent to preserve and protect the natural flora and fauna. Fires, both planned and
unplanned, also have an important impact on vegetation and wildlife in these areas. There is therefore a
requirement, now more than ever, to ensure that the management of protected areas are supported by
timely and accurate information on fire occurrence. For over 20 years the European Commission's Joint
Research Centre has been actively involved carrying out research to improve environmental monitoring
in Africa in support of the European Union's commitment to sustainable, development. A key tool in
this activity has been the exploitation of data acquired by Earth orbiting satellites. More recently the
analysis of such data, and their integration with information collected on the ground, has become
increasingly powerful as a management tool using Geographic Information systems.
This booklet gives an overview of the types of activities, which can be developed to support both the
management of fire and research into its impact. These activities have been carried out by the JRC as part
of its mandate to carry out research in support of European Union policy. As such, they are
demonstrations of the potential benefits than can arise from continual monitoring of the environment.
Such benefits can only be secured on a long term with the active support of regional environmental
managers for such services.
We hope this booklet will serve as a starting point for the operational provision of such services.
The authors
Ispra and Ouagadougou, November 2003
Suivi des feux de végétation dans les aires protégées d'Afrique sub-saharienne JU
Remerciements
PV Suivi des feux de végétation dans les aires protégées d'Afrique sub-saharienne
SOMMAIRE
LISTE DES FIGURES VI
ACRONYMES VII
RÉSUMÉ / SUMMARY IX
2.3. RÉSULTATS ■. 12
6. CONCLUSIONS 51
Suivi des feux de végétation dans les aires protégées d'Afrique sub-saharienne V
Liste des figures
Figure 1. Détail d'une image Landsat-TM 4
Figure 2. Synthèse annuelle et profil saisonnier de 5 types d'occupations du sol autour du Parc W 5
Figure 3. Extrait d'une composition colorée Landsat 6
Figure 4. Exemples d'analyse spatiale dérivée des données collectées par le système CyberTracker au
parc national d'Odzala de juillet 2000 à juin 2001 7
Figure 5. Les données TRMM-VIRS 11
Figure 6. Distribution des feux dans les pays tropicaux pendant l'année 1998 13
Figure 7. Répartition des feux actifs détectés par TRMM en 1998 14
Figure 8. Répartition des feux actifs détectés par TRMM en 2000 15
Figure 9. Distribution des surfaces brûlées en Afrique sub-saharienne pendant l'année 2000 20
Figure 10. Localisation des 107 aires protégées retenues pour l'analyse des régimes de feu 20
Figure 11. Saisonnalité des feux dans les aires protégées d'Afrique sub-saharienne: durée de la saison 22
Figure 12. Saisonnalité des feux dans les aires protégées d'Afrique sub-saharienne: pic d'activité 22
Figure 13. Superficies brûlées dans les aires protégées d'Afrique sub-saharienne:
pourcentage 24
Figure 14. Evaluation du risque d'embroussaillement 26
Figure 15. Distribution des aires protégées en fonction de la valeur de l'indice de risque
d'embroussaillement: 26
Figure 16. Distribution spatiale des feux en Afrique de l'Ouest d'octobre 2001 à février 2002 31
Figure 17. Distribution spatiale des feux en Afrique de l'Ouest de février 2002 à juin 2002 31
Figure 18. Nombre de feux observés en Afrique de l'Ouest de janvier 1998 à novembre 2002 32
Figure 19. Densité des feux détectés par TRMM au Burkina Faso de 1998 à 2002 33
Figure 20. Localisation du Parc Régional du W 37
Figure 21. Le Parc W, composantes nationales et certaines zones associées 38
Figure 22. Précipitations mensuelles moyennes dans le Parc W 38
Figure 23. Le réseau hydrographique du Parc W 39
Figure 24. Interface du site Web de l'USGS et imagette MODIS 40
Figure 25. Surfaces brûlées dans le Parc W, dérivées de l'imagerie MODIS 41
Figure 26. Construction de la base de données du SIG « feux » 42
Figure 27. Base de données SIG superposée à une mosaïque d'images Landsat 43
Figure 28. Distribution temporelle des feux durant la saison sèche 2002-2003 dans les trois
composantes nationales du Parc W 44
Figure 29. Pourcentage de la superficie affectée par les feux dans le Parc W 44
Figure 30. Distribution temporelle des feux dans le Parc W 45
Figure 31. Distribution temporelle de l'activité des feux dans les bassins versants du Parc W 46
VI Suivi des feux de végétation dans les aires protégées d'Afrique sub-saharienne
Liste des tableaux
Tableau 1. Caractéristiques des principaux systèmes utilisés pour la gestion des ressources naturelles 4
Tableau 2. Nombre de feux détectés par le système TRMM-VIRS 12
Tableau 3 . Nombre total de feux détectés sur 9 pays africains 1998-2002 13
Tableau 4. Densité des feux par pays (nombre de feux rapporté à la surface) 14
Tableau 5. Paramètres pris en compte pour calculer Vindice de Risque d'Embroussaillement (IRE) 25
Tableau 6. Nombre de feux détecté par TRMM au Burkina Faso de 1998 à 2002 32
Tableau 7. Images MODIS retenues sur la région du Parc W 40
Tableau 8. Superficies brûlées par quinzaine durant la saison sèche 2002-2003 dans les trois
composantes nationales du Parc W 43
Tableau 9. Superficies brûlées par type de couvert végétal dans les composantes du Parc W 47
Acronymes
AGIR Appui à la Gestion Intégrée des Ressources naturelles
AVHRR Advanced Very High Resolution Radiometer
CCR Centre Commun de Recherche
ECOFAC Ecosystèmes Forestiers d'Afrique Centrale
ECOPAS Ecosystèmes Protégés en Afrique Sahélienne
ERS-ATSR ESA Remote Sensing Satellite -Along Track Scanning Radiometer
GBA2000 Global Burnt Area 2000 (projet)
IRE Indice de Risque d'Embroussaillement
MERIS Medium Resolution Imaging Spectrometer (à bord du satellite ENVISAT)
MODIS Moderate Resolution Imaging Spectroradiometer (à bord des satellites TERRA-
AQUA)
PNUE Programme des Nations Unies pour l'Environnement
RCA République Centrafricaine
RDC République Démocratique du Congo
SIG Système d'Information Géographique
SPOT-HRV Système Probatoire d'Observation de la Terre - High Resolution Visible Sensor
TRMM Tropical Rainfall Mapping Mission
VGT radiometre VEGETATION à bord du satellite SPOT-4
WCMC World Conservation Monitoring Centre
Suivi des feux de végétation dans les aires protégées d'Afrique sub-saharienne VII
VIII Suivi des feux de végétation dans les aires protégées d'Afrique sub-saharienne
Résumé
L'objet du présent rapport est d'illustrer les différentes méthodes basées sur la télédétection
pouvant être employées pour la surveillance des feux de végétation à différentes échelles spatiales,
afin de produire de l'information exploitable dans la gestion des aires protégées.
Le document concerne essentiellement l'Afrique subsaharienne, région prioritaire pour les actions
de la Commission Européenne en matière de développement durable.
Les résultats présentés concernent l'exploitation des prospections de terrain et celle de l'imagerie
satellitaire à différentes résolutions spatiales et temporelles, qui après interprétation en termes de
cartes d'occupation du sol, d'indices de végétation, de statistiques de nombre d'événements de feu et
d'extension des surfaces brûlées, peuvent être intégrés dans des Systèmes d'Information
Géographique. Les bases de données spatiales résultantes peuvent être interrogées, leur contenu
visualisé et exporté sous forme cartographique ou tabulaire pour être exploité par les gestionnaires
des parcs et les équipes de recherche africaines et européennes.
Le premier chapitre introduit brièvement les différents types d'information spatiale pouvant être
exploités dans trois domaines utiles à la gestion des parcs : la cartographie et le suivi du couvert
végétal ; la détection des feux et l'estimation des surfaces brûlées ; la collecte et l'analyse
d'observations de terrain. Les chapitres suivants traitent exclusivement de la thématique 'feux'.
Une analyse de la distribution des feux au niveau pantropical est présentée dans le deuxième
chapitre. Le lecteur peut ainsi se rendre compte de la spécificité du continent africain, en matière
d'activité des feux. Le troisième chapitre, concentré sur l'Afrique subsaharienne, s'attache à décrire
les différents régime de feu observés dans les aires protégées du continent. Le niveau régional,
l'Afrique de l'ouest, et national, le Burkina Faso, sont abordés dans le quatrième chapitre. Une
analyse au niveau local, focalisée sur le "Parc Régional du W", est détaillée dans le cinquième
chapitre.
En ce qui concerne le niveau pantropical, ce travail montre clairement l'importance des feux
(nombre et superficies concernées) en Afrique. Il montre également comment la distribution des feux
et leur intensité peuvent varier d'une année à l'autre pour un pays donné, ceci pouvant rendre
difficile la mise en place de programmes nationaux de gestion des feux. D e plus, l'activité des feux,
exprimée en termes de durée de la saison, de période de plus forte activité et de type de couverts
affectés, est très variable d'un parc à l'autre. Les conditions phytogéographiques et climatiques
n'expliquent qu'en partie cette diversité; la nature des programmes de gestion des feux, lorsqu'ils
existent, contribue également à cette diversité de situations.
Les résultats obtenus au niveau local sur le Parc du W, montrent qu'il est possible de fournir de
l'information en temps semiréel (avec quelques jours de retard), et qu'une fois traduite en termes de
cartes, cette information apporte un appui à la gestion des feux dans au moins deux domaines: (1)
l'évaluation de l'efficacité des programmes de gestion existants, et/ou leur adaptation si nécessaire;
(2) la conception, la mise en place et la vérification de plans de gestion, lorsqu'ils n'existent pas
encore.
Une effort de recherche est indispensable pour déterminer quels sont les effets à long terme des
régimes de feu sur le couvert végétal naturel. L'évaluation de la probabilité d'embroussaillement par
certaines espèces ligneuses, telle que présentée dans ce rapport, constitue un exemple de ce que l'on
est en droit d'attendre de la recherche. Cette recherche et l'exploitation de ses résultats dans des
programmes opérationnels de gestion des feux nécessitent cependant l'accès à un nombre suffisant de
sites d'observation sur le long terme qui doivent être choisis parmi les aires protégées africaines. Le
Parc Régional du W représente un très bon « candidat », comme site d'observation à long terme, car
il offre une vaste gamme de conditions d'occupation du sol, tant dans le parc luimême que dans les
zones adjacentes.
Il n'en reste pas moins vrai que beaucoup peut déjà être fait, en termes de support aux
gestionnaires des aires protégées, en exploitant les documents satellitaires et les outils d'analyse de
l'information existants, tout particulièrement au niveau régional ouestafricain et même local. D es
efforts soutenus de recherche sont indispensables, mais cette nécessité ne doit pas cacher les
possibilités opérationnelles qui sont d'ores et déjà disponibles.
Suivi des feux de végétation dans les aires protégées d'Afri que sub-sahari enne ΓΧ
Summary
The object of this report is to outline the various techniques that can be employed for monitoring
vegetation fires at different geographic scales, so that meaningful analysis may be made in support of
the management of protected areas. The report focuses on Sub-saharian Africa, a priority area for
European Commission's action on sustainable development. The analysis and results presented here
include ground surveys and satellite imagery of differing resolutions, which after interpretation into
land cover maps, vegetation indices and statistics on fire counts and burnt areas, can be ingested into
Geographic Information Systems. Subsequent the data can be queried, displayed, analysed and output
in cartographic, tabular and statistical formats for exploitation by the park managers as well as by the
researchers in the African countries and in Europe.
In the first chapter, we give an overview of the types of spatial information that can be exploited
at different scales for three aspects of park management: the mapping and monitoring of the
vegetation cover; the detection and monitoring of fires; the collect and analysis of ground
observations. Subsequent chapters, focus specifically on the distribution and extent of vegetation
fires. A pan-tropical analysis of fire distribution is presented in chapter 2; it provides the reader with
indispensable background information on the specificity of the African continent when speaking of
vegetation fires. Chapter 3 concentrates on the spatio-temporal distribution of fires in Sub-saharian
Africa and provides an examination of the differing fire regimes in protected areas across the
continent. Chapter 4 goes "down" to the regional level with an analysis of fire distribution in West
Africa and in Burkina Faso. Finally, a local scale analysis, focused on the "Parc Régional du W", is
discussed in chapter 5.
At the pan-tropical scale, the work demonstrates the importance and extent of fires in Africa. It
also shows that nationally, the distribution and intensity of fires can change between years, posing
problems for national fire management initiatives. Major differences are seen between the duration,
peaks and vegetation types affected by fires in the different parks across Africa. These differences,
while in part due to climatic and phytogeographic differences, also are as a result of differences,
including the absence of, fire management programs.
The results achieved at the local level, over the "Parc Régional du W", demonstrate that the
provision of near-real-time information on fires is achievable, and that when linked to efficient
translation into maps and information at the level of park management, can form a powerful addition
to management tools in at least two domains: the verification of the effectiveness of existing
management schemes, and their necessary adaptation if needed; the conception, implementation and
monitoring of management plans, when missing.
Further research is required to determine the long term effect of fire regimes on the natural
vegetation. The quantification of the probability of encroachment by woody vegetation, as proposed
in this study, is an example of what could be expected from the research. However, this research and
the translation of its output into operational management schemes require access to long-term
observation sites which should be selected among the African protected areas. In this respect, the
"Parc Régional du W" is certainly a very good candidate as it offers a wide range of land-cover
conditions, within the complex, and of land-use in the adjacent areas. Never the less, the present
report demonstrates that existing space observations and analysis tools do provide the park managers
with essential information, and tools, for fire management schemes at the regional and local levels.
X Suivi des feux de végétation dans les aires protégées d'Afrique sub-saharienne
Introduction: Apport des techniques spatiales pour la gestion des aires
protégées en Afrique sub-saharienne
Suivi des feux de végétation dans les aires protégées d'Afrique sub-saharienne
Suivi des feux de végétation dans les aires protégées d'Afrique sub-saharienne
1. Introduction : Apport des techniques spatiales pour la gestion des aires
protégées en Afrique sub-saharienne
Depuis une vingtaine d'années, la télédétection spatiale a été appliquée à l'étude des écosystèmes
africains dans divers domaines : suivi de la végétation, détection des feux, mesure de la dégradation
forestière (Achard et al, 2002). Le Centre Commun de Recherche (CCR) collecte ces informations
dans une perspective régionale en appui aux politiques de développement de la Commission
Européenne ; la tendance actuelle est de croiser les observations satellitales avec des informations
locales collectées sur le terrain dans le cadre de collaborations établies avec des projets
environnementaux. Parmi les mesures prises pour conserver la diversité biologique, la mise en
protection de certains territoires joue un rôle majeur. Ces aires protégées ont pour vocation le
maintien d'espaces permettant la conservation d'espèces animales et végétales et des processus
écologiques par lesquels ces espèces interagissent au sein de communautés largement auto-régulées.
Une autre vocation des aires protégées - sur laquelle l'attention se focalise de plus en plus - est de
contribuer au bien-être des populations riveraines. Le visage que présentent ces espaces protégés
résulte de contraintes écologiques (climatiques, géologiques, pédologiques, biogéographiques ...) et
d'un contexte humain (historique, socio-économique, culturel, juridique...). La compréhension du
fonctionnement des aires protégées et l'optimisation de leur rôle exige une prise en compte de
l'insertion de ces territoires voulus par les hommes au milieu des paysages déjà anthropises. Une telle
approche spatialisée peut aujourd'hui s'appuyer sur les outils d'observation de la terre et les systèmes
d'information géographique.
Ce rapport illustre l'apport des techniques spatiales à la gestion des aires protégées en Afrique Sub-
saharienne dans les domaines suivants :
- la cartographie et le suivi de la végétation
- la détection des feux et l'estimation des surfaces brûlées
- l'analyse spatiale des observations de terrain.
Suivi des feux de végétation dans les aires protégées d'Afrique sub-saharienne
- La légende de la carte repose sur un compromis entre les exigences de l'utilisateur - qui définit
habituellement ses classes par la structure et la composition spécifique de la végétation vue depuis
le sol - et les possibilités techniques de la télédétection spatiale - limitées essentiellement au
comportement spectral et temporel des pixels observés depuis l'espace. Sa définition doit résulter
d'un dialogue itératif entre producteur et utilisateur de l'information.
- Sauf cas particuliers, les images satellitales ne permettent pas de déterminer la composition
botanique des milieux, donnée qui repose donc toujours sur des relevés au sol suffisamment
nombreux.
- Dans les milieux où les variations saisonnières sont importantes, l'utilisation de plusieurs images
réparties sur le cycle de végétation peut s'avérer nécessaire pour différencier les principales
formations végétales. C'est une limitation seulement si celles-ci ne sont pas disponibles.
La plupart des aires protégées sont maintenant cartographiées à partir des images Landsat TM ou
SPOT HRV (Haute Resolution Visible). Différents sites Internet proposent même depuis le début des
années 2000 des images gratuites ou à des coûts extrêmement faibles. Le tableau 1 détaille les
principaux systèmes utiles pour la gestion des aires protégées, tandis que la figure 1 illustre le
potentiel de discrimination des images Landsat TM dans une partie du Parc Régional du W (Bénin,
Burkina Faso et Niger).
Figure 1. Détail d'une image Landsat-TM et observations de terrain correspondantes dans la région de La
Tapoa (Parc du W du Niger). Les pistes sont indiquées en jaune, les observations de terrain sont points blancs.
La boucle dufleuveNiger est visible dans la partie supérieure de l'image. Les surfaces brûlées apparaissent en
noir.
Suivi des feux de végétation dans les aires protégées d'Afrique sub-saharienne
soudure ». Les capteurs optiques à haute fréquence d'acquisition, mais à faible résolution spatiale,
peuvent mesurere l'activité photosynthétique ou l'humidité des formations végétales. C'est l'indice
de végétation de la différence normalisée (Normalised Difference Vegetation Index NDVI), rapport
normalisé entre la réflectance infrarouge et rouge, qui est le plus souvent utilisé pour mesurer
l'activité photosynthétique. L'intégration annuelle de l'indice ND VI calibré par des mesures de
biomasse sur le terrain permet de déterminer la disponibilité en phytomasse herbacée. Notons
cependant que des points fondamentaux comme l'appétibilité des espèces requerront toujours des
investigations au sol. D'autre part, l'obtention de relations interannuelles stables entre les mesures
satellitales et la biomasse d'une part, et entre la quantité de biomasse végétale et la distribution des
animaux d'autre part, n'est jamais simple et directe et demande la poursuite de recherches.
Figure 2. Synthèse annuelle et profil saisonnier de 5 types d'occupations du sol autour du Parc W observé par
le capteur SPOT VEGETATION pour l'année 2000. L'occupation du sol est dérivée de la carte du couvert
végétal du Parc W (de Wispelaere, 2003). On peut noter un démarrage tardif des savanes à annuelles, le
décalage des zones agricoles, le départ rapide de la végétation dans les savanes arborées.
Certains paramètres extraits de l'analyse régionale d'images à basse résolution spatiale (~ 1000 m)
permettent de caractériser le régime de feux qui est lié à chaque type de végétation, à la
fragmentation spatiale du paysage et aux pratiques d'utilisation des terres. Ce sont en particulier:
la longueur de la saison des feux et la période de brûlis la plus intense (feux précoces ou tardifs)
la fraction brûlée de la végétation, autrement dit l'efficacité de la combustion
la superficie moyenne des surfaces brûlées et leur distribution spatiale (fragmentation)
les variations interannuelles temporelles et spatiales des feux
Suivi des feux de végétation dans les aires protégées d'Afri que sub-sahari enne
- l'activité circadienne des feux (Eva et Lambin, 1998).
Dans les chapitres 2 à 5, nous étudierons en profondeur ces différents aspects à des échelles
géographiques différentes, en partant du niveau mondial pour arriver au niveau local, celui d'une aire
protégée.
Figure 3. Extrait d'une composition colorée Landsat du 2 mars 2000 dans le parc d'Odzala (Rép. du Congo) et
types de végétation collectés par les écogardes au moyen de systèmes CyberTracker (vert foncé - forêt fermée ;
vert clair - forêt à Marantacées ; rouge - saline ; bleu - forêt inondée).
Les exemples suivants (Figure 4) illustrent l'analyse en cours au sein du parc national d'Odzala
(République du Congo) dans le cadre du programme ECOFAC. Les observations collectées par le
CyberTracker sont directement importées dans la base de données et visualisées sur une carte (a). A
chaque point correspond une observation de terrain détaillant un grand nombre de variables : type
d'observation (faune, flore, présence humaine), conditions de l'observation (type de contact, âge du
contact...), attributs de l'objet observé (nombre et structure familiale des individus, état sanitaire),
interventions de la patrouille (lutte anti-braconnage, suivi écologique...), type de milieu écologique.
La cartographie permet d'évaluer le travail des équipes de surveillance, ce qui est un souci constant
pour le gestionnaire. Les diverses observations écologiques peuvent ensuite être croisées ; il reste à
déterminer les croisements pertinents et à en tirer des interprétations cohérentes se fondant sur des
connaissances scientifiques acquises par ailleurs.
Suivi des feux de végétation dans les aires protégées d'Afrique sub-saharienne
a) Représentation des observations b) D ensité des patrouilles par c) D ensité de traces d'éléphant d) Présence des crottes
de terrain des patrouilles anti quadrat de 2.5 km χ 2.5 km rapportée à la distance parcourue d'éléphant (jaune), des villages
braconnage (calculée en km de patrouille). par quadrat. (bleu) ; densité des patrouilles.
Figure 4. Exemples d'analyse spatiale dérivée des données collectées par le système CyberTracker au parc
national d'Odzala de juillet 2000 à juin 2001.
La détection des feux sur de vastes surfaces fait appel soit à des capacités logistiques
importantes sur le terrain, soit à des compétences scientifiques et techniques très spécifiques pour
l'utilisation de la télédétection. De même, la compréhension de l'impact des feux sur la dynamique
de la végétation nécessite l'appui de spécialistes en écologie scientifique. L'ensemble de ces
compétences n'est pas mobilisable au sein des programmes de conservation des aires protégées. Un
lien entre les gestionnaires et des équipes de recherche en écologie des savanes et en télédétection
contribue à maintenir une gestion au fait des derniers raffinements scientifiques. Les équipes de
recherche peuvent, quant à elles, progresser plus rapidement dans l'identification de programmes de
travail utiles à la gestion et dans la collecte d'informations en s'appuyant sur les projets de terrain.
Suivi des feux de végétation dans les aires protégées d'Afri que sub-sahari enne
8 Suivi des feux de végétation dans les aires protégées d'Afrique sub-saharienne
Analyse de la distribution des feux au niveau pantropical
Damien Chevallier et Hugh Eva
Suivi des feux de végétation dans les aires protégées d'Afrique sub-saharienne
10 Suivi des feux de végétation dans les aires protégées d'Afrique sub-saharienne
2. Analyse de la distribution des feux au niveau pantropical
Pour une période de cinq années entre 1998 et 2003, les informations disponibles à partir des
images du satellite 'TRMM' (Tropical Rainfall Mapping Mission) ont été traitées sur l'ensemble des
pays tropicaux dans le but de cartographier les feux actifs. Cet exercice a pour but de mettre en
évidence la distribution des feux dans les pays tropicaux, le nombre de feux détectés par continent et
par pays, et d'identifier les pays avec la plus grande intensité de feux par rapport à leur superficie.
Les résultats sur l'Afrique de l'Ouest ont ensuite été analysés plus en détail, avec un zoom sur le
BurkinaFaso pour montrer la saisonnalité des feux dans la région.
Figure 5. Les données TRMMVIRS couvrent les tropiques de 40ο N à 40o S. Exemple d'acquisition du 2
Juillet 2003.
Suivi des feux de végétation dans les aires protégées d'Afrique sub-saharienne 11
2.3. Résultats
2.3.1. Analyse par continent
Avec une moyenne de plus de 28.000 feux détectés par an, l'Afrique reste le continent le plus actif en
matière de feux (Tableau 2). L'Amérique du Sud et l'Australie suivent avec 18.000 et 15.000 de
moyenne annuelle. Ces cinq dernières années l'activité des feux semble avoir été stable sur
l'ensemble des continents tropicaux, même si 1999 et 2000 semblent montrer une plus faible activité.
Tableau 2. Nombre de feux détectés par le système TRMM-VIRS (à noter: les chiffres pour 2002 ont été
augmentés de 20%, car le système TRMM a été hors service du 6 septembre au 17 octobre, période qui
représentait 20% des feux les autres années). Nous ne prenons pas en compte l'Europe et l'Amérique du Nord
car la majeure partie de ces continents n'est pas couverte par l'orbite du satellite. La densité des feux est
calculée par 10.000 km2.
Il faut toutefois nuancer ce premier constat, car les conséquences écologiques de ces feux
peuvent être très différentes. L'impact d'un feu de savane, pour lequel l'essentiel du carbone sera
réassimilé l'année suivante, est très différent de celui d'un feu de forêt humide qui nécessitera au
moins 50 ans ou plus pour se régénérer. L'impact saisonnier des feux de savane reste cependant
entier.
12 Suivi des feux de végétation dans les aires protégées d'Afrique sub-saharienne
Figure 6. Distribution des feux dans les pays tropicaux pendant l'année 1998.
Suivi des feux de végétation dans les aires protégées d'Afrique sub-saharienne 13
2.3.4.Les feux en Afrique Analyse de la densité des épisodes de feu
Trois pays, la Gambie, le Sénégal et le Burkina Faso ressortent avec une densité de plus de 20 feux
détectés pour 10000 km2. L'Angola reste néanmoins présent dans la tête du classement avec 17 feux
détectés pour 10000 km2 (Tableau 4). On voit (Figures 7 et 8) que même dans des pays comme le
Soudan, les feux sont souvent concentrés dans une région particulière, le delta intérieur du Nil.
Densité Moyenne
Superfície
des feux sur
AFRIQUE (km2)
(l 02 ) 5 années
Gambie 25 10.677 27
Sénégal 22 196.910 442
Burkina Faso 22 273.719 611
Ghana 19 239.980 454
Sierra Leone 18 72.531 129
Angola 17 1.252.421 2130
Nigeria 16 912.038 1496
République Centrafricaine 16 621.499 1015
Botswana 16 580.011 922
Soudan 15 2.490.409 3766
Tanzanie 15 944.976 1396
Zambie 15 754.772 1097
Swaziland 14 17.164 24
Ouganda 14 243.049 337
Mozambique 13 788.628 1018
Togo 13 57.299 73
Rép. D ém. Congo 12 2.337.027 2824
Bénin 12 116.514 135
[Afrique du Sud 12 1.223.111 1408
Tableau 4. Densité des feux par pays (nombre de feux rapporté à la surface).
: « . ¡' s
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■ 118- 147
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■ 177-205
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0 3000 Kilometers y w
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14 Suivi des feux de végétation dans les aires protégées d'Afri que sub-sahari enne
Les feux en Afrique en 2000
Suivi des feux de végétation dans les aires protégées d'Afrique sub-saharienne 15
16 Suivi des feux de végétation dans ¡es aires protégées d'Afrique sub-saharienne
Analyse de la distribution des feux au niveau continental
l'Afrique sub-saharienne
Jean-Marie Grégoire et Ilaria Palumbo
Suivi des feux de végétation dans les aires protégées d'Afrique sub-saharienne \f
1g Suivi des feux de végétation dans les aires protégées d'Afrique sub-saharienne
3. Analyse de la distribution des feux au niveau continental : l'Afrique
sub-saharienne
Les feux de végétation sont présents dans la plupart des régions d'Afrique sub-saharienne, où ils
jouent un rôle important de maintien en l'état ou de modification de la morphologie et de la
composition spécifique du couvert. Le phénomène tend à acquérir une importance particulière dans
les aires protégées car le feu y est couramment utilisé pour le braconnage. Les gestionnaires des
parcs, de même que les scientifiques sont ainsi convaincus qu'améliorer le contrôle de la pratique des
feux est essentiel dans tout programme de conservation et de mise en valeur des aires protégées. Pour
ce faire, il est indispensable de disposer d'informations quantitatives fiables sur l'étendue des
surfaces brûlées, les types de couvert végétal touchés par le feu et enfin sur la saisonnalité des feux,
au sein des aires protégées.
Des inventaires de feux de végétation pour le continent africain ne sont cependant disponibles
que depuis peu ( par exemple http://sharkl.esrin.esa.it). De plus, très peu de ces inventaires
fournissent une information quant aux superficies effectivement brûlées par type de couvert végétal
(Eva et Lambin, 1998; Barbosa et al, 1999). C'est dans ce contexte que le Centre Commun de
Recherche (CCR) de la Commission Européenne, en partenariat avec huit institutions de recherche
nationales et le Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE), a lancé en janvier
2001 le projet 'Global Burnt Area - 2000' (GBA2000) dont l'objectif était d'effectuer un inventaire
des surfaces brûlées au niveau mondial par type de couvert végétal durant l'année 2000, en exploitant
l'imagerie moyenne résolution (1 km) offerte par le système d'observation de la Terre SPOT-
VEGETATION (Grégoire et al, 2003a). Les images acquises par le radiometre VEGETATION
(VGT), installé sur le satellite SPOT-4, ont été collectées pour construire une couverture journalière
de l'entièreté du globe pour l'année 2000. Réalisée dans le cadre du programme Millennium
Ecosystem Assessment, cette opération a permis de rassembler l'imagerie acquise entre le 20 octobre
1999 et le 31 décembre 2000. Les images ont ensuite été traitées au CCR, pour la détection des
surfaces brûlées suivant la méthodologie décrite par Tansey (2002) et Silva et al. (2003). La version
finale de la carte mondiale des surfaces brûlées (Tansey et al, 2003) a été rendue publique au mois
de décembre 2002 (http://www.gvm.jrc.it/fire/gba2000/index.htm). L'analyse présentée ici s'appuie
sur la composante "Afrique" des résultats obtenus par le projet GBA2000 (Figure 9) et constitue un
résumé des travaux de Palumbo et al. (2003).
La base de données du PNUE (UNEP/WCMC, 1997) a été utilisée pour sélectionner les 107 aires
protégées africaines ayant une extension au moins égale à 100.000 ha (Figure 10).
L'information sur le type de couvert végétal est extraite de la carte mondiale de couverture du sol
produite par l'Université du Maryland (Hansen et al., 2000). L'analyse de la distribution spatio-
temporelle des surfaces brûlées au sein des aires protégées a été réalisée en environnement ESRI-
ArcView (Marengo et al., 2002) pour dériver trois caractéristiques de la saison de feu: la durée de la
saison, la période d'activité
maximale et la répartition des superficies brûlées par type de couvert végétal. Pour chaque type de
couvert, seuls les mois présentant des superficies brûlées au moins égales à 400 ha (soit 4 pixels
SPOT-VGT) ont été pris en considération dans la phase d'analyse. Enfin, les statistiques de
superficies brûlées ont été calculées sur la base de la surface couverte de végétation au sein de
chaque parc et non pas sur la base de la surface totale du parc.
Suivi des feux de végétation dans les aires protégées d'Afrique sub-saharienne \Q
Legend
January to March 2000
April to June 2000
July to September 2000
October to December 2000
Figure 9. Distribution des surfaces brûlées en Afrique sub-saharienne pendant l'année 2000
Figure 10. Localisation des 107 aires protégées retenues pour l'analyse des régimes de feu
20 Suivi des feux de végétation dans les aires protégées d'Afrique sub-saharienne
3.2 Caractérisation des aires protégées en termes de saisonnalité des feux
La saison potentielle de feu s'étend généralement sur 6 mois: de novembre à avril au Nord de
l'équateur, et de mai à octobre au Sud. Les deux saisons potentielles de feu ont été divisées pour les
besoins de l'analyse en trois périodes de deux mois chacune: novembre à décembre, janvier à février
et mars à avril pour le Nord; mai à juin, juillet à août et septembre à octobre pour le Sud.
Suivi des feux de végétation dans les aires protégées d'Afrique sub-saharienne 21
£—j non burning are»
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north Hov99Feb00.'south
north. KovWAprOOisouth:
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north JanOOAprOO/south
north: JanQOJunOO/soutiv
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Figure 11. Saisonnalité des feux dans les aires protégées d'Afrique subsaharienne: durée de la saison
Figure 12. Saisonnalité des feux dans les aires protégées d'Afrique subsaharienne: pic d'activité des feux
22 Suivi des feux de végétation dans les aires protégées d'Afrique sub-saharienne
3.2. Caractérisation des aires protégées en fonction des superficies brûlées
La superficie brûlée au sein des parcs, exprimée en pourcentage de la surface occupée par de la
végétation, est très variable: de 1 à 70% de la surface (Figure 13). D'une manière générale les parcs
au nord de l'équateur montrent des pourcentages plus élevés que ceux du sud, de 15 à 70 % pour les
premiers et de 15 à 50 % pour les seconds. Il est intéressant de noter que les pourcentages élevés
correspondent aux parcs montrant un pic d'activité des feux tard dans la saison sèche.
L'analyse des superficies brûlées par type de couvert végétal a été effectuée après regroupement des
13 classes de la carte de l'Université du Maryland en trois grandes catégories:
savane herbeuse: regroupement des classes cropland et grassland
savane arbustive: regroupement des classes wooded grassland, closed shrubland et open
shrubland
savane boisée: regroupement des classes evergreen needleleaf forest, evergreen broadleaf
forest, deciduous needleleaf forest, deciduous broadleaf forest, mixedforest et woodland.
L'analyse s'est concentrée sur les catégories savane boisée et savane arbustive.
Suivi des feux de végétation dans les aires protégées d'Afrique sub-saharienne 23
Figure 13. Superficies brûlées dans les aires protégées d'Afrique sub-saharienne: exprimées en pourcentage de
la superficie occupée par la classe savane boisée (a) et savane arbustive (b)
24 Suivi des feux de végétation dans les aires protégées d'Afrique sub-saharienne
Paramètre Poids contribution
(%) 1 2 3 4 5 6 7 8
Longueur de la saison de feux 0.20 8 7 6 5 4 3 2 1
(en mois)
Période du pic d'activité 0.40 Juin Mai Avril Mars Fév. Jan. Dec. Nov.
(Nord et Sud)
Dec. Nov. Oct. Sep. Aût. Juil. Juin Mai
Superficie brûlée; total (%) 0.10 5070 3050 1530 515 05
Tableau 5. Paramètres pris en compte pour calculer l'Indice de Risque d'Embroussaillement (IRE)
L'indice est ainsi une combinaison linéaire des cinq paramètres décrivant la saison de feux:
où
L est la valeur attribuée à la longeur de la saison de feux
Ρ est la valeur attribuée à la période d'activité maximale
A est la valeur attribuée à la superficie totale brûlée
S et W sont les valeurs attribuées aux superficies brûlées dans les classes savane arbustive et savane
boisée
a= 10/8 b= 10/5 sont des facteurs de normalisation.
Suivi des feux de végétation dans les aires protégées d'Afri que sub-sahari enne 25
■ 0
■ 1-2
3-4
5-6
■ 7-8
■ 9-10
Figure 14. Evaluation du" risque d'embroussaillement, estimé sur la base du régime des feux, au sein des aires
protégées d'Afrique subsaharienne
20 ""*]
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Parcs du Sud
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# parcs
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1 2 3 4 5
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index
Figure 15. Distribution des aires protégées en fonction de la valeur de l'indice de risque d'embroussaillement:
Afrique subsaharienne (a), hémisphère Nord (b), hémisphère Sud (c)
26 Suivi des feux de végétation dans les aires protégées d'Afrique sub-saharienne
3.4. Perspectives de recherche à court terme
Les estimations de superficies brûlées par type de couvert végétal, au sein des aires protégées,
vont être affinées par:
l'exploitation de la récente carte d'occupation du sol réalisée dans le cadre du projet Global
Land Cover 2000 (GLC2000 ; http://www.gvm.jrc.it/glc2000/defaultGLC2000.htm), en
remplacement de celle de l'Université du Maryland. La feuille "Afrique" de cette carte
mondiale (Mayaux et al, 2002) fournira une information plus précise et plus récente sur le
type de couvert végétal
l'exploitation de l'imagerie satellitaire acquise par les capteurs MODIS et MERIS
respectivement sur les plateformes TERRA-AQUA et ENVISAT. Ces capteurs ont une
résolution spatiale dite moyenne (~ 300m) qui permettra d'affiner les estimations de
superficies brûlées réalisées jusqu'à présent avec des images SPOT-VGT à basse résolution
(1000 m).
La caractérisation du régime des feux va également être améliorée par l'addition d'une
composante pluri-annuelle dans l'analyse. Le CCR dispose en effet d'archives satellitaires à basse
résolution spatiale (1000 et 5000 m) permettant de remonter jusqu'en 1981. Le traitement de cette
archive est en cours pour en extraire des inventaires d'événements de feu et des cartes de surfaces
brûlées. Cette information permettra de replacer les saisons actuelles de feu dans un contexte plus
large, d'en estimer la représentativité et de détecter d'éventuels modifications des régimes de feu
dans les aires protégées d'Afrique sub-saharienne.
Suivi des feux de végétation dans les aires protégées d'Afrique sub-saharienne 27
2g Suivi des feux de végétation dans les aires protégées d'Afrique sub-saharienne
Analyse de la distribution des feux au niveau régional et national
l'Afrique de l'Ouest et le Burkina Faso
Suivi des feux de végétation dans les aires protégées d'Afrique sub-saharienne 29
30 Suivi des feux de végétation dans les aires protégées d'Afrique sub-saharienne
4. Analyse de la distribution des feux au niveau régional et national :
l'Afrique de l'Ouest et le Burkina Faso
octobre 2001
novembre 2001
décembre 2001
Janvier 2002
février 2002
11
Figure 16. Distribution spatiale des feux en Afrique de l'Ouest d'octobre 2001 à février 2002.
février 2002
mars 2002
avril 2002
mai 2002
Juin 2002
« «ag- '
900 Kilometers
Figure 17. Distribution spatiale des feux en Afrique de l'Ouest de février 2002 à juin 2002.
Suivi des feux de végétation dans les aires protégées d'Afrique sub-saharienne 31
70
60
50
3 40
O
Χ
S! 30
20
10
C O C O C O C O C O C O O O ) ο σ> σ> CD o σ o o
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Mois ω 2
Figure 18. Nombre de feux observés en Afrique de l'Ouest de janvier 1998 à novembre 2002.
La distribution temporelle des feux apparaît fort différente dans la partie Sud (feux en début de
saison sèche) et dans la partie Nord (feux en fin de saison sèche), ce qui laisse à penser que nous
avons à faire à deux phénomènes distincts : au Sud, il s'agit de feux de végétation naturelle, qu'ils
aient pour but la chasse ou qu'ils soient d'origine non anthropique, tandis que les feux du Nord, plus
tardifs, correspondent à des zones plus densément peuplées, à forte activité agricole. Il s'agit donc
vraisemblablement de feux à des fins agricoles.
Une autre caractéristique intéressante est la variabilité interannuelle du nombre de feux (figure
18). Si l'année 1998 montre un pic très élevé, l'année suivante est la plus faible de la série étudiée. A
partir de cette date, le nombre de feux augmente chaque année, sans que cela soit statistiquement
significatif sur une série si courte.
ANNEES
1998 1999 2000 2001 2002 Moyenne des feux sur 5 années
Burkina F aso 724 356 440 601 935 611
Tableau 6. Nombre de feux détecté par TRMM au Burkina Faso de 1998 à 2002.
Il semblerait que l'activité humaine se soit intensifiée ces dernières années. Il faut toutefois être
prudent dans l'analyse de séries de 5 ans et confirmer cette analyse par l'examen de l'évolution de
l'occupation du sol à partir d'images satellitales à haute résolution spatiale. On peut également
remarquer que la distribution spatiale des feux varie d'une année à l'autre (Figure 19).
32 Suivi des feux de végétation dans les aires protégées d'Afrique sub-saharienne
Les feux au Burkina Faso en 1998
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33- 3 24T
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80 A4
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BH 136-141
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BW-94
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an ■:: ■■■··.
MÊÊ 142 - 157
Figure 19. Densité des feux détectés par TRMM au Burkina Faso de 1998 à 2002.
Outre la variabilité spatiale, on peut noter une forte concentration de feux au SudEst de
Ouagadougou et une absence presque totale de feux dans la région de BoboDioulasso (SudOuest)
en 2000.
Suivi des feux de végétation dans les aires protégées d'Afri que sub-sahari enne 33
4.3. Utilisation des analyses régionales et nationales
Les analyses nationales et régionales ne peuvent pas être directement utiles à la gestion
quotidienne des aires protégées. Par contre, dans le cadre d'un plan national de prévention et/ou de
gestion des feux de brousse, un diagnostic précis et pluriannuel est indispensable. Les chiffres
absolus ne sont pas intéressants en eux-mêmes, mais bien la perspective régionale et l'évolution
temporelle. Les savanes boisées d'une province donnée brûlent-elles plus fréquemment que celles de
la province voisine ? Constate-t-on une augmentation avec le temps des surfaces brûlées, ce qui
pourrait traduire une dégradation du milieu ? La saison des feux change-t-elle d'une région à l'autre ?
Autant de questions qui doivent accompagner l'établissement d'un plan national de gestion et de
prévention des feux de brousse. De telles expériences existent déjà dans certains pays de la sous-
région, comme le Sénégal par exemple. Des échanges avec les institutions responsables de la
détection des feux et de la gestion des pâturages dans ces pays seraient souhaitables.
34 Suivi des feux de végétation dans les aires protégées d'Afrique sub-saharienne
Analyse de la distribution des feux au niveau local : Suivi de la saison de
feu 2002-2003 dans le Parc Régional du W, Bénin, Burkina Faso et Niger
Suivi des feux de végétation dans les aires protégées d'Afrique sub-saharienne 35
36 Suivi des feux de végétation dans les aires protégées d'Afrique sub-saharienne
5. Analyse de la distribution des feux au niveau local : Suivi de la saison
de feu 2002-2003 dans le Parc Régional du W, Bénin, Burkina Faso et
Niger
Pendant la saison sèche 2002/2003, des images satellitales à moyenne résolution spatiale (250 m)
ont été acquises dans le but de cartographier les surfaces brûlées au sein du Parc W et des zones
adjacentes (Figure 20). Le choix s'est porté sur cette aire protégée pour répondre :
à une demande émanant des services de la Commission de l'Union Européenne quifinancele
projet régional ECOPAS
à la demande des gestionnaires du parc, qui considèrent le feu comme un des outils de
gestion et de protection des terres (Grégoire et al, 2003b)
aux questions d'ordre scientifique que se posent les mêmes gestionnaires quant à l'impact des
feux sur la nature et la structure du couvert végétal.
Suivi des feux de végétation dans les aires protégées d'Afrique sub-saharienne 37
ailleurs, l'analyse des pratiques de feu observées au sein du parc peut aider à formuler une meilleure
gestion de ces mêmes pratiques.
Les précipitations annuelles varient de 650 mm au Nord (Niger) à plus de 800 mm dans le Sud
(Figure 22). La saison sèche, ou saison potentielle des feux, débute Vers la fin du mois d'octobre et se
poursuit jusqu'au mois de mars. Elle est accompagnée de vents de secteur NE qui jouent un rôle
majeur dans la propagation des feux. Pris dans son ensemble, le parc appartient à la classe savane
boisée soudaniennelsudanian woodland de la carte d'Afrique de White/ UNESCO (1983). La carte
de végétation produite récemment par le CIRAD (De Wispelaere, 2003) détaille les principaux types
de couvert du parc: Savane arborée et boi sée, Savane arbusti ve dense /clai re, Brousse tachetée,
Galerie forestière, Savane herbeuse et Affleurements rocheux et cui rasses à végétati on très
clairsemée. Le réseau hydrographique du parc est formé par le fleuve Niger, ses affluents locaux en
rive droite (Tapoa, Mékrou, Kompa Gorou et Alibori) et par la Pendjari (Figure 23).
Jan Fev Mar Avr Mai Juin Jul Aou Sep Oct Nov Dec
38 Suivi des feux de végétation dans les aires protégées d'Afri que sub-sahari enne
Figure 23. Le réseau hydrographique du Parc W.
Suivi des feux de végétation dans les aires protégées d'Afrique sub-saharienne 39
de décharger gratuitement par FTP les images retenues, à condition de disposer de 279 Mo
d'espace libre par scène (2000 km χ 1500 km).
Il est également possible d'accéder à un produit de synthèse temporelle : synthèse des meilleures
images journalières (une image par jour) pendant huit jours. Ce type de produit permet bien sûr de
limiter l'espace disque nécessaire, mais ses performances, pour la détection et cartographie des
surfaces brûlées, doivent encore être démontrées.
Dans la présente étude, 54 images journalières acquises entre le 14 octobre 2002 et le 28 mars 2003
ont été déchargées du site web de l'USGS et traitées au CCR pour cartographier les surfaces brûlées
(Tableau 7).
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L 14-31 Λ av. 1-15 Nov. 15-30 Dec. f-15 £ ec. 15-31 J an. 1-15 Jan. 15-31 Fev. 1-15 =ev. 15-2S «far. 1-15 Mar. 15-30
14-OC1-02 01-NOV-02 17-NOV-02 01-Dec-02 17-D6C-02 02-Jan-03 18-Jan-03 05-Feb-03 21-Feb-03 02-Mar-03 16-Mar-03
16-Oct-02 03-NOV-02 20-NOV-02 03-Dec-02 19-Dec-02 06-Jan-03 22-Jan-03 05-Feb-03 28-Feb-03 02-Mar-03 18-Mar-03
21-Oct-02 08-NOV-02 22-NOV-02 10-Dec-02 26-D6C-02 11-Jan-03 25-Jan-03 05-Feb-03 02-Mar-03 28-Mar-03
21-Oct-02 15-NOV-02 22-NOV-02 12-Dec-02 30-Dec-02 25-Jan-03 07-Feb-03 04-Mar-03
30-Oct-02 24-NOV-02 27-Jan-03 12-Feb-03 07-Mar-03
29-Jan-03 14-Feb-03 09-Mar-03
29-Jan-03 14-Feb-03 09-Mar-03
31-Jan-03 09-Mar-03
13-Mar-03
Tableau 7. Images MODIS retenues sur la région du Parc W. Les images correspondant aux dates en caractères
gras ont été traitées pour cartographier les surfaces brûlées.
40 Suivi des feux de végétation dans les aires protégées d'Afrique sub-saharienne
5.4. Exemples de produits thématiques
Une série de cartes de surfaces brûlées constitue le produit thématique de base, disponible à la fin de
la phase de traitement des images satellitaires (Figure 25). Ces cartes peuvent être présentées de
différentes manières, par élaboration temporelle et/ou spatiale des données, en fonction de
l'utilisation visée. Des cartes des surfaces non brûlées et des cartes de la végétation peuvent aussi être
réalisées tout au long de la saison sèche.
Pour faciliter l'interprétation et l'exploitation de ces produits cartographiques, les résultats de
détection des surfaces brûlées peuvent être présentés par pays (composantes « W du Niger », « W du
Bénin » et « W du Burkina »), par bassins versants, par type de couvert végétal, sur la base d'une
grille systématique ...etc. Des informations telles que le type de végétation affectée par les feux, la
distance des zones brûlées aux routes, les points d'eau ...etc, peuvent aider à rinterprétation des
cartes de base.
La Figure 26 illustre comment différentes couches d'informations thématiques peuvent être
combinées et visualisées sur la base d'une grille systématique. D es cellules de 5 km de côté
permettent à chaque composante nationale du projet ECOPAS d'avoir une bonne vue d'ensemble de
la situation au sein du Parc W mais aussi de préserver un niveau de détail suffisant pour des actions
de gestion des feux. L'utilisateur a ainsi accès à un Système d'Information Géographique (SIG) lui
permettant, pour chaque cellule de la grille (Figure 27), de combiner les informations existantes : par
exemple, la superficie brûlée pour un type particulier de couvert végétal au sein du bassin versant
d'un affluent du Niger et pour une période de temps définie par le gestionnaire de la zone.
OLBOI
AIMOMAJÌJABOU
Novi-15
Novi 5-31
Deci-15
Deci 5-31
Jan1-15 »"^«i
ι ι «<an15-.31 SABet>. ; OARI
"Feb1-15 'KOUTOUMBOU
Feb15.-28 •
Marchi-16
Marchi 6-30
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, '» 4 <
MAMOUNOU
fa- β MAHADAOA
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*- * .. Ρ.φ A. A
:
'*$>'· $¿ 'j ^YJjL
20 20 km
Figure 25. Surfaces brûlées dans le Parc W, dérivées de l'imagerie MODIS. Résultats présentés par quinzaines
pour la saison sèche 20022003 (octobre 2002 à mars 2003).
Suivi des feux de végétation dans les aires protégées d'Afri que sub-sahari enne 41
1/. Construction de la grille
Nous créons une grille carrée de 5 km
par 5 km couvrant la zone d'étude. 7<<7V,
Chaque cellule reçoit un identifiant
unique reprenant la colonne (de A à
XX) et la ligne (de 1 à N). La grille est
ensuite coupée aux limites du parc. Le
nom du parc est ajouté comme attribut .,-¿.
à chaque cellule. \-X ) M,'
-jr~j-
A*
2/. Pays
A ce résultat, nous superposons la
couche des pays. Chaque cellule
commune à deux (ou trois) pays est
coupée en deux (ou trois). Chaque
cellule reçoit la référence du pays.
42 Suivi des feux de végétation dans les aires protégées d'Afrique sub-saharienne
Régie» d'analyse
Cell identification
Park
Basin
Pays
Feux par mois
Vegetation
Figure 27. Base de données SIG superposée à une mosaïque d'images Landsat.
Période
Ocl.14-31 Nov. 1-15 Nov. 16-30 Dec.1-15 Dec. 16-31 Jan.1-15 Jan. 16-31 Fev. 1-15 Fev. 16-28 Mar. 1-15 Mar. 16-31 Total k m ' Pourcentage
Bénin 346 244 448 577 1021 529 64 56 6 1 74 3366 59
Burkina 32 257 368 602 194 39 16 8 3 1 10 1530 65
Niger 30 158 198 406 182 37 86 2 0 1 9 1109 50
Tableau 8. Superficies brûlées par quinzaine durant la saison sèche 2002-2003 dans les trois composantes
nationales du Parc W.
Suivi des feux de végétation dans les aires protégées d'Afrique sub-saharienne 43
Surfaces brûlées - Parc W - par pays
El Bénin
D Burkina
Q Niger
.EL
Ocl.14-31 Nov. 1-15 Nov.16-30 Dec.1-15 Dec.16-31 Jan.1-15 Jon. 16-31 Fev. 1-15 Fev. 16-28 Mar. 1-15 Mar. 16-31
Figure 28. Distribution temporelle des feux durant la saison sèche 2002-2003 dans les trois
composantes nationales du Parc W.
0-10
10-20
20-30
30-40
40-50
50-60
60-70
70-80
80-90
90-100
Figure 29. Pourcentage de la superficie affectée par les feux à la fin de la période octobre 2002-mars 2003,
pour chaque cellule de 25 km2 dans le Parc W.
44 Suivi des feux de végétation dans les aires protégées d'Afrique sub-saharienne
Au Bénin, la partie la plus touchée par les feux se situe dans la zone cynégétique de la Djona et dans
la partie Sud-Est du parc, où plus de 70% de la superficie est affectée. Des pourcentages similaires
sont également observés dans la zone cynégétique de la Mékrou et dans la concession de chasse de
Koakrana au Burkina. Au Niger, on observe une forte activité des feux dans le secteur Nord-Est du
parc, ainsi que dans le secteur Sud-Ouest le long de la frontière avec le Burkina. L'intense activité
des feux dans ces deux zones pourrait être due à la densité du réseau de pistes, pour la partie Nord-
Est, et à l'éloignement relatif pour la partie Sud-Ouest. La très faible activité des feux dans la réserve
de faune de Tamou est assez surprenante.
Proportion de cellule
brûlée par mais
0-0.05
0.05-0.2
¡0.2-0.4
¡0.4-0.6
¡0.6-0.8
| 0.8-1
15-30 octobre 1-15 janvier 16-30 janvier
Figure 30. Distribution temporelle des feux dans le Parc W, dérivée des pourcentages de surface brûlée par
quinzaine au sein de cellules de 25 km2.
L'analyse de la distribution temporelle des surfaces brûlées par bassin versant fait ressortir des
éléments pouvant s'avérer intéressants dans une optique de gestion. Ainsi, dans la partie burkinabé
du parc (figure 31.b), l'activité des feux démarre très progressivement dans la 2eme quinzaine
d'octobre sur les bassins de la Mékrou et de la Tapoa pour atteindre un pic dans la lere quinzaine de
décembre et rester à un niveau très bas jusqu'à la fin de la saison. Le bassin de la Pendjari se
comporte de manière fort différente, avec un maximum d'activité des feux dès le début de saison en
novembre; niveau d'activité qui reste élevé jusqu'en décembre et diminue ensuite brutalement. On
peut penser que ce comportement différent est lié à l'activité de chasse ?
Des observations similaires peuvent être faites sur les bassins de la partie béninoise du parc (figure
3 La). Ainsi, la distribution temporelle des feux dans le bassin de l'Alibori/Pako est fort différente de
celle observée sur les bassins Kompa Gorou et Mékrou. Est-ce dû à la proximité de la zone
cynégétique de la Djona ?
Enfin, on peut remarquer que quelque soit le bassin, il y a une légère reprise de l'activité des feux en
fin de saison, vers le mois de mars. Hors du parc, ces feux pourraient être liés aux activités agricoles.
Mais à l'intérieur du parc on ne peut que penser à de la chasse illégale.
Suivi des feux de végétation dans les aires protégées d'Afrique sub-saharienne 45
Surf« ces bnilées Bénin bassins versants
Β Rompa Gorou
D AB) ori/Pako
■ Mékrou
I 300
1 ■
JL. . I
Oet.14-31 Nov. 1-15
I
Nov.16-30 Dec.1-15 Dec.16-31
1Jan.1-15
PírioA
,m r l , B rta ,
Jan. 16-31 F ev. 1-15 F ev. 16-28 Mar. 1-15
M
Mar. 16-31
l·
GPendjart ■ Mékrou
DTapoa
y 250
BB-D 1 1 · FT
Oei.14-31 Hov. 1-15 Hov.16-30 D« 1-15 Dec.16-31 Ju. 1-15 L16-31 fev. 1-15 F ev. 16-28 Hee. 1-15 M e 16-31
Periode
Figure 31. Distribution temporelle de l'activité des feux dans les bassins versants des composantes béninoise
(a), burkinabé (b) et nigérienne (c) du Parc W.
46 Suivi des feux de végétation dans les aires protégées d'Afri que sub-sahari enne
5.5.2.Distribution des surfaces brûlées par type de couvert végétal
La distribution des surfaces brûlées par type de couvert dans les trois composantes nationales du
parc est synthétisée dans le tableau 9. Les classes « eau », « nuage » et « surface brûlée » qui
représentent 10% de la surface couverte par la carte de la végétation (De Wispelaere, 2003) n'ont pas
été prises en considération. D'où la différence entre les chiffres indiqués dans les tableaux 8 et 9.
Tableau 9. Superficies brûlées par type de couvert végétal dans les composantes béninoise, nigérienne et
burkinabé du Parc W durant la saison sèche 2002-2003. Les superficies brûlées sont exprimées en km"" ainsi
qu'en pourcentage de la surface occupée par la classe de végétation correspondante.
Tous les types de végétation sont affectés par les feux, dans des proportions élevées. Les classes
de savane montrent des pourcentages de surface brûlée de 50 à 65%. Seule la « brousse tachetée » se
distingue avec des valeurs plus faibles, de l'ordre de 40% de la surface brûlée en fin de saison. Les
résultats obtenus pour les « cordons ripicoles / galeries forestières », 40 à 60% de la surface brûlée,
sont peu crédibles. Ce pourrait être un artefact introduit pendant la phase de traitement des images
satellitaires, car la résolution spatiale des données MODIS ne permet pas de séparer correctement les
surfaces occupées par ces formations, et probablement non touchées par les feux, des formations de
savane environnantes qui sont affectées par les feux. Ce problème devra faire l'objet d'analyse plus
approfondie lors des traitements à venir.
Les travaux réalisés ont mis en évidence un certain nombre de difficultés dont il faudra tenir
compte lors de la mise en place d'un système routinier de suivi des feux dans le parc :
Suivi des feux de végétation dans les aires protégées d'Afrique sub-saharienne 47
- le service de distribution des images MODIS est devenu plus lent ces derniers mois. Le délai
entre la commande des images et leur disponibilité sur le site de l'USGS-EDC a
considérablement augmenté, avec bien sûr des implications pour un suivi des feux en temps
semi-réel
- la détection des surfaces brûlées nécessite une observation satellitaire au moins tous les cinq
jours. Il est donc indispensable d'exploiter les deux systèmes existants : TERRA (matin) et
AQUA (après-midi)
- la résolution spatiale des données (250 m) peut s'avérer trop grossière pour effectuer des analyses
fines. Il est alors nécessaire de compléter les résultats à l'aide d'images Landsat-TM (30 m) qui
sont coûteuses et dont la fréquence d'acquisition est de l'ordre du mois
-l'algorithme de détection des surfaces brûlées est bien adapté à des applications locales, telle que
la surveillance du Parc W et des zones adjacentes ; il est cependant moins performant lorsque
appliqué à un niveau régional, comme l'Afrique de l'Ouest Soudanienne par exemple. Un effort
de recherche/développement supplémentaire devra être fait pour rendre l'algorithme moins
dépendant des conditions locales.
Suite aux bons résultats obtenus durant la phase expérimentale de suivi de la saison sèche 2002-
2003, l'Unité GVM du CCR a mis en place deux actions pour l'observation systématique de l'activité
des feux pendant la saison 2003-2004 dans la région du Parc W et dans celle du complexe de Sangba
en République Centrafricaine (RCA).
Région du Parc W : l'objectif est de fournir à l'équipe de gestion du parc des informations en temps
semi-réel, de mi-octobre 2003 à mi-mars 2004. A condition bien sûr que la disponibilité des images
MODIS soit effective durant toute cette période. Les moyens requis à Ispra (environnement
informatique et opérateur) sont à la charge du CCR. L'information sur la distribution des feux sera
envoyée par courrier électronique aux trois composantes nationales du Parc W, ainsi qu'à la direction
du projet ECOPAS.
Région du complexe de Sangba : l'objectif n'est pas de fournir de l'information en temps semi-réel
mais plutôt de faire une analyse synthétique de la période des feux en fin de saison sèche.
L'information sera fournie aux gestionnaires du complexe ainsi qu'à la direction du projet ECOFAC.
48 Suivi des feux de végétation dans les aires protégées d'Afrique sub-saharienne
Conclusions
Suivi des feux de végétation dans les aires protégées d'Afrique sub-saharienne 49
50 Suivi des feux de végétation dans les aires protégées d'Afrique sub-saharienne
6. Conclusions
Les analyses présentées dans ce rapport montrent clairement les possibilités offertes par les
observations spatiales pour le suivi quantitatif de l'activité des feux à différents niveaux de
perception du phénomème: du niveau pan-tropical à celui d'une aire protégée particulière.
L'information exploitable dans une optique d'aide à la gestion des aires protégées est bien sûr
différente selon le niveau de perception considéré. Au niveau pan-tropical, il n'est pas inutile de
replacer l'Afrique sub-saharienne dans le contexte qui est le sien, à savoir le continent pour lequel est
observée la plus importante activité des feux. Même si l'essentiel de ces feux ont lieu en milieu de
savane, et non de forêt humide comme c'est le cas par exemple en Amérique du Sud, leur impact est
considérable : impact saisonnier, entre autre sur la qualité de l'air et les conditions de navigation
aérienne ; impact pluri-annuel sur l'évolution et/ou le maintien en l'état des couverts de savane.
Au niveau régional ou même national, l'information est exploitable pour la mise en place et le
suivi de programmes nationaux de prévention et/ou de gestion des feux de brousse. Cette information
n'est cependant pas directement exploitable pour la gestion d'une aire protégée donnée.
Au niveau local, l'analyse faite de la saison de feu 2002/2003 sur le Parc Régional du W a permis
la mise au point de nouvelles procédures d'exploitation de l'imagerie satellitaire moyenne résolution
(~ 250 m) ainsi que le développement d'une série de produits thématiques d'aide à la gestion des
pratiques de feu. Les produits thématiques comprennent entre autres des présentations
cartographiques de la distribution des surfaces brûlées, dans le temps et l'espace au sein du parc,
ainsi que des statistiques.
A travers ces exemples, il apparaît très clairement que les techniques spatiales dépassent
largement les domaines de recherche où elles étaient cantonnées et rendent chaque jour plus de
services aux conservateurs des aires protégées dans leurs tâches de gestion quotidienne. A cet égard,
la construction d'un système d'information géographique clairement orienté vers des objectifs de
gestion est une nécessité absolue pour l'intégration de données dérivées de la télédétection et pour
l'analyse fine des observations de terrain.
Un lien entre les gestionnaires et des équipes de recherche en écologie des savanes et en
télédétection contribue à maintenir une gestion au fait des derniers raffinements scientifiques. Les
équipes de recherche peuvent, quant à elles, progresser plus rapidement dans l'identification de
programmes de travail utiles à la gestion et dans la collecte d'informations en s'appuyant sur les
projets de terrain. C'est dans cette optique que le CCR envisage d'étendre ses recherches à d'autres
aires protégées africaines faisant l'objet d'un soutien de la part de l'Union Européenne : en
particulier les complexes du programme AGIR (Appui à la Gestion Intégrée des Ressources
naturelles) en Afrique de l'Ouest, et le complexe de Sangba en République Centrafricaine.
Suivi des feux de végétation dans les aires protégées d'Afrique sub-saharienne 51
52 Suivi des feux de végétation dans les aires protégées d'Afrique sub-saharienne
7. Documents cités dans le texte
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54 Strivi des feux de végétation dans les aires protégées d'Afrique sub-saharienne
Commission Européenne
EUR 20862 FR - Suivi des feux de végétation dans les aires protégées d'Afrique sub-saharienne
Abstract
The object of this report is to outline the various techniques that can be employed for monitoring
vegetation fires at different geographic scales, so that meaningful analysis may be made in support of
the management of protected areas. The report focuses on Sub-saharian Africa, a priority area for
European Commission's action on sustainable development. The analysis and results presented here
include ground surveys and satellite imagery of differing resolutions, which after interpretation into
land cover maps, vegetation indices and statistics on fire counts and burnt areas, can be ingested into
Geographic Information Systems. Subsequent the data can be queried, displayed, analysed and output
in cartographic, tabular and statistical formats for exploitation by the park managers as well as by the
researchers in the African countries and in Europe.
Suivi des feux de végétation dans les aires protégées d'Afrique sub-saharie nne 55
Le CCR: exposé de sa mission
COMMISSION EUROPEENNE
DIRECTION GÉNÉRALE
EUNA20862FRC
Suivi des feux de végétation dans les aires protégées d'Afrique sub-saharienne