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Section 1 : Repérages
§1 : Définition
Il faut tout d'abord préciser de quoi l'on parle :
N'entrent donc pas dans la « réforme de l'Etat » toutes les révisions constitutionnelles qui ne concernent pas
directement le champ de compétences de l'Etat ou les formes de l'organisation administrative.
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Section 2 : Panorama historique
Cf. Philippe Bezes, « La réforme de l'Etat et son contexte. Les politiques de réforme de l'Etat sous la 5ème
République », Cahiers Français, n°346, 2008, pp. 8-15.
• L'absence de changement radical et la difficulté à changer l'administration renvoient à la littérature relative
au néo-institutionnalisme historique et à la path dependence (avec l'existence de verrous cognitifs, de
veto players, etc.).
• On constate souvent des changements graduels, mais dont les effets se font sentir sur la longue
durée. Cf. « effets à retardement » mis en évidence par Pierson et les changements graduels mais
transformateurs de Streeck et Thelen.
• Un nouveau paradigme (NPM) se développe et s'enracine progressivement dans les pratiques
administratives – on retrouve alors les « 3 ordres du changement » de Peter Hall.
• Il ne faut pas non plus sous-estimer le poids du contexte (économique notamment) pour comprendre
les réformes de l'Etat.
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Section 3 : Etude de cas, la LOLF
L'un des premiers objectifs de cette loi est de rééquilibrer le pouvoir entre parlement et exécutif en ce qui
concerne le budget. Dans l'ancienne procédure en effet (sous l'ordonnance de 1959), le Parlement n'avait
pas de réel pouvoir d'amendements pour augmenter les dépenses de l'Etat – il ne disposait que d'un pouvoir
de diminuer les dépenses (article 40 de la Constitution) et faisait l'objet d'un encadrement très fort. La LOLF
recrée un droit d'amendement pour les parlementaires (les missions se décomposent en programmes et les
parlementaires peuvent amender les dépenses d'un programme – en les augmentant ou en les diminuant –
à condition de ne pas toucher à l'enveloppe totale d'une mission – article 47 de la LOLF). Elle leur donne
également une plus grande capacité de contrôle, sur l'exécutif et les administrations :
• Dans les procédures budgétaires, on améliore les informations qui sont données aux parlementaires.
Cf. projets annuels de performance (PAP) et rapports annuels de performance (RAP) – ces documents
n'avaient rien de systématique auparavant, sous l'ordonnance de 1959. Il s'agit de documents sur
lesquels les parlementaires peuvent s'appuyer pour voter le budget.
• Le débat budgétaire est lui-même transformé (rationalisé) et une procédure régulée est mise en place :
lettres de cadrage envoyées aux ministères en juillet ; débat d'orientation budgétaire (DOB) en novembre,
sur la base d'un rapport de la cour des comptes sur la situation des finances publiques ; vote de la loi
des finances en décembre.
• La LOLF donne aux parlementaires des pouvoirs d'investigation ; ils peuvent par exemple adresser
des questionnaires aux administrations (qui ont une obligation de réponse dans un timing court). La
commission des finances (de l'Assemblée et du Sénat) dispose également d'une pouvoir d'enquête
agrandi (droit d'accès aux documents plus important ; droit d'audition des responsables de programmes ;
possibilité de demander à la cour des comptes de faire une enquête ; etc.).
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indicateurs, des critères, des documents, etc. qui sont autant de moyens de contrôler et d'évaluer la «
performance » des administrations. La LOLF donne des instruments à la direction du budget pour pouvoir
discuter du succès (ou non) des PP ; elle lui permet donc de contraindre les différents échelons administratifs
(il s'agit d'un instrument gestionnaire qui oblige chacun de ces échelons à s'engager sur des objectifs de
PP). Remarque : ce développement d'outils de performance dans les administrations n'est pas spécifique à la
France – on retrouve les mêmes évolutions dans l'ensemble des autres pays développés.
Il y a en fait toute une tactique politique derrière l'élaboration et l'adoption de cette loi : le gouvernement décide
de ne pas présenter de projet de loi (c'est pourquoi la LOLF est une proposition de loi) car l'idée est de ne pas
trop politiser l'enjeu. Si on politise la question en effet, la LOLF devient un projet du gouvernement Jospin et il
s'agit alors d'un projet politique qui clive. Même chose si le gouvernement dépose des amendements. Afin que
cette loi soit davantage une loi « consensuelle », on choisit d'en faire une proposition de loi et seul le Parlement
dépose des amendements (la direction du budget négociant en permanence avec l'Assemblée et le Sénat).
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