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L’IA n’est pas la seule voie possible pour nous amener à la singularité ; c’est seulement la
plus probable. Les deux autres voies sont les neurotechnologies et l’ingénierie génétique.
certaines des fonctions de notre cerveau par des puces électroniques. Pour le moment ces
techniques n’existent que sur le papier. Mais qui sait ? Peut-être un jour nous pourrons
en direct à toute une encyclopédie, ne plus rien oublier, et même concevoir et percevoir des
choses que nous n’imaginons même pas. Dans l’esprit de ses inventeurs, l’introduction des
neurotechnologies pourrait être très progressive, commençant avec les simples applications
que je viens de citer pour finir avec le remplacement complet du cerveau par son équivalent
en silicium.
Toutefois, nous ne comprenons pas encore bien comment les neurones se transmettent leurs
informations entre eux, pas suffisamment en tout cas pour y connecter des puces, et même si
nous le pouvions, l’interprétation des signaux reçus par la puce serait un problème
extrêmement ardu. C’est pourquoi les estimations les plus optimistes pensent que l’on
Le grand public commence à bien connaître les manipulations génétiques, par leur
application la plus spectaculaire, qui est la guérison (espérée) des maladies génétiques via la
réparation des gènes défectueux, mais l’ingénierie génétique, c’est bien autre chose. C’est la
science qui vise à améliorer des organismes, ou à en créer de nouveaux de toutes pièces.
Après tout, ce que l’évolution a mis quelques millions d’années à concevoir dans le but
unique d’assurer la survie des gènes, nous pourrions l’améliorer en quelques années
seulement dans le but unique de nous doter d’un super cerveau, si nous savons comment
faire…
Et tout est dans ce « si ». Car on ne sait même pas pourquoi les protéines ont la forme
qu’elles ont (le plus puissant ordinateur civil du monde, blue gene, est dédié à ce problème),
on comprend encore moins pourquoi un embryon se développe en adoptant telle forme plutôt
qu’une autre, et quasiment pas quels gènes codent pour quelles fonctions du cerveau…
Par contre, dès que nous aurons l’IA et les nanotechnologies, l’ingénierie génétique, tout
comme les neurotechnologies, deviendront un jeu d’enfant (un jeu sérieux, quand même !).
Car nous demanderons à l’IA d’étudier les problèmes théoriques, et de piloter les nano-
Le scénario de loin le plus probable est donc : apparition de l’IA, puis des nanotechnologies,
Or, il se trouve que l’arrivée de l’IA et des nanotechnologies sera quasiment simultanée.
Pourquoi donc?
D’abord parce que, si l’IA arrive en premier, l’application la plus intéressante que l’on
pourra en faire sera de créer une nanotechnologie évoluée. Cela apparaîtra comme évident
fabriquer des ordinateurs tellement rapides que les questions d’efficacité des programmes ne
se poseront quasiment plus, en tout cas pour les problèmes qui tarabustent actuellement les
spécialistes de l’IA. Et donc il deviendra facile alors de créer une IA germe, parce que tous
les agents logiciels et les sous-systèmes qu’il aurait fallu laborieusement mettre au point sur
des ordinateurs conventionnels pour résoudre les problèmes locaux de ces agents pourront se
contenter de la force brute, à peine aidée par quelques heuristiques : les algorithmes seront
bien plus faciles à programmer. Ensuite, bien sûr, l’IA germe s’auto-améliorera jusqu’à la
super intelligence.
Serge Boisse, L’Esprit et la Machine Faut-il avoir peur de l'Intelligence Artificielle?, Serge
Boisse (2016).