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PROCEDURE PENALE

SOMMAIRE

LES INNOVATIONS

PRINCIPES FONDAMENTAUX
PRINCIPE DE PRESOMPTION D’INNOCENCE
PRINCIPES DIRECTEURS COMMUNS AU PROCES CIVIL ET PENAL
PROCEDURE PENALE
LE SYSTEME DE LA PREUVE
LES ORGANES ET LES PHASES DU PROCES PENAL

L’ENQUETE POLICIERE
LES ORGANES
LE CONTROLE ET LA RESPONSABILITE DE LA POLICE JUDICIAIRE
L’ENQUETE DE FLAGRANCE
L’ENQUETE PRELIMINAIRE
LA COMMISSION ROGATOIRE

LA POURSUITE
LES MAGISTRATS DU MP
PARTICULARITES DU MINISTERE PUBLIC
ATTRIBUTIONS DU MINISTERE PUBLIC
ATTRIBUTIONS DU MINISTERE PUBLIC
OBJET DU PROCES PENAL
L’ACTION PUBLIQUE
L’ACTION CIVILE

L’INSTRUCTION PREPARATOIRE
CARACTERISTIQUES DU JUGE D’INSTRUCTION
LES JURIDICTIONS D’INSTRUCTIONS
L’INSTRUCTION PREPARATOIRE
LES ACTES D’INSTRUCTIONS
LES MANDATS DU JUGE D’INSTRUCTION
LA FI N DE L’INSTRUCTION PREPARATOIRE
LE CONTROLE DE L’INSTRUCTION PREPARATOIRE

LE JUGEMENT
CARACTERISTIQUES DU JUGE DE JUGEMENT
LES JURIDICTIONS DE JUGEMENT

LES VOIES DE RECOURS


LES VOIES DE RECOURS ORDINAIRES
LES VOIES DE RECOURS EXTRAORDINAIRES

ANNEXES
BULLETIN OFFICIEL

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ABREVIATIONS

- AC : Action civile
- AP : Action publique
- APJ : Agent de police judiciaire
- CA : Cour d’appel
- CC : Cour de cassation
- CPP : Code de procédure pénale
- FAR : Forces armées royales
- GA : Garde à vue
- JI : Juge d’instruction
- JJ : Juge de jugement
- MP : Ministère public
- NCPP : Nouveau code de procédure pénale du 1er octobre 2003
- OPJ : Officier de police judiciaire
- OSPJ : Officier supérieur de police judiciaire
- P.P. : Procédure pénale
- PJ : Police judiciaire
- PV : Procès verbal
- TPI : Tribunal de première instance

Présentation :
La procédure pénale détermine les règles de forme à suivre et les garanties de la
défense à respecter au cours du procès pénal depuis la constatation de l’infraction
pénale jusqu’au stade d’exécution de la sanction prononcée. Elle fixe l’organisation et
la compétence des juridictions et des organes répressifs.

Réglementation :
Code de procédure pénale du 24 octobre 1953 modifié par le Code de procédure
pénale du 10 février 1959, modifié par le Code de procédure pénale du 1 er octobre
2003 (voir les innovations qui ont eu lieu en 2011 à la page suivante).

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PRINCIPES FONDAMENTAUX

I- PRINCIPE DE PRESOMPTION D’INNOCENCE


Dure pendant toutes les phases du procès : à l’enquête préliminaire, à la poursuite, à
l’instruction préparatoire et durant le procès jusqu’au rendement de la décision finale
qui bénéficie de l’autorité de la chose jugée.

II- PRINCIPES DIRECTEURS COMMUNS AU PROCES CIVIL ET PENAL


Unité de juridictions : Les juridictions ne sont pas spécialisées et le statut des
magistrats est unique.
Collégialité : Les décisions sont rendues par un collège de magistrats, l’institution du
juge unique a été maintenue pour les délits de police.
Double degré de juridictions : Possibilité de soumettre la même affaire à 2
juridictions appelées à en connaître successivement. Depuis la réforme du 1 er octobre
2003, les chambres criminelles de la cour d’appel ne statuent qu’en 1 er ressort puisque
leurs décisions peuvent être frappées d’appel devant la même CA et sur lesquelles
statuent d’autres chambres criminelles autrement composées. Le principe de double
degré de juridictions est absent aussi bien pour les délits que pour les crimes de la
compétence du tribunal permanent des FAR.

III- PROCEDURE PENALE


Procédure accusatoire : Est publique, orale et contradictoire (présence obligatoire
des parties), elle présente l’avantage de garantir plus largement le droit de la défense,
elle a lieu pendant le jugement et les voies de recours.

Procédure inquisitoire : Est secrète, écrite et non contradictoire. Elle tend à


privilégier les intérêts de la société (Etat) sur ceux des particuliers, elle a lieu pendant
l’instruction.

Procédure mixte : A été introduite par le protectorat, reprise par le CPP du 24


octobre 1953 puis par le CPP du 10 février 1959 et maintenue par le NCPP du 1 er
octobre 2003.

IV- LE SYSTEME DE LA PREUVE


Est prévu par l’article 286 du CPP qui consacre le principe de la liberté des preuves.
L’article 287 ajoute que la juridiction ne peut fonder sa décision que sur des preuves
versées au cours de l’audience et discutées oralement et contradictoirement devant
elle.

Charge de la preuve : Le fardeau de la preuve pèse sur l’accusation. Il appartient au


MP d’établir la participation matérielle et morale de la personne présumée en être
l’auteur.
Selon le CPP : « les PV ou rapports dressés par les OPJ et les militaires de la
gendarmerie pour constater les délits et les contraventions font foi jusqu’à preuve du
contraire », cette exigence de la preuve contraire implique un renversement de la
charge de la preuve et altère le principe de présomption d’innocence. C’est aussi le
cas des PV qui font foi jusqu’à inscription de faux ou vérification d’écriture.

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Moyens de preuve : Le CPP pose clairement le principe de la liberté de la preuve.
Tous les modes de preuve sont admis en matière pénale : Renseignements, pièces à
conviction, déclaration, témoignages, indices et expertises.

Force probante de la preuve : La règle de base en la matière est celle de l’intime


conviction du juge.

II- LES ORGANES ET LES PHASES DU PROCES PENAL

A- LES JURIDICTIONS
Juridictions de droit commun : Sont composés de magistrats professionnels relevant
du statut de la magistrature.
Juridictions d’exception : Font appel soit à des juges militaires (tribunaux
militaires).

B- LES JURIDICTIONS REPRESSIVES


Juridictions d’instruction : Ont fonction d’instruire l’affaire et de rechercher les
éléments de preuve. Lorsqu’elle réunit des charges suffisantes contre le suspect, elle
renvoie le dossier d’instruction à la juridiction de jugement compétente, leurs
décisions sont juridictionnelles donc peuvent être attaquées par voie de recours (appel,
cassation).

Juridictions de jugement : Ont pour fonction de juger et de décider définitivement


de la culpabilité ou de l’innocence de l’inculpé, leurs décisions sont juridictionnelles
donc peuvent être attaquées par voie de recours (appel, cassation).

C- ORGANES REPRESSIFS
Organes de recherche : Autorités administratives appartenant au corps de la PJ qui
constatent les infractions commises et recherchent les auteurs afin de les livrer à la
justice.
Organes de poursuite : Forment le « MP» ou le « parquet », ils n’ont pas pour
fonction de juger ou d’instruire l’affaire, ils ont un rôle essentiel de déclencher le
procès pénal et sont parties indispensable au procès pénal.

D- PHASES DU PROCES PENAL


Enquête policière : phase préparatoire du procès pénal.
Poursuite : Ici commence à proprement parler le procès pénal, une fois saisi du
rapport de la P.J., le M.P. déclenche le cas échéant le procès en mettant en mouvement
l’action publique.
Instruction : le JI s’emploie à apprécier les éléments et les indices disponibles suite
à l’enquête policière et au besoin à rechercher d’autres éléments de preuve pour
décider s’il faut ou non maintenir la poursuite de l’inculpé c’est à dire le faire passer
en jugement ou non.
Jugement : le JJ tranche par un jugement ou un arrêt sur la culpabilité ou la non
culpabilité de l’inculpé.
Voies de recours : Si une partie au procès n’approuve pas la décision rendue au 1 er
degré, elle est admise à l’attaquer en exerçant les voies de recours qui peuvent être
ordinaire comme l’appel (CA) ou extraordinaire tel que le pourvoi en cassation (CC).

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L’ENQUETE POLICIERE

I- LES ORGANES
La PJ intervient après la commission de l’infraction, elle est régie par les articles 16 à
35 du CPP. Les membres de la PJ relèvent de différentes institutions judiciaires ou
administratives : de la justice, de l’administration de la défense nationale, de la sûreté
nationale, du ministère de l’intérieur, des départements ministériels et des collectivités
locales. Quelque soit l’affiliation des membres de la PJ, ils sont soumis dans
l’exercice de leur fonctions aux autorités judiciaires concernant la gestion et le
contrôle (article 17 du CPP).
Le procureur du Roi dirige les fonctions de la PJ dans le territoire de sa compétence
(articles 16 et 45 du CPP). La PJ exerce ses fonctions sous l’autorité du procureur
général du Roi dans le cadre de chaque CA (articles 17 et 49 du CPP). La chambre
correctionnelle de la CA met la PJ sous le contrôle de chaque CA qu’elle contrôle
(article 17 du CPP).

A- MISSION HABITUELLE DE POLICE JUDICIAIRE

1- Officier supérieur de police judiciaire :


Magistrat du parquet (procureur général du Roi, procureur du Roi et leurs substituts),
juge d’instruction. Ils dirigent les fonctions des OPJ qui sont obligés d’exécuter leurs
instructions. La présence de l’un des OSPJ au lieu de l’infraction dispense l’OPJ sauf
si l’OSPJ y renonce.

2- Officier de police judiciaire :


Les OPJ de plein droit : directeur général de la sécurité nationale, préfets de police,
contrôleurs généraux de la police, commissaires de police, officiers de police,
officiers et gradés de la gendarmerie, gendarmes ayant le commandement d’une
brigade ou d’un poste de gendarmerie pendant la durée de ce commandement et
pachas et caïds.
Les OPJ désignés : inspecteurs de police ayant 3 ans de service et qui sont désignés
par arrêtés conjoints des ministres de la justice et de l’intérieur, gendarmes ayant 3 ans
de service et qui sont désignés par arrêtés conjoints du ministre de la justice et de
l’autorité gouvernementale chargée de la défense nationale.
OPJ chargés des mineurs : A été créée par le NCPP spécialisée dans la délinquance
des mineurs mais reste qualifiée pour remplir la mission de PJ de façon générale
(article 20 du CPP).

3- Les agents de police judiciaire :


Sont constitués par les khalifas du pacha et les khalifas du caïd. Ils aident les OPJ et
exécutent leurs ordres mais ne peuvent accomplir d’eux-mêmes les actes dévolus à
l’OPJ dans le cadre de l’enquête. Ils ne peuvent prendre l’initiative d’une enquête, ni
rédiger des PV (article 25 du CPP).

B- MISSION OCCASIONNELLE DE POLICE JUDICIAIRE

1- Wali et gouverneur :

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Ils ordonnent par écrit la PJ d’accomplir les investigations nécessaires pour s’assurer
de la commission des infractions contre la sûreté intérieure ou extérieure de l’état et
sont tenus d’informer d’urgence le représentant du MP auprès de la juridiction
compétente et de se dessaisir dans les 24heures au profit de celui-ci en lui
transmettant les pièces et en lui présentant toutes les personnes arrêtées. Le CPP leur
interdit d’agir lorsqu’ils ont connaissance que l’autorité judiciaire s’est déjà saisie de
l’affaire (article 28 du CPP).

2- Les fonctionnaires et agents de certaines administrations :


Il s’agit des ingénieurs et préposés des eaux et forêts, des contrôleurs des prix, de
certains agents de l’ONCF, des services de la répression des fraudes et des impôts, de
l’administration des douanes et des commandants de ports et leurs adjoints. Leurs
pouvoirs se limitent à la recherche et à la constatation des infractions commises au
préjudice de leurs propres administrations : ils dressent des PV, effectuent des saisies
et peuvent en présence d’un OPJ procéder à des perquisitions. Ils peuvent dans
l’exercice de leur fonctions requérir la force publique (article 27 du CPP).

3- Compétence territoriale de la police judiciaire :


Lieu : Selon l’article 22 du CPP, les OPJ exercent leurs fonctions dans la
circonscription de leur compétence territoriale qui peut être une simple commune
rurale ou circonscription urbaine ou une province ou préfecture, région ou sur tout le
territoire du royaume tel l’OPJ chargé par les services de l’administration générale de
la sûreté nationale ou la direction de la gendarmerie royale est habilité à exercer ses
fonctions au niveau de tout le territoire national.
En cas d’urgence : et suite à la demande des autorités publiques ou judiciaires, les
OPJ peuvent être amenés à étendre leurs fonctions à l’ensemble du territoire national.
L’urgence est retenue en cas de flagrance et permet à l’OPJ de se déplacer à
l’extérieur du cadre territorial de ses compétences où il exerce habituellement ses
fonctions.

II- LE CONTROLE ET LA RESPONSABILITE DE LA POLICE JUDICIAIRE


Si le MP a le droit de gérer les fonctions de la PJ, c’est la chambre correctionnelle de
la CA qui les contrôle. Cette chambre n’exerce ses fonctions qu’après le renvoi du
dossier concernant l’OPJ par le procureur général du Roi. Elle mène une enquête pour
s’assurer du contenu de la réquisition du MP, l’OPJ a le droit de prendre connaissance
des charges retenues contre lui et de se faire assister par un avocat.

A- LE CONTROLE DISCIPLINAIRE
Tout manquement relevé à l’encontre d’un OPJ ou d’un fonctionnaire ou agent dans
l’exercice de ses fonctions est déféré à la Chambre correctionnelle de la C.A. par le
procureur général du Roi auprès de ladite cour. La Chambre correctionnelle
peut dresser des observations au membre fautif de la PJ ou prononcer sa suspension
temporaire pour une durée inférieure à une année ou sa déchéance définitive de sa
fonction, la décision prononcée peut faire l’objet d’un pourvoi en cassation dans les
conditions du droit commun.

B- LA RESPONSABILITE PENALE

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Au cas où un membre de la PJ commet un crime ou un délit dans l’exercice de ses
fonctions, il engage sa responsabilité pénale dans les conditions du droit commun. Le
1er président de la CA saisi par le procureur général près cette cour décide s’il faut
ouvrir une instruction et dans l’affirmative désigne un conseiller chargé de
l’instruction au sein de la cour. S’il s’agit d’un crime, ce conseiller rend une
ordonnance de renvoi devant la Chambre criminelle de la CA, s’il s’agit d’un délit, il
renvoie l’affaire devant le TPI en dehors de la circonscription où l’inculpé exerce ses
fonctions. Lorsque celui-ci est habilité à exercer ses fonctions sur tout le territoire
national, c’est la CC qui est compétente à son égard.

C- LA RESPONSABILITE CIVILE
Toute personne qui s’estime être victime d’un dommage causé par un membre de la
PJ peut mettre celui-ci en cause devant le tribunal civil pour lui réclamer une
réparation dans les conditions du droit commun.

III- L’ENQUETE DE FLAGRANCE


La flagrance est un cas d’urgence, une enquête coercitive, elle n’est prévue que pour
les crimes et délits punis d’emprisonnement dont la durée est minimum d’un mois.
L’article 56 du CPP stipule qu’il y a crime ou délit flagrant lorsqu'un fait délictueux se
commet ou vient à se commettre, lorsque l'auteur est encore poursuivi par la
clameur publique, lorsque l'auteur, dans un temps très voisin de l'action, est trouvé
porteur d'armes ou d'objets faisant présumer sa participation au fait délictueux ou que
l'on relève sur lui des traces ou indices établissant cette participation. Est qualifié
crime ou délit flagrant, tout crime ou délit qui, même dans des circonstances non
prévues aux alinéas précédents, a été commis dans une maison dont le chef requiert le
procureur du Roi ou un OPJ de le constater.

A- LE TRANSPORT SUR LES LIEUX DE L’INFRACTION

1- Officier de police judiciaire :


Aussitôt prévenu de l’existence d’une infraction flagrante, l’OPJ doit en informer la
procureur du Roi ou le procureur général du Roi selon le cas, et se déplacer en
urgence aux lieux du crime pour préserver les indices susceptibles de disparaître,
saisir tous les moyens utilisés pour la commission de l’infraction et les présenter aux
personnes suspectées d’avoir participé à l’infraction.

2- Officier supérieur de police judiciaire :


Chacun des OSPJ : prévaut sur l’OPJ sur le lieu de l’infraction. Le MP peut se
déplacer aux juridictions limitrophes au lieu d’exercice de ses fonctions chaque fois
que le nécessite l’enquête à charge de prévenir son supérieur et de prévenir le MP de
la juridiction en question de la raison de son déplacement par un PV.
Si le JI se transporte sur les lieux de l’infraction flagrante : il dessaisit le MP et les
OPJ et dirige personnellement les opérations d’enquêtes ou peut désigner un des OPJ
pour continuer les investigations. Le JI doit ensuite transmettre au MP le PV ainsi que
tous les documents puisque c’est au MP que revient la fonction de mettre en œuvre
l’action publique.

3- Procès verbal :

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L’OPJ doit rédiger un PV qui comprend tout ce qu’il a constaté sur les lieux du crime.

4- Sanctions :
Amende : qui varie entre 1200 et 10000 Dirhams pour toute personne qui a modifié
les lieux de l’infraction sans en être habilitée.
Emprisonnement : de 3 mois à 3 ans et une amende de 3000 à 12000 dirhams pour
toute personne qui a cherché à effacer les traces de l’infraction et induire en erreur la
justice et détourner le déroulement de l’enquête.

B- LES PERQUISITIONS
1- Lieu de la perquisition :
Lieu tenu par le secret professionnel : L’OPJ ne peut perquisitionner qu’après avoir
informé le MP compétent et qu’après avoir pris toutes les dispositions pour la garantie
du respect du secret professionnel.
Cabinet d’avocat : L’inspection ne peut avoir lieu que sous la direction d’un juge du
parquet et avec la présence du bâtonnier ou de son représentant ou au moins après les
avoir informés. Si impossibilité, le MP entame la perquisition même en cas d’absence
du bâtonnier ou de son représentant.
Domicile du suspect : L’OPJ doit l’inviter pour assister à la perquisition ou à
désigner son représentant. Si impossibilité, l’OPJ désigne 2 témoins non soumis à
l’autorité de l’OPJ pour assister à la perquisition.
Domicile d’une personne non suspectée : Le propriétaire doit assister à la
perquisition, s’il lui est impossible d’assister, il doit désigner un représentant, sinon la
perquisition se fera en présence de 2 témoins non soumis à l’autorité de l’OPJ.
Endroits où il n’y a que des femmes : L’OPJ doit désigner une femme pour les
fouiller conformément a l’article 60 du CPP.

2- Conditions de la perquisition :
Horaires de la perquisition : Entre 6heures et 21heures, il ne peut être dérogé à ce
volume horaire que sur demande du propriétaire du domicile ou appel au secours de
l’intérieur du domicile ou encore dans des cas prévus par la loi. La perquisition
entamée pendant ce volume horaire peut se prolonger au delà de 21 heures et la
poursuivre sans arrêt pour ne pas entraver l’opération de perquisition. En cas
d’urgence, il est permis à l’OPJ de procéder à la perquisition même si le volume
horaire risque d’expirer. En cas d’endroit où on exerce habituellement un travail de
nuit, la perquisition pourra avoir lieu à tout moment. En cas d’une infraction de
terrorisme, la perquisition pourra avoir lieu en dehors du volume horaire sur
autorisation écrite du MP.
Nullité de la perquisition : En cas de non respect des dispositions des articles 59, 60
et 62 du CPP, l’acte effectué par l’OPJ et ses conséquences sera entaché de nullité.
Secret de la perquisition : L’article 61 du CPP sanctionne d’emprisonnement d’1 à 6
mois et d’une amende de 1200 à 2000 dirhams, la divulgation de toutes saisies
pendant la perquisition sans le consentement du propriétaire du domicile, ses ayants

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droits, ou la personne qui a signé le PV ou son destinataire, même si c’est au profit de
l’enquête. - Sont concernés également par l’interdiction de divulgation d’information :
le représentant du propriétaire du domicile, les 2 témoins et même la femme qui a été
chargée de fouiller les femmes présentes.

C- LES SAISIES :
Elle intéresse tous les objets ayant rapport avec l’infraction, l’OPJ doit les mettre dans
des sachets et récipients et les cacheter pour préserver leur protection jusqu’à ce que
la justice puisse en débattre. La saisie doit s’effectuer en présence des personnes
présentes pendant la perquisition. L’opération de la perquisition et de la saisie doivent
être consignés dans un PV signé par l’OPJ et les personnes présentes et mentionner
leur refus de signer le cas échéant.

D- LES AUDITIONS
Le CPP oblige toute personne interpellée par l’OPJ de se présenter et de coopérer
avec l’OPJ (fouille corporelle, mesure de la taille, empreinte, comparaison avec les
photos, CIN, réponse aux questions), le refus de se présenter à l’OPJ est sanctionné
d’emprisonnement d’1 à 10 jours et d’une amende de 200 à 1200 dirhams ou de l’un
d’eux seulement. L’OPJ doit rédiger un PV dont lequel il doit indiquer tout ce qui
s’est passé durant cette phase ainsi que ses résultats.

E- LES CONSTATATIONS
L’article 64 du CPP permet à l’OPJ de se faire aider par des gens de l’art s’agissant
des indices périssables ne pouvant pas attendre l’expertise en phase d’instruction et de
jugement. Ce n’est pas une expertise, celle-ci est réservée uniquement aux magistrats
de siège. Ces gens de l’art peuvent être des experts inscrits à la liste des autorités
judiciaires ou pas, ils ne prêtent pas serment.

F- LA GARDE A VUE
1- Définition :
Elle consiste par l’arrestation d’une personne et la garder à la disposition de l’OPJ
dans le lieu où il exerce ses fonctions pendant un délai fixé par la loi. C’est une
mesure qui touche la liberté de l’individu et ses droits fondamentaux, l’article 66 du
CPP ne permet à l’OPJ de mettre une personne en GA que si les besoins de l’enquête
le justifie.

2- Conditions :
L’article 70 du CPP conditionne la GA à l’existence de crime ou de délit punis
d’emprisonnement. La loi n’impose pas pour la mise en GA l’existence de preuves
solides quant à la commission de l’infraction ou à la tentative de commission de
l’infraction. La GA est opérée si le suspect est jugé dangereux, pour éviter sa fuite, par
crainte qu’il n’entrave le bon déroulement de l’enquête, pour préserver les indices et
les preuves pour qu’il ne les modifie pas ou les fasses disparaître. Le MP reste
compétent pour corriger toute mise en GA s’il la juge injustifiée, comme il peut
ordonner une G.A. s’il le juge nécessaire. Il contrôle le travail des OPJ et visite les
locaux de GA et décide à n’importe quel moment de mettre fin à la GA ou encore
ordonne qu’on lui présente la personne gardée à vue

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L’OPJ doit informer le MP de toute mise en GA (article 66 du CPP) et doit lui
envoyer la liste des personnes gardées à vue dans les 24 heures (article 67 du CPP) et
doit informer la famille de la personne gardée à vue dès la mise en G.A. que ce soit
par contact téléphonique, ou par écrit ou à travers la force publique, le PV doit le
mentionner. La personne gardée à vue ne dispose d’aucun moyen de recours contre la
décision de la prolongation de la GA par le MP.
S’agissant de l’enquête de flagrance, la loi n’impose pas de présenter la personne
gardée à vue au MP pour prolongation, le MP n’est pas obligé de décider de toute la
durée de la prolongation, il peut prévoir seulement la durée nécessaire pour la
finalisation de l’enquête.

3- Durée :
48 heures : renouvelable 24 heures lorsqu'il existe contre la personne gardée à vue
des indices graves ou concordants de culpabilité, la prolongation ne peut avoir lieu
que sur autorisation écrite du procureur du Roi ou du procureur général du Roi.
96 heures en matière d'atteinte à la sûreté de l'Etat : renouvelable 96 heures sur
autorisation du représentant du MP compétent.
96 heures en matière de terrorisme : renouvelable 2 fois 96 heures sur autorisation
écrite du MP compétent.

4- Avocat :
Après autorisation du ministère public, l’avocat peut rentrer en contact avec la
personne gardée à vue à partir de la première heure de la prolongation de la G.A et la
communication avec son client ne doit pas dépasser 30 minutes, elle s’effectue en
privé sous le contrôle de l’OPJ. Les membres de la PJ surveillent l’entretien sans
écouter la conversation.
Le MP peut à la demande de l’OPJ, retarder l’autorisation à l’avocat pour rencontrer
son client pour les besoins de l’enquête des infractions prévues à l’article 108, ce
retard ne peut excéder 48 heures pour les infractions qui touchent la sûreté de l’Etat,
le meurtre, l’empoisonnement, le kidnapping, la prise d’otage, la falsification d’argent
et de documents des deniers publics, les armes, l’association de malfaiteurs et le
terrorisme. Le retard ne peut excéder 24 heures pour les infractions de drogue et la
protection de la santé.
L’avocat autorisé à rentrer en contact avec la personne gardée à vue peut pendant le
délai de prolongation de la GA présenter à la PJ ou au MP des observations écrites
pour être jointes au PV, il lui est interdit avant l’expiration de la durée de la GA
d’informer toute personne de la conversation qu’il a eu avec son client.
Si la personne gardée à vue ne souhaite pas rencontrer son avocat pendant la phase de
la prolongation de la GA, sa volonté sera respectée. L’avocat peut demander que soit
effectué un contrôle médical de son client qui a été placée en GA, peut présenter au
nom de son client des documents ou justificatifs écrits et peut proposer la caution en
vue de la mise en liberté de son client.

5- Registre de la garde à vue :


Doit avoir des pages numérotées signées par le procureur du Roi et doivent contenir
l’identité de la personne gardée à vue, la raison de la GA, la date et l’heure du
commencement et de la fin de la GA, l’interrogatoire, les moments de repos, la
condition physique de la personne gardée à vue et même la nourriture qui lui a été
présentée. L’OPJ et la personne gardée à vue doivent aussi signer le registre (article

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66 du CPP). Le registre de la G.A. à vu doit être soumis au moins une fois par mois au
procureur du Roi pour le contrôler.
L’OPJ doit préciser dans le PV d’interrogatoire de toute personne gardée à vue le jour
et l’heure de sa mise en GA et le jour et l’heure de sa remise en liberté ou sa
présentation devant la juridiction compétente, la signature de la personne gardée à vue
ou la mention de refus de signer ou les raisons de l’impossibilité de signer, de même
qu’il doit contenir que la famille du gardé à vue a été prévenue et par quel moyen.

G- ARRESTATION
En matière de flagrance, la loi donne qualité à toute personne pour en appréhender
l'auteur et le conduire devant l'OPJ le plus proche dés lors que l'infraction en cause
est passible de l'emprisonnement.

H- PROCES VERBAL
L’article 23 du CPP fait obligation aux OPJ de consigner dans des PV tous les actes
qu’ils ont effectué. La force probante des PV est fonction de la gravité des faits
constatés. En cas de crimes, le PV ne vaut que comme simple renseignement, en cas
de délit ou de contravention, le PV fait foi jusqu’à preuve du contraire.
Le PV doit comprendre les cas d’arrestation, les infractions que la PJ a découvert ou
les déclarations reçues à ce sujet, les constatations, les transports sur les lieux, les cas
de recours à la force publique, le lieu du travail du rédacteur du PV et l’heure des
procédures effectuées. Les PV doivent être rédigés au moment de l’exercice des
fonctions de la PJ et doivent être transmis en original et deux copies avec tous les
documents joints au MP et mettre les choses saisies à sa disposition.
S’agissant de l’enquête de flagrance, quelque soit l'organe qui l’a diligenté (OSPJ, OPJ),
la loi exige qu'un PV en soit dressé sur le champ et signé par son auteur sur chaque
feuillet, les PV sont dès la clôture des opérations transmis en original et avec une
copie certifiée conforme avec tous les actes et documents y relatifs ainsi que les objets
saisis au représentant du MP auquel la loi reconnaît le droit d'apprécier l'opportunité
de mettre ou non l'AP en mouvement.

IV- L’ENQUETE PRELIMINAIRE


Le CPP n’a pas définit l’enquête préliminaire et la prévoit dans les articles 78 à 82 du
CPP, de ce fait c’est l’enquête qu’effectue la PJ en dehors des cas prévu par l’article
56 du CPP.

Déclenchement : L’OPJ procède à l’enquête soit de lui même une fois qu’il a pris
connaissance de l’infraction, soit à la suite d’une plainte ou d’une dénonciation qu’il
aurait reçu, soit suite aux instructions du MP.

Objet : Réunir préalablement à la mise en mouvement de l'AP, les renseignements qui


permettent au MP de se décider sur l'opportunité de poursuivre. Elle n'est contenue dans
aucune limite temporelle, si de par sa nature, l'enquête de flagrance ne requiert
qu'un temps court, les enquêtes préliminaires, qui sont les plus fréquentes, peuvent s'étaler
sur de longues périodes.

Différences avec l’enquête de flagrance : La différence se rapporte aux garanties


supplémentaires aux droits de la défense pendant l’enquête préliminaire.

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A- LES PERQUISITIONS

1- Conditions :
Domicile d’une personne tenue par la loi au secret professionnel : L’article 59 du
CPP impose à l’OPJ d’aviser le MP et de prendre les mesures nécessaires pour
préserver le secret professionnel. La saisie doit se faire en présence des personnes qui
ont assisté à la perquisition.
Propriétaire des lieux : L’article 60 du CPP impose à l’OPJ de l’inviter à donner son
consentement par écrit et à assister à la perquisition ou qu’il désigne son représentant
sinon la perquisition s’effectue en présence de 2 témoins qui ne doivent pas être sous
l’autorité de l’OPJ.
Lieu où se trouve uniquement des femmes : L’OPJ est obligé de demander à une
femme d’assister à la perquisition.
Saisies : l’OPJ peut convoquer toute personne pour l’auditionner concernant les
objets saisis et l’obliger à venir sur autorisation du MP.
Horaires de perquisition : après 6 heures et avant 21 heures s’il ne s’agit pas
d’endroits habituel de travail de nuit, la perquisition peut continuer au-delà de
21heures si elle a été entamée pendant le volume horaire prévu (article 62 du CPP).
Nullité de la perquisition : en cas de non respect des procédures prévues par la loi
(article 63 du CPP).

2- Procès verbal :
Toutes les opérations effectuées par l’OPJ doit être consignées dans un PV.

3- Sanctions :
L’article 230 du code pénal prévoit une peine d’emprisonnement à l’encontre de tout
magistrat, fonctionnaire public ou personne d’autorité ou membre de la force publique
qui pénètre le domicile d’une personne sans son accord en dehors des cas prévus par
la loi (tel l’infraction de terrorisme qui permet la perquisition même en cas du refus
du propriétaire ou dans le cas de son absence à condition d’obtenir une autorisation
écrite du MP), l’autorisation du MP sert de compensation à l’accord du propriétaire et
doit avoir lieu pendant l’horaire réglementaire prévu pour la perquisition.

4- Terrorisme :
Si l’infraction de terrorisme nécessite la perquisition en dehors du volume horaire
prévu, l’OPJ doit obtenir une autorisation écrite du MP le lui permettant (article 62
paragraphe 3 du CPP).

B- LA GARDE A VUE
La garde à vue se rapporte aux crimes et délits punis d’emprisonnement, l’OPJ ne
peut pas mettre une personne en GA qu’après avoir obtenu au préalable l’accord du
MP, sinon cela sera considéré comme une violation de la loi et les formalités
conséquentes à l’acte de la GA seront considérées comme n’avoir jamais eu lieu
(article 75du CPP). L’article 80 du CPP impose de présenter au MP la personne
gardée à vue avant l’expiration de sa GA initiale, en cas de demande de prolongation
de sa GA, le MP doit l’auditionner avant de décerner l’autorisation écrite en ce sens.
Si le MP décerne une autorisation écrite de prolongation du délai de GA sans l’avoir
auditionné, il lui incombe d’y mentionner les raisons pour lesquelles l’audition n’a
pas eu lieu. L’article 81 du CPP permet à l’OPJ de procéder à la fouille corporelle de

12
toute personne mise en GA, si cette personne est une femme, l’OPJ doit désigner une
femme pour la fouiller et si l’OPJ est une femme, c’est elle qui procédera à sa fouille.

V- LA COMMISSION ROGATOIRE

A- DELEGATION DU JUGE D’INSTRUCTION


Contenu de la délégation judiciaire : Le JI demande à tout OPJ relevant de sa
juridiction (article 55 du CPP) de procéder à l’acte d’instruction qu’il estime
nécessaire dans le lieu d’exercice des fonctions dudit OPJ (article 22 du CPP). Le JI
ne peut pas faire délégation à l’OPJ pour qu’il opère en dehors du lieu où l’OPJ
exerce ses fonctions mais il peut par contre faire délégation à un OPJ qui opère dans
l’ensemble du territoire national ou qui exerce ses fonctions dans la région qui
intéresse l’instruction.
Si cette délégation judiciaire nécessite de procéder à plusieurs opérations simultanées
dans différents endroits du territoire national, le JI peut ordonner l’envoi de copies de
cette délégation judiciaire aux autorités chargées de l’exécuter. La délégation
judiciaire du JI englobe la nature de l’infraction qu’instruit le JI, la date de cette
délégation judiciaire, la signature et le cachet du JI auteur de cette délégation
judiciaire et les opérations que l’OPJ doit réaliser, ces opérations doivent concerner
uniquement l’infraction en question.

Exercice de la délégation : L’OPJ qui reçoit délégation du JI dispose dans la


réalisation du contenu de sa mission de tous les pouvoirs du JI sauf de 2 actes qu’il ne
sera pas habilité à faire : il ne pourra pas interroger le suspect et le confronter avec
d’autres personnes et il ne pourra pas entendre la partie civile qu’à la demande de
celle-ci et cela doit être consigné dans un PV.
L’OPJ délégué peut entendre les témoins et tout témoin convoqué à cet effet par l’OPJ
dans le cadre de la commission rogatoire qui doit se présenter, prêter serment et
témoigner. Si le témoin ne répond pas à la convocation, l’OPJ informe le JI déléguant
qui pourra le faire amener par la force publique ou le condamner à une amende de
1200 à 12000dirhams (article 191 et 121 du CPP).
Si l’exécution de la délégation le nécessite, l’OPJ peut placer une personne en GA et
informer le JI déléguant. L’exécution de la délégation ne dispense pas l’OPJ
d’informer le MP en cas d’infraction flagrante (article 66 du CPP) et d’obtenir son
autorisation dans le cadre de l’enquête préliminaire (article 80).
L’OPJ est tenu de rédiger un PV de toutes les opérations qu’il aura effectué dans le
cadre de la commission rogatoire et l’adresser au JI déléguant pendant le délai de
temps qu’il lui a fixé ou au maximum 8 jours après la fin de ces opérations si le JI
déléguant ne lui a fixé aucun délai.

B- DELEGATION DU JUGE DE JUGEMENT


L’article 32 de la loi régissant les tribunaux communaux et d’arrondissement permet
au juge de déléguer un OPJ pour effectuer les investigations nécessaires surtout la
perquisition. Les articles 324 et 362 du CPP permettent à la juridiction de jugement de
désigner un de ses membres pour procéder à un complément d’information, le JJ
exécutera sa mission suivant les articles 189 à 193 qui organisent la commission
rogatoire et lui permettent de déléguer à cet effet un OPJ.

13
LA POURSUITE

I- LES MAGISTRATS DU MP

1- Composition au sein des juridictions de droit commun :


TPI : procureur du Roi + 1 ou plusieurs substituts + un secrétariat du parquet.
CA : procureur général du Roi+ substituts dont le nombre est variable selon
l’importance de la Cour + secrétariat général du parquet.
C.S : Parquet général = Procureur Général + Avocats généraux + secrétariat général.

2- Composition au sein des juridictions d’exceptions :


Tribunal permanent des FAR : commissaire du gouvernement relevant du cadre
militaire.

3- Fonctions :
Ils n’ont pas la mission de juger et il ne leur appartient pas de décider de la culpabilité
ou de l’innocence de l’inculpé. Ils veillent à préserver l’ordre public en exerçant des
poursuites contre les auteurs soupçonnés d’infractions

II- PARTICULARITES DU MINISTERE PUBLIC

1- Hiérarchisation du parquet :
Ils exercent leurs missions sous la direction et le contrôle de leurs supérieurs
hiérarchiques (ainsi le procureur général du Roi est le supérieur hiérarchique du
procureur du Roi qui est le supérieur hiérarchique des substituts) et sous l’autorité du
ministre de la justice et des libertés qui peut leur adresser des circulaires ou des
injonctions. Mais ils peuvent développer oralement à l’audience un point de vue autre
que celui qu’ils ont soutenu par écrit conformément aux ordres reçus du supérieur
hiérarchique.

2- Amovibilité du parquet :
Ils sont amovibles c'est-à-dire susceptibles d’être destitués ou déplacés.

3- Indivisibilité du parquet :
Les membres d’un même Parquet sont admis à se remplacer au cours de la même
instance sans pour autant entacher la régularité de la procédure.

4- Indépendance du parquet :
Vis-à-vis des juridictions d’instruction et de jugement : Elles ne peuvent lui
donner ni d’ordres ni lui adresser des injonctions. Elles ne peuvent en principe se
saisir d’office d’une affaire, elles doivent attendre les réquisitions du MP.
Vis-à-vis de la victime de l’infraction : le MP n’est pas tenu d’exercer l’AP sur
simple plainte de la victime et n’est pas tenu de soutenir l’accusation de la victime
quand elle met en mouvement l’action publique en se constituant partie civile. Il reste
libre d’engager des poursuites même en l’absence de plainte de la victime et de
demander la condamnation même en cas de retrait de la plainte par la victime ou de
transaction passée entre celle-ci et l’inculpé.

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5- Irrécusabilité du parquet :
Les magistrats du Parquet sont irrécusables car le Parquet est partie principale au
procès pénal.

6- Irresponsabilité du parquet :
Si les accusations du MP se sont révélées non fondées suite à l’acquittement de
l’inculpé, il ne peut être condamné ni aux frais du procès, ni à des dommages intérêts
contrairement aux parties privées

7- Responsabilité pénale du parquet :


Le MP peut engager sa responsabilité lorsque dans l’exercice de ses fonctions, il
commet un délit ou un crime et s’il se rend coupable de dol, vol, corruption,
concussion, trafic d’influence ou autres délits propres aux fonctionnaires et lorsqu’il
viole les droits personnels ou nationaux d’un individu, déclenche des poursuites
contre des personnes jouissant de l’immunité juridique et use de violence ou de voies
de fait ou ordonne des perquisitions en dehors des délais légaux.

8- Responsabilité civile du parquet :


Le MP est responsable des dommages qui peuvent résulter de ses infractions, la
demande en réparation doit se faire devant la juridiction de droit commun. Souvent le
recours est fait contre l’Etat qui se réserve le droit de se retourner contre son
fonctionnaire.

III- ATTRIBUTIONS DU MINISTERE PUBLIC

1- Haute main sur la PJ :


Il assure la direction et la surveillance de l’activité des membres de la PJ relevant de
son ressort et peut les requérir et leur donner des instructions concernant la
constatation des infractions et la recherche des délinquants.

2- Qualité d’OSPJ :
Il peut accomplir des actes d’enquête et de constatation d’infractions et recevoir
plaintes et dénonciations.

3- Prérogative :
Exécution des décisions de justice y compris les ordonnances des JI.

4- Placer sous mandat de dépôt :


Crime flagrant : si une instruction n’est pas obligatoire, le procureur général ou un
de ses substituts peuvent interroger le prévenu et l’informer qu’il peut désigner un
avocat ou il lui sera commis d’office par le président de la chambre criminelle. S’il
juge l’affaire en état d’être jugé, il ordonne l’incarcération du prévenu et son renvoi
devant la chambre criminelle dans un délai de 15 jours au plus tard.
Délit flagrant : si le prévenu ne présente pas de garantie, le procureur peut ordonner
sa mise en prison et l’informer de la possibilité de désigner un avocat qui pourra
proposer une caution matérielle ou personnelle. Si le dépôt en prison a été décidé, le
prévenu comparait dès la première audience tenue par le tribunal qui ne peut se situer
au-delà de 3 jours de son arrestation, mais il peut demander un report qui accordé, ne

15
peut être inférieur à moins de 3 jours. Le non respect de ces délais entraîne la nullité
du jugement.

5- Pour les besoins de l’enquête préliminaire :


En cas de crime ou de délit punissable d’un emprisonnement d’une durée égale ou
supérieure à 2 ans, le procureur général du Roi et le procureur du Roi sont habilités à
ordonner :
Retrait du passeport et blocage des frontières : le procureur général du Roi est
admis sous certaines conditions à requérir le 1er président de la CA de les ordonner.
Ecoutes téléphoniques et interception des courriers : il peut ordonner lui-même ces
procédés sous les conditions prévues par l’article 108 du CPP et notamment en cas
d’urgence, prérogative exceptionnelle qui est reconnu en 1er lieu au JI.

6- Action publique et conciliation :


Le procureur du Roi peut décider de ne pas engager l’AP en cas de conciliation entre
les parties dûment approuvée par le président du TPI et lorsque l’infraction commise
est punissable d’une peine d’emprisonnement inférieure ou égale à 2 ans ou d’une
amende ne dépassant pas 5000dirhams.

IV- OBJET DU PROCES PENAL

1- Action publique :
Essentielle car d’ordre public. Elle est d’intérêt général, c’est l’action pour
l’application d’une peine. Le MP peut exercer les poursuites dès lors qu’une infraction
est commise qu’elle ait ou non provoqué un dommage, que la victime en demande ou
non la réparation. Elle ne s’arrête pas au déclenchement des poursuites mais dure
jusqu’à ce que le jugement soit devenu définitif après éventuellement, l’épuisement
des voies de recours, bien plus, le MP veille à l’exécution des décisions judiciaires.
L’extinction de l’action publique n’entraîne pas extinction de l’action civile

2- Action civile :
Définition : Accessoire car d’ordre privé, elle peut aussi bien être portée devant la
juridiction pénale que la juridiction civile.
Devant une juridiction pénale : L’action civile devient l’accessoire de l’action
publique et subit les conséquences de cette subordination.
Devant une juridiction civile : L’action civile doit obéir aux conséquences des règles
suivant lesquelles « le criminel tient le civil en l’état » et « la chose jugée au criminel
a autorité sur le civil ».

V- L’ACTION PUBLIQUE

A- LES DEMANDEURS

1- Les fonctionnaires chargés de mettre en mouvement l’action publique :


Administration de la douane : L’article 249 du code de douane et des impôts
indirects stipule que l’AP peut être mise en mouvement par le MP, le ministre chargé
des finances ou le directeur des douanes ou l’un de ses représentants habilités chaque
fois qu’il s’agit de délits de douane prévus aux articles 279 et 281. Concernant les
contraventions prévues aux articles 285, 294, 297 et 299 du même code, seul le

16
ministre des finances ou le directeur de la douane ou l’un de ses représentants habilité
pourront prendre l’initiative de la mise en mouvement de l’AP.
Administration des eaux et forêts : L’article 73 du dahir du 10/10/1917 concernant
la préservation des forêts et leur utilisation a permis aux fonctionnaires de
l’administration des eaux et forêts de poursuivre les auteurs des contraventions et de
les convoquer, de même qu’il leur a permis d’exercer l’AP et d’user des voies de
recours.
La chasse : L’article 22 du dahir du 21/7/1923 concernant la surveillance de la chasse
par l’administration des eaux et forêts permet aux ingénieurs de cette administration
de poursuivre en son nom les auteurs des contraventions, cette prérogative qui leur a
été reconnu n’annule pas la prérogative de poursuite reconnue au procureur du Roi.
Autres : L’article 359 du CPP permet aux juridictions de se prononcer directement sur
les contraventions commises pendant l’audience et permet aussi à la chambre
criminelle de la CS et les premiers présidents des CA de se prononcer sur les
infractions commises par certains magistrats et fonctionnaires (articles 264, 265, 266,
267 et 268 du CPP).

2- La mise en mouvement de l’action publique par la victime :


Type d’infraction : Le droit de la victime de mettre en mouvement l’AP concerne
toutes les infractions sauf exception provenant de la loi (tel les procédures spéciales)
pour poursuivre certains magistrats et fonctionnaires prévues par les articles 264 à 268
du CPP de même que la levée de l’immunité parlementaire qui revient au procureur
général du Roi). La victime n’exerce pas l’AP.

Conditions : La loi impose que la victime ait subit personnellement et directement de


l’infraction, un dommage corporel, matériel ou moral.

Plainte : La victime doit déposer sa plainte soit auprès du JI ou du JJ et doit la


justifier, démontrer son lien avec l’infraction et préciser le montant des indemnités
demandées. Elle doit également se présenter comme demandeur à l’action civile pour
que sa plainte soit acceptée, élire domicile au sein de ladite juridiction au cas où il
habite en dehors (article 96 du CPP) et déposer au secrétariat du greffe le montant
nécessaire pour les dépenses de l’action pendant le délai que lui imparti le JI ou le JJ.

Procédure : Si la victime demande réparation devant le JJ, la victime doit déposer sa


demande d’AC avant l’audience auprès du secrétariat du greffe ou déposer un
mémorandum incluant le reçu des frais judiciaires pendant l’audience entre les mains
du président, si son action est dirigée contre un fonctionnaire ou magistrat ou agent
d’autorité ou de force publique et qu’il a été relevé la possibilité d’engager la
responsabilité de l’état, le JI (article 95 du CPP) ou le JJ (article 351 du CPP) doit
prévenir l’agent judiciaire du royaume (articles 37 à 39 du code de procédure civile).

Limites : La victime ne peut pas mettre en mouvement l’AP à travers la constitution


de la partie civile à l’encontre d’un mineur (article 463 du CPP), cependant il peut
s’adjoindre à l’AP introduite par le MP et demander son AC à l’encontre d’un mineur
en introduisant son civilement responsable (article 464 et 465 du CPP).

Les associations : Elles ne peuvent pas mettre en mouvement l’AP à la place de la


victime, cependant, il leur est possible de s’adjoindre en tant que partie civile à l’AP
mise en mouvement par la victime ou le MP. Selon l’article 7 du code de procédure

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civile, les associations reconnues d’utilité publique fondées 4 ans avant la commission
de l’infraction peuvent se constituer partie civile dans toute affaire rentrant dans le
champ de son activité prévu dans son statut, si l’action publique a été mise en
mouvement par le MP ou la partie civile.

3- La mise en mouvement de l’action publique par le ministère public :

En matière d’instruction préparatoire :


C’est le procureur général près la CA qui désigne le magistrat chargé de conduire
l’instruction par réquisitoire afin d’informer et ce même dans le cas de l’infraction
flagrante dont l’enquête a été diligenté par le JI en sa qualité d’OSPJ. Même lorsque
le JI est directement saisi d’une plainte de la partie civile, il doit la communiquer au
chef du Parquet pour qu’il prenne ses réquisitions.
Le procureur général du Roi est amené à donner son avis à l’occasion de la délivrance
par le JI de certains mandats et pour le maintien de l’inculpé en détention préventive
ou sa mise en liberté provisoire. Il peut soit à l’ouverture de l’instruction, soit par
réquisitoire supplétif requérir du JI d’accomplir les actes qui lui paraissent utiles à la
manifestation de la vérité, il peut demander communication du dossier à tout moment
de la procédure d’instruction et il dispose d’un droit d’appel général sur les
ordonnances du JI devant la chambre correctionnelle de la CA à la différence des
autres parties au procès pénal qui ne peuvent interjeter appel que de certaines
ordonnances limitativement déterminées par le CPP (article 230).

En matière de jugement :
Jugement : Il développe ses conclusions dans un réquisitoire oral, présente les
preuves de ses allégations et requiert selon les cas soit la condamnation de l’inculpé et
donc l’application de la peine prévue par la loi, soit son acquittement.

Voies de recours : Le MP assure l’exécution de la décision rendue, il peut s’il le juge


utile exercer des voies de recours contre cette décision (appel ou pourvoi en
cassation), et à cet effet il dispose d’un délai de recours particulier.
Nouveau code de procédure pénale : En vue de lutter contre le crime et de préserver
la stabilité de la société le MP a bénéficié de plusieurs attributions telles que : revenir
à l’état initial en cas de l’atteinte au droit de la possession et la restitution de la chose
saisie à son propriétaire, ainsi que la conciliation entre les parties lorsque l’infraction
est sanctionné de l’emprisonnement ne dépassant pas 2 ans et d’une amende de
montant inférieur à 5000 dirhams. De plus, le MP peut mettre fin à l’action publique
en cas de retrait de la plainte par la victime (articles 41 et 372 du CPP).

B- LES DEFENDEURS
Auteurs, coauteurs ou complices personne physique : Leur responsabilité pénale
est liée principalement à la capacité de discernement et à l’état mental de l’auteur de
l’infraction.
Auteurs, coauteurs ou complices personne morale : L’article 127 du code pénal
dispose que « les personnes morales ne peuvent être condamnées qu’à des peines
pécuniaires et aux peines accessoires prévues sous les numéros 5, 6 et 7 de l’article
36. Elles peuvent également être soumises aux mesures de sûreté de l’article 62 ».

C- OPPORTUNITE DES POURSUITES

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Le parquet reçoit les PV, plaintes et dénonciations et apprécie la suite à leur donner
(article 40 du CPP). Si le parquet décide de poursuivre, son acte a un caractère
juridictionnel.

1- Classement sans suite :


C’est une mesure administrative non susceptible d’aucune voie de recours et n’a pas
l’autorité de la chose jugée. Le dossier est archivé avec toutes ses pièces et le parquet
peut à tout moment le reprendre et déclencher les poursuites quand des éléments
nouveaux apparaissent et confèrent aux faits un caractère infractionnel.

2- Dérogations à l’opportunité des poursuites :


Obligation de poursuivre : Les poursuites sont engagées sur les instructions du
supérieur hiérarchique (art. 48 du CPP), soit sur l’ordre émanant de la chambre
correctionnelle (art. 225 du CPP) ou du président de la chambre criminelle (art. 448
du CPP) ou des ordres émanant du Ministre de la justice et des libertés. La chambre
correctionnelle peut demander un complément d’information et même l’ouverture
d’une information contre des personnes non mentionnées dans le réquisitoire du
parquet. Cette attribution revient également à la chambre criminelle, mais seulement
pour un complément d’information, de même le cas de constitution de partie civile et
celui de l’intervention de l’administration publique.
Défense de poursuivre : Existence d’obstacles temporaires tel la nécessité de la
plainte de la victime. Existence d’obstacles permanents tel l’immunité diplomatique.
Si le représentant du MP passe outre l’interdiction légale d’agir, il engage sa
responsabilité civile et pénale.

D- MOYENS D’ACTION DE L’ACTION PUBLIQUE


1- Citation directe par le ministère public :
C’est un acte solennel établi par le MP et notifié au délinquant pour lui demander
d’assister à l’audience du jugement le concernant et à défaut de cette présence, le
jugement sera prononcé par défaut. Une absence non justifiée confère au jugement la
valeur d’un jugement réputé contradictoire et par conséquent non susceptible
d’opposition. Son domaine concerne les contraventions, la quasi totalité des délits et
les crimes qui ne sont passibles ni de la peine de mort ni de la réclusion perpétuelle et
pour lesquels le procureur général du Roi n’estime pas que l’ouverture d’une
information (instruction) est nécessaire.

2- Réquisitoire à fin d’informer par le ministère public :


Le MP y a recours pour saisir le JI lorsqu’il considère que l’affaire criminelle en
cause n’est pas en état d’être (nécessite une instruction) ou lorsqu’il s’agit de crimes
passibles de la peine de mort ou de la réclusion perpétuelle ou de délits pour lesquels
la loi exige l’ouverture d’une instruction préparatoire. Il y a 3 sortes de réquisitoires :
introductif, supplétif et définitif.

3- Constitution de partie civile par la victime :


C’est l’acte par lequel la victime saisit le JI ou la juridiction du jugement en exposant
les faits préjudiciables, les éléments de preuve, les témoins et en réclamant réparation,
elle peut être formulée à tout moment de l’instruction ou du jugement quelle que soit
la nature de l’infraction contre une personne déterminée ou inconnue. La constitution

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de partie civile devant la juridiction du jugement suppose que l’AP a été déclenchée
par un autre moyen.

E- LES LIMITES A L’ACTION PUBLIQUE

1- L’immunité judiciaire
Définition : L’immunité est un privilège que le législateur a conféré à certaines
personnes. L’immunité produit ses effets sur l’AP dès qu’elle est établie et le juge est
tenu de la soulever d’office. L’immunité est une cause de non recevabilité de l’AP
entraînant exemption de peines et de mesures de sûreté.

Immunité du Roi : L’article 46 de la constitution : « La personne du Roi est


inviolable, et respect Lui est dû ».

Immunité diplomatique : L’immunité diplomatique est destinée à permettre aux


représentants (les agents diplomatiques, leur famille et leur personnel) des Etats
étrangers reconnus par le Maroc ainsi qu’à certains fonctionnaires internationaux
d’exercer leurs fonctions sur le territoire du Royaume sans y rencontrer la moindre
entrave judiciaire, elle concerne toutes les infractions.

Immunité parlementaire : L’article 64 de la constitution : « Aucun membre du


Parlement ne peut être poursuivi ou recherché, arrêté, détenu ou jugé à l’occasion
d’une opinion ou d’un vote émis par lui dans l’exercice de ses fonctions, hormis le cas
où l’opinion exprimée met en cause la forme monarchique de l’Etat, la religion
musulmane ou constitue une atteinte au respect dû au Roi ».

Immunité familiale : Elle concerne la solidarité familiale qui s’oppose à ce que l’on
réprime les principales atteintes juridiques à la propriété. L’article 534 du code
pénal stipule que n’est pas punissable et ne peut donner lieu qu’à des réparations
civiles, le vol commis par des maris au préjudicie de leurs femmes, par des femmes au
préjudice de leurs maris et par des ascendants au préjudice de leurs enfants ou autres
descendants.

2- La spécialité :
Définition : Dans certains cas, le MP ne peut pas poursuivre car le législateur a
accordé cette fonction à d’autres.

Domaine : Il s’agit des infractions commises par certains hauts fonctionnaires (article
264 et suivant du CPP) tel les infractions commises par les membres du
gouvernement en dehors de l’exercice de leurs fonctions, les membres du corps de la
magistrature, le wali, gouverneur même si c’est en dehors de leur fonctions (article
265 du CPP) et le Pacha ou 1er khalifa du gouverneur ou président de commune ou
caïd ou OPJ concernant les délits ou crimes commises pendant l’exercice de leur
fonctions (article 268 du CPP).

3- Nécessité d’une plainte :


Définition : La loi conditionne pour certaines infractions de porter plainte afin de
permettre au MP d’exercer l’AP sinon la poursuite est nulle. La plainte doit être
antérieure à la poursuite et non pas après sa mise en mouvement.

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Domaine : Les infractions qui nécessitent le dépôt d’une plainte au préalable à la
poursuite concernent l’infraction d’abandon de famille, l’adultère, le vol entre
ascendants/descendants, l’utilisation de véhicule sans autorisation de son propriétaire
et l’infraction de diffamation.

F- EXTINCTION DE L’ACTION PUBLIQUE


1- Causes :
L’article 4 du CPP stipule que l’extinction de l’AP résulte de la mort de la personne
poursuivie, la prescription (crimes : 15 ans, délit : 4 ans, contraventions : 1 an/
innovation introduite par l’article 5 de la loi 35-11 du 17 octobre 2011), l’amnistie, la
grâce, l’abrogation de la loi pénale, la chose irrévocablement jugée, la transaction et le
retrait de la plainte lorsque celle-ci est une condition nécessaire à la poursuite.

2- Conséquences sur l’action civile :


L’extinction de l’AP n’entraîne pas celle de l’AC qui peut valablement lui survivre et
sur laquelle la juridiction pénale peut statuer lorsqu’elle en a été saisie préalablement
à la survenance de l’événement extinctif des poursuites

VI - L’ACTION CIVILE
Elle consiste en la saisine d’une juridiction répressive en vue de la réparation d’un
préjudice privé né dans une infraction pénale.

A- DOMAINE DE L’ACTION CIVILE

1- Réparation du préjudice :
Réparation en nature : prend souvent la forme de restitution à leurs propriétaires
légitimes des objets, sommes, effets mobiliers sous la main de la justice.
Réparation par équivalent disparu : consiste à attribuer à la victime de l’infraction
l’équivalent des pertes que lui a occasionné l’infraction. Elle a lieu dans les cas où les
choses en question sont fongibles ou ont disparu.

2- Juridiction compétente :
La juridiction naturellement compétente pour connaître de l’action civile est la
juridiction civile mais elle peut également être portée devant la juridiction pénale et
valablement admise lorsque la partie lésée recherche principalement la démonstration
de la culpabilité de la personne poursuivie.

3- Modalités d’exercice :
Pour que l’option existe pour la victime et que les 2 voies civile et pénale lui soient
ouvertes, il est nécessaire qu’il s’agisse d’une action civile née d’une infraction pénale
punissable et il est nécessaire que la loi lui ait laissé ouvertes les 2 voies.
Il faut que l’AP ne soit pas éteinte car si l’AC survit à l’extinction de l’AP, elle ne
peut être portée isolément devant la juridiction pénale.

4- Conditions de l’option de juridiction :


Si la victime choisit de porter son action civile devant la juridiction civile, elle se
ferme la voie pénale. La victime qui suit la voie pénale en premier lieu peut toujours
l’abandonner et lui préférer la voie civile, toutefois la voie pénale peut encore se
réouvrir même après saisine préalable de la juridiction civile lorsque le MP a porté
l’affaire devant la juridiction pénale avant que la juridiction civile n’ait pu statuer sur

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le fond de l’AC dont elle est saisie ou lorsque la 1 ère juridiction civile saisie se déclare
incompétente ou lorsque la victime a porté devant elle une affaire différente par sa
cause ou par son objet de l’AC relative à la réparation du dommage né de l’infraction.

5- Action civile devant une juridiction pénale :


Par voie d’intervention : Lorsqu’une poursuite est déjà engagée, la partie lésée joint
son action civile à l’AP en tout état de la procédure jusqu’à la clôture des débats.
Par voie d’action : Soit par la citation directe de l’auteur de l’infraction devant la
juridiction de jugement, soit par le dépôt d’une plainte avec constitution de partie
civile.

6- Limites :
Dans certains cas, la loi impose d’agir soit devant le juge civil soit devant le juge
pénal.
Action civile portée devant le juge civil : lorsque l’action publique n’est plus
possible ou/et irrecevable pour cause d’extinction.
Action civile portée devant le juge pénal : lorsque l’action civile est née de délits de
diffamation contre les corps constitués sauf cas d’amnistie ou du décès de diffamateur,
ou est née de la responsabilité des instituteurs pour dommages causés à des élèves ou
par des élèves à d’autres élèves.

B- LES SUJETS DE L’ACTION CIVILE

1- Demandeurs:
Tous ceux qui ont personnellement subi un dommage corporel, matériel ou moral
directement causé par une infraction pénale. La victime ne peut valablement exercer
son AC que si le préjudice est à la fois personnel, direct et actuel.

2- Capacité d’ester en justice :


L’AC ne peut être exercée devant la juridiction pénale que si le demandeur dispose du
droit d’ester en justice et de la capacité d’exercer ce droit, à défaut de libre exercice
des droits civils, la victime ne peut se constituer partie civile qu’avec l’autorisation ou
l’assistance de son représentant légal. La femme qui déclare à l’audience vouloir se
constituer partie civile contre son époux ne peut le faire que si la juridiction saisie l’y
autorise, lorsque la victime est incapable d’agir et ne dispose pas d’un représentant
légal, le tribunal a la faculté de lui désigner un mandataire spécial.

3- Transmission de l’AC :
Parce que de caractère patrimonial, l’AC peut en droit marocain être transmise aux
héritiers et cédée aux créanciers.
Les héritiers : Sont admis à exercer l’AC de leur auteur dans les mêmes conditions
que lui et réclamer la réparation du préjudice intégral devant la juridiction pénale. Si
le De cujus n’est pas mort de l’infraction, l’action civile née dans son patrimoine peut
être valablement exercée par ses héritiers. Si le décès est causé par l’infraction, les
héritiers sont eux-mêmes victimes et l’action civile naît dans leur patrimoine propre.
Les ayants cause de la victime : Sont les créanciers, ils ne sont admis à ne demander
que la réparation du préjudice matériel et non moral. L’AC cédée aux créanciers ne
peut pas être exercée devant la juridiction pénale car sa recevabilité est exclue par
l’absence de dommage personnel directement né de l’infraction.

22
4- Défendeurs :
Auteur, coauteur ou complice de l’infraction : Peut être une personne physique ou
morale. Si pluralité d’auteurs d’infractions, la victime peut demander réparation à tous
les auteurs ou choisir un parmi eux. Le coauteur ou le complice non poursuivi
pénalement ne peut l’être civilement.
Héritiers du délinquant : Si une réparation a été accordée, le prélèvement doit se
faire sur la succession avant tout partage.
Tiers civilement responsables : ce sont les responsables civils du fait d’autrui. Ce
sont les pères, mères pour les mineurs sous leur garde et à leur charge, les
commettants et artisans pour les faits des préposés ou des apprentis, les instituteurs et
enseignants remplacés par l’Etat. Les hôteliers et aubergistes sont responsables des
faits que peuvent commettre les personnes inscrites sur leurs registres sous de faux
noms ou non inscrits.

C- EXTINCTION DE L’ACTION CIVILE


L’AC peut subsister à l’extinction de l’AP et se prescrit suivant des règles qui lui sont
propres et qui puisent leur source dans le droit civil.

23
L’INSTRUCTION PREPARATOIRE

Le JI procède à des actes d’information, rassemble des éléments de preuve et s’il y a


lieu renvoie l’affaire en état d’être jugée devant la juridiction de jugement
compétente.

I- CARACTERISTIQUES DU JUGE D’INSTRUCTION1

1- Indépendance du JI :
A l’égard des pouvoirs exécutif et législatif : il ne peut recevoir d’injonctions ni
subir de pression.
Vis-à-vis du Parquet et des justiciables : la décision du JI ne peut être dictée que par
son intime conviction sur la base des éléments du dossier et des preuves rapportées, le
JI n’est pas tenu de déférer ni aux conclusions du Parquet, ni aux demandes de
l’inculpé ou de la partie civile.

2- Inamovibilité du JI :
Ne peuvent être déplacés, suspendus ou destitués que selon une procédure protectrice
exorbitante du droit commun disciplinaire.

3- Désignation du JI:
Les JI sont nommés en cette qualité pour 3 ans renouvelables parmi les magistrats du
siège par arrêté du ministre de la justice et des libertés sur proposition selon les cas du
président du TPI ou du 1er président de la CA. Lorsque la même juridiction comprend
plusieurs JI, c’est le Parquet qui désigne pour chaque affaire le juge qui en sera
chargé.

4- Saisine du JI :
Le JI ne peut se saisir d’office de l’affaire et ne peut instruire que sur réquisitoire du
Parquet.

II- LES JURIDICTIONS D’INSTRUCTIONS


Le JI chargé d’une affaire fait office de véritable juridiction d’instruction dont les
décisions peuvent faire l’objet d’un appel devant la Chambre correctionnelle de la
CA.

1- Compétence territoriale :
Lieu de la commission de l’infraction, lieu de la résidence de l’auteur soupçonné ou
de l’un de ses complices ou lieu d’arrestation de l’une de ces personnes même lorsque
cette arrestation a été opérée pour une autre cause.

2- Compétence matérielle :
L’instruction est obligatoire : pour les crimes punissables de la peine de mort, de
réclusion perpétuelle ou de la réclusion temporaire dont la durée maximale est fixée à
30 ans, pour toute infraction qualifiée crime commise par un mineur et pour les délits
au cas où une disposition spéciale le prévoit.
1
Article 57 de la Constitution de 2011: Le Roi approuve par dahir la nomination des
magistrats par le Conseil supérieur du Pouvoir Judiciaire.

24
L’instruction est facultative : Pour les autres crimes commis par les délinquants
majeurs, pour les délits commis par les mineurs et pour les délits punissables d’une
peine de réclusion égale ou supérieure à 5 ans.

3- Juridictions d’instruction propres aux affaires des mineurs (TPI et CA) :


Délits : Lorsque le procureur du Roi estime nécessaire de procéder à une instruction
(facultative dans ce cas), il renvoie l’affaire au juge des mineurs qui doit instruire
conformément aux règles posées par le CPP.
Crimes : C’est le conseiller chargé des mineurs près la CA qui procède à l’instruction
dans les formes prévues par le CPP.
Voies de recours : Appel devant la Chambre correctionnelle des mineurs près la CA
(art.487 du CPP) et pourvoi en cassation dans les formes ordinaires (art.495 CPP).

4- Compétence de la Chambre correctionnelle de la CA en matière d’instruction :


Attributions : Contrôle disciplinaire sur les OPJ et les fonctionnaires et agents de
certaines administrations investis de pouvoirs de PJ.
Composition : 1er président ou de son suppléant et de 2 conseillers, en présence d’un
représentant du Parquet et d’un secrétaire greffier.
Compétence : Statue sur les demandes de liberté provisoire qui lui sont présentées
directement par les inculpés lorsque le JI ne s’y prononce pas dans le délai légal de 5
jours (art.179 alinéa 4 et 5 du CPP) et sur les appels interjetés contre les ordonnances
des JI.
Procédure : Les débats se déroulent sans publicité en chambre du conseil (c’est à dire
à huis clos), elle peut ordonner la comparution personnelle des parties et la production
des pièces à conviction. Elle peut ordonner un complément d’information soit
d’office, soit à la demande de l’une des parties au procès (art.238). Elle peut statuer
sur les demandes d’annulation des actes d’information (art.210 à 213).
Président de la Chambre correctionnelle : Est investi d’un pouvoir de surveillance
et de contrôle sur la marche des instructions ouvertes dans le ressort de sa CA.

5- Juridiction d’instruction du Tribunal permanent des FAR :


Les fonctions des JI sont remplies par des officiers de justice militaire ayant en
principe au moins le grade de commandant de justice militaire. Lorsque l’inculpé est
un général ou un colonel, les fonctions de JI militaires sont assurées par des officiers
ayant le grade de l’inculpé. Le JI militaire procède aux actes d’information concernant
les infractions (crimes ou délit) relevant de la compétence du Tribunal militaire.

III- L’INSTRUCTION PREPARATOIRE

1- Ouverture de l’instruction :
Par réquisitoire du ministère public : procureur du Roi ou procureur général
Par plainte avec constitution de partie civile : la plainte doit être communiquée au
ministère public qui peut prendre un réquisitoire contre personne dénommée ou non
dénommée, comme il peut saisir le JI de réquisitions de non informer. Si le JI passe
outre, il doit statuer par ordonnance motivée.

2- Constitution de partie civile :


Peut être contestée soit par le MP soit par l'inculpé ou par une autre partie civile. Il
appartient au JI de statuer sur la contestation par ordonnance après communication du
dossier au MP.

25
3- Ordonnance d’incompétence
Le JI peut refuser de procéder à l’instruction par ordonnance d’incompétence s'il s'estime non
habilité à connaître de l’affaire eu égard aux règles matérielles, territoriales ou
personnelles de compétence.

4- Ordonnance de refus d’informer :


Le JI peut rendre une ordonnance de refus d'informer s'il estime que les faits qui lui sont
soumis ne constituent pas une infraction ou qu'ils ne sont plus susceptibles d'être
poursuivis ou s’il estime que la constitution de partie civile est irrecevable, dans cette
hypothèse il rend une ordonnance d'irrecevabilité de la constitution de partie civile.

5- Procédure inquisitoire :
La procédure devant le JI est secrète, écrite et non contradictoire, le caractère secret
s’applique à toute personne qui participe à l’instruction qui doit respecter le secret
professionnel. Le JI doit informer le prévenu des faits qui lui sont reprochés, le
confronter avec ses adversaires, l’interroger sur le fond en présence de son avocat.

6- Déroulement :
Une fois l’instruction ouverte, le JI doit la mener jusqu’au moment où il rend une
ordonnance de règlement. S’il découvre d’autres faits, il doit en informer le parquet,
qui par réquisitoire complémentaire peut autoriser l’extension de l’information à ces
faits. La limite aux personnes n’est pas stricte et le JI instruit contre X en cas
d’absence de suspect désigné par le réquisitoire ou contre toutes les personnes
(coauteurs, complices) de l’infraction.

IV- LES ACTES D’INSTRUCTIONS

A- L’ENQUETE DE PERSONNALITE ET LES MESURES MEDICALES


Prévue obligatoirement en matière de crime et facultativement en matière de délits
(article 87). Elle vise l’enquête sur la personnalité du prévenu, resocialiser le mineur
délinquant, mettre le mineur sous le régime de la détention préventive, ordonner un
examen psychologique et ordonner la désintoxication de l’individu après avis du
ministère public.

B- LE DEPLACEMENT, LES PERQUISITIONS ET SAISIES


1- Lieu :
Domicile de l’inculpé ou le domicile d’un individu ou des endroits d’activités
nocturnes de façon habituelle ou des endroits occupés par des individus tenues par le
secret professionnel ou un avion marocain ou avion étranger quant il atterrit au
Maroc, ou un train ou navire commercial étranger qui soit entrée dans un port
maritime marocain ou d’autres lieux à l’exception de ce qui est empêché par la loi tel
les lieux des missions diplomatiques.

2- Formalités :
Aviser le ministère public au moment opportun pour lui laisser le temps pour choisir
de l’accompagner, s’aider dans sa mission du greffier et rédiger un PV de toutes les
opérations qu’il aura accomplit. Si actes d’instruction en dehors de la circonscription
de la juridiction où il exerce ses fonctions, en aviser le MP de sa juridiction et aviser à
l’avance le MP de la juridiction du lieu où il va se déplacer.

26
3- Garanties de la perquisition :
Protection du secret des documents saisis : personne ne doit prendre connaissance
de son contenu mis à part le JI, le greffier et le représentant du MP s’il était présent
pendant la perquisition, les personnes qui ont été sollicité par le JI pour lui procurer
leurs aides, le propriétaire du domicile ou son représentant ou les témoins invités à
assister. S’il s’agit d’infraction qui touche la sécurité de l’Etat ou infraction de
terrorisme, d’autres organes pourront en prendre connaissance.
Domicile de l’inculpé : le JI doit inviter le propriétaire du domicile à assister ou à
désigner son représentant, sinon présence obligatoire de 2 témoins qui n’ont aucun
lien de subordination à l’autorité du JI.
Crime ou infraction de terrorisme : possibilité d’effectuer la perquisition en dehors
du temps légal à condition qu’il soit effectué par le JI en personne et en présence du
représentant du ministère public.
Infraction de terrorisme et s’il y a urgence : il est permis au JI d’ordonner que la
perquisition soit effectuée par un juge délégué à cet effet ou un OPJ en dehors du
temps légal.
Domicile autre que celui de l’inculpé : convoquer le chef de maison ou son
occupant pour assister à la perquisition, s’il s’absente ou refuse, la perquisition se fera
en présence de 2 témoins constitués de ses proches présents sur les lieux sinon en
présence de 2 témoins n’ayant aucun lien avec l’autorité judiciaire ou la PJ.
Endroits occupés par des femmes : le JI désigne une femme pour les inspecter.
Endroits tenus par le secret professionnel : le JI doit prendre les mesures et les
précautions nécessaires pour garder ce secret professionnel.
Cabinet d’avocat : en présence du bâtonnier ou après l’avoir avertit par n’importe
quel moyen de communication.
En cas de crime : en dehors des horaires fixés par la loi.

C- L’INTERROGATOIRE
1- Opportunité :
Seul le JI procède à l’interrogatoire. Les OPJ agissant dans le cadre d’une enquête
préliminaire ou d’une commission rogatoire n’ont pas cette prérogative.

2- Objet :
Le prévenu est entendu sans qu’il prête serment. L’interrogatoire est secret, écrit et
non contradictoire. Le ministère public et la partie civile n’assistent pas à
l’interrogatoire, l’avocat assiste mais ne plaide pas. L’interrogatoire et la
confrontation du prévenu avec la partie civile ne peut avoir lieu sans la présence de
leurs avocats.

3- Urgence :
Le JI peut déroger à ces règles et procédure en cas d’urgence absolue (danger de mort
d’un témoin, risque certain de perte des preuves ou de traces, cas de flagrance).
L’interrogatoire de fond doit clore toute instruction préparatoire sauf cas de non lieu
au début de l’information.

D- L’AUDITION DES TEMOINS


1- Opportunité :

27
Toute personne convoquée est tenue de comparaître, de prêter serment s'il y échet et de
déposer. Le refus de comparaître ou de témoigner ainsi que le faux témoignage
exposent leurs auteurs à des sanctions pénales. Le JI peut confronter les témoins
entre eux ou avec l’inculpé en présence de leurs avocats.

2- Exceptions :
Si le témoin se trouve dans l’incapacité de se présenter devant le JI et réside dans la
circonscription judiciaire du JI, celui-ci se déplace pour l’entendre ou le fait faire par
le moyen de commission rogatoire. Si le témoin se trouve en dehors de la
circonscription judiciaire du juge d’instruction, il le fait faire par son homologue qui
lui-même peut déléguer à cet effet un OPJ.

3- Innovation :
Le NCPP a prévu, le témoignage des autorités gouvernementales et des représentants
des pays étrangers. Les membres du gouvernement ne peuvent être convoqués comme
témoins qu’après autorisation du conseil des ministres, sur rapport du ministre de la
justice. Si l’autorisation est accordée, la déposition est reçue dans les formes
ordinaires et si la comparution n’a pas été demandée ou n’a pas été autorisée, la
déposition est reçue par écrit dans la demeure du témoin par le premier président de la
cour d’appel ou par un magistrat désigné par lui si le témoin réside hors du chef-lieu
de la cour.

E- LES ECOUTES TELEPHONIQUES


1- Opportunité :
Elles peuvent être sollicitées par le JI mais aussi par le procureur général près la CA
dans les cas où une instruction n’est pas prévue et s’il y a urgence.

2- Terrorisme :
Le procureur général peut d’abord procéder aux écoutes et solliciter après
l’autorisation du Président de la cour d’appel.

F- LES EXPERTISES
1- Opportunité :
Elle ne peut être ordonnée, d’office ou à la demande des parties que dans le cas où se
pose une question d’ordre technique, l’expert commis est choisi, à moins dans
l’impossibilité, sur la liste des experts agréés. Les experts non assermentés doivent
prêter serment devant le JI.

2- Déroulement :
L’expert peut recevoir pour l’accomplissement de sa mission, les déclarations de
personnes autres que l’inculpé. Après le dépôt du rapport de l’expert, les parties ont la
faculté de présenter leurs observations ou même de demander un complément
d’expertise ou une contre expertise.

G- LE PLACEMENT SOUS CONTROLE JUDICIAIRE


1- Opportunité :
Il peut être décidé chaque fois que le prévenu ne constitue pas un danger sur les
personnes ou sur l’ordre public et à tout moment de l’instruction, sa durée est de 2
mois renouvelables 5 fois. Le JI peut l’annuler d’office sur demande du ministère
public, de l’accusé ou de son avocat, il peut la transformer en un dépôt en prison

28
chaque fois que le prévenu n’a pas respecté ses obligations, mais il doit d’abord
prendre l’avis du ministère public.

2- Objet :
L’ordonnance du JI peut inclure l’interdiction de quitter le territoire, le domicile, de se
présenter aux services désignés à des moments précis, de fréquenter certaines
personnes et lieux, de conduire, de se soumettre à des examens médicaux, de répondre
à toute vérification demandée par les autorités ou les personnes compétentes, ne pas
s’adonner à certaines activités professionnelles, sociales ou commerciales, ne pas
conserver certaines armes, présenter des garanties personnelles ou réelles, ne pas
émettre de chèques.

3- Garanties :
L’ordonnance du JI notifiée immédiatement par voie orale à l’inculpé et dans les 24
heures au procureur du Roi peut faire l’objet d’un appel devant la chambre
correctionnelle qui doit statuer dans le délai de 5 jours. La main levée du placement
sous surveillance judiciaire peut être ordonnée par le juge d’office ou sur réquisitions
du MP ou sur demande de l’inculpé.

H- LA DETENTION PREVENTIVE OU PROVISOIRE


1- Opportunité :
C’est une mesure privative de liberté qui peut être ordonnée à n’importe quel stade de
l’instruction, même contre un inculpé soumis au contrôle judiciaire, elle peut
également être décidée par une juridiction de jugement. Le détenu n’est pas tenu à
l’habit pénitentiaire ni au travail.

2- Durée :
La durée de la détention préventive est fixée à 1 mois lorsque l’inculpé est domicilié
au Maroc et n’ayant jamais fait l’objet d’une condamnation pour crime ou à un
emprisonnement supérieur à 3 mois pour délit de droit commun et lorsqu’il est
poursuivi pour une infraction passible d’une peine d’emprisonnement inférieure à 2
ans uniquement. Dans les autres cas, la durée initiale de la détention préventive est
fixée à 2 mois. A l’expiration de ce délai, si le JI estime que le maintien de l’inculpé
en détention est nécessaire, il peut en décider la prolongation (jusqu’à 5 fois) par
ordonnance spécialement motivée sur les réquisitions également motivées du
procureur général du Roi.

3- Liberté provisoire :
La mise en liberté provisoire peut être décidée à l’initiative du JI ou à la demande du
MP, de l’inculpé ou de son conseil qui peut saisir directement de sa demande la
chambre correctionnelle de la CA qui sur réquisitions écrites et motivées du procureur
général du Roi, se prononce dans un délai maximum de 15 jours. La libération
provisoire peut être subordonnée à une caution matérielle ou personnelle voire être
assortie de la mise sous contrôle judiciaire.

I- INTERCEPTION DES APPELS ET DES COMMUNICATIONS


EFFECTUEES PAR LES MOYENS DE COMMUNICATION A DISTANCE
1- Opportunité :

29
Le JI est habilité à ordonner l’interception, l’enregistrement, la reproduction ou la
saisie des appels téléphoniques et de toutes autres communications à distance. Les
conditions posées par le CPP se limitent à un écrit du JI et aux nécessités de l’enquête
pour une durée de 4 mois renouvelable une seule fois.

2- Portée :
Le JI est habilité à procéder à la fermeture des frontières, à la saisie du passeport et de
l’assignation à résidence. Si le prévenu est de nationalité étrangère, l’assignation à
résidence entraîne obligatoirement saisi du passeport et fermeture des frontières.

3- Ministère public :
Le procureur général du Roi peut si les nécessités de l’enquête l’exigent, saisir par
écrit le premier président de la CA pour lui demander d’ordonner l’interception des
appels téléphoniques ou des communications à distance en cas d’infractions contre la
sûreté de l’Etat, d’infractions terroristes et celles qui relèvent du banditisme, du
meurtre, de l’empoisonnement, de la prise d’otages, de la drogue ou du trafic d’armes.

4- Urgence :
S’agissant des atteintes contre la sûreté de l’Etat et en matière de terrorisme, le
procureur général du Roi peut de lui-même ordonner par écrit les interceptions en
question. Il doit s’agir d’un cas « d’extrême urgence », d’une mesure prise « à titre
exceptionnel », le premier président de la CA devant être avisé sans délai.

J- LES COMMISSIONS ROGATOIRES


1- Opportunité :
Il s’agit d’actes datés et signés par le juge d’instruction, revêtus de son sceau et
indiquant la nature de l’infraction, les opérations à exécuter et le délai de cette
exécution. Il est interdit au juge chargé de l’instruction d’une affaire de donner une
commission rogatoire générale aux fins de recherche des infractions non précisées. La
commission rogatoire peut être adressée soit à un autre JI du même ressort, soit à un
JI appartenant au ressort d’une autre juridiction, soit à un OPJ. Le délégataire
bénéficie des droits et prérogatives du JI déléguant.

2- Limites :
Le délégataire ne peut procéder à l’interrogatoire des suspects ni à leur confrontation,
il ne peut prendre d’ordonnance ni procéder à la garde du prévenu pendant plus de 24
heures sans autorisation du JI. L’autorisation du JI délégant est nécessaire pour
entendre la partie civile.

3- Rapport :
Le rapport du délégataire doit être remis au JI délégant dans les 8 jours après la fin
des opérations.

4- Urgence :
En cas d’urgence ou de pluralité des lieux d’exécution, le JI peut recourir à tous les
moyens possibles (exemple : la radiodiffusion de l’acte de commission rogatoire).

V- LES MANDATS DU JUGE D’INSTRUCTION


Le JI prend des mesures coercitives sous forme d’ordonnances et de mandats qui ont
une nature juridictionnelle susceptibles d’exécution par la force publique. Ces actes

30
font l’objet d’un recours exercé par le MP, l’inculpé ou la partie civile. Le mandat doit
être écrit, son exécution peut se faire sur tout le territoire marocain. Seul le JI est
habilité à prendre un mandat mais le CPP donne également ce pouvoir au procureur
du Roi notamment en cas de flagrance.

A- MANDAT D’AMENER :
C’est l’ordre, donné par le JI à la force publique, de conduire immédiatement
l’inculpé devant lui pour procéder à son interrogatoire immédiat par le JI, il permet à
l’avocat d’y assister. L’inculpé ne peut rester plus de 24 heures en détention avant cet
interrogatoire sinon il doit être présenté au procureur du Roi qui sollicite le JI et dans
l’impossibilité pour le J.I. d’interroger le prévenu, le procureur sollicite un juge de
fond.
Si l’interrogatoire n’intervient pas durant ces 24 heures, le prévenu doit être relâché.
Si le prévenu réside en dehors de la circonscription du JI qui a émis le mandat, le
prévenu est conduit devant le procureur du lieu de son arrestation qui l’interroge et
rédige un PV.

B- MANDAT DE COMPARUTION :
C’est un ordre adressé au prévenu par les soins du greffe ou par un membre de la PJ
voire par un agent de la force publique. Celui-ci ne dispose d’aucun moyen de le
contraindre afin qu’il comparaisse devant le JI à la date et à l’heure indiquées. Le juge
l’interroge immédiatement en présence de son avocat et peut s’aider d’un traducteur.

C- MANDAT D’ARRET :
C’est l’ordre donné à la force publique de rechercher l’inculpé et de le conduire à
l’établissement pénitentiaire indiqué sur le mandat, il n’intéresse que les auteurs de
délits et de crime sanctionnés par une peine privative de liberté. Il est utilisé à
l’encontre des inculpés en fuite ou qui résident à l’étranger et ne peut être décerné par
le JI qu’après réquisition du MP, il doit être motivé.
Si l’arrestation se produit, le prévenu est conduit à la prison et doit être interrogé dans
les 48 heures qui suivent. Si le J.I. n’y procède pas, le chef de la maison de détention
conduit l’inculpé devant le procureur du Roi qui requiert le JI ou un autre juge de
procéder à l’interrogatoire. Dans l’impossibilité de l’effectuer, le prévenu doit être
libéré immédiatement. Si l’inculpé est arrêté hors du ressort du JI qui a délivré le
mandat, il est conduit immédiatement devant le représentant du MP qui en réfère au JI
pour le transfert de l’inculpé.
L’exécution d’un mandat d’arrêt doit respecter le repos nocturne des particuliers entre
21 heures du soir et 6 heures du matin. Si impossibilité d’exercer le mandat d’arrêt, il
est affiché au dernier domicile du prévenu et un procès verbal est dressé.

D- MANDAT DE DEPOT :
C’est l’ordre donné par le JI au chef de l’établissement pénitentiaire de recevoir et de
détenir provisoirement l’inculpé, il doit s’agir d’un crime ou d’un délit réprimé d’une
peine privative de liberté, ce mandat peut faire l’objet d’appel par le procureur. Le
mandat de dépôt ne peut lui-même être pris qu’après interrogatoire, il exonère le JI de
consulter le procureur.

VI- LA FI N DE L’INSTRUCTION PREPARATOIRE

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Le JI dispose d’un large pouvoir d’appréciation pour mettre fin à l’instruction mais il
a l’obligation de communiquer aussitôt le dossier au MP qui doit lui adresser ses
réquisitions dans les 8 jours au plus tard à compter de la communication du dossier.
Les ordonnances du J.I. sont de véritables décisions juridictionnelles susceptibles
d’appel et de cassation.

A- ORDONNANCE D’INCOMPETENCE :
Le JI rend cette ordonnance lorsqu’il estime que les faits ne relèvent pas de sa
compétence. Le dossier sera transmis au MP avec les éléments de preuve déjà réunis
et éventuellement le maintien de la détention préventive ou du contrôle judiciaire.

B- ORDONNANCE DE NON- LIEU :


Le J.I. estime que la saisine d’une juridiction de jugement ne se justifie pas. Cette
décision peut se fonder sur des raisons de droit (les faits n’obéissent pas ou
n’obéissent plus au droit pénal, intervention d’une amnistie, d’une prescription, d’un
fait justificatif, de la démence…) ou de fait (absence de charges suffisantes et
concordantes, absence de délinquant…). Le J.I. décide à propos des choses saisies et
liquide les frais de justice, il libère les prévenus incarcérés à moins qu’ils le soient
pour une autre affaire et la mise sous contrôle judiciaire prend fin et ordonne sur
demande de la partie concernée ou du MP la publication de l’ordonnance de non lieu
en totalité ou en partie.

C- ORDONNANCE DE RENVOI :
Lorsque le JI estime qu’il existe contre l’inculpé des charges suffisantes, il rend une
ordonnance de renvoi devant la juridiction compétente selon la nature de l’infraction :

1- Au niveau du TPI :
Contravention : le JI procède au renvoi du dossier au MP qui est habilité à saisir la
juridiction compétente.
Délit : le JI procède au renvoi de l’inculpé devant le TPI.
Crime : le JI se déclare incompétent et ordonne le renvoi du dossier au parquet
général près la CA.

2- Au niveau de la CA :
Crime : le JI rend une ordonnance de renvoi devant la chambre criminelle.
Délit ou contravention : le J.I. ordonne le renvoi devant le TPI compétent tout en
statuant sur la détention préventive et la mise sous contrôle judiciaire.

VI- LE CONTROLE DE L’INSTRUCTION PREPARATOIRE

A- Nullités de l’information :
Toutes les parties à l’instruction peuvent soulever la nullité d’un acte.
Nullité absolue : concerne la violation des dispositions légales relatives à
l’interrogatoire de première comparution, la présence de l’avocat aux interrogatoires
et aux confrontations et les dispositions se rapportant aux perquisitions.
Nullité relative : concerne les cas de violation des dispositions substantielles de la
procédure ayant eu pour conséquence de porter atteinte aux droits de la défense et de
toute partie en cause.

B- Possibilité d’une deuxième instruction :

32
Elle n’est prévue qu’en cas d’apparition de preuves nouvelles.

C- Appel des ordonnances du JI :


Il s’agit de permettre à toutes les parties de dénoncer les irrégularités qui ont pu
marquer l’instruction. Le contrôle exercé par la chambre correctionnelle de la CA est
de nature à purger l’instruction de tous les vices qui l’auraient entaché. Lorsque cette
formation rend une décision de renvoi devant la juridiction de jugement, aucune
exception relative à la nullité de l’information ne peut plus être présentée. Le droit
d’appel appartient à toutes les parties.

Le ministère public :
A le droit d’interjeter appel auprès de la chambre correctionnelle, de toute ordonnance
du JI à l’exception de celle ordonnant une expertise. L’appel du M.P n’est pas
suspensif et le détenu préventivement (ou le mis sous contrôle judiciaire) reste dans la
situation où il est jusqu’à l’épuisement du délai de l’appel à moins que le M.P. ne soit
d’accord avec sa libération.

2- Le prévenu :
Peut interjeter appel contre les ordonnances relatives à la détention préventive, au
dépôt en prison, aux demandes de la partie civile, contre les demandes de libération
provisoire, d’un complément ou d’une contre expertise et contre certaines décisions
relatives à la publication d’extraits de l’ordonnance de non poursuite, de la restitution
des choses, il peut aussi interjeter appel contre les ordonnances de compétence.

3- La partie civile :
Ne peut interjeter appel que si ses intérêts sont menacés comme les cas de refus
d’informer, ne pas poursuivre, de compétence et chaque fois que ses intérêts civils
sont menacés.

4- La décision de la chambre correctionnelle :


Peut revêtir plusieurs formes. Elle peut décider de l’incompétence du JI et désigner la
juridiction ou le JI compétent. Elle peut confirmer la décision du JI de ne pas
poursuivre et elle le fera savoir par arrêt. Elle peut annuler la décision de ne pas
poursuivre et renvoyer l’affaire soit au TPI soit à la chambre criminelle. La chambre
correctionnelle peut aussi demander un complément d’information ou y procéder elle-
même, elle prend un arrêt de non lieu ou un arrêt de renvoi.

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LE JUGEMENT

I- CARACTERISTIQUES DU JUGE DE JUGEMENT2

1- Indépendance du JJ :
A l’égard des pouvoirs exécutif et législatif : il ne peut recevoir d’injonctions ni
subir de pression.
Vis-à-vis du Parquet et des justiciables : la décision du JI ne peut être dictée que par
son intime conviction sur la base des éléments du dossier et des preuves rapportées, le
JI n’est pas tenu de déférer ni aux conclusions du Parquet, ni aux demandes de
l’inculpé ou de la partie civile.

2- Inamovibilité du JJ :
Ne peuvent être déplacés, suspendus ou destitués que selon une procédure protectrice
exorbitante du droit commun disciplinaire.

3- Composition :
T.P.I./C.A./ C.C. : Juges de carrière
Tribunal militaire : Juges militaires

4- Particularités des juges de jugement :


Ne sont pas interchangeables. L’article 297 du CPP stipule que les jugements ou arrêts
doivent être rendus à peine de nullité par des juges ayant participé à toutes les
audiences.

5- Objet :
Introduction définitive de l’affaire, production des preuves et leur discussion publique
et contradictoire. Le juge pénal ne doit former son intime conviction qu’à partir des
éléments soumis aux débats garantissant ainsi la publicité et la contradiction. La
présence des parties est nécessaire. Les juges de jugement ont pour tâche essentielle
de statuer sur l’AP en rendant soit une sentence de condamnation, d’acquittement soit
d’absolution (l’infraction existe et l’inculpé est reconnu coupable de l’avoir commise
mais cette infraction est excusée de la sanction car infraction commise par toute
personne irresponsable de ses actes tel le dément). Peuvent accessoirement statuer sur
l’action civile née de l’infraction intentée par la victime ou plus exactement de la
partie civile.

6- Jugement :
Le jugement régulièrement rendu, lorsqu’il statue sur le fond de l’affaire met fin (en
ce qui concerne la juridiction qui le prononce) au point de droit sur lequel elle était
interrogée en même temps qu’il la dessaisit, en aucun cas cette juridiction ne peut
reprendre l’affaire pour lui donner une solution différente. Le jugement rendu doit être

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Article 57 de la Constitution de 2011: Le Roi approuve par dahir la nomination des
magistrats par le Conseil supérieur du Pouvoir Judiciaire.

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exécuté lorsqu’il est juridiquement exécutoire et il appartient au M.P. de veiller à cette
exécution. Le jugement rendu est inscrit sur le casier judiciaire du condamné aux fins
de refléter son passé pénal.

7- Diversité des jugements :


Jugements rendus en premier ressort : susceptibles d’appels.
Jugements définitifs : ne peuvent faire l’objet que d’un pourvoi en cassation ou d’un
pourvoi en révision.
Jugements contradictoires : rendus avec une participation plus ou moins complète
de la personne concernée.
Jugements par défaut et de contumace : rendus en l’absence de la personne
poursuivie ou de son représentant.
Jugements sur le fond : tranchent l’ensemble de l’affaire et dont le prononcé entraîne
le dessaisissement de la juridiction.
Jugements avant dire droit : ont pour objet de trancher les incidents contentieux qui
surviennent ou ordonner des mesures préparatoires. Ne statuent pas sur le fond de
l’affaire et ne s’opposent ni au commencement ni à la continuation des débats après
leur prononcé.

8- Mineurs :
Devant toutes les juridictions pour mineurs, l’enquête, les débats et le jugement
prononcé ont lieu à huit clos. Seuls sont admis à assister à l’enquête et aux débats, les
témoins, les proches parents, le tuteur, la personne ayant la garde du mineur, les
avocats, les délégués à la liberté surveillée, la partie civile.

9- Récusation :
Cas de récusation prévus par la loi :Tout magistrat du siège peut être récusé si : cas
où le juge ou son conjoint a un intérêt personnel, direct ou indirect au jugement de
l’affaire, lien de parenté ou d’alliance jusqu’au degré de cousins germains, instance en
cours ou terminée depuis moins de 2 ans opposant l’une des parties et le magistrat ou
leurs proches parents, rapports de créancier à débiteur, lien de subordination, amitié
ou inimitié notoire, magistrat, auteur de la plainte ou représentant légal de l’une des
parties ou son conseiller.

Demandeurs de la récusation : Magistrat qui se trouve dans l’une des causes de


récusation qui est tenu d’en faire la déclaration au premier président de la C.C. ou au
premier président de la CA, l’inculpé, le civilement responsable et la partie civile.

II- LES JURIDICTIONS DE JUGEMENT

A- LES JURIDICTIONS DE DROIT COMMUN

1- Juridictions de proximités : Voir Bulletin officiel en annexe

2- Tribunal de première instance :


Compétence : Les infractions qualifiées de délits ou de contraventions sauf les
contraventions relevant de la compétence des juridictions communales et
d’arrondissement dont le maximum de l’amende est fixé à 800dh.

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Composition : 3 magistrats dont un président, le parquet est composé d’un procureur
du Roi, de substituts et d’un secrétariat et un secrétariat-greffe. Juge unique lorsque
l’infraction est punissable d’une amende simple ou d’une peine d’emprisonnement
dont le maximum prévu par la loi est égal ou inférieur à 2 ans et le cas spécifique des
ordonnances contraventionnelles où le juge statue sur la base d’un procès verbal
chaque fois que l’amende ne dépasse pas 5000 dirhams.

Compétence territoriale :
Si contraventions : tribunal du lieu de la commission de l’infraction.
Si délits : juridiction du lieu de la commission de l’infraction, soit celle de la
résidence de l’auteur (de l’un des auteurs, coauteurs ou complices), soit celle du lieu
de leur arrestation même pour un autre motif.
Pour les mineurs : juridiction du lieu de commission de l’infraction, du lieu de
résidence du mineur ou de ceux ayant autorité sur lui (parents, tuteur, moqaddem,
kafil, hadine), du lieu où le mineur a été retrouvé ou du lieu où le mineur a été déposé
ou gardé d’une façon provisoire ou définitive.

Saisine du TPI : Opposition à l’ordonnance du juge en matière contraventionnelle,


citation directe, notification faite par un auxiliaire de l’administration dans les cas où
celle-ci a le droit d’actionner l’action publique, renvoi du JI ou d’une juridiction de
jugement, comparution immédiate en cas de flagrant délit et renvoi du ministère
public sur déclaration du contrevenant ou du responsable des droits civils dans les cas
d’un ordre exécutoire.

Procédure : Les audiences sont publiques sauf si le huis clos est décidé pour des
considérations d’ordre public tel l’infraction qui touche la sécurité de l’état, les mœurs
ou la morale publique.

Débats : Sont oraux et la présence du représentant du Parquet est toujours obligatoire


à l’audience.

Voies de recours : Opposition devant le même tribunal en cas de jugement par défaut
ou appel devant la Chambre délictuelle d’appel.

Loi sur le terrorisme : L’article 7 de la loi n°03.03 du 28 mai 2003 relative à la lutte
contre le terrorisme a attribué une compétence exclusive à la CA de Rabat pour
poursuivre, instruire et juger les infractions terroristes.

Loi sur la suppression de la cour spéciale de justice : La loi n°79.03 promulguée


par le dahir du 15 septembre 2004 a conduit à la suppression de la Cour spéciale de
justice qui était chargée de la répression des crimes de corruption, détournement,
concussion, trafic d’influence, commis par les fonctionnaire publics et les magistrats.
Les attributions de la défunte juridiction ont été transférées aux C.A. et aux T.P.I.

Juge des mineurs :


Compétence : contravention n’étant pas de la compétence des juridictions
communales et d’arrondissement ou un délit dont la peine d’emprisonnement prévue
est inférieure ou égale à 2 ans. En matière de contravention, le juge peut se contenter
de blâmer le mineur âgé de douze à dix huit ans. Pour le mineur de moins de douze
ans, il ne peut que le remettre à ceux ayant autorité sur lui. Le juge peut effectuer une

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enquête sociale approfondie sur la situation sociale et matérielle du mineur et il peut
demander un examen médical, psychiatrique et psychologique et ordonner toutes
mesures qu’il estime utile.
Composition : juge des mineurs près le TPI (nommés pour 3 ans renouvelables par
arrêté du ministre de la justice sur proposition du président du TPI), un représentant
du MP avec l’assistance d’un greffier.
Voies de recours : Les jugements sont susceptibles d’appel devant la chambre
correctionnelle des mineurs près la CA.

Chambre des mineurs :


Compétence : Délits punissables d’un emprisonnement d’une durée supérieure à 2
ans.
Composition : Un juge des mineurs président, 2 magistrats, un représentant du MP (1
ou plusieurs magistrats du Parquet sont spécialement chargés par le procureur du Roi
des affaires concernant les mineurs) et un greffier.
Procédure : Les débats ont lieu à huis clos, le mineur doit comparaître en personne
assisté de son représentant légal et de son avocat. L’affaire du mineur est séparée de
celle de ses co-participants adultes.
Voies de recours : Ses jugements sont susceptibles d’appel devant la chambre
correctionnelle près la CA.

3- COUR D’APPEL
Chambre correctionnelle de la cour d’appel :
Compétence : demandes de libération provisoire et des mesures de mise sous
contrôle judiciaire, demandes d’annulation des actes d’instruction, appels contre les
ordonnances du JI et manquements attribués à un OPJ dans l’exercice de ses
fonctions.

Chambre délictuelle d’appel :


Compétence : Appels interjetés contre les jugements rendus en 1er ressort par le TPI.
Composition : 1 président, 2 conseillers, un représentant du MP et 1 secrétariat
greffier.
Voies de recours : Ses décisions peuvent faire l’objet d’un pourvoi en cassation

Chambre criminelle de la CA :
Composition : 1 président (parmi les présidents de chambre), 2 conseillers, 1
représentant du Parquet et un greffier. La Chambre criminelle peut s’adjoindre un ou
plusieurs conseillers désignés par le premier président de la CA pour les affaires qui
requièrent de longs débats.
Compétence matérielle : Connaît en 1er ressort des infractions qualifiées « crimes »
ainsi que les infractions qui en sont indivisibles ou qui sont connexes aux crimes.
Procédure : Les audiences sont publiques, les débats sont oraux et contradictoires.
Voies de recours : Les arrêts rendus peuvent faire l’objet d’un appel devant la
Chambre criminelle d’appel.

Chambre criminelle d’appel :


Demandeurs : L’inculpé, le ministère public, la partie civile et le civilement
responsable. L’appel est porté devant la Chambre criminelle d’appel auprès de la
même cour d’appel.

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Composition : 1 président de chambre, 4 conseillers n’ayant pas participé au
jugement de l’affaire en premier ressort, un représentant du Parquet général et un
greffier.
Procédure : Les audiences sont publiques, les débats sont oraux et contradictoires.
Voies de recours : Les arrêts rendus ne peuvent être attaqués qu’en moyen d’un
pourvoi en cassation devant la CC.

Chambre correctionnelle d’appel des mineurs :


Composition : 1 représentant du Parquet, 1 conseiller chargé des mineurs président et
2 conseillers, un greffier.
Compétence : les décisions rendues par TPI et par la chambre des mineurs près le
TPI.
Voies de recours : Peuvent faire l’objet d’un pourvoi en cassation devant la CC par le
mineur, son représentant légal, la partie civile, ou le civilement responsable.

Chambre criminelle des mineurs près la CA :


Compétence : crimes commis par des mineurs.
Composition : un conseiller chargé des mineurs président et 4 conseillers.
Procédure : siègent à huis clos en présence d’un représentant du Parquet et avec
l’assistance d’un greffier.
Voies de recours : ses décisions sont susceptibles d’appel devant la Chambre
criminelle d’appel des mineurs.

Chambre criminelle d’appel des mineurs :


Composition : 5 magistrats (un conseiller chargé des mineurs président et 4
conseillers assesseurs nommés comme conseillers chargés des mineurs par arrêté du
ministre de la justice pour une période de 3 ans renouvelable), un représentant du
Parquet (un ou plusieurs magistrats du Parquet sont spécialement chargés des affaires
concernant les mineurs par le procureur général du Roi), un greffier.
Voies de recours : Peuvent faire l’objet d’un pourvoi en cassation devant la CC par le
mineur, son représentant légal, la partie civile, ou le civilement responsable.

4- LA CHAMBRE CRIMINELLE DE LA COUR DE CASSATION


Réglementation : est régit par le Dahir n°1.11.70 du 25 octobre 2011 approuvant loi
n°58.11 concernant la Cour de Cassation modifiant le Dahir du 27 septembre
concernant l’organisation de la Cour suprême publié au bulletin officiel du 26 octobre
2011.

Composition : Un premier président, 5 présidents de chambres, un procureur général


du Roi assisté d’avocats généraux, un greffier. Toute chambre peut valablement
instruire et juger une affaire quelle que soit sa nature.

Saisine : Renvoi du JI ou renvoi du Parquet en cas de crime ne nécessitant pas une


instruction ou renvoi par la chambre correctionnelle quand elle annule l’ordonnance
du JI de ne pas poursuivre.

Compétence : Pourvoi en cassation et pourvoi en révision contre des décisions


rendues soit par des juridictions de droit commun soit par des tribunaux d’exception.

B- LES JURIDICTIONS SPECIALES

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1- LES TRIBUNAUX MILITAIRES
Réglementation : Instituées depuis 1956 par le code de justice militaire (dahir du 10
novembre 1956 tel que remanié par la loi du 26 juillet 1971 et une loi du 12 février
1996).

Particularité : La victime n’a pas la possibilité de se constituer partie civile devant la


justice militaire, il y a exclusion du double degré de juridiction mais les pourvois en
cassation et en révision sont possibles.

Tribunal permanent des FAR :


Définition : C’est une juridiction unique compétente en temps de paix pour
l’ensemble du pays, elle siège normalement à Rabat mais peut siéger en tout autre
lieu. Elle n’est pas admise à statuer sur l’action civile laquelle peut être portée devant
la juridiction civile, ses jugements ne peuvent faire l’objet que d’un pourvoi en
cassation devant la C.C.

Composition : En cas de délits et contraventions : 1 magistrat civil président et 2


assesseurs militaires choisis en fonction du grade de l’inculpé. En cas de crimes : 1
président magistrat de carrière et 4 assesseurs militaires également choisis en fonction
du grade de l’accusé. Si l’inculpé a le grade de général ou de colonel, le tribunal
comprend le président, magistrat de 1er grade, au moins 2 officiers du rang le plus
élevé et 2 conseillers de la CA dans le ressort de laquelle siége la formation. Le
tribunal comprend aussi 1 commissaire du gouvernement qui est un officier de justice
militaire qui fait office du MP, un JI également officier de justice militaire et un
greffier cadre militaire.

Compétence matérielle : concerne toutes les infractions commises par les militaires
et les cadres de l’armée qu’il s’agisse d’infractions purement militaires telles que la
désertion, la rébellion, détournement des effets militaires ou sous certaines conditions
d’infractions de droit commun, des infractions qualifiées crimes commises par des
civils au préjudice des membres des FAR dans lesquels 1 ou plusieurs membres des
FAR sont coauteurs ou complices et des infractions commises par des civils ou des
militaires contre la sûreté extérieure de l’état.

Tribunaux militaires aux armées :


Définition : Ne fonctionnent qu’en temps de guerre et peuvent être établis auprès du
quartier général de division des FAR.

Composition : Obéissent presque aux mêmes règles du tribunal militaire permanent.


La présidence est assurée non par un magistrat civil mais par un officier de l’armée.

Compétence : Juger les infractions lorsqu’elles sont commises par des militaires
jusqu’au grade de lieutenant colonel.

Tribunal militaire permanent : Reste compétent pour juger les militaires de grade
supérieur

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LES VOIES DE RECOURS

Les décisions des juridictions communales et d’arrondissement ne peuvent faire


l’objet ni d’une voie de recours ordinaire ni d’une voie de recours extraordinaire.

I- LES VOIES DE RECOURS ORDINAIRES


Il s’agit de l’opposition qui est une voie de recours qui s’exerce devant la juridiction
qui a rendu le jugement et de l’appel qui se passe devant une juridiction d’un degré
supérieur.

A- L’APPEL
Définition : Retarde l’autorité de la chose jugée. Passé le délai d’interjeter appel, un
extrait du jugement est établi par le greffier et transmis au procureur qui en assure
l’exécution.

Mission : La C.A. est appelée à reprendre l’examen de l’ensemble du dossier avec les
questions de droit et les questions de fait. C’est une grande différence avec le pourvoi
en cassation, le rôle de la C.C. se limitant à l’examen des questions de droit.

Compétence :
En matière de contravention : l’appel n’est recevable que si la peine est privative de
liberté, sinon il n’est susceptible que de cassation.
L’appel des jugements des tribunaux de première instance : est porté devant la
chambre correctionnelle d’appel de la cour d’appel.
En matière correctionnelle comme en matière de police : la juridiction d’appel peut
ordonner le dépôt ou l’arrestation du prévenu (mandat) sur réquisition du ministère
public.
Demandeurs : Si l’appel émane de l’inculpé seul, la juridiction d’appel ne peut
aggraver la peine prononcée à son encontre. L’appel de la partie civile et du
civilement responsable ne peut concerner que les intérêts civils est sans effet sur la
condamnation pénale.
Recours : Une fois la décision rendue, le président doit informer la partie défavorisée
par la décision qu’elle a un délai de 10 jours pour se pourvoir en cassation.

B- L’OPPOSITION
Définition : C’est une voie de recours qui est ouverte à l’encontre des jugements par
défaut rendus en l’absence du prévenu, l’opposition se fera par simple déclaration au
greffe dans les 10 jours de la notification du jugement.

Demandeurs : Peuvent faire opposition contre les décisions judiciaires, les parties
pour lesquelles est établie la non connaissance de la citation ou celles qui invoquent
une excuse valable à leur absence à savoir le prévenu, la partie civile et le civilement
responsable.

Conséquences : Le délai d’opposition est suspensif de l’exécution du jugement,


l’opposition formée par le prévenu met à néant le jugement rendu par défaut même en
celles de ses dispositions qui auraient statué sur la demande de la partie civile.

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Partie civile : L’opposition émanant de la partie civile ou du civilement responsable
ne vaut que pour ce qui concerne leurs intérêts civils et lorsque le jugement est mis a
néant, la juridiction de nouveau saisie, bénéficie en conséquence d’un total pouvoir
d’appréciation pour statuer comme il lui apparaît opportun.

Compétence : Ne concerne que les délits et les contraventions et seulement dans la


mesure où le prévenu a été condamné à une peine (article 393 du CPP). Celui qui a
fait l’objet d’une décision d’acquittement n’est pas admis à faire opposition.
L’opposition est portée devant le même tribunal qui a rendu le jugement par défaut.

C- LA PURGE DE LA CONTUMACE :
Survient lorsque le contumax est retrouvé avant que la peine à laquelle il a été
condamné n’ait été prescrite. Dans ce cas, l’arrêt de condamnation est anéanti de plein
droit et l’affaire est rejugée selon la procédure criminelle ordinaire (article 509 du
CPP).

II- LES VOIES DE RECOURS EXTRAORDINAIRES


La réforme de 2002 a introduit de nouveaux recours, il s’agit de la rétractation et de la
rectification des arrêts.

A- LE POURVOI EN CASSATION
Objet : Vérification de la correcte application de la loi et contrôle de la qualification
juridique donnée aux faits ayant servi de fondement à la poursuite pénale.

Demandeurs : Le MP dans l’intérêt de la société, ou par les autres parties à l’instance


dans leur intérêt propre.

Compétence : Tous jugements, arrêts et ordonnances définitifs sur le fond peuvent


être frappés d’un pourvoi en cassation (TPI, CA, Tribunal militaire) en violation des
formes substantielles de procédure, pour excès de pouvoir, incompétence, violation de
la loi, ou manque de base légale ou défaut de motifs.

1- Pourvoi dans l’intérêt des parties :


Demandeurs : Le MP ou les parties privées afin d’obtenir l’annulation d’une décision
de justice rendue en dernier ressort.

Limites : La partie civile ne peut se pourvoir contre un arrêt de non lieu si cet arrêt ait
refusé son intervention ou a oublié de statuer sur un chef d’inculpation.

Réforme : Permettre un recours en cassation contre les décisions d’acquittement ou


d’exemption.

Renvoi : Si la décision est cassée par la C.C., la cour renvoie le procès et les parties
devant la même juridiction mais autrement composée. Elle peut les renvoyer devant
une autre juridiction de même nature et de même degré que celle dont la décision a été
attaquée et ceci à titre exceptionnel. La C.C. est obligée de renvoyer devant une autre
juridiction lorsque la cassation ne touche que les intérêts civils. L’accusé détenu dont
la décision a été cassée reste détenu préventivement jusqu’à la décision de la
juridiction de renvoi. Lorsqu’il y a renvoi, la juridiction de renvoi doit se conformer à
la décision de la C.C. notamment sur le point de droit jugé par ladite cour.

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2- Pourvoi dans l’intérêt de la loi :
Demandeurs : Pourvoi formé d’office par le Procureur général du Roi près la CC
lorsqu’il apprend qu’une décision en dernier ressort a été rendue en violation de la loi
et qu’aucune des parties ne s’est pourvue en cassation dans le délai prescrit. De même
pourvoi formé par le Procureur général près la C.C. sur ordre du Ministre de la justice
sans aucune contrainte de délai afin d’obtenir l’annulation d’un acte judiciaire, arrêt
ou jugement en violation de la loi ou des formes substantielles de la procédure.

S’il y a cassation : Les parties ne peuvent s’en prévaloir pour éluder les dispositions
de la décision cassée ou s’opposer à son exécution, celle-ci ayant acquis force de la
chose jugée. Les tiers peuvent s’en prévaloir pour défendre leurs droits mais devant la
juridiction civile qui n’a à considérer que l’arrêt de cassation et non la décision
annulée. S’agissant du pourvoi sur ordre du ministre de la justice, l’annulation
lorsqu’elle se produit peut profiter au condamné sans préjudice à ses intérêts et sans
avoir d’effet sur les intérêts civils.

B- LE POURVOI EN REVISION
Est ouvert pour la réparation d’une erreur de fait commise par les juridictions
inférieures au détriment d’une personne condamnée pour un crime ou un délit et n’est
recevable que si toutes les autres voies de recours sont fermées.

1- Pourvoi de révision des juridictions inférieures :


Cas où il est prouvé que la victime d’un homicide est encore vivante suite à des pièces
ou preuves contenant des indices ou des présomptions suffisantes de cette survie,
existence de deux condamnations successives contradictoires à propos d’un même fait
et de deux accusés différents (au moins), condamnation postérieure d’un témoin à
charge pour faux témoignage contre l’accusé ou le prévenu ou réalisation d’un fait ou
son apparition ou la production de pièces nouvelles de nature à établir la vérité et à
innocenter le condamné.

Demandeurs : Le Ministre de la justice, le condamné, son représentant légal, son


conjoint, ses enfants, ses parents, ses légataires ou son mandataire spécifique. Le
pourvoi en révision n’obéit à aucune condition de délai.

Suspension : Le pourvoi en révision produit de plein droit l’effet suspensif pour les
condamnations non encore exécutées. Lorsque l’exécution d’une peine privative de
liberté est en cours, sa suspension peut intervenir sur ordre du ministre de la justice
jusqu’à l’intervention de la décision de la C.C.

Résultat : La chambre criminelle rend soit un arrêt de rejet, soit un arrêt d’annulation.
En cas d’innocence du condamné, des dommages intérêts peuvent lui être alloués par
l’Etat, et en cas de décès, ils pourront être alloués à son conjoint, à ses descendants et
ascendants. L’arrêt innocentant le condamné est affiché dans la ville où a été
prononcée la condamnation, dans celle du siège de la juridiction de révision, dans la
localité des lieux du crime ou du délit, dans celle des demandeurs en révision et du
dernier domicile de la victime de la victime judiciaire si celle-ci est décédée entre
temps. Dans le cas de décès de l’injustement condamné, l’arrêt d’innocence est inséré
automatiquement au bulletin officiel et le demandeur de la révision choisit sa
publication dans 5 journaux s’il le demande. Tous ces frais sont à la charge de l’Etat.

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2- Pourvoi en révision des décisions de la C.C. elle-même :
Concerne les arrêts rendus en se basant sur des documents reconnus par déclaration
ou aveu comme falsifiés ou pour corriger des erreurs matérielles en partant des
éléments même des décisions ou si l’arrêt omet de statuer sur une demande ou en cas
de non motivation de l’arrêt de la C.C ou s’il s’agit d’un arrêt de refus d’accepter le
recours ou le déclarant s’est basé sur des documents officiels mais qui apparaissent
par la suite comme non valides au regard des documents officiels nouveaux.

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BIBIOGRAPHIE

- AMZAZI (M): « Précis de droit criminel », Publications


A.P.R.E.J., Imprimerie El Maârif Al Jadida, Rabat 1994

- BEZIZ-AYACHE (A): « Dictionnaire de droit pénal général et


procédure pénale », Ellipses Paris 2001

- BLANC (P.F): « Le droit pénal marocain », Sochepress Rabat


1984

- BOULOC (B), LEVASSEUR (G), STEFANI (G) : « Procédure


pénale », Dalloz Paris 1996

- BOUSSETTA (M): « Principes élémentaires de la procédure


pénale marocaine », Imprimerie Al Watanya, Marrakech 2006

- ESSAID (M.J): « Le procès équitable dans le code de procédure


pénale de 2002 », Collection Réforme du Droit et développement
socio-économique Volume N°1, ouvrage publié avec le concours de
l’Ambassade de France à Rabat, 2008

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