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Direction des routes

Service expertise

ETUDE DES MURS DE SOUTENEMENT EN


MACONNERIE DE PIERRES SECHES

B. Villemus
INTRODUCTION
• Maçonnerie sans liant.
• Règles de l’art essentielles.
• Technique ancestrale répandue à travers le monde.
• Régions démunies : mise en œuvre sans eau ni ciment
• Europe méditerranéenne :
- préservation du patrimoine, de l’environnement, des
paysages ...
- absence de cadre technique suffisant pour établir des
documents reconnus
⇒ Connaissance scientifique nécessaire
QUELQUES DISPOSITIONS TECHNIQUES
PLAN DE LA DEMARCHE

Etude théorique de la stabilité


I - Stabilité externe
• Le mur en pierre sèche doit se comporter comme un
monolithe
⇒ Utilisation du cadre des murs poids
II - Stabilité interne
• Conditions pour garantir le quasi-monolithisme du mur
⇒ Coefficients de stabilité interne

Etude expérimentale
III - Essais en laboratoire
• Trois niveaux :

- pierres
- interfaces
- maçonnerie elle-même (simplifiée)
⇒ Résultats expérimentaux
IV - Essais sur murs d’échelle 1 en calcaire
• Validation du modèle

V - Essais sur mur d’échelle 1 en schiste


• Pierres plus élancées, mur plus régulier
• Vérification et enrichissement des résultats
Etude théorique de la stabilité
I - STABILITE EXTERNE
1 - Hypothèses
mur coin de rupture de
γM Coulomb
remblai
H R ϕR
γR
V

M O

• Fondations rigides.
• Problème plan (transversalement au mur).
• Cadre des murs-poids pour un mur monolithe (faibles
déplacements).
• Torseur M,V et H des efforts en O (milieu de la base)
- R : résultante
- V : composante verticale
- H : composante horizontale
- M : moment résultant 
• Excentricité par rapport à O : e=M/V
I - STABILITE EXTERNE
2 - Stabilité au renversement

• Excentricité relative : k =excentricité/Base


• Règle du « tiers central » : k < 1/6
• Fondation rigide : k < 1/4
• Rupture certaine : k > 1/2

R R

O k=1/2 k=1/4
e=B/6 O

B B
II - STABILITE INTERNE
1 - Problématique

O
e=B/2

• Limites du comportement quasi-monolithique du


mur
• Modes probables de rupture interne découplés :
glissement interne
renversement interne
• Coefficients de stabilité correspondants
II - STABILITE INTERNE
3 - Glissement interne

sens
positif

y=0

V
chargement

H H (cM=0)
V H=V.tan(ϕM)

α
Θ=ω-α
ω
ω
y
y α=0

V(y,ω ).tan(ϕ M − ω )
Fg(y,ω )=
H(y,ω )
• Glissement selon la stratification ?
• Cinématique enrichie : glissement potentiel incliné de ω
∀ ω peut s’expliquer par l’existence de Θ (rotation locale)
• Fg ne prend pas en compte la perturbation géométrique
• Rupture certaine pour : Fg (y, ω) < 1
III - ESSAIS DE LABORATOIRE
2 - Essais de cisaillement
b - Essais de cisaillement inter-lits

V
H

V u

H V ⇔ hauteur du mur
H ⇔ poussée du remblai
u ⇔ déplacement horizontal
du lit de pierre soumis à
V et H
IV - ESSAIS DE CHARGEMENT DE MURS EN
TAILLE REELLE (CALCAIRE)

1 - Mise au point
a - Principe
• Collaboration entre maçons, associations, collectivités
territoriales, ministères.
• Construction des murs selon les règles de l’art avec la
pierre calcaire de St-Gens.
• Chargement par pression d’eau (distribution connue).
• Instrumentation : capteurs et stéréophotogrammétrie.

b - Objectifs
• Faire varier la géométrie des murs
• Faire varier l’inclinaison des lits de pierres
2 - Construction des murs et caractéristiques

b=1,2m

f1=15%
h=4m

b=0,6m b=0,9m b=0,65m

f1=15% f1=12%
h=2m
mur 1 mur 2 mur 3 mur 4

α=0 α=0 α=0 α=-4,5°


mur 1 mur 2 mur 3 mur 4

longueur (m) 2 2 3 2
épaisseur B en pied (m) 0,9 0,9 1,8 0,9
pierres : γS (kN/m3) 21,0 21,0 21,0 21,0
γM (kN/m3) 15,4 15,0 15,7 16,0
vides 25% 27% 24% 23%
indice des vides e 0,33 0,37 0,32 0,30
remarques pierres humides pierres humides
3 - Chaîne de mesure
a - Principe

Voie 11

déplacement
horizontal u
Voie 10, h10=360cm

Voie 9, h9=238,5cm
hauteur
d’eau hw
mur en
pierres Voie 8, h8=146,5cm
sèches
« mur 3 » 
Voie 7, h7=75,5cm

Voie 6, h6=55,5cm

Voie 5, h5=38cm

Voie 4, h4=21cm

Voie 0 Voie 1 Voie 2 Voie 3 alimentation +10V


continu

pont de jauge

acquisition avec
ESAM
4 - Résultats bruts de la stéréophotogrammétrie
d - Evolution du profil du parement externe
380

360

340
position verticale y des cibles de mesures par rapport à la fondation (cm)

320

300

280

260

240

220

200

180 initial
160
k=0,1
140

k=1/6
120

100 k=0,25

80
k=0,29
60

40

20

0
0 20 40 60 80 100 120 140 160 180 200
position horizontalex / à l'arrière du mur (cm)
f - Etude des mesures stéréophotogrammétriques
6 - Bilan de la mesure cinématique du mur 3

a - Méthode expérimentale
• Faibles déplacements : mesures par capteur et par
stéréophotogrammétrie identiques.
• Grands déplacements : 15% de différence et
conservation de l’allure de la déformée.
⇒ méthodes complémentaires et fiables

b - Résultats
• Domaine de comportement quasi-monolithique
(pour k<1/4)
• Rupture par glissement interne qui ne coïncide
pas avec la stratification : ω=11,5° (α=0°)
- non visible sur les modèles réduits
- explicable par l ’existence d’une rotation
locale: Θ=ω-α
V - ESSAIS DE CHARGEMENT DE MURS EN
TAILLE REELLE (SCHISTE)

1 - Principe
• Continuité de la campagne expérimentale précédente
• Construction des murs selon les règles de l’art avec le
schiste de « Galta »

2 - Objectifs
• Vérifier les résultats déjà obtenus pour une maçonnerie
différente :
- pierres plus élancées, moins résistantes, moins
frottantes
- maçonnerie plus régulière
• Enrichir les données expérimentales
3 - Construction du mur et caractéristiques
b=1,16m
b=1,2m

f1=15% f1=15%

h=4m h=4,25m

mur 3 mur 5

α=0° α=-8,5°

mur 3 mur 5

longueur (m) 3 2
épaisseur B en pied (m) 1,8 0,9
pierres : γS (kN/m3) 21,0 26,5

γM (kN/m3) 15,7 18,0


vides 24% 32%
indice des vides e 0,32 0,47
assises α=0° α=-8,5°
b - Evolution du profil du parement externe
425 425

capteurs
400 400
(milieu de la
face avant)
375 375

350 350
mesure
manuelle (côté
325 325 droit face
arrière)
300 300

mesure
275 275 manuelle (côté
gauche face
arrière)
250 250

225 225
y (cm)
y (cm)

200 200

175 175

150 150

125 125

état initial
100 100

kr=0,1
75 75

kr=0.173
50 50
kr=0,261
25 25
kr=0,301
(état final)
0 0
100 125 150 175 200 0 60 120 180 240 300
x (cm) u (mm) à l'état final
c - Stéréophotogrammétrie
e - Etude des mesures stéréophotogrammétriques
5 - Comparaison du modèle avec l’expérience pour le
mur 5
a - Calculs
chargement limite : hw= 3,62m premier plan de deuxième plan de
glissement glissement
assises : α = - 8,5°
glissement interne oui oui
renversement non non
k 0,31 0,31
Fr(h,0) 1,50 1,50
Fg(h- 0.1, α) 1,21 1,21
hauteur/fondation hg=15cm hg=30cm
angle d’inclinaison/horizontale ω=0° ω=2,5°
Fg(h-hg, α) 0,99 0,96
Θ= ω - α Θ=8,5° Θ=11°
Θ des murs en calcaire Θ=10,5° Θ=11° (théorique)
(mur 3 et 4) (mur 1 et 2)

b - Résultats
• Adéquation des coefficients de stabilité
• Le glissement interne ne coïncide pas avec la
stratification
• L’interprétation donne une rotation locale de même
ordre de grandeur que pour les murs calcaires
CONCLUSION
a - Modèle de calcul
• Rustique, basé sur le calcul des murs poids
• Conditions de stabilité interne spécifiques :
- renversement
- glissement incliné de ω (différent de la stratification)

b - Expérience
• Adéquation des coefficients de stabilité du modèle
• Plan de glissement interne différent de la stratification
⇒ nécessité de prendre en compte l’inclinaison ω du
glissement potentiel
- ω non prévisible a priori mais limité par la technologie
constructive (boutisses, …)
- interprétation : Θ = ω-α ≈10°
• Méthode expérimentale:
- mesure des déplacements fiable et complémentaire
(stéréo – capteurs)
- mesure des forces cohérente (efforts globaux)
- distribution différente de l’hypothèse classique

c - Perspectives
• Analogie avec les matériaux granulaires (anisotropie et
forte densité)
• Prédiction de ω

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