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La Revue Sage-Femme (2019) 18, 30—51

Disponible en ligne sur

ScienceDirect
www.sciencedirect.com

RECOMMANDATIONS POUR LA PRATIQUE CLINIQUE

Republication de : Contraception :
Recommandations pour la Pratique Clinique
du CNGOF (texte court)夽
Reprint of: Contraception: CNGOF Guidelines for Clinical Practice (Short
Version)

N. Chabbert-Buffeta,∗,b, H. Marretc, A. Agostinid,


C. Cardinaled, N. Hamdaouid, D. Hassoune,
A.P. Jonville-Beraf, M. Lambertg, T. Lineth,
C. Pienkowskii, G. Plu-Bureauj,k,l, D. Pragoutm,
G. Robinn,o, C. Rousset-Jablonskip,q, M. Schefflerr,
F. Vidals, S. Vigoureuxt,u,v, B. Hédonw

a
Service de gynécologie-obstétrique et médecine de la reproduction, hôpitaux universitaires
Est parisien, hôpital Tenon, Assistance publique des hôpitaux de Paris (AP-HP), 4, rue de la
Chine, 75020 Paris, France
b
UMRS 938, Inserm Sorbonne université, 75012 Paris, France
c
Service de chirurgie pelvienne gynécologique et oncologique, centre hospitalier
universitaire de Bretonneau, pôle de gynécologie-obstétrique, 2, boulevard Tonnellé, 37044
Tours cedex 1, France
d
Service de gynécologie-obstétrique, hôpital de la Conception, boulevard Baille, 13005
Marseille, France
e
38, rue Turenne, 75003 Paris, France
f
Centre régional de pharmacovigilance, centre Val-de-Loire, CHRU de Tours, 37044 Tours
cedex, France
g
Service de gynécologie et de médecine de la reproduction, centre Aliénor d’Aquitaine, CHU
de Bordeaux, place Amélie Raba-Léon, 33076 Bordeaux cedex, France
h
Service de gynécologie-obstétrique, centre hospitalier de Loire-Vendée-Océan, 85302
Challans, France

Disponible sur Internet le 11 février 2019

DOI de l’article original : https://doi.org/10.1016/j.gofs.2018.10.012.


夽 Cet article a fait l’objet d’une première publication dans Gynécologie obstétrique fertilité & sénologie 2018;46(12):760—76.
https://doi.org/10.1016/j.gofs.2018.10.012.
∗ Auteur correspondant.

Adresse e-mail : nathalie.chabbert-buffet@aphp.fr (N. Chabbert-Buffet).

https://doi.org/10.1016/j.sagf.2019.01.004
1637-4088/© 2019 Publié par Elsevier Masson SAS.
Republication de : Contraception : Recommandations pour la Pratique Clinique du CNGOF (texte court) 31

i
Unité d’endocrinologie et de gynécologie médicale, TSA 70034, centre de référence de
pathologies gynécologiques rares (PGR Toulouse), hôpital des Enfants, CHU de Toulouse,
31000 Toulouse, France
j
Unité de gynécologie endocrinienne, hôpital Port-Royal, 53, avenue de l’Observatoire,
75679 Paris, France
k
Université Paris Descartes, 75005 Paris, France
l
Inserm UMR 1153, Obstetrical, perinatal and paediatric epidemiology research team (Épopé),
Centre for epidemiology and statistics Sorbonne Paris Cité (CRESS), 75005 Paris, France
m
Unité d’orthogénie, service de gynécologie-obstétrique, CHRU de Tours, 2, boulevard
Tonnellé, 37044 Tours, France
n
Centre d’assistance médicale à la procréation et de préservation de la fertilité, centre
hospitalier universitaire de Lille, hôpital Jeanne de Flandre, 59000 Lille, France
o
EA 4308, gamétogenèse et qualité du gamète, centre hospitalier universitaire de Lille,
59000 Lille, France
p
Centre Léon-Bérard, 28, rue Laënnec, 69008 Lyon, France
q
Centre hospitalier de Lyon Sud, 165, chemin du Grand-Revoyet, 69310 Pierre-Bénite, France
r
Service de gynécologie, CHU, 10, rue du Dr-Heydenreich, 54000 Nancy, France
s
CHU de Purpan, hôpital Paule-de-Viguier, pôle femme-mère-couple, 330, avenue
Grande-Bretagne, 31059 Toulouse, France
t
Service de gynécologie-obstétrique, hôpital Bicêtre, Assistance publique des Hôpitaux de
Paris (AP-HP), 94276 Le Kremlin-Bicêtre, France
u
Faculté de médecine Paris-Sud, université Paris-Sud, 94276 Le Kremlin-Bicêtre, France
v
U1018, Inserm, reproduction and child development, Centre for research in epidemiology
and population health (CESP), 94805 Villejuif, France
w
Département de gynécologie-obstétrique, faculté de médecine université de Montpellier
(France), centre hospitalier universitaire Arnaud-de-Villeneuve, 34000 Montpellier, France

MOTS CLÉS Résumé Ces Recommandations pour la pratique clinique en contraception sont les premières
Contraception ; promues par le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF), afin d’aider
Information ; le praticien à prendre une décision médicale en lui fournissant une synthèse des données scien-
Adolescente ; tifiques existantes sur le sujet. La méthodologie de la Haute Autorité de santé (HAS) a été
Risque vasculaire ; adoptée. Douze questions pratiques ont été sélectionnées par le comité d’organisation et le
Cancer ; groupe de travail. La littérature a été analysée jusqu’en décembre 2017, des recommandations
DIU basées sur le niveau de preuve ont été proposées affectées d’un grade. Les textes longs, dont
cette synthèse est issue, ont été relus par des experts en contraception et des praticiens du
secteur privé ou public, ayant une activité en contraception. Des recommandations pratiques
sont ainsi proposées pour la conduite de la consultation de contraception, l’information sur les
méthodes contraceptives, leurs risques et bénéfices non contraceptifs, la gestion de la contra-
ception hormonale en pratique, la contraception intra-utérine, la contraception d’urgence,
les méthodes locales et naturelles, la contraception chez les adolescentes, après 40 ans, en
situation à risque vasculaire ou carcinologique. La contraception définitive et l’emploi pour
la contraception de molécules ne disposant pas d’une autorisation de mise sur le marché ont
été exclus du champ de ces recommandations. L’avenir de la contraception à court et moyen
terme tel qu’il peut être anticipé aujourd’hui, passe avant tout par le bon usage des moyens
dont nous disposons aujourd’hui, l’information des femmes et l’amélioration de l’accès aux
contraceptions pour toutes les femmes. C’est l’objectif poursuivi par ces recommandations de
pratique clinique du CNGOF.
© 2019 Publié par Elsevier Masson SAS.

KEYWORDS Abstract The French College of Obstetrics and Gynecology (CNGOF) releases its first global
Contraception; recommendations for clinical practice in contraception, to provide physicians with an updated
Information; synthesis of available data as a basis for their practice. The French Health Authority (HAS)
Teenager; methodology was used. Twelve practical issues were selected by the organizing committee and
Vascular risk; the task force members. The available literature was screened until December 2017, and allo-
wed the release of evidence-based, graded recommendations. This synthesis is issued from 12
32 N. Chabbert-Buffet, H. Marret, A. Agostini, et al.

Cancer; developed texts, previously reviewed by experts and physicians from public and private prac-
IUD tices, with an experience in the contraceptive field. Male and female sterilization, as well as the
use of hormonal treatments without contraceptive label were excluded from the field of this
analysis. Specific practical recommendations on the management of contraception prescrip-
tion, patient information including efficacy, risks, and benefits of the different contraception
methods, follow up, intrauterine contraception, emergency contraception, local and natural
methods, contraception in teenagers and after 40, contraception in vascular high-risk situa-
tions, and in case of cancer risk are provided. The short/mid-term future of contraception
mostly relies on improving the use of currently available methods. This includes reinforced
information for users and increased access to contraception for women, whatever the social
and clinical context. That is the goal of these recommendations.
© 2019 Published by Elsevier Masson SAS.

1. Introduction
Les recommandations françaises de prescription de la
contraception ont été mises à jour en 2010 spécifiquement
pour la contraception hormonale chez les femmes à risque
vasculaire par la Société française d’endocrinologie (SFE),
puis en 2013 par la HAS pour la stratégie globale de choix
contraceptif et en 2015 par le CNGOF et la HAS pour la
période du post-partum.
Le CNGOF n’avait jamais émis à ce jour de recommanda-
tions globales sur la contraception.
Douze thèmes pratiques ont été sélectionnés au sein
de ce groupe de travail : épidémiologie, interactions avec
les contraceptifs, consultation en contraception, contracep-
tion d’urgence, bonne pratique du dispositif intra-utérin
(DIU), contraception en situation à risque vasculaire, contra-
ception en situation à risque de cancer et post cancer,
Fig. 1. Niveau de Preuve scientifique (NP) et grade de recomman-
contraception hormonale en pratique (hors DIU au LNG),
dations.
contraception de l’adolescente, contraception de la femme
de la quarantaine et au-delà, place des autres contraceptifs
(méthodes locales et naturelles), bénéfices additionnels et Pour éviter que la validité des recommandations puisse
futurs de la contraception. être mise en doute, la HAS a défini un certain nombre de
Ces recommandations ne concernent pas en revanche principes méthodologiques objectifs que nous avons adop-
la contraception définitive, pour laquelle une réglementa- tés pour élaborer ces Recommandations pour la pratique
tion spécifique est en place, ni la contraception hors AMM clinique (RPC). Le CNGOF est le promoteur de ces RPC.
par progestatifs macrodosés qui fera l’objet d’une recom- Cette démarche méthodologique rigoureuse peut apparaître
mandation spécifique en 2019-2020 dans le cadre de la contraignante, mais est indispensable pour définir claire-
commission hors AMM du CNGOF. ment les interventions sur la santé qui sont appropriées,
celles qui ne le sont pas et celles pour lesquelles il existe
une équivoque ou une inconnue au niveau des preuves scien-
2. Méthodologie tifiques. Dans cette dernière situation, où il n’y a que peu de
données ou très peu fiables, l’avis des membres du groupe
Le but des recommandations du Collège national des gyné- de travail est donné ou celui d’une autre société savante si
cologues et obstétriciens français (CNGOF) est d’aider le elle a porté un avis ; il y a alors accord professionnel (AP).
praticien à prendre une décision médicale en lui fournis- En l’absence de données, il n’y a pas de recommandation
sant une synthèse des données scientifiques existantes sur possible. Les RPC ne sont pas des conférences de consensus
le sujet. Il ne s’agit en aucun cas de critères de jugement de où un groupe d’experts donne son avis. Les conflits d’intérêt
la pertinence des pratiques médicales, ni des normes de qua- des auteurs sont réduits et les liens d’intérêt avec l’industrie
lité de ces pratiques, ni enfin des mesures de performances sont déclarés.
des pratiques. Rappelons schématiquement les cinq étapes avant
Un point méthodologique très important est l’utilisation d’élaborer des RPC :
des n̈iveaux de preuve s̈cientifiques (Fig. 1). En effet, les • désignation par le promoteur (CNGOF) des membres du
textes des rédacteurs ne doivent en aucun cas refléter l’avis comité d’organisation (avec un président scientifique, un
personnel de l’expert, mais leurs conclusions doivent être coordonnateur et un méthodologiste) ;
tirées de la littérature scientifique en affectant un niveau • élaboration des questions précises avec les chapitres de
de preuve scientifique pour chaque affirmation importante. la thématique choisie et désignation des rédacteurs
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(praticien confirmé ou expert) par le comité pratique (Grade B), que le risque d’échec augmente avec le
d’organisation pour répondre à ces questions. Chaque temps et qu’il est d’abord lié à une mauvaise utilisation de la
rédacteur senior peut s’associer un junior qui écrira avec méthode (Grade C). Les échecs contraceptifs dus au défaut
lui le chapitre ; d’observance sont l’une des principales causes de recours
• analyse de la littérature par les rédacteurs et proposi- à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) en France [2]
tion de conclusions provisoires à partir de leur rapport, (NP3). Depuis 2000, si le taux de recours à la contraception
en affectant un niveau de preuve (Fig. 1) pour chaque d’urgence a augmenté, il n’a pas été observé en parallèle de
affirmation importante ; ce phénomène un changement des pratiques contraceptives
• les conclusions et les textes sont adressés à un grand ou une diminution du taux d’IVG en France, comme cela a
nombre de lecteurs, experts sur le sujet ou praticiens, été le cas au Royaume-Uni.
suivant des femmes pour des pathologies en rapport avec La couverture contraceptive en France est élevée. En
la thématique du secteur privé ou public ; 2013, 97 % des femmes âgées de 15 à 49 ans et soumises
• élaboration et rédaction de recommandations définitives au risque de grossesse non prévue utilisent une méthode
en affectant un grade par le comité d’organisation après de contraception, principalement des méthodes médicales
avoir pris en considération l’avis des rédacteurs et les (72 %) [3,4]. La crise de la pilule de 2013 a remis en
critiques des lecteurs. cause l’utilisation de la contraception œstroprogestative et
l’information délivrée par les médecins, mais la pilule reste
Il faut souligner la distinction entre les niveaux de preuve le premier mode de contraception devant le dispositif intra-
proprement dit et les g̈rades ¨. Les niveaux de preuve vont utérin, le préservatif, la stérilisation et les méthodes dites
s’appliquer aux données factuelles de la littérature (conclu- ẗraditionnelles öu n̈aturelles ¨.
sion et interprétation des données). Par exemple : L̈’aide à La couverture contraceptive au cours de la vie change
la décision a montré son intérêt lorsqu’il existe un choix thé- avec l’âge et les grossesses selon une norme définie : pré-
rapeutique (NP1). L’utilisation de modules informatisés ou servatifs en début de vie sexuelle, remplacés par la pilule
de diaporamas sonorisés en salle d’attente avant consulta- lorsque la relation se stabilise, et dispositif intra-utérin
tion permettrait aux femmes de plus facilement choisir une enfin une fois que le nombre d’enfants désirés est atteint.
contraception efficace (NP2) ëst une conclusion des don- La contraception définitive est très peu choisie (Baromètre
nées de la littérature basée sur les résultats des essais qui santé 2016) et très peu proposée par les professionnels de
ont été publiés et qui sont concordants. Les grades vont santé [5]. La contraception en France reste une contra-
s’appliquer aux recommandations. Les recommandations ception principalement féminine, laissant peu de place au
sont des propositions de conduite à tenir ; elles émanent couple et aux hommes.
du groupe de travail qui a tenu compte, non seulement de La mortalité associée à la contraception est très faible.
ces données factuelles et de leur interprétation, mais aussi Les grandes études de registre ou les cohortes prospec-
d’autres paramètres comme l’innocuité du traitement ou tives comparant les femmes prenant une contraception (de
de la procédure diagnostique, le bénéfice net attribuable manière générale) aux autres n’ont pas permis de mettre en
à la procédure, sa reproductibilité ou sa fiabilité. Dans évidence une augmentation de la mortalité spécifique liée
notre exemple sur la contraception, nous avons formulé la à la contraception ou à la contraception hormonale (NP2).
recommandation de la façon suivante : Ïl est recommandé Sur la dernière cohorte États-Unis, il a été observé plus de
d’utiliser un support d’aide à la décision (Grade A) ¨. morts violentes ou accidentelles chez les utilisatrices (NP2).
Les textes longs de chaque chapitre sont publiés par leurs Les études de mortalité sont concordantes pour conclure à
auteurs et les engagent. Le texte court où figurent les prin- une diminution de la mortalité par cancer de l’ovaire et can-
cipales recommandations et leur justification est publié par cer en général. L’augmentation de la mortalité secondaire
l’ensemble du groupe en français pour la diffusion nationale au cancer du sein reste controversée en fonction des études
et en francophonie et en anglais pour le public internatio- [6-10]. Les femmes obèses sont une population à risque
nal. Elles sont présentées pour la première fois à l’occasion
des Journées du Collège de l’année, en décembre 2018 pour
Il est recommandé d’informer les femmes/couples
cette année. Les références des textes longs et du texte
qu’il y a une différence entre l’efficacité théorique
court sont limitées à une cinquantaine, ces dernières sont
et l’efficacité pratique de la contraception (Grade B),
donc le fruit de la sélection des articles les plus probants.
et que le risque d’échec augmente avec le temps
(Grade C).

3. Épidémiologie de la contraception en
France
Il est recommandé d’informer les femmes/couples que
Si la contraception orale est théoriquement efficace à 99,7 le risque d’échec d’une méthode de contraception est
%, son efficacité pratique n’est plus que de 97,6 % en France. d’abord lié à une mauvaise utilisation de la méthode
Par ailleurs, le taux d’abandon de cette méthode après une (Grade C) ou à la prescription d’une méthode inadaptée
année d’utilisation est de 30 % (NP2). Quelle que soit la aux conditions de vie et de sexualité. Il est également
méthode utilisée (pilule, préservatif, dispositif intra-utérin, nécessaire de donner une information sur l’observance
retrait ou méthode connaissance de la fertilité), l’efficacité et sur l’accessibilité de la contraception en général et
pratique diminue au cours du temps [1] (NP2). De ce fait, notamment de la contraception d’urgence ainsi que de
il est recommandé d’informer les femmes/couples qu’il y sa délivrance gratuite (Grade C).
a une différence entre l’efficacité théorique et l’efficacité
34 N. Chabbert-Buffet, H. Marret, A. Agostini, et al.

compte le risque de diminution de l’efficacité contraceptive


Il est justifié d’informer les femmes (Grade B) que la par interaction médicamenteuse pour tous les contracep-
mortalité toutes causes confondues n’est pas associée tifs hormonaux administrés par voie orale, transdermique
à la prise d’une contraception (HR : 0,94 ; IC 95 % (patchs), sous-cutanée (implant), vaginale (anneau) ou
: 0,87-1,02) et qu’il faut évaluer à chaque âge la injectable.
balance bénéfice/risque (Grade B) pour effectuer un
choix adapté, personnalisé et conforme au choix de la
Chez la femme utilisant une contraception hormonale,
femme.
quelle que soit sa voie d’administration, il est
recommandé de prendre en compte le risque
de grossesse non prévue en raison d’un accès limité à la de diminution de l’efficacité contraceptive par
contraception. Chez les femmes obèses, les contraceptions interaction lors de la prescription de tout nouveau
ont la même efficacité que pour les femmes de poids nor- médicament, même pour une durée brève (AP) et
mal, bien que les études soient peu nombreuses (NP3). En de sensibiliser les patientes au risque d’interaction
ce qui concerne le risque cardiovasculaire et thromboem- des contraceptifs hormonaux (quelle que soit la voie
bolique : l’utilisation de méthode contraceptive est moins à d’administration) avec les médicaments, en particulier
risque que la grossesse. lors d’automédication, mais également en cas de
consommation de certains produits (phytothérapie,
compléments alimentaires...) (AP). Le risque est
Il est recommandé de proposer l’ensemble des
d’autant plus élevé que le dosage du contraceptif est
contraceptifs à une femme présentant une obésité sans
faible (AP).
autre facteur de risque (Grade B) et de leur faciliter
l’accès à la contraception (Grade C).

Les femmes en situation de précarité sont à risque d’une En cas d’instauration d’un médicament inducteur
couverture contraceptive moindre (NP4). Il est recommandé enzymatique (tel que le millepertuis, certains
de faciliter l’accès à la consultation pour la contraception antiépileptiques : carbamazépine, fosphénytoïne,
aux femmes en situation de précarité, de vulnérabilité et de phénobarbital, phénytoïne, primidone, certains
proposer toutes les options contraceptives (Accord profes- antituberculeux : rifampicine, rifabutine, certains
sionnel). antirétroviraux, griséofulvine, modafinil, vémurafénib,
dabrafénib, bosentan, aprépitant) chez une femme
utilisant une contraception hormonale, il est
Il est recommandé de fournir une information sur recommandé, si le traitement est court, d’instaurer
toutes les possibilités contraceptives aux femmes une contraception additionnelle de type mécanique
utilisant des substances toxiques. Les contraceptions (méthode barrière) pendant toute la durée du
réversibles de longue durée d’action semblent les traitement et le cycle suivant son arrêt et, si
contraceptions les plus adaptées, si les femmes le le traitement est long, de choisir une méthode
souhaitent, en cas de risque de mauvaise observance contraceptive non hormonale (recommandation
(Grade C). ANSM 2018). En cas de prise d’un médicament
inducteur enzymatique dans le mois précédent, il
est recommandé d’utiliser si besoin en plus d’une
contraception d’urgence une méthode non hormonale
4. Pharmacologie et interactions avec les (DIU au cuivre). Si ce n’est pas possible, il est
contraceptifs recommandé de doubler la dose de lévonorgestrel
(ANSM) [8].
Le risque d’interaction médicamenteuse avec les contracep- Il est recommandé d’informer les patientes utilisant
tifs hormonaux doit être anticipé, car il peut conduire à une contraception orale de la conduite à tenir en cas
des grossesses non planifiées, en particulier avec certaines de vomissements ou de diarrhée importante, quelle
méthodes, comme l’implant, pas toujours perçu comme une qu’en soit l’origine (médicamenteuse ou non), selon
contraception hormonale [7]. les préconisations de la HAS, de l’ANSM, et les données
pharmacologiques (HAS). Il est recommandé de prendre
les médicaments contenant du charbon à distance,
Il est recommandé d’utiliser le thésaurus officiel de c’est-à-dire, plus de 2 heures si possible, avant ou après
l’ANSM pour la prise en compte du risque d’interaction la prise d’un contraceptif oral.
médicamenteuse avec les contraceptifs [8]. En cas de prescription d’étoricoxib, d’atorvastatine,
d’un antifongique azolé (kétoconazole, itraconazole,
voriconazole, posaconazole) ou de bocéprévir, chez une
La plupart du temps, ce sont les œstroprogestatifs qui femme utilisant une contraception œstroprogestative
s̈ubissent l̈es effets des médicaments qui leurs sont asso- fortement dosée en EE, il est recommandé de
ciés. La plupart des interactions conduisent à une diminution prendre en compte le risque d’augmentation de la
de l’efficacité des contraceptifs hormonaux et s’expliquent concentration en EE.
par l’induction enzymatique hépatique. Il faut prendre en
Republication de : Contraception : Recommandations pour la Pratique Clinique du CNGOF (texte court) 35

Il est recommandé d’éviter de débuter une Il est recommandé d’expliquer les éventuels effets
contraception œstroprogestative pendant la période indésirables de la contraception choisie par la femme
d’ajustement posologique de la lamotrigine. Toute (Grade B), car ces explications permettraient une
modification (introduction, changement ou arrêt) de meilleure persistance contraceptive (AP).
la contraception hormonale devra s’accompagner
d’une adaptation de la posologie de lamotrigine en
collaboration avec le neurologue (AP). L’aide à la décision a montré son intérêt lorsqu’il existe
un choix thérapeutique (NP1). L’utilisation de modules infor-
Le millepertuis (vertu antidépressive) provoque une dimi- matisés ou de diaporamas sonorisés en salle d’attente avant
nution importante des concentrations en principe actif et consultation permettrait aux femmes de plus facilement
justifie sa contre-indication avec les contraceptifs hor- choisir une contraception efficace (NP2). En consultation,
monaux. Le jus de pamplemousse consommé en grande la présentation des contraceptifs par catégorie d’efficacité
quantité a l’effet inverse majorant les concentrations permet une meilleure compréhension des différences
d’œstrogène (AP). d’efficacité que celle présentant le nombre de grossesses
Il n’a pas été démontré de réduction de l’efficacité (NP1) [13].
contraceptive du DIU au cuivre lors de la prescription asso- Les outils complémentaires à la consultation ayant
ciée d’un AINS (NP3) [9,10]. permis de montrer une amélioration de la persistance
contraceptive sont éducatifs (NP1) [14]. L’utilisation d’une
fiche d’information sur la contraception orale œstroproges-
Une contraception par DIU au cuivre ne contre- tative permet une meilleure connaissance de celle-ci (NP2).
indique pas un traitement chronique ou ponctuel par Cependant, la proportion de patientes ne connaissant pas
AINS (Grade C). Les données concernant l’association les conduites à tenir après consultation en cas de risque de
glucocorticoïdes au long cours DIU au cuivre sont trop grossesse sous œstroprogestatifs sont nombreuses même en
limitées pour pouvoir conclure. cas de conseil soutenu (NP2) [15].
Chez une femme utilisant une contraception
hormonale ou chez qui une contraception hormonale
est envisagée après une contraception d’urgence, il Il est recommandé d’utiliser un support d’aide à la
est recommandé d’utiliser le lévonorgestrel comme décision (Grade A).
contraceptif d’urgence plutôt que l’ulipristal (AP).
Si la prise ou la reprise d’une contraception
hormonale est envisagée après une prise d’ulipristal Il n’y a pas à ce jour de données comparatives suffisantes
acétate en contraception d’urgence, il est pour recommander une méthode particulière d’aide à la
recommandé d’utiliser une contraception additionnelle consultation (AP).
de type mécanique pendant les 12 jours qui suivent la
prise de l’ulipristal (ANSM 2018).
6. Contraception d’urgence (CU)
Il existe en France deux méthodes de CU : la méthode
5. Consultation en contraception hormonale (contraceptifs oraux d’urgence) avec le lévonor-
gestrel (LNG) ou l’ulipristal acétate (UPA) et la méthode
Si le praticien affiche son choix contraceptif lors de la mécanique avec l’insertion post-coïtale d’un dispositif intra-
consultation, il diminue la satisfaction des patientes (NP1) utérin (DIU) au cuivre. La CU hormonale n’est pas efficace
et pourrait diminuer la persistance contraceptive (NP4) à 100 % et son efficacité est d’autant plus grande que sa
[11]. Néanmoins, la consultation structurée permet un prise a été effectuée plus précocement après le rapport non
changement du choix contraceptif des patientes et une dimi- protégé (NP1).
nution des grossesses non prévues (NP1) par rapport à une
consultation traditionnelle non personnalisée. Les princi-
paux thèmes à aborder concernent l’efficacité, les risques, Il est recommandé d’informer les patientes que la CU
le coût, la durée d’action et l’aspect pratique (NP2). La n’est pas efficace à 100 % (Grade A).
qualité de la communication interpersonnelle permettrait Un test de grossesse est recommandé en cas de
une plus grande persistance contraceptive (NP2) [12] et une retard de règles après prise d’une CU (AP).
meilleure satisfaction contraceptive à 2 ans (NP4).

Le lévonorgestrel (LNG) est un progestatif qui doit être


Il est recommandé que la consultation de contraception utilisé dans les 72 heures après un rapport sexuel non pro-
soit structurée (avec information complète, et choix tégé ou en cas d’échec d’une méthode contraceptive (NP1)
de la patiente), et basée sur les preuves (Grade A) [16].
pour aboutir à une prescription personnalisée. De Plus la prise du LNG est proche du rapport à risque, plus
fait, la personnalisation du conseil contraceptif est il est efficace en termes de taux de grossesse (NP1).
recommandée (AP). Le LNG est d’autant plus efficace que pris précocement
par rapport à la période d’ovulation (NP2).
36 N. Chabbert-Buffet, H. Marret, A. Agostini, et al.

Les menstruations sont plus susceptibles d’arriver préco- Le risque d’échec de la CU chez les patientes obèses (IMC
cement avec le LNG (NP1). ≥ 30) est multiplié par 4,4 avec le LNG et par 2,6 avec l’UPA
L’ulipristal (UPA) retarde la rupture folliculaire de 5 jours (NP1).
lorsqu’il est donné juste avant l’augmentation du taux de LH
(NP2). En contraception d’urgence et en cas d’IMC > 30 il est
L’UPA retarde mieux l’ovulation que le LNG lorsqu’il est recommandé de prescrire plutôt un DIU au cuivre ou de
donné en période folliculaire tardive (NP1). l’UPA (Grade A).
L’UPA a un profil d’effets secondaires similaire au LNG
(NP1).
Les menstruations sont plus susceptibles d’être retardées 6.2. Contraception intra-utérine
avec l’UPA (NP1).
Dans les 2 essais en non-infériorité comparant l’UPA au La contraception intra-utérine peut être proposée aux
LNG dans les 72 premières heures après rapports sexuels, adolescentes et aux nullipares (Grade B), puisqu’elle
les taux de grossesse sont statistiquement non différents. s’accompagne d’une très bonne efficacité et d’un taux élevé
Deux méta- analyses de ces études montrent une supériorité de continuation au prix d’un risque faible de complications
de l’UPA [17,18], notamment dans la période pré-ovulatoire (non supérieur à celui observé dans les autres tranches
immédiate [17]. Au-delà de 72 h, les données montrent une d’âge et chez les femmes ayant déjà accouché) (NP2)
meilleure efficacité de l’UPA (NP1) [17,18]. [21].
Les données disponibles ne retrouvent pas de risque
En l’absence de contraception au long cours, dans infectieux majoré chez les patientes vivant avec le VIH
les 72 premières heures après le rapport sans avant le stade SIDA (NP3). Les contraceptions intra-utérines
protection, l’UPA et le LNG peuvent être proposés n’augmentent pas le risque de progression du virus ni le
(Grade A). En raison de sa meilleure efficacité risque de transmission au partenaire (NP2).
en période péri-ovulatoire, et cette période étant
difficile à déterminer, la prescription d’UPA peut être Il n’y a pas de contre-indication à utiliser les DIU chez
recommandée (AP). Au-delà de 72 h, la préférence doit ces patientes vivant avec le VIH avant le stade SIDA
aller à l’UPA (Grade A). (Grade B).

L’efficacité de la CU par UPA pourrait être diminuée par la Il n’y a pas dans les quelques études réalisées de contre-
prise d’un progestatif débuté le lendemain ; en revanche, il indication à la contraception intra-utérine chez les patientes
n’a pas été démontré d’impact de la prise d’UPA sur une présentant une cardiopathie (NP2).
contraception progestative ou œstroprogestative débutée
juste après la prise d’UPA. Ces données restent limitées,
basées sur l’évaluation de la rupture folliculaire (NP3). En cas de cardiopathie sévère, la balance bénéfice-
risque de la pose d’un DIU peut apparaître
plus favorable qu’une grossesse (AP). Une
Chez les femmes utilisant une contraception hormonale antibioprophylaxie dans le but de prévenir le risque
au long cours il n’est pas recommandé d’utiliser l’UPA d’endocardite infectieuse est nécessaire en cas de
en CU (Grade C). valvulopathie sévère (AP).

Le DIU au cuivre est le plus efficace des moyens de contra-


ception d’urgence (NP1) [18,19]. Le DIU au cuivre peut être
Seuls le toucher vaginal avec examen bimanuel et
utilisé en CU dans les 5 jours (120 h) après un rapport sexuel
l’inspection cervicale sont formellement recommandés
non protégé ou en cas de risque d’échec d’une méthode
(Grade B) avant la pose d’un DIU.
contraceptive (NP2).
Il est recommandé de ne pas modifier le schéma de
Le DIU au cuivre a l’avantage d’offrir une contraception
dépistage du cancer du col chez les utilisatrices de DIU
à plus long terme après son insertion (NP2).
(Grade B) [22].
Un dépistage systématique des IST n’est pas
Le DIU au cuivre est utilisable en première intention recommandé avant la pose d’un DIU (Grade B). Il est
(Grade A) et son utilisation devrait être encouragée. en revanche recommandé de réaliser un dépistage
Les données sur l’utilisation du DIU au LNG sont trop des IST, concernant notamment Chlamydia trachomatis
limitées pour le recommander en CU. et Neisseria gonorrheae, en présence de facteurs
de risque d’IST (âge inférieur à 25 ans, partenaire
récent de moins de trois mois, partenaires multiples
dans la dernière année, antécédents d’IST, rapports
6.1. Impact de l’obésité sexuels non protégés) (Grade B). Ce dépistage est
effectué idéalement le jour de la prescription de
Un indice de masse corporelle (IMC) ≥ 25 augmente les
la contraception intra-utérine (prélèvement vaginal
risques de grossesse après la prise de lévonorgestrel en
et endocervical ou autoprélèvement), mais peut être
contraception d’urgence (NP1) [20].
Republication de : Contraception : Recommandations pour la Pratique Clinique du CNGOF (texte court) 37

réalisé le jour de la pose du DIU sans en retarder Il est nécessaire d’informer les patientes des
l’insertion si la patiente est asymptomatique (Grade modifications du flux menstruel avant la pose d’un DIU
B) [23]. (Grade A).
Le DIU peut être positionné à n’importe quel Quel que soit le type de DIU, les métrorragies
moment du cycle (Grade B) dès lors qu’il existe une persistantes ou associées à des douleurs pelviennes
certitude sur l’absence de grossesse en cours (NP2). doivent motiver des explorations complémentaires à la
Lors de la pose d’un DIU, il n’y a pas d’indication recherche d’une complication (AP) [24].
à une antibioprophylaxie ni à une prémédication
systématique (Grade A).
Il est conseillé de couper les fils à 2 à 3 cm de leur La contraception intra-utérine ne constitue pas un fac-
saillie de l’orifice exo cervical au décours immédiat de teur de risque de GEU (NP2).
l’insertion (AP). Leur longueur pourra être raccourcie
lors d’une visite de suivi en cas de gêne, notamment
lors des rapports sexuels (AP). Néanmoins, en cas de grossesse sur DIU, il convient
Après insertion d’un DIU, les femmes doivent en premier lieu d’éliminer une GEU (Grade B). Un
être informées des symptômes devant les amener à antécédent de GEU ne contre-indique pas la pose d’un
consulter (AP). Une visite de suivi peut être proposée DIU (Grade C).
dans les semaines suivant l’insertion d’un DIU (AP). Les
femmes doivent être informées de la date attendue de
retrait du DIU (AP). En cas de grossesse intra-utérine évolutive et désirée, il
Il n’est pas recommandé de réaliser une échographie y a plus de complications en présence d’un DIU (NP3).
de contrôle systématique (Grade B) si la patiente est
asymptomatique, que l’insertion du DIU s’est déroulée
sans difficulté et qu’à l’examen les fils sont vus et de En cas de grossesse intra-utérine sur DIU, il est
longueur attendue (NP2). recommandé de retirer le DIU si les fils sont accessibles
(Grade C).

La perforation utérine est une complication rare de la


contraception intra-utérine (NP2). Elle surviendrait le plus Les kystes ovariens fonctionnels sont plus fréquents au
souvent au cours de la pose (NP4). Son diagnostic sur- cours de l’utilisation d’un DIU-LNG 52 mg et sont le plus
vient fréquemment à distance de l’insertion (NP2). Les souvent spontanément régressifs (NP1).
facteurs de risques comprennent : l’allaitement en cours, un
délai < 6 mois par rapport à l’accouchement, l’inexpérience
de l’opérateur et une (anté- ou rétro-) version utérine Chez une patiente asymptomatique présentant un
extrême (NP2). kyste ovarien fonctionnel, il n’est pas nécessaire
d’enlever le DIU-LNG. (AP). Les antécédents de kystes
fonctionnels ne contre-indiquent pas la pose d’un DIU-
Devant toute suspicion de perforation, des examens LNG.
complémentaires (échographie pelvienne et cliché La présence d’organismes Actinomyces-like
d’ASP) doivent être réalisés pour localiser le DIU (AP). sur le frottis cervico-utérin chez une patiente
L’abord laparoscopique est la voie à privilégier pour le asymptomatique ne doit pas motiver d’exploration
retrait des DIU en situation abdominale (AP). complémentaire, de retrait anticipé ou de traitement
antibiotique (Grade B).
L’expulsion survient le plus souvent dans la pre-
mière année suivant la pose (NP1). Les facteurs de
La contraception intra-utérine n’apparaît pas comme un
risque d’expulsion comprennent : âge < 20 ans, ménorra-
facteur de risque d’infection génitale haute (NP2) [25] sauf
gies, dysménorrhées, myomes, adénomyose, antécédent
dans les suites précoces (21j à 4 mois) de l’insertion.
d’expulsion, diamètre transverse important de la cavité
endométriale (NP2).
Il n’est pas recommandé de retirer d’emblée la
Il est recommandé de vérifier la présence des fils contraception intra-utérine en cas de survenue d’une
lors de l’examen gynécologique lors de la visite de infection sexuellement transmise ou d’une infection
suivi, dans les semaines suivant la pose d’un DIU, puis génitale haute (Grade B). En l’absence d’évolution
annuellement (AP). favorable à 48-72 h de l’institution du traitement,
le retrait du dispositif doit être discuté (Grade B).
Les antécédents d’infection sexuellement transmise
Le DIU au cuivre est responsable d’une majoration du flux ou d’infection génitale haute ne contre-indiquent pas
menstruel (NP1) ; le DIU-LNG 52 mg s’accompagne d’une l’insertion d’un DIU à distance de l’épisode (AP).
réduction du flux menstruel, voire d’une aménorrhée (NP1).
38 N. Chabbert-Buffet, H. Marret, A. Agostini, et al.

7. Contraception et risque vasculaire


Il est recommandé d’évaluer précisément l’ensemble
(veineux et artériel) des facteurs de risque vasculaire et antécédents
familiaux de MVTE (Tableau 1) avant toute prescription
Même si la balance bénéfice-risque est le plus souvent favo-
d’œstroprogestatif (interrogatoire et examen clinique)
rable dans le contexte de la contraception, l’utilisation
(AP).
des œstroprogestatifs est associée à des effets délétères,
Il n’est pas recommandé de réaliser un bilan
principalement vasculaires, apparus très rapidement après
de thrombophilie avant la prescription d’une
l’utilisation du premier œstroprogestatif développé en 1960
contraception œstroprogestative en l’absence
par Jordan 1961. Ce sont des maladies rares puisque la pré-
d’antécédent familial vasculaire.
valence des thromboses veineuses, en France, est estimée
Les antécédents familiaux veineux au 1er degré
à 120 000 cas/an répartis en 78 000 TVP et 42 000 EP dont
(qu’ils soient issus de la branche paternelle ou
57 % de femmes. L’incidence des AVC ischémiques hospita-
maternelle) survenus à un âge jeune (moins de
lisés en France chez les femmes de moins de 65 ans est de
50 ans) sont une contre-indication à l’utilisation
21,9/100 000 femmes et de 16,9/100 000 femmes pour les
d’une contraception œstroprogestative (Grade B).
IDM hospitalisés.
Les œstroprogestatifs (quels que soit le type et
la voie d’administration) sont contre-indiqués chez
7.1. Risque thromboembolique veineux les femmes porteuses d’une thrombophilie biologique
congénitale (Grade B).
Il est maintenant clairement établi que les œstropro- En dehors de contre-indications, il est recommandé
gestatifs augmentent le risque de maladie veineuse de prescrire en première intention une contraception
thromboembolique (MVTE) d’un facteur 3 à 6 par rapport œstroprogestative contenant du lévonorgestrel ou du
aux non-utilisatrices [26] (NP1). Il existe un effet starter norgestimate (Grade B).
puisque ce risque est plus important la première année Une contraception progestative seule est
d’utilisation. Globalement, cette augmentation dépend de recommandée chez les femmes à haut risque vasculaire
l’équilibre hormonal de la combinaison en relation avec à veineux désirant une contraception hormonale (Grade
la fois le type de molécule œstrogénique (éthinyl-estradiol B). Il est recommandé de ne pas prescrire une
[EE] ou 17 beta estradiol), la dose d’éthinyl-estradiol et contraception progestative injectable par acétate de
le progestatif associé [27]. Les résultats des études com- médroxyprogestérone chez les femmes à haut risque
parant les risques de MVTE associés aux œstroprogestatifs vasculaire (Grade B).
contenant 30 ␮g d’EE versus 20 ␮g d’EE sont discordants. Lors d’un événement thromboembolique veineux
Il n’y a pas de preuve que ces deux dosages induisent des (thrombose veineuse profonde, embolie pulmonaire),
risques de MVTE différents (NP2). Le risque de MVTE des les contraceptions hormonales œstroprogestatives
œstroprogestatifs associant estradiol et diénogest semble doivent être interrompues en l’absence de risque de
équivalent à celui des œstroprogestatifs contenant du EE grossesse sur le cycle en cours. Le DMPA ne doit pas être
30 lévonorgestrel (NP2). Il n’est pas évalué sur le plan reconduit (AP). Les données disponibles ne permettent
clinique pour les œstroprogestatifs associant estradiol et pas d’émettre une recommandation sur le maintien
acétate de nomegestrol. Les œstroprogestatifs contenant d’une contraception microprogestative ou à la phase
un progestatif de 3e génération (gestodène ou désoges- aiguë d’un accident thromboembolique veineux.
trel), de la drospirénone ou de l’acétate de cyprotérone
sont associés à un risque de MVTE plus élevé comparati-
vement aux œstroprogestatifs contenant du lévonorgestrel
(NP2). Les œstroprogestatifs contenant du norgestimate 7.2. Risque artériel et contraceptifs
sont associés à un risque de MVTE similaire à celui des œstro- hormonaux
progestatifs contenant du lévonorgestrel (NP2). Le risque
de MVTE des voies d’administration non orales des œstro- De nombreuses études épidémiologiques ont évalué le lien
progestatifs est probablement équivalent au risque des entre utilisation d’une contraception œstroprogestative et
œstroprogestatifs contenant des progestatifs de 3e généra- le risque d’IDM [30,31], montrant un risque poolé lié à
tion (NP2). l’utilisation d’une contraception œstroprogestative quel
Les antécédents familiaux, surtout au premier degré que soit le type de 1,7 (1,2-2,3 ; IC à 95 %) [30]. Si le type
(mère, père, frère ou sœur) ou un nombre élevé de progestatif est pris en compte, le risque d’IDM est plus
d’apparentés atteint quel que soit le degré ou une thrombo- important avec les œstroprogestatifs de 1e génération com-
philie biologique connue constituent un facteur de risque de parativement aux non-utilisatrices (OR poolé : 2,9 ; [2,1-4,1
MVTE (Tableau 1), notamment en cas d’antécédent survenu ; IC à 95 %]) qu’avec les œstroprogestatifs de 2e ou 3e géné-
dans un contexte hormonal (traitement œstroprogestatif, ration (OR poolé : 2,1 [1,7-2,4 ; IC à 95 %] et 1,8 [1,6-2,1
grossesse) [28]. ; IC à 95 %], respectivement). Ces résultats sont similaires
La contraception progestative seule par voie orale, sous pour les AVC ischémiques (AVCI).
forme d’implant ou de DIU au lévonorgestrel n’est associée La revue Cochrane, plus récente, analyse 24 études
à aucune augmentation du risque de MVTE, à l’inverse de la épidémiologiques, incluant des études plus anciennes [31],
contraception progestative par acétate de médroxyproges- et montre que seuls les œstroprogestatifs contenant 50
térone intramusculaire (RR : 2,6 [IC 95 % : 1,8-3,8]) [29], mcg d’éthinyl-estradiol ou plus sont associés au risque
(NP1). d’accident artériel (IDM ou AVCI) (OR : 2,0 [1,3 à 2,9]). Dans
Republication de : Contraception : Recommandations pour la Pratique Clinique du CNGOF (texte court) 39

Tableau 1 Facteurs de risque vasculaire (FDRV) artériel et veineux et utilisation d’une contraception hormonale com-
binée œstroprogestative (COP).
Utilisation d’une COP
Facteurs de risque artériel
Âge > 35 ans Possible si pas d’autres FDRV
Surpoids-obésité Possible si pas d’autres FDRV
Tabac > 15 cigarettes/j Possible si pas d’autres FDRV
Antécédents familiaux 1er degré IDM ou AVC avant 55 ans Contre-indication
(Homme) ou 65 ans (Femme)
Hypertension artérielle Contre-indication
Dyslipidémie
Non contrôlé Contre-indication
Contrôlé Possible si pas d’autres FDRV
Contre-indication relative si dyslipidémie survenue
avec COP
Diabète insulino-dépendant Contre-indication si délai diabète > 20 ans ou si
complications vasculaires
Diabète de type II Possible si pas d’autres FDRV, mais en seconde
intention (1er choix Contraception microprogestative
ou DIU cuivre).
Migraine avec aura Contre-indication
Migraine simple Possible si pas d’autre FDRV
Facteurs de risque veineux
Âge > 35 ans Possible si pas d’autres FDRV
Surpoids-obésité Possible si pas d’autres FDRV
Thrombophilie biologique connue Contre-indication
Antécédents familiaux au 1er degré de MVTE avant 50 ans Contre-indication

cette méta-analyse, il n’existe aucune différence de risque Aucune augmentation significative du risque d’IDM ou
entre les générations de CHC. Il ne semble pas apparaître de d’AVCI n’a été rapportée dans la littérature avec l’utilisation
différence de risque entre les œstroprogestatifs contenant de contraception microprogestative per os, sous forme
30 ou 20 ␮g d’EE. d’implant ou de DIU au LNG [32].
Il n’existe que peu de données relatives aux œstro- Au total, les contraceptions microprogestatives quel que
progestatifs contenant de la drospirénone, mais celles-ci soit le type ne semblent pas associées au risque artériel
suggèrent que les risques d’AVCI ou d’IDM associés à leur (AVC, IDM) (NP2). Les données concernant le DMPA sont
utilisation sont significativement augmentés par rapport aux pauvres (NP3).
non-utilisatrices (RR 1,64, IC 95 % : 1,24-2,18 et 1,65, IC 95
% : 1,03-2,63 respectivement) [32].
Au total, il n’existe pas de différence significative Contrairement aux autres méthodes de contraception
de risque thrombotique artériel entre les générations progestative, la contraception injectable trimestrielle
d’œstroprogestatifs oraux utilisés actuellement en France par acétate de médroxyprogestérone ne doit pas être
(NP2). Les données concernant les voies d’administration prescrite chez les femmes ayant au moins deux facteurs
non orales, anneau ou patch, sont insuffisantes pour pou- de risque cardiovasculaire ou un antécédent d’accident
voir conclure. Il n’existe pas d’étude épidémiologique ayant artériel ischémique (AP).
évalué le risque artériel des contraceptions contenant de Lors d’un événement artériel (IDM, AVCI), les
l’estradiol. contraceptions hormonales doivent être interrompues
Il existe un effet synergique dose-dépendant du tabac en l’absence de risque de grossesse sur le cycle en
(plus de 15 cigarettes par jour) chez les utilisatrices cours. Une contraception non hormonale doit être
d’œstroprogestatifs vis-à-vis du risque d’IDM et probable- privilégiée en première intention (AP).
ment d’AVC ischémique (NP2).

Les œstroprogestatifs sont contre-indiqués chez les 7.3. Migraine et contraception


femmes à haut risque vasculaire artériel (Grade B).
Chez les femmes fumeuses, il est recommandé Le risque absolu d’AVC ischémique chez les femmes de 20
d’évaluer le risque individuel en fonction des facteurs à 44 ans a été évalué par un groupe de consensus euro-
de risque cardiovasculaire associés (Tableau 1) (Grade péen montrant que les migraines avec aura sont associées à
B). une incidence d’AVC de 5,9/100 000 versus 4,0/100 000 en
l’absence d’aura et 2,5/100 000 en l’absence de migraine.
40 N. Chabbert-Buffet, H. Marret, A. Agostini, et al.

L’utilisation d’un œstroprogestatif majore ces chiffres,


notamment en cas de migraine, passant respectivement de Les données sur les risques carcinologiques font partie
36,9 à 25,4 et 6,3/100 000 respectivement [33] (NP1). de l’information donnée à la patiente non atteinte de
Ces risques sont augmentés chez les femmes ayant cancer et sans facteur de risque particulier, mais ne
d’autres facteurs de risque et en particulier les fumeuses. modifient pas la prescription d’une contraception, les
bénéfices en termes contraceptifs restant supérieurs
aux risques. Le choix contraceptif reste dépendant
d’une balance bénéfice/risque individuelle, en prenant
Il est recommandé de rechercher avant toute
en compte l’augmentation de risque absolu, variable et
prescription de contraception œstroprogestative
augmentant avec l’âge, ainsi que l’histoire individuelle
l’existence de migraine et de distinguer les migraines
et familiale (AP).
simples des migraines avec aura (Grade A).
Il n’y a pas lieu de modifier le suivi habituel (Grade
Il est recommandé de ne pas prescrire
B).
d’œstroprogestatifs chez les femmes souffrant de
migraines avec aura (Grade A) ou chez les femmes
souffrant de migraine simple et ayant un autre facteur
de risque vasculaire (Grade A). 8.2. Contraception en cours de traitement du
Il est recommandé de proposer une contraception cancer
non hormonale ou progestative seule chez les femmes
souffrant de migraine avec aura (Grade B). Un délai minimum de 6 mois à un an après la fin des trai-
tements est conseillé avant d’envisager une grossesse, et
souvent plus selon le contexte oncologique.

Une contraception est nécessaire en cours de


traitement pour toute femme non ménopausée lors
8. Contraception et cancer du diagnostic du cancer et ayant une activité sexuelle
(AP).
8.1. Contraception et risque de cancer
Globalement, il n’est pas retrouvé d’augmentation de Le contexte carcinologique limite parfois les choix
l’incidence ou de la mortalité par cancer (tout confondu) contraceptifs en raison du contexte immunitaire, du risque
chez les utilisatrices de contraception [34]. thrombotique, et de la tolérance digestive des traite-
Une augmentation modérée du risque de cancer du ments.
sein est retrouvée en cours d’utilisation de la contracep-
tion œstroprogestative (NP1). Cette augmentation de risque
diminue après l’arrêt de la contraception hormonale (NP1). En cas d’immunosuppression (hémopathies, traitement
Une augmentation modérée du risque a également été myéloablatif) l’utilisation de préservatifs est
décrite avec les contraceptions microprogestatives (NP2) recommandée pour limiter les risques d’IST (Grade
avec des données contradictoires et le DIU au LNG (NP2) A). Chez les patients immunodéprimés, l’insertion
[35]. Les données sur le risque lié au DMPA et à l’implant d’un DIU doit être prudente, du fait du risque
progestatif sont peu nombreuses et ne permettent pas de d’infection génitale haute notamment dans les
conclure. semaines suivant l’insertion. Afin de minimiser ces
Une augmentation du risque de cancer infiltrant du col risques, une recherche de Chlamydiae et gonocoque
de l’utérus [36] a été décrite chez les utilisatrices de par amplification génique (Polymerase Chain Reaction,
contraception orale, notamment pour les durées de prise PCR) peut être proposée avant insertion d’un DIU (AP).
prolongées, avec un impact qui semble s’estomper après L’efficacité des DIU n’a pas été évaluée dans ce
l’arrêt (NP2). De nombreux biais rendent difficile l’analyse, contexte. Les DIU au LNG, dont le mode d’action est
l’exposition à l’HPV et l’utilisation de contraception orale indépendant de la réponse inflammatoire, pourraient
n’étant pas des facteurs indépendants. être préférés (AP).
En revanche, une contraception hormonale œstroproges- Il est nécessaire pour toute prescription de
tative est associée à une réduction du risque de cancer contraception hormonale de prendre en compte
de l’endomètre, de l’ovaire (NP1), d’hémopathies malignes les co-prescriptions médicamenteuses et les risques
(NP2), prolongée après l’arrêt des œstroprogestatifs, et une d’interactions médicamenteuses (Grade A).
diminution du risque de cancer colorectal (NP1) [34,36]. Une
réduction du risque de cancer de l’endomètre et de l’ovaire
est associée au DIU au LNG (NP3). En cas de vomissements induits par les traitements,
Il n’est pas retrouvé d’augmentation du risque global de l’efficacité des contraceptifs par voie orale peut être
mélanome (NP2), de carcinome hépatocellulaire (NP2), de réduite, faisant ainsi préférer l’utilisation de contraceptions
cancer de la thyroïde (NP2), de cancer bronchique chez les hormonales par implant, patch, anneau ou les contracep-
non-fumeuses (NP2), de tumeur du SNC (NP2) [34,36]. tions non hormonales.
Republication de : Contraception : Recommandations pour la Pratique Clinique du CNGOF (texte court) 41

En raison du risque potentiel de rechute, et du carac-


En cas de vomissements, les contraceptions non orales tère limité des données, les contraceptions hormonales sont
doivent être privilégiées (Grade A). contre-indiquées après un cancer du sein (NP4).

Le risque thromboembolique est fréquemment accru en Pour les femmes ayant un antécédent de cancer
cours de traitement du cancer (du fait de la maladie en du sein, une contraception non hormonale doit être
elle-même, de la chimiothérapie, de la chirurgie, des immo- privilégiée, et parmi elles le DIU au cuivre doit
bilisations). Les risques thromboemboliques étant accrus par être considéré comme la méthode contraceptive de
la prise d’œstroprogestatifs, il est préférable d’éviter leur première intention de par son caractère réversible, sa
utilisation pendant la durée du traitement, afin de ne pas longue durée d’action, et sa très bonne efficacité (AP).
cumuler les risques. Toutes les contraceptions hormonales sont considérées
Les macroprogestatifs à dose antigonadotrope peuvent comme contre-indiquées après un cancer du sein, quel
être une alternative intéressante en l’absence de cancer que soit le délai depuis sa prise en charge, le statut
hormonodépendant, permettant une aménorrhée et évitant des récepteurs hormonaux et le type histologique du
ainsi les problèmes de ménorragies, tout en limitant le cancer (canalaire/lobulaire/infiltrant/in situ) (AP).
risque thromboembolique [37]. Les agonistes de la GnRH
sont également parfois une solution contraceptive (hors
AMM) en cours de traitement.
En cas de cancer de l’endomètre, les indications de
traitement conservateur n’induisant pas de stérilité sont
exceptionnelles et sont réservées aux stades tumoraux
Il est préférable d’éviter l’utilisation des
très précoces chez des femmes jeunes désirant conser-
œstroprogestatifs pendant la durée du traitement
ver leur fertilité (tumeurs endométrioïdes de stade IA
du cancer, afin de ne pas cumuler les risques
et de grade 1). L’utilisation des contraceptifs hormo-
thromboemboliques (AP).
naux combinés, de DMPA injectable, des microprogestatifs,
En cas de survenue d’un cancer, une réévaluation de
d’un DIU au cuivre ou au lévonorgestrel est possible en
la contraception est nécessaire (AP).
attendant le traitement du cancer de l’endomètre (NP4).
L’utilisation du DIU-LNG à 52 mg comme traitement conser-
vateur dans le cadre de l’hyperplasie atypique (NP1) ou de
l’adénocarcinome de l’endomètre de grade 1 (NP4) peut
8.3. Traitements antitumoraux chez l’homme être proposée.
: faut-il utiliser des préservatifs ?
Deux études conduites avant les années 2000 ont suggéré L’utilisation des contraceptifs hormonaux combinés,
que la chimiothérapie pourrait présenter un certain passage de DMPA et des microprogestatifs est possible en
dans le liquide séminal (NP4). attendant le traitement du cancer de l’endomètre
(AP).

Les données sont trop limitées pour permettre de


recommander l’usage systématique du préservatif chez Des recommandations de contraception après tumeur
un homme sous traitement antitumoral, sauf dans le cas maligne rare de l’ovaire ont été établies en 2017 par le
de molécules nouvelles, en cours d’évaluation dans le réseau national dédié aux cancers gynécologiques rares
cadre d’un protocole de recherche. (TMRG/GINECO) [38].

Après traitement conservateur d’une tumeur


8.4. Contraception après cancer borderline ou d’une tumeur germinale, les
contraceptions hormonales, quelles qu’elles soient,
Une mauvaise information et une couverture contraceptive ne sont pas contre-indiquées. Après traitement
insuffisante ont été décrites chez les femmes ayant été conservateur d’une tumeur de la granulosa adulte,
traitées pour cancer (NP3). Une reprise tardive d’activité seules les contraceptions contenant des estrogènes
ovarienne est possible (NP3). sont contre-indiquées. Après traitement conservateur
d’un adénocarcinome mucineux, séreux de haut grade
ou endométrioïde de haut grade les contraceptions
Une contraception doit être systématiquement hormonales, quelles qu’elles soient ne sont pas contre-
envisagée chez toute femme ayant été traitée pour un indiquées. Après traitement d’un adénocarcinome
cancer et non ménopausée au diagnostic, y compris en séreux de bas grade ou endométrioïde de bas grade,
cas d’aménorrhée chimio-induite (AP). une contraception hormonale est déconseillée (AP).
42 N. Chabbert-Buffet, H. Marret, A. Agostini, et al.

Les recommandations du CNGOF labellisées par l’INCa


pour la prise en charge des tumeurs malignes épithéliales Les données de la littérature disponibles à ce jour
de l’ovaire seront disponibles fin 2018 sur le site de l’INCa. ne permettent pas d’émettre de recommandation
concernant l’usage des contraceptions hormonales
après un cancer du poumon (décision pluridisciplinaire)
Il n’est pas recommandé d’interrompre la (AP).
contraception en cas de diagnostic de néoplasie
cervicale intra-épithéliale (CIN) ou de cancer du col
de l’utérus, en attendant le traitement en raison
de la balance bénéfice/risque considérée comme
positive dans cette situation pour l’ensemble des Chez les femmes ayant présenté une tumeur maligne
contraceptions (AP). du SNC, les données sont insuffisantes pour contre-
indiquer une contraception hormonale (décision
pluridisciplinaire, adaptée au sous-type histologique)
(AP).
Après traitement conservateur de CIN ou de cancer
du col, il n’existe pas d’argument contre-indiquant
les contraceptions, qu’elles soient hormonales, Chez les femmes ayant reçu une irradiation thoracique
œstroprogestative ou micro-progestative ou par DIU importante (maladie de Hodgkin notamment), il existe un
(AP). sur-risque de cancer du sein. L’impact d’une contraception
hormonale sur ce risque n’a pas été évalué.

Les données de la littérature disponibles à ce jour


Pour les cancers invasifs du col, les données de la ne permettent pas d’émettre de recommandation
littérature disponibles à ce jour ne permettent pas concernant l’usage des contraceptions hormonales
d’émettre de recommandation concernant l’usage des après une irradiation thoracique.
contraceptions hormonales.

Il n’existe aucune donnée de la littérature concernant 8.5. Contraception d’urgence après un cancer
la contraception après cancer colorectal. Une réduction du hormonosensible (en particulier cancer du
risque de survenue de cancer colorectal chez les utilisatrices sein)
de contraception orale est observée.

Il n’existe pas d’argument pour limiter l’utilisation des


contraceptions hormonales ou non hormonales après
Compte tenu de l’impact d’une grossesse survenant
cancer colorectal (AP).
en cours de traitement, l’ensemble des contraceptions
d’urgence y compris par voie orale peuvent être
utilisées après un cancer hormonosensible (AP). Par
mesure de prudence et lorsque cela est possible, on
Les données de la littérature disponibles à ce jour privilégiera toutefois l’utilisation du DIU au cuivre, car
ne permettent pas d’émettre de recommandation non hormonal (AP).
concernant l’usage des contraceptions hormonales
après un mélanome.

8.6. Contraception et prédispositions


familiales aux cancers
Bien que les données de la littérature ne retrouvent
pas d’association entre la contraception hormonale 8.6.1. Syndrome sein ovaire (BRCA1/2)
et le risque d’hépatocarcinome, du fait de l’impact En 2017, l’INCa a établi des recommandations concernant le
potentiel des contraceptions hormonales sur la fonction suivi et la prise en charge des femmes porteuses de mutation
hépatique, il est recommandé de privilégier les des gènes BRCA1/2. Les conclusions de ces recommanda-
contraceptions non hormonales (AP). tions sont les suivantes.

L’utilisation d’une contraception, œstroprogestative


ou progestative, quelle que soit sa voie
Il n’existe pas d’argument pour limiter l’utilisation des d’administration, peut être proposée chez les femmes
contraceptions hormonales ou non hormonales après porteuses d’une mutation de BRCA1ou2 indemnes de
cancer de la thyroïde (AP). cancer du sein (Grade A).
Republication de : Contraception : Recommandations pour la Pratique Clinique du CNGOF (texte court) 43

8.6.2. Syndrome de Lynch


En tant que méthode de contraception réversible de
Le syndrome de Lynch ou syndrome Hereditary Non
longue durée d’action (LARC), l’implant peut être
Polyposis Colon Cancer (HNPCC) est un syndrome de
proposé - au même titre que les DIU - aux patientes
susceptibilité aux cancers à transmission autosomique
qui souhaitent une contraception médicalisée efficace
dominante conférant un haut risque de cancer colorec-
et peu contraignante en termes d’observance (Grade
tal et de l’endomètre, mais également de cancer des
B).
ovaires, du grêle, des voies excrétrices urinaires, des
Il n’y a pas lieu de proposer un changement de
voies biliaires et de l’estomac. Il n’y a actuellement
l’implant contraceptif à l’étonogestrel avant 3 ans chez
aucune donnée permettant d’évaluer l’efficacité préven-
les femmes obèses utilisant cette méthode (grade B).
tive des COP, progestatives ou du DIU au LNG sur le
risque de cancers colorectaux dans le syndrome de Lynch.
Une réduction du risque de cancer de l’endomètre a été
décrite (NP4). Cependant, ces données restent insuffi- Classiquement, les contraceptifs hormonaux sont initiés
santes, les chirurgies prophylactiques sont actuellement le 1er jour des règles. Le Quickstart consiste à initier une
considérées comme seules méthodes de prévention effi- contraception hormonale à un autre moment du cycle.
caces.

L’initiation d’une contraception hormonale en


q̈uickstart p̈eut être proposée chez toute femme qui le
Il n’existe actuellement aucune contre-indication
souhaite, après information claire sur les précautions
spécifique à l’utilisation des contraceptions
d’usage qui s’imposent (s’assurer de l’absence
hormonales ou non hormonales en cas de syndrome de
de grossesse, associer une méthode contraceptive
Lynch (grade B).
barrière complémentaire pendant 7 jours et informer
la patiente sur le risque de métrorragies pendant la 1e
plaquette) (Grade A).

Les métrorragies sous contraceptifs hormonaux, notam-


9. Contraception hormonale en pratique ment progestatifs, l’acné, la prise de poids, les troubles
hors DIU de la libido sont les effets secondaires les plus fréquents
sous contraceptifs hormonaux, et exposent au risque d’arrêt
Les contraceptifs œstroprogestatifs peuvent être admi- inopiné de la contraception. Les métrorragies sous contra-
nistrés par voie orale, vaginale ou transdermique. ception sont souvent liées à une observance médiocre, mais
Le schéma d’administration peut être continu ou peuvent être liées également à une infection, une patholo-
discontinu. Tous les œstroprogestatifs ont une effi- gie endométriale, une cause fonctionnelle [41].
cacité contraceptive identique quelle que soit leur
voie d’administration (NP1). Le risque thromboem- Il est recommandé d’effectuer un interrogatoire et
bolique veineux est plus important pour certaines un examen complet en présence de métrorragies sous
associations œstroprogestatives (NP1), notamment non contraception hormonale. Des examens paracliniques
orales. (échographie pelvienne, examen cytobactériologique
des leucorrhées). Un dosage d’hCG doit être réalisé
en cas de notion de mauvaise observance d’une
Les contraceptions œstroprogestatives contenant du contraception hormonale ou de suspicion clinique de
lévonorgestrel ou du norgestimate sont recommandées grossesse (AP).
en 1e intention chez les patientes souhaitant s’orienter
vers une forme orale (Grade A).
Il est possible de proposer l’administration des Il n’existe pas de preuves solides d’une meilleure tolé-
contraceptions œstroprogestatives selon des schémas rance gynécologique d’une association œstroprogestative
étendus ou continus dans certaines circonstances orale combinée par rapport à une autre.
médicales [39] (symptômes cataméniaux, ménorragies
fonctionnelles, endométriose), mais aussi par
convenance personnelle (Grade B). En cas de métrorragies mal tolérées évoluant depuis
au moins 3 mois et sans cause organique retrouvée,
il est recommandé d’envisager un changement
de contraceptif. Une augmentation de la dose
Les contraceptifs progestatifs sont disponibles en micro- d’œstrogènes, une modification du type de progestatif
dose, par voie orale en continu ou sous forme d’implant ou le recours à une contraception œstroprogestative
sous-cutané ou en macrodose en injection intramusculaire extra-orale (patch ou anneau vaginal) peuvent être
trimestrielle. envisagées. Il n’est pas recommandé de modifier
L’implant à l’étonogestrel est un moyen de contraception le dosage du progestatif ou de s’orienter vers des
très efficace (NP2), y compris chez les femmes obèses (BMI formulations multiphasiques (Grade C).
maximal évalué dans les études à 56 kg/m2 ) (NP2) [40].
44 N. Chabbert-Buffet, H. Marret, A. Agostini, et al.

Les troubles de l’humeur sont décrits par les patientes


En l’absence d’efficacité démontrée, il n’est pas utilisant une contraception hormonale.
recommandé d’associer un traitement œstrogénique Les données sur le lien entre contraception hormonale
ou un autre traitement médicamenteux pour traiter et troubles de l’humeur sont variées et contradictoires.
les métrorragies sous contraception microprogestative Il n’existe pas de preuve solide permettant d’établir que
évoluant depuis au moins 3 mois et sans cause l’utilisation d’une contraception hormonale est un facteur
organique retrouvée (AP) [42]. de risque de troubles de l’humeur [45,46] (NP2).
En cas de survenue d’une acné sous COP de
2e génération, il semble cohérent de proposer soit
un changement de contraception soit l’association Tout trouble de l’humeur sous contraceptif hormonal
œstroprogestative triphasique contenant 35 ␮g d’EE doit être exploré par un interrogatoire et évaluer
et du norgestimate (AP). En cas d’échec, l’avis d’un notamment les autres aspects psychologiques de cette
dermatologue pour mise en place de traitements plainte. Un changement de contraceptif peut être
spécifiques de l’acné, et/ou le recours aux associations discuté en parallèle (Accord professionnel).
œstroprogestatives contenant un autre progestatif
anti-androgénique, sera également discuté avec la
patiente (AP).
Tout trouble de la libido sous contraceptif hormonal
doit être exploré par un interrogatoire évaluant 10. Contraception chez l’adolescente
notamment les autres aspects psychologiques de cette
plainte. Un changement de contraceptif peut être La surveillance de la contraception chez l’adolescente doit
discuté en parallèle (AP) [43] (NP3). intégrer plus spécifiquement son équilibre général avec une
stabilité du poids et de la corpulence, un apport calcique
suffisant sans oublier la prévention des IST et la vaccina-
Les contraceptions hormonales ne sont pas associées à tion anti-HPV. L’utilisation des préservatifs associés à la
une prise de poids (NP2) [44]. prise régulière d’une contraception est essentielle pour leur
L’utilisation de l’implant sous-cutané à l’étonogestrel rôle de barrière contre les infections sexuellement transmis-
ou du DMPA injectable pourrait augmenter modérément le sibles (IST) [47] (NP1).
risque de prise de poids sans que celle-ci soit systématique La 1e consultation pour contraception est un moment
(NP2). essentiel auprès des adolescentes pour développer des com-
pétences d’éducation à la sexualité et de conseils à la
contraception de manière à éviter une grossesse non pla-
En cas de prise de poids importante, il est nécessaire nifiée.
de faire un bilan médical complet pour rechercher une
autre cause le cas échéant (AP). La patiente est reçue seule au moins pour un temps de
la consultation pour la protection de la confidentialité
[48] (Grade B).
Les céphalées survenues sous contraceptifs hormonaux L’examen clinique comprend : examen général,
peuvent être le marqueur d’un risque vasculaire et néces- taille, indice de masse corporelle, tension artérielle,
sitent une prise en charge adaptée. ainsi que la recherche de petits signes d’hirsutisme
(acné, hirsutisme). L’examen gynécologique n’est pas
nécessaire lors de la 1re consultation, sauf symptômes
La survenue de migraines de novo ou l’aggravation ou antécédents le justifiant (Grade C) [49].
de la maladie migraineuse préexistante sous Les femmes qui utilisent des méthodes
contraception œstroprogestative doit faire contraceptives autres que les préservatifs devront
interrompre définitivement la contraception être conseillées sur l’utilisation des préservatifs et le
œstroprogestative (Grade C). risque d’IST (Grade A).
En cas de migraines menstruelles survenant
lors de l’intervalle libre sous contraception
œstroprogestative, il est possible de proposer L’abondante littérature sur les actions préventives
un schéma d’administration continu (Grade A). (groupes etc.) démontre leur impact positif sur l’incidence
L’administration d’œstrogènes percutanés assez des IST, mais leur absence d’impact sur les taux de grossesses
fortement dosés (minimum 1,5 mg de gel/jour ou non désirées.
patchs dosés à 100 ␮g/24 h) pendant l’intervalle libre Il paraît important de donner un réel choix à la patiente
constitue une alternative à l’administration continue en matière de contraception et de les informer objec-
de la contraception œstroprogestative (Grade C). tivement des différentes méthodes contraceptives (NP2).
L’efficacité très élevée des contraceptifs à longue durée
(LARC) (NP1) est un élément important de l’information.
Les autres contraceptions ne semblent pas influencer En dehors de toute contre-indication, si la primo-
significativement l’histoire naturelle de la maladie migrai- prescription est une contraception œstroprogestative, elle
neuse (NP3). doit être une contraception œstroprogestative dont le
Republication de : Contraception : Recommandations pour la Pratique Clinique du CNGOF (texte court) 45

progestatif est du lévonorgestrel ou du norgestimate. Il


n’est pas souhaitable d’utiliser en 1re intention les autres Pour évaluer la balance bénéfice-risque d’une
modes d’administration de contraception œstroprogesta- contraception, il est recommandé d’informer les
tive par voie vaginale (par anneau) ou par voie percutanée patientes de 40 ans et plus sur la fertilité, les risques
(patch), car ils sont composés de progestatifs de 3e géné- d’une grossesse, les risques vasculaires, métaboliques
ration. Toutefois, selon les cas, ces derniers peuvent être et carcinologiques (AP).
prescrits après une étude bénéfice-risque. L’adolescence est Apres 40 ans, la contraception OP doit faire l’objet
la tranche d’âge où le risque vasculaire est le moins élevé d’une réévaluation de la balance bénéfice-risque (AP).
(NP1). Pour certains experts, le bénéfice de la prescription La contraception microprogestative peut être
d’une pilule à 30 mcg d’éthinyl-estradiol serait plus impor- proposée en première intention aux patientes après
tant pour assurer une meilleure couverture en cas d’oubli 40 ans en raison de sa neutralité sur les paramètres
surtout chez les très jeunes patientes et pour le maintien vasculaires, métaboliques et osseux (AP), après
de la minéralisation osseuse (NP4). information sur les effets secondaires.
Il n’est pas recommandé d’utiliser en première
intention le DMPA chez les patientes de plus de 40
Il n’existe pas dans la littérature d’arguments ans devant l’impact négatif au niveau vasculaire,
pour proposer plus spécifiquement, hors contre- glucidique et osseux. A fortiori chez les femmes
indication spécifique, un type de contraception plus présentant des facteurs de risque vasculaire, pour
particulier à une adolescente. Il est recommandé de qui il s’agira d’une contre-indication (Grade C) ou
proposer l’ensemble des modalités contraceptives et d’ostéoporose (contre-indication relative).
de procéder selon les recommandations usuelles une Le DIU au cuivre pourra être laissé en place jusqu’à
fois le choix de la méthode effectué (Grade A). Les la ménopause s’il est posé après 40 ans (Grade C).
contraceptifs à longue durée d’action (LARC) de type Le DIU au lévonorgestrel est particulièrement
DIU et implant ne sont pas contre-indiqués et ont un adapté dans le traitement des ménorragies
profil d’efficacité très favorable. après exploration et/ou les dysménorrhées de la
périménopause (Grade A).
À partir de 45 ans, le DIU au lévonorgestrel 52 mg
peut être laissé en place jusqu’à la ménopause. Son
bénéfice pourrait s’étendre à la période ménopausique
11. Contraception après 40 ans en association avec des estrogènes percutanés
(Grade C).
Les données de la littérature et niveaux de preuve sont limi- Les femmes doivent être informées des différentes
tées dans cette tranche d’âge, notamment au-delà de 50 méthodes barrières mises à leur disposition. En
ans. Différents consensus et recommandations récents sont revanche, les méthodes naturelles reposant sur la
disponibles [50-52]. connaissance de la période d’ovulation qui devient
En dépit de la diminution de la fertilité avec l’âge, aléatoire au fil des années sont particulièrement peu
une contraception efficace reste nécessaire en l’absence de fiables chez les femmes après 40 ans (Grade C).
désir de grossesse, les grossesses étant plus à risque et le
recours à l’IVG plus fréquent en cas de grossesse non désirée,
dans cette tranche d’âge.
La littérature mondiale s’accorde à dire que la contra- La contraception d’urgence (progestative ou par SPRM)
ception œstroprogestative peut être utilisée après 40 ans ne présente pas de spécificité dans cette tranche d’âge.
en l’absence de contre-indication puisqu’elle peut appor- La contraception définitive féminine et masculine a une
ter des bénéfices non contraceptifs intéressants (potentielle place intéressante après 40 ans.
prévention de la minéralisation osseuse, diminution des Au-delà de 50 ans la principale question est l’arrêt de la
ménorragies et dysménorrhée, des symptômes de carence contraception [56].
œstrogénique débutante) durant cette période de la vie
féminine (NP3). Il n’existe pas d’étude permettant de
contre-indiquer formellement une contraception sur la seule Pour les femmes dont la contraception est non
base de l’âge [50,51,53]. hormonale, il est conseillé de la poursuivre jusqu’à 1
La contraception microprogestative peut être proposée an d’aménorrhée au-delà de 50 ans (AP).
en raison de sa neutralité sur les facteurs de risque vascu- Les femmes utilisant encore une contraception
laires. Néanmoins, la qualité de vie peut être altérée dans œstroprogestative doivent l’arrêter (AP).
cette population en raison de saignements intercurrents, de Les dosages hormonaux sous contraception
l’aggravation possible de signes d’hyperœstrogénie et de la hormonale ne sont pas recommandés. Une fenêtre
non-prise en charge des signes d’hypo-œstrogénie (NP3). Le thérapeutique doit être proposée en maintenant une
DMPA chez les patientes de plus de 40 ans a un impact délé- contraception par méthode barrière (AP). En l’absence
tère au niveau vasculaire [54,55] (NP2 et 3), glucidique et de ménopause, un relais par une contraception non
osseux (NP3). hormonale ou progestative (hors DMPA) doit alors être
Le DIU est efficace et bien toléré notamment après 40 mis en place (Grade C).
ans (NP4).
46 N. Chabbert-Buffet, H. Marret, A. Agostini, et al.

Chez les femmes utilisant une contraception La méthode du retrait n’est pas recommandée comme
progestative (voie orale, sous-cutanée, intra-utérine) une méthode de contraception en soi ou même comme
une fenêtre peut être proposée en maintenant une une alternative aux méthodes barrières (AP).
contraception par méthode barrière pour confirmer la
persistance d’une activité ovarienne.
Les méthodes barrières sont soit des méthodes physiques
(préservatif masculin, préservatif féminin, cape cervicale
et diaphragme), soit chimiques (spermicides), parfois asso-
12. Méthodes naturelles et méthodes ciées.
barrières Les préservatifs masculin et féminin offrent une double
protection, prévention de la grossesse non prévue, mais
Au total, 4,6 % des femmes disent utiliser les méthodes aussi de la majorité des IST et du VIH. Ils présentent une
naturelles basées sur la détermination de la période fertile. efficacité élevée comparée aux autres méthodes barrières
L’identification de ces périodes se fait soit sur la constata- à condition de respecter des règles rigoureuses d’utilisation
tion de symptômes (méthode de la glaire cervicale [Billings], pour la mise en place [59,60] (NP2).
méthode des deux jours, température, méthode sympto- Capes et diaphragme doivent être laissés en place au
thermique) soit par la méthode du calendrier en calculant moins 6 heures après le dernier rapport. Ils ne protègent pas
les jours fertiles (méthode du calendrier [Ogino-Knaus], des IST et de l’infection par le VIH.
méthode des jours fixes [Standard Day Method(r) ]) (NP3). Les L’efficacité des spermicides utilisés seuls est faible. Les
preuves d’efficacité pour ces méthodes sont limitées et les produits à base du 9 nonoxynol ne sont pas recommandés,
études de qualité modéré à faible [57]. car responsables de lésions vaginales pouvant augmenter le
risque de transmission de l’infection VIH [61] (NP1).

Il est recommandé d’informer les patientes de la


moindre efficacité de ces méthodes comparées aux Des informations détaillées sur les modalités
contraceptions hormonales et au DIU (AP). d’utilisation des préservatifs masculin et féminin
Il est recommandé d’informer précisément sur le doivent être données par les professionnels de santé.
mode d’emploi de ces méthodes chez les patientes Pour une meilleure efficacité, il est recommandé
souhaitant les utiliser et de prévenir que lors des d’utiliser les capes cervicales et les diaphragmes
périodes fertiles, l’abstinence sexuelle (absence de en association avec les crèmes spermicides. Le gel
pénétration vaginale) augmente l’efficacité de la spermicide doit être remis en cas de rapports successifs
méthode, et que l’utilisation d’une méthode barrière, (Grade B). Les produits à base de 9nonoxynol ne sont
qui peut être incorrectement utilisée, la diminue pas recommandés (Grade A).
(Grade B). Les données sur la fiabilité et l’efficacité Les méthodes naturelles et barrières peuvent être
des moniteurs et kits de détection du pic de LH sont des méthodes d’appoint ou complémentaires, en
trop limitées. particulier quand l’adhérence à d’autres méthodes
est faible. Leur utilisation est en tout état de cause
préférable à l’absence totale de contraception. Seuls
La méthode MAMA repose sur l’aménorrhée lac- les préservatifs masculins et féminins protègent contre
tationnelle, correspondant à l’anovulation induite par la majorité des infections sexuellement transmissibles
l’allaitement dans des conditions précises [58]. (IST) et le VIH.
Il est recommandé d’informer sur la CU.

Il est recommandé d’informer les femmes qui


utilisent la méthode MAMA comme contraception que
l’efficacité est de 98 % si elles sont à moins de 6 mois
de la naissance, si elles sont en aménorrhée et si elles
13. Bénéfices non contraceptifs de la
font un allaitement complet exclusif (Grade B). contraception
Elles doivent être informées que le risque de
grossesse augmente si elles diminuent le nombre de 13.1. Bénéfices non contraceptifs de la
tétées (ne plus allaiter la nuit, introduire d’autres contraception œstroprogestative (COP)
aliments, utiliser une tétine), si elles sont au-delà de 6
mois ou ne sont plus en aménorrhée (Grade B). Ils sont similaires quel que soit le mode d’administration
oral, vaginal ou transdermique. Ils résultent en effet de la
mise au repos des ovaires et des effets des hormones admi-
nistrées sur l’endomètre.
La méthode du retrait (coït interrompu) nécessite que
l’homme se retire du vagin et de la sphère génitale avant
que l’éjaculation ne survienne. Le sperme ne doit pas être 13.1.1. Prévention de certains cancers
en contact avec le vagin ou la vulve. Son efficacité est La COP est associée à un effet protecteur sur le cancer
faible. de l’endomètre (RR 0,76 [IC 95 % 0,73-0,78, p < 0,0001 %])
Republication de : Contraception : Recommandations pour la Pratique Clinique du CNGOF (texte court) 47

(NP1) et sur le cancer de l’ovaire (RR 0,73 [IC 95 % 0,7-0,76,


p < 0,0001]) (NP1) [34,36]. Cette protection est corrélée de En raison du risque thromboembolique, il est
façon positive à la durée d’utilisation et persiste plus de 30 recommandé de suivre les règles de bonne pratique
ans après l’arrêt de la COP. On observe aussi une association concernant l’usage des contraceptifs œstroprogestatifs
avec une réduction du risque de cancer du côlon (RR 0,81 (Grade B).
[IC 95 % 0,72-0,92]) (NP1).

Il est recommandé de donner l’information de l’impact 13.1.4. Pathologies bénignes du sein et de


protecteur vis-à-vis du cancer de l’endomètre, de
l’ovaire et du côlon, dans les réponses que le praticien
l’utérus
apporte aux questions de la femme concernant le Une diminution de l’incidence des maladies fibrokystiques
risque de cancer lié à l’usage d’une contraception du sein sans atypie et des fibroadénomes mammaires (RR
œstroprogestative (Grade A). 0,64 [IC 0,47-0,87]) associée à l’utilisation des œstropro-
gestatifs, corrélée à la durée d’utilisation, a été décrite
(NP3).
De même une diminution de l’incidence des myomes a
13.1.2. Troubles du cycle menstruel été décrite chez les utilisatrices d’œstroprogestatifs (OR
La contraception œstroprogestative réduit le volume des 0,3 [IC 95 % 0,2-0,6]), de façon proportionnelle à la durée
ménorragies fonctionnelles (NP1) [41], améliore les dysmé- d’utilisation (NP3).
norrhées (NP1) [62], et le syndrome prémenstruel (NP1).

Les pathologies bénignes du sein et de l’utérus ne sont


Il est recommandé de proposer une contraception pas en soi une indication aux œstroprogestatifs, qui
œstroprogestative chez les patientes qui désirent ne sont pas contre-indiqués non plus (en l’absence
une contraception et qui souffrent de ménorragies, d’atypie), sous réserve d’une évaluation de la balance
dysménorrhée ou syndrome prémenstruel, après bénéfice-risque individuelle (Grade C).
évaluation clinique de ces pathologies et en l’absence
de contre-indication à la COP (Grade A).

13.1.5. Polyarthrite rhumatoïde


13.1.3. Endométriose L’utilisation de COP pendant au moins 7 années est associée
La place des œstroprogestatifs dans la prise en charge à une diminution d’environ 20 % de l’incidence de la poly-
de l’endométriose douloureuse et dans la prévention des arthrite rhumatoïde (OR 0,84 [IC 95 % : 0,74-0,96]). Cette
récidives postopératoires a été rediscutée lors des recom- diminution est d’autant plus importante que l’utilisation de
mandations récentes du CNGOF labellisées par la HAS [63], la pilule est prolongée (NP3).
ils sont positionnés en première intention parmi les traite-
ments hormonaux. Les effets sont observés sous traitement 13.1.6. Acné
et disparaissent à l’arrêt de celui-ci. La littérature est
insuffisante pour préciser le bénéfice d’une administration La contraception œstroprogestative a une efficacité clinique
continue de la COP chez les patientes ayant une endomé- sur l’acné, l’efficacité comparative des différentes prépa-
triose douloureuse, en dehors du contexte de chirurgie et rations est controversée [64] (NP1). Son effet s’interrompt
de dysménorrhée intense. en même temps que l’arrêt de la COP. La Société française
de dermatologie a émis en 2015 des recommandations spé-
cifiques à l’acné qui ne positionnent pas la contraception
La contraception par œstroprogestatifs est hormonale en première intention compte tenu de la balance
recommandée en première intention dans la prise bénéfice-risque [65].
en charge médicamenteuse de l’endométriose
douloureuse (Grade B).
En l’absence de souhait de grossesse, il est En l’absence de besoin contraceptif, il n’est pas
recommandé de prescrire un traitement hormonal recommandé de prescrire de première intention un
postopératoire afin de réduire le risque de récidive œstroprogestatif dans l’objectif de traiter l’acné
douloureuse de l’endométriose et améliorer la qualité (Grade A).
de vie de la patiente (Grade B). La contraception par
œstroprogestatifs est indiquée pour prévenir le risque
de récidive des endométriomes opérés (Grade B). Il est
recommandé de poursuivre la COP tant que la tolérance 13.2. Bénéfices non contraceptifs des
est bonne et qu’il n’y a pas de désir de grossesse (Grade contraceptions progestatives pures
B).
En cas de dysménorrhée, le schéma de prescription Seuls les progestatifs bénéficiant d’une AMM pour la
de la COP en continu doit être privilégié (Grade B). contraception sont étudiés sous ce titre de c̈ontraception
progestative pure :̈ micropilules au lévonorgestrel et au
48 N. Chabbert-Buffet, H. Marret, A. Agostini, et al.

désogestrel, implants à l’étonogestrel, progestatifs injec- 52 mg entrent déjà dans certains schémas thérapeutiques
tables à l’acétate de médroxyprogestérone. recommandés [41,63].
Les systèmes intra-utérins au lévonorgestrel (DIU-LNG 52 La plupart des études ont évalué le DIU au lévonor-
mg) sont traités avec les contraceptions par dispositif intra- gestrel 52 mg pour son action thérapeutique. Les études
utérin. évaluant les effets bénéfiques lors d’un usage contraceptif
D’une façon générale, très peu d’études évaluent les sont moins nombreuses. Elles confirment l’intérêt du DIU au
potentiels effets bénéfiques non contraceptifs des contra- lévonorgestrel lorsque la patiente présente certaines symp-
ceptifs progestatifs purs, et leur niveau de preuve est faible. tomatologies douloureuses ou hémorragiques.
Chez les patientes présentant une endométriose la place
des progestatifs a été précisée dans les RPC du CNGOF 2017 13.3.1. Ménorragies
[63].
En cas de ménorragies, le DIU hormonal est le moyen qui
apporte le plus de bénéfice en termes de qualité de vie
et entraîne moins de complications. Le risque de complica-
En l’absence de désir de grossesse, les contraceptions
tion est deux fois plus important en cas d’endométrectomie,
progestatives peuvent être proposées en deuxième
avec une moindre efficacité (NP1) [66].
intention dans la prise en charge de l’endométriose
douloureuse lorsqu’il y a une contre-indication aux
œstroprogestatifs (Grade B/C). Le DIU au lévonorgestrel est recommandé dans le
traitement de ménorragies et dans la prévention de
l’anémie (Grade A).
Il n’y a pas d’étude évaluant l’action des contraceptifs
progestatifs purs dans le traitement médical des myomes.
Concernant le risque de myome chez les utilisatrices de
contraception progestative pure, une seule étude (NP4) sug- 13.3.2. Dysménorrhée
gère un risque moindre chez les utilisatrices en cours ou
L’utilisation d’un DIU-LNG 52 mg est associée une diminution
passées de DMPA.
significative de la sévérité des dysménorrhées, comparée
Il n’y a pas d’étude évaluant l’action des contracep-
aux contraceptions non hormonales (NP3).
tifs microprogestatifs oraux pris en continu ou de l’implant
Le DIU au lévonorgestrel 52 mg est recommandé pour son
à l’étonogestrel sur la diminution des ménorragies toutes
action contraceptive ainsi que ses effets bénéfiques sur les
causes confondues. Deux études randomisées (NP3 et NP4)
ménorragies et la dysménorrhée, qui doivent être explorées
suggèrent un effet supérieur du DIU-LNG 52 mg comparé au
préalablement à la prescription. Celle-ci demeure dépen-
DMPA ou aux traitements médicaux usuels.
dante du choix éclairé de la patiente (grade B).
Il n’y a pas d’étude sur l’action préventive ou théra-
peutique que les contraceptifs microprogestatifs pourraient
éventuellement avoir sur les saignements utérins fonction- 13.3.3. Endométriose
nels. Le DIU-LNG à 52 mg permet une réduction des scores de dou-
Quelques études prospectives de petite taille montrent leur chez les patientes endométriosiques non opérées (NP2),
une augmentation modeste des taux d’hémoglobine chez les diminue le risque de récidive douloureuse et améliore la
utilisatrices de l’implant à l’étonogestrel. qualité de vie des patientes en postopératoire (NP2) avec
un effet similaire aux GnRHa (NP1) [63].
13.2.1. Dysménorrhée
L’implant à l’étonogestrel et la contraception au désoges- En l’absence de désir de grossesse, l’usage contraceptif
trel continu diminueraient les douleurs pelviennes à type de d’un DIU-LNG 52 mg est recommandé en première
dysménorrhée (NP2) ou de douleur pelvienne chronique par intention, au même titre qu’une COP, après
congestion veineuse pour l’implant (NP3/4). intervention chirurgicale pour une endométriose
Les effets bénéfiques non contraceptifs des contraceptifs douloureuse (Grade B).
microprogestatifs (voie orale et implant) sont peu évidents.
Il n’y a que peu d’études et leur niveau de preuve est faible.
Surtout, il n’est guère possible de déterminer à l’avance
quelles patientes pourraient éventuellement en bénéficier, 13.4. Effets bénéfiques non contraceptifs des
la réaction, notamment sur les hémorragies, pouvant être dispositifs intra-utérins au cuivre
contraire à celle recherchée.
Les effets bénéfiques non contraceptifs des DIU au cuivre
13.3. Bénéfices non contraceptifs des retrouvés par plusieurs publications sont centrés sur 2 effets
dispositifs intra-utérins au LNG :
• diminution du risque du cancer de l’endomètre [67]. Le
Ces bénéfices sont bien démontrés sur de nombreuses patho- mécanisme d’action n’est pas élucidé (NP2) ;
logies, au point que les DIU au lévonorgestrel doivent être • cofacteur dans la protection du cancer du col utérin de
considérés à la fois comme des contraceptifs, mais aussi type épidermoïde ou adénocarcinome [68] (NP2). Cet
comme de véritables agents thérapeutiques. L’AMM tient effet serait plus important dans la population à risque
compte de cette particularité et le DIU au lévonorgestrel [22] (NP2). Les DIU pourraient avoir un rôle dans l’histoire
Republication de : Contraception : Recommandations pour la Pratique Clinique du CNGOF (texte court) 49

naturelle du cancer du col en inhibant le développe- • Grouthier Virginie (Gynécologue médicale, CHU, Paris) ;
ment des lésions précancéreuses du col utérin chez des • Faucher Philippe (Gynécologue médical, CHU, Paris) ;
patientes infectées par le papillomavirus ou en en amé- • Fignon Alain (Gynécologue-obstétricien, secteur privé,
liorant la clairance. Saint-Cyr) ;
• Gauthier Tristan (Gynécologue-obstétricien, CHU,
Limoges) ;
L’utilisation des DIU au cuivre est associée à une • Kerlan Véronique (Endocrinologue, CHU, Brest) ;
diminution significative du risque de cancers de • Letombe Brigitte (Gynécologue médicale, CHU, Lille) ;
l’endomètre et du col de l’utérus (NP2). Cette • Martin Carine (Gynécologue médicale, CHU, Lille) ;
action n’est, cependant, pas suffisante pour qu’une • Massart Perrine (Gynécologue médicale, PSPH, Nantes) ;
recommandation d’usage puisse en résulter (AP). • Ohannessian Alexandra (Gynécologue médicale, secteur
privé, Lyon) ;
• Paganelli Elisabeth (Gynécologue médicale, secrétaire
générale du Syngof) ;
• Pintiaux Axelle (Gynécologue-obstétricienne, CHU,
Bruxelles) ;
14. Conclusion • Trignol Nathalie (Médecin généraliste, CHU, Tours) ;
• ainsi que Mesdames P. Lemoine, S. Charbonnel-Bucari et
Les recherches en matière de contraception se développent
dans de nombreuses directions afin de rendre la contracep- M. Jolivet pour leur aimable assistance et leur soutien
tion toujours mieux tolérée pour le plus grand nombre et logistique.
d’en améliorer la continuité. Ces recherches concernent de
nouvelles modalités d’administration, de nouvelles molé-
cules ou de nouvelles associations. Certaines sont déjà en Déclaration de liens d’intérêts
usage dans certains pays. Citons (liste non exhaustive et
évolutive) : NCB déclare des activités de conseil pour les laboratoires
• baisse de la dose d’éhinyl-estradiol à 10 microgrammes ; Teva, Gedeon Richter, HRA Pharma.
• introduction d’un nouvel œstrogène n̈aturel ¨(estétrol) ; HM déclare des liens avec MSD, Bayer, Gedeon, GSK, Teva.
• raccourcissement, voire suppression, de l’intervalle libre AA déclare des liens avec Gedeon Richter, Bayer et MSD.
avec ou sans placébo ; GR déclare des liens avec MSD.
• œstroprogestatifs injectables (estradiol cypio- TL déclare des liens avec CCD, MSD, Gedeon Richter, HRA
nate + médroxyprogestérone acétate) ; Pharma. C.R.-J. déclare des liens avec MSD, Bayer, Gedeon
• nouveaux systèmes transdermiques avec un progestatif de Richter, GSK, Merck Serono.
type lévonorgestrel ou gestodène ; MS déclare des liens avec Bayer, Sanofi, Gedeon Richter,
• anneau vaginal ayant une durée d’action de un an ; Teva.
• mise en vente libre des microprogestatifs. Les autres auteurs déclarent ne pas avoir de liens
d’intérêts.
Les recherches en matière de vaccin contraceptif
paraissent aujourd’hui dans l’impasse, de même que les
recherches sur les contraceptions masculines qui, en pra- Références
tique aujourd’hui, se limitent toujours aux contraceptions
barrières (préservatif) ou à la stérilisation définitive (vasec- [1] Moreau C, Bouyer J, Bajos N, Rodríguez G, Trussell J. Fre-
tomie). L’avenir de la contraception tel qu’il peut être quency of discontinuation of contraceptive use: results from
anticipé aujourd’hui passe donc avant tout par le bon usage a French population-based cohort. Hum Reprod Oxf Engl
des moyens dont nous disposons aujourd’hui. C’est l’objectif 2009;24:1387—92.
poursuivi par ces recommandations de pratique clinique du [2] Moreau C, Trussell J, Michelot F, Bajos N. The effect of access
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