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L’optimisme

1. La confiance en soi est la condition préalable à l’accomplissement.


Toute perte d’énergie liée au malheur se manifeste par un sentiment
d’impuissance. La confiance en soi et l’optimisme en pâtissent
nécessairement

 Au sortir du deuil, Hugo retrouve une forme de confiance et


d’assurance. Il se sent prêt à affronter les épreuves que la vie lui
imposera de nouveau. Il montre que cette confiance le remet en
marche, et nourrit sa foi en l’avenir. « je crois, et rien de moins »
V-III

 Suite à la perte de confiance envers le régime soviétique, une


confiance en soi plus timide a fait son apparition chez les témoins
de Tchernobyl. Il est devenu nécessaire de « s’écouter », de croire
en son propre jugement : « Soudain, nous avons éprouvé un
sentiment nouveau, inhabituel : chacun de nous avait une vie
propre. »

 Nietzsche insiste sur l’importance de la confiance en soi. Croire en


soi-même, c’est se donner le pouvoir de s’accomplir, de satisfaire
sa volonté et d’aimer la vie : « Une chose est nécessaire : que
l’homme parvienne à être content de lui-même » § 290

2. Être dans l’action et se donner un but aident à traverser les épreuves. Si


la passivité reflète la faiblesse, à l’inverse, l’action et la réalisation de
projets donne de la force. Faire valoir ses capacités personnelles nourrit
l’estime de soi et donne l’envie d’aller toujours plus loin. Mais un
travail de long terme demande de l’investissement, et tant d’efforts
peuvent être réduits à néant

 La mort de Léopoldine marque une rupture dans le parcours du


poète. Il ne sent plus la force de poursuivre son œuvre d’écrivain,
qui est pourtant le mobile de sa vie. Puis, avec le temps, son but
de justice et de progrès social redevient le solide pilier de sa force
de vivre .

 Malgré le danger, les paysans de Tchernobyl s’épanouissent dans


leurs tâches ancestrales et quotidiennes (Voir « Monologue d’un
village »). Être dans l’action permet aussi aux témoins de se vider
l’esprit pour continuer à vivre, comme le montre la veuve du
prologue. D’autres encore sont comme « réveillés » par le drame,
désireux désormais de jouir activement de leur vie.
« J’entrepris des travaux pour ne pas rester assise, pour oublier »
p 28

 Notre nature intime nous prédispose à certaines aptitudes. Se


donner un but, un idéal, un « soleil » personnel propre à faire
mûrir ces aptitudes est l’un des piliers de l’art de vivre
nietzschéen. C’est en agissant dans ce but personnel que l’Homme
vit pleinement le présent et se déleste alors du poids du passé : «
Je suis bien disposé envers les morales qui m’incitent à faire
quelque chose […] aussi bien que moi seul, justement, je le peux !
[…] En faisant, nous ne faisons pas » § 304

 Le changement est salutaire pour la santé psychique :

1. L’Homme rivé au passé entrave sa force de vivre. Il lui faut accepter le


changement et tourner la page pour aller mieux.

 Selon Hugo, l’impermanence des choses et l’évolution de la vie ne


vont pas souvent dans le bon sens. Le passé lui semblait plus
agréable que le présent et l’avenir. Aussi, il ressasse ses souvenirs.
Mais ces souvenirs le hantent, le font souffrir et le retiennent. Il
refuse pourtant d’oublier :
« Le passé ne veut pas s’en aller. Il revient » V-III

 Comme en témoignent notamment les veuves des « voix solitaires


», le traumatisme peut figer le temps. Les morts passés hantent le
présent. Cet arrêt sur image reflète une extrême faiblesse de
vivre : « Quand il est mort […] J’ai arrêté l’horloge de la maison » p.
247

 Selon Nietzsche, le « bon vivant » se déleste naturellement du


poids du passé qui pourrait peser sur l’élan vital. Afin de prodiguer
du courage, il veut également montrer que ce que l’Homme perd
peut lui permettre de regagner autre chose, sous une nouvelle
forme :

Accepter le malheur est la seule manière de continuer à vivre sans rester dans
le déni, la colère, l’injustice, la quête éperdue de sens… qui finissent par éroder
la force de vivre. L’acceptation est l’ultime étape du deuil, le point de départ
d’un nouvel avenir

1. Le fatalisme est une réaction de soumission au malheur

 Ainsi, Hugo s’avoue vaincu par le destin. Il lui arrive de


penser que la vie est menée par un tortionnaire auquel
on ne pourrait échapper : « J’ai fini ! le sort est
vainqueur » IV-III
 Les peuples slaves ont « appris » à se résigner au fil de
leur histoire. Le malheur leur semble inévitable. Il
domine toute leur vie. L’être humain doit donc se
soumettre à la fatalité : « Nous sommes tous des
fatalistes » p133
« Chacun éprouve le sentiment d’être condamné » p.
195
 Nietzsche n’est pas fataliste. Mais il ne nie pas, dans le
cas où la vie est faite de souffrance, que l’indifférence
stoïcienne et la résignation soient une solution pour
continuer à vivre : « Pour ceux qui vivent à des époques
violentes […] le stoïcisme peut être fortement conseillé
» § 306
2. L’acceptation pure et simple de la nécessité ouvre les portes de
l’optimisme. Au contraire du fatalisme, l’acceptation n’est pas une
posture de soumission au destin. Il s’agit en fait d’évacuer tout
ressentiment ou découragement lié au malheur, de considérer que
celui-ci est simplement nécessaire. Dès lors, l’Homme peut traverser
l’épreuve en gardant confiance en sa capacité d’agir. Il continue à croire
en ses forces.

 Cette attitude est la pierre angulaire de l’art de vivre


nietzschéen. Les aléas de la vie n’ont pas de sens
particulier, il ne faut donc pas s’appesantir à en
chercher les causes ou à se « victimiser », à s’apitoyer
sur son sort. Mais simplement être capable de voir le «
beau côté des choses » .C est ce qu’appelle Nietzsche
« amor fati » l’amour du destin dans le bonheur comme
dans le malheur.

 Hugo pense que le malheur est la volonté de Dieu, à


laquelle le poète se soumet. Mais Dieu n’est qu’amour,
il faut donc croire que le malheur cacherait de « bonnes
intentions ». Aussi, Hugo éprouve cette forme
d’acceptation qui produit chez lui une libération
« Puisque ces choses sont, c’est qu’il faut qu’elles
soient ; J’en conviens, j’en conviens »

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