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La sagesse Personnifiée

1
La vraie sagesse Jérémie 9,22-23

22 Ainsi a dit Yahvé : que le sage de soi-même


Ne se glorifie pas ; que le brave de soi-même
Ne se glorifie pas ; que le riche de soi-même
Ne se glorifie pas. 23 Que celui qui se flatte,
Qu’il se flatte de ceci : apprendre et me savoir.
Car je suis le Seigneur qui exerce la bonté,
Le droit et la justice sur l’immense étendue.
Oui, voilà ce que j’aime - Oracle de Yahvé.

2
Le livre de Job

ELOGE DE LA SAGESSE

La sagesse inaccessibLe à L’homme

28 1 Certes, il existe des mines pour l’argent et pour l’or


Des lieux où l’on épure. 2 Le fer se tire du sol,
Et c’est la pierre fondue qui se transforme en cuivre.

3 On met fin aux ténèbres. Jusqu’à l’extrême limite,


On fouille la pierre obscure dans l’ombre de la mort.
4 C’est un peuple étranger qui perce des tranchées
Loin des lieux habités. Le voilà suspendu,
Oscillant loin des hommes. 5 La terre d’où sort le pain,
Fut ravagée en ses entrailles comme par le feu.
6 Alors les pierres sont le gisement du saphir
Ayant des poussières d’or.

3
7 Un sentier qui n’a point
Connu l’oiseau de proie, qui n’a point remarqué
8 L’œil aigu du vautour, non point ne l’ont foulé
Les bêtes féroces, point n’est passé le léopard.

9 L’homme s’attaque au silex. Il a bouleversé


Les montagnes à la base. 10 Oui, à travers les roches,
Il perce des galeries, et son œil est ouvert
Sur tout objet précieux. 11 Les origines des fleuves
Il les a explorées. Ce qui était caché,
Il a voulu le faire paraître à la lumière.

12 Mais la Sagesse elle-même, où se trouverait-elle


L’Intelligence elle-même, où se trouverait-elle ?
13 Celui qui est mortel, n’en connaît par le prix.
Elle ne se trouve pas dans la terre des vivants.

14 L’Abîme a déclaré : je ne le connais pas.


La Mer a ajouté : non, elle n’est pas chez moi.

4
15 On ne peut l’acquérir avec de l’or massif,
On ne peut l’acheter en pesant de l’argent.
16 Elle n’est pas évaluée avec l’or d’Ophir,
Avec l’agate précieuse, ou avec le saphir.

17 Et l’on ne peut lui comparer l’or ou le verre.


On ne l’échange point contre un vase d’or fin.
18 Les coraux, le cristal ne méritent pas mention.
Il vaudrait mieux pécher la sagesse que les perles.
19 Auprès d’elle, la topaze de Coush est sans valeur.
Avec l’or pur, non elle n’est pas évaluée.

20 Mais la Sagesse elle-même, où se trouverait-elle ?


L’Intelligence elle-même, où se trouverait-elle ?

21 Elle a été cachée aux yeux de tout vivant,


Elle a été cachée à l’oiseau dans le ciel.

22 L’Abaddon et la Mort ont tous deux déclaré :


Vos oreilles ont eu bruit de sa grande renommée.

24 Oui, Élohim en a discerné le chemin,


Et c’est lui qui a connu où elle se trouvait,
5
25 Comme jusqu’aux confins de la terre, il regardait.
Il apercevait tout ce qui est sous les cieux.

26 Lorsqu’il voulut donner au vent son équilibre,


Lorsqu’il voulut jauger la mesure des eaux,
27 Lorsqu’il voulut imposer des lois à la pluie.
28 C’est alors qu’il la vit et put évaluer,
Qu’il put l’examiner et qu’il put la scruter !

29 Alors il dit à l’homme : la crainte du Seigneur


C’est la Sagesse ! Fuit le mal, c’est l’intelligence !

6
Hymne à la sagesse toute puissante

22 Vois, Dieu est souverain dans sa toute puissance.


Quel maître prétendrait enseigner comme lui ?
23 Qui lui a imposé la direction à suivre ?
Qui oserait lui dire : tu commets l’injustice ?

24 Tu dois songer plutôt à célébrer son œuvre


Qu’ont honorée les hommes. 25 Tout humain la contemple,
Peut l’admirer de loin. 26 Voici, Dieu est immense,
Il dépasse notre science. Le nombre de ses ans
Ne peut être compté.

27 Il attire les gouttes d’eau.


Il pulvérise la pluie, et elle devient brouillard.
28 Des nuages les déversent, et la font ruisseler
Sur la foule des humains.

7
29 Qui comprendra aussi
Le déploiement des nues ? le bruit sourd de sa tente ?
30 Il étend sa lumière, et il a découvert
Les racines de la mer. 31 Oui, c’est par les nuages
Qu’il alimente le peuple, et redistribue
L’abondante nourriture.

32 Ses deux paumes, de flammes,


Il les a recouvertes. Il lui ordonne une cible.
34 Et le bruit du tonnerre accompagne la foudre.
Oui, le troupeau lui-même en pressent son approche.

37 1 C’est aussi ce qui jette la frayeur dans mon cœur,


Et c’est ce qui le fait vivement sursauter !
2 Oui, prêtez attention au fracas de sa voix,
Ainsi qu’au grondement qu’il sort hors de sa bouche !
3 Son éclair est lâché sous l’étendue des cieux,
Et celui-ci atteint les pourtours de la terre !

4 Puis sa voix retentit derrière lui, car Dieu tonne


De sa voix magnifique. Il ne les retient pas
Ses foudres et ses éclairs quand elle s’entend sa voix !
5 C’est Dieu qui par sa voix accomplit des merveilles.
8
Il fait de grandes choses que nous ne savons pas.

6 Quand il dit à la neige : abats-toi sur la terre,


Aux averses : pleuvez dru, 7 alors il peut suspendre
L’activité des hommes, et chacun reconnaît
L’œuvre qu’il a formée.

8 La bête va au repaire,
Elle regagne sa tanière. 9 De la Chambre australe
Sort l’ouragan. Les vents du nord amènent le froid.
10 Par le souffle de Dieu est produite la glace,
11 Et se solidifient les étendues des eaux.

12 S’envient le beau temps qui emporte les nuages,


Qui éloigne les nuées remplies de leurs éclairs.
Et ces derniers s’en vont, et ils tournoient en cercles.
Ils exécutent ses ordres sur son monde terrestre.
13 Soit pour un châtiment, il fait sa volonté.
Soit pour miséricorde, il la fait s’accomplir.

9
14 Prête l’oreille à ceci, Job, et réfléchis.
Arrête-toi à toutes les merveilles de Dieu.
15 Pourrais-tu dire comment Eloah leur commande,
Et comment sa nuée fait briller un éclair ?

16 Pourrais-tu dire comment il suspend les nuées


En équilibre, miracles du Parfait en science ?

17 Mais toi tu as pourtant des vêtements brûlants.


Quand se repose la terre sous le vent du midi,
18 Viendras-tu pour étendre avec Lui des nuages ?
Les durcir comme un miroir de métal fondu ?

19 Toi, fais-nous donc savoir ce que nous devons dire :


À cause des ténèbres, nous manquons d’arguments !
20 Si je viens à parler, retient-il mes paroles ?
Serait-il informé des décisions de l’homme ?

21 Il suffit d’un instant, la lumière disparaît,


La voilà obscurcie par les nombreux nuages.
Le vent passe, les balaie. 22 Du nord vient la clarté.

10
Tout autour d’Eloah est la gloire redoutable.
23 C’est pourquoi Shaddaï, nous ne l’atteignons pas.
Il est suprême en force et dans le jugement.
Il est maître en justice, non il n’opprime pas.
24 Mais il sait s’imposer à la crainte des hommes.
Il ne tient aucun compte de qui se prétend sage.

11
LES DISCOURS DE YAHVE

PREMIER DISCOURS

La Sagesse créatrice confond Job

38 1 Yahvé répond à Job du sein de la tempête,


Il dit :

2 Quel est celui qui brouille la providence


En usant des propos dépourvus de raison ?
3 Tu peux ceindre tes reins et imiter le brave :
Je te questionnerai et tu sauras m’instruire.

4 Mais où donc étais-tu quand je fondai la terre ?


Exprime-toi si ton savoir est éclairé !
5 Qui fixa ses mesures, tu pourrais l’expliquer ?
Qui a bien voulu tendre sur elle le cordeau ?
6 De quelle façon ses socles ont été enfoncés,
Et qui donc a posé son fondement de base ?

12
7 Les étoiles du matin jubilaient de concert,
Et tous les Fils de Dieu exultaient de bonheur !

8 Mais qui a enfermé à deux habitants la mer,


Quand elle sortit, bondissante du sein maternel ?
9 Et quand je lui donnais les brumes pour se vêtir,
Oui, quand je la langeais avec des nuées sombres ?

10 Je lui ai imposé de tenir mes limites,


Et j’ai voulu placer des portes et des verrous.
11 Je dis : “ Viens jusqu’ici. Tu n’iras pas plus loin.
C’est le lieu où s’achève la puissance de tes flots ! ”

12 Aurais-tu dans ta vie commandé au matin,


Et assigné l’aurore à rester à son poste,
13 Pour qu’elle puisse saisir par tous ses bords la terre,
Et en rejette les méchants en une secousse ?

14 Et ainsi elle devient de l’argile de sceau,


Et ainsi elle se teint comme le vêtement !
15 Les méchants sont privés de leur propre lumière,
Le bras qui est levé se retrouve brisé.

13
16 Aurais-tu pénétré jusqu’aux sources marines,
Aurais-tu circulé au profond de l’Abîme ?
17 Les portes de la Mort te furent-elles montrées,
Aurais-tu vu l’entrée du royaume des ombres ?

18 Aurais-tu quelque idée des étendues terrestres ?


Si tu sais tout cela, tu peux bien t’exprimer.
19 Saurais-tu le chemin où habite la lumière ?

20 Et les (sombres) ténèbres, où donc résident-elles ?


Tu pourras les conduire vers leur (propre) domaine !
21 Tu étais déjà né si tu peux le prétendre !
Le nombre de tes jours est donc considérable !

22 Serais-tu parvenu aux réservoirs de neige ?


Aurais-tu aperçu les réservoirs de grêle
23 Que je tiens en dépôts pour les temps de détresse,
Pour les jours de batailles, pour les jours de combat ?

24 (Sais-tu) par quel chemin se dissipe la vapeur ?


[Par quel chemin] le vent d’est se répand sur la terre ?
25 Mais qui a percé une rigole pour l’averse,
Qui a frayé la voie à la nuée qui tonne ?
14
26 Et qui a fait pleuvoir sur une terre sans hommes,
Sur des vagues de sable où il n’y a personne
27 Pour abreuver les solitudes si désolées ?
Pour que puissent pousser de la steppe des prairies ?

28 La pluie a-t-elle un père et qui fait la rosée ?


Et du ventre de qui est engendré la glace ?
29 Le givre dans les cieux, mais qui l’a enfanté ?
30 Quand les eaux se déguisent en imitant la pierre,
La surface de l’abîme alors se coagule.

31 Et pourras-tu nouer les cordes des pléiades,


Pourras-tu dénouer les attaches d’Orion ?
32 Sauras-tu faire sortir la couronne en son temps ?
L’ourse avec ses petits, sauras-tu les guider ?

33 Toi, connais-tu les lois qui régissent les Cieux,


Et fais-tu observer leur charte sur la terre ?
34 Et ta voix pourrait-elle monter jusqu’aux nuées
Pour que l’inondation vînt à ta submerger ?

15
35 Est-ce toi qui commandes aux éclairs de partir
Pour qu’enfin ils te disent : “ (regarde car) nous voici ! ” ?

36 Mais qui donc aurait mis dans l’ibis la sagesse ?


Oui, qui aurait donné au coq l’intelligence ?

37 Qui compte les nuages avec sa compétence,


Et qui sait incliner les outres dans les cieux,
38 Afin que la poussière se transforme en limon,
Que les mottes de terre puissent se solidifier ?

39 Et saurais-tu chasser pour la lionne une proie ?


Pourrais-tu apaiser l’appétit des lionceaux ?
40 Quand ils sont accroupis au fond de leurs tanières,
Quand ils se tiennent en embuscade dans les fourrées ?

41 Qui prépare au corbeau ce qu’il faut de provende


Quand ses petits crient vers Dieu, faute de nourriture.

16
39 1 Sais-tu comment les bouquetins ont leurs petits ?
Aurais-tu observé les biches dans leur travail ?
2 As-tu compté les mois qu’il leur faut accoupler,
Et connais-tu l’époque de leur enfantement ?
3 Alors elles s’accroupissent, mettent bas leurs petits,
Et déposent leurs portées. 4 Les petits gagnent en force,
Grandissent dans le désert puis s’en vont à jamais.

5 Qui a remis l’onagre en toute liberté,


Qui a dénoué les liens de l’âne sauvage ?
6 Je lui ai assigné le désert pour demeure.
7 Il se rit de la multitude des cités.
Il n’entend pas les hurlements du conducteur.
8 Il explore les montagnes cherchant son pâturage.
Il essaie de trouver tout ce qui est verdure.

9 Le bœuf sauvage accepterait de te servir ?


Passerait-il la nuit chez toi près de la crèche ?
10 Pourras-tu attacher une corde à son cou,
Et voudra-t-il herser les sillons derrière toi ?
11 Te fieras-tu à lui comme sa force est grande ?

17
Sauras-tu lui remettre le soin de ton travail ?
12 Compteras-tu sur lui pour qu’il rendre ton grain
Et veuille recueillir le produit de ton aire ?

13 Oui, les ailes de l’autruche battent joyeusement.


Elle possède des plumes gracieuses, un pennage.
14 Mais elle a abandonné ses œufs à la terre,
Et les laisse chauffer sur la poussière du sol.
15 C’est oublier qu’un pied pourrait les écraser,
Qu’une bête sauvage pourrait les piétiner :

16 Si dure pour ses petits comme pour des étrangers !


D’une peine inutile, elle ne s’inquiète pas.
17 Il est que le Seigneur l’a privé de sagesse,
Il lui a refusé la moindre intelligence.
18 Qu’elle vienne à se dresser, se lever, s’élancer,
Elle défie le cheval, se rit du cavalier !

18
20 Saurais-tu au cheval remettre la bravoure ?
Saurais-tu revêtir son cou d’une crinière ?
21 Et telle la sauterelle, l’aurais-tu fait bondir ?

29 Il répand la terreur, son fort hennissement !


21 Il piaffe dans le vallon et exulte avec force !
Il s’élance avec joie au-devant des épées.
22 Il se rit de la peur, il n’est pas effrayé.
Il refuse de reculer de devant des armes.
23 Et sur lui, résonnent le carquois, le javelot,
La lance étincelante.

24 Frémissan td’impatience,
Il dévore l’étendue. Il ne peut se tenir
25 Quand sonne la trompette. Il dit : Ah ! Ah ! De loin
Car il flaire le combat. C’est le tonnerre des chefs !
Ce sont les cris de guerre !

26 Est-ce sur ton conseil


Que le faucon prend vol, et qu’il déploie ses ailes

19
En direction du sud ? 27 Est-ce sur ton ordre
Que s’est élevé l’aigle, et qu’il bâtit son nid
Sur les plus hauts sommets ?

28 Il a fait du rocher
Son habitat nocturne, et de la dent d’un pic
Son repaire inviolable. 29 De là, il voit sa proie.
30 Ses petits lapent le sang. Il est près des cadavres.

40 1 Et Yahvé s’adressa à Job en lui disant :

2 Oui, l’adversaire de Shaddaï, cédera-t-il ?


Le censeur d’Eloah voudra-t-il répliquer ?
3 Et Job dit à Yahvé, s’exprimant de la sorte :

4 Je suis trop peu de choses : que saurais-je te répondre ?


Je devrais plutôt mettre ma main sur ma bouche.
5 J’ai parlé une fois, je ne redirai plus.
Une deuxième fois, je n’ajouterai rien.

20
SECOND DISCOURS
Maîtrise de Dieu sur les forces du mal

6 Yahvé répond à Job du sein de la tempête,


Il dit :

7 Toi, tel un brave, tu peux ceindre tes reins.


Je vais t’interroger, et tu sauras m’instruire.
8 Le voudras-tu vraiment casser mon jugement ?
Tu me condamneras pour assurer ton droit ?
9 Ton bras possède-t-il une vigueur divine,
Tonnes-tu d’une voix identique à la sienne ?

10 Orne-toi donc de majesté et de grandeur,


Et revêts-toi de gloire, parais-toi de splendeur !
11 Oui, répands les débordements de ta colère.
12 Regarde tout être fier, abaisse son arrogance.

13 Oui, tu peux les cacher ensemble dans le sol.


Emprisonne leur personne dans le (sombre) cachot.
14 Moi-même je saurai célébrer ton hommage
Pour avoir triompher par ta droite victorieuse !

21
Béhémoth

15 Voici Béhémoth qui se trouve devant toi,


Et lui pareil au bœuf, se nourrit de verdure.
16 Tu peux voir que sa force réside dans ses reins,
Que la force de ses fibres se trouve dans son ventre.

17 Il peut tendre la queue, et c’est le tronc du cèdre.


Oui, les nerfs de ses cuisses se sont entrelacés
18 Ses vertèbres se comparent à des tuyaux d’airain.
Ses os sont aussi durs qu’une barre de fer.

19 Et c’est lui le premier des ouvrages de Dieu,


Mais son Auteur voulut le menacer du glaive.
20 Les montagnes produisent du fourrage pour lui.
Autour de lui se jouent les animaux des champs.
21 Sous les lotus, il est couché. Dans les roseaux
Des marécages, il est caché. 22 Ainsi le couvrent
Les ombres des lotus, les saules des torrents
Sauront l’environner. 23 Le fleuve est violent,

22
Il n’en est pas ému. Il est tranquille même
Si le Jourdain jaillit jusqu’au bord de sa bouche.
24 Mais qui parviendra à le saisir par les yeux,
Qui lui percera le nez avec des épines ?

23
Léviathan

25 Et Léviathan, le pêches-tu à l’hameçon ?


C’est avec une corde que tu comprimes sa langue ?
26 Aurais-tu fais passer un jonc dans ses naseaux ?
C’est avec un croc que tu perces sa mâchoire ?

27 Prodiguera-t-il des supplications vers toi ?


Et te parlera-t-il en usant de tendresse ?
28 Voudra-t-il s’engager par contrat envers toi ?
Voudra-t-il devenir ton serviteur à vie ?

30 Et tel un passereau, joueras-tu avec lui ?


Pourras-tu l’attacher pour la joie de tes filles ?
31 Vous associerez-vous pour le mettre aux enchères ?
Le débiteront-ils au milieu des marchands ?
32 Toi, voudras-tu cribler sa peau avec des dardes,
Et voudras-tu piquer sa tête par le harpon ?
33 Essaie de poser seulement ta main sur lui.
Songe au combat, tu ne recommenceras pas.

24
41 1b Devant lui l’assurance devient une illusion,
Car le fait de le voir suffit à terrasser.
Et il devient féroce si l’on veut l’éveiller.
2 Qui l’ayant affronté, en serait resté sauf ?
Non, il n’y a personne sous l’étendue des cieux.

3 Je ne recherche pas à évincer ses membres,


Et je dirai encore sa force incomparable.

4 Qui pourrait découvrir ses faces et sa verdure ?


Et qui aurait osé franchir son double mors ?
5 Mais qui donc a ouvert les battants de sa bouche ?
C’est la terreur qui règne là autour de ses dents !
6 Imposantes sont ses lignes qui forment un bouclier,
Pressurées tel un sceau qui adhère fortement !
7 Elles sont si rapprochées que nul vent ne s’y glisse !
8 Chacune à sa voisine, se retrouve collée.
9 Elles se tiennent de près, ne se séparent pas.

10 Dans son éternuement, il jette la lumière.


Ses yeux sont comparés aux paupières de l’aurore.
11 Des torches (ont resplendi et) jaillissent de sa gueule.
Il s’en échapperait des étincelles de feu !
25
12 Déjà de ses naseaux est sortie la fumée,
Comme elle sort du chaudron chauffé et bouillonnant !
13 Son souffle parviendrait à brûler des charbons.
14 C’est comme une flamme qui s’échappe de sa gueule !

15 C’est bien dans son cou que la puissance réside !


C’est encore devant lui que bondit l’épouvante !
16 Les fanons de sa chair sont pressurés ensemble.
Ils sont pressés sur lui, il est inébranlable.
17 Oui, son cœur est compact pareil à une pierre !
Et aussi résistant que la meule inférieure !

18 Il est à se dresser, les valeureux ont peur !


Déjà ils sont en fuite sous l’effet de la crainte !
19 Voudrait-on l’attaquer que le glaive ne tient pas
Ni même la lance, le javelot ou la cuirasse !

20 Il considère le fer comme étant de la paille !


C’est à du bois pourri, qu’il compare le bronze !
21 Ne pourrait pas le mettre en fuite le fils de l’arc !
Et les pierres de la fronde sont pour lui un fétu !
22 (Il méprise) la massue qui lui semble un roseau,
Il se rit du frémissement du javelot !
26
23 Et son ventre est garni de pointes de tesson.
Pareille à une herse, il passe sur la vase.
24 Et il change le gouffre en chaudron écumant,
Change également la mer en brûle-parfums.
25 Derrière lui, il laisse un sillage lumineux.
On dirait que l’abîme est une tête chenue.
26 Point son pareil sur terre ! Il fut créé sans peur.
27 Il voit avec dédain ce qui est élevé.
Et il devient le roi sur le fils de l’orgueil.

27
Dernière réponse de Job

42 1 Et Job prit la parole pour répondre à Yahvé :

2 Je sais que tu peux tout, et ce que tu conçois


Alors se réalise.

3 “ Mais qui donc a osé


Dénigrer mes propos par manque d’intelligence ? ”
Je me suis exprimé sur des faits que j’ignore,
Choses qui me dépassent, que je ne connais pas.
4 “ Toi, laisse-moi parler, je vais t’interroger,
Et tu pourras m’instruire. ”

5 Je ne te connaissais
Que par ouï-dire, mais maintenant mes yeux t’ont vu.
6 C’est pourquoi je m’abîme et je veux me répandre
Avec de la poussière et avec de la cendre.

28
EPILOGUE
Yahvé blâme les trois Sages

7 Après qu’il eut adressé ces paroles à Job,


Yahvé s’adressa à Eliphaz de Teyman :

“ Alors ma colère s’est enflammée contre toi,


Contre tes deux amis car vous n’avez pas dit
De moi la vérité comme mon serviteur Job.

8 Et maintenant prenez pour vous sept taurillons


Et sept béliers, allez vers mon serviteur Job.
Il vous faudra offrir pour vous un holocauste.
Tandis que mon serviteur Job priera pour vous.
J’aurai égard à lui, ne vous infligeant pas
De flétrissure pour ce que vous n’avez pas dit
De moi en vérité comme mon serviteur Job. ”
9 Eliphaz de Teyman et Bildad de Shouakh,
Sophar de Naamath s’en furent exécuter
L’ordre de Yahvé. Yahvé eut égard à Job.

29
LES PROVERBES

Titre général

1 1 Proverbes de Salomon, fils de David, roi


D’Israël 2 afin de connaître la sagesse
Et l’instruction, et de comprendre les discours
3 Afin d’acquérir une instruction éclairée
Justice, équité, droiture, 4 afin de donner
Au jeune homme de la science et de la réflexion.

5 Que le sage écoute, il gagnera en savoir


Et l’intelligent obtiendra des directives
6 Pour comprendre les proverbes et allégories,
Les paroles des sages et leurs énigmes, 7 la crainte
De Yahvé est le début de la science. Les sots
Méprisent la sagesse et l’instruction.

30
I - PROLOGUE
Le sage : Fuir la compagnie des mauvais garçons

8 Écoute,
Mon fils, l’instruction de ton père, l’enseignement
De ta mère, ne le repousse pas 9 car ils sont
Un bandeau gracieux pour ta tête et un collier
Pour ton cou. 10 Mon fils, ne va pas, si des pécheurs
Te sollicitent, acquiescer. 11 S’ils disent : “ Avec nous
Viens car nous comploterons de verser le sang,
Mettons-nous à l’affût contre des innocents,
En secret, sans motif ; 12 nous les engloutirons
Vivants, comme le Shéol, entiers, comme ceux
Qui descendent dans la fosse. 13 Et nous trouverons
Toute sorte de biens précieux ; nous emplirons
Nos maisons de butin. 14 Tu tireras le lot
Parmi nous, et il y aura une seule bourse
Pour nous tous ”. 15 Mon fils, ne fais pas route avec eux,
Et tiens ton pied hors de leur sentier, 16 car leurs pieds
Courent au mal, ils se hâtent pour verser le sang.

31
17 Car c’est en vain que l’on tend le filet aux yeux
De tout porteur d’ailes. Ils complotent contre leur sang,
18 Eux, et ils agissent en secret contre leur vie.
19 Et tels sont les chemins de tous ceux qui se livrent
À la rapine, car elle prendra la vie de ceux
Qui la commettent.

21 La Sagesse dans la rue clame,


Et sur les places elle élève la voix, 21 aux points
Les plus bruyants dans la ville, elle crie, à l’entrée
Elle prononce ses paroles : “ 22 Jusques à quand, simples,
Aimerez-vous la simplicité, les moqueurs ?
Se plairont-ils à la moquerie, et les sots
Haïront-ils la science ? Vers ma réprimande,
Tournez-vous : voici que je vais pour vous répandre
Mon esprit, je vous ferai savoir mes paroles.
24 Étant donné que j’appelle et vous dites non,
Que je tends la main, personne n’y fait attention,
25 Que vous rejetez tout conseil de moi, que vous
Ne voulez pas de réprimande, 26 moi aussi,
Dans votre malheur, je rirai, je raillerai

32
Quand viendra votre terreur, 27 quand votre terreur viendra
Comme ouragan, que votre malheur viendra
Comme tourbillon, quand l’oppression et l’angoisse
Viendront sur vous ! 28 Alors ils m’appelleront et
Je ne répondrai pas, et ils me chercheront,
Ne me trouveront pas, 29 car ils auront haï
La science, et n’auront pas préféré la crainte
De Yahvé, 30 et n’auront pas voulu de conseil
De moi, auront repoussé toute réprimande
De moi. 31 Ils mangeront du fruit de leur conduite,
Alors de leur conseil, ils se rassasieront.
32 Car leur refus tuera les simples, leur indolence
Perdra les insensés. 33 Mais celui qui m’écoute
Demeurera en sécurité, il vivra
Tranquille sans craindre le malheur. ”

33
La sagesse antidote aux Mauvaises compagnies

2 1 Si tu accueilles
Mon discours, mon fils et gardes par devers toi
Mes préceptes, 2 en rendant ton oreille attentive
A la sagesse, et inclinant vers la raison
Ton cœur, 3 oui, si tu appelles l’intelligence
Et si tu élèves ta voix vers la raison,
4 Si tu la poursuis comme l’argent, la recherches
Comme un trésor, 5 alors tu comprendras la crainte
De Yahvé, trouveras la science de Dieu.
6 C’est Yahvé qui donne la sagesse ; de sa bouche
Viennent science et intelligence ; 7 il réserve
Aux hommes droits son assistance ; et il est
Un bouclier pour ceux qui dans l’intégrité
Marchent, 8 protégeant les voies de l’équité, gardant
Le chemin de ses dévots. 9 Et tu comprendras
Alors la justice et l’équité, la droiture
Et tous les sentiers du bien. 10 Puisque la sagesse
Entrera dans ton cœur, la science sera douce
A ton âme, 11 la réflexion veillera sur toi,

34
La raison te protégera 12 en t’arrachant
Au chemin du mal, à l’homme aux propos pervers,
13 À ceux qui ont abandonné les chemins droits
Pour aller en des chemins ténébreux, 14 à ceux
Qui se réjouissent de faire le mal et exultent
Dans les perversités du mal, 15 à ceux dont les
Voies sont tortueuses, les sentiers pleins de détours,
16 Et en te préservant de la femme adultère,
De l’étrangère au discours onctueux, 17 qui a
Abandonné le compagnon de sa jeunesse
Et oublié l’alliance de son Dieu. 18 Sa maison
Penche vers la mort et ses sentiers vers les ombres
Descendent. 19 Et quiconque va vers elle ne revient pas
Et ne retrouve pas les routes de la vie.
21 C’est pourquoi tu iras dans le chemin des bons,
Tu garderas les vois des justes. 21 Les hommes droits
Habiteront le pays, les hommes intègres
Y subsisteront, 22 mais les méchants du pays
Seront retranchés et on en extirpera
Les impies.

35
Comment acquérir la sagesse

3 1 Et n’oublie pas mon enseignement,


Mon fils, et que ton cœur conserve mes préceptes.
2 Car de longs jours, des années de vie, la santé
Ils ajouteront à ce que tu as. 3 Que la
Pitié, la fidélité ne te quittent pas :
(Ainsi) attache-les à ton cou, écris-les
Sur la table de ton cœur, 4 et tu trouveras
Faveur et succès aux yeux de Dieu et des hommes.
6 Confie-toi en Yahvé de tout ton cœur, pourtant
Ne t’appuie pas sur ton intelligence ; 6 en tous
Tes chemins, reconnais-le, et lui, il rendra
Droites tes voies. 7 Ne sois pas à tes propres yeux
Sage, mais crains Yahvé et détourne-toi du mal.
8 Ce sera remède pour ta chair et breuvage
Pour tes os. 9 (Ainsi) honore Yahvé de tes biens
Et des prémices de ton revenu seront
10 Pleins à déborder tes greniers, regorgeront
De vin tes cuves. 11 Et ne méprise pas, mon fils,
La correction de Yahvé, n’aie pas de dédain

36
Pour sa réprimande, 12 puisque Yahvé réprimande
Celui qu’il aime, comme un père, le fils qu’il chérit.

37
Les joies du sage

13 Heureux l’homme qui a trouvé la sagesse et


L’homme qui acquiert l’intelligence, 14 car meilleur
Est son gain que le gain d’argent et que l’or fin,
Son revenu. 15 Elle a plus de prix que les perles,
Rien de ce qui t’est cher ne l’égale. 16 De longs jours
Sont dans sa main droite, dans sa gauche richesse et gloire.
17 Ses chemins sont de doux chemins, tous ses sentiers
Sont paisibles. 18 Elle est un arbre de vie pour ceux
Qui la saisissent, ceux qui l’obtiennent sont heureux.
19 Yahvé avec la sagesse a fondé la terre,
A établi les cieux avec intelligence.
20 Et par sa science les abîmes s’entrouvrent,
Les nuages distillent la rosée.

21 Mon fils,
Que ne s’éloignent pas de tes yeux la prudence,
Et la réflexion : observe-les, 22 elles seront
Vie pour ton âme, grâce pour ton cou. 23 Tu iras
Alors ton chemin avec confiance et ton pied

38
N’achoppera pas. 24 Et tu ne trembleras pas
Si tu te couches, une fois couché, ton sommeil
Sera calme. 25 Et tu ne craindras pas la terreur
Soudaine ni la tourmente qui va aux méchants.
26 Yahvé sera ton assurance, il gardera
Ton pied du piège.

27 Et ne refuse pas de faire


Du bien à qui cela est dû alors qu’il est
Au pouvoir de ta main de le faire. 28 Ne dis pas
À ton prochain : “ Va-t-en, tu reviendras : demain
Je donnerai ”, quand tu as sur toi quelque chose
29 Ne médite pas du mal contre ton prochain,
Tandis qu’il est assis avec confiance auprès
De toi. 30 Et ne dispute pas avec un homme
Sans motif, s’il ne t’a pas fait de mal. 31 Avec
L’homme violent, ne rivalise pas, et ne
Choisis aucun de ses chemins. 32 Le perverti
Est une abomination pour Yahvé, mais sont
Dans son intimité les hommes droits. 33 Ainsi
Sur la maison du méchant, la malédiction
De Yahvé, mais il bénit la maison des justes.

39
34 Des moqueurs il se moque, mais aux humbles il accorde
Sa faveur. 35 Les sages auront l’honneur en partage,
Mais les insensés recevront le déshonneur.

40
Élection de la Sagesse

4 1 Écoutez, fils, l’instruction d’un Père, et soyez


Attentifs pour connaître l’intelligence, 2 car
C’est un bon savoir que je vous transmets : aussi
Ne négligez pas mon enseignement. 3 Je fus,
En effet, un fils pour mon père, tendre et unique
Aux yeux de ma mère. 4 Il m’instruisait et disait
Que ton cœur retienne mes paroles, garde bien
Mes préceptes et tu vivras. 5 Acquiers l’intelligence,
Ne les oublie pas et ne te détourne pas
Des propos de ma bouche. 6 Ne l’abandonne pas
Et elle te gardera ; elle te protégera,
Aime-la. 7 Et le début de la sagesse, c’est :
Acquiers la sagesse et avec tout ton avoir,
Acquiers l’intelligence. 8 Tiens-la en haute estime
Et elle t’élèvera ; et elle t’honorera,
Si tu l’étreins ; 9 elle mettra autour de ta tête
Un diadème de grâce et te fera don
D’une magnifique couronne.

10 Mon fils, écoute,


Accueille mes paroles et les années de vie
41
Se multiplieront. 11 Dans la voie de la sagesse
Je t’instruis ; je te conduis dans de droits chemins,
12 Quand tu marcheras, tes pas seront sans contrainte,
Tu ne tomberas pas dans ta course, 13 garde-la
Car elle est ta vie. 14 Dans la route des méchants
N’entre pas, ne t’avance pas dans le chemin
Des hommes mauvais. 15 Laisse-les, n’y passe pas.
Détourne-t-en et passe. 16 Ceux-là ne dorment pas,
S’ils ne font le mal ; le sommeil leur est ôté,
S’ils ne font pas trébucher. 17 Ils mangent le pain
De la méchanceté et ils boivent le vin
De la violence. 18 Est comme la lumière qui point
Et donne la clarté va croissant jusqu’au grand jour
La route des justes. 19 Est comme l’obscurité
Le chemin des méchants, et ils ne savent pas
Sur quoi ils trébucheront. [- - - - - -]

20 Sois attentif, mon fils, à toutes mes paroles.


Et prête l’oreille, mon fils, à mes nombreux discours.

21 Qu’ils n’échappent jamais à ton œil vigilant.


Conserve-les toujours tout au fond de ton cœur.
42
22 Ils sont vie pour tous ceux qui savent les chercher,
Car ils sont la santé pour l’ensemble du corps.
23 Plus que sur toute chose, veille toujours sur ton cœur.
C’est de lui que surgissent les sources de la vie.

[- - - - - -] 24 Écarte loin de ta bouche


La fausseté, et la fourberie de tes lèvres
Éloigne-la de toi. 25 Et que tes yeux regardent
En face, et que tes paupières laissent voir droit
Devant toi. 26 Observe le sentier que ton pied
Foule, que tous tes chemins soient sûrs, 27 ne te détourne
Ni à droite ni à gauche. Écarte loin du mal
Ton pied.

43
La fuite de L’étrangère et
Les vraies amours du sage

51 Mon fils, sois attentif à ma sagesse,


Prête l’oreille à mon intelligence, 2 afin
Que tu retiennes mes avis et que tes lèvres
Gardent la science. 3 Car les lèvres de la femme
Adultère distillent le miel plus onctueux
Que l’huile est son palais, 4 mais à la fin elle est
Amère comme l’absinthe, acérée comme un glaive
A double tranchant. 5 Ses pieds descendent à la mort,
Au Shéol aboutissent ses pas, au sentier
De la vie, elle ne prend point garde, ses voies s’égarent,
Elle ne le sait pas.

7 Maintenant, écoutez-moi
Fils, aussi ne vous détournez pas des propos
De ma bouche.

8 Tiens loin d’elle ton chemin, de l’entrée


De sa maison, ne t’approche pas 9 de peur que

44
Tu ne livres à autrui ton honneur, tes années
A un homme cruel, 10 que d’autres ne se gorgent
De tes biens, que dans la maison d’un étranger
N’aille ton salaire, 11 de peur que tu gémisses,
A la fin, lorsque seront consumés ton corps
Et ta chair, 12 et ne dises : “ Mais comment ai-je pu
Haïr l’instruction ! Comment mon cœur a-t-il pu
Mépriser la réprimande ! 13 Comment ai-je pu ne pas
Écouter la voix de mes maîtres, ne pas prêter
L’oreille à ceux qui m’instruisaient ! 14 peu s’en faut
Que je sois au comble du malheur, parmi
L’assemblée et la communauté ! ”

15 Bois l’eau de
Ta citerne et celle qui coule du milieu
De ton puits : 16 tes ruisseaux se disperseront
Au dehors, tes canaux sur les places publiques ?
17 Qu’ils soient pour toi seul, et non pour d’autres avec toi.
18 Que ta source soit bénie et jouis de la femme
De ta jeunesse, 19 biche aimable, gazelle gracieuse,

45
Que ses seins t’enivrent tout le temps, sois épris
Perpétuellement de son amour. 20 Pourquoi
T’éprendrais-tu, mon fils, d’une adultère, pourquoi
Embrasserais-tu le sein d’une étrangère ? 21 Car
Sous les yeux de Yahvé sont les chemins de l’homme
Et il observe tous ses sentiers. Le méchant
22 Par ses iniquités sera pris, par les liens
De son péché il sera retenu. 23 Et faute
D’instruction il mourra, et il sera perdu
Par la grandeur de sa sottise.

46
Deuxième prosopopée de la Sagesse

8 1 La sagesse ne crie-t-elle pas ? Et l’intelligence


N’élève-t-elle pas la voie ? 2 Près de la route
Aux sommets les plus élevés, à la croisée
Des chemins elle se dresse, 3 et à côté des portes
À la sortie de la ville, à l’entrée des porches
Elle déclame : 4 “ À vous, hommes, je fais appel
Et ma voix s’adresse aux fils d’homme. 5 Comprenez, simples,
La prudence, insensés, ayez l’intelligence,
De cœur, vous. 6 Écoutez parce que je vais dire
Des choses importantes, ce que mes lèvres vont
Proférer est sincère. 7 Et c’est la vérité,
En effet, que mon palais fait entendre, mes lèvres
Ont en abomination la méchanceté.
8 Avec justice sont dires les paroles
De ma bouche, et il n’y a rien en elles d’oblique
Ni de tortueux. Pour qui est intelligent,
9 Toutes sont exactes, pour ceux qui sont parvenus
A la science, droites. 10 Recevez mon instruction
Et non pas l’argent, la science plutôt que l’or
De choix. 11 Meilleure que les perles est la sagesse,
Et aucun joyau ne l’égale.
47
Éloge de la Sagesse par elle-même
La Sagesse royale

12 “ Moi, la sagesse,
J’habite avec la prudence et je connais l’art
D’agir avec raison *. 13 La crainte de Yahvé,
C’est de haïr le mal : superbe, suffisance,
Pratique du mal et bouche perverse, voilà
Ce que je hais. 14 À moi reviennent le conseil
Avec la prévoyance. Je suis l’intelligence,
À moi revient la puissance. 15 Par moi les rois règnent,
Les magistrats décrètent la justice. 16 Par moi
Les princes gouvernent, et les nobles et tous les juges
De la terre. 17 Et ceux qui m’aiment moi, je les aime.
Ceux qui me recherchent ne manque pas de me
Trouver. 18 Auprès de moi sont richesse et honneur,
Fortune ancienne et prospérité. 19 Meilleur est
Mon fruit que l’or, l’or éprouvé, mon revenu
Que l’argent de choix. 20 Je marche dans le sentier

48
De la justice et dans les voies de l’équité,
22 Pour procurer à ceux qui m’aiment des ressources
Et pour remplir leurs trésors.

* avec réflexion.

49
La Sagesse créatrice

22 Yahvé m’a créée,


Principe de sa voie, dès lors, avant ses œuvres ;
23 Et dès l’éternité, j’ai été formée, dès
Le début, avant l’origine de la terre.
24 Et quand il n’y avait pas d’abîme, j’ai été
Enfantée, et quand il n’y avait point de sources
Chargées d’eau. 25 Avant que les montagnes ne fussent
Immergées, et avant les collines, j’ai été
Enfantée, 26 alors qu’il n’avait pas encore fait
La terre, les campagnes ni les premières poussières
Du sol. 27 Quand il établit les cieux, j’étais là ;
Et quand il traça un cercle sur la surface
De l’abîme, 28 quand il fixa les nuées en haut,
Quand il fit puissantes les sources de l’Abîme,
29 Et quand il imposa à la mer sa limite
Afin que les eaux ne franchissent pas son bord,
Quand il affermit les fondements de la terre
30 Alors, j’étais à son côté, comme architecte,

50
J’étais dans les délices, jour après jour, 31 jouant
Devant lui en tout temps, et jouant sur le sol
De sa terre, mes délices sont avec les fils
D’homme.

51
La Sagesse hospitalière

9 1 La Sagesse a bâti
Sa maison, et elle a taillé ses sept piliers ;
2 Elle a tué ses bêtes et mélangé son vin,
Dressé sa table. 3 Elle a envoyé ses servantes
Faire appel vers les parties hautes de la ville :
4 “ Que celui qui est simple par ici se détourne ! ”
Et à celui qui est privé de cœur, elle dit :
5 Venez manger de mon pain et boire le vin
Que j’ai mélangé. 6 Et abandonnez les simples,
Pour vivre et pour vous diriger dans le chemin
De l’intelligence.

52
Femme insensée singe sagesse

13 La femme insensée est turbulente, séductrice


Et ne sachant rien. 14 Elle est assise à la porte
De sa maison, sur un siège, en haut de la ville,
15 Pour appeler les passants de la route qui vont
Droit leur chemin : 16 “ Celui qui est simple est privé
De cœur, elle dit : 17 les eaux dérobées sont douces et
Le pain pris en cachette est délicieux ”. Pourtant
17 Celui-là ne sait pas que les Ombres sont là,
Ceux qu’elle a appelés sont les profondeurs
Du Shéol.

53
III RECUEIL DES SAGES
Paroles de sages

17 Prête-moi ton oreille, entends la voix des sages,


Remets-la à ton cœur. Essaie de la saisir,
18 On éprouve du plaisir à la garder en soi.
Elle pourra se poser sur le bord de tes lèvres.
19 Je te donne aujourd’hui la parole, le discours
Afin que dans Yahvé, tu mettes ta confiance.

20 N’ai-je pas composé, écrit trente chapitres


Imprégnés de conseils et de sublime science
21 Pour que tu puisses faire savoir la vérité,
Et donner la réponse à celui qui questionne ?

22 Ne défais pas le pauvre, car grande est sa misère.


Et n’opprime pas l’homme aux portes de la ville
23 Car Yahvé, s’il le veut, épouse la querelle
Et ravit, s’il le veut, aux ravisseurs la vie.

54
24 Ne t’associe jamais avec l’homme emporté,
Et ne va certes pas avec l’homme irascible
De peur que tu t’instruises à agir de sa sorte.
Le risque serait grand que t’y perdes ta vie.

26 Ne sois pas de ceux-là qui topent dans la main,


Qui se portent garant de s’acquitter de dettes.
27 Si tu n’as pas de quoi cautionner tout ton dû,
On te prendra ton lit et jusque dessous toi !

28 Laisse la borne antique où la posèrent tes pères.

29 Observe un homme agile à accomplir sa tâche :


Au service des rois, il se proposera.
Mais pour les gens obscurs il se refuse d’agir.

23 1Si tu peux prendre place à la table d’un grand,


Prends bien garde de voir ce qui est dans le plat.
2 Place, si tu es gourmand, le couteau sur ta gorge.
3 Ne convoite jamais ce qui est devant toi,
Car cette nourriture te serait décevante.

55
4 Ne recherche jamais à vouloir t’enrichir.
Abstiens-toi d’y penser, et renonce à ce gain.
5 Fixe-toi sur lui-même et il t’a déjà fui !
Lui ont poussé deux ailes et il s’est envolé.

6 Ne partage ton repas avec l’homme envieux ;


Ne convoite non plus tous ses mets délicats ;
7 Car ses paroles seraient en excès dans sa bouche :
“ Mange et bois ”, dirait-il le cœur n’y serait pas !
8 Et tu iras vomir tes bouchées avalées.
Et là tu en serais de tes propos flatteurs.
9 Tes propos à un sot : il ne peut les comprendre.
Il veut les mépriser ne sachant leur finesse.

10 Laisse la borne antique où la posèrent tes pères.


Ne foule pas d’un pied le champ des orphelins.
11 Car puissant est celui qui sera leur vengeur ;
Et lui épousera, contre toi, leur querelle.

12 Applique dans ton cœur la précieuse discipline,


Et propose tes oreilles à des discours savants.

56
13 Ne ménage à l’enfant les coups de la baguette.
14 Si tu le frappes ainsi, il ne va pas mourir !
Et tu délivreras son âme du shéol.

15 Mon fils, ton cœur est sage ? Ton père sait s’en réjouir.
16 Mais plus encore mes reins si ta bouche dit vraie.

17 Et que ton cœur jamais n’envie ceux des pécheurs,


Mais qu’il craigne le Seigneur Yahvé sur la journée.
18 Car il est qu’il existe un avenir et un futur,
Et là ton espérance ne sera pas détruite.

19 Dirige ton cœur, mon fils dans la voie de sagesse.

20 Ne sois pas de ceux-là qui s’enivrent de vin,


Ni de ceux qui se plaisent à se gaver de viande.

21 Le buveur et le débauché s’appauvriront,


La somnolence se vêtira de haillons.

22 Entends la voix du père car il t’a engendré,


Et ne méprise pas ta mère devenue vieille.

57
23 Acquiers la vérité et ne la vends jamais :
Sagesse et discipline et pure intelligence !

24 Heureux le père du juste, comblée son allégresse,


Le géniteur d’un sage doit toujours s’en réjouir.

25 Puisses-tu donner la joie à ton père géniteur,


L’allégresse à la femme qui t’a donné le jour !

26 Prête-moi plus encore une forte attention.


Mon fils, tes yeux fixés, tiens-les sur mes conseils :
27 Que la fosse de la prostituée est profonde !
Que le puits de la femme étrangère est étroit !
28 Comme un méchant brigand, elle est en embuscade.
Beaucoup seront les hommes au nombre de ses dupes.

29 Et pour qui les “ Malheur ” et pour qui les “ Hélas ” ?


Et pour qui les querelles et pour qui tant de plaintes ?
Pour qui les nombreux coups donnés de tous côtés ?
Pour qui les yeux perdus, et pour qui la vue trouble ?
30 Pour tous ceux qui s’attardent dans l’ivresse du vin.

58
Éloigne-toi de lui : sa couleur est vermeille.
31 Il brille le diadème dans sa coupe de cristal !
Avec suavité dans ta gorge, il s’écoule !
32 Mais il finit par mordre ce sinistre serpent !
Comme elle sait te piquer la vicieuse vipère !
33 Dès lors tes yeux perdus verront d’étranges choses,
Et ton cœur parlera s’exprimant de travers.

34 Tu seras comme un homme couché en haute mer,


Ou couché tout là-haut au sommet de son mât !
35 On m’a battu, battu ! Pourtant je n’ai point mal !
On m’a rossé, rossé ! Et je n’ai rien senti !
Et quand m’éveillerais-je ? Il m’en faudra encore !

24 1Ne porte pas envie aux âmes des méchants,


Et ne souhaite pas vivre en leur compagnie.
2 Leur cœur entier ne songe qu’à faire la violence,
Et leurs lèvres n’expriment que ce qui est malheur.

3 C’est avec la sagesse qu’on bâtit la maison,


C’est avec la prudence qu’on pose les fondations,

59
4 C’est avec la science qu’on remplit les greniers
De ses biens précieux, de ses biens désirables.
5 Mieux vaut un homme sage qu’un homme de puissance,
Un homme de science qu’un vigoureux soldat ;
6 Car c’est par des calculs que tu feras la guerre,
Et la victoire s’obtient avec des conseillers.

7 A l’insensé, le sage est de nulle raison :


Jamais il ne se mêle des affaires publiques.

8 Qui se complaît du mal est l’intrigant fieffé.

9 L’insensé ne désire qu’à se plaire du péché.


Le railleur est honni par l’ensemble des hommes.

10 Tu t’es laissé abattre, et ta vigueur n’est plus.


Toi, dans le jour mauvais tu sauras ta faiblesse.

11 Délivre-les, Seigneur, ceux qui vont au supplice.


Ceux qu’on traîne à la mort, de grâces, retiens-les.
12 Oseras-tu le dire : “ Mais, nous ne savions pas ! ”

60
Celui qui pèse les cœurs, n’aurait-il pas compris ?
Veillant sur ton âme, il est toujours informé.
Et il rendra à l’homme selon l’œuvre accomplie.

13 Nourris-toi de mon miel, mon fils, car il est bon !


Le rayon de mon miel est doux à ton palais.
14 Ainsi de la science, sagesse de ton âme.
Si tu peux la trouver, c’est un précieux futur.
Ton espérance jamais sera anéantie.

15 Ne guette pas, méchant, la demeure du juste,


Et ne dévaste pas ses lieux et sa maison.
16 Car s’il tombe sept fois, sept fois il se relève.
Et les méchants trébuchent dans leur adversité.

17 Toi, ton ennemi tombe : ne t’en réjouis pas.


Ton cœur ne doit se plaire à le voir trébucher,
18 De peur que le sachant Yahvé soit mécontent.
Et détourne de lui sa terrible colère.

61
19 Ne t’échauffe jamais au sujet des méchants.
Ne jalouse jamais le destin des impies.
20 L’avenir du méchant n’est pas un avenir.
La lampe de l’impie s’éteindra dans le temps.

62
21 Crains le Seigneur, mon fils. Et crains le roi, mon fils.
Ne sois pas en révolte contre l’un, contre l’autre.
22 Car tout soudain, mon fils, surgira leur vengeance,
Et qui sait quelle ruine ils enverront l’un l’autre ?

SUITE AU RECUEIL DES SAGES

23 Et ceci est des Sages : [- - - - - -]

Ne pas accréditer le mauvais jugement.


24 Ne pas avoir d’égard à qui approuve l’injuste,
Car les gens le maudissent, les nations le honnissent.
25 Mais ceux qui le punissent, y trouveront le bien.
Sur eux, se posera la bonne bénédiction.

26 Et il met sur ses lèvres un baiser de saveur


Celui dont la réponse est dite avec justesse !

27 Organise ta besogne, prépare-la aux champs.


Ensuite déplace-toi, va bâtir ta maison.

28 Tu ne tromperas pas avec tes paroles fausses ;


Ne témoigne jamais accusant ton prochain.
63
29 Et ne dis pas : “ Comme il a fait, je le ferai !
A chacun je rendrai selon ce qu’est son œuvre ”.

30 Près du champ, j’ai passé, c’était le paresseux,


Près du cep, j’ai passé, c’était l’homme court de sens.
31 Or, voici, tout grimpait en diverses orties,
Or, voici, le chardon en couvrait la surface,
Et le mur fait de pierres, lui était écroulé !
32 J’ai vu, j’ai réfléchi. J’ai tiré la leçon :
33 “ Un peu de bon dormir et un peu s’assoupir,
Un peu croiser les bras, en bâillant, s’étirant ”,
34 Et pareil au rôdeur te viendra l’indigence,
La disette également pareil au mendiant !

64
POEME ACROSTICHE SUR LA FEMME PARFAITE

Aleph 10 Une femme parfaite, mais qui la trouvera ?


Elle a bien plus de prix qu’une parure de perles !
Beth 11 En elle, sait se confier le cœur de son mari.
Il ne manquera pas d’en tirer un profit.
Ghimel 12 Et elle fait son bonheur et non pas son
malheur
Chaque jour que s’écoule chaque jour de sa vie.
Daleth 13 Elle s’occupe aux métiers de la laine et du lin,
Et besogne d’une main allègre et légère.
Hé 14 C’est un vaisseau marchand qui amène ses vivres.
Waw 15 Et le jour n’est pas levé, elle est déjà debout.
Elle donne nourriture dans toute la maisonnée.
Elle dicte et ordonne aux nombreuses servantes.
Zaïn 16 Quand elle rêve d’un champ, elle l’acquiert, le possède.
Du produit de ses mains, elle sait planter la vigne.
Heth 17 Elle entoure ses reins avec vigueur et force.

Elle déploie de ses bras l’ardeur et la puissance.


Teth 18 Elle sait l’utilité de sa tâche laborieuse.
Quand la nuit est présente, sa lampe ne s’éteint pas.
65
Yod 19 La main à la quenouille, ses doigts sont au fuseau.
Kaph 20 Elle prend la main du pauvre, elle soutient l’indigent.
Lamed 21 Elle ne craint pas la neige pour sa maisonnée,
Car ceux de sa famille portent le double habit.
Mem 22 Elle fait des couvertures : byssus, pourpre la vêtent.
Nun 23 Aux portes de la ville, son homme est apprécié.
Considéré, il siège parmi les plus anciens.
Samekh 24 Elle tisse les draps de lin qu’elle vendra au marché.
Elle livre une ceinture qu’elle vendra au marchand.
Ayim 25 La force, la dignité la revêtent et la ceignent.
Elle se rit du demain, confiante en l’avenir.
Phé 26 La sagesse est en elle, et elle ouvre la bouche.
Sur sa langue nul péché, une doctrine de piété.
Sadé 27 Et de sa maisonnée, elle veille au va-et-vient.
Elle ne se nourrit pas du pain d’oisiveté.

66
Qop 28 Et ses fils la proclament la femme bienheureuse.
Et son mari se lève pour en faire son éloge :
Resh 29 Grand nombre de femelles ont connu des exploits.
Tu peux te prévaloir de les surpasser toutes !
Shim 30 Que la grâce est trompeuse, que la beauté est vaine !
Mais une femme sage, c’est ce qu’il faut vanter.
Taw 31 Accorde-lui la part du produit de ses mains.
Et qu’aux portes, ses œuvres annoncent sa louange !

67
le livre de la sagesse

68
LA SAGESSE DE SALOMON
CHAPITRE PREMIER

1 Appréciez la justice, vous qui jugez la terre,


Nourrissez sur le Seigneur de droites pensées,
Cherchez-le en toute simplicité de cœur.
2 Il se laisse chercher par qui ne le tente pas.
Il se révèle à ceux qui lui donnent leur foi.
3 Les pensées tortueuses font éloigner de Dieu.
La Toute-Puissance mise à l'épreuve confond le sot.
4 La Sagesse n'entre pas dans une âme perverse.
Elle n'habite pas un corps tributaire du péché.
5 L'esprit saint qui éduque fuit la duplicité,
Il s'éloigne des pensées démunies de savoir,
Il est tout confus quand survient l'iniquité.

6 La Sagesse est un esprit qui aime les hommes,


Qui punit le blasphémateur pour ses propos,
Car c'est Dieu qui est bien le témoin de ses reins,
Le surveillant du cœur. Il entend ses paroles.
7 L'esprit du Seigneur remplit en effet le monde,
Tient unies toutes choses, sait tout ce qui se dit

69
8 Nul ne peut s'échapper, qui profère l'injustice.
Le jugement vengeur ne le manquera pas.
9 Les desseins de l'impie subiront une enquête.
Le fruit de ses paroles ira jusqu'au Seigneur,
Pour que soient condamnés ses forfaits accomplis.
10 Une oreille attentive entend ce qui se dit.
La rumeur du murmure ne lui peut échapper.
11 Gardez-vous donc de suivre de mauvaises paroles,
Préservez votre langue des propos médisants.
Même la parole furtive ne demeure sans effet,
La bouche mensongère donne la mort à l’âme.
12 Ne cherchez la mort par l'errance de votre vie,
N'attirez pas sur vous la ruine par vos mains.
13 Non, Dieu n'a pas voulu nous infliger la mort,
Il ne se comptait pas de la perte des vivants.
14 Et s'il a tout créé, c'est afin que tout reste.
Les créatures du monde lui sont bien salutaires.
En elles, il n'y a pas le poison de la mort.
L'Hadès ne trône pas au milieu des humains,
15 Car qui est juste acquiert son immortalité.

70
CHAPITRE II

16 Mais les impies l'appellent de la voix et du geste.


La tenant pour amie, pour elle ils se consument,
Et c'est bien avec elle qu'ils ont scellé un pacte,
Ils se prétendent dignes de lui appartenir.
1 Car ils raisonnent ainsi, avec leurs faux calculs :
“ Elle est courte et si triste, notre [pauvre] existence !
Il n'est pas de remède quand l'homme va au trépas.
On ne connaît personne revenu de l'Hadès.
2 Nous sommes les enfants provenant du hasard.
Après quoi, nous serons comme n'ayant pas vécu.
De la fumée vulgaire, le souffle de nos bouches !
La pensée, étincelle qui jaillit de nos cœurs !
Et le corps se fait cendres si elle vient à mourir !
L'esprit s'évanouit comme un brouillard léger !
4 Avec le temps, notre nom ira dans l'oubli.
Nul ne se souviendra de nos travaux passés.
La vie s'effacera comme les traces d'un nuage,
Elle se dissipera comme les brumes de l'aurore,
Chassées par le soleil, qu'abattra sa chaleur.

71
5 Oui, nos jours se comparent à l’ombre fugitive.
La mort ne revient point sur les pas de la vie.
Le sceau est apposé : jamais nul ne revient.
6 " Venez donc et jouissons des plaisirs véritables !
Usons des créatures avec toute l’ardeur !
7 Enivrons-nous de vins exquis et de parfums !
Ne laissons point passer la jeunesse du printemps !
8 Et couronnons-nous de roses, avant qu'elles ne se fanent.
9 Qu'aucun de nous ne manque à nos orgies de chair.
Laissons partout des signes de joies de la débauche
Car telle est notre part, car tel est notre lot !"

10 “ Oui, opprimons le juste, plus encore s'il est pauvre !


Et n'ayons pas de ménagements pour les veuves !
Et soyons sans égard pour les cheveux blanchis
Qui sont chargés d'années que porte le vieillard !
11 Que notre force soit la loi de la justice,
Car tout ce qui est faible s'avère être inutile.
12 Attaquons-nous au juste puisqu'i1 est notre gêne,
Qu'il ose s'élever contre notre conduite !
Il nous reproche nos manquements à la Loi,

72
Nous accuse de trahir l'éducation reçue !
13 Il se flatte de savoir la connaissance de Dieu
Et se prétend lui-même être fils du Seigneur.
14 C'est un reproche vivant pour nos comportements,
Le seul fait de le voir nous est insupportable.
15 Car sa vie ne ressemble pas à celle des autres,
Car il suit des sentiers différents de chacun.
16 Nous sommes à ses yeux des choses frelatées.
Il chasse notre commerce comme une souillure impure.
Mais il proclame heureux le sort final des justes,
Et il a osé prétendre d'avoir Dieu pour père.
17 Voyons si les paroles exprimées sont vraies,
Examinons de près ce que sera sa fin.
18 Si le juste est fils de Dieu, Dieu l'assistera.
Il le délivrera des mains des adversaires.
19 Éprouvons-le par des outrages et des tourments,
Nous connaîtrons ainsi ce qui fait sa douceur.
Nous pourrons apprécier sa grande résignation.
20 Allons le condamner à un supplice infâme :
D'après ce qu'il prétend, le secours lui viendra ! ”
21 C'est ainsi qu'ils raisonnent, et ils sont égarés,

73
Et leur perversité les a rendus aveugles.
22 Ils ne peuvent pas savoir tous les mystères de Dieu.
Ils n'attendent pas le don de la pure sainteté,
Ils ne veulent pas croire au don des âmes pures.
23 Oui, Dieu a créé l'homme qui est incorruptible,
Il en a fait l'image de sa propre nature.
24 C'est par l'envie du diable que la mort est sur terre :
Ils en font l'expérience, ceux qui lui appartiennent !

74
CHAPITRE III

1 Les esprits qui sont justes sont dans la main de Dieu,


C'est pourquoi nul tourment ne pourra les toucher.
2 Aux yeux des insensés ils ont paru mourir,
Leur sortie de ce monde a passé pour un deuil,
3 Leur départ sans retour pour un profond malheur,
Mais ils sont à présent dans la paix [éternelle].
4 Si à la vue des hommes, ils ont le châtiment,
Leur espérance est remplie d’immortalité.
5 Pour une peine légère, grands seront leurs bienfaits.
Dieu les avait soumis : ils sont dignes de lui.
6 Et comme l'or au creuset, il les a éprouvés,
Et comme un holocauste, il les a agréés.
7 Au jour de sa visite, ils brilleront de gloire !
Et comme des étincelles, dans le chaume ils courront !
8 Puis ils commanderont, domineront les peuples.
Le Seigneur régnera sur eux et pour toujours.
9 Ceux qui leur font confiance, sauront la vérité,
Ceux qui lui sont fidèles, vivront dans son amour.
Ses élus trouvent grâce dans la miséricorde.

75
10 Mais négliger le juste, oublier le Seigneur,
C'est subir la souffrance réservée aux impies.
11 Malheur à qui méprise sagesse et discipline :
Est vaine son espérance ! Sans fruits sont ses fatigues !
Sans profit son action ! 12 Sa femme est insensée !
Dépravés ses enfants ! Maudite sa descendance !
13 Heureuse la femme stérile mais sans éclaboussure,
Cette femme dont la couche ne connaît le péché,
Car elle sera féconde à la venue des âmes.
14 Heureux encore l'eunuque à la main innocente
Qui ne se nourrit pas de sentiments pervers.
Pour la fidélité, il recevra une grâce,
Une part délicieuse dans le Temple du Seigneur.
15 Le fruit des bons labeurs regorge de tant de gloire,
La racine du savoir est pousse impérissable.

16 Les enfants d'adultères ne prospéreront pas,


La race née d'un commerce coupable disparaîtra.
17 Si leur vie se prolonge, ils seront ignorés.
Sur la fin, leur vieillesse périra sans honneur.
18 Si leur fin est rapide, ils n'auront point d'espoir,

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Point de consolation au jour de la sentence !
Cruel est le destin d'une race de coupables !

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CHAPITRE IV

1 Ne pas avoir d'enfants et avoir la vertu,


Car l'immortalité s'attache à sa mémoire,
Oui, elle est bien connue de Dieu et des humains.
2 Et présente, on l'honore, absente, on la soupire.
Dans son éternité, le front ceint de lauriers,
Elle jouit de son triomphe, célèbre ses victoires
Pour avoir combattu et vaincu sans souillures.

3 Mais la postérité prolifique des impies


Restera sans profit. Avec ses fils bâtards
Elle ne poussera pas de racines profondes,
Elle ne jettera pas de solides fondements.
4 Si pour un temps donné, elle se compose en branches
Mal accrochée au sol, elle sera ébranlée
Par le vent, et déracinée par des tempêtes.
5 Les branches seront brisées avant d'avoir poussé,
Et leur fruit n'étant pas mûr pour être mangé
Restera sans profit, d'aucune utilité.
6 Car les enfants issus du sommeil des coupables,

78
Témoignent, à l'examen, des pécheurs géniteurs.
7 Le juste, s'il meurt avant l'âge, trouvera la paix.
8 La vieillesse honorable n'est pas celle qui dure,
Elle ne se mesure pas au nombre des années.
C'est cheveux blancs pour l'homme que l'intelligence,
C'est un âge avancé qu'une vie sans souillure.
10 Il a su plaire à Dieu, qui l'a beaucoup aimé.
Mais avant il vivait au milieu des pécheurs,
Pour l'éloigner du mal, la mort l'a emporté
11 Et enlevé de peur que la malice s'en vînt,
Et que la perfidie n'égarât son esprit.
12 La fascination du mal obscurcit le bien,
Et la folle convoitise gâte l'âme ingénue.
13 Étant parfait très tôt, il fit une longue carrière.
14 Comme son esprit était agréable au Seigneur,
Il l'a sorti en hâte d'un monde de dépravés.
Les foules observent cela sans pouvoir y comprendre :
15 Les élus du Seigneur ont obtenu la grâce
Et la miséricorde, les saints la protection.
16 Celui qui est juste défunt condamnera
L'impie encore vivant. La jeunesse qui se meurt

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Condamnera la vieillesse sans fin du méchant.
17 Quand les foules constatent la mort de l'esprit sage,
Ils ignorent les desseins qui lui sont réservés,
Ni pourquoi le Seigneur l'a mis dans un lieu sûr,
18 Ils voient et ils méprisent. Le Seigneur s'en ira :
19 Bientôt ils deviendront cadavre méprisé,
Un objet éternel et d'outrage parmi les morts.
Il les jettera, muets, la tête la première.
Il les arrachera de leurs bases tremblantes.
Ils resteront en friche jusqu'à la fin des temps,
20 Quand s'établira le compte de leurs péchés,
Ils seront plein d'effroi, ils seront confondus.
Leurs fautes se dresseront contre eux pour les châtier.

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CHAPITRE V

1 Le juste sera debout, certain de sa puissance.


Il sera face à ceux qui l'avaient opprimé,
Et qui, pour ses souffrances, n'avaient que du mépris.
2 Là, ils seront troublés par une peur terrible,
Stupéfaits qu'il se sauve sans qu'ils s'y attendissent.
3 Ils se diront entre eux, remplis de leurs remords,
Gémissant des soupirs dans leur âme angoissée :

4 “ Le voilà donc, celui que nous avons trahi


Tourné en dérision, outragé en sarcasmes.
Et nous avons traité sa vie de pure folie,
Nous avons vu sa mort en objet d'infamie.

5 Comment l'a-t-on compté parmi les fils de Dieu ?


Comment partage-t-il la destinée des Saints ?
6· Oui, nous avons erré loin de la vérité.
La lumière de justice n'a pas brillé pour nous,
Le soleil ne s'est pas illuminé pour nous.
7 Puis nous avons foulé jusqu'à nous rassasier

81
Les voies de l'injustice et de la perdition.
Nous avons traversé des déserts sans chemin,
Et la voie du Seigneur, nous ne l'avons pas prise !
8 À quoi nous a servi ce prétentieux orgueil ?
Et que nous ont valu la richesse, la jactance ?
9 Tout cela a passé comme une ombre furtive.
Tout cela a passé comme une nouvelle hâtive,
10 Tel un navire qui fend l'étendue agitée,
Sans qu'on puisse découvrir la trace de son passage
Ni le sillage laissé dans les flots de la mer.
11 Tel encore un oiseau qui vole à travers l'air,
Sans que dans ses parcours, on y trouve un vestige.
Il frappe l’azur léger, le bat de son pennage,
Et d'un trait, il le fend en un fort sifflement.
Il s'y fraie un passage en fouettant ses deux ailes,
De son déplacement, on ne voit plus d'indice.
12 Ou telle encore la flèche dirigée vers la cible.
L'air déchiré reflue aussitôt sur lui-même,
Si bien que l'on ignore le chemin qu'elle a pris.
13 Et de nous : à peine nés, nous avons cessé d'être,
Nous n'avons à montrer nulle trace de vertu.

82
Notre perversité nous aura consumés ! ”
14 Oui, l'espoir de l'impie est bale jetée au vent.
C'est l'écume légère que chasse la tempête.
Il se dissipe, hélas, comme la fumée au vent.
Il passe comme le souvenir de l’hôte d'un jour.

15 Mais ceux qui sont des justes vivent éternellement.


Leur récompense se pose dans les mains du Seigneur,
C'est le Très Haut qui leur consacrera sa gloire.
16 Aussi recevront-ils de la main du Seigneur
La couronne magnifique et le beau diadème.
Et c'est avec sa droite qu'Il les protégera,
Et c'est avec son bras qu'Il pourra les couvrir.

17 Pour armure, il prendra son ardeur terrifiante,


Il armera son ciel pour châtier les impies,
18 Et il revêtira la justice d'une cuirasse,
19 Il portera le casque du jugement sans feinte.
Une parure invincible sera sa Sainteté.
20 Il voudra affûter comme on affûte un glaive
La colère implacable. L'univers combattra

83
Toujours à ses côtés contre les insensés.
21 Des traits bien dirigés, les éclairs jailliront
Des nuées comme des arcs voleront vers le but.
22 Une baliste lancera des grêlons de courroux.
Et les flots de la mer contre eux feront violence.
Ils seront submergés par les fleuves implacables.
23 Le souffle du Puissant se gonflera contre eux
Qui tel un ouragan saura les dévaster.
Ainsi l’iniquité tombera sur la terre,
La malveillance renversera les trônes des rois.

84
CHAPITRE VI

1 Écoutez ces propos, vous les rois, comprenez !


Instruisez-vous aussi, souverains étrangers !
2 Prêtez l'oreille vous qui dominez sur les foules,
Vous qui êtes si fiers de votre multitude !

3 C'est pourtant le Seigneur qui donne le pouvoir,


Et toujours le Très Haut la souveraineté.
Il verra vos conduites, scrutera vos desseins.

4 Mais si vous êtes les serviteurs de son Royaume,


Mais si vous n'avez pas jugé avec droiture,
Ni observé sa loi, si vous n'êtes pas allés
Dans le dessein de Dieu, 5 lui terrible et violent
Il tombera sur vous. L'examen implacable
S'exercera sur ceux qui ont dû présider.

6 Au petit, par pitié, l'on donne le pardon.


Mais c'est avec puissance, que les grands sont jugés.
7 Le Maître souverain ne fuit devant personne

85
Il n'aura pas d'égard pour la grandeur [de l'homme].
Les petits et les grands, c'est lui qui les a faits.
8 Mais une enquête sévère attend les dominants.
9 C'est à vous, ô tyrans que je veux m'adresser
Pour vous dire la sagesse et que vous ne tombiez,
10 Ceux qui gardent les choses saintement seront saints,
Ceux qui s'en vont instruits y trouveront défense.
11 Pour cette raison, attachez-vous à mes paroles.
Inspirez-vous en elles et vous serez instruits.
12 La Sagesse est brillante, elle ne se ternit pas.
Ceux qui veulent l'aimer, la contemplent sans peine,
Elle se laisse découvrir par ceux qui la cherchent.
13 Elle s'avance vers les hommes et se montre en premier.
14 Qui la cherche dès l'aurore, n'aura pas à peiner :
Car il la trouvera assise devant sa porte.
15 S'y adonner est d'une parfaite intelligence.
Qui lui donne ses veilles sera vite sans souci.
16 Elle-même va chercher ceux qui sont dignes d'elle.
Elle sait leur apparaître complaisante sur les voies.
Elle s'avance au-devant de toutes leurs pensées.
17 Mais son principe est le désir de l'instruction.

86
Et le souci de l'instruction implique l'amour.
18 L'amour de la sagesse, c'est le respect des lois.
Obéir à ses lois, c'est jurer la droiture.
19 Droiture, honnêteté sont places auprès de Dieu.
20 Le désir de Sagesse conduit à gouverner.
21 Si donc vous vous plaisez aux spectres et aux trônes
Vous les tyrans des peuples, honorez la Sagesse
De la sorte vous pourrez dominer pour toujours.
22 Ce qu'est la pure Sagesse, comment elle prit naissance,
Je vais le publier, [je vous l'expliquerai].
Je ne vous cacherai pas ses plus profonds secrets.
J'en suivrai ses chemins depuis son origine,
Je mettrai en lumière toute sa connaissance,
Je ne m'écarterai pas de la vérité.
23 Avec l'envie qui ronge, je ne ferai pas route,
Elle n'a rien de commun avec la vraie Sagesse.
24 La multitude des sages est le salut du monde,
Un souverain sensé sait enrichir son peuple.
25 Et soyez donc instruits par mes paroles qui suivent,
Car vous y gagnerez, y trouvant du profit.

87
CHAPITRE VII

1 Et je ne suis, moi, qu'un mortel semblable à tous,


L'héritier du premier formé avec la terre.
J'ai été modelé dans le sein de ma mère,
2 Et là, pendant dix mois, j'ai pris ma consistance
Par la semence virile et la joie du sommeil.
3 A ma naissance, j'ai, moi aussi, respiré l'air,
Je suis venu sur terre, qui est la même pour tous.
Et comme tout un chacun, j'ai dit mon premier cri.
4 J'ai été élevé dans les langes et les soins.
5 Aucun roi ne connut un début différent.
Car il y a pour tous qu'une seule façon d'entrer
6 Dans la vie, et qu'une seule façon pour en sortir.
7 J'ai prié et l'intelligence me fut donnée.
J'ai prié, et l'esprit de Sagesse m'est venu.
8 Et je l'ai préférée aux spectres et aux trônes,
J'ai retenu pour rien la richesse auprès d'elle.
9 Je ne l'ai pas jugée comme une pierre précieuse.
Tout l'or de l'univers, devant elle, n'est que sable.
À côté d'elle, l'argent est compté comme boue.

88
10 Plus que santé et que beauté, je l'ai aimée.
J'ai préféré l'avoir plutôt que la lumière,
Parce que sa clarté ne connaît de repos.
11 Par elle, me sont venus tous les biens de la terre.
Par ses mains, j'ai reçu des richesses [immenses].
12 Je me suis réjoui puisque c'est la Sagesse
Qui en est l'origine, - c'est elle qui les amène.
13 Et ce que j'ai appris, je le donne sans regret,
Je n'entends pas cacher ses richesses [immenses],
14 Car elle est pour les hommes un lot inépuisable.
Et ceux qui l'ont acquis s'attirent l'amour de Dieu,
Se recommandent à lui pour ses sages leçons.
15 Que Dieu m'accorde alors d'en parler à son gré,
D’émettre des pensées qui respectent ses dons,
Puisqu'I1 est en lui-même le guide de la Sagesse
Et dirige les sages. 16 Nous sommes en effet
Dans le creux de sa main nous avec nos discours,
Toute l'intelligence et son habileté.
17 C'est Lui qui m'a donné la science vraie de tout être,
Qui m'a montré le monde, sa structure et ses lois,
18 Le début et la fin, et le milieu du temps,

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L'alternance des solstices, le suivi des saisons,
19 Le parcours de l’année, la position des astres,
20 La vie des animaux et les instincts des fauves,
Les pouvoirs des esprits et les pensées des hommes,
Les variétés des plantes, les vertus des racines.
21 Tout ce qui est caché et se voit, je le sais.
La Sagesse, artisan de tout m'a enseigné.
22 En elle, est en effet l'esprit intelligent.
Il est saint et unique, et multiple et subtil,
Agile et pénétrant, sans souillure, purifié,
Et clair, ami du bien, impassible, acéré,
23 Bien fait, incoercible et ami des humains,
Toujours dans sa constance, et ferme et sans souci !
Et puissant qui surveille, pénètre les esprits,
Les purs, les plus subtils et les intelligents.
24 Plus que le mouvement, la sagesse est mobile,
Elle traverse, pénètre tout, grâce à sa pureté.
25 C'est un souffle d'amour de la puissance divine,
Une effusion toute pure de la gloire du Puissant.
Aussi, rien de souillé ne peut la pénétrer.
26 Elle est comme un reflet de lumière éternelle,

90
Comme un miroir sans tache de la pensée de Dieu,
Image de sa bonté. 27 Unique et pouvant tout
Et sans sortir d’elle-même, elle renouvelle toute chose.
Elle se répand au long des âges dans l'âme sainte,
Elle en fait des amis de Dieu et des prophètes.
28 Dieu n'aime que celui qui vit avec Sagesse.
29 Car elle est en effet plus belle que le soleil,
Elle surpasse en éclat toute constellation,
30 Comparée aux lumières, elle l’emporte toujours :
Le jour peut se ternir, et faire place à la nuit.
Mais contre la Sagesse aucun mal ne prévaut.

91
CHAPITRE VIII

1 Elle étale sa puissance sur l'étendue du monde.


Avec sa bienfaisance, elle régit l'univers.
2 C'est elle que j'ai chérie, cherchée dès ma jeunesse
Je me suis efforcé de l'avoir pour épouse,
Et je suis devenu l'amant de sa beauté.
3 Son union avec Dieu fait valoir sa naissance,
Le Dieu de l'univers l'aura beaucoup aimée.
4 Donc elle est initiée à la science du divin.
Et, par son choix précieux, elle décide de ses œuvres.
5 Dans la vie la richesse est un bien désirable,
Quoi de plus riche que la Sagesse qui opère tout ?
6 Si c'est l'intelligence qui opère en toutes choses,
Qui, plus que la Sagesse est ouvrière du monde ?
7 Aime-t-on la justice ? [Et veut-on l'apprécier ?]
Les vertus [les plus pures] sont fruits de ses labeurs.
Elle enseigne en effet tempérance et prudence,
[Justice et vaillance] utiles dans la vie des hommes.
8 Désire-t-on encore un savoir étendu ?
Elle connaît le passé comme elle voit l'avenir.

92
Elle tourne les maximes, déchiffre les énigmes
Comme elle sait à l'avance les signes et les prodiges,
La succession des temps, l'étalement des faits.
9 Je décidais d'en faire la compagne de ma vie,
Sachant qu'elle me serait très bonne conseillère,
Qu'elle me consolait dans mes soucis et peines.
10 Grâce à elle je pensais, je serais apprécié.
Je jouirai de la gloire au beau milieu des foules,
Bien qu'étant jeune, j'aurai l'honneur des plus âgés.
11 Au tribunal des hommes, je serai pénétrant.
Et les grands, à ma vue, seront émerveillés.
12 Si je me tais, ils resteront dans leur attente,
Mais si je parle, ils prêteront l'oreille ouverte.
Si je poursuis, leurs yeux seront admiratifs.
13 C'est grâce à elle que j'aurai l’immortalité.
Je laissai un souvenir impérissable.

93
14 Je soumettrai les peuples qui me seront esclaves.
15 À prononcer mon nom, les tyrans trembleront.
Je saurai être bon pour tous ceux de mon peuple,
Comme je saurai me montrer vaillant à la guerre.
16 De retour en maison, je dormirai près d'elle ;
Sa présence près de l'homme ne cause point d'amertume,
Son commerce de chagrin, mais bonheur et plaisir.
17 Méditant longuement ces pensées en moi-même,
Considérant encore que l'on trouve en son cœur
Son immortalité dans l'union de Sagesse,
18 Et que son amitié est une pure jouissance,
Que ses travaux des mains, des richesses immenses
Et que l'intelligence cultive sa société,
Puisque la renommée s'entretient avec elle,
J'allais de tous côtés cherchant à la quérir.
Je scrutais les moyens pour l'emporter chez moi.
19 J'étais comme un enfant d'un naturel heureux.
J'avais eu en partage un esprit raisonnable.
20 Ou plutôt étant bon, moi je pus pénétrer
Dans un corps purifié. 21 Sachant que la Sagesse
Était don de Dieu, - c'est de l'intelligence

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D'en savoir l'origine -, je me tournai vers Dieu.
Alors je le priai. Je dis de tout mon cœur :

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CHAPITRE IX

1 “ Toi Dieu de mes ancêtres, fait de miséricordes


Toi, qui, par ta parole, as construit l'univers
2 Toi qui par ta Sagesse as su pétrir l'humain
Pour qu'il puisse régner sur tes êtres créés,
3 Et gouverner en sainteté, en justice,
Et exercer l'empire avec une âme droite,
4 Donne-moi la Sagesse qui partage ton trône.
Ne me rejette pas du nombre de tes fils.

5 “ Je suis ton serviteur, le fils de ta servante,


Je suis un homme faible à la vie éphémère,
Incapable de saisir la justice et les lois.
6 Dût-on être parfait parmi les fils des hommes,
Sans la sagesse royale, on ne compte pour rien.
7 C'est toi qui m'as choisi pour régner sur ton peuple,
Pour devenir le juge de tes fils, de tes filles,
8 Et pour construire un Temple sur ta sainte montagne
Pour être une imitation de la Tente sainte,
Que tu as préparée dès le commencement.
9 Avec toi la Sagesse qui connaît tes desseins,
Et qui était présente, quand tu faisais le monde ;
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Comme elle sait ce qui est agréable à tes yeux,
Et ce qui est conforme à tes commandements.
10 Toi, tu peux la mander du haut des cieux augustes,
Et tu peux l'envoyer de ton trône de gloire,
Afin qu’elle me seconde et qu’elle peine avec moi.
Et ainsi je saurais ce qui pourrait te plaire,
11 Car elle sait toute chose et comprend toute chose !
Oui, elle me guidera prudemment dans mes choix.
Elle me protégera avec toute sa gloire.
12 Alors toutes mes œuvres te seront agréables.
Et je gouvernerai ton peuple avec justice,
Ainsi je serai digne du trône de mon père.

13 Quel humain en effet sait le dessein de Dieu ?


Qui peut imaginer ce que veut le Seigneur ?
Les pensées des mortels sont souvent hésitantes,
14 Nos conceptions aussi sont reconnues fragiles.
15 Car un corps corruptible appesantit l'esprit,
Cette tente de verre alourdit l'âme soucieuse.
Nous ne pouvons savoir ce qui est sur la terre,
Nous trouvons avec peine ce qui est près de nous.
Mais qui a découvert ce qui est dans les cieux ?
17 Toute ta volonté, qui donc l'aurait connue, si
97
Toi-même tu n'avais pas donné la Sagesse
Et n'avais envoyé d'en haut ton Esprit saint ?
18 Ainsi droits les sentiers de ceux qui sont sur terre,
Ainsi instruits les hommes de ce que tu crois bon,
Et qui, par la Sagesse, ont tous été sauvés. ”

98
CHAPITRE X

1 Et c'est elle qui a protégé le père du monde,


Premier formé par Dieu, quand il fut créé seul.
Puis elle le délivra de sa faute première,
2 Et lui donna la force de dominer le monde.
3 Quand dans sa colère un pécheur s'en détourna,
Il dut périr à cause de ses haines fratricides.
4 Quand à cause de lui, la terre fut submergée,
C'est la Sagesse encore qui la sauva du terme,
En dirigeant le juste sur un morceau de bois.
5 Et quand toutes les nations eurent été confondues,
Reconnues unanimes dans leur perversité
Elle reconnut le juste. Devant Dieu sans reproche
Elle put le conserver, le maintint fortement
Malgré sa compassion comme si c'était son fils.
6 À la mort des impies, elle délivra le juste
En fuite devant le feu qui brûla les Cinq Villes
7 Pour leur perversité, la terre y fume encore.
Les arbustes ont des fruits qui ne mûrissent pas
Car pour commémorer d'un esprit incrédule

99
Le souvenir s'est dressé une colonne de sel.
8 Car pour s'être écartés du chemin de Sagesse,
Ils ont non seulement souffert en refusant
De connaître le bien, ils ont laissé encore
Devant le monde un monument de leur folie.
9 La Sagesse a sauvé ses fidèles des épreuves.
10 Oui, elle guide le juste par des voies sans détours
Quand il lui fallait fuir la colère de son frère.
C'est elle qui lui montra le Royaume du Seigneur,
C'est elle qui lui donna la connaissance des saints.
Elle le fit réussir dans ses labeurs pénibles,
Elle le fit fructifier dans l'ardeur de ses peines.

11 C'est elle qui l'assista contre ses oppresseurs,


Et elle lui procura une immense richesse,
12 Comme elle le protégea contre ses ennemis,
Contre ceux qui dressaient des embûches devant lui.
Elle lui donna la palme en un rude combat,
Il sut que la pitié est plus puissante que tout,
13 Elle n'abandonna pas le juste qui fut vendu.
Mais c'est bien elle qui put l'éloigner du péché.

100
14 C'est elle qui descendit avec lui en prison.
Elle ne le laissa pas soumis à ses entraves
Jusqu'à ce qu'elle lui eût remis l'autorité
Sur ceux qui l'attaquaient par le spectre royal.
Elle accusa de mensonges ses diffamateurs,
Puis elle lui conféra une gloire éternelle.
15 C'est elle qui délivra d'une nation d'oppresseurs
Le peuple sanctifié, la race irréprochable.
16 Elle entra dans l'esprit d'un fidèle du Seigneur,
Et elle put résister aux moyens de prodiges
Et aux moyens de signes à des rois redoutables.
17 Comme elle remit aux saints le salaire de leurs peines
Elle les conduisit sur un chemin merveilleux.
Et elle leur tint d'abri pendant les heures du jour,
De lumière des étoiles pendant le temps de nuit.
18 Et c'est elle qui leur fit traverser la mer Rouge
Oui, elle les conduisit à travers l'onde immense,
19 Tandis qu'elle submergeait l'ennemi dans les flots,
Puis elle l'a vomi des profondeurs de l'abîme.
20 Aussi les justes ont pris les dépouilles des impies.
Ils célébrèrent, Seigneur, par des hymnes ton Saint nom

101
Et d'un cœur unanime, louèrent ta protection.
21 Car la Sagesse ouvrit la bouche des muets,
Fit parler clairement la langue des nouveau-nés.

102
CHAPITRE XI

1 Et elle fit prospérer toutes leurs entreprises


Qui furent remises entre les mains d'un saint prophète.
2 Ils traversèrent les immensités du désert
Et ils plantèrent leurs tentes en des lieux difficiles.
3 Ils résistèrent aussi à tous leurs ennemis,
Et ils repoussèrent ceux qui leur étaient hostiles.
4 Quand ils furent assoiffés, ils voulurent t'invoquer,
Et d'un roc escarpé, de l'eau leur fut donnés.
Une pierre rugueuse et dure put apaiser leur soif.
5 Ce qui servit pour punir tous leurs ennemis,
Devint un bien fait pour eux dans toute leur détresse.
6 Tandis qu'en punition de lois infanticides
Les premiers n'avaient plus que source intarissable
D'un fleuve que troublait un sang mêlé de boue,

7 Toi, tu donnas pour espoir une eau généreuse.


Le châtiment de soif que tu leur infligeas,
8 Montra comment tu frappas tous leurs ennemis.
9 Quand ils furent éprouvés avec une correction

103
Qui était la punition de miséricorde,
Ils comprirent ! Les impies jugés avec colère
Ont été tourmentés ! 10 Eux tu les as éprouvés
En père qui avertit. Les autres étaient châtiés
Par un roi très sévère qui voulait condamner.

11 De loin comme de près, eux-mêmes se consumaient.


Ils furent pris en effet d'une double tristesse,
12 Et d'une double plainte au souvenir passé.

13 Ils apprirent en effet que par leur châtiment,


Les autres en échange en tiraient du bienfait,
Ils s'aperçurent alors de la main du Seigneur.

14 Celui qui jadis, ils avaient abandonné,


Qu'ils avaient repoussé dans toute leur dérision,
Ils purent l’admirer au terme des événements
Ayant subi une soif tout autre que les justes.
15 Leurs folles et coupables pensées les égaraient.
Comme ils rendaient un culte à des bêtes misérables,
Des reptiles sans raison, toi tu leur envoyas

104
16 Afin de les châtier toute une multitude
D'animaux sans raison. Ainsi ils ont appris
Que l'on était puni par là où l’on péchait.
17 Ta main toute-puissante n'était pas dérangée
Pour envoyer contre eux toute une multitude
D'ours, de lions intrépides 18 ou bien de bêtes féroces
Nouvellement créées et remplies de fureur,
Inconnues, exhalant tout un souffle enflammé
Chassant en tourbillons des vapeurs dégoûtantes,
Faisant jaillir des yeux de terribles éclairs,
19 Qui non seulement pouvaient les anéantir
Avec leur malfaisance, mais aussi les détruire
Par leurs faces terrifiantes. 20 Sans cela même, d'un souffle
Ils pouvaient succomber, traqués par ta justice,
Et balayés au souffle qu'émane ta puissance.
Tu as disposé avec mesure, nombre et poids.
21 Car ta grande puissance est toujours à tes ordres.
Qui pourrait résister à la force de ton bras ?
Alors le monde entier se trouve là devant toi
22 Comme une poussière qui ferait varier la balance,
Comme la goutte de rosée qui tomberait à terre.

105
Tu as pitié de nous parce que tu peux tout,
Tu ignores les pécheurs afin qu'ils se repentent,
Tu aimes tous les êtres. Tu ne détestes rien
De ce que tu as fait. 25 Et comment une chose
Pourrait-elle subsister si tu ne le veux pas ?
Mais tu épargnes tout, parce que tu as tout,
Maître ami de la vie.

106
CHAPITRE XII

1 Ton souffle impérissable


Réside en toutes choses ! 2 Peu à peu tu amendes

Ceux que tu as châtiés. Toi, tu les avertis


Et toi tu leur rappelles en quoi ils ont péché
Afin qu'ils acceptent de se détourner du mal,
Et croire en toi, Seigneur.

3 Tu avais pris en haine


Ceux qui ont habité jadis en ta Terre sainte
4 Parce qu'ils perpétraient les crimes les plus affreux,
Pratiques de magie et de rites impies.
5 Ces cruels assassins, ces tortionnaires d'enfants,
Ces dévoreurs d'entrailles repus de chairs humaines,
Ces initiés au cours d'orgies ensanglantées,
6 Ces parents meurtriers de petits sans défense,
Tu les as fait périr par les mains de nos pères

107
7 Afin que cette terre qui t'est chère entre toutes
Reçût une colonie digne d'enfants de Dieu.

8 Eh bien ! ceux-là mêmes parce qu'ils étaient des hommes,


Tu les as ménagés. Tu leur as envoyé
Des grêlons comme avant coureurs de ton armée,
Et c'était pour qu'ils puissent les détruire peu à peu,
9 Non qu'il te fût absurde de livrer les impies
Dans le carcan des justes en bataille rangée,
De les anéantir avec des bêtes cruelles
En un coup, avec des paroles implacables.

10 Mais en châtiant peu à peu, tu leur laissais


Une place au repentir. Et tu n'ignorais pas
Leur mauvaise nature et leur malice innée.
Disposés aux péchés, ils ne changeraient pas.
11 Leur race était maudite, prédestinée au mal.
Ce n'est pas non plus par la crainte de personne
Que tu leur accordas l'iniquité des fautes.

108
12 Car qui pourrait te dire : mais toi qu'as-tu donc fait ?
Et qui s'opposerait au choix de ta sentence ?
Qui te fera reproche si tu prétends détruire
Les nombreuses nations que tu auras créées ?
Et qui se porterait en vengeur de coupables ?
13 Non, en dehors de toi, il n'est point d'autre Dieu
Qui se prévaut de prendre soin de toute chose
Auquel tu montrerais que tu n'as pas jugé
D'une façon injuste, - 14 de roi ou de tyran
Qui puisse t'affronter au sujet de tous ceux
Que tu voulais châtier. - 15 Tu te conduis en juste
Avec toute ta justice, et tu vois comme indigne
De ta puissance de condamner un innocent.
16 Car c'est ta force qui est la loi de ta justice,
Et ton empire sur tout te fait ménager tout.
17 Tu peux aussi montrer ta force à tous ces gens
Qui n'ont pas voulu croire en ta puissance parfaite.
Et tu confonds l'audace de ceux qui la connaissent.
18 Disposant de ta force, tu juges avec raison.

109
Tu sais nous gouverner avec ménagement,
Car tu n'as qu'à vouloir, et ta puissance est là.
19 En agissant ainsi, tu appris à ton peuple
Que le juste se doit d'être ami des humains.
Tu donnas à tes fils une douce espérance.
Après le péché, tu inspires le repentir.
20 Et si tu as puni avec tant d'indulgence
Et avec tant d'égards alors même qu'à la mort
Ils étaient préposés, - adversaires de tes fils,
Si tu leur as donné le temps et l'occasion
Afin qu'ils se défassent de leur perversité,
21 Avec quelles précautions, tu as jugé tes fils
Toi qui par les serments, toi qui par les alliances,
As remis à leurs pères de si belles promesses !
22 Si tu nous corriges, tu frappes nos ennemis
Mille fois plus que nous afin que nous songions
À ton [immense] bonté quand nous nous jugerons,
À ta miséricorde quand nous sommes jugés.

23 Et ceux qui ont vécu une vie d’impiété,


Une vie de folie, tu les as tourmentés

110
Par leurs propres horreurs. 24 Ils étaient égarés
Bien loin sur les chemins en commettant l'erreur
En prenant comme Dieux les plus laids, les plus vils
De tous les animaux, se laissant abuser.
25 Tels de petits enfants dépourvus de raison
Tu leur as envoyé un châtiment stupide.
26 Ceux qu’une correction n'avait pas amendés
Allaient connaître un châtiment digne de Dieu.
27 Dans leur propre souffrance s'indignant en effet
Contre ceux qu'ils avaient voulu voir pour des Dieux,
Par le moyen de qui ils se trouvaient châtiés,
Ils virent clair, reconnaissant pour Dieu véritable
Celui-là qui naguère, ils avaient refusé
De connaître. Et le châtiment fondit sur eux.

111
CHAPITRE XIII

1 Oui, foncièrement vains tous les humains en qui


Était l’oubli de Dieu ; qui, par les biens visibles,
N'ont pas été capables de voir celui qui est.
Ils n'ont pas reconnu l'Artisan en ses œuvres
2 Mais ils ont vu le feu, le souffle ou l'air léger,
Ou l'orbe des étoiles, ou la violence des eaux
Ou les flambeaux du ciel en Dieux, maîtres du monde !

3 Charmés par leur beauté, ils y ont vu des dieux.


Ils seront, ô combien, leur Maître est supérieur,
Car c'est l'Auteur de la beauté qui les créa.

4 Et si c'est leur puissance et leur activité


Qui les auront frappés en pleine admiration,
Qu'ils en déduisent combien est plus puissant encore
Celui qui les a faites ! - 5 La grandeur, la beauté
Font par analogie contempler leur Auteur.

112
6 Ceux-ci toutefois ne méritent qu'un léger blâme.
Il se peut en effet qu'ils se soient égarés.
En voulant chercher dieu, en voulant le trouver
7 Vivant parmi ses œuvres, ils veulent le comprendre,
Se laissent aux apparences voyant ce qui est beau !
8 Mais il n'est pas possible de les rendre excusables
9 S'ils ont été capables de posséder la science
Qui leur aurait permis de scruter l'univers.
Comment n'en ont-ils pas plus tôt trouvé le Maître ?
10 Mais malheureux sont-ils - des morts sont leurs espoirs !
Ceux qui appelaient Dieux des œuvres façonnées
Par les mains de l'humain, de l'or et de l'argent
Travaillés avec art, des figures d'animaux,
Des pierres de rien taillées par une main antique.

11 Voici un bûcheron. Après qu'il ait scié


Un arbre facile à manier, il peut racler
L'écorce avec adresse et le bien travailler,
Et former un objet pour les usages courants.
12 Quant aux déchets de son travail, il les emploie

113
À préparer sa nourriture pour en manger.
13 Mais il reste un déchet qui n'est plus bon à rien
Un bois qui est tordu et poussé tout en nœuds :
Il le prend, il le sculpte avec l'application
Des moments de loisir. Il lui a donné forme
Avec le savoir-faire qu'il possède de son art.
Et il lui donne encore une apparence humaine,
14 Ou bien il en a fait quelque vil animal,
Le passe au vermillon, en rougit la surface
Avec de la sanguine, recouvre d'un enduit
Pour cacher les défauts !

15 Puis il veut pour son oeuvre


Un lieu qui lui convienne, l'y fixe avec un fer !
16 Il sait bien qu'elle ne peut se suffire à soi-même,
Car ce n'est qu'une image, elle a grand besoin d'aide !
17 Il le prie pour ses biens, son mariage, ses enfants
N'éprouvant pas de honte en allant s'adresser
À un objet sans vie. Pour sa santé, il prie
Ce qui n'a pas de force ! - 18 Pour sa vie, il s'adresse

114
À ce qui est défunt ! Pour lui porter secours,
Il prie l'impuissance même ! Pour guider ces voyages,
Ce qui n'a pas de pieds ! - 19 Les gains, les entreprises,
Les succès de ses mains, il demande vigueur
À qui est sans vigueur, des mains inefficaces !

115
CHAPITRE XIV

1 Et tel autre prend la mer pour traverser les flots,


Les vagues indomptées, prit un bois plus fragile
2 Que le vaisseau qui le transporte, car ce vaisseau
C'est le désir du gain qui l'aura fabriqué
3 Et c'est ta providence, ô Père, qui le dirige
Parce que tu as mis un chemin sur la mer.
4 Tu veux montrer ainsi que tu sauves de tout.
Sans être du métier, quelqu'un peut embarquer.
5 Tu ne désires pas qu'elle demeure inactive,
L'œuvre de ta Sagesse. C'est pourquoi les hommes osent
Se confier à un petit morceau de bois.
Ils traversent les vagues sur un fragile esquif
Et arrivent à bon port. De fait, aux origines
6 Tandis que des géants orgueilleux périssaient,
L'espoir de l'univers a trouvé un refuge
Sur un fragile esquif, et conduit par ta main
Elle laissa au monde le germe d'une ère nouvelle.

116
7 Il est béni le bois qui dessert la justice.
8 Mais maudite l'idole et maudit son auteur,
Lui pour l'avoir conçue, elle parce que perverse,
On l'a appelée Dieu. 9 Oui, tous deux haïssables
Sont pour Dieu l'impie, le fruit de son impiété.
10 Donc l'œuvre et l'ouvrier seront tous deux châtiés.

11 Aussi le jugement frappera-t-i1 de même


Les idoles des nations. Elles sont devenues
Parmi les créatures de Dieu une répulsion,
Une source de scandale pour les âmes humaines,
Un piège sous les pas des insensés.[--]
12 L'invention des idoles a eu pour conséquence
Les infidélités, et c'est leur découverte
Qui corrompît la vie. 13 Car elles n'existaient
Depuis les origines. Elles n'existeront pas
Jusqu'à la fin des temps. 14 La vanité des hommes
Les aura introduites dans le monde. C'est ainsi
Qu'une fin radicale leur est prédestinée.

117
15 Un père que consumait un deuil prématuré
Fit faire l'image de son enfant si tôt ravi.
Celui qui hier encore n'était qu'un trépassé
Est désormais reconnu pareil à un Dieu.
Il instaure pour les siens des mystères et des rites.
16 Et puis avec le temps, cette coutume impie
Consolidée est observée comme une loi.
17 Sur l'ordre des tyrans, les images sculptées
Sont vénérées en culte. Et ceux qu'on ne pouvait
Honorer en personne parce qu'ils demeuraient
À lointaine distance, on en rendit présente
La figure invisible en faisant de ce roi
Ainsi à vénérer une image visible.
Par ce zèle, on flattait la présence de l'absent,
Comme s'il était présent.

18 Ceux-là mêmes l'ignorant,


Ne l'ayant jamais vu, firent étendre son culte
Par l'adresse de l'artiste. 19 Lui désireux sans doute
De plaire au souverain dépensa tout son art
À refaire la nature ! 20 Et la foule emportée

118
Par le charme de l'œuvre fit un objet de culte
De celui qui naguère était vu comme un homme.
21 Et cet objet devint un piège pour tout le monde :
Asservis au malheur et à la tyrannie
Des humains ont donné à des morceaux de pierres,
À des tas de bois le Nom incommunicable.

22 Il ne suffit plus d'errer dans la science de Dieu,


Dans une immense guerre où l’ignorance les plonge,
Ils ont donné à de tels maux le nom de paix !

23 Avec des crimes d'initiation sur des enfants,


Et des mystères secrets, et des orgies furieuses
Aux rites extravagants, - 24 ils ne conservent plus
De pureté, dans le mariage ou dans la vie.
Mais l'un supprime l'autre, et c'est par trahison
Par outrage, et c'est en lui donnant des bâtards.
25 Partout le sang, le meurtre, le vol, la fourberie,
Corruption et parjure, déloyauté et troubles !

119
26 Réprobation du bien et oubli des bienfaits .
Et souillures des âmes, et perversion sexuelles !
Mariages irréguliers, adultères et débauche !

27 Mais au départ le culte de ces vaines idoles


Est le principe, la cause et le terme de tout mal.
28 Au comble de la joie, ils vont jusqu'au délire
Font de fausses prophéties. Ils profèrent sacrés
Des oracles barbares. Ils vivent injustement,
Ils se parjurent les uns les autres à la légère.
29 Ils se sont confiés en des idoles sans vie, ils
Ne comptent pas souffrir avec de faux serments.
30 Mais le châtiment les frappera doublement :
Idolâtres, ils ont fait de Dieu une idée fausse
Perfides, ils ont juré contre la vérité,
Et au mépris de tout ce qui est sanctifié,
31 Ce n'est pas la puissance de ceux par qui l'on jure,
C'est le châtiment qui est dû aux pécheurs ,qui
Frappera toujours l'injustice des coupables.

120
CHAPITRE XV

1 Oui, mais toi notre Dieu, tu es bon et sincère,


Patient régissant tout avec miséricorde.
2 Pécherions-nous que nous serions encore à toi,
Nous ne pécherons pas car nous t'appartenons,
3 Te connaître en effet est parfaite justice,
Et savoir ta puissance est racine immortelle.
4 Les inventions humaines d'habilité perverse
Ne seront pas parvenues à nous égarer,
Ni le travail stérile de peintures [coupables],
Figures barbouillées de couleurs disparates
5 Dont la vue émerveille la passion insensée,
Et leur fait désirer la forme inanimée
D'une image sans vie. 6 Passionnés pour le mal,
Dignes de tels espoirs, ceux qui les ont formés,
Et ceux qui les désirent, et ceux qui les vénèrent !

7 Voici donc un potier qui pétrit la terre noble,


Avec difficulté, il façonne des objets

121
Qui nous sont quotidiens. Avec la même glaise
Il façonne aussi bien les vases destinés
À de nobles usages et ceux qui serviront.
À un sort différent, et tous pareillement.
Mais de ces deux destins, quel emploi de chacun ?
Pourtant c'est le potier qui en prétend l'usage.
8 Par un travail impie, avec la même glaise,
Il façonne un faux dieu. La glaise par laquelle
Il a connu la vie, cette glaise où lui-même
Il lui faudra sous quelque temps s'en retourner,
On lui demandera de justifier son âme !

9 Il n'a pas le souci de sa mort à venir,


Et il n'a pas conscience que sa vie est bien courte.
Loin de là, il rivalise avec les orfèvres.
Il imite les fondeurs, les batteurs de bronze.
Il consacre sa gloire à façonner des faux.

122
10 Des cendres que son cœur ! Plus vile que la terre
Son espérance ! Plus basse que la glaise sa vie !
11 Il méconnaît Celui qui façonna sa forme,
Qui lui a insufflé un esprit agissant,
Et lui a inspiré un souffle d'existence.
12 Il voit notre vie comme un jeu enfantin,
Et notre existence comme une foire à profits ;
Il faut, dit-il, profiter de tout, même du mal.
13 Mais lui plus que tout autre, il se sait bien coupable
Ayant fabriqué par une matière terreuse
À la fois des objets fragiles et des idoles.
14 Tout à fait insensés, plus pitoyables encore
Que l'âme d'un enfant, étaient les ennemis
Qu'opprimaient ton peuple. - 15 Ils ont tenu pour Dieux
Les idoles des nations qui ne peuvent se servir
Ni de leurs yeux pour voir, pas plus de leurs narines
Pour aspirer de l'air, pas plus de leurs oreilles
Pour écouter la voix, ni des doigts de leurs mains

123
Pour toucher [le palpable], ni des doigts de leurs pieds
Pour accomplir la marche.

16 Car un homme les a faites,


Être au souffle d'emprunt qui les a façonnées.
Car aucun homme n'a le pouvoir de façonner
Un dieu semblable à lui. - 17 Étant mortel lui-même
Il produit de ses mains quelque chose de mort.
Il vaut certes mieux que les objets qu'il adore,
Car lui aura vécu, mais eux n'ont point la vie.
18 Et l'on adore des bêtes pourtant odieuses.
Pour la stupidité, elles les dépassent toutes.
19 Rien de beau ne s'y trouve qui en donne le désir,
S'il était du désir à la vue d'animaux.
Ils ont échappé à la louange de Dieu,
(Comme ils ont échappé) à sa bénédiction.

124
CHAPITRE XVI

1 C'est donc en toute justice qu'ils ont été châtiés


Par des êtres semblables. Des multitudes d'insectes
Surent les tourmenter. 2 Non pas ce châtiment
Pour ton peuple, tu as su te montrer bienfaisant.
Ainsi pour satisfaire son appétit ardent
(Tu lui offris) des cailles, aliment merveilleux.
3 Ainsi devant l'aspect repoussant de ces bêtes
Qui leur furent envoyées, les Égyptiens malgré
Leur désir de manger perdaient leur appétit,
Lui ton peuple connu pour un temps la disette
Mais eu droit au partage du sublime aliment.
4 Il fallait que ceux-là qui avaient oppressé
Eurent à subir une disette impitoyable,
Il suffisait aux autres que l'on pût leur montrer
Comment leurs ennemis, eux étaient torturés,
Lorsque sévit sur eux la rage des bêtes féroces,
5 Et lorsqu'ils périssaient sous les crocs des serpents,
Là ta colère ne dura pas jusqu'à la fin.

125
6 C'est pour réprimander, pour une durée courte
Qu'ils furent inquiétés, car ils avaient un signe
De salut rappelant les ordres de ta Loi.
7 Celui qui se tournait vers lui était sauvé
Non parce qu'il voyait, mais par toi Sauveur de
8 Tous. Tu prouvas ainsi à tous nos ennemis
Que c'est toi seulement qui délivres du mal.
9 Ils sont morts infectés de sauterelles, de mouches
Sans que l'on pût trouver de remèdes pour eux.
Ils méritaient d'être châtiés par de telles bêtes.

10 Mais tes fils n'ont pas été vaincus par les dents
Des serpents venimeux. Car ta miséricorde
Leur est venue en aide et a pu les guérir.
11 Par des coups d'aiguillon, ils furent vite guéris.
C'était alors pour leur rappeler tes oracles
De peur que s'endormant dans un profond oubli
Ils ne devinssent insensibles à tous les bienfaits

12 Ce n'est pas l'herbe ni l’émollient qui les guérirent,


Mais ta parole, Seigneur, qui guérit tous les hommes.

126
13 C'est toi qui commandes à la vie, à la mort. Tu
Conduis aux portes de l'Hadès, tu en ramènes.
14 Lui l'homme dans sa malice peut bien donner la mort.
Il ne fait revenir l'esprit qui est parti
Ni ne délivre de l'Hadès l'âme reçue.
15 Mais il est impossible d'échapper à ta main.
16 Les impies prétendant de ne pas te connaître
Ont été flagellés par la force de ton bras.
Pluies insolites et grêles, averses inexorables
De partout les frappèrent. Le feu les consuma.
17 Voici le plus étrange : dans l'eau qui éteint tout
Le feu prenait alors une vigueur nouvelle,
Car l'univers combat toujours auprès des justes.
18 La flamme se calmait de peur de consumer
Les bêtes lancées sur la race des impies.
Ceux-ci en les voyant allaient enfin comprendre
Qu'un jugement de Dieu était à les poursuivre.
19 Au milieu de l'eau, elle brûlait plus que le feu
Pour détruire les produits de cette terre coupable.
20 Tu remis au contraire dans la bouche de ton peuple

127
La nourriture des anges. Tu lui as envoyé
Sans te lasser du ciel un pain tout préparé
Procurant les délices, satisfaisant les goûts.

21 Et la substance que tu donnais manifestait


Bien la douceur que tu avais pour tes enfants.
S’adaptant au désir de qui se présentait,
Ce pain se transformait au plaisir de chacun.
22 La neige et la glace résistaient au feu sans fondre.
Et l'on savait ainsi que pour nuire aux récoltes
De tous leurs ennemis le feu brûlait la grêle,
Flamboyait sous la pluie, 23 tandis qu'il oubliait
Sa propre vertu pour respecter la nourriture
Distribuée aux justes.

24 Ainsi la création
Qui s'est soumise à toi, tu es son créateur,
S'emploie à fond pour le châtiment des méchants,
Et se relâche pour ceux qui se confient en toi.
25 Elle se faisait par une transformation totale
Servante de tes dons, immense nourricière,
S'adaptant au désir de qui le demandait.

128
26 Seigneur, tes enfants bien-aimés l'apprendront
Non, le fruit des semences n'apaise pas les hommes,
Mais ta parole conserve ceux qui ont foi en toi.

27 Car ce que le feu ne parvenait pas à détruire


Fondait dès la présence d'un rayon de soleil :

28 Pour que l'on sache qu'il faut devancer le soleil


Pour te prier, te rendre grâces dès la lumière.
L'espoir de l'ingrat fond comme un givre hivernal
Et s'il s'écoule comme une eau qui ne sert à rien.

129
CHAPITRE XVII

1 Tes jugements sont grands, difficiles à décrire.


Les âmes sans instruction se sont égarées.
2 Alors que des impies s'étaient imaginés
En leur pouvoir de dominer la nation sainte.
Eux-mêmes se trouvaient prisonniers des ténèbres
Captifs d'une longue nuit, enfermés sous leurs toits,
Alors bannis de la providence éternelle.
3 Ils pensaient demeurer dans leurs secrets péchés
Là cachés sous le sombre voile de l'oubli.
Ils furent dispersés en proie à des frayeurs
Terrifiantes, apeurés par des visions lugubres.
4 Ils s'étaient enfermés où même le réduit
Ne les protégeait pas de la peur. Et des bruits
Qui les épouvantaient alors retentissaient.
Des fantômes lugubres au visage morbide
Leur apparaissaient. 5 Le feu ne pouvait pas les
Éclairer. L'éclat lumineux des étoiles
N'osait pas éclairer cette terrible nuit.

130
6 Une masse de feu s’allumant d'elle-même
À eux se laissait voir répandant la frayeur.
Et dans leur épouvante une fois disparue
La (blanche) apparition, - ce qu'il venait de voir
Leur était plus horrible.[-----------------------]

7 Les artifices magiques étaient impuissants.


La foi en leur savoir leur était retirée.
8 Ceux qui se targuaient de bannir l'âme malade,
Étaient malades eux-mêmes d'une peur ridicule.
9 Et un rien ridicule les remplissait de crainte !
Les passages d'insectes, et le sifflement sec
Des reptiles et des bêtes, tout les épouvantait !
Ils se refusaient même à regarder cet air
Que d'aucune manière on ne peut éviter.
10 L'esprit pervers est lâche se condamnant soi-même.
Pressé par la conscience, il présume du pire.
11 Et la peur n'est rien d'autre que l'abandon des aides
Que confère la raison. 12 Moins on compte sur les aides
Et plus on trouve grave d'ignorer la raison
Qui cause le tourment.

131
13 Eux pendant cette nuit
Vainement impuissante, sortie des profondeurs
De l'Hadès impuissant, dormant d'un même rêve,
14 Se sentaient poursuivis par des monstres effrayants,
Ou paralysés par leur âme défaillante ;
Une terreur aussi subite qu'inattendue
Les avaient envahis.

15 Et ainsi, quel qu'il fût,


Celui qui tombait là, restait cloué sur place
Comme dans une prison qui n'était pas de fer.
16 Que l'on fût laboureur, que l'on fût berger, que
L'on fût occupé à des tâches solitaires
Surpris, on subissait l'inéluctable mort.
Tous étaient liés par une chaîne de ténèbres.
17 Le sifflement du vent ou le chant pastoral
Des oiseaux tout autour des rameaux déployés,
Le rythme des torrents précipitant leur cours,
Le fracas des rochers tombant en avalanches,
18 Ou la course invisible d'animaux bondissants,

132
Le rugissement des bêtes les plus sauvages,
L'écho frappant l'écho dans le creux des montagnes,
Tout les paralysait et les paralysait.
19 Le monde entier brillait d'une blanche lueur,
Et pouvait vaquer librement à ses travaux.
20 Sur eux seuls s'étendait une écrasante nuit,
Image des ténèbres qui leur sont réservés.
Mais plus que les ténèbres, ils étaient à leur charge.

133
CHAPITRE XVIII

1 Pour tes saints, cependant, c'était pleine lumière.


Et ceux qui entendaient sans discerner leurs traits,
Les proclamaient heureux de n'avoir pas souffert.
2 Et ils leur rendaient grâce de ne pas les punir
Après avoir subi des traitements mauvais,
Leur demandant pardon de les avoir rixés.
3 Tu donnas aux tiens une colonne de feu
Au lieu de ces ténèbres pour leur servir de guide
En un voyage inconnu, dans leur glorieuse
Pérégrination, un soleil inoffensif.
4 Ils méritaient d'être privés de la lumière
Et d'être retenus captifs par les ténèbres,
Ceux qui avaient tenu enfermés tes enfants
Grâce auxquels la lumière éternelle de la Loi
Allait être transmise au monde tout entier.

5 Comme ils avaient voulu tuer les nouveau-nés


Des saints, comme des petits qui étaient exposés,
Un seul leur échappa ; tu leur as enlevés,

134
Pris pour les châtier une foule d'enfants,
Et tu les fis périr dans les flots rugissants
Tous ensemble. 6 Cette nuit fut prédite à nos frères,
Pour que sachant à quels serments ils se confiaient,
Ils pussent se réjouir en toute sécurité.

7 Ton peuple attendait la perte des ennemis


Et le salut des justes. 8 Châtiant nos adversaires,
Tu nous couvris de gloire en nous menant à toi.
9 Les pieux enfants des justes sacrifièrent en secret.
Ils établirent par cet accord un divin pacte :
Les saints partageraient les biens et les périls ;
Et ils chantaient déjà les louanges des Pères.

10 À cela faisait écho des clameurs confuses


De tous leurs ennemis. Une voix s'élevait
Plaintive de ceux-ci qui pleuraient leurs petits.
11 Un même châtiment frappait esclave et maître.

12 Tous avaient des morts frappés du même trépas.


Ils ne suffisaient plus pour les ensevelir,

135
Les vivants. En un temps, l'élite de leur race
Avait été détruite, 13 Ceux que des sortilèges
Avaient fait incrédules durent alors confesser
Devant la perte de leurs premier-nés que ce peuple
Était bien fils de Dieu.

14 Alors que l'accalmie


Enveloppait les choses, que la nuit parvenait
Au milieu de sa course, 15 dans les cieux Ta parole
Toute-puissante monta du trône royal,
Guerrier impitoyable, elle fondit au milieu
De cette terre vouée à l'extermination.
Portant pour glaive aigu ton Ordre véridique,
16 Elle s'arrêta et remplit de mort l'univers.
Elle s'embrasait au ciel et reposait à terre,
17 Aussitôt des visions, des hallucinations
Surent les bouleverser pendant des cauchemars,
Surent les assaillirent par des frayeurs subites.
18 Jetés par terre un peu partout à demi-morts,
Là, tous faisaient savoir la cause de leur trépas.
19 Car les songes qui les avaient bouleversés

136
Les avaient prévenus pour qu'ils ne meurent pas
Sans connaître la cause qui les avait frappés.
20 L'épreuve de la mort frappa aussi les justes
Un fléau en frappa beaucoup dans le désert.
Mais la colère divine ne dura pas longtemps.

21 Un homme irréprochable devint leur défenseur.


Il se saisit des armes de tout son ministère,
Sacrifice de l'encens, prière expiatoire,
Fit face à la Colère, mit un terme au fléau
Montrant qu'il était bien ainsi ton serviteur.
22 Ce n'est pas par la vigueur du corps qu'il vainquit
Le Courroux, ce n'est pas par la force des armes,
Il soumit par la parole de Celui qui châtiait
Rappelant les serments scellés avec les Pères
Ainsi que les alliances.

23 Tandis que les cadavres


S'entassaient par morceaux, là il s'interposa,
Détourna la Colère et coupa son chemin
Qui mène aux vivants.

137
24 Car sur sa robe talaire
Était tout l'univers. Le nom glorieux des Pères
État gravé sur quatre rangs de pierres rares.
25 Sur le diadème de sa tête figurait
Ta Majesté. L'Extermination recula.
Et face de tout cela il fut pris de frayeurs.
La démonstration de ta colère suffisait.

138
CHAPITRE XIX

1 Mais contre les impies a sévi jusqu'au bout


Une fureur terrible. Dieu savait à l'avance
Ce qu'ils désiraient faire. 2 Après avoir permis
Aux siens de s'en aller, de presser leur départ,
Ils changeraient d'avis, allant à leur poursuite.
3 Ils avaient dans les mains les instruments de deuil,
Se lamentant encore auprès de leurs sépulcres.
Que déjà ils songèrent à un dessein plus fou.
Ils se mirent à courir après des fugitifs,
Ceux-là mêmes qu'ils avaient suppliés de partir.
4 Le sort qu'ils méritaient les poussait à l'excès
Les ayant inspirés d'oublier le passé :
Ils ajoutaient encore à leurs nombreux tourments
Le supplice aberrant qui semblait leur manquer.
5 Quand ton peuple allait vers un merveilleux voyage,
Eux-mêmes devaient trouver une mort insolite.
6 Et afin que tes fils fussent gardés, indemnes
La création entière qui sert selon tes ordres

139
Fut reconstituée dans sa nature encore.
7 La nuée recouvrait le camp avec son ombre.
De la terre ferme surgit ce qui était de l'eau.
Et la mer Rouge devint un passage accessible,
Les flots impétueux une plaine verdoyante.
8 Protégé par ta main, ton peuple la franchit,
Et contemplait ainsi d'admirables prodiges.
Pareils à des chevaux, ils étaient dans l'herbage.
9 Pareils à des agneaux, ils pouvaient gambader,
Te célébrant, Seigneur, toi leur libérateur.
10 Car ils se souvenaient de ce qu'ils avaient vu
En pays étranger : Oui, comment des moustiques
Étaient sortis du sol, et non d'êtres vivants ;
Comment au lieu de naître d'animaux aquatiques,
Des grenouilles sans nombre furent vomies par le Fleuve.
11 Ou comment des oiseaux firent naissance autrement,
12 Quand poussés par la faim, ils réclamèrent des mets
Pour les satisfaire, des cailles montèrent de la mer.

140
13 Pourtant sur les pécheurs fondirent les châtiments.
Des signes avant-coureurs les avaient annoncés.
Des nuages coléreux se chargèrent de tonnerres.
En justice, ils souffraient de leur méchanceté :
Ils avaient fait preuve d'une haine trop cruelle
Envers les étrangers. 14 Et d'autres n'avaient pas
Reçu des étrangers quand ils se présentèrent.
Mais eux avaient réduit des hôtes bienfaisants
À l’état d'esclavage. 15 Bien plus pour les premiers,
Ils en seront pour compte ! Les premiers dès l'abord
Se sont montrés hostiles envers les étrangers.
16 Car eux les Égyptiens au contraire accueillirent
Ton peuple avec des fêtes. Après l'a voir admis
À jouir de ses droits, ils surent lui infliger
De terribles corvées. 17 Et c'est ainsi qu'ils furent
Frappés de cécité, pareils à ces premiers
À la porte du Juste, lorsque enveloppés [ - ]
De ténèbres béantes, tout à chacun était
À rechercher l'accès qui conduit à la porte.
18 Ainsi les éléments changeaient leurs caractères

141
Pareils à une harpe qui peut changer de rythme,
Tout en conservant sa même tonalité.
Et c'est ce qui ressort de l'examen des faits.
19 Des animaux terrestres devenaient aquatiques.
Ce qui vit sous les eaux apparaissait sur terre.
20 La flamme se nourrissait, se renforçait dans l'eau.
Et l'eau en oubliait son pouvoir de l'éteindre.
21 La flamme dans son contraire n'attaquait pas les chairs
Des animaux si frêles qui s'y aventuraient.
Ne fondait pas non plus, cet aliment divin
Qui, au givre ressemble, et fond facilement.

22 De toutes les manières, tu as couvert de gloire


Ton peuple en tout, Seigneur. Et sans le dédaigner,
En tout temps, en tout lieu, tu as su l'assister !

142
L’eccLésiastique

Prologue du traducteur

1 Puisque la Loi, les Prophètes, 2 et les écrivains


Qui leur ont succédé, ont transmis des leçons,
3 Il convient d'honorer et de rendre un éloge,
Au pays d'Israël en matière d'instruction,
De science et de sagesse. 4 De plus, c'est un devoir
De posséder la science par la lecture des Livres ;
5 De la vulgariser quand on en est pourvue ;
6 De la mettre au service des gens de l'extérieur.
7 Jésus fut mon aïeul, après s'être appliqué
Avec persévérance, 8 à bien lire 9 les Prophètes,
10 Des livres des Anciens, 11d'en tirer la Sagesse,
Et d'en avoir acquis une immense maîtrise,
12 Lui aussi a voulu s'essayer à écrire
Quelque chose au sujet de cet enseignement.

143
13 Pour que les hommes soucieux de la bonne instruction,
Se soumettant aussi à ces sages disciplines,
14 Apprissent du mieux encore à appliquer la Loi.

15 Vous êtes donc invités 16 à en faire la lecture


17 Avec une bienveillante, une sérieuse attention ;
18 A faire preuve d'indulgence, 19 là même où en dépit
De nos nombreux efforts dans l'interprétation,
Nous aurions pu 20 avoir perdu dans l'expression.

21 Il n'y a pas d'équivalence 22 entre des choses


Exprimées en hébreu originairement,
Et traduites, réécrites dans une langue autre.
24 Et si l'on considère la Loi et les Prophètes,
25 Et tous les autres livres, 26 leur traduction diffère
Considérablement du texte original.

144
27 C'était en l'an 38 du feu roi Evergète,
28 J'arrivais en Égypte. Et là j'y séjournais.
29 J'y découvris un livre d'une très haute doctrine.
30 Je me fis un devoir impérieux d'appliquer
Moi aussi tout mon zèle, et de nombreux efforts
À fendre le présent livre. 31 J'y consacrais des veilles,
32 Et beaucoup de savoir durant cette période,
33 Pour le mener à terme et pour le publier,
34 À l'usage de ceux-là qui étant étrangers
Et désirant s'instruire 35 et réformer leurs mœurs,
Veulent vivre conformément aux préceptes de la Loi.

145
1 - RECUEIL DE SENTENCES
Le mystère de la sagesse

I 1 Et toute la sagesse vient du Seigneur, Yahvé.


La sagesse est en lui à jamais, pour toujours.
2 Le sable de la mer, les gouttes de la pluie,
Les jours d'éternité, qui peut les dénombrer ?
3 Et la hauteur du ciel, l'étendue de la terre,
Et les fonds de l'abîme qui peut les explorer ?
4 Mais avant toutes choses, fut créée la Sagesse.
L'intelligence prudente vient des temps plus lointains.
6 La source de la sagesse, à qui fut-elle donnée ?
Ses racines, ses ressources, qui les pourrait connaître ?
Il n'est qu'un sage ici et qui est redoutable
8 Il trône sur son siège, 9 c'est le Seigneur Yahvé.
C'est lui qui l'a créée, et vue et dénombrée
Et qui l'a répandue sur ses œuvres entières.
10 En tout homme, toute chair, et selon sa largesse,
Qui l'a distribuée à ceux qui l'ont aimée.

146
La crainte de Yahvé

11 La crainte du Seigneur, c'est la fierté la gloire,


La gaieté, l'allégresse, la couronne de joie.
12 La crainte du Seigneur réjouit le cœur pur.
Il donne la longue vie, l'espérance éternelle.
13 Pour qui craint le Seigneur, tout finira très bien.
A l'entrée de sa mort, Yahvé le bénira.
14 Le principe de Sagesse c'est de craindre Yahvé.
15 Créée avec les fils, elle les suit dès le sein.
Fondation éternelle, dans la race des hommes,
Elle s’est construit un nid, elle s'y attachera.
16 Consumer la Sagesse, c'est craindre le Seigneur.
Elle enivre les hommes de ses fruits délicieux,
17 Elle remplit leurs maisons de trésors merveilleux,
Et ses produits abondent dans les greniers chargés.
18 Une couronne de sagesse pour qui craint le Seigneur.
Elle fait fleurir bien-être, elle donne la santé.
19 Le Seigneur la connaît, et il l'a dénombrée.
Et il a fait pleuvoir la science, l'intelligence,
Il exalte de gloire tous ceux qui la possèdent.

147
20 La source de la sagesse, c'est de craindre Yahvé.
Et ses commencements annoncent la longue vie.

148
Patience et maîtrise de soi

22 La passion du méchant ne peut se justifier,


Le poids de l'injustice l'entraîne vers la ruine.
23 Celui qui est patient tient bon jusqu'à son heure,
Mais au terme final, sa joie éclatera.
24 Tout un temps il contient ses nombreuses paroles,
Puis le monde proclame sa pure intelligence.

149
Sagesse et droiture

25 Et la sagesse possède l'énigme de la science,


Mais le pêcheur déteste comprendre la piété.
26 Tu espères la sagesse ? Instruis-toi dans les Lois.
Et le Seigneur Yahvé te la prodiguera.
27 La crainte du Seigneur est sagesse, instruction.
Douceur, fidélité sont deux sœurs aimées.
28 Ne sois pas indocile à craindre le Seigneur.
Ne la pratique pas avec un double cœur.
29 Ne sois pas hypocrite et veille sur tes lèvres.
30 Et ne t'élève pas, tu risques de tomber.
Ta face se couvrirait de honte et de remords.
Yahvé révélerait, donnerait tes secrets.
Yahvé te jetterait, tu tomberais à terre.
Tu n'aurais pratiqué la crainte du Seigneur.
On saurait que ton cœur était rempli de fraude.

150
La crainte de Dieu dans l'épreuve

2 1 Mon fils, si tu prétends obéir au Seigneur,


Prépare-toi à l'épreuve, 2 arme-toi de courage.
Ne te laisse entraîner avec l’adversité.
3 Attache-toi à lui, ne t'en détourne pas,
Afin d'être exalté au jour du jour dernier.
4 Et tout ce qui t'advient, accepte le sans faille,
Dans les vicissitudes de ta condition pauvre.
Fais preuve de patience : 5 le feu éprouve l'or.
L'élu dans la fournaise subit l'humiliation.
6 Mets en Dieu ta confiance, il te viendra en aide.
Et suis une ligne droite, espère toujours en lui ;
7 Vous craignez le Seigneur, c'est sa miséricorde.
Ne quittez pas sa voie, vous risquez de chuter.
8 Vous craignez le Seigneur, ayez confiance en lui,
Et votre récompense ne saurait vous faillir.
9 Vous qui craignez Yahvé, espérez ses bienfaits,
Et la joie éternelle et la miséricorde.

151
Les anciens sont passés : 10 Voyez, considérez
Qui donc confiant en Dieu, a été confondu ?
Et qui persévérant, a été oublié ?
Ou qui le suppliant, n'a été écouté ?
11 Car le Seigneur Yahvé est Dieu compatissant,
Il remet les péchés et sauve de la détresse.
12 Et malheur aux cœurs lâches et aux mains nonchalantes,
Au sinistre pécheur dont la conduite est double.
13 Malheur au coeur sans foi, il ne se confie pas.
Qui le protégera ? Et qui le soutiendra ?
14 Et malheur à vous tous qui n'avez l'endurance !
Quand il visitera, mais que ferez-vous donc ?
15 Ceux qui craignent Yahvé ne transgressent ses paroles,
Ceux qui aiment Yahvé se disposent dans ses voies,
16 Ceux qui craignent Yahvé chercheront à lui plaire,
Ceux qui aiment Yahvé se suffisent de ses Lois,
17 Ceux qui craignent Yahvé ont un cœur toujours prêt,
Et savent s'humilier, s'abaisser devant lui.
18 Jetons-nous dans ses bras et non dans ceux des hommes.
Telle est sa majesté, telle sa miséricorde.

152
Devoirs envers ses parents

3 1 Enfants, écoutez-moi, car je suis votre père.


Faites ce que je dis afin d'être sauvés,
2 Le Seigneur glorifie le père de ses enfants.
Il fortifie le droit de la mère sur ses fils.
3 Qui honore son père, il expie toutes fautes,
4 Qui glorifie sa mère, il amasse un trésor.
5 Qui honore son père, trouve joie dans ses fils.
Au jour de sa prière, il sera exaucé ;
6 Qui glorifie son père, connaîtra de longs jours.
Qui obéit à Dieu, il contente sa mère.
7 Serviteur des parents comme serviteur de Dieu
8 En actes et en paroles, ton père, honoreras !
9 Que la bénédiction te provienne de lui.

Elle affermit le lieu, la maison des enfants.


Que la malédiction ne provienne de ta mère !
Elle détruirait le lieu, la base, la fondation.
10 Ne te glorifie pas du déshonneur du père,
11 Car c'est la gloire de l'homme que l'honneur de son père.
C'est la honte des enfants que la mère méprisée.
12 Mon fils, dans sa vieillesse, viens en aide à ton père.
153
Ne lui fais ni souffrance ni peine dans sa vie.
13 Si son esprit faiblit, reste-lui indulgent.
Ne le méprise pas, toi qui es plein de force.
14 Car cette charité ne sera oubliée,
Et pour tous tes péchés, tu seras réparé.
15 Au jour de ton épreuve, Yahvé se souviendra.
Comme glace au soleil, ils fondent tes péchés.
16 Tel un blasphémateur qui délaisse son père,
Un maudit du Seigneur qui rudoiera sa mère.

154
L'humilité

17 Mon fils tu conduiras tes affaires doucement,


Tu seras plus aimé qu'un homme munificent.
18 Mais plus tu seras grand, plus tu t'abaisseras.
Il te faudra trouver la grâce près du Seigneur.
20 Observe sa puissance : Mais les humbles l'honorent !
Ne cherche pas ce qui est trop ardu pour toi.
21 Ne scrute pas ce qui est au-dessus de toi.
22 Ce qu'il t'a assigné, exerce ton esprit.
Tu n'as pas à savoir les choses mystérieuses.
23 Ne te tracasse pas de ce qui te dépasse.
Ce que tu as reçu est vaste pour l'humain.
24 Beaucoup se sont perdus avec leur présomption.
La prétention coupable égarait leurs esprits.

155
L'orgueil

26 Et tout cœur qui s'obstine, finit dans le malheur.


Qui aime le danger, y tombera entier.
27 Et tout cœur qui s'estime, se chargera de peines,
Le pécheur accumule des péchés sur péchés.
28 Aux pleurs de l'orgueilleux, il n'est de guérison,
Car la méchanceté est enchaînée en lui.
29 L'homme prudent médite en son sein les paroles.
Une oreille qui l’écoute, c'est le rêve du sage.

156
Charité envers les pauvres

30 La puissance des eaux éteint le feu des flammes.


La charité, l'aumône remettent du péché.
31 Qui répond par le bien, prépare son avenir.
Et au jour de sa chute, il trouvera soutien.
4 1 Ne lui refuse pas sa faible subsistance.
Ne les fais pas languir, les miséreux les pauvres.
2 Ne l'exaspère pas, l'indigent qui demande.
3 Et ne t'acharne pas sur le cœur qui implore.
Ne le fais pas attendre celui qui a besoin.
4 Ne le repousse pas le suppliant qui souffre.
5 Tu ne détourneras ton regard de ce pauvre,
Et ne donne à personne le droit de te maudire.
6 Si quelqu'un te maudit dans sa sombre détresse,
Yahvé son Créateur exaucera son vœu.
Fais-toi aimer de tous, courbe-toi face au chef,
8 Prête l'oreille au pauvre, et rends-lui son salut.
9 Délivre l'opprimé des mains de l'oppresseur,
Et ne sois pas un lâche quand tu devras juger.
10 Sois pour les orphelins un père de famille.

157
Viens en aide à leur mère pareil au bon mari.
Et ainsi tu seras comme le fils du Très Haut
Qui t'aimera plus fort que t'a aimé ta mère.

158
La sagesse éducatrice

11 La sagesse est la mère qui élève ses enfants,


Et elle prend soin de ceux qui la cherchent, la demandent.
12 Et ceux qui la recherchent, seront remplis de joie.
13 Celui qui la possède, il recevra la gloire :
14 Où il porte ses pas, le Seigneur le bénit.
15 Et celui qui l'écoute, il saura bien juger.
Celui qui s'y applique, habite en sûreté.
16 S'il se confie en elle, il l'aura en partage.
Et sa postérité en aura la jouissance.
17 Mais elle peut le conduire par le chemin abrupt,
Faisant tomber sur lui la crainte et l'épouvante
Le tourmentant encore, éprouvant son courage,
18 Le ramenant enfin sur la route du juste.
Il connaît ses secrets, il l’a découverte alors.
19 S'il s'égare, elle l'oublie et le laisse à sa perte.

159
Pudeur et respect humain

20 Tiens compte des circonstances et garde-toi du mal,


Mon fils, que tu n'aies pas à rougir de toi-même.
21 Il y a une honte qui conduit au péché.
Il y a une honte qui est gloire, qui est grâce.
22 Ne sois pas trop sévère à te juger toi-même.
Tu ne dois pas rougir de courir à ta perte.
23 Ne tais pas la parole lorsqu'elle peut sauver,
Ne cache pas la Sagesse si elle vit en toi.
24 Car c'est bien au discours qu'on connaît la sagesse,
Et c'est dans la parole que paraît l'instruction.
25 Tu ne parleras pas contre la vérité,
Tu n'as pas à rougir de ta simple ignorance.
26 N'aie pas la honte au cœur de donner tes péchés,
Et ne t'oppose pas au courant du grand fleuve.
27 Mais ne t’aplatis pas devant un ignorant,
Et ne sois pas partial en faveur du puissant.

160
28 Mais lutte jusqu'à la mort pour la vraie vérité,
Et le Seigneur Yahvé combattra avec toi.
29 Et ne sois pas hardi en propos, en paroles,
Et paresseux et lâche dans tes comportements.
30 Ne sois pas comme un chien en lieu de ta demeure,
Ne sois pas un poltron avec tes serviteurs.
31 Que ta main ne soit pas tendue pour recevoir,
Qu'elle ne soit pas fermée quand il s'agit de rendre.

161
Richesse et présomption

5 1 Et ne te confie pas en toutes tes richesses,


Ne dis jamais de toi : “ Mais cela me suffit ! ”
2 Et n'abandonne pas ton désir et ta force
Qui t'entraînent à courir les passions de ton coeur.
3 Ne dis jamais de toi :"Qui a pouvoir sur moi ? ”
Car le Seigneur Yahvé saurait bien te punir
4 Ne dis pas : “ J'ai péché ! Que m'est-il arrivé ? ”
Car le Seigneur Yahvé est sage et sait attendre.
5 Ne sois pas assuré et certain du pardon,
Toi qui entasses encore des péchés sur péchés.
6 Ne dis jamais de lui : “ Mais grand est son pardon
Il saura oublier l'ensemble des péchés ! ”
Car il y a chez lui la pitié, la colère,
Et son courroux s'abat sur ceux qui ont péché.
7 Ne tarde pas à revenir dans le sein du Seigneur.
Ne remets au demain le jour qui va venir,
Car éclate soudain la colère du Seigneur.
8 Ne te fie pas aux biens aux richesses mal acquises,
Elles te seront utiles au jour de ton malheur.

162
Fermeté et possession de soi

9 Et ne vanne à tout vent, ne vas dans tout sentier.


Ainsi fait le pécheur à la double parole.
10 Impose ta fermeté dans tout ton sentiment.
Il ne te faut changer. Et n'aie qu'une parole.
11 Sois prompt à écouter, mais lent dans ta réponse.
12 Si tu sais quelque chose, réponds à ton prochain.
Sinon pose ta main sur tes lèvres et ta bouche.
13 Honneur et confusion sont dans toute parole,
Et la langue de l'homme fait toujours son malheur.
14 Ne te fais pas traiter de médisant mauvais,
Ne sois pas reconnu un rusé discoureur ;
Car si la honte atteint et abat le voleur,
La dure condamnation se jette sur le fourbe.
15 Des grandes et simples choses, ne sois pas ignorant.
Ne deviens l'ennemi de ton frère, ton ami.
6 1 Une réputation peut produire l'infamie,
Et si elle est mauvaise, elle produit confusion.
Ainsi fait le pécheur à la double parole.
2 Et ne t'exalte pas à ta passion extrême,

163
De peur qu'elle ne s'acharne comme un taureau furieux,
3 Qu'elle ne dévore tes feuilles, ne pourrisse tes fruits.
Et que tu ne t'assèches pareil à un bois sec.
4 Une âme passionnée est la perte d'un homme.
Et lui, est la risée de tous ses ennemis.

164
L'amitié

5 Une parole agréable multiplie les amis,


Et un langage affable attire réponses aimables.
6 Que soient nombreuses les heures de bonne relation !
Mais pour les conseillers, prends-en un entre mille !
7 Si tu veux un ami commence par l'éprouver,
Et ne te hâte pas de te confier à lui.
8 Mais le premier venu qui se lie d'amitié
Ne te sera fidèle au jour de ton épreuve
9 Et tel est ton ami qui se fait ennemi,
Qui dévoile la querelle en guise de confusion.
10 Et tel est ton ami qui s'assied à ta table,
Ne te sera fidèle au jour de ton épreuve.
11 Dans ta prospérité il sera un toi-même,
Parlera librement à tous tes serviteurs,
12 Dans ton abaissement, il se détournera
Évitera de voir un trait de ton regard.
13 Éloigne tes ennemis mais conserve tes amis.
14 Ton ami est fidèle, c'est un puissant soutien
Celui qui l'a trouvé a trouvé un trésor.

165
15 Ton ami est fidèle, quel en serait le prix ?
On ne saurait jamais en peser la valeur.
16 Ton ami est fidèle, il est baume de vie.
Le trouveront tous ceux qui craignent le Seigneur.
17 Et qui craint le Seigneur, se fait de vrais amis.
Car tel on est en fait, et tel l'ami l'on a.

166
L'apprentissage de la sagesse

18 Mon fils, dès ta jeunesse apprends et instruis-toi.


Jusqu'à tes cheveux blancs, tu trouveras sagesse.
19 Pareil au laboureur et pareil au semeur,
Mon fils, cultive-la et compte ses doux fruits.
Il te faudra peiner longtemps pour la savoir,
Bientôt tu mangeras ses savoureux produits.
20 Elle est inaccessible et rude aux ignorants,
Et l'homme court de sens ne s'y attache pas.
21 Elle pèsera sur lui comme une pierre lourde,
Il ne tardera pas à la jeter au loin.
22 Que cette discipline mérite bien son nom
Elle ne peut être acquise, accessible au grand nombre.
23 Écoute mon conseil, accueille mes pensées
24 Engage tes deux pieds dans ses nombreuses entraves,
Et présente ton cou à son collier solide.
25 Propose tes épaules à son fardeau chargé.
Ne sois pas impatient de sortir de ses liens.
26 Donne ton âme entière. Oui d’elle, approche-toi.
Et de toutes tes forces, tu suivras ses chemins.

167
27 Et recherche ses traces. Elle se fera connaître.
Si tu crois la tenir, saisis-la pour toujours.
28 Tu trouveras par elle le repos sur ta fin.
Elle changera en joie la (sagesse) pour toi.
29 Ses entraves te seront puissante protection !
Ses colliers te seront parure tant précieuse !
30 Et son joug te sera pur ornement doré !
Et ses liens te seront ruban de pourpre claire !
31 Vêtement d'apparat, tu la revêtiras.
Diadème d'honneur, tu t'en entoureras,
32 Si tu le veux, mon fils, tu instruiras ton âme,
Et ta docilité sera l'intelligence.
33 Si tu aimes écouter, alors tu apprendras.
Si tu prêtes l'oreille, alors tu seras sage.
34 Tiens-toi dans l'assemblée des vieillards réunis,
Et si tu vois un sage, attache-toi à lui.
35 Écoute volontiers ce qui provient de Dieu.
Les proverbes subtils, tâche de les entendre.
36 Si un homme est sensé, va vers lui au matin,
Et là, que tes deux pieds usent le seuil de sa porte.
37 Médite le Seigneur sur ses commandements,

168
Occupe-toi sans cesse de ses nombreux préceptes.
C'est lui qui de puissance fortifiera ton cœur,
La sagesse que tu cherches te sera accordée.

169
Conseils divers

71 Si tu ne fais le mal, il ne sera ton maître.


2 Éloigne l'injustice, et elle s'écartera.
3 Mon fils, ne sème pas dans la terre l'injustice,
De peur de récolter sept fois son abondance.

4 Ne demande au Seigneur la première des places,


Ni au roi de siéger sur un trône glorieux,
5 Et ne joue pas au juste devant le Tout-Puissant,
Ni au sage qui sait devant le roi, ton maître.

6 Ne brigue pas la place réservée pour le juge,


Si tu n'es pas capable d'extirper la justice,
De peur de te laisser dominer par un grand,
Et là tu risquerais d'y perdre ta droiture.
7 Ne te rends pas coupable envers une assemblée,
Et ne déchois jamais devant le peuple entier.

8 Ne te laisse entraîner à pécher doublement.


Dès le premier péché, tu n'y échapperais.

170
9 Les nombreuses offrandes ne sauraient y suffire.
Présente-les à Dieu : Il les dénigrera.

10 Ne sois pas impatient d'obtenir ta prière,


Et ne néglige pas de faire toujours l'aumône.

11 Ne te ris pas de l'homme qui souffre dans sa peine,


Celui qui l'humilie pourrait le relever.

12 Ne forge le mensonge contre un frère, un ami.


13 Garde-toi de parler de proférer le mal,
Il ne peut en sortir rien de bon pour ton âme.

14 Ne pérore pas dans l'assemblée des vieillards,


Et ne répète pas tes phrases dans la prière.

15 Et ne répugne pas aux besognes pénibles,


Ni au travail des champs créé par le Très Haut.

16 Et ne te range pas au nombre des pécheurs,

171
Souviens-toi que Colère ne saurait retarder.
17 Humilie-toi profondément vers Dieu Puissant,
Car le feu et les vers seront le châtiment.

18 N'échange pas un frère contre tout l'or d'Ophir,


Ni l'ami véritable contre des pièces d'argent.
19 Ne prends pas en colère une épouse sage et bonne,
Car sa grâce vaut plus que l'or que tu possèdes.
20 Ne traite pas en mal un esclave qui travaille,
Par plus le serviteur qui se dévoue en bien.
21 Aime comme toi-même l'esclave intelligent,
Ne lui refuse pas de vouloir être libre.

172
Les enfants

22 Si tu as des troupeaux, garde-les avec soin.


Si tu en tires profit, conserve ton acquis.
23 Si tu as des enfants, fais leur éducation.
Dès leurs plus jeunes temps, fais-leur plier l'échine.
24 Et si tu as des filles, veille bien sur leurs corps,
Et montre-leur plutôt un visage sévère.
25 Si tu maries ta fille, c'est une grande chose.
Mais donne-la du moins à un homme sensé.
26 Si ta femme te convient, ne la répudie pas.
Si tu ne l'aimes pas, ne te fie pas à elle.

Les parents

27 Et avec tout ton cœur, honore donc ton père,


Tu n'oublieras jamais ce qu'a souffert ta mère.
28 Souviens-toi des parents qui t'ont donné le jour :
Que leur offriras-tu pour tout ce qu'ils t'ont fait ?

173
Les prêtres

29 Crains encore le Seigneur et révère ses prêtres.


30 Et de toutes tes forces, aime qui t'a créé.
Et ne délaisse pas ses ministres choisis.
31 Crains encore le Seigneur, et honore le prêtre
Et donne-lui sa part comme il est décidé :
Prémices, sacrifice, offrande des épaules,
Sacrifice sanctifié, prémices des saintes choses.

174
Les pauvres et les éprouvés

32 Aux pauvres également, tu feras des largesses


Afin de mériter ce qu’Il veut t'accorder.
33 Ton esprit généreux touchera les vivants,
Et ne refuse pas ta piété même aux morts.
34 Ne te détourne pas de ceux qui sont en pleurs,
Et supplie humblement avec les affligés.
35 Ne crains de t'occuper de ceux qui sont malades.
Avec de telles actions, tu auras l'affection.
36 Dans tout ce que tu fais, souviens-toi de ta fin.
Tu ne pécheras pas. Pense à tes derniers jours.

175
Prudence et réflexion

8 1 Ne lutte avec un grand, tu tombes entre ses mains.


2 N'accuse pas un riche, il a le poids de l'or.
La fortune a perdu le cœur de bien des gens,
Et la raison des rois a fléchi par l'argent.
3 Ne te dispute pas avec un beau parleur,
Ne mets pas sur le feu du bois à grésiller.
4 Et ne ricane pas avec l'homme malséant,
De peur qu'il ne se plaise à vomir tes ancêtres.

5 Ne fais pas de reproches au pécheur repentant,


Souviens-toi que nous sommes ici-bas tous coupables.
6 Et ne méprise pas l'homme âgé en ses ans,
Il se peut que nous-mêmes, nous devenions anciens.
7 Nous-mêmes en ce bas monde, nous devons disparaître.

176
La tradition

8 Et ne méprise pas le discours des savants,


Et reviens-t’en souvent à leurs propres maximes.
Car c'est d'eux, c'est par eux que tu sais la doctrine.
Ne t'ont-ils pas appris l'art de servir les grands ?
9 Non, ne méprise pas le discours des vieillards,
Eux-mêmes n'ont-ils appris à l'école des parents ?
C'est d'eux que tu sauras la prudence des réponses,
Et l'art de prononcer à tel point jugé vrai.

177
La prudence

10 Tu ne mettras de feu aux charbons du pécheur,


De peur de brûler à sa flamme fumante.

11 Tu contiendras tes lèvres face à l'homme coléreux,


Il t'a tendu un piège et il veut d'y pousser.

12 Si tu prêtes à un homme qui est plus fort que toi,


Tu n'aurais dû prêter. Tiens la chose perdue.

13 Ne porte pas caution par-delà des moyens :


Tu t'es porté caution, donc sois, prêt à payer.

14 Ne sois pas en procès avec l'homme de justice,


Car la sentence rendue sera en sa faveur.

15 Ne te mets pas en route avec l'aventurier,


Il t'impose sa loi ; il n'en fait qu'à sa tête.
Sa folie te prendra, vous perdra tous les deux.
16 Ne te dispute pas avec l'homme coléreux.

178
Ne t'engage sur ses pas dans un lieu désertique,
Car le sang qui s'écoule ne peut compter pour lui.
Où il n'est de secours, il s'abattra sur toi.

17 Et ne prends pas un sot pour homme de confidence,


Il ne conserverait très longtemps son silence.
18 Devant un étranger, garde tes choses secrètes :
Tu ne sauras jamais ce qu'il peut inventer.
19 Et n'ouvre pas ton cœur à n'importe que l’homme,
Ne crois pas obtenir de lui ses bonnes grâces.

179
Les femmes

9 1 Et ne sois pas jaloux de ton épouse aimée,


2 Ne lui mets pas en tête de te donner du Mal ;
Et ne te livre pas dans les mains de la femme,
De crainte qu'elle ne prenne de l'ascendant sur toi ;
3 Ne va pas au-devant de la femme prostituée,
Tu pourrais succomber et tomber dans ses pièges ;
4 Et ne fréquente pas la chanteuse enjôleuse,
Tu te ferais avoir avec ses artifices ;
5 Ne pose ton regard sur le corps de la fille,
De peur d'être puni en compagnie, tous deux ;
6 Et ne te livre pas aux mains des prostituées :
Tu y perdrais tes biens et tout ton patrimoine ;
7 Ne va de ton regard dans les rues de la ville,
Et ne va pas rôder dans les endroits déserts ;
8 Détourne ton regard d'une femme en beauté,
Et ne l'arrête pas sur la femme étrangère.
Beaucoup se sont perdus par la beauté des chairs,
Et l'amour s'y enflamme comme un feu de folie ;

180
9 Près de la femme mariée, garde-toi de t'asseoir.
Et ne t'attable pas pour de viles beuveries,
De crainte que ton cœur ne succombe à ses charmes,
Et que dans tes excès tu ne glisses à ta perte.

181
Rapport avec les hommes

10 N'abandonne jamais un ancien compagnon,


Car le nouveau venu ne vaudra pas l'ancien.
Vin des premières vendanges, ami de l'inconnu !
Mais laisse-le vieillir, il te sera délices.

11 N'envie pas le succès de l'homme qui est pécheur,


Car tu le sais trop bien comment il finira.
12 Et n'approuve jamais l'impie qui réussit,
Souviens-toi qu'ici-bas il se fera punir.

13 Et tiens-toi éloigné de celui qui peut tuer,


Tu n'auras pas à craindre la présence de la mort.
Mais si tu t'en approches, surveille-le toujours :
Il peut détruire ta vie, te l'ôter à jamais.
Tu ne l’oublieras pas : tu es cerné de pièges,
Tu marches sur des remparts offerts aux ennemis.

14 Autant que tu le peux, fréquente ton prochain.


Et prends de bons conseils à l'assemblée des sages.
15 Pour sa conversation, recherche l'homme qui sait.
Que tous tes entretiens portent sur la loi de Dieu.
182
16 Entoure-toi de justes. Qu'ils soient tes commensaux,
Crains toujours le Seigneur. Que là soit ta fierté.

17 Un ouvrage bien fait mérite la louange,


Le dirigeant d'un peuple se doit d'un fin discours.
18 Toujours le beau parleur est redouté en ville,
Mais le mauvais bavard est détesté en tout.

183
Le gouvernement

10 1 Le sage qui gouverne tient son peuple dans l’ordre.


L'autorité d'un homme sensé est établie.
2 Tel est le gouvernant, telle est sa hiérarchie.
Tel qui régit la ville, tels sont ceux qui l'habitant.
3 Un roi sans instruction est la ruine d'un peuple.
L'intelligence des chefs est prospère à la ville,
4 Et les mains du Seigneur dirigent l'univers.
Il suscite le bon chef au moment convenu,
5 Et le succès d'un homme est dans la main de Dieu ;
C'est lui qui fait la gloire de son législateur.

184
contre L’orgueiL

6 Ne garde pas rancune au prochain pour ses torts,


Et ne fais rien dans un mouvement de passion.

7 L'orgueil déplaît à Dieu comme il déplaît à l'homme,


Tous deux ont en commun l'injustice en horreur.

8 Le pouvoir se transmet d'un pays à un autre,


Par l'orgueil, l'oppresseur, la violence et l'argent.

9 Mais pourquoi tant d'orgueil dans la terre et la cendre,


Celui qui est vivant a les tripes dégoûtantes ?
10 La longue maladie se rit du médecin.
Qui est roi, aujourd'hui, demain viendra sa mort.
11 Quand un humain se meurt, il reçoit en partage
Les insectes les fauves, et les vers de la terre.

12 Le principe d'orgueil abandonne le seigneur,


Tient son coeur éloigné du créateur Yahvé.
13 Le principe d'orgueil c'est de faire du péché.

185
Celui qui s'y adonne répand l'horreur extrême.
C'est pourquoi le Seigneur inflige des châtiments,
Et réduit à Néant celui qui s'y adonne.

14 C'est pourquoi le Seigneur détrône les puissants,


Fait asseoir à leur place les humbles et les doux.
15 C'est pourquoi le Seigneur déracine l'orgueilleux,
A planté à sa place le simple, l'humilié.
16 C'est pourquoi le Seigneur bouleverse des territoires,
Anéantit des peuples jusqu'au fond de l'abîme.
17 Et il les a parfois enlevés et détruits,
Effacé leur mémoire du souvenir du monde.

18 L'orgueil n'est pas donné à la race de l'homme,


Ni la colère violente à la race des femmes.

186
Les gens dignes d'honneur

19 Qui est digne d'honneur ? C'est l'espèce de l'homme.


Qui est digne d'honneur ? Celui qui craint Yahvé.
Quelle race est méprisable ? C'est la race de l'humain.
Quelle race est méprisable ? Celle qui viole la Loi.
20 [Le commencement de l’acceptation, c’est
La crainte du Seigneur mais le commencement*
Du rejet, c’est l’endurcissement et l’orgueil].
21 Le chef est apprécié, honoré par ses frères,
Ceux qui craignent Yahvé sont honorés de lui.
22 Et riches, chargés de gloire, ou pauvres et indigents,
Qu'ils mettent leur fierté dans la crainte de Dieu.
23 Il ne faut mépriser un pauvre intelligent,
Et il ne convient pas d'applaudir au pécheur.
24 Chefs, magistrats puissants sont tous dignes d'honneur,
Mais aucun ne dépasse celui qui craint Yahvé.
25 L'esclave sage a des hommes libres pour serviteurs,
Et l'homme d'intelligence se suffit de son sort.

* verset rejeté par l’ensemble des critiques.


187
Humilité et vérité

26 Ne joue pas au malin quand tu fais ta besogne,


Ne fais pas le glorieux quand tu es dans la gêne.
27 Mieux vaut l'homme qui travaille, qui vit dans l'abondance
Que d'aimer se grandir et n'avoir de quoi vivre.
28 Mon fils, apprécie-toi à ta juste valeur.
Qui pourrait reconnaître celui qui se fait tort ?
29 Qui pourrait estimer celui qui se méprise ?
30 On reconnaît le pauvre pour son précieux savoir.
On reconnaît le riche pour sa grande richesse.
31 Mais que serait le pauvre s'il possédait richesse !
Le riche devenu pauvre s'il était sans savoir !

188
Ne pas se fier aux apparences

11 1 Le pauvre, s'il est sage, il tient sa tête haute.


S'assoie dans l'assemblée, et siège parmi les grands.

2 Ne félicite jamais un homme pour sa prestance.


Tu n'accuseras pas d'après une apparence.

3 L'abeille est un insecte, un petit être ailé,


Pourtant ce qu'elle produit est d'une douceur exquise.

4 Et ne sois pas hautain avec ton vêtement.


Ne t'enorgueillis pas lorsqu'on t'honore :
Les œuvres du Seigneur sont trop considérables.
Elles sont cachées à l'homme. Elles lui sont invisibles.

5 Souvent des souverains sont mis sur le pavé,


Souvent un inconnu reçoit le diadème.
6 Et souvent des puissants ont été humiliés,
Des personnages illustres sont au pouvoir d'autrui.

189
Réflexion et lenteur

7 Ne blâme pas avant d'avoir examiné.


Mais réfléchis d'abord, puis exprime tes reproches.
8 Ne réponds pas avant d'avoir tout écouté,
Tu n'interviendras pas au milieu du discours.

9 Et ne te mêle pas d'une affaire qui n'est tienne,


Et ne t'échauffe pas aux querelles des pécheurs.

10 Mon fils, n'entreprends pas un grand nombre d'affaires.


Si tu les multiplies, tu n'y parviendras pas.
Et même si tu courrais, tu n'y arriverais.
Et tu ne pourras pas échapper par la fuite.
11 Il est des hommes qui peinent, se fatiguent et se hâtent,
Et pour en être mieux distancés par autrui !

190
Confiance en Dieu seul

12 Il existe des faibles qui réclament de l'aide,


Ils seront pauvres de bien et riches de dénuement.
Le Seigneur les garde avec toute sa fureur,
13 Le Seigneur les relève de leur misère immense.
Et beaucoup s'en étonnent. 14 Bien et mal, vie et mort,
Pauvreté et richesse, tout cela vient de Dieu.
17 Le don du Seigneur reste fidèle aux hommes pieux.
La bienveillance de Dieu les conduit à jamais.
18 Pour ceux qui s'enrichissent par soin et avarice,
Quelle est la récompense ? 19 Le jour où ils se disent
“J'ai trouvé le repos. Je vivrai de mes biens”,
Ils ne savent pas combien de temps cela tiendra :
Il leur faudra laisser leur fortune, et mourir.
20 Attache-toi à ta besogne, mets-y ta joie.
Vieillis dans ton travail. 21 N'admire pas le pécheur.
Confie-toi à ton Dieu. Tiens-toi à ta besogne.
Car c'est chose facile aux yeux du Tout-Puissant
Sur l'instant, en un temps, de combler, d'enrichir.
21 La récompense du pieux est la bénédiction.
Sur l'instant, le Seigneur peut la faire fleurir.

191
23 Et ne dis pas de toi : “ De quoi ai-je besoin ?
Désormais quoi attendre ? Quel sera mon avoir ? ”
24 Et ne dis pas de toi : “ Mais j'ai en suffisance
Désormais, quelle malchance pourrait bien me venir ? ”
25 Au jour de son bonheur, on oublie tous ses maux.
Au jour de son malheur, on oublie le bonheur.
26 Il est aisé à Dieu quand la mort va paraître,
De donner à chacun selon l'acte accompli.
27 Une heure d'épreuve fait oublier le bien-être.
C'est à sa dernière heure que l'œuvre est dévoilée.
28 Ne vante le bonheur de personne avant terme,
Car c'est au jugement que l'on se fait connaître,

192
Se méfier du méchant

29 N'introduis pas chez toi n'importe quel inconnu.


Les ruses de l'intrigant sont en grande quantité.
30 Comme la perdrix captive qui attire dans sa cage,
Ainsi l'orgueilleux, car son cœur est un piège,
31 Il est comme un espion qui change le bien en mal.
Aux meilleures qualités, il trouverait des tares.
32 Une étincelle allume un immense brasier !
Un prêcheur à l’affût pour faire couler le sang !
33 Et prends garde au méchant, il complote le mal.
Et crains qu'il ne t'inflige la flétrissure du temps.
34 Introduis l'étranger, et le trouble est chez toi.
Et toute ta maison sera prise de folie !

193
Les bienfaits

12 1 Tu accomplis le bien ? Sache à qui tu le fais.


Et tes bienfaits alors ne seront pas perdus.
2 Fais le bien à un pieux, et il te le rendra.
Et si ce n'est lui-même, ce sera le Très Haut.
3 Pas de bienfaits à qui persévère dans le mal,
Qui toujours se refuse à faire la charité.

4 Fais le bien à un pieux, mais ne donne au pécheur.


5 Et fais le bien aux humbles, mais ne donne à l'impie.
Refuse-lui le pain, refuse-lui son pain.
Car il en deviendrait plus puissant que toi-même.
On te payerait au double par la méchanceté.
Et pour tous les bienfaits dont tu l'aurais flatté.
6 Et le Très Haut lui-même déteste les pécheurs,
Il inflige aux impies la forte punition.
7 Fais le bien à l'homme bon, mais délaisse le pécheur.

194
Vrais et faux amis

8 Difficile dans l'aisance de connaître l'ami,


Mais dans l'adversité l'ennemi est visible.
9 Quand un homme est heureux, ses ennemis l'envient.
Quand il est malheureux, son ami l'abandonne.
10 Et ne te fie jamais à ton propre ennemi.
Comme l'airain se rouille, fait sa méchanceté.
11 Même s'il se change en humble, et s'avance courbé
Veille toujours sur toi-même, et méfie-toi de lui.
Réagis envers lui et polis son miroir,
Et sache que sa rouille ne tiendra pas longtemps.
12 Éloigne-le de toi. Qu'il ne soit près de toi.
Il peut te renverser et se mettre à ta place.
S'il s'assoie à ta droite, il cherchera ton siège.
Le comprends-tu enfin le sens de mes paroles ?
Te repentirais-tu songeant à mon discours ?
13 Et que m'en dirais-tu, en aurais-tu pitié
De ce charmeur mordu par les crocs du serpent,
De tous ceux qu'affrontent les animaux féroces ?

195
14 Et qui fait du pécheur, l'ami le compagnon
Lui aussi il prend part à ses nombreux péchés.
Tant que tu es debout, il restera caché.
15 Mais dès que tu chancelles, il ne se contient plus.
16 La bouche de l'ennemi est faite de douceur,
Il médite dans son cœur de te jeter au trou.

Les yeux de l'ennemi sont recouverts de pleurs.


Même s'il trouve l'occasion, le sang ne peut suffire.
17 Si le sort t'est contraire, il est là devant toi.
Sous prétexte de t'aider, il te prend le talon.
18 Il hochera la tête et frappera des mains.
Il sera les murmures, les changements de face.

196
Fréquenter ses égaux

13 1 Et qui touche à la poix, il s'englue à la poix.


Qui fréquente l'orgueilleux en vient à l'imiter.
2 Ne te charge jamais d'un fardeau trop pesant,
Ne te lie pas avec plus fort, plus riche que toi.
Mettre le pot de terre avec le pot de fer,
Pourquoi ? Et s'ils se heurtent, lequel se brisera ?
3 Le riche fait l'injustice, et il prend de grands airs.
Si le pauvre est lésé, il fait le suppliant.
4 Si tu lui es utile, il saura t'employer.
Mais si tu es trop lent, il t'abandonnera.
5 (Toi), as-tu quelque bien ? Il vivra avec toi.
Il te dépouillera et sans aucun remords.
6 A-t-il besoin de toi ? là, il t'enjôlera,
Te fera des sourires, te donnera l'espoir,
(Et) il t'adressera de mielleuses paroles.
Il te demandera : “ De quoi as-tu besoin ? ”
7 Tu seras humilié au cours de ses festins.
Tu seras dépouillé par deux et par trois fois.

197
(Et) malgré son profit, il en rira encore.
Plus tard t'apercevant, il ira devant toi.
Il hochera la tête en te considérant.
8 Reste bien sur tes gardes, ne te fais pas séduire.
Pour être ridicule, humilié et stupide.

9 Quand un puissant t'appelle, dérobe-toi ; fuis-le.


Il recommencera t'appelant de plus belle.
10 Ne t'engage trop vite de peur d'être chassé,
Ne te tiens pas trop loin de peur que l'on t'oublie.

11 Ne t'avise jamais d'être familier,


Et ne te fie encore à sa belle faconde.
Comme avec son verbiage, il te met à l'épreuve
En se jouant de toi, il apprend il s'informe.

12 Impitoyable, celui qui colporte les propos.


Il ne t'épargnera ni les coups ni les chaînes.
13 Reste bien sur tes gardes, fais toujours attention.
Tu chemines en présence de ta chute, de ta ruine.
15 Toute espèce vivante aimera son semblable,
Tout esprit de raison aimera son semblable
16 Et la bête s'accouple avec celle qui est sienne,
198
Et l'humain s'associe avec l'homme qui est sien
17 Comment vivraient ensemble un loup et un agneau ?
Et ainsi en est-il du pécheur et du pieux.
18 Et quelle paix se pourrait entre l’hyène et le chien ?
Et quelle quiétude entre le riche et le pauvre ?
19 L'onagre fait la chair du lion dans le désert,
Ainsi la pauvreté sera la proie du riche.
20 Et comme pour l'orgueilleux, jamais d’humilité.
Le pauvre est détesté, il est l'horreur du riche.

21 Le riche fait des faux-pas, ses amis le soutiennent.


Si le pauvre est dans sa chute, ses amis le rejettent.

22 Si un riche parle faux, grand nombre l'applaudisse.


Et s'il dit des sottises, beaucoup s'en félicitent.
Le pauvre est dans sa chute, on l’accuse de reproches.
23 Mais si le riche veut parler, l'assemblée se taira.
Ou certains porteront aux nues tout son discours.
Le pauvre est à parler. On questionne : “ Qui est-ce ? ”
Et s'il fait un faux-pas, on le projette à terre.

199
24 Si la richesse est bonne quand elle est sans péché,
La pauvreté est mal aux propos de l'impie.

25 Le contenu du cœur détermine le visage


Soit en bien, soit en mal. 26 Cœur en fête, gai visage.
L'invention des proverbes est un travail pénible.

200
Le vrai bonheur

14 1 Heureux celui qui n'a pas péché en paroles,


Qui n'est pas tourmenté en pensant à ses fautes.
2 Heureux celui qui n'a à se faire des reproches,
Et qui ne sombre pas dans le noir désespoir.

Envie et avarice

3 À l’homme qui est mesquin ne sied pas la richesse.


Celui qui est cupide, à quoi bon de grands biens ?
4 Qui amasse se privant, qui amasse pour autrui.
Et de ses nombreux biens, d'autres se repaîtront.

5 Qui est dur pour soi-même, pour qui serait-il bon ?


Il ne se réjouit pas de ses propres bienfaits.
6 Il n'est pas plus cruel que l'homme qui se torture,
Et c'est là le salaire de sa méchanceté.
7 Et quand il fait du bien, c'est par pure distraction.
Finalement il laisse voir sa méchanceté.

201
8 N'est-ce pas un méchant, l'homme aux regards cupides
Qui détourne les yeux et qui méprise autrui ?
9 L'humain jaloux n'est pas content de ce qu'il a,
Et la cupidité dessèche l'âme et l'esprit.

10 L'avare est chiche de pain. La disette est sur table.

11 Si tu as ce qu'il faut, mon fils, traite-toi bien.


Et présente au Seigneur les offrandes qu'il demande.
12 N'oublie pas que la mort se hâte de venir,
Que le pacte de Shéol ne t'a été donné.
13 Donc, avant de mourir fais du bien à tes proches,
Et selon tes moyens tu seras libéral.

14 Ne te refuse pas le bonheur du présent.


Ne fais pas s'échapper un désir légitime,
15 Car ne laisseras-tu pas à d'autres ta fortune ?
Tes biens ne seront-ils partagés par le sort ?
16 Distribue et reçois, donne-toi du bon temps.
Ce n'est pas au Shéol qu'on peut chercher la joie.
17 Et toute chair vieillit et tout habit se fripe,
Et la loi éternelle c'est qu'il nous faut mourir.
18 Comme le vert feuillage sur un arbre touffu,
202
Tantôt c’est la tombée et tantôt la repousse,
De la chair et du sang, et des générations :
Les unes se meurent, et les autres s'éveillent.
19 L'œuvre mauvaise périt et son auteur la suit.

203
Bonheur du sage

20 Heureux l'homme qui médite, qui pense sur la sagesse


Qui raisonne et questionne avec intelligence.
21 Qui s'applique et qui songe aux voies de la sagesse,
22 Car il est le chasseur aux aguets sur la piste ;
23 Penché à ses fenêtres, écoutant à ses portes ;
24 Il se poste tout prêt de sa forte demeure ;
Il a fixé un pic aux pieds de ses murailles ;
25 Il a dressé sa tente à sa proximité.
Et il s'établit dans une retraite de bonheur ;
26 Il place ses enfants sous sa haute protection,
Sous ses rameaux épais, il y trouve un abri.
27 Son ombre le protège de la forte chaleur,
Et il s'établira dans sa gloire bienheureuse.

15 1 Ainsi agit celui qui craint le Tout-Puissant


Qui se saisit des lois, détiendra la Sagesse.
2 Elle se pose devant lui comme une mère qui veille.
C'est une vierge épouse qui l'accueille et qui l'aime ;

204
3 Elle le nourrit du pain de la sage prudence,
Et elle lui verse à boire l'eau pure de la sagesse.

4 Il prend appui sur elle, mais il ne tombe pas.


Et il s'attache à elle et n'est pas confondu.
5 Elle s'élève au-dessus de tous ses compagnons,
Et quand il doit parler, elle lui ouvre la bouche.
6 Il trouve le bonheur, la couronne de joie.
Il reçoit en partage la renommée du ciel.
7 Jamais les insensés ne la posséderont,
Et jamais les pécheurs ne pourront l'obtenir.
8 Elle se tient à distance de l'orgueil vaniteux.
L'ensemble des menteurs ne peut songer à elle.
9 La louange ne sied pas à la bouche du pécheur,
10 Comme elle ne lui est pas accordée par Yahvé.
C'est le Seigneur Yahvé qui la guide et la mène.

205
La liberté humaine

11 Ne dis pas : “ C'est Yahvé qui m'aura fait pécher ”


Car Yahvé ne fait pas ce qu'il a en horreur.
12 Ne dis pas : “ C'est Yahvé qui m'aura fait me perdre ”
13 Car Yahvé n'a que faire d'un pécheur, d'un menteur.
Il déteste toute espèce, toute abomination,
Et aucune n'est aimée de ceux-là qui le craignent.
14 Dans son commencement, c'est Yahvé qui fit l'homme
Qui le laissa choisir selon son libre-arbitre.
15 Et ses commandements, si tu veux tu les gardes :
De lui rester fidèle, c'est bien en ton pouvoir.
16 Devant toi, il a mis le feu brûlant, l'eau pure
Et selon ton désir, tu étendras la main.
17 Et devant tous les hommes sont la vie et la mort.
À leur gré, l'une ou l'autre leur est distribuée.
18 Immense est la sagesse du Seigneur Tout-Puissant.
19 Ses regards sont tournés vers ceux qui le redoutent.
Et il connaît lui-même des hommes toutes leurs œuvres.
20 Il n'a pas demandé à l'homme d'être un impie.
Il n'a pas commandé la licence de pécher.

206
Malédiction des impies

16 1 Ne désire pas une descendance de propres à rien.


Ne te mets pas en joie avec des fils impies.
2 Et quel que soit le nombre, ne t'en réjouis jamais
S'ils ne possèdent en eux la crainte du Tout-Puissant.
3 Ne compte pas pour eux sur une longue existence,
N'aie aucune confiance dans leur futur destin.
Mieux vaut [en en]gendrer [un et un] seul que mille,
Et mourir sans enfant que d'avoir des impies.

4 Par l'homme d'intelligence, la ville peut se peupler


Mais la race des pervers tombera, périra.
5 J'ai vu de mes yeux vu temps de choses semblables,
J'en ai de mes oreilles entendu de plus fortes.
6 Sur la place des pécheurs s'est allumé le feu,
Dans la race des rebelles s'enflamme la Colère.
7 Dieu n'a point pardonné aux géants d'autrefois
Qui s'étaient révoltés, si fiers de leur puissance.
8 Il n'a pas épargné la ville où vivait Lot :
Leur orgueil prétentieux lui était en horreur.
9 Il n'a pas eu pitié de la race des coupables.
Ils furent exterminés pour leurs nombreux péchés.
207
10 Et il traita de même six cent mille hommes de pied,
Qui s'étaient tous ligués dans l'âpreté du cœur.
11 N'y eut-il qu'un seul homme au cou raide et rendu,
Il serait inouï qu'il restât impuni,
Car pitié et colère appartiennent au Seigneur,
Puissant dans le pardon, répandant la colère,
12 Tant sa miséricorde, tant sa sévérité !
Il saura juger l'homme selon l'œuvre achevée.
13 Et il sera puni, l'homme avec ses larcins.
Mais il ne fruste pas la patience du croyant.
14 Il donne fibre court à toute sa pitié,
Mais chacun est traité selon l'œuvre achevée.

208
La rétribution est certaine

17 Ne dis pas : “ Je me cache pour échapper à Dieu.


Tout là-haut dans le ciel qui pourra me trouver ?
Au milieu de la foule, je ne serai connu.
Que ne suis-je, moi infinie, dans l'immense création ? ”
18 Voici ce qu'il en est : même le ciel élevé,
Mêmes l’abîme et la terre tremblent lorsqu'il s'en vient,
19 Et de même les montagnes, les socles de la terre
Sont tous pris de panique sous son regard puissant.
20 Hélas, à tout cela on ne réfléchit pas.
Ne dis pas : “ Qui le sait si je mens en secret ?
21 La tempête elle aussi reste dans l'invisible.
22 Les œuvres de justice qui les annoncera ?
Et qui les attendra ? Car l'alliance est lointaine ”.
23 Ainsi raisonne l'homme écourté de pensées ;
L'insensé, égaré, ne rêve que folies !

209
L’homme dans La création

24 Écoute-moi, mon fils, acquiers la connaissance


Et applique ton cœur à toutes mes paroles.
25 Je te révélerai la discipline pensée,
Et je proclamerai la connaissance soignée.

26 Lorsqu'au commencement Yahvé créa ses œuvres,


Là, sitôt accomplies il leur donna une place.
27 Il ordonna ses œuvres pour toute l'éternité,
Depuis leurs origines jusqu'à leur avenir.
Et elles ne souffrent pas de faim et de fatigue,
Elles n'abandonnent pas leurs tâches à accomplir.
28 Elles ne se heurtent pas, chacune suivant sa marche.
Toujours elles obéissent à l'ordre de Yahvé.
29 Ensuite Yahvé jeta ses regards sur la terre,
Et la remplit bientôt de toute espèce de biens,
30 Toutes sortes d'animaux en couvrira la surface.
Mais ils sont à la terre. Ils y retourneront.

210
17 1 Le Seigneur a tiré les humains de la terre.
Mais ils sont à la terre. Ils y retourneront.
2 Il leur a assigné un temps déterminé,
Un décompte précis, un décompte de jours.
3 Il a mis dans leurs mains ce qui est sur la terre.
Il les a fortifiés, il s'est donné la force.
Et il les a conçus selon sa propre image.

4 Et toute créature a la terreur de l'homme.


Pour qu'ils dominent les bêtes, les animaux sauvages
6 Il leur forma la bouche, la langue, l'œil, les oreilles.
Il leur donna un cœur, le siège de la pensée.
7 Il les remplit de science, de pure intelligence,
Et il leur fît connaître le bien, le mal unis.
8 Il remit sa lumière pour leur montrer Yahvé.
10 Ils loueront son Saint nom et diront sa grandeur ;
11 Et il leur accorda encore la connaissance,
Il les gratifia de la loi de la vie :
12 Ils ont conclu ensemble une alliance éternelle.
Il leur a fait connaître ses premiers jugements,

211
13 Et leurs yeux contemplèrent sa grandeur majestueuse.
Leurs oreilles entendirent sa voix magnificente.
14 Là, le Seigneur leur dit : “ Gardez-vous de tout mal ”
Il leur donna alors tous ses commandements,
Et chaque commandement à l'égard du prochain.

212
Le juge divin

15 Leur conduite est toujours devant le Tout-Puissant.


Elle n'est jamais voilée, cachée à ses regards.
17 Yahvé a préposé un prince à chaque peuple,
Mais la seule Israël est la portion de Dieu.
19 Toute action lui est su, comme est vu le soleil.
Ses regards sont fixés à observer leurs actes,
20 Et toutes les injustices ne lui sont point cachées.
Tous leurs nombreux péchés sont devant le Seigneur,
22 Et l'aumône d'un homme est pour lui comme un sceau.

Il conserve un bienfait comme la pupille de l'œil.


23 Puis il se lèvera les récompensera.
Sur leur tête, il fera venir leur récompense.
24 À ceux qui se repentent, il accorde un retour.
25 Il réconforte ceux qui ont perdu l’espoir.

213
Invitation à la pénitence

25 Convertis-toi à Dieu, renonce à tes péchés.


Implore-le en face et cesse de l'offenser.
26 Reviens vers le Très Haut, détourne-toi du mal.
Déteste avec vigueur toute espèce d'injustice.
27 Qui louera le Très Haut, Yahvé dans le Shéol,
Si ne le font les hommes en lui rendant la gloire ?
28 Ne le font pas les morts comme ceux qui ne sont.
Celui qui a la vie sanctifie le Seigneur.
29 Et quelle miséricorde ! Quelle est grande et immense !
Et telle son indulgence pour ceux qui vont vers lui !
30 Mais l'homme ne se prévaut de pouvoir tout avoir,
Puisque les fils des hommes ne sont pas immortels.
31 Quoi de plus lumineux que le soleil ? Il fuit.
Et la chair et le sang ne nourrissent que malice.
32 C'est Yahvé qui surveille les puissances dans le ciel.
Mais tous les hommes ne sont que de terre et de cendre.

214
Grandeur de Dieu

18 1 Lui qui est éternel a créé tout ensemble.


2 Seul, le Seigneur Yahvé sera proclamé juste,
3 Qui donc a le pouvoir de révéler ses œuvres,
4 Et qui découvrira ses merveilles divines,
5 Qui pourra mesurer sa puissante majesté,
Et qui pourra conter sa grande miséricorde ?
6 On n'y peut rien ôter, on n'y peut ajouter.
On ne peut découvrir les merveilles divines.
7 Quand un homme a foi, c'est alors qu'il commence.
Et là quand il s'arrête, il est déconcerté.

215
Néant de l'homme

8 Mais qu'est-ce que l'homme au juste ? À quoi peut-il servir ?


Et quel est donc son bon ? Et quel est donc son mal ?
9 La durée de sa vie ? Cent années, tout au plus.
10 La goutte dans l'eau de mer, le grain dans le désert !
Et telles sont ces années près de l'éternité !
11 C'est pourquoi le Seigneur usant de sa patience,
A répandu sur eux tant de miséricorde.
12 Il voit, il sait combien leur fin est misérable,
Et c'est pourquoi il a décuplé les pardons !
13 La pitié de l'humain est faite pour son prochain.
La pitié du Seigneur est faite pour toute chair.
Il reprend, il corrige, il enseigne, il apprend.
Il ramène le berger, son troupeau dans la voie.
14 Il a pitié de ceux qui ont la discipline,
Et qui cherchent avec zèle le fond des jugements.

216
La façon de donner

15 Et n’assaisonne pas de blâme tes bienfaits,


Ni tes nombreux cadeaux de paroles chagrines.
16 Les perles de rosée apaisent la chaleur.
Ainsi de la parole qui vaut plus qu'un cadeau,
17 Et la parole vaut plus que le plus riche présent.
Mais l'humain charitable saura unir les deux.
18 L'insensé fait affront et ne donne jamais rien.
Et le don de l'envieux brûle les Yeux de l’homme.

217
Réflexion et prévision

19 Instruis-toi de savoir avant d'ouvrir tes lèvres.


Il faut soigner son corps avant d'être malade.
20 Avant le jugement, éprouve-toi toujours.
Au jour de la visite, tu seras acquitté.
21 Humilie-toi encore avant d'être malade.
Et quand tu as péché, montre ton repentir.

22 Et que rien ne t'empêche d'accomplir un souhait,


Mais n'attends pas la mort pour devenir conforme.
23 Avant de faire un vœu, prépare-toi toujours.
Et ne sois pas celui qui tente le Seigneur.
24 Mais pense à la colère des jours du jugement,
À l'heure de la vengeance, quand Dieu détourne la face.
25 Tu es dans l'abondance, songe donc à la disette.
Tu es dans la richesse, songe donc à la misère.
26 Entre matin et soir, le temps s'écoule vite.
Et tout passe vivement devant le Tout-Puissant.
27 En toute chose, pour toute chose, le sage est sur ses gardes.
Le péché se présente, il évite l'offense.

218
28 Celui qui est sensé, reconnaît la sagesse.
Celui qui l'a trouvée, lui fait son compliment.
29 Des hommes intelligents et diserts la cultivent.
Ils se sont épanchés en maximes excellentes.

219
Possession de soi-même

30 Ne te laisse entraîner par tes viles passions,


Refrène tes ardeurs, apaise tes désirs ;
31 Si tu veux t'accorder le plaisir de tes sens,
Tu feras la risée de tous tes ennemis,
32 Ne te satisfais pas de vie voluptueuse,
Et ne te complais pas dans une telle société.
33 Et ne t'appauvris pas en festoyant d'emprunts,
Tu ne possèdes pas le moindre sou en poche.
19 1 Celui qui vit ainsi ne sera jamais riche.
Qui méprise les riens peu à peu s'appauvrit.
2 Les femmes et l'ivresse pervertissent les esprits
Les femmes de mauvaise vie font perdre la pudeur.
3 Oui, des larves et des vers, il en sera la proie.
Et l'homme téméraire y perdra l'existence.

220
Contre le bavardage

4 Qui se croit en confiance, se fait superficiel.


Et qui fait le péché, se fait tort à soi-même.
5 Qui prend plaisir au mal, il sera condamné.
6 Qui hait le bavardage, échappera au mal.
7 Ne rapporte jamais ce qu'on a pu te dire.
De la sorte, jamais on ne te fait nuisance.
8 A ton ami, ton ennemi ne ne ne leur dis rien.
À moins qu'il y ait faute pour toi, ne le révèle ;
9 Car l'on t'écouterait et l'on se méfierait
Et même à l'occasion, l'on saurait te haïr.
10 As-tu entendu quelque chose ? Sois un tombeau.
Allons et allons bon ! Tu en éclateras ?
11 Une parole entendue : le sot est au travail,
Il en est de la femme en mal de nourrisson !
12 Une flèche est plantée dans l'épais de la cuisse,
Et telle est la parole dans le ventre du sot.

221
Vérifier ce qu'on entend dire

13 Va trouver ton ami peut-être il n'a rien fait.


S'il a fait quelque chose, il ne le refera.
14 Va trouver ton prochain : peut-être il n'a rien dit,
S'il a dit quelque chose, il ne le redira.
15 Va trouver ton ami : on calomnie souvent.
Et surtout ne crois pas ce que l'on peut en dire.
16 Il arrive de glisser sans mauvaise intention.
Qui n'a jamais péché en usant de paroles ?
17 Va trouver ton voisin avant de faire menaces.
Obéis à la loi du Très Haut, Très Puissant.

222
Vraie et fausse sagesse

20 La sagesse est de craindre le Seigneur Tout-Puissant.


La sagesse en elle-même applique la loi de Dieu.
22 Mais connaître le mal, ce n'est point la Sagesse.
Le conseil des pécheurs, ce n'est point la prudence.
23 Il est un savoir-faire qui est abominable ;
Est insensé celui à qui manque la sagesse.
24 Mieux vaut la pauvreté d'esprit avec la crainte,
À l'excès de prudence avec le viol des lois.
25 Il est un savoir-faire qui dessert l'injustice :
Pour établir son droit tel use de fourberie.
26 Tel autre, s'en va courbé sous le poids du chagrin.
Mais au fond de soi-même, ce n'était que la ruse :
27 Car en faisant la tête et en faisant le sourd,
Tout hypocrite qu'il est, il te prend l'avantage.
28 Tel autre, se dit trop faible pour s'oser au péché :
Mais il fera le mal dès son premier possible.
29 Comme l'allure fait l'homme, le visage fait le sens.
30 Comme l'habit fait l'homme, sa démarche le révèle.

223
Silence et parole

20 1 Il y a des reproches qui sont intempestifs,


Il y a un silence qui dénote l'homme sensé.
2 Mieux vaut faire des reproches que garder sa colère.
Qui s'accuse d'une faute en évite la peine.

4 Tel l’eunuque qui voudrait déflorer la jeune fille,


Tel celui qui prétend juger par la violence.

5 Tel se plaît du silence et passera pour sage.


Tel se fait détester qui ne sait que parler.

6 Tel se tait, ignorant car il ne sait répondre.


Tel autre se taira qui attendra son heure.

7 Le sage saura se taire jusqu'au moment voulu.


Le bavard, l'insensé manqueront l'occasion.

8 Celui qui parle trop se fera détester.


Qui prétend s'imposer suscitera la haine.

224
Paradoxes

9 Celui-là trouvera son salut dans la chute,


Et parfois une aubaine occasionne du dommage.

10 Tes générosités ne te profitent pas.


Des générosités te rapportent le double.

11 Parfois grandeur et gloire confèrent l'humilité,


Certains se tiennent haut dans leur humilité.

12 Tel achète beaucoup de choses avec peu d'argent,


Et cependant les paie sept fois leur vraie valeur.

13 Par de bonnes paroles, le sage se fait aimer.


Mais le sot généreux distribue en pure perte.
14 Le don de l'insensé ne peut servir à rien,
Car ses yeux sont avides de recevoir sept fois,
15 Il distribue très peu et reproche beaucoup,
Il écarte la bouche comme un crieur public
Et s'il prête aujourd'hui, demain il redemande.

225
C'est un homme détestable, c'est un homme à haïr.
16 L'insensé dit encore : “ Je n'ai pas un ami,
Et de tous mes bienfaits, nul ne peut m'être gré.
17 Ceux qui mangent mon pain, ont une mauvaise langue ”.
Tant de gens, si souvent, se rient de sa personne.

226
Paroles maladroites

18 Un faux-pas dans la rue vaut mieux qu'une incartade.


C'est ainsi que trébuchent et chutent les méchants.

19 L'individu grossier est comme la gaudriole


Ressassée, répétée par des tas d'imbéciles.

20 De la bouche du sot on renie le proverbe,


Car il ne l'emploie pas à l'instant désiré.

21 Tel est préservé du péché par indigence,


À ses heures de loisir, il n’a pas de remords.

22 Tel se perd par respect considérant l'humain,


Il se perd par égard respectant l'insensé.

23 Tel par timidité certifie des promesses :


Il se fait d'un ami, un ennemi pour rien.

227
Le mensonge

24 C'est une grave souillure pour l'homme que le mensonge,


Il sera ressassé par tous les ignorants.

25 Encore : mieux vaut un voleur qu'un maître menteur,


Voleur et maître : mais l'un et l'autre vont à leur perte.

26 L'habitude du mensonge est abomination.


La honte du menteur est sans cesse sur lui.

228
Grandeur et dangers du sage

27 Par ses précieux discours, le sage est estimé.


Et un homme avisé a la faveur des grands.
28 Qui cultive la terre, obtient bonne récolte.
Celui qui plaît aux grands sait se faire pardonner.

29 Mais présents et cadeaux aveuglent l'œil du sage.


Un bâillon sur la bouche : ils étouffent les reproches.

30 Une sagesse cachée, un trésor invisible.


L'un et l'autre ignorés, ne peuvent servir à rien.
31 Mieux vaut l'homme qui garde sa folie en secret,
Que l'homme qui conserve sa sagesse loin de tous.

229
Différents péchés

21 1 Mon fils ! Tu as péché ? Ne recommence plus,


Et implore le pardon de tes fautes passées.
2 Tu fuirais le serpent ? Il te faut fuir ta faute
Et si tu t'en approches, elle saura bien te mordre.
Ses dents sont celles d'un lion qui ôtent la vie aux hommes.
3 Et toute transgression est une terrible épée,
Par son double tranchant de blessure incurable.

4 La terreur, la violence dévastent les palais.


Ainsi de l'orgueilleux, sa maison tombera.
5 Mais la prière du pauvre frappe l'oreille de Dieu.
Son jugement est proche et ne saurait tarder.

6 Qui hait la réprimande s'engage près du pécheur,


Mais qui craint le Seigneur veut convertir son coeur.

7 Le beau parleur est vu, entendu de partout


Mais l'homme réfléchi en connaît les faiblesses.

230
8 Et construire sa maison avec l’argent d'autrui,
C'est amasser des pierres pour son propre tombeau.

9 L'assemblée des pécheurs est un amas d'étoupe


Qui finira bientôt dans la flamme et le feu.
10 Le chemin du pécheur est un chemin pavé,
Mais il aboutira au gouffre du Shéol.

231
Le sage et l'insensé

11 Celui qui garde la loi, contrôle ses instincts.


Le parfait de la crainte du Seigneur est sagesse.

12 Tel ne peut rien apprendre, faute de dons naturels.


Mais il y a des dons facteurs de l'amertume.

13 Le sage est un abîme de science et de savoir,


Et toute sa volonté est de source vivante.
14 Le cœur de l'insensé est un vase brisé
Qui ne peut retenir la moindre connaissance.
15 Si un homme instruit entend une parole sage,
Il saura l'apprécier, y ajouter du sien.
Qu'un insensé l'entende, il s'en gausse il en rit.
Il la dénigre encore, la rejette derrière lui.
16 Le discours du sot pèse comme une charge en voyage.
Sur les lèvres du sage, on trouve de belles grâces.
17 Les dires intelligents sont cru dans l'assemblée.
Et ce qu'il dit, chacun le médite en son cœur.

232
18 Une maison en ruines tel est le lot du sot.
La science de l'insensé sont des discours absurdes.
19 L’ordre pour l'insensé sont des chaînes à ses pieds,
Des entraves qui ligotent sa main droite, sa main gauche.

20 L’éclat de rire du sot est bruyant et vulgaire.


Le rire du raisonné se fait rare et discret.
21 Pour le pensant un ordre est un précieux joyau,
Un bracelet en or, l’émeraude à son doigt.

22 Le sot se presse se hâte de faire son entrée,


L'homme expérimenté prend l'attitude modeste.
23 De la porte l'insensé regarde à l’intérieur,
L'homme bien élevé restera au dehors.
24 C'est d'un mal élevé que d'écouter aux portes,
Un esprit raisonné en sent le déshonneur.

25 Les lèvres des bavards répètent les mots d'autrui.


Les paroles des sages sont savamment pesées.

233
26 Le cœur des imbéciles est placé dans leur bouche,
La bouche des esprits est placée dans leur cœur.

27 Quand l'impie croit maudire la face de l'ennemi,


Il se maudit soi-même ne sachant que c'est lui,
28 Et de l'homme médisant faisant tort à soi-même,
Mais qui est détesté, haï par l'entourage.

234
Le paresseux

22 1 À de la pierre crottée, la paresse est semblable :


Le monde la persifle, s'en moque et en ricane.

2 À une poignée d'ordures, la paresse est semblable :


Et quiconque la touche, va se laver la main.

235
Les enfants dégénérés

3 Un fils mal élevé est la honte de son père.


Quand sa fille voit le jour, c'est pour sa confusion.
4 Une fille de raison est de l'or pour l'époux.
Quand la fille est indigne, c'est le chagrin du père.
5 Et la fille éhontée déshonore père et mère.
Et les deux la renient, l'éloignent de leur cœur.
6 Remontrances en tout temps ; musique aux jours de deuil ;
Coups de fouet, correction : voilà, l'éducation.

236
Sagesse et folie

9 Recoller des tessons : enseigner à un sot.


C'est réveiller un homme abruti de sommeil.
10 Et raisonner un sot : conseiller l'assoupi.
Sorti de son sommeil, il dira : “ Qu'en est-il ? ”

11 Pleurer un disparu : son âme est sans lumière,


Pleurer un insensé : il a perdu l'esprit.
Plus doucement le mort : son âme est en repos ;
Pour l'insensé la vie est plus triste que la mort.
12 Pour une âme sans lumière, le deuil est de sept jours
Pour l'insensé, l'impie, tous les jours de leur vie.

13 N'adresse pas de longs discours à l'insensé.


Ne va pas au-devant du sot à ignorer.
Garde-toi bien de lui pour n'avoir pas des ennuis,
Pour ne pas te rouiller à son propre contact.
Ecarte-toi de lui, tu trouveras repos,
Là, ses divagations ne pourront t'ennuyer.

237
14 Qu'y a-t-il de plus lourd que de lever le plomb ?
Cela s'appelle comment ? On l'appelle l'insensé.
15 Le sable, le sel, la pierre et la masse de métal
Sont plus faciles à soulever que l'insensé.

16 Une charpente de bois pour une construction


Ne se laisse pas disjoindre par une terre qui tremble.
Et un cœur résolu après mûre réflexion,
Ne sera pas ému à l'instant du danger.

17 Et un cœur appuyé sur la sage réflexion


Est ornement de stuc sur la façade polie.

18 De tous petits cailloux au sommet de ce mur


Ne pourraient résister à la force du vent.
L'insensé effrayé par son imaginaire
Ne pourra résister à la crainte de son cœur.

238
L'amitié

19 En frappant l’œil on fait couler, pleurer des larmes.


Mais en frappant le cœur surgissent des sentiments.

20 Qui effraie les oiseaux les fera s'envoler.


Qui reproche à l'ami, détruira l'amitié.

21 Tu as tiré l'épée et touché ton ami ?


Ne désespère pas, car il peut revenir.
22 Tu as ouvert la bouche, critiqué ton ami ?
Ne désespère pas, un accord est possible.
Outrager, mépriser et trahir le secret.
Là désespère-toi : il ne reviendra pas.

23 Gagne la reconnaissance du proche dans sa misère,


Dans sa prospérité, il saura te le rendre.
Dans les jours de l'épreuve, demeure-lui fidèle.
S'il vient à hériter, tu recevras ta part,
24 Les vapeurs du brasier anticipent les flammes,
Les injures la violence anticipent le sang.

239
25 Je n'aurai pas de honte à protéger l'ami.
De sa propre présence, je ne me cacherai ;
Mais s'il m'arrive du mal provenant de sa faute,
Tous ceux qui l'apprendront, se garderont de lui.

240
Vigilance

27 Qui mettra une garde aux portes de ma bouche


Et sur mes lèvres ouvertes le sceau pour discerner,
Afin que je ne chute et ne change leur fait,
Que ma langue soit juste et ne cause ma perte ?
23 1 Seigneur Tout-Puissant, père et maître de la vie
Ne m'abandonne pas à leur mauvais caprice,
Ne laisse pas mon cœur trébucher par leur fait.
2 Qui donc appliquera le fouet à mes pensées,
La sagesse à mon cœur pour toute discipline,
Afin que l'on n'épargne mes erreurs et mes fautes
Que mes nombreux péchés n'échappent à personne ?
3 De peur que mes erreurs ne croissent avec le temps,
De peur que mes péchés ne croissent, ne surabondent ?
Que je ne tombe, hélas ! aux mains des ennemis,
Et que mes ennemis, hélas ! ne s'en réjouissent ?
4 Seigneur Tout-Puissant, père et maître de ma vie
Impose à mon regard de n'être pas hautain.
5 Éloigne-moi du sexe, du désir de la chair.
6 Que luxure et que sens ne s'emparent de moi.
Ne me livre jamais au soupir impudent.

241
Les serments

7 Mes enfants, écoutez tout cet enseignement.


Et celui qui le garde ne sera confondu.
8 Le pêcheur est laissé aux dires de ses lèvres.
Elles font tomber le médisant et l'orgueilleux.
9 N'accoutume ta bouche à parler en serments.
Ne prends pas l'habitude de crier les saints noms.
10 De même qu'un domestique en toute heure surveillé
N'échappera pas aux coups dispensés par le maître,
Ainsi celui qui jure et invoque son Dieu
À tort et à travers ne sera pardonné.
11 L'homme prodigue de serments est rempli d'impiété,
Le fléau de son toit ne saura s'éloigner.
S'il pèche sans le tenir, la faute sera sur lui.
S'il pèche à la légère, la faute sera doublée.
S'il fait un faux serment, il ne sera lavé.
Sa maison sera pleine de grandes calamités.

242
Les paroles impures

12 Une manière de parler qui mérite la mort !


Qu'elle ne soit en usage dans la suite de Jacob !
Les hommes croyants et pieux repoussent tout cela.
Ils ne se vautrent pas dans le péché mauvais.

13 N'habitue pas ta bouche à l'impur, au grossier.


Là se trouve la parole du pécheur condamnable.
14 Souviens-toi de ton père, souviens-toi de ta mère,
Quand tu sièges au milieu des princes et des rois,
De crainte d’oublier ce que tu dois savoir,
Que tu ne te conduises pareil à l'insensé,
Et que tu en arrives à souhaiter ta mort,
Et à maudire le jour où tu reçus la vie.
15 Un homme accoutumé à parler de la sorte,
Ne corrige sa langue toujours répréhensible.

16 Deux catégories d'hommes multiplient les péchés,


Et la troisième attire la foudre et la colère :

243
17 La passion de la chair brûlante comme un brasier,
Elle ne s'éteindra pas qu'elle ne soit assouvie.
Comme celui qui désire et convoite son corps,
Car il n'aura de cesse que le feu ne le brûle ;
Quant à l'homme impudique toute nourriture est douce.

Il ne se calmera qu'à l'instant de sa mort,


18 Celui qui s'accomplit allongé sur sa couche,
Il répète en son cœur : “ Qui me voit ? Qui craindrais-je ?
Les ombres m'environnent et les murs me protègent,
Le Très Haut ne se souviendra pas de mes fautes. ”
Ce qu'il craint, le pécheur, ce sont les yeux des hommes.
Il ne sait pas le sot, que les yeux du Seigneur
Sont dix mille fois plus lumineux que le soleil,
Qu'ils observent les actions et les comportements,
Qu'ils pénètrent en tous lieux, les coins les plus secrets ;
20 Et avant la Sagesse, tout Lui était connu,
Tout le sera encore après l'achèvement ;
21 En pleine ville, au grand jour, cet homme sera puni.
Il s'y attend le moins, c'est là qu'il sera pris.

244
La femme adultère

22 Et il en est de même de la femme infidèle,


Grossie d'un héritier conçu par l'étranger.
23 Elle a désobéi à l'ordre du Très Haut.
Elle s'est rendue coupable à l'égard du mari.
Elle a souillé sa chair par le fait d'adultères,
Et conçu un enfant avec un étranger.
24 On la fera juger par toute une assemblée.
On examinera le fruit de l’adultère :
25 Un enfant sans racines et des branches sans fruits.
26 Elle laissera la trace de la malédiction,
Et sa honte à jamais ne sera effacée.
26 Et tous ceux qui viendront après elle le sauront,
Et sa honte à jamais ne sera effacée.
27 Et tous ceux qui viendront après elle le sauront,
Que rien ne vaut la crainte du Seigneur Tout-Puissant,
Et que rien n’est plus doux que d’obéir aux ordres.

245
Discours de la sagesse

24 1 La sagesse pour sa gloire donne son propre éloge.


Au milieu de son peuple, elle montre sa fierté.
2 Dans l’assemblée de Dieu, elle a ouvert la bouche.
Devant la Toute Puissance, elle prouve sa grandeur.
3 Je suis issue de la bouche du Dieu, du Très Haut,
Et comme une vapeur, j'ai recouvert la terre.
4 J'ai habité les cieux, tant aimée du céleste
Et mon trône reposait, colonne de nuée !
5 Et seule j'ai parcouru la couronne des cieux,
Je me suis engloutie dans les profonds abîmes,
6 Dans les flots de la mer, sur toute l'étendue.
J'ai régné chez les peuples, dans toutes les nations.
7 J'ai cherché le repos dans mon humanité,
Et en quel patrimoine je pouvais m'installer.
8 Alors le créateur m'a soumise à son ordre.
Celui qui m'a créée m'a fait dresser la tente.

246
Il m'a dit. J'ai reçu : “ Installe-toi en Jacob.
Entre dans l'héritage de ma fille, Israël. ”
9 Dès le commencement, Yahvé m'avait créée.
Comme éternellement, encore j'existerai.

10 Dans la Tente Sacrée, par lui, j'ai officié.


C'est ainsi qu'en Sion je me suis établie.
Dans la Cité aimée j'ai trouvé le repos.
En ce Jérusalem j'exerce mon pouvoir.
12 Je suis enracinée dans un peuple de gloire,
C'est l'immense domaine et c'est son patrimoine.
13 J'y ai poussé grandi Moi, cèdre du Liban.
Car je suis le cyprès sur la montée d'Hermon.
14 J'ai grandi j'ai poussé moi, palmier d'Agaddi.
J'ai crû comme les plants de roses de Jéricho.
Pareil à l'olivier, j'ai poussé pareil à un platane.
15 Cinnamome, aspalathe, j'ai donné du parfum.
Myrrhe du choix, j'ai donné. Encore, j'ai embaumé.
Et comme du galbanum, de l'onyx et du strate,
J'étais vapeur d'encens dans la Tente Sacrée.

247
16 J'ai tendu mes rameaux pareil au térébinthe.
Et ce sont les rameaux de la gloire, de la grâce !
17 Et je suis une vigne, mes pampres sont charmants.
Mes fleurs sont des produits de gloire et de richesse.
Approchez-vous de moi, vous qui me désirez.
19 Venez-vous rassasier de mes produits sublimes.
20 Car mon bon souvenir est plus doux que du miel.
Mon héritage plus doux qu'un rayon de soleil.
21 Ceux qui me mangeront demanderont encore.
Ceux qui se désaltèrent goutteront à ma source.
22 Celui qui m'obéit n'aura pas à rougir.
Et ceux qui font mes œuvres ne pécheront jamais.

248
La Sagesse et la Loi

23 Tout cela n'est rien d'autre que l'alliance du Très Haut.


Le livre de la Loi promulguée par Moïse,
Laissée en héritage dans les suites de Jacob.
25 Elle abonde en sagesse comme les eaux de Phison,
Comme la saveur du Tigre à la maison des fruits.
26 Elle déborde de savoir comme les crues de l'Euphrate.
Comme aux temps des récoltes, les limons du Jourdain.
27 Elle coule sa discipline comme la maîtrise du Nil.
Au jour de la vendange, comme le poids de Gihôn.
28 Et le premier n'a pas fini de la trouver,
De même que le dernier ne l'a pas découvert.
29 Ses pensées sont plus vastes que l'étendue salée,
Et ses desseins plus grands que les fonds de l'abîme.
30 Moi, je suis le canal issu d'un fleuve immense,
Comme un cours conduisant au paradis céleste.

31 La sagesse dit : “ Je vais arroser mon jardin,


Je vais les irriguer mes parterres asséchés. ”

249
Voici que mon canal est devenu un fleuve,
Et voici que mon fleuve est devenu la mer.
32 Je ferai luire la discipline dès le matin.
Je porterai au loin sa lumière éclatante.
33 Je répandrai le savoir comme la prophétie,
Et je la transmettrai à mes générations.
34 Observez : ce n'est pas pour moi que je travaille.
Mais pour ceux qui la cherchent et qui veulent l'obtenir.

250
Proverbes

25 1 Il existe trois choses que mon âme désire,


Agréables à mon Dieu, et agréables aux hommes.
L'accord entre les frères, l'amitié des voisins.
Un mari, son épouse qui s'entendent fort bien.

2 Il existe trois sortes de gens que hait mon âme,


Et dont leur existence me met hors de moi-même.
Un pauvre plein d'orgueil, un riche plein de mensonges,
Un vieillard adultère et dénué de sens.

251
Les vieillards

3 Tu n'as pas amassé dans ta première jeunesse,


Comment dans ta vieillesse auras-tu quelque chose ?
4 Belle chose que de juger avec des cheveux blancs
Et pour les plus anciens de savoir le conseil !
5 Belle chose quand la Sagesse s'éclaire dans les vieillards,
Quand les grands de ce monde sont pensée réfléchie.
6 La couronne des vieillards, une riche expérience !
Leur plus grande fierté est la crainte du Seigneur.

252
Proverbe numérique

7 Neuf choses dans mon esprit, (je les estime heureuses),


Et une dixième me vient je vais vous en parler.
Un homme qui trouve joie dans l'éveil des enfants ;
Un homme qui voit chuter ses mauvais ennemis ;
8 Heureux celui qui vit avec l'épouse sensée.
Celui qui ne laboure avec un bœuf, un âne.
Celui qui n'a jamais péché par la parole.
Celui que ne sert pas un maître indigne de lui.
9 Heureux celui qui a découvert la prudence,
Et qui peut s'adresser à une bonne écoute ;
10 Il est grand celui qui a trouvé la sagesse.
Mais personne ne dépasse celui qui craint Yahvé.
11 Car la crainte du Seigneur domine, l'emporte sur tout
Celui qui la possède, à quoi le comparer ?

253
Les femmes

13 N'importe quelle blessure, sauf une blessure de cœur !


Toute méchanceté exceptée celle de femme !
14 Tout malheur à subir mais pas de l'adversaire
Et toute l'injustice mais pas de l'ennemi !
15 Il n'y a pire venin que celui du serpent.
Il n'y a forte haine que celle de l'ennemi.
16 J'aime mieux habiter avec tigre ou dragon,
Plutôt que d'habiter avec mégère méchante.
17 Car la méchanceté transforme son visage.
Elle fait la grise mine, son mari se fait ours.
18 Et quand l'époux s'attable au milieu des voisins,
Malgré lui, il gémit des douleurs bien amères.
19 Toute malice n'est rien sinon malice de femme :
Que le sort des pécheurs lui vienne, lui advienne !

20 La montée sablonneuse sous les pas d'un vieillard,


Telle est la femme bavarde pour un époux tranquille.
21Ne te laisse pas prendre à la beauté d'une femme,
Et ne t'éprends jamais de la femme étrangère.

254
22 Un objet de colère, de reproche, de honte,
Telle la femme qui toujours entretient son mari !

23 Cœur abattu, visage triste, blessure secrète.


C'est l'œuvre de la femme, de sa méchanceté.
Mains inertes et pesantes, et genoux las et sans force
Telle est la femme qui toujours l'horreur du mari.

24 C'est par la femme que le péché a commencé,


C'est par sa faute première que nous devons mourir.

25 Ne donne pas à l'eau un accès un passage,


À la méchante femme la liberté du verbe.
26 Si elle n'obéit pas, si elle ne marche pas
Aux ordres de ta main, tu dois t'en séparer.

255
26 1 Heureux l'homme qui s'unit à la femme excellente,
Le nombre de ses jours lui en sera doublé.
2 Une épouse parfaite est la joie du mari.
Il passera sa vie dans des années de paix.
3 Et l'épouse parfaite est un morceau de choix,
Distribué à ceux qui craignent le Seigneur :
4 Et qu'ils soient riches ou pauvres, leur cœur est en liesse.
Ils expriment toujours un visage heureux.

5 Trois choses me font peur, et l'autre m'épouvante :


Une calomnie qui court, une émeute populaire,
La fausse accusation : c'est pire que la mort ;
6 C'est crève-cœur et douleur que femme jalouse de femme,
C'est fléau de la langue qui atteint tout le monde.

7 De la méchante femme : des bœufs mal attachés.


Vouloir la maîtriser, c'est saisir un scorpion.
8 Et la femme en ivresse, c'est sujet de colère.
Son déshonneur est grand, il est ineffaçable.

256
9 L'inconduite de la femme se lit dans son regard.
Dans la vivacité, on reconnaît l'œillade.
10 Et méfie-toi toujours de la fille trop hardie,
Car sachant ta faiblesse, elle en profitera.
11 Et garde-toi encore des regards effrontés,
Et ne t'étonne pas s'ils t'entraînent vers le mal.
12 Voyageur altéré, elle écarte la bouche :
Elle boit toutes les eaux qui se donnent à ses lèvres.
Elle avance au-devant de toute fornication,
Et elle offre son corps à toute impureté,

13 La grâce d'une épouse fait la joie du mari,


Et sa science est pour lui la force qui nourrit.
14 La femme silencieuse est un don du Seigneur.
La femme bien élevée est de grande valeur.
15 La femme chaste et pudique a doublé son estime
Mais celle qui est pure est la grâce du Seigneur.

257
16 Le soleil se levant sur les brumes légères,
Ainsi le charme discret de la femme d'intérieur.
17 Une lumière brillante pareil au Candélabre,
Ainsi de la beauté sur un corps bien planté.
18 Et des colonnes d'or sur une base d'argent,
Ainsi de belles jambes sur des talons solides.

258
Choses attristantes

28 Il existe deux choses qui me font de la peine,


J'en connais une troisième qui excite ma bile :
Un guerrier qui vieillit dans la triste misère,
Des hommes de raison qui souffrent le mépris ;
Qui passe de la justice au sinistre péché,
Le Seigneur le destine à périr par l'épée.

Le négoce

29 Un marchand ne résiste qu'avec difficultés.


Un trafiquant ne saurait être sans péché.
27 1 Et beaucoup ont péché par amour du profit.
Celui qui s'enrichit se montre impitoyable ;
2 Et le piquet s'enfonce entre deux pierres jointes :
Entre achat et vente une faute s'introduit.
3 Qui ne s'attache pas à craindre le Seigneur,
Sa maison sera détruite et elle tombera.

259
La parole

4 Dans le crible qu'on secoue, il reste des saletés.


Et de même des défauts de l'homme dans ses discours.
5 Le feu du four éprouve les objets du potier.
Les épreuves de l'homme sont dans tout ce qu'il dit.
6 Le verger où croît l'arbre est jugé à ses fruits,
Ainsi de sa parole, on distingue ce qu'il pense.
7 Tu ne loueras personne avant qu'il n'ait parlé,
Car c'est justement là qu'est la pierre de touche.

260
La justice

8 Tu poursuis la justice ? Alors tu l'atteindras.


Tu t'en revêtiras telle la robe d'apparat.
9 Les oiseaux cherchent la compagnie de leurs semblables.
Et elle la justice revient à ceux qui la pratiquent.
10 Tel le lion guette sa proie, le péché l'injustice.

11 Le discours de l'homme pieux est toujours de sagesse.


L'insensé est changeant tel un quartier de lune.
12 Aller vers l'insensé ? Évite cette occasion.
Parmi les gens d'esprit, attarde-toi sans crainte.

13 Le discours du stupide est toujours une horreur.


Son rire vulgaire éclate dans les joies du péché.

14 Qui prodigue des serments fait dresser les cheveux.


Et quand il se querelle, on se bouche les oreilles.

15 La querelle des orgueilleux fait couler le sang.


Leurs intrigues sont pénibles à l'écoute attentive.

261
Les secrets

16 Qui révèle les secrets y perd de son crédit,


Et ne trouve plus d'ami selon son propre cœur.
17 Envers ton ami, sois affectueux et confiant.
Si tu donnes ses secrets, ne cours plus après lui :
18 Comme on tue l'ennemi, tu as tué l'ami.
19 Tu as ouvert la main, l'oiseau s'est envolé.
Tu as perdu l'ami : peux-tu le rattraper ?
20 Ne cours pas après lui : il est loin, bien trop loin.
Il s'est enfui, gazelle échappée du filet.
21 Panser une blessure, et pardonner l'injure :
Qui donne le secret, il n'y a plus d'espoir.

262
Hypocrisie

22 Qui cligne de l’œil, nul ne pourra l'en détourner.


Il machine mal ; 23 en ta présence, il est tout miel.
Il s'extasie devant tes propos ; mais par-derrière,
Il change de langage, te prête des paroles blessantes ;
24 Nous haïssons des choses mais rien tant que cet homme.

25 Qui jette la pierre en l'air se la jette sur la tête,


Et qui frappe en traître en subit les contrecoups.
26 Qui creuse la large fosse, y tombera dedans.
Qui tend le fourbe piège, s'y fera emmailler.
27 Qui se comptait du mal, le mal l’agrippera
Sans même qu'il sache très bien par où il est venu.

28 Les sarcasmes, les injures sont faits de l'orgueilleux


Mais la vengeance attend et guette comme un lion,
29 Pris au piège ceux que réjouit la chute des pieux !
La douleur les consumera avant leur mort.

263
La rancune

20 La rancune, la colère, des choses abominables.


Encore de mauvaises choses qui sont propres au pécheur.
28 1 Et qui se venge éprouve la vengeance du Seigneur.
Le Seigneur tient un compte rigoureux des péchés.
2 Si tu pardonnes à ton prochain ses torts nombreux,
Alors, à ta prière, tes péchés sont remis.
3 Si un homme se nourrit de colère contre un autre,
Comment demande-t-il à Dieu la guérison ?
4 Pour un homme, son semblable, il est sans compassion.
Et il ferait prière pour condamner ses fautes ?
Non. Lui qui n'est que chair gardera que rancune.
Qui donc alors pardonnerait tous ses péchés ?
6 Souviens-toi de la fin et cesse de haïr.

7 Souviens-toi de la mort et de la corruption.


Sois fidèle à la Loi : écarte toute rancune.
Souviens-toi de l'alliance. Passe par-dessus l'offense.

264
Les querelles

8 À l'écart des querelles, tu évites tout péché.


Mais les hommes passionnés attisent les querelles.
9 Le pécheur sème le trouble dans l'assemblée d'amis.
Parmi les gens de paix, il jette la calomnie.
10 Le feu brûle, se consume d'après son combustible.
La querelle se propage en suivant sa violence.
Et la fureur d'un homme est fonction de sa force :
Sa puissante colère répond à sa richesse.
11 La querelle est soudaine, elle allume le feu.
La dispute insensée fait déverser le sang.
12 La brindille, tu craches dessus, elle s'éteint.
Et telle est la puissance de ta bouche écartée.

265
La langue

13 Du bavard et du fourbe : qui donc de ces deux-là.


Ils ont perdu des gens qui vivaient en quiétude.
14 Et la troisième langue a ébranlé des gens,
Et les a dispersés d'une nation à l'autre,
À détruit des cités, renversé des maisons.
15 Que la langue médisante a répudié des femmes,
Les dépouillant du fruit parfait de leurs travaux
16 Qui lui prête l'oreille ne trouve plus repos,
Ne peut plus demeurer dans la douce quiétude.
17 Si un coup de fouet laisse et trace une marque,
Un mauvais coup de langue brise et rompt l'ossature.
18 Grand nombre de personnes sont tombées par l'épée.
Mais plus nombreuses encore ont péri par la langue.
19 Heureux celui qui est en marge de ses atteintes,
Qui n'est pas exposé à sa fureur extrême,
Et qui n'a pas porté la charge de son joug.
Heureux celui qui n'est pas lié à ses chaînes.

266
20 Son joug est joug de fer, ses chaînes sont d'airain,
Et sa mort est terrible, le Shéol est meilleur.
22 Elle n'a pas d'emprise sur les pieux [et les croyants.]
Ils ne se sont brûlés à sa flamme dévorante.
23 Abandonner Yahvé, c'est en être victime.
En eux, elle brûlera et sans jamais s'éteindre.
Et elle sera lancée sur eux, pareil au lion.
Elle les déchirera pareille à la panthère.
24 Oui, observe, entoure d'épines ta propriété,
Et serre tout contre toi ton argent et ton or.
25 Oui, use dans ton langage de balances et de poids.
Mets à ta bouche ouverte des serrures des verrous.
26 Garde-toi par ta langue d’accomplir de faux pas,
Tu tomberais aux mains de celui qui te guette.

267
Le prêt

29 1 Prêter à son prochain, c'est pratiquer l'aumône.


Et lui venir en aide, c'est appliquer la Loi.
2 Sache prêter à ton proche s'il est dans le besoin.
À ton tour, restitue aux délais convenus.
3 Tiens toujours ta parole. Sois droit avec autrui,
Et dans tous tes besoins, tu auras ce qu'il faut.
4 Beaucoup traitent le prêt comme un objet trouvé,
Et mettent dans la gêne ceux qui les ont aidés.
5 Avant de recevoir, on encense le prêteur
Et l'on parle humblement de ses grandes richesses.
Au jour de l'échéance, on rembourse en manières.
6 On s'acquitte de son prêt en récriminations,
L'on s'en prend alors aux mauvaises circonstances.
Mais peut-on s'acquitter ? D'une moitié de son prêt !
Et le prêteur encore s'estimera heureux !
Et dans le cas contraire, il n'aura rien du tout,
Frustré de son argent ! un ennemi de plus
Qui s'acquitte en verbiage et en condamnations,
Qui rend des outrages en guise de révérences !
7 Des gens intentionnés se refusent à prêter :
Ils ne se soucient pas d'être un jour dépouillés.
268
L'aumône

8 Pourtant, sois indulgent avec les malheureux.


Ne les fais pas attendre, mais donne-leur l’aumône.
9 Obéis au précepte, et viens en aide au pauvre.
Il est dans le besoin : donne-lui dans ses mains.
10 Sacrifie ton argent pour un frère, un ami.
Qu'il ne rouille pas en pure perte, sous la pierre !
11 Utilise tes richesses selon les Lois de Dieu,
Cela est plus utile que tout l'or que tu as.
12 Protège tes aumônes, elles te délivreront.
13 Mieux qu'un fort bouclier, mieux qu'une lourde lance,
Devant ton ennemi, elles combattront pour toi.

269
Les cautions

14 L'homme de bien garantie caution pour son prochain.


Et c'est perdre sa honte que de l'abandonner.
15 N'oublie pas les services promis à ton garant.
Il a donné sa vie pour ta propre personne.
16 Des bontés du garant, le pécheur n'en a cure.
L'ingrat oublie toujours celui qui l'a sauvé.
17 La caution a ruiné beaucoup de gens heureux,
Et les a ballottés comme les vagues de la mer.
18 Elle en a exilé des hommes puissants et grands,
Qui ont erré parmi des nations étrangères.
19 Le méchant qui se précipite pour cautionner,
Se jette pour un profit dans la condamnation.
20 Viens en aide au prochain selon ce que tu as,
Et mets-toi bien en garde de ne tomber toi-même.

270
L'hospitalité

21 Les premières choses pour vivre sont : l'eau, le pain, l'habit.


La maison qui abrite et qui protège du temps.
22 Mieux vaut la vie du pauvre dans un abri de planches,
Que des mets fastueux sous un toit étranger.
23 Tu as peu ou beaucoup, montre-toi satisfait.
Ne te fais pas traiter sous un toit étranger,
24 Triste vie que d'aller de maison en maison ;
Car là où l'on s'arrête, on n'ose ouvrir la bouche.
25 Où l'on est étranger, on savoure sa honte.
Par-dessus le marché on en entend de dures :
26 “ Viens ici, étranger* mets la table, étranger.
Si tu as quelque chose, donne-moi à manger ”.
27 “ Éloigne-toi d'ici, cède ta place à un autre.
Car mon frère vient me voir. J'ai besoin de mon toit ”.
Qu'il est dur pour un homme raisonné et sensé
De s'entendre reprocher cette hospitalité,
De se faire insulter, traiter de débiteur.

271
L'éducation

30 1 Qui aime son enfant, lui prodigue la badine.


Plus tard son fils sera sa douce consolation.
2 Qui élève bien son fils en tire satisfaction.
Parmi ses connaissances, il s'en montrera fier.
3 Et qui instruit son fils, rend jaloux l'ennemi,
Comme il sera joyeux dans l'assemblée d'amis.

4 Qu'un père vienne à mourir, il est encore vivant :


Un fils qui lui ressemble est laissé après lui.
5 Vivant, il a trouvé la joie de sa présence.
Placé face à la mort, il n'a pas eu de peine.
6 Contre ses ennemis, il a fait un vengeur.
Pour ses amis, quelqu'un qui leur rend des bienfaits.
7 Celui qui gâte son fils, pansera ses blessures.
À chacun de ses cris, ses entrailles s'agitent ;

272
8 Un cheval mal dressé devient vite rétif,
Un fils en liberté devient mal élevé ;

9 Cajole ton enfant, il te fera des torts.


Amuse-toi avec lui, il te fera pleurer
10 Ne ris pas avec lui, si tu ne veux pleurer.
Tu en arriverais à (y) grincer des dents.
11 Qu'il n'agisse à sa guise dans ses tendres années.
Ne ferme pas les yeux sur toutes ses sottises,
12 Fais lui courber l'échine aux temps de sa jeunesse,
Et meurtris-lui les côtes tant qu'il est un enfant,
De crainte que révolté il te désobéisse.
Et que tu en éprouves de la peine, plus tard.
13 Élève ton fils du mieux. Forme-le. Éduque-le,
Pour ne pas endurer sa terrible insolence.

273
La santé

14 Mieux vaut un pauvre fait de santé, de vigueur,


Qu'un homme fait de richesse dans un corps éprouvé ;
15 Santé et vigueur valent plus que tout l'or de monde.
Un corps vigoureux plus que la fortune immense.
16 Nulle richesse préférable à la santé du corps !
Nul bien-être préférable à l'allégresse du cœur !
17 Plutôt vivre la mort que l'existence chagrine,
Et l'éternel repos à la longue maladie !
18 Des mets à profusion devant la bouche fermée,
Et telles sont les offrandes déposées sur la tombe !
19 Que sert le plat au dieu qui ne mange et ne sent ?
(Et tel est celui) que le Seigneur persécute :
20 Il regarde, il soupire, De fortune, nulle jouissance.
Il est comme un eunuque qui étreint une vierge.

274
La joie

21 Ne te laisse pas aller à la sombre tristesse.


Ne t'abandonne pas aux idées les plus noires.
22 L'allégresse du cœur, voilà la vie de l'homme.
La gaieté et la joie prolongeront ses jours.
23 Trompe tes soucis, console ton cœur, chasse la tristesse
Car la sombre tristesse en a perdu beaucoup.
Elle ne saurait jamais apporter de profit.
24 La passion, la colère abrégeront les jours.
Les soucis creusent les rides, font vieillir avant l'heure.
25 Et le cœur généreux jouit d'un bon appétit.
On profite très bien de tout ce que l'on mange.

275
Les richesses

31 1 La richesse cause des insomnies très épuisantes.


2 Le souci qu'elle apporte abolit le sommeil.
Les ennuis du jour interdisent le dormir !
Et la grave maladie fait s'enfuir le repos
3 L'homme de richesse travaille à amasser des biens.
Il s'arrête, c'est pour se rassasier de plaisirs ;
4 Si l'homme de peu travaille, c'est qu'il n'a de quoi vivre.
S'il s'arrête, il va se retrouver miséreux.

5 Celui qui aime l'argent n'échappe guère au péché,


Et celui qui poursuit le gain en sera dupe.
6 Beaucoup de personnes ont été victimes de l'or :
À espoir dans les perles, à perte inévitable !
7 Et c'est un piège pour ceux qui se donnent à l'idole !
Et tous les insensés se laissent posséder !
8 Oui, bienheureux le riche qui se garde sans tache,
Qui ne court sans relâche après l'or et l'argent.

9 Qui se prétend-il que nous le félicitions ?


Car il fait des miracles dans le sein de son peuple.
10 Qui a subi l'épreuve, s'est révélé parfait ?
276
Il sera un sujet de gloire, de récompense.
Et qui a pu pécher sans pécher à la fois,
Faire du mal à autrui et ne l'avoir pas fait ?
11 Des biens seront consolidés et fortifiés.
Et l'assemblée des Saints publiera ses bienfaits.

277
Les banquets

12 As-tu pris place assise à la table somptueuse ?


N'écarte pas tes lèvres pour oser la vanter.
Ne dis pas étonné : « Quelle immense abondance ! »
13 Souviens-toi que c'est mal d'avoir un œil avide :
Existe-t-il en fait pire créature que l'œil ?
Voilà pourquoi il pleure : devant tout, il s'agite.
14 Où regarde le convive, n'apporte pas ta main.
Ne te jette sur le plat au même instant que lui.
15 Juge ton prochain d'après toi-même. Sois réfléchi.
16 Prends en homme éduqué ce qui t'est présenté.
Ne joue pas des mâchoires, ne te rends pas odieux.
17 Arrête-toi le premier par bonne éducation.
Ne sois pas un glouton de crainte d'un affront.
18 Si tu es à une table en nombreuse compagnie,
N'entame pas les plats avant le choix des autres,
19 Et qu'il suffit de peu à l'homme bien élevé !
20 Aussi, une fois couché il respire librement.
L'insomnie, les vomissements et les coliques,
Voilà les conséquences de l'homme intempérant.

278
21 Et si l’on t’a forcé de trop ingurgiter
Lève-toi, va vomir, tu seras soulagé.
22 Écoute-moi, mon fils, et sans me mépriser,
Plus tard, tu comprendras le sens de mes paroles.
Dans tout ce que tu fais, sois toujours modéré :
Jamais la maladie ne te pourra atteindre.
23 On vante avec éloge un convive fastueux.
L'orgueil de sa grandeur nous restera durable.
24 Mais un hôte mesquin est décrié en ville.
L'on citera les traits, preuves de son avarice.

279
Le vin

25 Enivré par le vin, n'invite pas le brave :


Car le vin a perdu bien des gens pour cela.
26 La vive fournaise éprouve la trempe de l'acier,
Ainsi le cœur des hommes parmi les fanfarons.
27 Qui en boit ce qu'il faut, le bon vin c'est la vie.
Il a été créé pour le bonheur de l'homme.
28 Gaîté de cœur et joie de l'âme : voilà le vin,
S'il est bu de raison et à sa suffisance.
29 Maux de tête, amertume, ivresse : voilà le vin
Qu'on boit avec excès par passion et défi.
30 Il excite la fureur de l'esprit insensé.
Il diminue sa force et provoque les coups.
31 Au cours d’un banquet, n'aiguise pas ton voisin.
Ne te ris pas de lui s’il est rempli d’ivresse.
Ne lui adresse mots l'agaçant de reproches,
Ne l'agace pas en lui réclamant ton dû.

280
Les banquets

32 1 On t'a fait président ? Ne le prend pas de haut.


Sois avec tes convives respectueux d'eux-mêmes.
Prends soin de leur personne, et ensuite assieds-toi.
2 Accomplis tes devoirs, prends place, réjouis-toi.
Puis reçois la couronne, prix de ta réussite.

3 Parle, vieillard : ça te sied, mais avec discrétion.


N'empêche pas la musique ou le chant ou la danse.
4 Au cours d'une audition, ne te fais pas prodigue.
Ne fais pas de sermons surtout à contretemps,
5 Un cristal de grenat sur un bijou serti,
Un concert musical dans le cours d'un banquet ;
6 Un sceau de diamant sur un bijou en or,
Une mélodie subtile avec un vin de choix.
7 Tu parleras jeune homme, quand cela est utile.
Mais pas plus de deux fois, et si l'on t'interroge.
8 Résume ton discours, et dis beaucoup en peu.

281
Montre-toi à la fois expressif, attentif.
9 N'interviens pas d'égal à égal près des grands.
Et si un autre parle, sois sobre de paroles.
10 La foudre et les éclairs précèdent vent et tonnerre,
La grâce lumineuse devance l'esprit modeste.
11 Dès l'heure venue, va-t’en, ne traîne pas dehors.
Et cours à la maison, ne flâne pas par ailleurs.
12 Tu peux te divertir et faire ce qu'il te plaît.
Mais ne pèche jamais avec ton insolence.
13 Pour toutes ces raisons, bénis le Créateur
Le Seigneur qui te comble de ses nombreux bienfaits.

282
La crainte de Dieu

14 Celui qui craint Yahvé entendra ses leçons.


Ceux qui veulent le chercher, trouveront sa faveur.
15 Ceux qui scrutent sa Loi, en seront rassasiés.
Mais pour un hypocrite, elle fait vœu de scandale.
16 Celui qui craint Yahvé en sera justifié.
Ses bienheureuses actions sont de bonne lumière.
17 Le pécheur ne concède aucune réprimande
Suivant sa volonté, il entache la loi.
18 Mais l'esprit raisonné se nourrit des avis,
Un impie orgueilleux ne connaît pas la crainte.

19 Agir sans réflexion, ne pas se repentir ;


20 Un chemin raboteux, buter contre une pierre.
21 Un chemin de voleur, tomber dans les ornières ;
Se méfier de soi-même, 22 songer à l'avenir,
23 S'en référer aux Lois, toujours les appliquer ;

24 Et qui croit dans la Loi, observe ses préceptes.


Qui se donne à Yahvé, ne souffre d'aucun mal.

283
33 1 Qui craint le Seigneur, le mal ne le frappe pas.
Et même dans ses épreuves, il sera délivré.
2 Celui qui hait la Loi n'est pas fait de sagesse.
Mais le faux observant est un vaisseau perdu,
3 Tout esprit raisonné met sa foi dans la Loi.
La Loi est certitude pareille à un oracle.

4 Prépare bien tes discours, tu seras écouté.


Rassemble ton savoir avant [que] de répondre.
5 Les sentiments du sot sont la roue du chariot,
Et ses raisonnements sont un essieu de tourne.
6 Un cheval excité est un ami moqueur.
Dès qu'on veut le monter, il hennit et se cambre.

284
Inégalités de conditions

7 Pourquoi un jour est-il plus allongé que l'autre ?


Toute l'année la lumière est reçue du soleil.
8 La pensée du Seigneur les a tous distingués,
Les a diversifiés en saisons et en fêtes.
9 Il a béni les uns, et exalté les autres.
Et certains sont choisis pour des jours ordinaires.
10 Tous les hommes sont issus de la terre du limon.
C'est avec de l'argile qu'Adam a été fait.
11 Dans sa grande Sagesse, il les a distingués
Les a diversifiés selon leurs conditions.
12 Et il en a béni, exalté quelques-uns.
Il en a consacré, les a mis près de lui.
Il en a maudit d'autres, humiliés rejetés.
13 Comme la main du potier qui pétrit à sa guise,
Ainsi de tous les hommes dans la main du Seigneur.
14 Et le mal se comporte et se fige face au bien.
Et la mort se dispose et s'impose à la vie.
Opposées aux ténèbres, les sublimes lumières.
Dans l'ombre du pécheur, les croyances de l'homme pieux.
Tous en double et de paires, éloignés et unis !
15 Contemple les puissances du Seigneur infini !
285
16 Pour moi, dernier venu, j'ai veillé, écouté
Pareil au grappilleur après les vendangeurs.
17 Par le souffle divin, je m'assume en premier.
Et comme le vendangeur, je remplis le pressoir.
18 Je n'ai pas travaillé pour moi seul et mon âme,
Mais aussi pour ceux-là qui cherchent l'instruction.

19 Vous tous écoutez-moi, et vous les chefs du peuple !


Vous tous, dans l'assemblée, prêtez-moi une oreille !

286
Indépendance

20 À ton fils, à ta femme, à ton frère, ton ami,


Ne donne pas pouvoir sur toi pendant la vie.
Ne donne pas à l'autre tes toutes possessions :
Tu pourrais regretter d'avoir agi ainsi.
21 Tant que tu es vivant et qu'il te reste un souffle,
Ne donne pas pouvoir à l'autre, qui que ce soit.
22 Car il est préférable que tes enfants supplient,
Que de tourner vers toi des regards importants,
23 En tout ce que tu fais, reste maître de toi.
Ne fais pas une tache à ta réputation.
24 Quand seront consommés les derniers jours enfin,
Quand sonnera ton heure, distribue l'héritage.

287
Les esclaves

25 À l'âne, le fourrage, le bâton, les fardeaux


Au serviteur le pain, le travail et le fouet.
26 Fais travailler l'esclave, tu trouveras repos.
Laisse-lui les mains libres, il cherchera la fuite.
27 Et la bride et le joug font se plier la nuque.
Au mauvais serviteur, la torture la question.
28 Donne-lui le travail qu'il ne reste oisif.
L'oisiveté enseigne les mauvaises actions.
29 Donne-lui de l'ouvrage, ce qui est nécessaire.
Et s'il n'obéit pas, inflige-lui les fers.

30 Ne sois pas exigeant envers toute personne,


Ne fais rien de contraire entravant la justice.
31 Si tu n'as qu'un esclave, qu'il soit comme toi-même :
Puisque tu l'as acquis au prix de ta substance.
32 Si tu n'as qu'un esclave, qu'il soit comme ton frère :
Tu en auras besoin autant que de toi-même.
33 Car si tu le maltraites et qu’il prenne la fuite,
Sur quelle route, quel chemin iras-tu le chercher ?

288
Les songes

34 1 Les espérances trompeuses sont pour les insensés.


Et les rêves et les songes donnent des ailes aux sots.
2 C'est de saisir une ombre, de courir dans le vent
Que de s'en référer à l'étude des songes.
3 Miroir, vision du songe sont deux choses semblables
En face d'un visage ne paraît que l'image.
4 De l'impur et du faux, peut-on tirer du pur ?
Du mensonge et du songe, peut-on tirer le vrai ?
5 Divination, augures, autant de vanités :
Ce sont là rêveries de la femme en travail.
6 À moins qu'ils ne soient envoyés par le Très Haut,
N'y applique pas ton cœur : 7 Car les songes sont trompeurs.
Ceux qui comptaient dessus ont toujours échoué.
8 Il n'est pas de mensonge quand s'accomplit la Loi.
La sagesse est parfaite dans sa sincérité.

289
Les voyages

9 On a beaucoup appris quand on a voyagé.


Un homme d'expérience parle avec intelligence.
10 Qui ne connaît l'épreuve, ne sait que peu de chose.
Qui a voyagé déborde de savoir-faire.
11 J'ai beaucoup observé au cours de mes voyages,
Et j'en ai plus appris que je ne saurais dire.
12 Bien des fois, j'ai été très proche de la mort.
Et j'ai été sauvé, voici de quelle manière :
13 Ceux qui craignent Yahvé, leur esprit survivra.
Leur espérance s'appuie sur qui veut les sauver.
14 Et qui craint le Seigneur, n'aura aucune crainte.
Il ne tremblera pas, son espérance est Dieu.
15 Heureuse la conscience de qui craint le Seigneur.
Mais sur qui s'appuie-t-il ? Et qui est son soutien ?
16 Les regards du Seigneur sont fixés sur qui l'aime.
Puissante protection, soutien rempli de force,
Abri contre le vent, ombrage contre le temps,
Protection, assurance contre les pierres, les chutes.
17 Il élève l'esprit, illumine les yeux.
Il donne santé et vie, [il donne] bénédiction.

290
Sacrifices

18 Sacrifier une offrande acquise injustement,


C'est vouloir se moquer, et c'est agir en mal.
Les présents des méchants ne sont pas agréables.
19 Le Très Haut n’agrée pas les offrandes de l'impie.
L'abondance des victimes ne lave pas des péchés.
20 C'est immoler le fils en présence de son père,*
Que de faire une offrande avec les biens des pauvres.
21 La maigre nourriture est la survie des pauvres.
Vouloir les en priver, c'est accomplir un meurtre.
22 C'est tuer son prochain, détruire sa subsistance.
C'est répandre le sang, le voler de son dû.
23 Et l'un prétend bâtir, et l'autre démolir.
Tous deux qu'en retirent-ils : que de la peine immense !
24 Et l'un prétend bénir, l'autre prétend maudire.
Mais de qui le maître écoutera-t-il la voix ?
25 Qui donc se purifiant d'un mort, et le touchant
Se prétendrait lavé avec ses ablutions ?
26 Ainsi de l'homme qui jeûne pour ses nombreux péchés,
Qui déjà s'en retourne, et les commet encore
Qui donc exaucera sa nouvelle prière ?
Que peut bien lui servir de vouloir s'humilier ?
291
Lois et Sacrifices

35 1 Observer les préceptes, c'est produire des offrandes.


Et s'attacher aux lois, c'est dire des sacrifices.
2 Se montrer charitable, c'est faire une oblation.
Distribuer l'aumône, c'est offrir des louanges.
3 Ce qui plaît au Seigneur, c'est de chasser le mal.
C'est de fuir l'injustice, d'offrir un sacrifice.
4 Ne parais pas devant le Seigneur les mains vides,
Car tout cela est dû en fonction des préceptes.
5 Les sacrifices du juste réjouissent les autels :
L'arôme de son parfum s'élève devant Yahvé.
6 Les sacrifices du juste lui seront agréables.
Jamais son mémorial ne sera oublié.
7 Glorifie le Seigneur avec toute ta largesse,
Et ne sois pas avare des prémices que tu offres.
8 Quand tu fais une offrande, que ce soit dans la joie.
Et consacre ta dîme en montrant ton bonheur.
9 Honore le Très-Puissant comme il t'a honoré,
Avec toute ta largesse et selon tes moyens.
10 Yahvé sait rembourser, il te rendra sept fois.

292
La justice divine

11 N'essaie pas de le tromper avec tes présents,


Et ne t'appuie pas sur un sacrifice injuste.
12 Le Seigneur est un juge, il n'accepte personne :
13 Il ne considère pas celle qui punit le pauvre.
Il écoute l'appel de celui qu'on opprime.
14 Il ne néglige pas les pleurs de l'orphelin,
Ni les pleurs de la veuve qui épanche ses plaintes.
15 Les larmes de la veuve s'écoulent sur ses joues,
Et ses souffrances accablent celui qui les provoque.
16 Celui qui sert son Dieu, son cœur est agréé.
Et son appel parvient jusqu'aux cimes du ciel,
17 Et la prière de l'humble pénètre les nuées.
Elle n'est pas arrivée ? Sera-t-il consolé ?
18 Il espère sans languir que Yahvé le discerne,
Qu'il n’ait fait droit aux justes imposant l'équité.
19 Yahvé n'attendra pas. Il n'a pas de patience.
20 Il brisera les reins des méchants, des violents.
21 Il tirera vengeance des nations orgueilleuses,
Il exterminera la puissance des mauvais.

293
Il brisera le spectre des forces de l'injustice.
22 Il rendra à chacun selon l'œuvre accomplie.
Il sondera les hommes, l'intérieur de leur cœur.
23 Il rendra la justice au peuple [d'Israël]
Le comblera de joie dans sa miséricorde.
24 Et qu’elle est bonne au temps de la tribulation,
Comme les nuages de pluie au temps de la chaleur !

294
Prière pour la délivrance
et la restauration d'Israel

36 1 Aie pitié de nous maître, Dieu du monde, et regarde.


Répands ta crainte immense sur toutes les nations.
2 Lève très haut la main sur les forces étrangères,
Et qu'elles voient ta puissance dans toute ta splendeur.
3 Comme à leurs yeux, tu t'es montré saint contre nous,
De même à nos yeux, inflige-leur ta grandeur.
4 Qu'elles te reconnaissent comme nous nous avons su,
Qu'il n'y a d'autre Dieu, que Toi Seigneur Yahvé.
5 Renouvelle les prodiges et fais d'autres miracles.
Glorifie de ta main et de ton bras tendu.
6 Réveille ta fureur, déverse ta colère.
Détruis l'adversaire, anéantis l'ennemi.
7 Hâte le temps présent, souviens-toi du serment.
Qu'on célèbre toujours tes actions élevées.
8 Qu'un feu de la vengeance dévore les survivants.
Que tous les oppresseurs soient voués à leur perte.
9 Détruis les étrangers qui pensent : “Nous seuls, nous sommes.”

295
10 Et rassemble et unis les tribus de Jacob,
Rends-leur leur l'héritage comme au commencement.
11 Aie pitié, Tout-Puissant, du peuple d'Israël !
L'appelé de ton nom qui est ton premier-né !
12 Aie de la compassion pour ta ville bénie,
De cette Jérusalem, le lieu de ton repos !
13 Et remplis ta Sion de sa noble louange !
Ton sanctuaire aimé, encombre-le de gloire !
14 Oui, rends le témoignage à tous ceux qui implorent.
Que soient les prophéties accomplies en ton nom !
15 Donne la satisfaction à tous ceux qui t'espèrent.
Que tes prophètes enfin soient trouvés véridiques.
16 Exauce, Tout-Puissant la foi de tes croyants,
Et la bénédiction d'Aaron sur ton peuple !
17 Oui, que tous sur la terre te reconnaissent enfin !
Qu'ils te prient, toi Seigneur, ô le Dieu Éternel !

296
Du discernement

18 Un estomac accueille toutes sortes de nourriture.


Tel aliment reçu sera meilleur qu'un autre.
19 Le palais reconnaît à son goût le gibier,
Le cœur avisé les paroles mensongères.
20 Un cœur tortueux donnera bien du chagrin.
Et tout homme d'expérience le paiera en retour.

297
Choix d'une femme

21 Une femme par bêtise s'unira à tout homme,


Mais il y a des filles bien meilleures que les autres.
22 La beauté de la femme réjouit le regard.
C'est le plus grand désir qu'un homme puisse espérer.
23 La bonté, la douceur, caresseront ses lèvres ?
Le mari est alors le plus heureux des hommes.
24 Qui acquiert une femme - principe de fortune.
Son aide lui est semblable - deux colonnes en appui.
25 Mais faute de clôture, le domaine est pillé.
Et sans la femme, un homme gémit à la dérive.
26 Comment se fier au voleur de grand chemin ?
Qui court de ville en ville, et ne tient en sa place ?
27 Il en est de celui qui n'a pas trouvé nid,
Et qui s'arrête là où la nuit le surprend.

298
Faux amis

37 1 Celui-là dit de toi : “ Moi, je suis ton ami ”.


Il en porte le nom, mais ce n'est qu'un habit.
2 Et n'est-ce pas pour l'homme un chagrin éternel,
Qu'un mauvais camarade qui devient ennemi ?
3 Ô le méchant penchant, pourquoi as-tu créé ?
Pour recouvrir la terre de vice et de malice ?
4 Le camarade profite d'un ami dans sa joie,
Mais quand survient l'épreuve, il se tourne contre lui.
5 Le camarade comptait sur lui par intérêt,
Au moment du combat il s'empare des armes.
6 N'oublie pas ton ami, fidèle dans le combat.
Conserve son souvenir au milieu des richesses.

299
Les conseillers

7 Et tout bon conseiller donnera des conseils,


Mais il en est qui cherchent à jouir de l'intérêt.
8 Méfie-toi en tout temps du donneur de conseils,
Demande-toi d'abord de quoi il a besoin.
9 Car il donne ses conseils dans son propre intérêt.
De crainte qu'il ne projette son dévolu sur toi,
Et qu'il ne te proclame : “Tu es sur la bonne voie”.
Mais reste à la distance pour voir ce qu'il t'arrive.
10 N'interroge personne qui t'observe d'en dessous.
Quant à ceux qui t'envient, cache bien tes desseins ;
11 Ne questionne la femme concernant sa rivale,
Ni poltron sur la guerre ni marchand du négoce
L'acheteur sur la vente l'envieux d'un bienfait ;
L'égoïste du bienfait ; le paresseux du joug ;
Non plus le mercenaire de la tâche à finir ;
Non plus le domestique nonchalant du travail.
Ne t'appuie pas sur ces gens pour le moindre conseil.
12 Adresse-toi toujours à l'homme qui craint son Dieu,
Que tu sais observer tous ses commandements,
Et dont l'âme est semblable, est pareille à la tienne.
Et qui, si tu échoues, sera compatissant.
300
13 Puis tiens-toi fermement au conseil de ton cœur.
Car nul n'est plus que toi plus fidèle dans la foi.
Et ton âme raisonnée t'avertit souvent mieux,
Car nul parmi les hommes ne peut être plus fidèle,
14 Et son âme raisonnée l'avertir souvent mieux,
Que sept observateurs en faction sur le mur.
15 Mais par-dessus cela, supplie le Très-Puissant.
Pour qu'il dirige tes pas dans la seule vérité.

301
Vraie et fausse sagesse

16 Le principe de toute œuvre, c'est la raison pensée.


Avant toute entreprise, il faut la réflexion.
17 La racine des pensées est vivante dans le cœur.
Le cœur donne naissance par des tiges ramifiées.
Elles sont quatre : 18 le bien, le mal, la vie, la mort.
Et ce qui les domine toujours, c'est la langue.
19 Tel esprit est habile pour enseigner aux hommes,
Mais sera pour lui-même inapte à discerner ;
20 Tel esprit parieur est détesté de tous,
Il finit délaissé, affamé, oublié ;
21 Le Seigneur ne lui accorde pas sa faveur :
Tel esprit se prétend être sage à ses yeux.
22 Les fruits de son savoir lui paraissent assurés.
23 Le vrai sage est connu : il enseigne son peuple.
Les fruits de son savoir lui seront assurés.
24 Son esprit est instruit par la bénédiction,
Et tous ceux qui le voient proclament son bonheur.
25 Oui, le temps de la vie des humains est compté.
Mais les jours d'Israël sont toujours infinis.
Le sage, au sein du peuple, a acquis la confiance.
Son nom glorifié vivra éternellement.
302
La tempérance

27 Mon fils, pendant ta vie éprouve ta tempérance.


Vois ce qui t'est contraire et ne l'accorde pas.
28 Toute chose ne peut pas convenir à l'ensemble,
Et l'ensemble ne peut pas se convenir de tout.
29 Ne te fais pas gourmand de toute friandise,
Et ne te jette pas sur toute nourriture.
30 Car manger en excès est malsain pour le corps,
L'intempérance provoque de nombreuses coliques.
31 Et beaucoup sont passés pour avoir trop mangé.
Celui qui se surveille, prolongera sa vie.

303
Médecine et maladie

38 1 Au médecin rends les honneurs qui lui sont dus,


En considération des services donnés.
Car lui aussi, c'est le Seigneur qui l'a créé.
2 C'est toujours du Très Haut que vient la guérison.
C'est un heureux présent que l'on reçoit du roi.
3 La science du médecin lui confère le respect.
Il fait l'admiration des grands et des puissants.
4 Le Seigneur fait sortir des simples de la terre,
Le raisonné sensé ne les méprise pas.
5 C'est la baguette de bois qui rendit l'eau si douce,
Le miracle de Mara manifeste la vertu.
6 C'est lui aussi qui donne aux médecins la science,
Pour qu'ils se glorifient de ses œuvres puissantes.
7 Et il en fait usage pour soigner, soulager.
Ceux qui broient les substances en tirent des mixtures,
8 Et ainsi de ses œuvres qui n'auront pas de fin.
Et par lui, le bien-être se répand sur la terre.

9 Mon fils, tu es malade conserve ta quiétude.


Si tu pries le Seigneur, il saura te guérir.

304
10 Et renonce à tes fautes, va purifier tes mains.
Comme de tous les péchés, va purifier ton cœur.
11 Offre-lui de l'encens, un mémorial de fleurs,
Fais de riches offrandes, mais selon tes moyens,
12 Va quérir le savant, le Seigneur l’a créé.
Ne t'en écarte pas, tu as besoin de lui.
13 La santé bien des fois est mise entre ses mains.
14 À son tour en effet, il priera le Seigneur.
Et cette guérison peut te sauver la vie.
15 Et que celui qui pèche aux yeux du Créateur,
Qu'il s'en remette aux connaissances du médecin.

305
Le deuil

16 Mon fils, répands tes larmes pour celui qui est mort,
17 Pousse des lamentations et montre ton chagrin.
Enterre le cadavre selon le cérémonial.
Tu n'oublieras jamais d'honorer son tombeau.
Pleure des larmes d'amertume, accomplis ton chagrin.
Il te faut t'endeuiller comme le mort le mérite.
Un ou deux jours durant, de peur de faire jaser,
Puis console-toi : 18 le chagrin mène à la mort,
Et un cœur abattu perd toute sa vigueur.
19 Avec les funérailles, il faut laisser la peine.
Un destin de chagrin serait insupportable.
20 Mais n'abandonne pas ton cœur à la douleur.
Repousse-le au loin. Songe à ta propre fin.
21 Ne l'oublie jamais : il n'y a pas de retour.
Tu ne sers pas le mort, et tu te fais du mal.
22 N'oublie pas ma sentence qui est aussi la tienne :
“ J'étais vivant hier comme tu l'es aujourd’hui. ”
23 Dès qu'un mort se repose, que repose sa mémoire.
Console-toi de lui, son esprit est parti.

306
Métiers manuels

24 Comme la sagesse du scribe s'acquiert dans le loisir,


Etre libre d'affaires favorise la Sagesse.
25 Comment devenir sage quand on tient la charrue ?
Quand toute la gloire est de brandir l'aiguillon ?
Mener des bœufs, ne pas les quitter au travail,
Ne parler qu'au bétail, s'abaisser à la terre !
26 Le coeur est occupé des sillons que l'on trace,
Et les veillées se passent à engraisser les veaux !
27 Idem des ouvriers et des gens de métier
Qui travaillent jour et nuit, sans fin et sans relâche.
Mais ceux qui font office de reproduire des sceaux,
Et qui du mieux s'efforcent d'en varier le dessin,
Ils ont à cœur de bien imiter le modèle,
Et veillent constamment pour parfaire leur ouvrage.
28 Idem du forgeron assis près de l'enclume
Il considère le fer, le feu ronge sa chair.
Dans la chaleur du four, il se démène il frappe.
Le bruit lourd du marteau assourdit son oreille.
Il a les yeux rivés sur son propre modèle,
Il met tout son courage à bien faire son travail.
Il veille constamment pour parfaire son ouvrage.
307
29 Il en est du potier, assis près de son tour,
Sans cesse préoccupé ; tous ses gestes sont précis :
30 Son bras pétrit l'argile, et ses pieds la contraignent.
Il met son cœur à bien appliquer le vernis.
Et pendant ses veillées, il nettoie le foyer.
31 Ces braves gens ont mis leur confiance en leurs mains,
Et chacun est habile dans son propre métier.
32 Sans eux nulle cité ne pourrait se construire.
On ne pourrait partir ou vivre à l'étranger.
33 Mais on ne les voit pas en conseillers du peuple.
À l'assemblée, ils n'ont pas un rang élevé.
34 Ils n'occupent jamais les sièges des grands juges,
Ils n'entendent ni ne savent l'alliance du jugement.
Ils ignorent la culture et ne peuvent discerner.
On ne les connaît pas en faiseurs de maximes.
Ils soutiennent pourtant la loi de création.
Leur prière se dirige sur les choses du métier.

308
Le scribe

39 1 Il en va autrement de celui qui applique


Son âme et sa pensée à la Loi du Très Haut.
Il scrute pertinemment la sagesse des anciens.
Il consacre son temps au savoir prophétique.
2 Il conserve les récits des personnages illustrés.
Il comprend, il contourne les tours des paraboles.
3 Il cherche à s'imprégner des secrets des proverbes.
Il s'intéresse au sens caché des paraboles.
4 Présent parmi les grands, il siège auprès des chefs.
Il a longtemps vécu dans les pays lointains.
Il a fait l'expérience et de bien et du mal.

5 Et dès l'aube, il se retourne vers Dieu, son créateur.


Il lève son esprit vers Yahvé Tout-Puissant.
Quand il ouvre la bouche, il invoque la prière.
Il supplie tout entier pour ses propres péchés.
6 Si tel est le désir de Yahvé Tout-Puissant,
Il sera rempli de l'esprit d’intelligence.
Lui-même répandra des paroles de sagesse.

309
Et dans sa prière, il rendra grâce au Seigneur
7 Un savoir de droiture pour juger et connaître.
De la méditation pour percer les mystères.
8 Il fera paraître l'instruction qu'il a reçue,
Et mettra sa fierté dans la loi de l'alliance.
9 Beaucoup le vanteront. On ne l'oubliera pas.
Son souvenir restera, et son nom vivra.
10 Et des peuples entiers proclameront sa sagesse.
L'assemblée des hommes célébrera ses louanges.
11 S'il vit, son nom sera plus glorieux que mille autres
S'il meurt, il n'aura pas à regretter sa tâche.

310
Invitation à louer Dieu

12 Je veux faire part encore de nombreuses réflexions,


Dont je suis encombré comme la lune en son plein.
13 Ecoutez-moi, mes pieux enfants, et grandissez.
Vous êtes la rose plantée au bord de la rivière.
14 Vous êtes l'encens. Répandez-vous en bonnes odeurs.
Fleurissez tel le lis, donnez votre parfum.
15 Oui, chantez un cantique. Bénissez le Seigneur.
Oui, magnifiez son nom. Publiez ses louanges.
Par vos harpes, par vos chants, glorifiez sa grandeur !
16 Et quelles sont magnifiques, les œuvres du Seigneur !
Ses volontés s'accomplissent ponctuellement.
Ne dîtes pas : qu'est-ce que cela ? Pourquoi cela ?
Tout doit être étudié en son temps convenu.
Au son de sa parole, l'eau s'arrête et s'amasse.
17 Au son de sa voix, s'ouvre le réservoir des eaux.
18 Et sur son ordre tout ce qu'il désire, s'accomplit.
Personne n'a le pouvoir de condamner ses gestes.
19 Tous les travaux des hommes sont devant son regard,

311
Et il n'est pas possible d'échapper à ses yeux.
20 Il voit de l'éternité à l'éternité.
21 Ne dîtes pas : Qu'est-ce que cela ? Pourquoi cela ?
Tout a été créé pour une fin convenue.

22 De même qu'il a béni et recouvert le Nil,


Et abreuvé la terre comme un puissant déluge,
23 Aux peuples entiers il donne sa colère en partage.
Ainsi a-t-il changé les eaux épaisses en sel.
24 Si ses voies sont unies pour les hommes de croyance,
Elles sont pour les méchants débordantes d'obstacles.
25 Les biens sont pour les bons dès le commencement,
Et de même pour les méchants les maux sont créés.
26 Les premières nécessités pour la vie de l'homme,
Ce sont l'eau et le feu, c'est le fer, c'est le sel,
La farine de froment, et le lait et le miel,
Le raisin de la grappe, l'huile et le vêtement :

27 Tout cela est un bien pour tous ceux qui sont bons,
Mais pour tous les pécheurs cela devient un mal.
28 Des vents ont été créés pour le châtiment,
Et dans sa fureur il en a fait des fléaux.
À son moment voulu, ils déchaînent leur violence,
312
Et assouvissent la fureur de leur Créateur.
29 Et le feu et la grêle, la famine et la mort,
Ils ont tous été créés pour le châtiment.

30 Les dents des carnassiers, les scorpions, les vipères,


Les épées vengeresses pour la perte des impies,
31 Tous exaltent leur joie d'exécuter ses ordres.
Ils sont sur la terre prêts pour le cas de besoin !
L'instant venu, ils n’enfreindront pas sa parole.
32 C'est pourquoi dès le début, j'étais décidé.
33 J'ai longtemps réfléchi et j'ai enfin écrit :
34 Les œuvres du Seigneur sont toutes bonnes et justes.
Il donne sa faveur à qui en a besoin.
34 Ne dîtes pas : ceci est moins bon que cela.
Car tout en l'heure propice sera reconnu bon.
35 Maintenant de tout cœur, de pleine bouche, chantez.
Bénissez vers le ciel le nom du Tout-Puissant.

313
Misère de l'homme

40 1 Un sort pénible a été fait à tous les hommes,


Un joug pesant et fort accable les fils d'Adam.
Depuis le jour qu'ils sortent du ventre maternel
Jusqu'à l'enterrement vers la mère infinie,
2 L'objet de leurs pensées et la peur de leur âme,
C'est l'attente angoissée du soupir de la mort.
3 Depuis celui qui siège sur un trône dans la gloire,
Jusqu'à ces pauvres assis dans la terre et la cendre.
4 Depuis celui qui porte la pourpre et la couronne,
Jusqu'à l'humble vêtu de son habit vulgaire.

Ce ne sont que fureur, envie, trouble, inquiétude,


Angoisse de la mort, rivalités, querelles.
5 Le sommeil de la nuit fait varier les soucis
6 [(À peine) a-t-on trouvé le repos (qu'aussitôt,)
Dormant, comme en plein jour, on se sent agité,]
Pareil à un fuyard échappé du combat.
Et pour tous les pécheurs, et sept fois plus encore,
9 Je dis : la mort, le sang, la querelle et l'épée
Les malheurs, la famine et les calamités
10 Tout cela a été créé pour les pécheurs !
314
Et c'est à cause d'eux que surgit le déluge.
11 Ce qui vient de la terre s'en retourne à la terre,
Et ce qui vient de l'eau s'en retourne à la mer.

315
Maximes diverses

12 Les pots-de-vin, les injustices disparaîtront.


Seule la bonne foi tiendra éternellement.
13 Mais tous les riches malhonnêtes s'évanouiront,
Comme le coup de tonnerre qui frappe pendant l'averse.
14 Mais le juste bat des mains, et lui se réjouit.
15 Les mauvais rejetons font de maigres rameaux,
Les racines impures ne trouvent qu'âpre rocher.
16 Le roseau qui abonde sur les bords des rivières
Et sur les eaux, sera arraché le premier.
17 La grâce est un paradis de bénédiction,
Et la pitié ne sera jamais ébranlée.

316
Maximes

18 Les hommes libres et les travailleurs ont la vie douce ;


Mieux loti encore celui qui trouve un trésor.
19 Des enfants et une cité perpétuent un nom ;
Mais mieux encore la découverte de la Sagesse.
Bétail et plantations font une notoriété ;
Mieux encore apprécie-t-on la femme parfaite.
20 Le vin et les arts mettent la joie au cœur de l'homme ;
Mais mieux encore faut-il l'amour de la sagesse.
21 La flûte et la cithare embellissent le chant ;
Mais mieux encore la voix pure et mélodieuse ;
22 La beauté et la grâce font le plaisir de l'œil ;
Mais mieux encore la parure des vertes campagnes.
23 Ami et camarade se voient au bon moment ;
Mais mieux encore la femme allant s'unir à l'homme.
24 Les frères, les protecteurs sont pour les jours mauvais ;
Mais mieux encore l'aumône peut tirer de l'affaire.
25 L'or et l'argent favorisent la ferme démarche ;
Mais mieux encore estime-t-on le bon conseil.

317
26 La richesse et la force donnent un cœur assuré
Mais mieux encore celui qui craint le Tout-Puissant -
Avec elle, on n'a pas à chercher un appui.
27 La crainte est un paradis de bénédiction ;
Mais mieux que toute gloire ou puissance, elle protège.

318
Mendicité

28 Mon fils, ne te nourris pas de mendicité,


Mieux vaut finir sa vie que de devoir mendier.
29 Car l'homme qui se nourrit à la table d'autrui,
Sa vie ne saurait passer pour être une vie.
Il se souille la gorge de nourritures étrangères,
Un homme instruit et bien élevé s'en gardera.
30 Pour l'imprudent, la mendicité est douce.
Hélas ! à ses entrailles, c'est un feu dévorant.

319
La mort

41 1 Ô mort, quelle amertume que ta pensée dans l'âme,


Pour l'homme qui vit heureux au milieu de ses biens !
Et pour l'homme parvenu à qui tout réussit,
Et qui peut manger seul et goûter le plaisir

2 O mort, que ta sentence est longtemps espérée,


Pour l'homme dans la misère et privé de ses forces !
Pour le vieillard usé, agité de soucis,
Aigri et révolté, et à bout de patience !

3 Par l'arrêt de la mort, de la mort qui est loi,


Souviens-toi des anciens et de ceux qui s'en viennent !
4 C'est la loi du Seigneur portée sur toute chair.
Pourquoi se révolter contre le Tout-Puissant ?
Que tu vives dix ans, ou cent ans, ou mille ans,
Au Shéol, nul reproche pour qui vit plus longtemps.

320
Destin des impies

5 De méchants garnements sont les fils du pécheur :


C'est la progéniture qui habite l'impie.
6 L'héritage des fils des pécheurs va à la ruine,
Et leur postérité est un constant reproche.
7 Un père impie est insulté par ses enfants,
C'est de lui qu'ils subissent tout le déshonneur.
8 Malheur à vous, impies, qui délaissez la Loi.
9 Dès la naissance, vous ne vivez que pour le Mal.
À la mort, la malédiction sera pour vous.
10 Ce qui vient de la terre s'en retourne à la terre.
Les impies sortent du néant, s'en vont au néant
11 Le deuil des hommes s'adresse toujours à leurs dépouilles.
Oui, le nom mauvais des pécheurs toujours s'efface.

12 Aie souci de ton nom, car il te restera


Bien mieux que mille fortunes en or et en argent.
13 La vie heureuse s'écoule en jours à dénombrer,
Mais le nom honoré, lui demeure à jamais.

321
La honte

14 Vous, mes enfants gardez en paix mes instructions.


La sagesse cachée, le trésor invisible
À quoi donc ces deux choses peuvent-elles servir ?
Mieux vaut encore un homme qui cache son esprit fou,
15 Qu'un homme fait de raison qui cache sa sagesse.

16 Éprouvez la honte selon ce que je vais dire :


Il ne faut se plier à toute espèce de honte,
Tout n'est pas exactement apprécié des autres.
17 Ayez honte de la débauche devant père et mère ;
Ayez honte du mensonge devant chef et puissant ;
18 Aussi du délit devant juge et magistrat ;
Et de l'impiété devant l'assemblée du peuple ;
19 Et de la perfidie devant le compagnon ;
Et de la volerie devant les villageois ;
20 Devant la vérité de Dieu et de l'Alliance ;
Ayez honte de plier les deux bras à la table ;
21 Et d'offrir des présents à ceux qui les méprisent ;

322
De rester sans réponse à ceux qui vous saluent ;
22 D'arrêter le regard sur la femme prostituée ;

De repousser au loin votre compatriote ;


23 De vous approprier ce qui est à autrui ;
De prendre le présent qui lui a été fait ;
De regarder la femme en puissance de mari,
24 D'avoir des privautés avec l'une des servantes ;
- N'ose pas t'approcher pour aller sur sa couche ! -
25 D'avoir des paroles blessantes devant tes amis,
- Après avoir donné, ne fais pas de reproches -
26 De répéter aux autres ce que tu entends dire,
De dévoiler les cœurs, d'éclairer des secrets.
27 Alors tu connaîtras la véritable honte,
Et tu trouveras la grâce devant tous les hommes.

42 1 Mais de tout ce qui suit n'en tire aucune honte,


Ne pèche pas en tenant compte des personnes :
2 N'aie pas honte de la loi, de l'alliance du Très Haut,
Du jugement qui rend justice aux étrangers,

323
3 De compter avec un compagnon de voyage,
Et de distribuer tes biens à tes amis,
4 D'examiner les balances, de peser les poids,
D'obtenir de petits comme de très grands profits,
5 De faire du bénéfice en matière de commerce,
Et de corriger sévèrement tes enfants,
Ou de meurtrir les flancs de tes esclaves vicieux.
6 Avec la femme curieuse, d’utiliser le sceau.
Il y a trop de mains ? Mets les choses sous clef !
7 Pour les dépôts, les comptes les poids sont de rigueur.
Que tout - droits et avoirs - soit signé par l'écrit.
8 N'aie pas honte de punir l'insensé et le sot.
Le vieillard décrépit qui cause avec les jeunes.
Ainsi tu te montreras vraiment cultivé.
Tu seras reconnu, approuvé de ton monde.

324
Soucis d'un père pour sa fille

9 Sans le savoir une fille cause bien du souci ;


Les tracas qu'elle lui donne l’empêchent de dormir.
Jeune, c'est la crainte qu'elle ne tarde à se marier,
Et mariée, qu’elle ne soit délaissée par l'époux.
10 Vierge, si d'un malheur, elle se laissait séduire
Et devenait enceinte sous le toit paternel !
En puissance de mari, si elle faisait une faute
Établie, épousée, si elle restait stérile !
11 Ta fille est indocile ? Surveille-la de ton mieux.
Qu'elle n'aille pas faire de toi le rire des ennemis,
La fable de la ville, l'objet des commérages,
Et te déshonorer aux yeux de tous les hommes.

325
Les Femmes

12 Devant la beauté pure ne t’arrête jamais,


Et ne t'assieds jamais dans l'assemblée des femmes.
13 De l'habit sort la teigne, de la femme la malice.
14 Et la malice d'un homme que la bonté d'une femme !
Une femme cause la honte et conduit les reproches.

326
II - LA GLOIRE DE DIEU
I - Dans la nature

15 Maintenant, je rappelle les œuvres du Seigneur,


Et tout ce que j'ai vu, je vais le raconter.
Par ses paroles, le Seigneur a conçu ses œuvres,
La création obéit à sa volonté.
16 Et le soleil qui brille observe toutes les choses.
Les œuvres du Seigneur sont remplies de sa gloire.
Le Seigneur n'a pas donné le pouvoir aux Saints
De conter, de révéler toutes ses merveilles.
17 Le Seigneur, le maître de tout s'est établi
Afin que l'univers subsiste dans sa gloire.
18 Et a sondé les abîmes, et le coeur humain.
Et il a découvert leurs calculs infinis.
Le Seigneur Tout-Puissant possède toute la science.
Il a inscrit des signes dans les astres du ciel.
19 Il annonce le passé, il prévoit l'avenir.
Il dévoile les secrets, révèle ce qui est tu.
20 Comme aucune pensée ne peut lui échapper,
Comme aucune parole ne lui serait cachée.

327
21 Il a placé dans l'ordre les lois de la sagesse.
Il est l'éternité jusqu'à l'éternité.
Sans que rien lui soit ôté ou ajouté.
Et il n'a pas besoin du conseil de quelqu'un.
22 Que toutes ses œuvres sont aimables à contempler,
Pareille à l'étincelle que l'on peut voir briller !

23 Tout cela vit et demeure éternellement.


En toutes circonstances, tout ne peut qu'obéir.
24 Toutes les choses s'unissent par deux, en vis-à-vis.
Et rien de superflu, et rien de déficient.
25 Et toute chose souligne l'excellence de l'autre.
Qui pourrait se lasser de contempler sa gloire ?

328
Le soleil

43 1 Orgueil du firmament, puissance de clarté,


Tel apparaît le ciel dans ses lumières de gloire.
2 Le soleil, se montrant, dès le lever proclame :
“ Quelle merveille accomplie que l’œuvre du Très Haut ! ”
3 À son midi brûlant, il dessèche la terre.
Qui pourrait résister à sa puissante ardeur ?
4 On attise la fournaise pour produire la chaleur,
Et le soleil consume trois fois plus que les monts.
Exhalant ses vapeurs, et dardant ses rayons,
Il éblouit les yeux de sa lumière suprême.
5 Il est grand,[immense,] le Seigneur qui l’a crée
Et dont la parole dirige sa course rapide.

La lune

6 La lune exacte marque les mois, divise le temps


7 Marque les fêtes, décroît 8 et croît après son plein.
Elle croît étonnamment en sa révolution.
Enseigne des armées, elle brille dans le ciel.

329
Les étoiles

9 La gloire des astres fait la beauté de la voûte,


Ils ornent brillamment les hauteurs du Seigneur.
10 Sur la parole du Saint, ils se tiennent disposés;
Par son ordre obéissent, sans relâche en faction.

330
L'Arc-en-ciel

11 Apprécie l'arc-en-ciel, et bénis son auteur.


Il est fait de splendeur, il est magnificence.
12 Il dessine par ses courbes l'hyperbole de sa gloire.
Les mains du créateur l'ont bariolé de gloire.

331
Merveilles de la nature

13 Par son ordre, le Seigneur fait tomber de la neige.


Il lance les éclairs selon ses volontés.
14 C'est ainsi que Yahvé fait s'ouvrir ses réserves,
Et qu'il fait s'envoler ses nuages tout là-haut.
15 Yahvé, dans sa puissance, épaissit les nuages.
Ceux-ci se pulvérisent en boules de grêlons.
16 À sa vue, les montagnes ébranlées sont tremblantes.
La voix de son tonnerre met la terre en travail.
Selon ses volontés, soufflent le vent du sud
17 Et l'ouragan du nord et les puissants cyclones.
18 Des oiseaux qui se posent ? Il fait tomber la neige.
Elle s'abat sur la terre, comme des nuées d'insectes.
L'œil s'émerveille devant l'éclat de sa blancheur.
L'esprit est étonné de l'observer tomber.
19 Il déverse la terre comme un cristal de sel,
Le givre que le gel change en pointes d'épines.
20 Le vent froid du nord souffle, la glace se forme sur l'eau,
Elle se pose sur les eaux dormantes et reposées.
Elle les vêt d'une cuirasse fortifiée et blanchie.

332
21 Il dévore les montagnes et consume le désert.
Il enflamme la verdure pareille au feu ardent.
22 Le nuage en pleurant est un prompt remède.
La rosée, après la canicule, rend la vie.

23 Selon ses directives, il a dompté l'abîme.


Comme il a décidé d'y déposer des îles.
24 Ceux qui parcourent la mer, en content les dangers
Leurs récits nous remplissent toujours d’étonnement :

25 Ce ne sont qu'aventures étranges et merveilleuses,


Des bêtes de toutes sortes et des monstres marins,
26 Mais la présence de Dieu protège son messager :
Il réussit. Tout s'arrange selon sa parole.

27 Nous pourrions nous étendre sans jamais l'épuiser


En trois mots : “Dieu est Tout”. Il n'est pas autre chose.
28 Mais où trouver la force afin de l'admirer ?
Comme il est le plus Grand, au-dessus de ses œuvres,
29 Un Seigneur redoutable, souverainement Grand
Dont la force, la puissance imposent l'admiration.

333
30 Que toutes vos louanges exaltent le Seigneur.
Selon votre possible, car Yahvé vous surpasse.
Pour l'exalter encore, déployez tous vos forces.
Ne vous lassez jamais, vous n'en finirez pas.
31 Qui l'a vu ? Qui pourrait rendre compte de Dieu ?
Saurait le Glorifier comme un Dieu le mérite ?
32 Il reste des mystères plus énormes que ceux-là.
Nous n'avons aperçu qu'une poussière de ses œuvres,
33 Car c'est Dieu Tout-Puissant qui a tout engendré,
Aux hommes de croyance, il propose la Sagesse.

334
II - Dans l'histoire
Éloge des ancêtres

44 1 Faisons l'éloge sublime des prophètes illustres,


De nos ancêtres dans leur ordre de succession.
2 Le Seigneur a créé à profusion la gloire,
Et montré sa grandeur depuis les temps anciens.
3 Des hommes ont exercé l'autorité royale,
Ils eurent la renommée pour leurs nombreux exploits ;
D'autres furent avisés par de précieux conseils,
S'exprimèrent en usant d'oracles prophétiques.
4 Et d'autres ont éclairé les hommes par leurs conseils,
Par l'intelligence de la sagesse populaire
5 Comme d'autres ont cultivé le savoir musical,
Comme d'autres ont raconté des récits poétiques ;

335
6 Certains furent enrichis et doués de puissance,
Demeurant dans la paix, reposant sur leurs biens
7 Et tous furent honorés de leurs contemporains,
Et glorifiés des jours et des jours s'écoulant.
8 Pour certains d'eux encore se propage leur nom,
Que l'on cite en éloge et que l'on apprécie.

9 Mais d'autres n'ont laissé aucune souvenance,


Ont disparu comme s'ils n'avaient jamais vécu.
Ils sont des inconnus n'ayant jamais été,
De même leur descendance, leurs enfants après eux.

10 Mais voici des esprits immortels à jamais,


Voici des hommes de biens qu'on ne peut oublier.
11 Dans leur postérité est un riche héritage.
12 Leur descendance est fidèle aux commandements,
13 Et leurs enfants aussi y resteront fidèles.
Leur souvenir sera, demeurant à jamais.
Et leur gloire immortelle ne pourra point ternir.
14 Leurs dépouilles ont été ensevelies en paix.
Mais leur nom est vivant pour des générations.
16 Les peuples entiers proclameront leur sagesse,
L'assemblée des hommes célébrera leurs louanges.
336
Enok

16 Enok plut au Seigneur, et il fut enlevé.


Exemple pour la conversion des générations.

Noé

17 Noé fut reconnu, trouvé parfait et juste.


Au temps de la colère, il fut le rejeton.
Et grâce à lui un reste demeura à la terre,
Lorsque se produisit la violence du déluge.
18 Des alliances éternelles furent établies en lui,
Afin qu'aucune chair ne fût après détruite.

337
Abraham

19 Ancêtre célèbre d'une multitude de nations,


Abraham, nul ne lui fut égal en la gloire !
20 Il observa la Loi, fit alliance avec elle.
Et dans sa chair même, il établit cette Alliance.
Donc, au jour de l'épreuve il fut trouvé fidèle,
21 C'est pourquoi le Puissant lui promit par serment,
De bénir les nations en sa [pure] descendance, de
La multiplier comme la poussière de la terre,
D'exalter sa postérité comme les étoiles,
Et d’en faire des héritiers d’une mer à l’autre,
Depuis le Fleuve jusqu'à l'extrême de la terre.

338
Isaac et Jacob

22 Isaac, comme son père était Abraham,


Il renouvela des hommes la bénédiction.
Il fit poser l'alliance sur la tête de Jacob.
Et il le confirma dans ses bénédictions,
Lui distribua le pays en héritage ;
Le divisa en lots partagés en douze clans.

339
Moïse

45 1 Le Seigneur fit sortir de lui un homme de bien,


Qui trouva la faveur aux yeux de tout le monde.
Moïse le bien-aimé et de Dieu et des hommes,
Dont la mémoire [immense] est en bénédiction.
2 Il lui remit une gloire égale à celle des Saints,
Et le rendit puissant contre des ennemis.
3 La parole de Moïse fit cesser des prodiges,
Il le glorifia en présence des rois.
Il lui donna des commandements pour son peuple,
Il lui fit découvrir quelque chose pour sa gloire.
4 Dans la fidélité, dans la douceur du miel,
Yahvé le sanctifia, l'élu parmi les hommes ;

5 Le Seigneur Yahvé lui fit entendre sa voix,


Et il l'introduisit dans les [sombres] ténèbres ;
Il lui donna face à face les commandements,
Pour enseigner une loi de vie et d’intelligence
À Jacob ses préceptes, à Israël ses lois.

340
Aaron

6 Aaron fut un Saint, le pareil de Moïse,


Et son frère de sang, de la tribu de Lévi.
7 Il conclut avec lui une alliance éternelle,
Et lui concéda le sacerdoce de son peuple.
Il le fit bienheureux dans tout son apparat.
8 Et il le recouvrit d'un vêtement glorieux.
Il vêtit Aaron de la grandeur parfaite,
Le para d'ornements de manteau de l'éphod.
9 Il lui donna pour son vêtement des grenades
Et des clochettes d'or, tout autour en grand nombre,
Qui tintaient à chacun de ses déplacements,
Qui se faisaient entendre dans le Temple des Saints,
Comme un mémorial pour les enfants de son peuple.
10 Il vêtit Aaron de la pourpre violette
Habit rouge écarlate, ouvrage d'un damasseur.
Le pectoral pour juger, l'Urim, le Tummim
De cramoisis retors : un ouvrage d'artisan ;
11 De pierres précieuses gravées en forme de sceau.
Dans une monture en or : un ouvrage de tailleur ;
Pour faire un mémorial, une inscription gravée :
Le nombre de clans que constitue Israël.
341
12 Un diadème en or par-dessus le turban ;
Portant, gravée, l'inscription de consécration,
Décoration superbe et travail magnifique !
Quels délices pour les yeux que tous ces ornements !
13 On n'avait pas vu avant lui pareilles choses.
Jamais un étranger ne les a revêtues.
Seulement ses enfants, ses descendants toujours.

14 Ses sacrifices se consumaient entièrement,


Deux fois dans la journée, et à perpétuité.
15 Moïse le consacra et l'oignit de l'huile Sainte.
Ce fut pour Aaron une alliance éternelle,
Ainsi que pour sa race dans les jours du Seigneur,
Pour qu'il préside au culte, exerce le sacerdoce,
Pour qu'il bénisse le peuple au nom du Tout-Puissant.

16 Aaron fut choisi parmi tous les vivants


Pour offrir au Seigneur l'holocauste et les graisses,
L'encens et le parfum pour faire le mémorial,
Pour accomplir encore l'expiation du peuple.
17 Il lui a conféré tous ses commandements,
Comme il lui a remis la prescription des Lois,
Pour remettre à Jacob ses nombreux témoignages,
342
Pour enseigner le peuple d'Israël à sa loi.
18 Des étrangers s'en vinrent, se liguèrent contre lui,
Et ils le jalousèrent dans les lieux du désert.
C'étaient ceux de Datân c'étaient ceux d'Abiram,
Et la bande de Coré si méchante, si violente.
19 Le Seigneur observa, et grandit sa colère.
Ils furent exterminés dans l'ardeur de ses flammes,
Il sut leur infliger les prodiges de sa force,
Les consumant encore par ses feux flamboyants.
20 Il voulut ajouter à la gloire d'Aaron,
Se plaisant à donner un heureux patrimoine.
Il lui attribua les offrandes des prémices,
En premier, fut donné du pain à satiété.
21 Ainsi se nourrissent-ils des sacrifices de Dieu,
Qu'il lui attribua ainsi qu'à ses enfants.
22 Dans le pays, il n'y a pas de patrimoine,
Et l’on ne peut pas partager avec le peuple.
Seulement, le Seigneur est sa part d'héritage.

343
Pinhas

23 Pinhas, fils d'Eléazar, est le troisième,


Pour sa jalousie dans la crainte du Tout-Puissant,
Pour avoir tenu ferme devant le peuple aigri,
(Il se tint à la brèche car son cœur le poussait).
C'est ainsi qu'il obtint le pardon d'Israël.
24 Une alliance de Paix fut scellée avec Pinhas,
Qui le faisait chef du Saint sanctuaire et du peuple,
De sorte que pour lui-même et sa descendance
Leur revienne la grandeur des prêtres pour des siècles.
25 Et il y eut aussi l'alliance avec David,
Le fils de Jessé, de la tribu de Juda,
Une succession royale mais seule, du fils au fils.
L'héritage d'Aaron lui, passe à tous les fils.
Ô vous ses descendants, jugez avec Sagesse.
26 Que Dieu vous la remette pour apprécier le peuple.
Que les vertus des pères ne dépérissent jamais.
Que leur gloire couronnée passe à leurs descendants.

344
Josué

46 1 Josué, fils du Nûm, fut vaillant à la guerre.


Successeur de Moïse dans l'office prophétique,
Il mérita son nom qui veut dire Yahvé sauve.
Il sut se montrer grand pour sauver les élus,
Pour avoir châtier les ennemis révoltés,
Pour avoir installer Israël dans ses terres.
2 Qu'il était fait de gloire, lorsque les bras levés
Il brandissait l’épée contre villes et cités !
3 Quel homme avant lui avait eu sa fermeté ?
Il a mené lui-même les combats du Seigneur,
4 Et c'est sur son ordre que le soleil s'arrêta,
Qu'une journée unique fut découpée en deux.
5 Il invoqua le Dieu Très Haut et Très-Puissant
Alors qu'il pressait les ennemis de partout.
Le Seigneur exauça ses prières vers le ciel,
En lançant des grêlons d'une force inouïe.

345
6 Il déchaîna la guerre, fondit sur la nation.
Dans la chute, il anéantit les assaillants
Pour révéler aux hommes la puissance de ses armes,
Et que seul le Seigneur était leur adversaire.

346
Caleb

7 Caleb sut s'attacher au Seigneur Tout-Puissant.


Dans les jours de Moïse, il montra sa pitié.
Et c'est pourquoi Caleb, le fils de Yephunné,
En osant s'opposer à l'assemblée des hommes,
En empêchant le peuple de tourner sa vengeance
Et en faisant se taire les murmures des mauvais,
Fut le seul épargné avec le seul Moïse.
8 Eux deux seulement sur six cent mille hommes de pied,
Et Caleb et Moïse jouissèrent de l'héritage,
De la terre bienfaisante où coulent le lait le miel.
9 Puis le Seigneur accorda à Caleb la force
Qu'il conserva encore aux jours de sa vieillesse.
Caleb eut à gravir les hauteurs du pays,
Hauteurs que ses enfants conservent en héritage,
10 Afin qu'Israël sache qu'il faut suivre Yahvé.

347
Les juges

11 Et que tous les juges, chacun selon son appel,


Que les hommes dont le cœur ne fut pas infidèle,
Qui ne se détournèrent jamais du Tout-Puissant,
Oui, que leur souvenir soit en bénédiction !
Que leurs ossements refleurissent dans le tombeau,
Que leurs noms par leurs fils reçus en héritage,
Conviennent aux descendances de ces hommes illustres !

348
Samuel

13 Samuel fut le bien-aimé de son Seigneur ;


Prophète de Dieu, il établit la royauté,
Donna l'onction aux chefs décideurs de son peuple
14 Dans la loi du Seigneur, il jugea l'assemblée.
Et le Seigneur s'en vint, et visita Jacob.
15 Par sa fidélité, il fut nommé prophète.
Par ses discours, il fut un voyant véridique.
16 Il invoqua le nom du Seigneur Tout-Puissant,
Quand les ennemis le pressaient de toutes parts,
Il fit le sacrifice en lui offrant l'agneau.
17 Le Seigneur immense fit retenir son tonnerre,
Avec sa force extrême, on entendit sa voix.
18 Et ainsi il soumit les chefs de l'ennemi,
Et tous les princes de la tribu des Philistins.
19 Pourtant avant l'heure de son éternel repos,
Il rendit témoignage devant Dieu et ses huiles :
“ Je dis que d'aucun bien, pas même de ses sandales,
Je n'ai pris à personne ”. On ne l'accusa pas.

349
20 Après s'être endormi, il annonça encore.
Il prophétisa au roi le terme de son règne ;
Et du sein de la terre, il éleva la voix
Pour effrayer l’iniquité du peuple entier.

350
Natân

47 1 Et après Samuel, se proposa Natân.


Il dut prophétiser dans les temps de David.

David

2 Comme on prélève la graisse pour faire le sacrifice,


David fut choisi parmi les Israélites.
3 Il se joua du lion comme d'un vulgaire chevreau,
Il se joua de l'ours comme d'un petit agneau.
4 Si jeune encore n'a-t-il pas tué le géant,
Puis effacé la honte du peuple d'Israël,
En projetant la pierre qui abattit Goliath ?
5 Il invoqua [son Dieu,] le Seigneur Très-Puissant
Qui remit à sa droite la force et le courage
Pour détruire à la mort un ennemi guerrier,
Et relever la corne du peuple d'Israël.
6 Aussi lui a-t-on fait le prestige de dix mille.
Ainsi l'a-t-on loué dans les bénédictions.
Il reçut en offrande la couronne de la gloire,
351
7 Car il détruisit les ennemis alentour.
Il anéantit la tribu des Philistins.
Et pour toujours David a brisé leur puissance.
8 Dans ses œuvres, David rendit hommage à Dieu,
À ce Saint Très Haut, dans ses paroles de gloire ;
David chanta par amour pour son Créateur.
9 Il établit devant l'autel des harpes charmeuses,
Dont l'accompagnement rendait les chants plus doux ;
10 Il donna aux festivités toute leur splendeur,
Un éclat inégal aux pures solennités,
Faisant louer le Saint nom du Seigneur Yahvé,
Faisant retentir le sanctuaire dès l'aurore.

11 Le Seigneur a effacé les fautes de David,


Et il lui fit grandir sa corne pour toujours.
Comme il lui accorda l'alliance digne des rois,
Un trône glorieux et prestigieux en Israël.

352
Salomon

12 David eut un fils, prudent, qui lui succéda.


Dieu en faveur du père rendit heureux le fils.
13 Et Salomon régna dans un temps de quiétude.
Dieu lui accorda la douce tranquillité,
Afin qu'il élevât une maison pour son nom,
Et lui préparât un sanctuaire éternel.
14 Salomon, tu fus sage aux jours de ta jeunesse,
Rempli d'intelligence ainsi qu'un fleuve épais !
15 Ton esprit a couvert les plaines de la terre.
Tu as su la remplir de sentences obscures.

16 Ta renommée parvint jusqu'aux îles lointaines.


Tu fus aimé dans la paix, toi le pacifique.
17 Tes chants et tes proverbes, tes sentences tes réponses
Ont fait l'admiration de l'univers entier.
18 Pour le Seigneur qu'on appelle le Dieu d'Israël,
Tu as amassé de l'or comme certains de l'étain.
Et comme le plomb, tu as multiplié l'argent.
19 Tu as livré ton corps à la chair de la femme.
Tu as été l'esclave de tes sens assoiffés.

353
20 Salomon, tu as fait une tache à ta mémoire,
Et tu as profané contre ceux de ta race.
Tu as fait venir la haine contre tes enfants,
Et descendre l'affliction sur ta postérité :
21 Il se dressa un pouvoir doublé puissamment.
Il surgit d'Ephraïm un royaume révolté.
Dieu ne renonça pas à sa miséricorde.
22 Et Dieu n'effaça pas la moindre de ses œuvres,
Il ne lui refusa pas la postérité,
Et il n'extirpa point la race de Salomon.
Aussi a-t-il donné à Jacob un futur,
Et remis à David une racine de soi-même.

354
Roboam

23 Et Salomon se reposa avec ses pères,


En laissant après lui, un rejeton de race,
Le plus fou de son peuple, dénué de savoir,
Roboam, qui poussa le peuple à la révolte.

Jéroboam

24 Quant à Jéroboam, le surgeon de Nébat,


C'est lui qui fit pécher la tribu d'Israël,
Et enseigna à Éphraïm la voie du mal.
Dès lors leurs fautes se multiplièrent tant et tant,
Qu'elles les firent exiler très loin de leur pays
Car ils cherchaient toujours toutes les sortes de mal,
Et quitte à encourir le châtiment de Dieu.

355
Elie

48 1 Alors le prophète nommé Élie se leva.


Sa parole enflammée brûlait comme une torche.
2 C’est lui qui fit venir la terrible famine.
Et qui, usant de zèle, décima les pécheurs.
3 Par la parole de Dieu, il interdit le ciel.
Il fit aussi trois fois descendre les éclairs.
4 Que tu étais glorieux, Élie, dans tes prodiges !
Qui peut dans son orgueil se jurer ton égal ?
5 Toi qui as arraché un homme à son trépas,
Et au Shéol par la parole du très Puissant.
6 Toi qui les as menés les Premiers à la ruine.
7 Qui entendis au Sinaï tant de reproches,
Ou encore à l'Horeb des décrets de vengeance.
8 Toi qui oignis des rois, les reconnus vengeurs.
Qui consacras des prophètes pour te succéder.
9 Qui fus emporté dans un tourbillon de feu.
Qui fus tiré par un char aux chevaux de feu.
10 Toi qui fus désigné dans des menaces futures.

356
Pour apaiser la colère avant qu'elle n'éclate,
Pour ramener les cœurs des pères vers ceux des fils,
Pour l'établissement des tribus de Jacob.
11 O bienheureux Élie pour ceux qui te verront,
Et pour ceux qui se sont endormis dans l'amour,
Car nous, nous posséderons l'espoir de la vie.

357
Elisée

12 Tel fut Élie enlevé dans un tourbillon.


Élisée fut rempli de son esprit sacré.
Pendant sa vie, aucun chef ne put l'ébranler.
Personne ne parvint à subjuguer Élisée.
13 Rien n'était trop grand ou trop immense pour lui.
Et jusque dans la mort son corps prophétisa.
14 Pendant ses jours de vie, il fit de grands prodiges,
Même après sa mort, ses œuvres furent merveilleuses.

Infidélité et châtiment

15 Malgré cela, le peuple ne se convertit pas,


Et il ne renonça pas à chasser ses péchés,
Jusqu'à ce qu'il fût déporté loin du pays,
Dispersé, divisé, sur toute l'immensité ;
16 Il ne resta alors qu'un peuple tout petit,
Avec un prince, chef de la maison de David.
Et quelques-uns d'entre eux se plurent à faire le bien,
Tandis que la plupart multiplièrent les fautes.

358
Ezéchias

17 Il fortifia sa ville, fit venir l'eau courante.


Il fora le rocher, construisit des citernes.
18 De son temps, Sennachérib se mit en campagne,
Ce dernier décida d'envoyer Rabsacès.
Il se leva contre Sion dans son orgueil.
19 Dès lors leurs cœurs et leurs mains se mirent à trembler.
Ils souffrirent les douleurs de la femme en travail.
20 Ils invoquèrent Yahvé, le Miséricordieux.
Le Saint, le haut du ciel, les exauça de suite.
Et il les délivra par la main d'Isaïe,
21 Et frappant la tribu du camp des Assyriens,
Son ange les extermina tous, jusqu'au dernier.

359
Isaïe

22 Car Ezéchias se fit devoir de plaire à Dieu.


Et se montra fort en suivant David son père.
Comme le lui ordonna le prophète Isaïe,
L'immense et le fidèle dans toutes ses visions.
23 Un temps, Ezéchias fit reculer le soleil,
Eut le pouvoir de prolonger la vie du roi.
24 Puissamment inspiré, il vit la fin des choses.
Et il consola les affligés de Sion,
25 Révéla l'avenir jusqu'à l'éternité
Et les choses inconnues avant qu'elles n'advinssent.

Josias

49 1 La mémoire de Josias est une mixture d'encens,


Préparée et soignée par un bon parfumeur ;
Il est comme le doux miel coulant à toutes bouches,
Comme une musique légère au milieu d'un banquet.
2 Il fut bien dirigé et convertit le peuple.
Josias extirpa l'impiété abominable,
3 Il dirigea son coeur vers le Seigneur, son dieu.
Aux jours des sans loi, il affermit la piété.
360
Derniers rois et derniers prophètes

4 Hormis les prophètes, David, Ezéchias, Josias,


Eux tous multiplièrent et transgressèrent les lois,
Et ils abandonnèrent les serments du Très Haut :
Les Premiers de Juda, tous les rois disparurent ;
5 Car ils avaient livré leur force à d'autres lois,
Et leur immense gloire à un peuple étranger.
6 Les ennemis brûlèrent la Sainte ville élue,
7 À cause de Jérémie, car ils le maltraitèrent.
Ils l'avaient maltraité, lui consacré prophète !
Et Ce fut déraciner détruire et ruiner,
Mais aussi pour construire mais aussi pour planter.

8 Ézéchiel contempla la vision de la gloire


Que Dieu lui montra sur le char des Chérubins,
9 Car il se souvint des ennemis dans l'averse,
Il fit du bien à ceux qui prennent la voie droite.

10 Quant à la postérité de ces douze prophètes,


Que leurs os refleurissent à jamais dans la tombe !
Ils ont eu le pouvoir de consoler Jacob,
Ils l'ont racheté dans la foi et l'espérance.
361
Zorobabel et Josué

11 Comment peut-on faire l'éloge de Zorobabel ?


Il est un sceau de gloire placé dans la main droite ;
12 Et de même Josué, le fils de Josédek,
Eux qui, de leur vivant, construisirent le Saint Temple
Et dirigèrent vers le Seigneur le peuple élu,
Destiné et promis à la gloire éternelle.

Néhémie

13 De Néhémie la souvenance en est immense,


Néhémie releva pour nous les murs en ruine,
Mit porte et verrou, redressa l'habitation.

362
Récapitulation

14 Nul n'a été créé, ne fut l'égal d'Enok.


Car c'est Enok qui fut enlevé de la terre.
15 On ne vit jamais plus naître un homme comme Joseph,
Chef parmi tous ses frères, et soutien de son peuple.
Des os furent visités, ô dépouille immortelle !
16 Et Sem et Seth furent glorifiés parmi les hommes,
Mais au-dessus de toute créature est Adam.

363
Le prêtre Simon

50 1 Celui qui vient Simon, Fils d'Onias, le grand prêtre,


Pendant son existence consolida le Temple,
Et durant ses jours fortifia le sanctuaire.
2 C'est par Simon que fut fondée la hauteur double,
Et le haut contrefort de l'enceinte du Temple.
3 De son temps, fut creusé le réservoir des eaux :
Bassin dont l'étendue était comme la mer.
4 Et soucieux d'éviter aux habitants la ruine,
Il fortifia la ville pour chasser l'assaillant.
5 Qu'il était magnifique entouré de son peuple,
Quand il sortait Simon de la maison de voile !
6 Comme l'étoile du matin à travers le nuage,
Comme la lune en son plein, lors des festivités,
7 Comme l'éclat rayonnant sur le Toit du Très Haut,
Comme l'arc-en-ciel brillant dans des nuages de gloire,
8 Comme la rose au printemps, le lis près de la source,
Comme un rameau de l'arbre à l'encens en été.

9 Comme le feu les parfums, l’encens dans l'encensoir,


Comme un vase d'or massif orné de pierres précieuses,
10 Pareil à l’olivier chargé de ses fruits lourds,
364
Et pareil au cyprès s'élevant dans le ciel ;
11 Quand Simon s'apprêtait dans sa robe d'apparat,
Et quand il revêtait de superbes habits,
Et quand il gravissait l'autel sacré de Dieu,
Et remplissait de gloire l'enceinte de sanctuaire,
12 Et recevait des prêtres les parts du sacrifice ;
Lui-même Simon debout se plaçant à l'autel.
Le front ceint, étonné de la couronne des frères,
Un Cèdre du Liban lois de sa frondaison,
Lui-même Simon entouré de troncs de palmiers,
13 Et quand tous les fils d'Aaron dans leur splendeur,
Ayant dans leurs mains jointes les offrandes du Seigneur,
Se tenaient devant toute l'assemblée d'Israël,
14 Alors qu'il honorait le culte des autels,
Tendant avec noblesse l'offrande vers le Seigneur,

365
15 Il étendait la main sur la coupe remplie,
Faisant couler un peu du raisin de la grappe,
Le laissant se répandre sur les marches de l'autel,
Un parfum un nectar pour l'amour du Très Haut.
16 Alors les fils d'Aaron poussaient de grands cris,
Et sonnaient leurs trompettes de pur métal massif.
On entendait monter un son puissant et fort.
C'était un mémorial devant le Très-Puissant.
17 Le peuple s’empressait, tombant face contre terre.
Ils adoraient le Dieu, leur Seigneur Tout-Puissant.
18 Les chantres aussi faisaient entendre leurs louanges,
Tout ce bruit formait une douce mélodie.
19 Et les hommes suppliaient, adressaient des prières
Jusqu'au moment final de la cérémonie.
20 Simon redescendait. Il élevait les mains
Vers toute l'assemblée de son peuple, Israël
Pour donner à voix haute la pure bénédiction,
Et pour avoir l'honneur de prononcer son nom.
21 Une seconde fois, les hommes se prosternaient
Pour recevoir de Dieu la pure bénédiction.

366
Exhortation

22 Maintenant bénissez le Dieu de l'univers


Qui partout, en tout lieu, accomplit tant de choses ;
Qui nous a exalté dès le sein maternel,
Et s'est comporté en toute miséricorde
23 Qu'il nous donne à nous tous un coeur joyeux, serein !
Et qu'il nous donne la paix aux temps où nous vivons !
En Israël aimée pour des siècles et des siècles.
25 Que ses grâces immortelles nous scellent à tout jamais,
Qu'en les temps où nous sommes, ils nous rachètent encore.

367
Proverbe numérique

25 Il y a deux nations que mon esprit déteste,


Et j'en sais une troisième qui n'est pas une nation
Ceux de la montagne de Séir, les Philistins,
Et le peuple insensé qui demeure à Sichem.

Conclusion

27 Une instruction de sage, une instruction de science,


Voilà ce qu'a gravé dans ces pages Siméon,
Fils de Jésus, d'Eléazar, fils de Sira.
La pluie est répandue dans son cœur en sagesse.
28 Heureux l'homme qui médite et lui donne son temps,
Qui acquiert la Sagesse, la plaçant sur son cœur.
29 Et il s'agit ainsi, il sera fort en tout
La lumière du Seigneur est son sentier à suivre.

368
APPENDICES
Hymnes d'action de grâces

51 1Je vais te rendre grâces, Seigneur, Roi Tout-Puissant,


Te louer, te chanter mon Très Haut, mon sauveur.
2 Tu as été pour moi, protection et soutien.
Tu as délivré mon corps de sa perdition.
Tu m'as épargné du piège de la langue mauvaise,
Tu m'as éloigné des lèvres qui font le mensonge ;
Malgré la présence des ennemis qui m'entourent,
Tu as été mon soutien, tu m'as délivré.
3 Selon ton abondance et la gloire de ton nom,
Des morsures des mauvais prêts à me dévorer,
De la main de ceux mêmes qui en veulent à la vie,
Des épreuves innombrables qu'il m'a fallu subir,
4 Et du feu suffoquant qui toujours m'entourait,
Du cœur d'un feu que je n'avais pas allumé,
5 De l'immense profondeur du ventre de l'enfer,
Et de la langue impure, de la parole impure,

369
6 Calomnie de la langue injuste auprès du roi.
Mon esprit a atteint les portes de la mort,
Ma vie est descendue à l'entrée du shéol.
7 On m'entourait toujours, nul ne me soutenait ;
Je cherchais du regard un secours, jamais rien.
8 Alors je me souvins de ta pitié, Seigneur,
De tes œuvres infinies, de ton éternité,
Sachant que tu délivres ceux qui espèrent en toi,
Et que tu les sauves des mains de leurs ennemis.
9 Et je fis s'élever ma prière de la terre,
Je suppliai d'être délivré de la mort.
10 J'invoquai le Seigneur, le père de mon Seigneur :
“ Ne m'abandonne pas au jour de mon épreuve,
Aux temps des orgueilleux, du silence absolu.
Car je louerai ton nom toujours et constamment,
Et je le chanterai dans la reconnaissance ”.
11 Et je fus exaucé, tu me sauvas du mal,
Comme tu me délivras de l'époque de la ruine.
12 C'est pourquoi je te rendrai grâces et te louerai,
Je bénirai le nom du Seigneur Tout-Puissant.

370
Poème sur la recherche de la sagesse

13 Dans ma première jeunesse, bien avant les voyages,


Je la cherchais ouvertement dans la prière
14 Et à la porte du sanctuaire je l'appréciais,
Et jusqu'à mon dernier jour je la poursuivrai.
15 Dans sa fleur, comme la grappe du raisin qui mûrit,
Mon coeur mettait sa joie à toujours la chercher.
16 Mon pied s'est avancé dans son sentier parfait,
Et de mes premiers temps, je m'y suis engagé.
J'ai trouvé l'instruction. 17 Elle m'a fait progresser.
Je glorifierai celui qui me l'a donnée.
18 Je me suis décidé de la mettre en pratique.
Et j'ai cherché le bien. On ne peut me confondre.
19 Mon âme a combattu afin de la connaître.
J'ai été attentif à observer la loi.

20 J'ai prié vers le ciel, m'accusant d'ignorance.


L'esprit cherchait. Dans l'Idéal, je l'ai trouvée.
J'y appliquai mon cœur dès le commencement
Aussi, je me refuse de penser la chasser.
21 Mes entrailles se sont plu pour enfin la trouver.
Aussi, je puis prétendre de l'avoir bien acquise.
371
22 Le Seigneur m'a donné en récompense une langue,
Avec laquelle je dois toujours le glorifier.

23 Approchez-vous de moi, vous qui êtes ignorants.


Mettez-vous au savoir, et apprenez encore ;
24 Pourquoi vous prévaloir d'un ventre à satiété
Quand encore votre gorge en est si assoiffée ?
25 Moi, j'ai ouvert la bouche. Je vous en ai parlé.
Achetez-la sans or. 26 Mettez-vous sous son joug.
Que vos âmes la reçoivent ! Elle est si près de vous !
27 Et voyez de vos yeux : que j'ai eu peu de mal
Pour me la procurer avec du grand repos !
28 Achetez l'instruction avec beaucoup d'argent.
À ce prix vous aurez des quantités en or.
29 Que vos âmes trouvent joie dans sa miséricorde,
Et ne rougissez pas d'aimer à la louer.
30 Accomplissez vos œuvres avant le temps fixé,
Au jour décidé, il vous récompensera.

[Souscription]: Sagesse de Jésus, fils de Sira,

372
Jérémie
Sentences de sagesse

5 Ainsi parle Yahvé : Oui, maudit soit l’humain


Qui se fie à l’humain ; qui a fait de sa chair
Le principe de sa force, la raison de soi-même.
Tandis que de Yahvé, il a chassé son cœur.
6 Il sera le chardon ou l’arbuste dans la steppe :
Il ne voit rien venir quand arrive le bonheur.
Il demeure en des lieux brûlés par le désert.
Il hante des champs, une terre salée inhabitable.

7 Oui, heureux soit l’humain qui se confie à Dieu,


Qui a fait du Seigneur son espérance unique.
8 Il ressemble à un arbre planté au bord de l’eau,
Qui envoie, et qui plonge ses racines au ruisseau :
Il ne redoute rien quand arrive la chaleur :
Son feuillage reste vert ; l’année de sécheresse,
Il est sans inquiétude, et il fait du bon fruit.

9 Le cœur est compliqué plus que tout, et pervers !


Qui peut le pénétrer ? 10 Moi, Yahvé je le scrute.
Je soude les reins. Oui, j’examine les sentiments.
373
Je rétribue chacun, oui - je rends à chacun
En jugeant sa conduite, et le fruit de ses œuvres.

11 C’est la perdrix qui couve des œufs qui ne sont siens,


Un homme qui s’enrichit d’une façon injuste !
Au milieu de ses jours, la richesse l’abandonne.
Sur la fin de sa vie, il deviendra un sot.

374
Le livre de Baruch

La sagesse, prerogative d’israeL

9 Écoute Israël, les préceptes de la vie,


Et accorde l'oreille pour connaître la science.
10 Mais d’où vient Israël, mais d'où vient que tu es
Au pays ennemi et que tu as vieilli
Dans une terre étrangère, 11 et que tu t'es souillé
Par le contact des morts et que tu es compté
Avec ceux de l’Hadès ?

12 Tu as abandonné
La source de sagesse. 13 Si tu avais marché
Dans le chemin de Dieu, toi tu habiterais
Pour toujours dans la paix.

14 Où est donc la prudence ?


Apprends. Où est la force, où est l'intelligence ?
Des jours et la vie. Où est la lumière des yeux,
La paix ?

375
15 Qui a trouvé le lieu de la sagesse ?
Qui est entré en ses trésors ? 16 Où sont les chefs
Des nations, ceux qui dirigent les bêtes de la terre ?

17 Et ceux qui se jouaient des oiseaux dans le ciel,


Ceux qui accumulaient l’or ainsi que l’argent
Dans lesquels les humains ont mis toute leur confiance,
Eux dont les possessions n'avaient point de limite ?

18 Ceux qui travaillaient l'argent avec tant de soin


Ceux-là dont les ouvrages n'ont pas laissé de trace ?

19 Ils ont disparu, sont descendus dans l’Hadès !


D’autres se sont levés à leur place. 20 De plus jeunes
Ont vu la lumière, ils ont vécu sur la terre.
Mais ils n’ont pas connu le chemin de la science.
21 Ils n'ont pas compris ses sentiers. Leurs fils aussi
Étaient loin de leur voie. 22 Et l’on a rien su d'elle
En Canaan. On ne l’a pas vue en Théman.

23 Les fils d’Agar en quête d’intelligence terrestre,


Les marchands de Merrha comme ceux de Théman,
376
Et les conteurs de fables, les chercheurs de prudence,
Non, ils n'ont pas connu la voix de la sagesse,
Non, ils ne se sont pas souvenus de ses voies.

24 0 Israël, qu’elle est grande, la maison de Dieu,


Il est étendu le lieu de sa possession.
Il est grand et sans fin, 25 élevé, sans mesure !

26 Là vécurent les géants fameux dès l'origine


À la haute stature et connaissant la guerre.
27 Ce n’est pas sur ceux-là que Dieu a fait son choix.
Il ne leur apprit pas le chemin de la science.
28 Aussi ont-ils péri faute d'avoir la prudence !
Aussi ont-ils péri à cause de la folie !

29 Qui est monté au ciel et a pu s’en saisir


Et la faire descendre des nuées ? 30 Qui a pu
Franchir la mer pour la trouver, la rapporter
Au prix d'un or très pur ?

31 Non, il n’y a personne


Qui connaisse sa voie, qui pense à son sentier.
32 Celui qui sait tout la connaît. Il l’a scrutée
377
Par son intelligence, lui qui a toujours
Disposé la terre et l'a emplie de bétail.
33 Lui qui peut envoyer la lumière, et elle part.
Qui la rappelle et elle obéit en tremblant.
34 Les étoiles brillent à leur poste, et sont dans la joie.
35 Et s'il les appelle, elles lui diront : nous voici.
Oui, elles brillent avec joie pour qui les a créées,
36 Lui qui est notre Dieu. Il n'existe personne
Qui lui soit comparable.

37 Il a scruté la voie
De toute la connaissance, l’a donnée à Jacob
Son serviteur, à Israël, son bien aimé.
Puis elle est apparue sur terre. Et chez les hommes
Elle aura survécu.

41 Oui, elle est le volume


Des préceptes de Dieu, et la Loi qui subsiste
A jamais. Quiconque s'y attache possède la vie,
Qui l’abandonne, mourra.

2 Reviens Jacob, prends-la !


Face à la lumière, toi marche vers la splendeur !
378
Ne cède pas à autrui ta gloire, à un peuple
Étranger, tes privilèges ! 4 Heureux, sommes-nous,
Israël : ce qui plaît à Dieu, nous fut donné !

379
Ézéchiel

Contre le roi de Tyr

28 1 La parole de Yahvé me fut donnée ainsi :


2 “ Humain, tu parleras au souverain de Tyr :
Ainsi dit Dieu Yahvé : Tu t’es enflé d’orgueil,
Et tu t’es esclaffé : “ Oui, moi je suis un Dieu.
J’habite une résidence divine au cœur des mers. ”

Pourtant tu es un homme et tu n’es pas un Dieu.


Tu as rendu ce siège à l’égal du Parfait.
3 Mais te voilà plus sage que [le héros] Danel !
Nul secret ne t’échappe : par ton habileté,
4 Par ton intelligence tu possèdes des richesses.
Tes trésors sont chargés en or et en argent.
5 Superbe est ta manière pour les choses du commerce !
Tu as multiplié tes richesses en grand nombre !
Ton cœur s’est élevé, glorifié de fortune !

380
6 C’est pourquoi ainsi parle Adonaï Yahvé :
Tu as rendu ton cœur à l’égal du Parfait,
7 Eh bien : je fais venir contre toi des nations.
Ce sont des étrangers terribles et redoutables.
Ils tireront l’épée contre ta belle sagesse.
Ils pourront profaner ce qui fait ta splendeur.
Ils chercheront aussi à te précipiter
Au profond de la fosse. 8 Ta mort sera violente
Au cœur des étendues. 9 Et diras-tu encore :
“ Oui, moi, je suis un dieu ”, face à tes meurtriers ?
Car toi tu es un homme, et tu n’es pas un Dieu.
Face à tes meurtriers. 10 Tu connaîtras la mort,
Celle des incirconcis, par des mains étrangères.

Car moi j’ai parlé, Oracle de Dieu Yahvé.

381
La chute du roi de Tyr

11 La parole de Yahvé me fut donnée ainsi :


12 “ Humain, dis la complainte contre le roi de Tyr.
Exprime-toi de la sorte : Ainsi dit Yahvé Dieu :

Toi, tu étais pareil à une œuvre exemplaire,


Abondant de sagesse et parfait en beauté.
13 Tu étais dans l’Eden, le jardin du Seigneur.
Des pierres de qualité sertissaient ton manteau :
Sardoine, topaze, diamant, chrysolite, onyx,
Jaspe, saphir, escarboucle, émeraude, malachite :
Tes disques, les pendeloques que tu portais sur toi
Étaient en or bien travaillé. Ils étaient prêts
Au jour de ta naissance. 14 Je t’avais établi
Chérubin de haute taille placé en protecteur.
Toi tu étais sur la montagne sainte de Yahvé.
Tu te promenais au milieu des pierres de feu.

15 Tu fus irréprochable, parfait dans ta conduite


Depuis le jour de ta naissance. Puis fut trouvé
En toi le mal pervers. 16 Par ton commerce intense,
La violence, les péchés ont habité tes murs.
382
Je t’ai précipité de la montagne de Dieu,
Et le chérubin protecteur t’a fait périr
Du milieu des charbons. 17 Ton cœur s’est exalté
À cause de ta beauté. L’éclat de ta splendeur
Dépravait ta sagesse. Je t’ai jeté à terre,
Puis je t’ai exposé en spectacle à des rois.

18 Par tes fautes nombreuses, ton commerce malhonnête,


Tu as souillé ton temple. J’ai fait sortir de toi
Un foyer dévorant. Je t’ai réduit en cendres,
En poussière sur la terre, pour qui te regardaient.
19 Parmi les nations ceux qui te connaissaient
Sont frappés d’épouvante, car tu es un néant.
C’en est fini de toi, aboli à jamais.

383
Première épître aux Corinthiens

Sagesse du monde et sagesse chrétienne.

17 Car le Christ ne m'a pas envoyé baptiser


Mais évangéliser, et sans cette sagesse
De langage, afin que ne soit pas à néant
Réduite la croix du Christ. 18 Puisque le langage
De la croix est folie pour ceux qui se perdent mais,
Pour ceux qui se sauvent, pour nous, il est puissance
De Dieu. 19 Il est écrit : Je perdrai la sagesse
Des sages, et l'intelligence des intelligents,
Je la rejetterai. 20 Car où est le sage ?
Où est-il l'homme cultivé ? Et où est-il,
Le raisonneur de ce temps ? Et Dieu n'a-t-il pas
Frappé la sagesse du monde de folie ?
21 Puisque le monde, par le moyen de la sagesse,

Ne connaît pas Dieu, dans la sagesse de Dieu,


384
C'est donc par la folie de la proclamation
Que Dieu a trouvé bon de sauver ceux qui croient.
22 Alors que les Juifs demandent des signes, les Grecs
Cherchent la sagesse, 23 nous proclamons, nous, un Christ
Crucifié, embûche pour les Juifs et folie
Pour les païens, 24 mais ceux qui sont appelés
Juifs et Grecs, c'est bien un Christ, puissance de Dieu
Et sagesse de Dieu, 25 car ce qui est folie
De Dieu est plus sage que les homes, ce qui est
Faiblesse de Dieu est plus fort que les hommes.

26 Frères,
Regardez votre appel, il n'y a pas beaucoup
De sages selon la chair, pas beaucoup de puissants,
Pas beaucoup de gens bien nés. 27 Mais ce qu'il y a
De fou dans le monde, c'est ce que Dieu a choisi
Pour faire honte aux sages ; et ce qu'il y a de faible
Dans le monde, c'est ce que Dieu a choisi pour faire
Honte à ce qui est fort ; 28 et ce qui dans le monde

385
Est sans naissance, et ce que l'on méprise, c'est Dieu
Qui l'a choisi ; ce qui n'est pas, pour abolir
Ce qui est, 29 afin qu'aucune créature n'aille
Se vanter devant Dieu. 30 C'est par lui que vous êtes
En Christ Jésus, qui de par Dieu, est devenu
Pour nous sagesse, et justice, sanctification
Et rachat, afin que, selon qu'il est écrit,
Celui qui se vante, qu'il se vante du Seigneur.

21 Moi, quand je suis venu chez vous, frères, ce n'est pas


Avec une supériorité de langage
Ou de sagesse, que je suis venu annoncer
Chez vous le témoignage de Dieu. 2 Je n'ai rien
Voulu savoir parmi vous sinon Jésus-Christ,
Et Jésus Christ crucifié. 3 Moi-même, je me suis
Présenté à vous, faible, craintif, tout tremblant,
4 Ma parole et ma proclamation n'avaient rien
De ces discours persuasifs de la sagesse :
C'est plutôt une démonstration d'Esprit
Et de puissance afin que votre foi repose
Non sur la sagesse des hommes, mais sur la puissance
De Dieu.

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6 C'est bien de la sagesse que nous partons
Pourtant, parmi les parfaits ; non d'une sagesse
De ce monde ; ni même des chefs de ce monde voués
À l'abolition. 7 Mais nous parlons au contraire
D'une sagesse de Dieu, mystérieuse, tenue
Cachée, c'est elle que Dieu dès avant les siècles
A destinée pour notre gloire, 8 celle qu'aucun
Des chefs de ce monde n'a connue - car s'ils l'avaient
Connue, ils n'auraient pas crucifié le Seigneur
De Gloire - 9 selon qu'il est écrit, non annonçons :

Ce que l'oeil n'a pas vu, que l'oreille n'a pas


Entendu, et ce qui n'est pas monté au coeur
De l'homme, tout ce que Dieu a préparé pour ceux
Qui l'aiment.

10 Car c'est à nous que Dieu l'a révélé


Par l'esprit ; l'Esprit jusqu'aux profondeurs de Dieu
Scrute tout. 11 Qui donc entre les hommes sait les choses
De l'homme, sinon l'esprit de l'homme qui est en lui ?

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Ainsi personne ne connaît les choses de Dieu,
Sinon l'Esprit de Dieu. 12 Nous, ce n'est pas l'esprit
Du monde que nous avons reçu, mais c'est l'Esprit
Qui vient de Dieu, pour connaître les dons que Dieu
Nous a accordés. 13 Et nous en parlons non pas
Avec des discours enseignés par la sagesse
Humaine, mais appris de l'Esprit pour exprimer
En termes spirituels des réalités
Spirituelles. 14 Mais l'homme psychique n'admet pas
Ce qui est de l'Esprit de Dieu, car c'est folie
Pour lui et il ne peut le connaître : c'est par l'Esprit
Qu'on juge. 15 L'homme spirituel juge tout,
Et lui-même n'est jugé par personne. 16 En effet
Qui a connu la pensée du Seigneur, pour lui
Faire la leçon ? Et nous l'avons, nous, la pensée
Du Christ.

3 1 Pour moi, frères, je n'ai pu vous parler comme


À des spirituels, mais comme à des charnels,
Comme à des enfants dans Christ. 2 Je vous ai donné
À boire du lait, non pas un aliment solide ;

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Vous ne pouviez le supporter. Mais maintenant
Vous ne le pouvez pas davantage, 3 car vous êtes
Encore charnels. Il y a de la jalousie
Et des querelles parmi vous, n'êtes-vous donc pas
Charnels ? Ainsi votre conduite n'est-elle pas
Humaine ? 4 Lorsque quelqu'un dit : "Moi, je suis de Paul" ,
Et un autre : "Moi, d'Apollos" , n'êtes-vous pas
Des hommes ?

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Epître de Jacques

La vraie et la fausse sagesse

Est-il parmi vous


Quelqu'un de sage et d'expérimenté ? Qu'il montre
Que ses œuvres ont (donc) une douceur de sagesse
Par sa belle conduite. 14 Si vous avez au coeur
La jalousie amère et l'esprit de dispute,
Ne vous vantez pas, contre la vérité
Ne mentez pas. 15 Cette sagesse-là d'en haut
Ne descend pas, mais elle est terrestre, animale,
Démoniaque. 16 Où il y a de la jalousie
Et de l'esprit de dispute, il y a désordre
Et toutes sortes d'actions mauvaises. 17 Mais la sagesse
D'en haut est d'abord pure, puis paisible, modérée,
Traitable, pleine de miséricorde et de bons fruits,
Sans partialité, sans feinte. 18 Un fruit de justice
Se sème en paix pour ceux qui font oeuvre de paix.
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