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Fussman Gérard. Nouvelles inscriptions saka (II). In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 73, 1984. pp. 31-46.
doi : 10.3406/befeo.1984.1629
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/befeo_0336-1519_1984_num_73_1_1629
NOUVELLES INSCRIPTIONS SAKA (II)
PAR
Gérard FUSSMAN
(1) Gérard Fussman, «Nouvelles inscriptions saka : ère d'Eucratide, ère d'Azès, ère
vikrama, ère de Kaniska », BEFEO, LXVII, 1980, pp. 1-43, pi. I-IV. On trouvera au début
de cet article la liste des abréviations utilisées.
32 GÉRARD FUSSMAN
d'argent inscrit que signale Sir H. Bailey1. Ces six documents forment
manifestement un ensemble, et dans ces conditions je prolonge la numér
otation adoptée dans le premier article de la série, qui, par un heureux
hasard, correspond aussi à l'ordre chronologique des inscriptions2.
4. Le reliquaire du Bhagamoya.
Je désigne ainsi une inscription que vient de publier Sir H. Bailey,
« Two kharosthï inscriptions », JRAS, 1982, 2 « II, The inscription of
Bhagamoya, King of Apaca », pp. 150-155, pi. IV-VIII ». Je pense qu'il
n'y a jamais eu de roitelet ď Apaca portant le nom de Bhagamoya, mais
j'adopte un sous-titre voisin de celui adopté par Sir Harold pour n'intro
duirepas de confusion supplémentaire dans l'esprit du lecteur.
Le propriétaire londonien de cet objet me l'a montré et m'en a donné
des photographies en novembre 1981. Sachant que Sir Harold Bailey
se préparait à en éditer l'inscription, je m'abstins d'en donner immédia
tementle texte au BEFEO. Je me contentai de le communiquer à
Sir Harold et d'attendre la parution de son article, dont il avait eu la
générosité de m'envoyer le manuscrit. Mes lectures ont été faites sur la
pierre. J'ai disposé du même jeu de photographies que Sir Harold, mais
j'en donne ici un choix légèrement différent (pi. I-IV).
Sir Harold propose de ce texte la translittération et la traduction
suivantes :
1 savalsaraye sata-sasataiimaye maharajasa ayasa vuria-kalasa šavanasa
masasa divasaye catu-višaye 10 10 4 sairolekena mairavena subhuiika-
pulrena apaca-raja bhagamoyena bhagavato šakamuni
2 sarva-dhaiuve pratilhavita apratithavila-purvami pradešami 'athayi-
gramammi kaêaviyana chadralana panari-grahammi sarva-budha pujayita
sarva-pracega-sabudharahamta-savaka pujayito
3 pujaraha p<u>yayita *ima dhatuvi ma pratithaviti sadha bharyayi
daviliye putrehi ca ' idravananena menamhena misa mata-pita pujayita
bhrada 'imdasena vikaro vijayamiiro 3akhoia-raja
4 gro-nada-gamdha-vepami pujayide sulunakaja putra sarva-p <u>ja-
veham pujavita 4mi dhaiu praminovati patolaši šaka-khaka-mohi
« In the year seventy-seventh of the Great King Aya of past time on
the day twenty-four 24 of the month Šravana, by the army-commander,
Le texte est gravé sur la moitié inférieure d'un reliquaire, que son
propriétaire se réserve de publier (pi. I, 1 et 2). Le couvercle, que j'ai vu,
n'est pas inscrit. Le flanc de ce reliquaire porte une inscription longue
de 5 lignes. Les trois premières lignes font le tour du reliquaire. La qua
trième est incomplète et finit sous le ima de la 1. 3 (pi. II, 3). La cinquième
ligne est gravée à la base du reliquaire, et la graphie en est particulièr
ement mal soignée. Notre collègue A. D. H. Bivar a remarqué sur la base
non dressée du reliquaire une série de signes qui paraissent bien être des
aksara kharosthï; ni Sir Harold ni moi-même n'avons pu les déchiffrer.
Le sens est d'ailleurs complet à la fin de la 1. 5 telle que je l'interprète.
Le début des lignes est marqué par une étoile à cinq branches gravée
sur la marge, au-dessus du premier aksara de la 1. 1 (pi. II, 3). La 1. 1 se
referme sur elle-même; il y a un blanc à la fin de la 1. 2 et de la 1. 3, un
blanc beaucoup plus grand à la fin de la 1. 4. Le début de la 1. 5 n'est pas
signalé ; il m'a semblé qu'il se trouvait tout de suite à l'aplomb de la fin
de la 1. 4.
La gravure est très peu profonde et peu soignée, surtout à la fin.
Les signes de voyelle sont parfois à peine esquissés. La haste gauche des
ya se relève au point qu'il faut parfois lire va. Les ta et les da se terminent
parfois par une « queue » à droite, que Sir Harold signale en soulignant
les aksara en question; selon lui (p. 152), il s'agit d'un signe diacritique
indiquant que la prononciation était fricative. L'interprétation est tout
à fait possible, mais j'ai plutôt eu l'impression qu'il s'agissait d'une
fioriture ou d'une glissade de l'instrument de gravure. Je note pourtant
les aksara en question comme s'il s'agissait de fricatives (t, a). Dans
NOUVELLES INSCRIPTIONS SAKA (II) 35
l'ensemble, les quatre premières lignes ne présentent pourtant pas de
vraie difficulté de lecture, et sauf pour quelques aksara très cursifs, ma
translittération ne diffère guère de celle de Sir Harold. Les différences
portent plutôt sur le début des lignes, la coupe des mots et leur groupe
ment,qui conditionne leur interprétation. Pour la dernière ligne, que je
comprends mal, les différences sont plus importantes. Je ne sépare pas
les voyelles en hiatus par une apostrophe, et j'introduis dans le texte
des barres obliques qui n'y sont pas pour en indiquer la ponctuation.
1 Savatsaraye sata-sasataiimaye maharajasa Ayasa vurla-kalasa Šava-
nasa masasa divasaye caiuvisaye 20 4 Šatrolikena (ks)atrevena Stt-
bhatika-pulrena Apaca-raja-bhagamoyena Bhagavalo Šakamuni <sa>
2 dhaiuve praiiihavita apraiiihavita-purvami pradešami Athayi gramam-
mi kašaviyana chadraiana parigrahammi \ Sarva Budha pujayila \
Sarva pracega-sabudharahamta-savaka pujayila \ Sarva
3 pujaraha p<u>yayita / Ima dhai(u)vi ma [p]raiithaviti sadha
bharyayi [X]viliye putrehi ca Idra[sa 4]nena Menamdrena ca / Maia-pita
[p]ajayita / Bhrada Imdasene vakaro
4 Vijayamitro A[p]aca-raja
5 šabha X X jahigro gamdharekami pujavi(da) j Suiuna Kaji-putra /
Sarva p<u>jaraham pujavita j imi dhatu pra(i)ithavali Palralaši //
« 1 En l'an soixante-dix-septième du Roi Azès dont le temps est passé,
pendant le mois de Šravana, au vingt-quatrième jour 24, par Šatrolika,
le ksatrapa, fils de Subhutika, Bhagamoya du roi d'Apraca, des reliques
du Bienheureux Sàkyamuni
2 ont été déposées dans un endroit où il n'y avait pas de fondation
auparavant, dans le village Huitième, pour appartenir aux respectables
Kâsyapïya. Tous les Buddhas sont honorés. Tous les Buddha-pour-soi,
les parfaits Buddhas, les arhanl, les auditeurs sont honorés. Tous
3 ceux qui sont dignes d'honneur son honorés. Ces reliques par moi ont
été déposées avec mon épouse [X]vilï et mes enfants Indrasena et
Menandra. Mon père et ma mère sont honorés. Mon frère Indrasena,
le héros ( ?), <et>
4 Vijayamitra le roi d'Apraca
5 X X X X X en premier lieu ( ?) sont honorés (dans le Gandhâra ?).
Sutunâ, fille de Kaji <l'est aussi >. Tout ce qui est digne d'honneur est
honoré. Ces reliques, Patralasi les dépose. »
L'essentiel du texte, sur le plan historique, est contenu dans sa
ligne 1. Ces reliques ont été déposées en l'an 77 de l'ère d'Azès I, dont
on sait qu'elle est identique à l'ère vikrama. L'inscription date donc du
mois d'août de l'an 20 de n.è., au moment où Vijayamitra est encore
souverain du petit royaume d'Apraca, dont on ne sait toujours pas où
il se situait. Je n'ai donc rien à ajouter d'essentiel au commentaire que
j'ai donné en 1980 des inscriptions 1-3, ni en ce qui concerne la chronol
ogie,relative ou absolue, ni sur l'existence de ksatrapa, ni sur le rôle
des frères et sœurs dans cette société, ni sur l'onomastique. Quelques
précisions sont cependant nécessaires.
36 GÉRARD FUSSMAN
Le statut linguistique de ce texte est à peu près le même que celui
des inscriptions 1-3. J'ajouterai seulement que la graphie -i là où l'on
attendrait -e et inversement s'explique davantage par la négligence du
graveur (un i est seulement un e trop prolongé) que par la faiblesse des
voyelles finales. Seul [p]raiiihaviii, 1. 3, semble témoigner de cette
faiblesse.
Ligne 1 : Gomme le note Sir Harold, il semble y avoir un sa de trop
dans sata-sasalalimaye. La lecture vuria-kalasa est absolument sûre.
Elle est déjà attestée par l'inscription 3, où je n'avais pas osé la recon
naître, et l'inscription 5 en fournit un autre exemple. L'étymologie est
claire : <vj;tta-kà~lasya, « dont le temps est passé », « du temps passé ».
Si l'on suit mon raisonnement de 1980 (p. 31), cela implique que l'inscrip
tion a été gravée sous Azès IL En 20 de n.è., Azès II serait donc encore
vivant et il faudrait l'ajouter à la liste des souverains (Jihonika, Kujula
Kadphisès, Gondophernès) qui se disputent l'Inde du Nord-Ouest en
cette année1.
La correction (ks)alrevena, qui me permet de rétablir la cohérence
historique des inscriptions 1-4, est le point essentiel de mon interpré
tation; si on la refuse, toute mon argumentation s'écroule. Mais elle se
justifie aisément : elle permet de retrouver des éléments connus dans un
texte qui autrement demeurerait très mystérieux; elle est graphique
ment minime (il suffît de rajouter un petit trait vertical sous le ma) ; la
forme ksatrava- est attestée en 3, 10-11; les inscriptions 1 et 3 four
nissent des exemples tout à fait comparables de palatalisation vocalique
(1, 3 d, °peksena; 3,3, neksetrena). Il me paraît donc aisé de faire de
Šatrolika un ksatrapa. La première partie de son nom, comme le note
Sir Harold (qui en fait un titre militaire), semble contenir une base
apparentée à skr. šatru-, « ennemi ». Son père était Subhutika, que
Sir Harold rapproche de skt. bhukti-, « richesse ». Le nom voudrait dire
« très riche ». Cette etymologie est en principe la seule possible, car la
seule qui permette d'expliquer la conservation du -t- <-ti- <-kt-. Mais
Subhuti est un nom bouddhique fort connu, qu'on ne s'étonnerait pas
de retrouver dans ce texte. Si Šatrolika est un ksatrapa, il n'est pas roi
d'Apraca et Apaca-raja devient premier terme de composé. Bhagamoya-
paraît être un titre, pour lequel je ne veux pas proposer d'étymologie.
Car, si on y voit un mot iranien, le premier élément en est baga-, « dieu » ;
si on y voit un mot indien, comme tend à l'indiquer l'initiale aspirée,
ce premier élément peut dériver de bhaga-, « bonheur », de bhâga- « por
tion », de bhâgya-, « prospérité, chance », ou même de bhoga-, « fief,
jâgïr ». Le second élément n'est pas clair.
Šakamuni <sa> est le seul mot du texte qui présente un n dental.
Partout ailleurs, la nasale est rétroflexe. Il faut rétablir un <sa > à la
fin du mot pour obtenir un génitif moyen-indien correct. La raison de
l'omission de cet aksara est claire : la ligne 1 fait le tour complet du
reliquaire et sa fin en rejoint le début; or le début commence lui-même
par un sa.
(1) Voir le tableau chronologique que j'ai donné BEFEO, LXVII, 1980, p. 43.
NOUVELLES INSCRIPTIONS SÁKA (II) 37
Ligne 2 : L'expression apratithavita-purvami pradešami se retrouve
en 1, 4 b (apradiihavitaprave padeše) ; 3, 5 (apratislavitapruve padhavi-
pradeše) et 5, 7-9 (apradilhavidapruvami pathavipradešami).
C'est donc un cliché littéraire, auquel il ne faut pas attacher trop d'impor
tance.Voir pp. 43 et 46.
Aihayi gramammi se retrouve en 6, 7. La traduction littérale est
« village huitième ». Ce toponyme fait immanquablement penser à
Hasht Nagar (Huit villes), nom moderne de l'ancienne Puskalâvatï, d'où
provient une très célèbre statue inscrite1. L'ignorance où nous sommes
de l'endroit où ce reliquaire a été trouvé empêche malheureusement
d'identifier le toponyme moderne avec le toponyme ancien. Et pourt
ant...
La mention de la secte des Kâsyapïya2 devrait être suivie d'un
formulaire bien connu : les inscriptions kharosthï abondent en effet en
formules du genre acaryana sarvastivadana parigrahammi, acaryana
mahasamghighana parigraha... Bien que les deux premiers aksara soient
faiblement tracés (pi. III, 6), j'arrive en effet à lire parigrahammi, « dans
l'acceptance de, pour être accepté par ». Mais le mot précédent est
clairement chadratana, pour lequel Sir Harold propose « <*chandra-,
« zealous » + ágata- as in Pali chandâgaia ». Je préfère chercher un mot
synonyme ďácarya-. Il existe un mot skt. châltra, pâ. chalta-, « élève »,
sur lequel a été refait chattra-, « maître », qui fournit le sens souhaité
et ne pose aucun problème phonétique. Seul est à expliquer le ta. On
peut poser un dénominatif * chaitrayaii d'où l'adjectif verbal *chattraia-t
«protégé par un parasol, maître», ou un thème chattravant->. *chatra-
vaia >* chatrola- (écrit chadrala-1).
Ligne 3 : II est difficile de dire s'il faut corriger Ima dhaiuvi ma
pratithaviti en Ime dhatuve me praiiihaviia. Le x final de °thaviti peut
difficilement être une erreur de graphie : il témoigne d'une confusion
phonique entre -H et -la ou -le. Je m'abstiens donc de toute correction.
Mais je noterais que le reliquaire porte dhatiravi pour dhai(a)vi et qu'il
manque le crochet droit du pa de pralithaviii.
Bharyayi est clairement pour bharyaye. Il s'explique comme °lhaviti.
Je ne transcris pas le premier aksara de [X]viliye : c'est un simple trait
qui peut se lire de bien des façons. Le nom des fils est mal lisible. Je
réunis les aksara que Sir Harold lit vana pour obtenir un sa maladroit
(pi. III, 6), ce qui permet d'obtenir un nom compréhensible : Idrasana,
Indrasena. Je lis ensuite Menamdrena ca. Le dre ressemble beaucoup à
un he, mais c'est parce qu'il est de forme anguleuse. Quant au ca, il a
une boucle au bas qui l'a fait lire misa par Sir Harold. Mais il s'agit d'une
fioriture. Ce Ménandre s'ajoute à la liste des noms grecs connus, à cette
époque, dans l'Inde du Nord-Ouest.
Sir Harold a lui-même évoqué les problèmes que pose la lecture
vikaro ou vakaro. Le mot est susceptible de bien des interprétations, de
vakra->vak°ra->vakaro, «fourbe» à vâgara-, prononcé *vaaro et écrit
(1) Voyez par exemple la fin des édits sur rocher XI et XIII d'Asoka.
NOUVELLES INSCRIPTIONS SAKA (II) 45
ni de prairamo que je ne vois pas le moyen de rattacher à prathamah,
«premier»; ni de rasadhe ou rasace.
Ligne 16 se lit très clairement une séquence Kopšakase maharaja
avec un signe bizarre au-dessus du ra, qui pourrait faire songer à un i.
L'ajout de ce signe n'est pas une inadvertance, mais je n'en vois pas la
raison. Le rôle de ce « roi Kopsakasa » est impossible à déterminer. Je
ne puis en faire le sujet de pratitheveti, car tramane resterait en l'air, et
parce que les donateurs des reliques sont énumérés dans la première
partie du texte. On peut certes penser que A et В non seulement ont été
écrits par des mains différentes, mais sont en outre deux textes diffé
rents. Le reliquaire aurait été réutilisé à une date postérieure, comme
cela s'est fait pour le reliquaire de Bajaur qui porte les noms de Ménandre
et Vijayamitra1. Adopter cette solution permettrait d'expliquer les
différences de graphie entre les deux parties du texte. Mais on se trouver
ait devant une situation doublement exceptionnelle : le texte A indiquer
ait la date, le lieu, le(s) donateur(s), mais pas les personnes en l'honneur
de qui a été faite la donation; le texte В lui ne comprendrait ni date,
ni indication de lieu et commencerait abruptement par un éloge des
reliques. D'autre part, 1. 11, le démonstratif te de te dhaduve semble
renvoyer au sarira de la ligne 6. Il me paraît donc de meilleure méthode
de prendre A et В pour un même texte, écrit par deux personnes pour des
raisons que je ne connais pas. En ce cas le « roi Kopsakasa » ne saurait
être le donateur des reliques, sauf à supposer une contradiction entre A
et B. Sa mention dans le texte apparaît à un endroit où sont d'ordinaire
nommées les personnes « en l'honneur » de qui le don est fait. C'est
l'interprétation que je choisis, en supposant que le graveur a oublié
plusieurs syllabes ou mots. En tout cas, je ne vois aucun moyen de
restituer une syntaxe cohérente des lignes 14-16.
L'inscription se termine, comme l'inscription 4 {supra, p. 38) par la
mention du personnage chargée du soin matériel de faire le dépôt.
L'initiale du nom n'est pas claire : on peut lire tramane, moins facilement
šamane.
Commentaire historique : l'intérêt essentiel du texte est de former avec
les inscriptions 1-4 un ensemble confirmant l'existence d'une ère d'Azès
correspondant à l'ère vikrama. Cet ensemble témoigne aussi de l'existence
de formulaires utilisés tels quels par des rédacteurs de dédicaces, qui
apparaissent ainsi comme des textes en grande partie artificiels, des
assemblages de phrases toutes faites qu'il faut analyser soigneusement
avant de pouvoir juger de la situation linguistique réelle.
Quant au roi Kopsakasa, dont le nom apparaît ici pour la première
fois, je ne sais ce qu'il faut en dire. Son titre de maharaja en fait un
personnage plus important que le raja d'Apraca de l'inscription 1 ou le
raja d'Odi Senavarma2. Rien ne permet de voir dans Kopsakasa une
forme apparentée aux diverses variantes attestées du nom Kadphisès3 :
(1) Sten Konow, « Note on the Bajaur inscription of Menandros », Epigraphia Indica,
XXVII, pp. 52-58.
(2) BEFEO, LXXI, 1982, pp. 1-47.
(3) Liste des formes dans H. Humbach, Baktrische Sprachdenkmâler, Wiesbaden, 1966, I,
p. 40.
46 GÉRARD FUSSMAN
il n'y a pas grand chose de commun entre Kopšakasa et des formes
comme Kaphsasa, Kadaphasa, Kathpišasa. Par ailleurs Kadphisès
n'apparaît jamais seul; il est précédé d'un autre nom, Kujula ou Wima.
Rien de tel n'apparaît ici.
L'usage continué du comput d'Azès paraît plutôt indiquer que ce
maharaja Kopšakasa appartenait à la dynastie saka. C'est un des nom
breux potentats à se mêler à la lutte pour la possession du Panjâb que
se livrent dans les années 20-30 de n.è. Jihonika, Kujula Kadphisès,
Gondophernès et peut-être d'autres aventuriers ou chefs de bande dont
le nom n'est pas (encore ?) connu.
Strasbourg, décembre 1982.
Université de Strasbourg II.
ERA 094 du CNRS.
Planche I
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1. — Reliquaire du Bhagamoya. L. 1 on lit putrena Apraca-rajabhagamoyena.
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2. — Le même, vu de dessous.
Planche II
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6. — Reliquaire du Bhagamoya, suite. Ligne 1 on voit le chiffre 20 4, suivi de Šatrolikena.
Planche IV
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7. — Reliquaire pour Kopáakasa : vue d'ensemble avec deux autres boîtes (qui devaient
se trouver à l'intérieur de la grande ?).
Planche V
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