Plantes médicinales 1
PROTA est une fondation internationale à laquelle participent les institutions sui-
vantes :
- Wageningen University (WU), Plant Sciences Group (PSG), Haarweg 333, P.O.
Box 341, 6700 AH Wageningen, Pays-Bas
- Agropolis International (AGROPOLIS), Avenue Agropolis, F-34394 Montpellier
Cedex 5, France
- Royal Botanic Gardens Kew (RBGKEW), Centre for Economie Botany, Rich-
mond, Surrey TW9 3AB, Royaume-Uni
- Centre National de Semences Forestières (CNSF), 01 B.P. 2682, Ouagadougou
01, Burkina Faso
- Centre National de la Recherche Scientifique et Technologique (CENAREST),
B.P. 842, Libreville, Gabon
- Forestry Research Institute of Ghana (FORIG), KNUST, University P.O. Box
63, Kumasi, Ghana
- Parc Botanique et Zoologique de Tsimbazaza (PBZT), B.P. 4096, Tsimbazaza,
Antananarivo 101, Madagascar
- National Herbarium and Botanic Gardens of Malawi (NHBGM), P.O. Box 528,
Zomba, Malawi
- Makerere University (MU), Department of Botany, P.O. Box 7062, Kampala,
Ouganda
- World Agroforestry Centre (ICRAF), P.O. Box 30677, Nairobi, Kenya
- Prosea Foundation (PROSEA), P.O. Box 332, Bogor 16122, Indonésie
Plantes médicinales 1
\
Citation correcte de cette publication :
Schmelzer, G.H. & Gurib-Fakim, A. (Editeurs), 2008. Ressources végétales de
l'Afrique tropicale 11(1). Plantes médicinales 1. [Traduction de :Plant Resources of
Tropical Africa 11(1). Medicinal plants 1. 2008]. Fondation PROTA, Wageningen,
Pays-Bas / Backhuys Publishers, Leiden, Pays-Bas / CTA, Wageningen, Pays-
Bas. 869 pp.
Aucune partie de cette publication, sauf des données bibliographiques et des cita-
tions brèves incorporées dans des revues critiques, ne peut être reproduite, repré-
sentée ou publiée sous quelque forme que ce soit y compris imprimée, photocopiée,
microfilmée, ou par u n moyen électrique ou électromagnétique, sans l'autorisation
écrite du titulaire du copyright :Fondation PROTA, B.P. 341, 6700 AH Wageningen,
Pays-Bas.
Collaborateurs 6
Introduction 15
Les plantes médicinales, traitées par ordre alphabétique des noms scientifiques 19
Bibliographie 713
Collaborateurs
A.P. Dold, Selmar Schonland Herbarium, Albany Museum, P.O. Box 101, Gra-
hamstown 6139, South Africa (Azima tetracantha)
M. Domis, Tobias Asserlaan 104, 5056VD Berkel-Enschot, Netherlands (Piper
umbellatum)
E. Dounias, Centre d'Ecologie Fonctionnelle et Evolutive, Center for Evolutio-
nary and Functional Ecology (CEFE-CNRS), 1919, route de Mende, 34293
Montpellier cedex 5, France (Gloriosa superba, Microdesmis puberula, Pentadi-
plandra brazzeana, Sacoglottis gabonensis)
J. Elia, National Herbarium of Tanzania (TPRI), P.O. Box 3024, Arusha, Tan-
zania (Tabernaemontana pachy siphon)
V.E. Emongor, Department of Crop Science and Production, Botswana College
of Agriculture, Private Bag 0027, Gaborone, Botswana (Euphorbia hypericifolia,
Harrisonia abyssinica)
D.G. Fowler, Flat 4 Abbotsrood, 1Milnethorpe Road, Eastbourne BN20 7NR,
Sussex, United Kingdom (Adenia cissampeloides, Brucea antidysenterica, Eu-
phorbia grantii, Stephania abyssinica)
H.S. Foyet, Faculty of Science, Laboratory ofAnimal Physiology, University of
Yaoundé I, P.O. Box 812, Yaoundé, Cameroon (Synclisia scabrida)
P.E. Gasson, Jodrell Laboratory, Royal Botanic Gardens, Kew, Richmond, Sur-
rey TW9 3DS, United Kingdom (anatomie du bois)
O.M. Grace, PROTA Country Office United Kingdom, Royal Botanie Gardens,
Kew, Richmond, Surrey TW9 3AB, United Kingdom (Adenia cissampeloides,
Andrachne ovalis, Brucea antidy senterica, Euphorbia convolvuloides, Euphor-
bia grantii, Euphorbia tirucalli, Stephania abyssinica, Stephania dinklagei)
A. Gurib-Fakim, Faculty of Science, University of Mauritius, Réduit, Mauritius
(Heliotropium indicum, Heliotropium ovalifolium, Ochrosia borbonica, Plan-
tago lanceolata, Plantago major, Withania somnifera, éditeur)
R.K. Henning, Rothkreuz 11,D-88138 Weissensberg, Germany (Jatropha cur-
cas)
P . C M . Jansen, PROTA Network Office Europe, Wageningen University, P.O.
Box 341, 6700 AH Wageningen, Netherlands (Cannabis sativa, Solanum ni-
grum)
R.B. Jiofack Tafokou, Ecologie Museum of Cameroon, P.O. Box 8038, Yaounde,
Cameroon (Erythrococca anomala)
V. Kawanga, Zambian Branch, Commonwealth Forestry Association, Private
Bag RW 359X, Ridgeway, 15102 Lusaka, Zambia (Cassia abbreuiata, Erythro-
phleum africanum, Jatropha gossypiifolia, Senna singueana)
M.M. Kitambala, Département de Chimie de la Faculté des Sciences, Universi-
té de Lubumbashi, Lubumbashi, DR Congo (Uapaca guineensis)
A.M. Kouyaté, Institut d'Economie Rurale, B.P. 16, Sikasso, Mali (Detarium
microcarpum)
D.O. Ladipo, Centre for Environment, Renewable Natural Resources Manage-
ment, Research and Development (CENRAD), 5Akinola Maja Avenue, P.M.B.
5052, Jericho Hills, Ibadan, Nigeria (Bridelia atroviridis, Okoubaka aubrevillei)
J. Lejoly, Laboratoire de Botanique systématique et de Phytosociologie, Univer-
sité Libre de Bruxelles, Avenue F. Roosevelt 50, C.P. 169, B-1050 Bruxelles,
Belgium (Alchornea cordifolia)
COLLABORATEURS 9
Remerciements
Conseil d'administration
Personnel
Introduction
Choix des e s p è c e s
PROTA 11(1) :"Plantes médicinales 1"est le premier de 4 tomes décrivant les espè-
ces de plantes sauvages, ou parfois cultivées, d'Afrique tropicale, qui sont tradition-
nellement utilisées en médecine locale. Certaines d'entre elles ne sont pas exclusi-
vement utilisées pour les soins médicaux humains, mais également appliquées en
médecine vétérinaire, comme plantes toxiques utilisées comme pesticide, poison de
flèche ou de pêche, ou encore comme narcotiques. La plupart des espèces ont en ou-
tre plusieurs autres usages secondaires. PROTA affecte normalement un seul usage
primaire et, si cela est pertinent, un ou plusieurs usages secondaires à toutes les
espèces de plantes utilisées en Afrique. L'usage primaire de Voacanga africana
Stapf étant celui d'une plante médicinale, il est donc traité dans PROTA 11, mais il
a de nombreux usages secondaires, par exemple les branches sont utilisées en cons-
truction et pour fabriquer des instruments de musique, le bois sert de bois de feu,
l'écorce donne des fibres pour de la corde et du fil, et les fruits sont réputés comesti-
bles. En Tanzanie, Voacanga africana est planté à des fins ornementales grâce à ses
fleurs blanches odorantes. Les industries pharmaceutiques en Europe extraient de
la tabersonine de ses graines, qui se transforme facilement en vincamine, composé
largement utilisé en médicaments en gériatrie. Des extraits de graines s'appliquent
aussi en médicaments pour traiter les maladies cardiaques, l'hypertension et le can-
cer. Carissa spinarum L. (synonyme : Carissa edulis (Forssk.) Vahl) est également
assez important comme plante médicinale, mais son usage primaire est celui
d'un fruit ;par conséquent, il est décrit dans PROTA 6 : "Fruits".
Les autres plantes dont l'usage comme médicament est l'usage primaire seront trai-
tées dans les tomes 11(2) à 11(4). Dans le dernier tome 11(4), les plantes médicina-
les dont c'est l'usage secondaire seront listées comme "Plantes médicinales ayant un
autre usage primaire" et seront renvoyées à d'autres volumes de l'encyclopédie.
Dans PROTA 11(1), une espèce est décrite qui, à part son usage primaire comme
plante médicinale, a u n autre usage considéré comme primaire et par conséquent
sera incluse dans 2 groupes d'usage. Il s'agit de Jatropha curcas L. (inclus aussi
dans PROTA 14 : "Oléagineux").
Ce tome traite particulièrement de plusieurs familles botaniques qui comprennent
un grand nombre d'espèces de plantes médicinales, les plus nombreuses étant les
Apocynaceae, Asphodelaceae, Caesalpiniaceae, Euphorbiaceae, Loganiaceae, Menis-
permaceae et Solanaceae. On y trouvera aussi 19 autres familles qui comprennent
des plantes médicinales importantes, mais moins nombreuses.
Dans PROTA 11(1) :"Plantes médicinales 1", 134 espèces importantes de plantes
médicinales font l'objet de description complète. La plupart sont des espèces sauva-
ges, mais certaines sont cultivées ou semi-domestiquées. Les articles de synthèse
sont présentés dans un format détaillé et illustrés d'un dessin au trait et d'une carte
de répartition. En outre, 272 plantes médicinales secondaires font l'objet d'articles
au format simplifié, et ne comportent habituellement ni dessin ni carte car les in-
formations sur ces espèces sont souvent succintes. Pour 488 autres espèces,
l'information était tellement limitée que des articles séparés n'étaient pas justifiés ;
16 PLANTESMÉDICINALES l
ces espèces sont seulement mentionnées dans les articles sur les espèces apparen-
tées. Chaque article décrit les usages traditionnels et modernes et les propriétés
phytochimiques et pharmacologiques. Il rend plus facile et plus fiable l'identification
des espèces utiles, décrit les méthodes de collecte (récolte), de culture et
d'application les plus convenables, et indique le statut de recherche et de conserva-
tion de ces plantes.
Environ deux tiers des espèces de plantes utilisées en Afrique tropicale ont un usage
médicinal documenté, mais le nombre actuel est probablement plus élevé. Pour
PROTA 11,on n'a retenu que les espèces pour lesquelles la littérature fait preuve
qu'elles sont actuellement ou ont été jadis utilisées comme plante médicinale. De
telles références sont toutefois rares, souvent datées et généralement pauvres en
détails sur leur usage. Seules les espèces dont on connaît au moins une application
pratique ont été retenues. Cela signifie que l'on a exclu les espèces mentionnées
dans la littérature avec des remarques laconiques comme "la plante est utilisée mé-
dicinalement" ou "les racines s'utilisent en médecine".
Dans l'Afrique sub-saharienne, la médecine traditionnelle est restée depuis des siè-
cles le système de santé le plus accessible et le moins cher. Les plantes médicinales
contribuent de façon significative à la vie des populations rurales et à l'équilibre so-
cial en Afrique. La demande des marchés locaux et internationaux ne cesse
d'augmenter, ainsi que les activités de bioprospection à la recherche de nouvelles
substances actives.
Les ressources de plantes médicinales diminuent à un rythme alarmant, sous l'effet
de leur utilisation large et non durable, de leur importance économique croissante et
de l'évolution des milieux. De plus, la perte des savoirs autochtones sur les plantes
médicinales et la médecine traditionnelle s'accélère, surtout en Afrique, du fait de la
disparition des personnes âgées qui ont traditionnellement été les gardiens de ces
savoirs, et des transformations socio-culturelles des sociétés. Cette situation rend
nécessaires des politiques et des programmes de recherche, t a n t au niveau national
qu'international, sur la conservation et l'utilisation durable des plantes médicinales,
ainsi que sur la protection des droits des communautés autochtones sur l'usage de
leurs savoirs traditionnels.
N o m s des plantes
Origine et répartition g é o g r a p h i q u e
Pour éviter de longues listes de pays dans le texte, une carte de répartition a été
ajoutée pour les principales espèces. Cette carte indique les pays dans lesquels une
espèce a été répertoriée, soit à l'état sauvage, soit en culture. Toutefois, pour bon
nombre d'espèces, ces cartes sont incomplètes parce qu'elles sont réalisées sur la
base d'informations publiées dont la quantité et la qualité varient énormément
d'une espèce à l'autre. Ceci est tout particulièrement vrai pour les espèces sauvages
que ne couvrent pas, ou pas complètement, les flores régionales africaines, et pour
les espèces cultivées uniquement à petite échelle (par ex. dans les jardins fami-
liaux). Pour certains pays (comme la Centrafrique, le Tchad, le Soudan et l'Angola),
il existe relativement peu d'informations dans la littérature. Parfois, ces pays ne
sont pas consignés dans des flores régionales ou nationales récentes, et, même si
certaines espèces y sont présentes, il est impossible de le prouver ou de le confirmer.
Propriétés
La phytochimie des différentes parties de la plante est indiquée, avec une attention
spéciale pour les composés bio-actifs. Autant que possible, la connection est faite
entre les usages traditionnels d'une partie de la plante, les composés actifs isolés de
cette partie et les essais pharmacologiques confirmant ou non l'activité de ces com-
posés ou des extraits végétaux contenant ces composés actifs.
Description
Une caractérisation morphologique des espèces est donnée. Cette description, rédi-
gée en style télégraphique, fait usage des termes botaniques. Il n'est pas facile de
fournir une description destinée au grand public, car les termes de la langue com-
mune manquent souvent de la précision requise pour une description botanique. Un
dessin au trait est ajouté pour toutes les espèces principales et quelques espèces
moins connues, pour servir de complément à la description et l'illustrer.
Gestion
Ressources génétiques
Références
L'objectif principal de la liste de références donnée est de guider le lecteur vers des
informations complémentaires, et elle ne prétend pas être exhaustive. Les auteurs
et éditeurs ont sélectionné deux catégories de références. Le nombre de "références
principales" est limité à 10 (seulement 5 pour les espèces secondaires), et celui des
"autres références" à 20 (seulement 10 pour les espèces secondaires). Les références
figurant sur la liste incluent celles qui ont été utilisées lors de la rédaction de
l'article de synthèse. Lorsqu'Internet a été utilisé, le site web et la date de consulta-
tion sont mentionnés.
19
lypha fruticosa est présent depuis le Soudan nature, ce sont surtout des larves de Rhipice-
jusqu'en Somalie, et vers le sud en passant par phalus appendiculatus que l'on trouve sur Aca-
l'Afrique de l'Est et la R.D. du Congo jusqu'en lypha fruticosa.
Afrique australe, mais en évitant le bassin Botanique Arbuste monoïque aromatique,
humide du fleuve Congo. On le trouve aussi au fortement ramifié, atteignant 4 m de haut ;
Yémen, en Inde du Sud, au Sri Lanka et au tiges poilues et vertes au départ, presque gla-
Myanmar. bres et brun rougeâtre par la suite. Feuilles
Usages Les chasseurs-cueilleurs Suieis du disposées en spirale, simples ; stipules étroite-
nord du Kenya font cuire les racines dans une ment lancéolées, de 3-4 mm de long, brunes ;
soupe d'os de chèvre, qu'ils prennent pour trai- pétiole de 0,5-4,5(-7) cm de long ;limbe large-
ter les problèmes hépatiques, et les maux ment ovale à rhombique-ovale, de (l-)3-7(-9)
d'estomac provoqués par une surconsommation cm x 1-5 cm, base cunéiforme à arrondie, apex
de miel. La décoction de racine se boit pour acuminé, bords dentés, légèrement à réguliè-
traiter les convulsions, la fièvre, les rhumes et rement couvert de courts poils sur les deux
les œdèmes du scrotum. L'infusion de racine se faces, légèrement à régulièrement ponctué de
prend pour traiter les quintes de toux. Le fil- glandes jaunâtres en dessous, membraneux,
trat des feuilles macérées dans de l'eau ou du 5(-7)-nervé à la base et à (2—)4—5 paires de
lait se prend pour traiter la constipation. La nervures latérales. Inflorescence : épi axillaire,
tige et la racine se mastiquent pour traiter les solitaire, atteignant 5 cm de long, partie infé-
maux de dents. En Afrique australe, la décoc- rieure interrompue, portant l-4(-7) fleurs fe-
tion de racine se prend pour traiter les morsu- melles, partie supérieure portant des fleurs
res de serpent, la fièvre et les ulcères d'origine mâles congestionnées, terminé par une fleur
vénérienne. En Tanzanie, la décoction de feuil- femelle ; pédoncule poilu ; bractées largement
les se boit pour traiter l'épilepsie. L'infusion de ovales à réniformes chez les fleurs femelles,
feuilles se prend pour traiter les problèmes d'environ 1cm x 1—1,5 cm, dentées, légèrement
d'estomac et les œdèmes sur le corps. La macé- ponctuées de glandes jaunes, à côtes saillantes.
ration de feuilles sert de collyre pour traiter les Fleurs unisexuées, sessiles, pétales absents ;
infections oculaires. Le jus des feuilles est ava- fleurs mâles à minuscule calice 4-lobé, à denses
lé ou utilisé en gouttes nasales pour traiter la poils blancs, étamines 8 ; fleurs femelles à 3
toux et les affections pulmonaires. Les feuilles sépales ciliés, ovales-lancéolés, d'environ 1 mm
broyées s'appliquent en pâte sur la gale et les de long, ovaire supère d'environ 0,5 mm de
plaies. Les feuilles fraîches broyées mêlées à de diamètre, 3-loculaire, 3-lobé à presque globu-
l'eau servent en friction et en inhalation pour leux, densément et brièvement poilu, styles 3,
leurs vertus sédatives. Les tiges broyées dans libres, d'environ 4 mm de long, frangés, roses
de l'eau s'appliquent sur les plaies des ani- ou rouges. Fruit : capsule 3-lobée d'environ 2
maux. mm x 3 mm, ponctué de glandes jaunes, den-
Les Suieis du nord du Kenya utilisent la tige sément et brièvement poilue, se fendant en 3
pour confectionner des hampes de flèches et méricarpes, chacun 2-valve et contenant 1
des couvercles de ruches. En Tanzanie, les graine. Graines ellipsoïdes-ovoïdes, de 1,5-2
pousses feuillées d'Acalypha fruticosa sont mm x 1-1,5 mm, lisses, brunes, à caroncule
consommées comme légume. En Afrique de elliptique.
l'Est, Acalypha fruticosa est une plante de pâ- Le ratio de fleurs mâles par rapport aux femel-
ture importante pour les moutons. En Ethiopie, les augmente des inflorescences du bas à celles
les feuilles séchées sont un succédané du thé. du haut, et augmente également avec
Propriétés Un extrait aqueux de feuilles l'altitude.
s'est avéré avoir une activité antibactérienne Le genre Acalypha comprend environ 460 espè-
significative contre Staphylococcus aureus et ces et est présent dans toutes les régions tropi-
Enterococcus faecalis in vitro. L'extrait de ra- cales, subtropicales et tempérées chaudes, sauf
cine n'a pas fait ressortir d'activité antifongi- en Europe. En Afrique tropicale, il y en a envi-
que. L'extrait de feuille au methanol a montré ron 65 espèces, et environ 35 espèces à Mada-
une activité antioxydante in vitro et une activi- gascar et sur d'autres îles de l'océan Indien.
té anti-inflammatoire chez les rats. Dans des Plusieurs autres espèces pérennes d'Acalypha
essais menés en laboratoire, des larves de plu- à fleurs mâles et femelles sur la même inflores-
sieurs espèces de tiques du bétail ont été parti- cence ont des usages médicinaux. La décoction
culièrement attirées par Acalypha fruticosa en de racine d'Acalypha engleri Pax & K.Hoffm.,
raison de l'odeur que dégage la plante. Dans la espèce du sud-est du Kenya et de la Tanzanie,
ACALYPHA 23
plasme confectionné avec la plante entière est extrait à Féthanol des parties aériennes a mon-
utilisé pour soigner les maux de tête. Le jus de tré une activité vulnéraire modérée en applica-
feuilles se prend comme émétique et la décoc- tion topique sur des rats.
tion de racine comme laxatif. Acalypha indica Des extraits bruts ainsi que des fractions à
faisait jadis partie de la pharmacopée britan- Fhexane, au chloroforme, à l'acétone et au me-
nique. Il a de nombreux usages médicinaux en thanol de pousses, de feuilles et de racines ont
Inde et figure dans la pharmacopée indienne fait ressortir une activité antibactérienne et
comme expectorant pour traiter l'asthme et la antifongique ; c'est l'extrait au chloroforme des
pneumonie. pousses et des feuilles qui a montré l'activité la
Au nord-est de l'Afrique, Acalypha indica est plus forte. Il a également fait preuve d'activité
brouté par les moutons et les chèvres. En Inde larvicide contre les larves d'^edes aegypti et de
et en Indonésie, la plante est cultivée pour ses Tribolium casteneum. La pâte de feuilles a fait
pousses et ses feuilles comestibles, qui sont ressortir une activité acaricide significative in
cuites comme légume. vitro (48 h) et in vivo (14 jours) contre Psorop-
Propriétés Les parties aériennes séchées tes cuniculi, un parasite des lapins.
contiennent un hétéroside cyanogénétique, L'acalyphine sert de substitut à l'ipecacuanha
l'acalyphine (0,3%), qui est un dérivé de la 3- tirée de Psychotria ipecacuanha (Brot.) Stokes,
cyanopyridone. Des flavonoïdes, notamment pour ses vertus vermifuges, expectorantes et
des hétérosides à kaempférol (mauritianine, émétiques.
clitorine, nicotiflorine et biorobine) ont été iso- La composition des pousses par 100 g de partie
lés des fleurs et des feuilles. La plante contient comestible est la suivante : eau 80 g, énergie
par ailleurs des tanins, du ß-sitosterol (0,1%), 269 kJ (64 kcal), protéines 6,7 g, lipides 1,4 g,
de l'acalyphamide, de l'aurantiamide, de la glucides 6 g, fibres 2,3 g, Ca 667 mg, P 99 mg,
succinimide, ainsi que de la flindersine, un Fe 17 mg et acide ascorbique 147 mg.
alcaloïde pyranoquinolinone. Certains des Description Plante herbacée monoïque, an-
composés à'Acalypha indica provoquent un nuelle ou parfois vivace à vie courte, atteignant
intense changement de couleur du sang, qui l,5(-2,5) m de haut ; tiges légèrement à den-
prend une teinte chocolat foncé, et une irrita- sément poilues. Feuilles disposées en spirale,
tion gastro-intestinale chez les lapins. De plus,
l'ingestion de médicaments phytothérapeuti-
ques à base à'Acalypha indica peut donner lieu
à une hémolyse chez des patients souffrant de
déficience en glucose-6-phosphatase déshydro-
génase.
Des extraits à Féthanol à'Acalypha indica font
ressortir une activité sélective significative
contre les virus de la stomatite vésiculaire.
Une activité cytotoxique contre les lignées de
cellules HeLa a été observée.
Un extrait de feuilles à Féthanol a montré une
inhibition significative de la létalité, des hé-
morragies, de la nécrose et de la dégranulation
des mastocytes induites par le venin de Viper
russelli chez les rats, ainsi que des effets car-
diotoxiques et neurotoxiques sur des tissus
isolés de grenouille. L'administration d'un ex-
trait à Féthanol a aussi inhibé de façon signifi-
cative la peroxydation des lipides induite par
venin et les taux de catalase du tissu rénal de
rat. Des extraits à Féther de pétrole et à
Féthanol de la plante entière ont eu une activi-
té antifertile post-coïtale significative chez des
rats femelles, et cette activité anti-
implantation était réversible après retrait des Acalypha indica - 1,rameau enfleurs ;2, fleurs
extraits. Ces deux extraits ont montré une ac- femelles avec bractée ;3, apex de l'inflorescence.
tivité œstrogène à 600 mg/kg de poids vif. Un Source: PROSEA
ACALYPHA 25
palakrishnan et al., 2000 ; Gurib-Fakim, Guého les à 3 minuscules sépales, ovaire supère, cou-
& Bissoondoyal, 1996 ; Hiremath et al., 1999; vert d'épines charnues, 3-loculaire, styles 3,
Lavergne &Véra, 1989 ;Masih & Singh, 2005; fusionnés à la base, profondément frangés,
Nahrstedt, Hungeling & Petereit, 2006 ; Neu- rouges. Fruit : capsule 3-lobée de 3-4 mm de
winger, 2000 ;Shirwaikar et al., 2004 ; Siregar, long, épineuse. Graines ovoïdes, de 2,5-3 mm
2001. de long, brun pâle.
Autres références Adjanohoun et al., 1983a; Le genre Acalypha comprend environ 460 espè-
Adjanohoun et al. (Editors), 1982 ; Ali et al., ces et est présent dans toutes les régions tropi-
1996 ;Andriamanga, 1995 ;Gurib-Fakim et al., cales, subtropicales et tempérées chaudes, sauf
1993 ; Hiremath et al., 1993 ; Lamabadusuriya en Europe. On en dénombre environ 65 espèces
& Jayantha, 1994 ; Prema, 2004 ; Reddy, Rao en Afrique tropicale, et 35 environ à Madagas-
&, 2002 ; Samy, Ignacimuthu & Raja, 1999; car et sur d'autres îles de l'océan Indien. Aca-
Singh et al., 2004 ;Solomon, Kallidass &Vima- lypha integrifolia est une espèce variable dont
lan, 2005 ; Talapatra, Goswami & Talapatra, on distingue 3 sous-espèces et 7 variétés. Il
1981. existe plusieurs autres espèces dAcalypha à
Sources de l'illustration Siregar, 2001. usages médicinaux qui sont endémiques des
A u t e u r s G.H. Schmelzer îles de l'océan Indien. La décoction de feuilles
dAcalypha lyallii Baker, de Madagascar et des
Comores, s'utilise en massage sur des parties
ACALYPHAINTEGRIFOLIA Willd. du corps pour traiter les rhumatismes. La dé-
coction des parties aériennes ou l'écorce de la
Protologue Sp. pi. 4(1) :530 (1805). tige dAcalypha andringitrensis Leandri et Aca-
Famille Euphorbiaceae lypha radula Baill., deux espèces malgaches, se
Noms vernaculaires Bois queue de rat, bois prend par voie orale ou en inhalation pour trai-
de crève cœur, bois de Charles (Fr). ter la fièvre et la syphilis. Les feuilles écrasées
Origine et r é p a r t i t i o n g é o g r a p h i q u e Aca- s'appliquent en topique pour traiter la gale.
lypha integrifolia est présent à Madagascar, L'infusion de feuilles dAcalypha decaryana
sur l'île de la Réunion et sur l'île Maurice. Leandri, autre espèce malgache, se prend pour
Usages Sur l'île de la Réunion et l'île Mau- ses vertus purgatives dans le traitement de la
rice, la décoction de feuilles, astringente et dysenterie. La décoction des tiges feuillées
purgative, se prend pour éliminer les vers in- d'Acalypha spachiana Baill., de Madagascar
testinaux. Les infections de la peau se traitent également, se prend pour traiter les maladies
avec des bains dans une décoction de feuilles. vénériennes. Les tiges souples sont utilisées
P r o p r i é t é s Les feuilles, les tiges et les raci- pour faire des paniers. Elles produisent par
nes contiennent des saponines, des tanins, des ailleurs un colorant noir.
sterols, des terpènes et des traces d'alcaloïdes. Ecologie Acalypha integrifolia est présent
Botanique Arbuste monoïque atteignant 2 dans les buissonnaies, depuis le niveau de la
m de haut ; rameaux dressés et ramilles éta- mer jusqu'à 1000 m d'altitude.
lées, glabres. Feuilles disposées en spirale, Ressources g é n é t i q u e s et sélection Rela-
simples ; stipules étroitement triangulaires, de tivement commun, Acalypha integrifolia n'est
1-9 mm de long ; pétiole de 2-20 mm de long; pas menacé d'érosion génétique, bien que plu-
limbe elliptique-ovale, obovale-elliptique à ob- sieurs sous-espèces et variétés soient limitées à
long, de 4-13(-18) cm x l-4,5(-6,5) cm, base de petites zones ou connues seulement par
arrondie, tronquée ou cordée, apex aigu à ob- quelques collectes.
tus, bords dentés, membraneux, glabre, penna- Perspectives L'usage d'Acalypha integrifo-
tinervé, vert, parfois à bords rouges, ou vert lia comme plante médicinale reste occasionnel
au-dessus et violet à rouge au-dessous. Inflo- et il est peu probable que son importance dé-
rescence mâle : épi axillaire, solitaire, attei- passe le cadre local, sauf si de nouvelles décou-
gnant 20 cm de long, à nombreuses fleurs, vertes révélaient d'intéressantes activités
fleurs en groupes, pédoncule court, brièvement pharmacologiques.
poilu ; inflorescence femelle : bouquet axillaire Références p r i n c i p a l e s Boiteau, Boiteau
de 1-5 fleurs, bractées larges, obovales, de 2-5 & Allorge-Boiteau, 1999 ; Coode, 1982 ; Gurib-
mm de long. Fleurs unisexuées, sessiles, péta- Fakim &Brendler, 2004 ;Lavergne, 2001.
les absents ;fleurs mâles à minuscule calice 4- A u t r e s références Adjanohoun et al. (Edi-
lobé, presque glabre, vert à rougeâtre, étami- tors), 1982 ;Neuwinger, 2000 ;Pernet & Meyer,
nes 8, libres, anthères enroulées ;fleurs femel- 1957 ;Said &Petitjean, 1995.
ACALYPHA 27
émétique et antidote. EnInde, Acalypha race- feuilles seboit, oula cendre derameaux feuil-
mosa estcultivé comme légume. les s'inhale pour traiter les points de côté.
Ecologie Acalypha ornata estprésent ensous- L'infusion de rameaux feuilles se prend par
étage eten lisière deforêt, dans lasavane arbo- voie orale etlavapeur s'inhale pour traiterles
rée, les forêts claires décidues et les fourrés, étourdissements. La décoction de feuilles
souvent dans lesendroits rocailleux ouaubord s'utilise en lavement pour traiter la diarrhée,
des rivières, oudans la végétation secondaire, et s'avale pour traiter lesparasites intestinaux.
depuis le niveau de la merjusqu'à 2000 m Botanique Plante herbacée vivace ouar-
d'altitude. buste, monoïque, érigé, atteignant 3 m de
Gestion Lesfeuilles etlesracines d'Acalypha haut ; tiges peuà densément poilues, avecou
ornata serécoltent principalement dans la na- sans poils glandulaires. Feuilles disposées en
ture pendant la saison des pluies. Lamultipli- spirale, simples ; stipules linéaires-lancéolées,
cation se fait pargraines et parboutures.En de 2—4mmdelong ; pétiole jusqu'à 11 cm de
Afrique centrale, Acalypha ornata estun hôte long, mince ;limbe ovale àovale-lancéolé, de 2 -
de lapunaise ducoton (Helopeltis schoutedeni), 15 cmx 1-9 cm, base arrondie à cordée, apex
un des ravageurs les plus importants ducoton acuminé, bords dentés, membraneux, briève-
et desEucalyptus spp. ment poilu àpresque glabre sur les deux faces,
Ressources génétiques et sélection Aca- plus poilu lelong delanervure médiane,(5—)7—
lypha ornata est commun dans toute sa très 9-nervé à la base et à 4-6paires de nervures
vaste aire derépartition ;iln'est donc pasme- latérales. Inflorescence :épiaxillaire, solitaire
nacé d'érosion génétique. ou en paires, atteignant 9(-12) cm de long,
Perspectives Acalypha ornata a plusieurs comportant surtout desfleurs mâles et(1—)3—
usages médicinaux, mais onnesait rien surla 4(—8) fleurs femelles à la base ;pédoncule poi-
chimie etla pharmacologie dela plante. Si on lu ; bractées desfleurs femelles profondément
ne l'étudié pasdavantage, l'espèce ne gardera 5-7-lobées, lobes linéaires-lancéolés à ovales-
d'importance qu'au niveau local. Ses usages lancéolés, lelobe médian atteignant 8mmx 12
comme légume, comme plante à fibre et plante mm. Fleurs unisexuées, sessiles, pétales ab-
ornementale méritent un approfondissement sents ; fleurs mâles à minuscule calice 4-lobé,
des recherches. brièvement poilu, rougeâtre, étamines 8, libres,
Références principales Burkill, 1994 ; Neu- anthères jaunâtres ;fleurs femelles à3 sépales
winger, 2000 ; Radcliffe-Smith, 1996a ; Ruffo, ovales, ciliés, d'environ 0,5 mmdelong, ovaire
Birnie &Tengnäs, 2002. supère d'environ 0,5mmde diamètre, légère-
Autres références Haerdi, 1964;Hamillet ment 3-lobé, densément etbrièvement poilu,3-
al., 2000 ; Ichikawa, 1987; Kokwaro, 1993; loculaire, styles 3,libres, de2-3mmdelong,
Mtengeti & Mhelela, 2006 ; Terashima & frangés, blancs. Fruit : capsule 3-lobée d'en-
Ichikawa, 2003. viron 1,5mm x 2,5mm, densément et briève-
Auteurs G.H. Schmelzer ment poilue. Graines ovoïdes-globuleuses,
d'environ 1mmx 1mm, lisses, brunes, à ca-
roncule petite.
ACALYPHA PSILOSTACHYAHöchst, ex A.Rich. Le genre Acalypha comprend environ 460espè-
ces etserencontre dans toutes les régions tro-
Protologue Tent. fl. abyss.2:246(1850). picales, subtropicales et tempérées chaudes,
Famille Euphorbiaceae sauf en Europe. Onen dénombre environ 65
Origine etrépartition géographique Aca- espèces en Afrique tropicale, et 35 environ à
lypha psilostachya serencontre depuis le Sou- Madagascar et surd'autres îles del'océanIn-
dan et l'Ethiopie jusqu'au Malawi, la Zambie, dien. Acalypha psilostachya comprend 2varié-
l'Angola etleMozambique. tés dont les aires derépartition se chevauchent
Usages Au Burundi, la décoction de feuilles pour la plus grande partie ; var. psilostachya,
se prend pour traiter lesmaux detête, contre avec unetige et uneinflorescence densément
la rétention placentaire etcomme tonique pour poilues, etvar.glandulosa Hutch., dont lapilo-
les femmes enceintes. Le jus de feuilles se sité est variable mais qui a aussi des poils
prend pour arrêter les saignements pendant la glandulaires.
grossesse et pour traiter l'aménorrhée. La dé- Ecologie Acalypha psilostachya pousse en
coction de rameaux feuilles sert en bain ocu- sous-étage delaforêt submontagnarde humide,
laire et le jus desfeuilles s'utilise en collyre dans les vallées, également dans les savanes
pour traiter la conjonctivite. La décoction de herbeuses et les forêts marécageuses submon-
ACALYPHA 29
fide. Fruit : baie ellipsoïde de 1,5—3(—4) cm de tifs fréquemment employés dans la production
long, violette à maturité, à pulpe verte à rouge de poison. De nombreux additifs provenant
profond, contenant 1-2 graines. Graines ellip- d'animaux, par ex. des araignées venimeuses,
soïdes, piano-convexes, de 6-10 mm de long, des insectes, des glandes de vipères et de co-
lisses, glabres. bras séchées et réduites en poudre, peuvent
A u t r e s d o n n é e s b o t a n i q u e s Le genre Aco- aussi être incorporés pour renforcer la toxicité
kanthera comprend 5 espèces et se limite à du poison.
l'Afrique, mais une espèce se trouve aussi au Ressources g é n é t i q u e s Acokanthera oppo-
Yémen. Il s'apparente au genre Carissa. sitifolia est une espèce relativement commune,
Croissance et d é v e l o p p e m e n t Acokanthe- et rien ne semble indiquer qu'il soit menacé
ra oppositifolia est un arbre à croissance rela- d'érosion génétique. En Afrique australe, c'est
tivement rapide, qui tolère la sécheresse et un colonisateur envahissant qui a tendance à
l'ombre, et qui résiste au gel. Sa floraison a lieu devenir une adventice.
de fin janvier à mars, et sa fructification d'avril Perspectives Les cardénolides d'Acokanthera
à juillet en Afrique du Sud et en Tanzanie ; il oppositifolia sont extrêmement toxiques. La
fructifie de février à mars au Kenya. Ce sont plupart d'entre eux n'ont pas fait l'objet
surtout les insectes qui pollinisent et les ani- d'études pharmacologiques, raison pour la-
maux qui dispersent les graines. quelle il y a lieu d'approfondir les recherches
Ecologie Acokanthera oppositifolia se ren- afin d'évaluer les perspectives d'avenir que
contre à 1000-2400 m d'altitude dans des ré- représentent les différents composants. Aco-
gions où la pluviométrie annuelle est de 600- kanthera oppositifolia a de magnifiques feuilles
1000 mm. Il pousse sur des sols rocailleux coriaces vert foncé, de splendides inflorescences
d'argiles rouges et argilo-limoneux, souvent sur parfumées, et il tolère la sécheresse et le gel;
des termitières. On le trouve généralement sur toutes ces qualités en font un arbre ornemental
des collines rocheuses, en lisière de ripisylve, intéressant, en dépit de sa toxicité qui le rend
en brousse côtière, ou en savane boisée. dangereux.
Multiplication et p l a n t a t i o n Acokanthera Références p r i n c i p a l e s Coates Palgrave,
oppositifolia se multiplie par graines ou par 1983 ; Hauschild-Rogat, Weiss & Reichstein,
boutures de bois semi dur. Les graines ne né- 1967 ; Kupicha, 1982 ; Maundu & Tengnäs,
cessitent pas de traitement préalable et doi- 2005 ; Neuwinger, 1996 ; Neuwinger, 2000 ;
vent être semées fraîches car elles ne se Omino, 2002.
conservent pas longtemps. Elles contiennent A u t r e s références Dharani, 2002 ; Hanna
beaucoup d'eau et perdent rapidement leur et al., 1998 ; Karawya, Abdel Wahab & Niazi,
viabilité lors du stockage. Les sauvageons peu- 1974 ;Kokwaro, 1993 ;Laudadio &Davis, 2003;
vent également servir à la multiplication. Maundu et al., 2001 ; Maundu, Ngugi & Ka-
Gestion On laisse habituellement Acokan- buye, 1999 ; Pieri, Arnould Guerin & Sefraoui,
thera oppositifolia sur les pâturages et sur les 1992 ;Ruffo, Birnie &Tengnäs, 2002 ;Tyiso &
champs en tant qu'essence d'ombrage. On peut Bhat, 1998 ; van Wyk, van Heerden & van
avoir recours à la taille et à l'étêtage pour une Oudtshoorn, 2002 ; van Wyk, van Oudtshoorn
bonne conduite. & Gericke, 1997 ; Watt & Breyer-Brandwijk,
Récolte Les fruits sont ramassés à la main 1962.
ou récoltés à l'aide d'une gaule. Sources de 1'illustration Kupicha, 1982.
R e n d e m e n t s Pour obtenir 100 g de poison A u t e u r s O.O. Bethwell
à'Acokanthera oppositifolia, il faut 1kg de bois,
ainsi que 250 gde racines et 100 g de feuilles.
T r a i t e m e n t a p r è s récolte Le bois ou les ACOKANTHERASCHIMPERI (A.DC.) Schweinf.
racines d'Acokanthera oppositifolia sont mis à
bouillir longuement dans de l'eau jusqu'à Protologue Bol. Soc. Afr. Italia 10(11-12) :
l'obtention d'une substance semblable au gou- 12 (1891).
dron. Celle-ci est filtrée et entreposée dans un Famille Apocynaceae
récipient hermétique, hors de portée des en- Synonymes Carissa schimperi A.DC. (1844),
fants. L'incorporation de morceaux de végétaux Acokanthera ouabaio Poisson (1888).
et d'animaux dans le poison de flèche est une Noms v e r n a c u l a i r e s Common poison bush,
pratique courante en Afrique australe. Le latex arrow-poison tree (En).Msunguti, msungu (Sw).
frais provenant A'Euphorbia spp. et les bulbes Origine et r é p a r t i t i o n g é o g r a p h i q u e Aco-
de Boophone disticha (L.f.) Herb, sont des addi- kanthera schimperi est présent de l'Erythrée à
34 PLANTES MÉDICINALES l
cardiaques sont prescrits à faibles doses aux mate très légèrement bifide. Fruit : baie ellip-
patients souffrant d'insuffisance cardiaque. A soïde de 1-2,5 cm de long, violette à maturité, à
fortes doses, ils ont une action inhibitrice di- pulpe verte à rouge profond, renfermant 1-2
recte sur la conduction atrio-ventriculaire asso- graines. Graines ellipsoïdes, piano-convexes, de
ciée à un ralentissement de la fréquence car- 6-13 mm de long, lisses, glabres.
diaque. Une piqûre de flèche empoisonnée pro- Autres données botaniques Le genre Aco-
voque la mort presque instantanée d'un ani- kanthera comprend 5 espèces et se limite à
mal, alors qu'un homme blessé par flèche met- l'Afrique, mais Acokanthera schimperi se
tra entre 30 minutes et 2 heures avant de mou- trouve aussi au Yémen. Il est apparenté au
rir. En médecine, l'ouabaïne permet de soigner genre Carissa. Il existe deux types à'Acokan-
l'insuffisance cardiaque, comme les hétérosides thera schimperi : un type à grandes feuilles
de Digitalis. (mesurant jusqu'à 11 cm) et un type à petites
Un extrait au methanol des feuilles a montré feuilles. Un troisième type, grimpant et dont le
une nette activité antivirale contre le virus de bord des feuilles est courtement et abrupte-
la grippe A, le virus Coxsackie B3 et le HSV-1 ment recourbé, a été signalé au Kenya. Aco-
en bloquant leur replication. L'extrait a égale- kanthera schimperi a été domestiqué sur le
ment montré une activité antibactérienne no- littoral kenyan par les Giriamas. La domestica-
table contre Staphylococcus aureus et Pseudo- tion a accentué la variabilité génétique de
monas aeruginosa, de même qu'une nette acti- l'espèce ; le type à grandes feuilles, vraisem-
vité antifongique contre Trichophyton menta- blablement domestiqué, présente des taux très
grophytes. importants d'ouabaïne.
Falsifications et succédanés Le poisond'Aco- L'écorce du tronc A'Acokanthera laevigata Ku-
kanthera oppositifolia peut remplacer celui picha de Tanzanie et du Malawi, appelée aussi
à'Acokanthera schimperi, même si cette der- "msunguti" en swahili, est très utilisée pour
nière espèce est plus largement utilisée pour la fabriquer du poison de flèche. Elle contient des
production de poison. Des marchands malhon- alcaloïdes semblables à ceux des autres espèces
nêtes frelatent parfois le poison en y incorpo- à'Acokanthera. Les troncs résistants convien-
rant de la terre noire. nent à la fabrication de poteaux, de manches
Description Arbre, quelquefois arbuste, d'outils et comme bois de chauffage.
sempervirent, très ramifié, atteignant 9(—10)m Croissance et développement La vitesse
de haut, à tronc court ; écorce brune, molle; de croissance à'Acokanthera schimperi est mo-
cime dense, arrondie ;jeunes branches glabres dérée. Au Kenya, il donne des fruits de février
ou poilues, nettement anguleuses et côtelées. à mars et en Tanzanie d'avril à juillet. Les
Feuilles opposées décussées, simples et entiè- fleurs sont essentiellement pollinisées par les
res ; stipules absentes ; pétiole de 1—6(—9) mm abeilles et les graines sont dispersées par les
de long ; limbe elliptique à ovale ou largement animaux.
ovale, de 2-10 cm x 1,5-6,5 cm, base cunéi- Ecologie Acokanthera schimperi se rencontre
forme ou arrondie, apex aigu, obtus ou arrondi, en lisière de forêts sèches, en forêts relictes,
à mucron dur, coriace, lustré, glabre ou cour- dans les fourrés, en savanes herbeuses et ar-
tement poilu, pennatinervé, à nervures latéra- bustives, à 1100—2400 m d'altitude et avec une
les indistinctes, se raccordant en boucles. Inflo- pluviométrie annuelle de 600—1000 mm. Il ré-
rescence : cyme axillaire dense, à nombreuses siste à la sécheresse, préfère les sols rocailleux
fleurs. Fleurs bisexuées, régulières, 5-mères, rouges ou noirs, bien drainés, mais pousse aus-
odorantes ;sépales libres, ovales à lancéolés, de si sur les vertisols et sur les sols pauvres en
(1—)l,5-2,5 mm de long, apex acuminé à aigu, lieux secs. Sa répartition dans les basses terres
courtement poilus ou glabres à l'extérieur, ci- semble être due à son introduction par
liés ; tube de la corolle cylindrique, de 8-12,5 l'homme.
mm de long, glabre ou courtement poilu à Multiplication et plantation Acokanthera
l'extérieur, à l'intérieur légèrement poilu dans schimperi se régénère naturellement par grai-
la moitié supérieure et ridé en dessous, rose ou nes. Au Kenya et en Ethiopie, on repique des
rouge, lobes ovales, de 2,5-5 mm de long, apex sauvageons dans les jardins. Les graines ont
aigu, glabres dessus, glabres à courtement poi- une teneur en eau importante et perdent faci-
lus dessous, ciliés, blancs ; étamines insérées à lement leur viabilité tant à température am-
7-10 mm de la base du tube de la corolle, légè- biante qu'au stockage. On compte 400-450
rement exsertes ; ovaire supère, ellipsoïde, 2- graines par kg. La germination des graines est
loculaire, style fin, de 7-10 mm de long, stig- faible.
36 PLANTES MÉDICINALES I
nia cissampeloides est présent depuis le Séné- Nigeria, on frictionne les seins des femmes
gal jusqu'en Somalie, et dans toute l'Afrique avec des feuilles pour stimuler l'écoulement du
centrale et l'Afrique de l'Est jusqu'en Afrique lait. Une décoction de racine pelée se boit pour
australe, Afrique du Sud comprise. On le traiter les testicules gonflés. L'infusion de
trouve également aux Seychelles. feuilles est employée comme stimulant pour
Usages Adenia cissampeloides a de nombreux traiter la dépression, et l'aliénation mentale au
usages en médecine traditionnelle dans toute Zimbabwe. Les Manos du Liberia utilisent
l'Afrique tropicale. Les plus souvent mention- l'écorce interne pour provoquer l'amnésie. Les
nés sont l'infusion ou la décoction de racine, de racines se mastiquent pour traiter les morsures
tige ou de feuilles pour le traitement des trou- de serpent et sont utilisées comme antidote au
bles gastro-intestinaux tels que maux poison de flèche tiré d'Acokanthera. En Afrique
d'estomac, constipation, diarrhée et dysenterie. de l'Ouest, en Centrafrique et en Ethiopie, on
Ces infusions ou décoctions se prennent égale- jette les tiges broyées dans l'eau comme poison
ment pour traiter différentes affections in- de pêche. Les feuilles, les rameaux, l'écorce, le
flammatoires, généralement les œdèmes et les bois et les racines peuvent également servir à
rhumatismes, ainsi que pour soulager les dou- confectionner des poisons de pêche ou de flèche.
leurs, en particulier les maux de tête et de dos. En Afrique centrale, orientale et australe, les
Une décoction de feuilles ou de racine se prend feuilles se cuisent pour être consommées
pour traiter la fièvre et le paludisme et pour comme légume, seules ou avec d'autres ingré-
ses vertus diurétiques. Les racines pilées, et dients. Le jus rougeâtre sert de cosmétique
parfois d'autres parties de la plante, sont cou- pour le visage. Au Gabon, on fait de la corde
ramment utilisées pour panser les blessures et avec les tiges. En Sierra Leone, lejus des tiges
les plaies. Pour la lèpre, une décoction de feuil- sert à donner une surface lisse aux sols de
les s'applique sur les plaies, et une décoction de terre battue. Des rameaux broyés déposés à
racines se prend par voie orale en combinaison l'entrée d'une ruche tranquillisent momenta-
avec un bain de vapeur préparé avec les feuil- nément les abeilles. Au Botswana, on utilise
les. Au Kenya et en Tanzanie, les cendres de également la fumée de racines en train de se
l'écorce ou de la racine sont mélangées à de consumer pour calmer les abeilles avant la
l'huile de ricin pour traiter la gale. En Afrique récolte du miel.
orientale, une décoction de racines se boit pour Production et commerce international Une
traiter le choléra et, additionnée de lait, pour étude réalisée dans les années 1980 au Kwazu-
traiter l'anémie. Un extrait de racine et de ti- lu-Natal, en Afrique du Sud, a montré qu'en
ges est administré par voie orale pour traiter une année, des négociants en herboristerie
les vers intestinaux. La décoction de feuilles se avaient acheté à des cueilleurs plus de 450 sacs
boit pour traiter les affections hépatiques. En d'Adenia cissampeloides frais récolté dans la
Tanzanie, la pâte de feuilles s'applique sur les nature.
os brisés et les fractures. En R.D. du Congo et Propriétés La tige, les feuilles, le fruit et les
en Afrique orientale et australe, la feuille et la racines d'Adenia cissampeloides contiennent
tige réduites en poudre sont mises à macérer et des hétérosides cyanogénétiques : tétraphylline
se prennent pour traiter les affections de la B (bartérine) et épitétraphylline B (volkénine).
rate. Les bronchites et autres affections pul- Les feuilles renferment également du gummi-
monaires se traitent avec les feuilles, consom- férol, un di-époxide polyacétylénique cytotoxi-
mées crues avec du sel et de l'huile de palme ou que, qui a démontré une activité anti-
préparées comme légume cuit avec de la viande cancéreuse in vitro. On a associé l'abus d'Ade-
ou du poisson. Les infusions de racine ou des nia cissampeloides chez les Zoulous d'Afrique
parties aériennes se prennent pour traiter les du Sud à des affections hépatiques, et des tests
maladies vénériennes et la stérilité. En Centra- in vivo ont confirmé la présence de composés
frique, on introduit des copeaux de racine dans provoquant des lésions du foie. Les feuilles et
le vagin ou on fait des lavements utérins avec l'écorce de la racine sont riches en fer ; la te-
la décoction de racine pour provoquer des avor- neur moyenne en fer des feuilles, par 100 g de
tements. La décoction de racine peut aussi se matière sèche, est de 32,5 mg, de 9,9 mg dans
prendre pour traiter les règles trop abondan- l'écorce de la tige et de 32,1 mg dans l'écorce de
tes. Au Zimbabwe, on boit une infusion de ra- la racine. Lors d'un essai de laboratoire, des
cine et de feuilles et on consomme la poudre de extraits aqueux de la plante ont eu sur la ten-
racine et de feuilles dans de la bouillie pour sion artérielle des chats un effet déprimant lié
prévenir les menaces de fausses couches. Au à la dose. L'effet était neutralisé par de petites
38 PLANTES MÉDICINALES l
doses d'atropine. Un deuxième principe actif jusqu'à 2(-4) cm de long entre les rameaux,
pourrait être sympathomimétique et avoir une comportant jusqu'à 35 fleurs dans l'inflores-
action vasoconstrictive. L'effet de la plante sur cence mâle et 2-6 fleurs dans l'inflorescence
Plasmodium falciparum in vitro est négligea- femelle ; pédoncule de (0,5-)l—12(—16) cm de
ble. Un extrait au diéthyl-éther tiré de l'écorce long ; bractées et bractéoles étroitement trian-
et formulé en concentré emulsionnable, consti- gulaires, de 0,5-1 mm de long, aiguës, fine-
tue un anesthésiant efficace sur l'abeille afri- ment dentées. Fleurs unisexuées, régulières, 5-
caine (Apis mellifera adansonii). La pulpe de mères, verdâtre pâle ; pédicelle de 2—10(—15)
tige a montré un effet larvicide significatif sur mm de long chez les fleurs mâles, légèrement
la noctuelle de la betterave Spodoptera exigua. plus court chez les fleurs femelles ; sépales et
Description Liane vigoureuse atteignant 30 pétales libres ; fleurs mâles à sépales attei-
m de long, habituellement dioïque ; tige attei- gnant 8 mm de long et à pétales de 8-11 mm
gnant 10 cm de diamètre, rayée de vert bleuâ- de long, filets des étamines fusionnés à la base,
tre, tiges âgées souvent couvertes de poudre ovaire rudimentaire ; fleurs femelles à sépales
blanchâtre ;tiges à vrilles simples ou 3-fides de atteignant 6,5 mm de long et à pétales attei-
10—20 cm de long. Feuilles alternes, simples ; gnant 4,5 mm de long, ovaire supère, ovoïde, de
stipules de 0,5(—1) mm de long, largement ar- 3—6 mm de long, à 3(-6) côtes, stigmates pres-
rondies à triangulaires, irrégulièrement fen- que sessiles, réniformes, étamines rudimentai-
dues ; pétiole de (1—)1,5-11 cm de long ; limbe res. Fruit :capsule ovoïde de 2,5-4,5 cm x 1,5-
entier ou plus ou moins profondément 3(-5)- 3 cm, coriace à ligneuse, vert pâle, à 30-50
lobé, à contour orbiculaire à ovale ou rhom- graines. Graines ovoïdes, de 3,5-5,5 mm x 3-4
boïde, de (l-)3-14 cm de long, base cordée à mm x 2 mm, ponctuées.
tronquée ou cunéiforme, apex obtus ou rétus, Autres données botaniques Le genre Ade-
rarement aigu, avec une glande unique à la nia comprend environ 95 espèces, dont une
base, jusqu'à 4 glandes sur la surface infé- soixantaine sur le continent africain, 20 à Ma-
rieure de la feuille et 3-7 glandes sur les bords. dagascar et 15 en Asie. Il est subdivisé en 6
Inflorescence : cyme axillaire, souvent à vrilles sections. Adenia cissampeloides appartient à la
section Ophiocaulon. Plusieurs autres espèces
de cette section ont des propriétés médicinales.
Adenia dinklagei Hutch. & Dalziel est présent
du Sénégal au Ghana ; en Côte d'Ivoire, les
feuilles sont broyées avec du sel et de l'eau et le
liquide se prend pour traiter les palpitations.
Une infusion de feuilles àAdenia tricostata
W.J. de Wilde, présent en Afrique centrale et
en Ouganda, est utilisée contre la fièvre. Ade-
nia bequaertii Robyns & Lawalrée se trouve en
R.D. du Congo, au Rwanda, au Burundi, au
Kenya et en Ouganda ; en R.D. du Congo, on
boit le jus de ses feuilles ou la décoction de
feuilles pour traiter les maux de tête ; quant à
la décoction et la macération de feuilles, elles
se boivent ou s'utilisent en bains pour traiter
l'aliénation mentale et le délire de possession.
Croissance et développement On peut
trouver Adenia cissampeloides en fleurs et en
fruits toute l'année.
Ecologie Adenia cissampeloides se rencontre
dans les forêts pluviales primaires et secondai-
res, à la lisière des forêts et dans les forêts-
galeries, les savanes boisées et les forêts maré-
cageuses, depuis le niveau de la mer jusqu'à
Adenia cissampeloides - 1, rameau avec inflo- 2200 m d'altitude.
rescence mâle etfeuilles ;2,fruit déhiscent. Multiplication et plantation Adenia cis-
Redessiné et adapté par Achmad Satiri Nur- sampeloides est une plante que les Chaggas
haman laissent pousser ou cultivent dans leurs jardins
ADENIA 39
dagascar et 15 en Asie. Il est subdivisé en 6 tahun, 1976 ;Hulstaert, 1966 ;Kerharo & Bou-
sections. Adenia lobata appartient à la section quet, 1950 ; Kerharo, Guichard & Bouquet,
Blepharanthes. Un type vigoureux dAdenia 1961 ; Konda et al., 1992 ; Latham, 2004 ;
lobata a été décrit comme Adenia miegei Aké Neuwinger, 1998.
Assi, mais il est aujourd'hui considéré comme Sources de l'illustration de Wilde, 1975.
sa forme tétraploïde. Auteurs C. Zimudzi
Croissance et développement En Afrique
de l'Ouest, Adenia lobata fleurit toute l'année
mais il a surtout des fruits de juillet à novem- A D E N I A RACEMOSA W.J.de Wilde
bre. Il se régénère rapidement après les incen-
dies de brousse. Protologue Meded. Landbouwhogeschool.
Ecologie Adenia lobata est présent dans les 71(18) :64 (1971).
forêts pluviales, les forêts secondaires, les lisiè- Famille Passifloraceae
res de forêts, les forêts-galeries, les forêts pé- Origine et répartition géographique Ade-
riodiquement inondées et marécageuses et sur nia racemosa est endémique de Tanzanie.
les affleurements rocheux, depuis le niveau de Usages En Tanzanie, la décoction d'écorce se
la mer jusqu'à 1800 m d'altitude. boit pour traiter la ménorrhagie. La décoction
Multiplication et plantation Adenia loba- de feuilles se boit pour traiter la maladie men-
ta peut se multiplier aussi bien par graines que tale. Les tubercules servent à soigner la vari-
par bouturage. C'est une plante qui pousse vite celle. Les tiges souples servent de ficelle. On
et que l'on peut conduire sur une pergola, de la utilise également Adenia racemosa comme
même façon que la passiflore. fourrage et dans les régions tempérées, on le
Gestion En raison de sa rareté dans la ré- cultive sous serre à des fins ornementales.
gion du Mont Nimba, au Liberia, les Manos Production et commerce international Ade-
protègent la plante pour ses propriétés de poi- nia racemosa est collecté, vendu et cultivé
son de pêche. comme plante ornementale par les amateurs.
Maladies et ravageurs Adenia lobata est Propriétés Peu d'analyses phytochimiques
un hôte du virus des taches en anneau de la ont été effectuées sur Adenia racemosa.
passiflore (PFRSV), auquel Passiflora edulis L'écorce de la tige contient des flavonoïdes, des
Sims est très sensible. saponines et des tanins, mais il n'est fait état
Traitement après récolte Les parties ré- d'aucun cyanohétéroside. On a isolé récemment
coltées s'utilisent habituellement fraîches à des des protéines inactivatrices de ribosomes.
fins médicinales après avoir été cueillies dans Botanique Plante grimpante monoïque at-
la nature. teignant 8 m de haut, au tronc globuleux ren-
Ressources génétiques Adenia lobata est flé ; tiges à vrilles simples de 8-12 cm de long.
répandu dans toutes sortes de milieux et très Feuilles alternes, profondément (3—)5(-7)-
commun sur toute son aire de répartition ; il lobées ; pétiole de 1,5-5,5 cm de long ; stipules
n'est donc pas menacé d'érosion génétique. largement triangulaires, d'environ 1 mm de
Perspectives Adenia lobata est couram- long, aiguës ;limbe à contour orbiculaire à lar-
ment utilisé en médecine traditionnelle. Si gement ovale, de 3-10 cm x 3—10 cm, base cor-
étonnant que cela paraisse, ses propriétés sont dée à tronquée, lobes triangulaires à ellipti-
mal connues, et un approfondissement des re- ques, atteignant 5 cm de long, aigus à arrondis.
cherches sur sa composition chimique et Inflorescence située à l'aisselle de feuilles très
l'activité pharmacologique de ses composés réduites sur de courtes pousses, possédant jus-
semble justifié. qu'à 7 fleurs ;pédoncule de 0,5-4 mm de long ;
Références principales Burkill, 1997 ; de bractées et bractéoles triangulaires à oblon-
Wilde, 1971 ; Neuwinger, 2000 ; Neuwinger, gues, d'environ 1 mm de long. Fleurs uni-
2004 ; Okpekon et al., 2004 ; Raponda-Walker sexuées, régulières, 5-mères, verdâtres à jau-
& Sillans, 1961 ;Robyns, 1995 ;Ulubelen et a l , nâtres ;pédicelle atteignant 1cm de long, arti-
1982. culé près de la base ; tube du calice bien plus
Autres références Adjanohoun et al., 1986; court que les lobes ; pétales libres, exserts, en-
Adjanohoun &Aké Assi, 1979 ;Aké Assi et al., tiers, couronne constituée de lobes ou présence
1985 ; Atindehou et al., 2002 ; Bouquet, 1969; d'un rebord lobé ; fleurs mâles d'environ 1 cm
Bouquet & Debray, 1974 ; de Wijs & Mobach, de long, filets des étamines fusionnés à la base,
1975 ; de Wilde, 1975 ; Fernandes & Fernan- anthères libres, ovaire rudimentaire ; fleurs
des, 1978 ; Gassita et al. (Editors), 1982 ; Ge- femelles d'environ 0,5 cm de long, ovaire su-
44 PLANTESMÉDICINALES I
|^g/kg. Sur le plan chimique, c'est à la modéc- avec des pousses annuelles de 20-50 cm de
cine, la toxine d'Adenia digitata (Harv.) Engl., long, qui croissent à partir d'un rhizome ou
qu'elle ressemble le plus. Dans une modélisa- d'une tige succulente caudiciforme atteignant
tion sur des rats, la volkensine a pu être utili- 100 cm de long ; vrilles absentes. Feuilles al-
sée efficacement pour produire des lésions cé- ternes, simples ; stipules de 0,5-1,5 mm de
rébrales sélectives au plan anatomique. Elle long, triangulaires, aiguës ; pétiole de 1,5-10
provoque la mort des neurones, non seulement cm de long ;limbe entier ou plus ou moins pro-
là où elle est injectée, mais elle passe aussi fondément 3-7-lobé, à contour orbiculaire à
d'un neurone à l'autre. On a également envisa- ovale ou rhomboïde, de 3-16 cm de long, base
gé la possibilité de tuer de manière sélective les cordée à tronquée, apex aigu, mucroné, bord
macrophages mononucléaires, les cellules dans denté ou disséqué, avec 2 glandes à la base, 2—
lesquelles le virus VIH survit et qui le trans- 6 glandes sur la surface inférieure de la feuille,
mettent aux cellules T, où le virus connaît une et des glandes noirâtres sur les dents. Inflores-
multiplication rapide qui aboutit au dévelop- cence : cyme axillaire, à 1-6 fleurs chez les
pement du sida. inflorescences mâles, à l-2(-3) fleurs chez les
Toutes les parties à'Adenia volkensii, même les inflorescences bisexuées et femelles ; pédoncule
fleurs, contiennent des hétérosides cyanogéné- atteignant 0,5 cm de long ;bractées et bractéo-
tiques, le rhizome contenant environ 90% de la les lancéolées, de 2,5—10 mm de long, aiguës,
quantité de ces composés. Les hétérosides cya- dentées et ponctuées de glandes. Fleurs habi-
nogénétiques isolés sont la tétraphylline B tuellement unisexuées, régulières, 5-mères,
(bartérine) et son épimère, l'épi-tétraphylline B glabres, verdâtre pâle ou ivoire ;pédicelle de 5—
(volkénine). 25 mm de long ;calice à long tube et lobes plus
Description Arbuste ou plante herbacée gé- courts, à poils laineux sur les bords ; pétales
néralement monoïque atteignant 1,5 m de haut, libres, couronne constituée de poils ramifiés de
1,5—3 mm de long ; fleurs mâles à tube du ca-
lice de 12—20 mm de long, lobes ovales-
triangulaires de 3-9 mm de long, obtus, pétales
lancéolés-linéaires de 10-14 mm de long, aigus,
à nombreux poils ramifiés de 3-5 mm de long
sur les bords, étamines libres, ovaire rudimen-
taire ; fleurs femelles à tube du calice de 7-10
mm de long, lobes oblongs de 5-8 mm de long,
obtus, pétales linéaires de 8-12 mm de long, à
poils ramifiés peu nombreux, ovaire supère,
ellipsoïde, de 4-8 mm de long, styles connés
sur 2-4 mm, les bras d'environ 1 mm de long,
stigmates d'environ 4 mm de diamètre, forte-
ment ramifiés, laineux-papilleux, étamines
rudimentaires. Fruit : capsule globuleuse à
ellipsoïde de 3,5—5,5 cm x 3—4,5cm, coriace, à
15-30 graines. Graines ovoïdes, de 8-9 mm x
7-7,5 mm x 3 mm, ponctuées.
Autres données botaniques Le genre Ade-
nia comprend environ 95 espèces, dont une
soixantaine sur le continent africain, 20 à Ma-
dagascar et 15 en Asie. Il est subdivisé en 6
sections. Adenia volkensii appartient à la sec-
tion Blepharanthes. Plusieurs autres espèces
appartenant à cette section ont des propriétés
médicinales. Adenia ellenbeckii Harms est pré-
Adenia volkensii - 1, rameau avec inflorescences sent en Ethiopie, en Somalie, au Kenya, en
mâles ; 2, fleur mâle en section longitudinale ; Ouganda et en Tanzanie. Ses fruits se pren-
3,fleurfemelle en section longitudinale ;4, fruits ; nent en décoction pour traiter les plaies, et en
5, graine. poudre on les applique sur les blessures. On
Redessiné et adapté par Achmad Satiri Nur- met le jus du fruit dans de la viande pour em-
haman poisonner les hyènes. En Ethiopie, les feuilles
46 PLANTES MÉDICINALES I
sont consommées comme légume. Adenia ke- 1984 ; Clausen et al., 2001 ; ITDG & IIRR,
ramanthus Harms est présent au Kenya et en 1996 ;Kokwaro, 1993 ;Kraft et al., 2003 ;LaG-
Tanzanie. L'extrait de tige se prend pour trai- rone, 1999 ; Morgan, 1981 ; Pangalos et al.,
ter la syphilis et les feuilles et les racines se 1991 ; Pelosi et al., 2005 ; Stirpe et al., 1985;
mastiquent pour traiter les morsures de ser- Szalai et al., 2005.
pent. Adenia lanceolata Engl., présent du sud Sources de l'illustration de Wilde, 1971.
du Soudan jusqu'au Malawi, est toxique. Ade- Auteurs D.M. Modise
nia ellenbeckii, Adenia keramanthus et Adenia
lanceolata contiennent des lectines cytotoxi-
ques. Les effets de la lectine A'Adenia lanceola- ADENIUM BOEHMIANUM Schinz
ta sont similaires à ceux de la volkensine sur la
synthèse de protéines acellulaire, mais la pre- Protologue Verh. Bot. Vereins Prov. Bran-
mière est plus efficace sur les cellules entières, denburg 30 :259 (1888).
et c'est l'une des toxines d'origine végétale les Famille Apocynaceae
plus puissantes. Nombre de chromosomes 2n = 22
Croissance et développement Adenia vol- Synonymes Adenium obesum (Forssk.) Roem.
kensii a une croissance rapide et fleurit plus &Schult,subsp. boehmianum (Schinz) G.D.Rowley
abondamment s'il pousse en plein soleil. Il a la (1983).
capacité d'emmagasiner l'eau dans son rhi- Noms vernaculaires Bushman poison (En).
zome. Unguiu (Po).
Ecologie Adenia volkensii est présent dans Origine et répartition géographique Ade-
les broussailles des endroits rocailleux sur les nium boehmianum est présent à l'état naturel
sols rouges ou la poussière de lave, à 1000- en Angola et en Namibie.
2000 m d'altitude. Il se régénère rapidement Usages En Namibie et dans certaines ré-
s'il a été endommagé suite à une coupe ou un gions voisines de l'Angola, on fait bouillir le jus
léger incendie. et le latex de la racine, qui sont extrêmement
Multiplication et plantation Adenia vol- amers, pour préparer un poison de flèche. Ce
kensii peut être multiplié par graines et par poison sert à chasser du gros gibier, comme les
boutures. Les boutures prises sur des plantes zèbres et les gnous. Il arrive que la plante soit
adultes semblent fleurir plus facilement. Elles cultivée comme ornementale.
ne donnent pas forcément lieu à la formation Production et commerce international II
d'un rhizome. existe un commerce international de graines et
Récolte La tige, le rhizome et les feuilles aïAde- de plantes àAdenium boehmianum à des fins
nia volkensii se récoltent dans la nature selon ornementales.
les besoins et peuvent être utilisés aussi bien Propriétés Le poison de flèche confectionné
frais que séchés. avec Adenium boehmianum a de puissants
Ressources génétiques Adenia volkensii effets cardiotoxiques. Lorsqu'un animal est
est relativement répandu dans son aire de ré- touché, il meurt généralement en quelques
partition et il est donc peu probable qu'il soit
menacé d'érosion génétique.
Perspectives Adenia volkensii restera im-
portant en Afrique de l'Est en médecine tradi-
tionnelle tant humaine que vétérinaire. Les
principes actifs <XAdenia volkensii et des espè-
ces apparentées, surtout les protéines inactiva-
trices de ribosomes, justifient un approfondis-
sement des travaux. Sa culture à grande
échelle pour les produits pharmaceutiques
semble possible puisque d'autres espèces
àAdenia sont faciles à multiplier à des fins
ornementales.
Références principales Chambery et al.,
2004 ; de Wilde, 1971 ; de Wilde, 1975 ; Fer-
nandes & Fernandes, 1978 ;Gondwe, Seigler &
Dunn, 1978 ;Neuwinger, 2000.
Autres références Barbiera, Falasca &Stirpe, Adenium boehmianum - sauvage
ADENIUM 47
heures et dans un rayon d'une centaine de mè- nale ; bractées étroitement oblongues à étroi-
tres de là où il a reçu la flèche. Les composés tement ovales, de 5-11 mm x 1-3 mm, acumi-
toxiques contenus dans le latex de la racine et nées, pubescentes. Fleurs bisexuées, régulières,
de la tige ont été identifiés comme étant des 5-mères, très voyantes, apparaissant avant ou
hétérosides cardiaques. Voici les principaux : en même temps que les feuilles ;pédicelle de 5 -
l'échujine (composée d'un aglycone, la digitoxi- 10 mm de long ;sépales lancéolés, de 6-12 mm
génine, et de sucres, le D-cymarose et 2 molé- de long, fusionnés à la base, acuminés, densé-
cules de D-glucose), le digitalinum verum ment poilus ; corolle pourvue d'un tube de 0,7-
(composé de gitoxigénine, de D-digitalose et de 1 cm de long et de lobes obovales, étalée, de
D-glucose), la somaline (composée de digitoxi- 2,5-3,5(-4,5) cm x 1-1,5 cm, légèrement ondu-
génine et de D-cymarose) et l'abobioside (com- lée, rose à mauve, plus foncée dans la gorge,
posé d'abogénine et de D-cymarose). poilue à l'extérieur ; étamines insérées à
Description Arbuste succulent atteignant proximité de la base du tube de la corolle, in-
2,5(-3,5) m de haut, à rhizome et renfermant cluses, anthères formant un cône qui recouvre
du latex blanc dans toutes ses parties ; tige le pistil, base sagittée, de 5-7 mm de long, à
renflée à la base, atteignant 40(-60) cm de longs appendices apicaux ; ovaire supère, com-
diamètre ; branches dressées, à poils dissémi- posé de 2 carpelles libres, glabres, styles fu-
nés à l'état jeune, devenant par la suite scabres sionnés, minces et pourvus de clavoncules bien
et d'un blanc grisâtre. Feuilles disposées en développés. Fruit constitué de 2 follicules li-
spirale, groupées aux extrémités des branches, néaires-oblongs, cohérents à la base, de 10-18
simples ; stipules très petites ou absentes ; cm de long, effilés aux deux extrémités, étalés
pétiole de l-3(-7) mm de long ; limbe obovale, ou recourbés à maturité, s'ouvrant par une
de 8—15 cm x 4,5-8 cm, souvent replié vers le fente longitudinale, contenant de nombreuses
haut le long de la nervure médiane, base cunéi- graines. Graines linéaires-oblongues, de 7-9
forme, apex habituellement émarginé, entier, mm de long, brunes, striées, garnies aux deux
glauque ou vert pâle, coriace, poilu au moins à extrémités de touffes de longs poils blanc sale à
l'état jeune, pennatinervé à nervures latérales brun pâle.
bien visibles. Inflorescence : dense cyme termi- Autres données botaniques Le genre Ade-
nium comprend 5 espèces, qui sont parfois re-
groupées en une seule,Adenium obesum (Forssk.)
Roem. &Schult., avec 6 sous-espèces.
Adenium swazicum Stapf peut ressembler à
Adenium boehmianum, mais il s'en distingue
par ses feuilles plus étroites. Il a une réparti-
tion géographique limitée au Swaziland et aux
régions voisines d'Afrique du Sud et du sud du
Mozambique, où on le cultive comme plante or-
nementale. Parmi les sélections qui existent,
citons 'Boyce Thompson', aux fleurs d'un rose
violacé foncé, et 'Perpetual Pink', une plante
robuste et dressée aux grandes fleurs roses.
Croissance et développement Les plantes
ne gardent leurs feuilles que pendant 3 mois
environ, et aucune pratique culturale ne peut
allonger cette durée. Elles ne fleurissent que
pendant quelques semaines.
Ecologie Dans son aire naturelle, Adenium
boehmianum est répandu dans les milieux de
roches granitiques, et parfois au bord des ma-
récages. C'est dans la région du Kaokoland en
Namibie, le long de l'escarpement du fleuve
Mary, que l'on trouve les plus grandes plantes.
Multiplication et plantation Pour son
Adenium boehmianum - 1, rameau en fleurs, usage comme plante ornementale, Adenium
2,follicule ;3, graine. boehmianum peut probablement être multiplié
Redessiné etadapté par Iskak Syamsudin de la même façon que Adenium obesum, par
48 PLANTES MÉDICINALES I
graines, par greffage ou par bouturage. multiflorum est très prisé du bétail ainsi que
Gestion Les plantes qui servent à faire du des animaux sauvages, qui broutent les plantes
poison de flèche se récoltent toujours dans la jusqu'à ras du sol, ce qui montre qu'il existe des
nature. En pot, Adenium boehmianum se traite plantes de faible toxicité.
comme les autres grandes plantes succulentes. Production et commerce international II
Ressources génétiques Bien que la répar- existe un commerce international de graines et
tition d'Adenium boehmianum dans la nature de plantes d'Adenium multiflorum à des fins
soit limitée, il ne semble pas menacé d'érosion ornementales.
génétique. Propriétés Adenium multiflorum renferme
Perspectives Un approfondissement des re- des hétérosides cardénolides similaires à ceux
cherches sur la composition chimique et les que l'on trouve chez Adenium obesum (Forssk.)
activités pharmacologiques des composés Roem. & Schult. Parmi les hétérosides identi-
d'Adenium boehmianum semble justifié. Ses fiés, citons : le 16-désacétyl-16-anhydrohong-
perspectives comme plante ornementale pa- héloside A (composé de 16-anhydrogitoxigénine
raissent limitées en raison de sa courte période et D-cymarose), le 16-anhydrostrospéside
de floraison. (composé de 16-anhydrogitoxigénine et D-
Références principales Codd, 1963 ; Dim- digitalose) et le strospéside (composé de gitoxi-
mitt & Hanson, 1992 ; Neuwinger, 1996 ; Plai- génine et de D-digitalose).
zier, 1980 ;Rowley, 1983 ;Stapf, 1902-1904. Il est possible qu'il existe des différences chi-
Autres références von Koenen, 2001 ; van miques entre des Adenium multiflorum de di-
Wyk &Gericke, 2000. verses provenances, car au Zimbabwe la plante
Sources de l'illustration Plaizier, 1980. est très prisée des animaux, tandis que dans
Auteurs L.P.A. Oyen d'autres pays, elle a la réputation d'être extrê-
mement toxique.
Botanique Arbuste succulent ou petit arbre
ADENIUM MULTIFLORUM Klotzsch atteignant 3,5 m de haut, à latex aqueux et à
grosse racine épaissie, atteignant 1 m de dia-
Protologue Naturel. Reise Mossambique mètre à la base de la tige ;écorce d'un gris bril-
6(1) :279, t. 44 (1861). lant. Feuilles disposées en spirale, groupées
Famille Apocynaceae aux extrémités des rameaux, simples ; stipules
Nombre de chromosomes 2n = 22 très petites ou absentes ;pétiole de 3-7 mm de
Synonymes Adenium obesum (Forssk.) Roem. long ;limbe obovale à oblong, de 7,5-12,5 cm x
& Schult, var. multiflorum (Klotzsch) L.E.Codd 2-7,5 cm, base cunéiforme, apex aigu à arrondi
(1961),Adenium obesum (Forssk.) Roem. &Schult, ou émarginé, apiculé ou mucroné, entier, co-
subsp. multiflorum (Klotzsch) G.D.Rowley (1974). riace, glabre, pennatinervé à nervures latérales
Noms vernaculaires Sabi star, impala lily distinctes. Inflorescence : dense cyme termi-
(En). Megoza (Po). nale ; bractées étroitement obovales, de 4—6
Origine et répartition géographique Ade- mm x 1-3 mm. Fleurs bisexuées, régulières, 5-
nium multiflorum est répandu au Malawi, au mères, voyantes, apparaissant généralement
sud-est de la Zambie, au Zimbabwe, au Mo- avant les feuilles ;pédicelle de 2-4 mm de long,
zambique, au Swaziland et au nord-est de densément poilu ; sépales étroitement ovales,
FAfrique du Sud. de 6-10 mm x 2,5—3 mm, fusionnés à la base,
Usages Le latex de la tige d'Adenium multi- poilus ;corolle à tube en entonnoir de 2,2-4 cm
florum est utilisé de longue date au Zimbabwe x 1-1,3 cm et étroitement ovale à étroitement
et en Zambie pour préparer un poison de flèche obovale, lobes étalés de 1,3-3 cm x 1—2 cm,
pour la chasse et un poison pour la pêche. Ce rouges, roses à blancs, aux bords rose foncé à
poison est généralement combiné à celui rouge écarlate et rayés de rouge à l'intérieur de
d'autres plantes. Au Zimbabwe, le latex de la la gorge, poilus à l'extérieur ;étamines insérées
racine et de la tige est employé en médecine à proximité de la base du tube de la corolle,
vétérinaire ;on en administre un extrait contre distinctement saillantes, anthères formant un
la diarrhée et les maladies oculaires chez les cône qui recouvre le pistil, base sagittée, de 5-7
volailles domestiques. mm de long, à longs appendices apicaux ;
A l'instar d'autres Adenium spp., Adenium ovaire supère, composé de 2 carpelles libres,
multiflorum se cultive comme plante ornemen- glabre, styles fusionnés, minces, à clavoncules
tale en raison de son port curieux et de ses bien développés. Fruit constitué de 2 follicules
fleurs spectaculaires. Au Zimbabwe, Adenium oblongs de 10—18cm de long, s'étalant à 180° à
ADENIUM 49
la fin, gris pâle à gris-brun pâle, s'ouvrant par zier, 1980 ;Rowley, 1983.
une fente longitudinale, contenant de nom- Autres références Dimmitt & Hanson,
breuses graines. Graines linéaires, de 10-15 1991; Hargreaves, 2002 ; van Wyk, van Heer-
mm de long, d'un brun très pâle, garnies aux den &van Oudtshoorn, 2002.
deux extrémités de touffes de longs poils d'un Auteurs L.P.A. Oyen
blanc sale à brun clair de 2-3 cm de long.
Le genre Adenium comprend 5 espèces, qui
sont parfois regroupées en une seule, Adenium ADENIUM OBESUM (Forssk.) Roem. & Schult.
obesum (Forssk.) Roem. & Schult. Adenium
multiflorum se croise sans difficulté avec Ade- Protologue Syst. veg. 4 :411 (1819).
nium obesum ainsi qu'avec d'autres Adenium Famille Apocynaceae
spp. Nombre de chromosomes 2n = 22
Adenium multiflorum a une dormance longue ; Synonymes Adenium somalense Balf.f. (1888),
quelles que soit ses conditions de croissance, Adenium socotranum Vierh. (1904).
les feuilles tombent au début de la saison froide Noms vernaculaires Rose du désert, baobab
et la croissance ne reprend pas avant au moins chacal, faux baobab, lis des impalas, pied
4 mois. Il fleurit abondamment pendant cette d'éléphant (Fr). Desert rose, impala lily (En).
saison froide. Les feuilles n'apparaissent Rosa do deserto, baobâ exotica, djindje pété
qu'après la floraison. Il est rare que les plantes (Po). Mdagu, mdaguwande, mwanja (Sw).
fleurissent avant l'âge de 4-5 ans. Origine et répartition géographique Ade-
Ecologie Le milieu naturel d'Adenium mul- nium obesum est présent du Sénégal à
tiflorum est la savane et parfois la forêt claire l'Ethiopie et de la Somalie à la Tanzanie. On le
sur sols sableux, le long des marécages et des rencontre également en Egypte, en Arabie
fleuves, ainsi que les milieux encore plus secs, Saoudite, à Oman et au Yémen, y compris à
sablonneux et rocailleux ;il est présent jusqu'à Socotra ; on ne sait pas bien si sa présence en
700(-1200) m d'altitude. Afrique de l'Ouest est naturelle ou s'il a été
Gestion Lorsqu'il est cultivé, Adenium mul- introduit et s'est naturalisé. Au Sri Lanka et
tiflorum est multiplié par graines, par boutu- dans certaines parties de l'Asie du Sud-Est
rage ou par greffage. Ce sont les extrémités de comme la Thaïlande, Adenium obesum s'est
pousses, plongées dans une hormone favorisant naturalisé. Dans le monde entier, on le cultive
l'enracinement puis plantées dans un substrat pour ses qualités ornementales.
d'enracinement grossier et bien arrosé, qui Usages Sur un vaste territoire d'Afrique, le
réussissent le mieux. Les graines germent sans jus de la racine ou parfois le latex du bois ou de
problème en une semaine environ à 30°C, et les la tige dAdenium obesum servent à préparer
jeunes plantes se développent pendant la pre- un poison de flèche. C'est un poison apprécié
mière période froide et sèche, avant pour la chasse au gros gibier parce qu'il tue
l'apparition de la dormance obligatoire. Au rapidement et que l'animal chassé meurt dans
bout de la première année, il faut conserver la un rayon de 2 km de l'endroit où il a reçu la
plante à l'abri de l'humidité pendant sa dor-
mance, pour empêcher que la racine, très fra-
gile, ne pourrisse.
Ressources génétiques et sélection Ade-
nium multiflorum est jugé vulnérable en Zam-
bie, au Zimbabwe et au Swaziland. Il est me-
nacé par la récolte à des fins horticoles et mé-
dicinales, et par le bétail qui la broute intensi-
vement.
Perspectives Adenium multiflorum est une
plante ornementale intéressante, bien que sa
période de floraison soit plus brève et sa crois-
sance plus lente que celle d'Adenium obesum. Il
est peu probable qu'elle prenne de l'importance
en médecine, et son importance en tant que
poison de flèche a décliné par ailleurs.
Références principales Bester, 2004 ;Leeu-
wenberg et al., 1985 ; Neuwinger, 1996 ; Plai- Adenium obesum - sauvage
50 PLANTES MÉDICINALES l
flèche. Les Hadzas, en Tanzanie, utilisent le Plusieurs de ces hétérosides cardiaques tirés
jus tel quel ou parfois associé au poison de dAdenium obesum ont l'oléandrigénine comme
Strophanthus eminii Asch. & Pax, et les Du- fraction aglycone, par ex. l'honghéloside A
rumas, au Kenya, emploient le latex de la tige, (avec du D-cymarose), l'honghéloside C (avec
parfois en association avec les racines et le bois du D-cymarose et du D-glucose) et le 16-
à'Acokanthera schimperi (A.DC.) Schweinf. ou acétylstrospéside (avec du D-digitalose). Parmi
le latex de Synadenium pereskiifolium (Baill.) les autres hétérosides on trouve : l'honghéline
Guillaumin. L'usage d'Adenium obesum comme (composée de digitoxigénine avec du D-
poison de flèche est également signalé au Sé- thévétose), la somaline (composée de digitoxi-
négal, au Nigeria et au Cameroun. La décoc- génine avec du D-cymarose) et le digitalinum
tion d'écorce et de feuilles est couramment em- verum (composé de gitoxigénine avec du D-
ployée comme poison pour la pêche. Cet usage digitalose et du D-glucose). Les racines et les
est mentionné pour le Nigeria, le Cameroun et tiges contiennent les mêmes hétérosides en
l'Afrique de l'Est. En Mauritanie et au Sénégal, quantités identiques. L'oléandrigénine et cer-
des préparations à base àAdenium obesum tains des hétérosides qui en dérivent ont des
sont utilisées comme poison d'épreuve et pour effets cytotoxiques et on les étudie comme com-
commettre des crimes. posants potentiels de médicaments anticancé-
Adenium obesum est une espèce importante en reux.
médecine traditionnelle. Au Sahel, la décoction L'extrait à l'éthanol des racines ralentit la
de racines, seule ou en association avec croissance de Bacillus subtilis, mais il n'a pas
d'autres plantes, sert à traiter les maladies montré d'activité contre Pseudomonas aerugi-
vénériennes ; un extrait de racine ou d'écorce, nosa, Staphylococcus aureus ou Candida albi-
en bains ou en lotion, sert à traiter les mala- da. Des extraits de la racine ont montré un
dies de la peau et à éliminer les poux, le latex effet cytotoxique contre plusieurs lignées de
servant en application sur les dents cariées et cellules cancérigènes. L'extrait aqueux d'écorce
les plaies septiques. En Somalie, la décoction des tiges est un acaricide potentiel qui montre
de racine en gouttes nasales est prescrite une toxicité élevée sur tous les stades de déve-
contre les rhinites. Au nord du Kenya, on fric- loppement des tiques Amblyomma spp. et Boo-
tionne la tête avec du latex pour éliminer les philus spp.
poux, et les tiges réduites en poudre sont utili- Description Arbuste succulent ou petit ar-
sées pour tuer les parasites de la peau des bre, atteignant 4(-6) m de haut, parfois pourvu
chameaux et du bétail. L'écorce se mastique d'une racine pivotante charnue ; tige renflée à
pour ses vertus abortives. la base, atteignant 1(—2)m de diamètre ;écorce
Adenium obesum est assez souvent planté pour d'un vert grisâtre pâle, grise ou brune, lisse, à
sa forme curieuse et ses fleurs attrayantes. Il latex blanc ou clair et collant ; rameaux gla-
sert parfois de haie vive. En Tanzanie, on le brescents, pubescents à l'apex. Feuilles dispo-
plante pour repérer l'emplacement des tombes. sées en spirale, groupées aux extrémités des
Le bois est parfois employé comme combusti- rameaux, simples ; stipules très petites ou ab-
ble. sentes ;pétiole atteignant 4 mm de long ;limbe
Production et commerce international II linéaire à obovale, de 3-12(-17) cm x 0,2-6 cm,
existe un commerce international de graines et base cunéiforme, apex aigu à arrondi ou émar-
de plantes d'Adenium obesum à des fins orne- giné, entier, légèrement glauque, vert terne ou
mentales. vert pâle, coriace, pennatinervé à nervures
Propriétés On a démontré chez Adenium latérales distinctes ou non. Inflorescence :cyme
obesum la présence d'une trentaine d'hétérosi- terminale plus ou moins dense ; bractées li-
des cardiotoxiques qui agissent de la même néaires à étroitement oblongues, de 3-8 mm de
façon que la digitaline de Digitalis. La digita- long, acuminées, pubescentes. Fleurs bi-
line agit sur l'enzyme Na+K+-ATPase, qui ré- sexuées, régulières, 5-mères, voyantes, appa-
gule les concentrations d'ions Na+ et K+ dans raissant généralement avant les feuilles ; pédi-
les cellules du corps et modifie également la celle de 5-9 mm de long ; sépales étroitement
concentration de Ca++. On s'en sert à faible oblongs à étroitement ovales, de 6-12 mm de
dose pour traiter l'insuffisance cardiaque long, poilus ; corolle pourvue d'un tube en en-
congestive (ICC) et les problèmes de rythme tonnoir de 2—4,5 cm x 0,9—1,7 cm, rose rougeâ-
cardiaque (arythmies atriales), mais à haute tre à blanc délicatement piqué de rose, parfois
dose, elle conduit à l'insuffisance cardiaque à rayures rouges à l'intérieur de la gorge, poi-
systolique et à la mort. lue à glabre à l'extérieur, à poils glandulaires
ADENIUM 51
viables doivent être plantées dans un substrat cune perspective de mise au point de médica-
sableux bien drainant après avoir éliminé leurs ments cardiaques ou anticancéreux. L'intérêt
touffes de poils et procédé à un traitement fon- suscité par Adenium obesum comme plante
gicide. Elles germent en une semaine à des ornementale va probablement se maintenir en
températures d'environ 30°C. Les plants sont raison de son port et de ses fleurs particuliè-
prêts à être repiqués au bout d'un mois, lors- rement spectaculaires.
qu'ils ont formé 6 feuilles. Ce sont les extrémi- Références principales Dimmitt & Han-
tés de pousses, trempées dans une hormone son, 1991 ; Leeuwenberg, 2003 ; Leeuwenberg
d'enracinement puis mises dans un substrat et al., 1985 ; McLaughlin & Garofalo, 2002;
d'enracinement grossier et bien arrosé, qui Neuwinger, 1996 ; Omino, 2002 ; Plaizier,
réussissent le mieux. Des plantes sélectionnées 1980 ;Rowley, 1983 ;Yamauchi &Abe, 1990.
et des hybrides de valeur sont souvent multi- Autres références Arbonnier, 2000 ; Ce-
pliés au moyen de greffes en fente, procédé plus pleanu et al., 1994 ; Eggli, 2002 ; Forster,
fiable que la multiplication par boutures mais 1998 ; Goyder, 2001 ; Hargreaves, 2002 ; Mele-
qui réclame plus de doigté. Le greffage sur lau- ro, Medarde &San Feliciano, 2000 ; Mgbojikwe
rier-rose {Nerium oleander L.) est possible ; il & Okoye, 2000 ; Neuwinger, 2000 ; Singh,
donne lieu à une abondante floraison. 2004 ;Vethaviyasar &John, 1982.
Gestion Adenium obesum réussit bien là où Sources de l'illustration Plaizier, 1980.
les précipitations ou l'irrigation sont abondan- Auteurs L.P.A. Oyen
tes et où les températures sont supérieures à
27°C, sur un sol qui draine parfaitement. Par
temps froid, ses racines ont tendance à pourrir ADENIUM OLEIFOLIUM Stapf
et il lui faut donc un sol plus sec. Si l'on sou-
haite une croissance rapide, il faut mettre ré- Protologue Kew Bull. 1907 :53 (1907).
gulièrement de l'engrais. Famille Apocynaceae
Maladies et ravageurs En culture, la pour- Nombre de chromosomes 2n = 22
riture bactérienne et fongique des racines et de Synonymes Adenium obesum (Forssk.) Roem.
la tige sont les maladies les plus courantes. Le & Schult, subsp. oleifolium (Stapf) G.D.Rowley
meilleur moyen de les prévenir est d'éviter le (1980).
froid et l'humidité. Il arrive que les acariens et Origine et répartition géographique Ade-
diverses espèces de cochenilles fassent des dé- nium oleifolium est présent à l'état naturel
gâts. La prudence est de mise lorsqu'on a re- dans le sud-est de la Namibie, au Botswana et
cours aux pesticides parce qa'Adenium obesum en Afrique du Sud.
est sensible à de nombreux produits à base Usages On prépare un poison de flèche à
d'huile. Mais dans la nature, les maladies et partir du latex, ou à partir d'une décoction du
ravageurs sont rares. tubercule, qui est extrêmement amer. Les po-
Ressources génétiques Présent sur une pulations qui vivent dans le sud-ouest du dé-
aire vaste, Adenium obesum ne semble pas sert du Kalahari confectionnent un onguent
menacé d'érosion génétique. avec la plante, qu'ils appliquent sur les morsu-
Sélection On a mis au point de nombreux res de serpent et les piqûres de scorpion. Le jus
cultivars ornementaux à'Adenium obesum, de la racine sert à traiter la fièvre et les coli-
ainsi que des hybrides interspécifiques. Parmi ques. A hautes doses il est purgatif, voire toxi-
les sélections connues, on peut citer 'Singa- que. Adenium oleifolium se cultive parfois
pore', rose foncé, probablement originaire du comme plante ornementale.
Yemen, 'Red Everbloomer', 'Mombasa', une Propriétés Plusieurs hétérosides cardia-
plante naine très ramifiée, 'Fritz Dederer' qui a ques ont été isolés à partir à'Adenium oleifo-
une écorce blanche épaisse et liégeuse, et 'Tom lium : l'honghéloside A (composée d'oléandri-
Grumbleys' aux fleurs d'un blanc pur. Parmi génine et de D-cymarose), l'échujine (composée
les hybrides entre Adenium obesum et Ade- de digitoxigénine, D-cymarose et 2 molécules
nium swazicum Stapf, on citera 'Asha', 'End- de D-glucose), la somaline (composée de digi-
less Sunset', 'Perpetual Pink' et 'Volcanic Sun- toxigénine et D-cymarose) et l'odorotrioside G
set'. (composé de digitoxigénine, D-digitalose et 2
Perspectives Les propriétés chimiques et molécules de D-glucose). Des essais sur des
pharmacologiques à'Adenium obesum méritent cobayes, des chats et des rats auxquels on avait
davantage d'attention de la part des cher- injecté un extrait alcoolisé du tubercule ou
cheurs, bien qu'il n'existe dans l'immédiat au- administré l'extrait par voie orale ont tous
AGAVE 53
abouti à une agitation, à des tremblements que la répartition naturelle d'Adenium oleifo-
généralisés, une accélération de la respiration, lium soit limitée, il ne semble pas menacé
des convulsions puis la mort. d'érosion génétique dans l'immédiat. Mais il est
Description Arbuste succulent de petite jugé vulnérable au Botswana, où il est rare.
taille atteignant 40 cm de haut, à rhizome Perspectives Un approfondissement des re-
épaissi (tubercule) de 50-80 cm x 15-30 cm, et cherches sur la composition chimique et les
contenant du latex blanc dans toutes ses par- activités pharmacologiques des composés d'
ties, toutes recouvertes d'une pubescence Adenium oleifolium semble justifié. Il semble
douce ;tige renflée à la base. Feuilles disposées que les perspectives de développement dAde-
en spirale, groupées aux extrémités des ra- nium oleifolium comme plante ornementale
meaux, simples, sessiles ; stipules très petites soient limitées en raison de la lenteur de sa
ou absentes ; limbe linéaire, de 4,5-14,5 cm x croissance.
0,3—1,4 cm, base cunéiforme, apex aigu, entier, Références principales Dimmitt &Hanson,
glauque ou vert pâle, coriace, poilu à glabre. 1992 ; Neuwinger, 1996 ; Plaizier, 1980 ; Row-
Inflorescence : cyme terminale ; bractées étroi- ley, 1983 ;von Koenen, 2001.
tement oblongues à étroitement ovales, de 3—4 Autres références Codd, 1963.
mm x 1—2 mm, acuminées, pubescentes. Fleurs Auteurs L.P.A. Oyen
bisexuées, régulières, 5-mères, voyantes, appa-
raissant en même temps que les feuilles ;pédi-
celle de 5-8 mm de long, poilu ; sépales lancéo- AGAVE AMERICANA L.
lés, de 5-7 mm de long, fusionnés à la base,
blancs à l'extérieur, poilus ; corolle pourvue Protologue Sp. pi. 1:323 (1753).
d'un tube de 2,2-3,4 cm de long, étroitement Famille Agavaceae
cylindrique à la base sur 4-7 mm, puis en Nombre de chromosomes In = 60
forme de cloche ou d'entonnoir, écailles de la Noms vernaculaires Agave d'Amérique (Fr).
gorge formant des poches entre les lobes, lobes Century plant, American agave, American aloe
obovales, étalés, de 1—1,3 cm de long, aigus, (En). Piteira de boi, piteira brava (Po).
rose pâle à rouges, de couleur plus intense vers Origine et répartition géographique Aga-
le bord, poilus à l'extérieur, glabres à ve americana est originaire du Mexique et du
l'intérieur ; étamines insérées à la base de la sud des Etats-Unis. Il s'est répandu dans le
partie élargie du tube de la corolle, légèrement monde entier en raison de sa valeur ornemen-
saillantes, anthères formant un cône qui re- tale. Son aire de répartition en Afrique n'est
couvre le pistil, base sagittée, de 5-7 mm de pas reflétée par les collections d'herbiers étant
long, à longs appendices apicaux ; ovaire su- donné qu'il est introduit et qu'il n'est pas facile
père, composé de 2 carpelles libres, glabre, sty- à collecter. Mais on peut le trouver probable-
les fusionnés, minces, à clavoncules bien déve- ment dans toute l'Afrique tropicale.
loppés. Fruit constitué de 2 follicules cylindri- Usages En R.D. du Congo et à l'île Maurice,
ques, cohérents à la base, de 8-11 cm de long, le jus des feuilles dAgave americana se boit
longuement effilés à l'apex, étalés ou recourbés pour ses effets laxatifs et ses vertus diuréti-
à maturité, s'ouvrant par une fente longitudi- ques ; on l'utilise aussi comme emménagogue.
nale, contenant de nombreuses graines. Grai- Il est appliqué sur les plaies et les coupures
nes linéaires-oblongues, de 12-15 mm de long, pour favoriser la cicatrisation. La décoction de
brunes, striées, garnies aux deux extrémités de racines se prend, en mélange avec du miel,
touffes de longs poils brunâtres. pour soigner la syphilis et elle a également des
Le genre Adenium comprend 5 espèces, qui propriétés diurétiques. En Afrique du Sud, les
sont parfois regroupées en une seule, Adenium feuilles servent à traiter les troubles cardia-
obesum (Forssk.) Roem. & Schult., avec 6 sous- ques, l'hypertension et les affections gastro-
espèces. Adenium oleifolium se caractérise par intestinales. Coupées en morceaux et chauf-
l'étroitesse de ses feuilles. Les fruits mettent fées, on les emploie en usage externe pour sou-
plus d'un an à mûrir. Les graines germent sans lager les douleurs rhumatismales. Leur jus fait
problème, mais la plante croît lentement. office d'insecticide, par ex. contre les termites
Ecologie Adenium oleifolium pousse dans les en Tanzanie.
savanes herbeuses parsemées d'arbustes, sur Comme plante ornementale, Agave americana
les crêtes rocailleuses et les affleurements de est planté dans les jardins privés et publics et
roches calcaires, ou sur le sable meuble. au bord des routes. C'est aussi une plante de
Ressources génétiques et sélection Bien haie et il est planté en suivant les courbes de
54 PLANTES MÉDICINALES I
niveau pour lutter contre l'érosion, ainsi que jour, ce qui limite leur déperdition en eau. Le
pour la remise en valeur des terres dénudées et genre Agave comprend 100-200 espèces, toutes
surpâturées. Les fibres de ses feuilles originaires d'Amérique centrale et du Mexique.
s'utilisent localement pour confectionner des Ecologie Agave americana est adapté à tou-
étoffes. tes sortes de conditions. En Afrique de l'Est, on
Propriétés Deux dérivés différents du tria- le rencontre depuis le niveau de la mer jusqu'à
contanol, isolés à partir des feuilles, ont montré 2500 m d'altitude. On le trouve dans des zones
une activité antibactérienne contre Staphylo- de précipitations aussi bien faibles qu'élevées.
coccus spp., Pseudomonas aeruginosa et Esche- Dans de nombreux pays d'Afrique australe, y
richia coli. Des extraits de feuilles ont montré compris l'Afrique du Sud, il est considéré
des effets molluscicides et insecticides. Les comme une espèce envahissante nuisible.
feuilles contiennent des enzymes de conversion Gestion La multiplication dAgave america-
de l'angiotensine, qui sont un puissant remède na se fait par rejets ou par graines. La teneur
contre l'hypertension. Elles renferment égale- des feuilles en hécogénine augmente avec l'âge
ment plusieurs sapogénines, par ex. de de la plante et atteint son maximum pendant
l'hécogénine, qui peuvent s'utiliser dans la fa- les périodes sèches.
brication de corticostéroïdes hémisynthétiques, Ressources génétiques et sélection Agave
mais seulement s'ils ne contiennent pas trop de americana est largement réparti et cultivé, et
tigogénine, parce que cela réduit la qualité du ne laisse présager d'aucune menace. De nom-
produit et les rendements. Chez des plantes breux cultivars ornementaux ont été mis au
nigérianes, on n'a trouvé de tigogénine qu'à point, notamment un cultivar aux feuilles à
l'état de trace dans les feuilles. Cette tigogé- bords jaune pâle, connu sous le nom de 'Margi-
nine est en soi une matière première dans la nata', planté partout. Ses propriétés ornemen-
production d'autres Steroides. tales donnent lieu à des travaux continus de
Les feuilles contiennent des cristaux d'oxalate sélection et d'amélioration.
de calcium en aiguilles, appelés raphides, qui Perspectives Source d'un remède contre
peuvent provoquer des dermatites de contact et l'hypertension, Agave americana est une plante
de la conjonctivite. prometteuse. L'hypertension, souvent considé-
Botanique Vigoureuse plante herbacée vi- rée comme une maladie des populations aisées,
vace atteignant 9 m de haut à la floraison, pro- est en augmentation chez les populations ur-
duisant des rejets ;tige courte et épaisse, attei- baines africaines.
gnant 20 cm de diamètre, garnie d'une dense Références principales Duncan, Jäger &
rosette de feuilles à l'apex. Feuilles disposées van Staden, 1999 ; Edwards & Tesfaye, 1997;
en spirale, succulentes, sessiles, lancéolées, de Gelfand et al., 1985 ; Gurib-Fakim, Guého &
1-2 m x 15-25 cm, base charnue, triangulaires Bissoondoyal, 1995.
en coupe transversale, apex à épine pointue, Autres références Dahal, Utomo & Brink,
brun foncé, atteignant 5 cm de long, bord ondu- 2003 ; Dharmshaktu, Prabhakaran & Menon,
lé à denté à dents atteignant 10 mm de long, 1987 ; Gbolade et al., 1992 ; Lorenza-Salinas,
bleu-gris pâle à vertes, parfois panachées. In- Ogura &Soffchi, 2001 ;McDaniel, 1985 ;Nel et
florescence : très grande panicule terminale, al., 2004 ; Parmar et al., 1992 ; Sukumaran,
relativement lâche ; pédoncule de 2-8 m de Parashar & Rao, 1994 ; Watt & Breyer-
long. Fleurs bisexuées, régulières ; périanthe Brandwijk, 1962 ;Yang et al., 2006b.
tubulé, de 8-20 mm de long, 6-lobé,jaune pâle ; Auteurs P. Oudhia
étamines 6, insérées au-dessus du milieu du
tube du périanthe, de 6-9 cm de long ; ovaire
infère, 3-loculaire, style 1, plus long que les ALAFIA BARTERI Oliv.
étamines, stigmate 3-lobé. Fruit : capsule
oblongue de 4—5cm de long, à bec court, conte- Protologue Hook.f, Icon. pi. 20: t. 1992
nant de nombreuses graines. Graines plates, en (1890).
forme de disque, de 7-8 mm x 5-6 mm, incur- Famille Apocynaceae
vées, d'un noir brillant. Plantule à germination Origine et répartition géographique Ala-
épigée. fia barteri se rencontre dans les forêts d'Afrique
Agave americana suit le cycle du métabolisme centrale et de l'Ouest, depuis la Guinée-Bissau
acide crassulacé (CAM). Les plantes CAM sont jusqu'au Cameroun et au Congo.
capables de fixer le CO2la nuit et de réaliser la Usages En Côte d'Ivoire, l'infusion des feuil-
photosynthèse avec des stomates fermés le les est utilisée pour traiter le paludisme. Au
ALAFIA 55
Nigeria, une décoction est ingérée pour traiter de 5-20 mm de long ; bractées sépaloïdes.
les douleurs rhumatismales. Les racines sont Fleurs bisexuées, régulières, 5-mères, odoran-
utilisées comme bâtons à mâcher. tes ; pédicelle de 2-6 mm de long ; sépales li-
Les fibres des tiges servent de matériau bres, ovales, de 1,5-2 mm de long, arrondis ou
d'attache pour les toitures. Le latex de cette obtus ;corolle blanche à tube souvent verdâtre,
plante a été utilisé pour couper du latex de tube de 5-8 mm de long et de 1-2 mm de large
meilleure qualité. au-dessus de la base, s'élargissant près de la
Propriétés Les extraits à l'éthanol et à l'eau zone d'insertion des étamines et rétréci vers la
des feuilles d'Alafia barteri ont montré des gorge, glabre ou légèrement poilu à l'extérieur,
propriétés antifongiques contre Aspergillus portant à l'intérieur une ceinture de poils en
flavus, Aspergillus fumigatus, Aspergillus ni- dessous de la zone d'insertion des étamines,
ger, Candida albicans, Microsporum audoninii, lobes obliquement orbiculaires à elliptiques ou
Trichoderma viride et Trichophyton mentagro- obovales, de 4,5-8 mm de long, arrondis et sou-
phytes. L'extrait à l'éthanol s'est avéré plus vent ondulés à l'apex, étalés, glabres à
efficace que l'extrait aqueux. l'extérieur, portant des poils frisés à plutôt
Botanique Liane pouvant atteindre 35 m de droits sur la partie des lobes recouverte dans le
long, à sève claire, parfois à latex blanc ; tige bouton, et poilus à l'intérieur à la base et à la
pouvant atteindre 3 cm de diamètre ; écorce partie supérieure de la gorge ; étamines insé-
gris-brun pâle avec de nombreuses lenticelles. rées au milieu du tube de la corolle, juste in-
Feuilles opposées, simples et entières ; stipules cluses ou exsertes, anthères sessiles, en forme
à l'aisselle du pétiole ; pétiole de 2—5(—8) mm de flèches ; ovaire supère, ovoïde, constitué de
de long ; limbe elliptique à étroitement ellipti- 2 carpelles séparés, style étroitement obconi-
que, de 4—16,5 cm x 2-6,5 cm, base obtuse à que, de 2,5-3 mm de long, tête du pistil consti-
cordée, apex arrondi à brièvement acuminé, tuée d'un anneau basai, d'une partie cylindri-
coriace, glabre. Inflorescence : cyme dichasiale que et d'un apex stigmoïde à 2 lobes. Fruit
terminale plutôt lâche, multiflore ; pédoncule constitué de 2 follicules séparés, cylindriques et
linéaires de 15—50 cm x 0,5-1 cm, déhiscents,
brun foncé, contenant de nombreuses graines.
Graines étroitement ellipsoïdes, d'environ 20
mm de long, portant au sommet une touffe de
poils d'environ 2,5 cm de long.
Le genre Alafia comprend 23 espèces, dont 15
se rencontrent en Afrique continentale et 8 à
Madagascar. Alafia benthamii (Baill.) Stapf est
une autre espèce d'Afrique centrale et de
l'Ouest, généralement présente dans les ripi-
sylves régulièrement inondées. En Sierra
Leone, les feuilles sont utilisées en infusion
pour traiter la fièvre.
Ecologie Alafia barteri se rencontre en forêt
de basses terres, jusqu'à 200 m d'altitude.
Ressources génétiques et sélection Ala-
fia barteri est répandu et rien n'indique qu'il
soit menacé d'érosion génétique.
Perspectives Alafia barteri est une plante
médicinale utile aux communautés rurales. De
plus amples informations seraient nécessaires
pour évaluer ses possibilités pharmacologiques.
Références principales Burkill, 1985 ; Dal-
ziel, 1937 ;Irvine, 1961 ;Leeuwenberg, 1997b.
Autres références Adekunle & Okoli, 2002 ;
Osemeobo & Ujor, 1999 ; Tra Bi, Kouamé &
Traoré, 2005.
Alafia barteri - 1,rameau en fleurs ;2, fleur ;3, Sources de l'illustration Akoègninou, van
fruit. der Burg &van der Maesen, 2006.
Source: Flore analytique du Bénin Auteurs A. de Ruijter
56 PLANTES MÉDICINALES l
ALAFIA LANDOLPHIOIDES (A.DC.) Benth. & nes. Graines étroitement ellipsoïdes, de 16-19
Hook.f. ex K.Schum. mm x 2-3 mm x 0,5-1 mm, présentant plu-
sieurs lignes longitudinales, portant à la base
Protologue Engl. & Prantl, Nat. Pflanzen- une aile aiguë de 2 mm de long et au sommet
fam. 4, 2 : 165 (1895). une touffe de poils de 3-5 cm de long.
Famille Apocynaceae Le genre Alafia comprend 23 espèces, dont 15
Synonymes Alafia scandens (Thonn.) De Wild. se rencontrent en Afrique continentale et 8 à
(1903). Madagascar. Les graines et les racines d'Alafia
Origine et répartition géographique Ala- erythrophthalma (K.Schum.) Leeuwenb., qui se
fia landolphioides se rencontre depuis le Séné- rencontre partiellement dans les mêmes ré-
gal jusqu'à la Centrafrique et au nord de la gions qxi'Alafia landolphioides, c'est-à-dire de-
R.D. du Congo. puis le Nigeria jusqu'à l'Ouganda et la R.D. du
Usages En Côte d'Ivoire et au Ghana, la dé- Congo, sont utilisées comme ingrédient de poi-
coction de feuilles d'Alafia landolphioides est sons de flèches en Centrafrique et en R.D. du
ingérée pour traiter les rhumatismes, et les Congo.
résidus râpés sont frottés sur les points de dou- Ecologie Alafia landolphioides se rencontre
leur rhumatismale. Au Ghana, le latex est uti- en forêt et en savane, jusqu'à 1000 m
lisé comme adhésif pour les poisons de flèches ; d'altitude.
en Centrafrique, il entre également dans la Ressources génétiques et sélection Bien
composition de poisons de flèches. quAlafia landolphioides soit assez répandu, il
Botanique Liane pouvant atteindre 20 m de est soumis localement à de fortes pressions
long, à latex blanc ; tige atteignant 2,5 cm de dues à la destruction de son milieu (par ex. en
diamètre ; écorce brun foncé, avec des lenticel- Côte d'Ivoire).
les brun pâle. Feuilles opposées, simples et Perspectives II s'avère nécessaire de mener
entières ;stipules à Faisselle du pétiole ;pétiole des recherches pour évaluer le potentiel
de 3-7 mm de long ; limbe elliptique à étroite- d'Alafia landolphioides dans le traitement des
ment elliptique, de 4-13 cm x 1,5-6,5 cm, base douleurs rhumatismales. Alafia landolphioides
cunéiforme à arrondie, apex acuminé, coriace, produit de grandes quantités de fleurs odoran-
glabre ou poilu. Inflorescence : cyme dichasiale tes et pourrait donc servir de plante ornemen-
terminale plutôt lâche, multiflore ; pédoncule tale.
de 3—40 mm de long ; bractées sépaloïdes. Références principales Abbiw, 1990 ; Bur-
Fleurs bisexuées, régulières, 5-mères, odoran- kill, 1985 ; Irvine, 1961 ; Kerharo & Bouquet,
tes ; pédicelle de 1-5 mm de long ; sépales li- 1950 ;Neuwinger, 2000.
bres, ovales à largement ovales, de 1,5-2 mm Autres références Avit, Pedia & Sankaré,
de long, obtus ou arrondis ; corolle blanche, 1999 ;Terashima &Ichikawa, 2003.
rouge foncé à la gorge, tube de 6—7mm de long Auteurs A. de Ruijter
et de 1,5—2 mm de large au-dessus de la base,
s'élargissant légèrement près de la zone
d'insertion des étamines et rétréci vers la ALAFIA LUCIDA Stapf
gorge, glabre à l'extérieur, portant à l'intérieur
une ceinture de poils en dessous de la zone Protologue Bull. Misc. Inform. Kew 1894:
d'insertion des étamines, lobes obliquement 122 (1894).
elliptiques à oblongs ou obovales, de 5,5-9 mm Famille Apocynaceae
de long, arrondis, étalés, poilus près du bord Origine et répartition géographique Ala-
avec de longs poils frisés sur la partie des lobes fia lucida se rencontre depuis la Guinée jus-
recouverte dans le bouton ;étamines insérées à qu'en Ouganda et en Tanzanie, ainsi qu'au
1,5-3,5mm de la base du tube de la corolle, nord de l'Angola.
incluses, anthères sessiles, en tête de flèche ; Usages En Côte d'Ivoire, un extrait des par-
ovaire supère, globuleux, constitué de 2 carpel- ties aériennes est ingéré pour traiter la jau-
les séparés, style étroitement obconique, de nisse et les inflammations des glandes ; au
2,5-3 mm de long, tête du pistil constituée d'un Gabon, cet extrait est instillé dans les yeux
anneau basai, d'une partie cylindrique et d'un pour soigner les problèmes oculaires. Au
apex stigmoïde à 2 lobes. Fruit constitué de 2 Congo, une décoction de feuilles est utilisée
follicules séparés, cylindriques et linéaires de pour laver les blessures ; par voie orale, elle
18-45 cm x 0,5-1,5 cm, déhiscents, brun foncé, soulage les maux d'estomac. Une pâte à base
striés, glabres, contenant de nombreuses grai- d'écorce et de jus s'utilise comme pansement
ALAFIA 57
pour accélérer la guérison des plaies. Le latex, les douleurs des reins. Alafia perrieri Jum. est
coagulé avec le jus de Costus sp., est utilisé endémique de Madagascar et ses usages sont
comme poison de flèches. similaires à ceux AAlafia lucida. Une décoction
Propriétés Les constituants chimiques AAla- d'écorce est ingérée pour traiter la jaunisse, la
fia lucida sont inconnus ; des tests ont cepen- rougeole et les accès de fièvre. Le latex AAlafia
dant révélé la présence d'alcaloïdes dans les perrieri et de trois autres espèces endémiques
graines. de Madagascar, Alafia fuscata Pichon, Alafia
Botanique Grande liane pouvant atteindre pauciflora Radlk. et Alafia thouarsii Roem. &
45(-70) m de long, à latex blanc ; tige attei- Schult., contiennent des saponines et sont ainsi
gnant 18 cm de diamètre ;branches brun foncé utilisés à la place du savon. Les fibres des tiges
ou gris pâle, rugueuses, profondément fissu- de ces trois espèces servent de matériau
rées longitudinalement, glabres. Feuilles oppo- d'attache pour les toitures.
sées, simples et entières ; stipules à l'aisselle Ecologie Alafia lucida se rencontre dans les
du pétiole ; pétiole de 2—6 mm de long ; limbe forêts pluviales primaires et secondaires, jus-
elliptique à obovale, de 4,5-15 cm x 2-7 cm, qu'à 2000 m d'altitude.
base cunéiforme, apex arrondi ou brièvement Ressources génétiques et sélection Ala-
acuminé, coriace, glabre. Inflorescence : cyme fia lucida est répandu et rien n'indique qu'il
dichasiale terminale plutôt lâche, parfois axil- soit menacé d'érosion génétique.
laire, multiflore ; pédoncule de 5—25mm de Perspectives Etant donné qu'aucune don-
long ; bractées sépaloïdes, persistantes. Fleurs née n'a été publiée sur les composés chimiques
bisexuées, régulières, 5-mères, parfumées ; ou les effets pharmacologiques AAlafia lucida,
pédicelle de 4-7 mm de long ; sépales libres, l'intérêt de cette plante restera vraisemblable-
ovales à largement ovales, de 1-2 mm de long, ment purement local.
obtus ou arrondis ; corolle jaune ou crème avec Références principales Bouquet, 1969 ;Bou-
une gorge rouge foncé, tube de 4-7 mm de long quet & Debray, 1974 ; Burkill, 1985 ; Neu-
et de 1-2 mm de large à la base, s'élargissant winger, 2000.
légèrement au milieu ou juste en dessous, gla- Autres références Abisch &Reichstein, 1960;
bre ou muni à l'extérieur de bandes longitudi- Boiteau, Boiteau & Allorge-Boiteau, 1999;
nales de poils, et à l'intérieur d'une ceinture de Dalziel, 1937 ; Markgraf, 1976 ; Raponda-
poils en dessous de la zone d'insertion des éta- Walker &Sillans, 1961.
mines, lobes elliptiques, de 6-10 mm de long, Auteurs A. de Ruijter
obtusément tronqués à l'apex, légèrement den-
tés, poilus sur la partie recouverte dans le bou-
ton ;étamines insérées à 1,5-5,5 mm de la base ALAFIA MULTIFLORA (Stapf) Stapf & Pichon
du tube de la corolle,juste incluses ou exsertes,
anthères sessiles, en tête de flèche ; ovaire su- Protologue Bull. Misc. Inform. Kew 1908:
père, ovoïde à globuleux, constitué de 2 carpel- 303 (1908).
les séparés, style étroitement obconique, Famille Apocynaceae
d'environ 2 mm de long, tête du pistil consti- Origine et répartition géographique Ala-
tuée d'un anneau basai, d'une partie cylindri- fia multiflora se rencontre depuis la Sierra
que et d'un apex stigmoïde à 2 lobes. Fruit Leone jusqu'au sud du Soudan, et vers le sud
constitué de 2 follicules séparés, cylindriques et jusqu'au nord de la R.D. du Congo.
linéaires de 24-75 cm x 0,5-1,5 cm, déhiscents, Usages Alafia multiflora est largement uti-
brun foncé, striés, glabres, contenant de nom- lisé dans son aire de répartition pour soigner
breuses graines. Graines étroitement ellipsoï- les blessures. Le latex, mélangé à des copeaux
des, d'environ 23 mm x 2 mm x 1 mm, présen- d'écorce, est appliqué sur les blessures et les
tant des côtes longitudinales, portant au som- ulcères, ainsi que sur les ulcères dus à la syphi-
met une touffe de poils d'environ 3cm de long. lis. Au Ghana, le latex dilué dans l'eau est in-
Le genre Alafia comprend 23 espèces, dont 15 géré pour soigner les blessures rebelles. Au
se rencontrent en Afrique continentale et 8 à Cameroun, le latex frais, soit pris seul, soit
Madagascar. Au Gabon, Alafia caudata Stapf a mélangé à Oncinotis glabrata (Baill.) Stapf ex
également une utilisation médicale. Il se ren- Hiern, est également appliqué pour traiter le
contre depuis le Gabon jusqu'au Kenya, au pian. Des décoctions d'écorce de la tige ou de
Mozambique et en Angola. Au Gabon, des co- fruits sont ingérées pour soulager les douleurs
peaux d'écorce mélangés au fruit de Capsicum abdominales. En R.D. du Congo, les graines en-
annuum L. sont frottés sur la peau pour traiter trent dans la composition de poisons de flèche.
58 PLANTES MÉDICINALES l
Propriétés Un alcaloïde pyrrolizidinique, l'ala- tropicales depuis la Sierra Leone jusqu'en Ou-
fine, a été extrait des graines d'Alafia multiflo- ganda, et vers le sud jusqu'au nord de l'Angola.
ra. Il a été montré que les propriétés antibacté- Le latex est un médicament efficace qui soigne
riennes sont dues à l'acide vanillique, isolé d'un les blessures : il est appliqué directement sur
extrait à l'éther du latex. les plaies pour en accélérer la guérison.
Botanique Grande liane pouvant atteindre Ecologie Alafia multiflora se rencontre dans
40(-80) m de long, à sève claire, parfois à latex les ripisylves régulièrement inondées, jusqu'à
blanc ; tige atteignant 18 cm de diamètre ; 750 m d'altitude.
écorce brun foncé, rugueuse, avec ou sans len- Gestion La récolte du latex dAlafia multi-
ticelles brun pâle dispersées. Feuilles opposées, flora peut s'effectuer à tout moment de l'année :
simples et entières ; stipules à l'aisselle du elle consiste à pratiquer une entaille dans une
pétiole ; pétiole de 5-10 mm de long ; limbe tige feuillée, à collecter le latex sur une feuille
elliptique, de 5-21 cm x 2,5-11,5 cm, base ar- ou dans un récipient pour l'appliquer directe-
rondie à légèrement cordée, apex brièvement ment sur la plaie ou les ulcères à traiter.
acuminé, coriace, glabre sur les deux faces. L'écorce est récoltée sous forme de poudre, par
Inflorescence : cyme dichasiale terminale grattage de la tige ; elle est ensuite mélangée
dense, multiflore ; pédoncule de 3-27 mm de au latex.
long ; bractées sépaloïdes. Fleurs bisexuées, Ressources génétiques et sélection Ala-
régulières, 5-mères, légèrement odorantes ; fia multiflora est répandu et rien n'indique
pédicelle de 5-15 mm de long ; sépales libres, qu'il soit menacé d'érosion génétique.
ovales à largement ovales, de 3-6 mm de long, Perspectives Alafia multiflora est une plante
arrondis ou obtus ; corolle blanche, souvent médicinale largement utilisée dans les commu-
verdâtre à l'extérieur, tube de 11-18 mm de nautés rurales. Les données publiées sur ses
long et de 1,5-3 mm de large à la base, effets pharmacologiques étant rares, de plus
s'élargissant près de la zone d'insertion des amples informations seraient nécessaires pour
étamines et rétréci vers la gorge, glabre à évaluer ses qualités.
l'extérieur, portant à l'intérieur une ceinture de Références principales Abbiw, 1990 ;Balan-
poils en dessous de la zone d'insertion des éta- sard et al., 1980 ; Leeuwenberg, 1997b ; Neu-
mines, lobes largement arrondis, de 10—20 mm winger, 2000 ;Pais et al., 1971.
de long, souvent ondulés à l'apex, étalés, por- Autres références Brisson, 1988 ; Mshana
tant de longs poils frisés sur la partie des lobes et al., 2000 ;N'goran et al., 1995.
recouverte dans le bouton et poilus à Auteurs D.E. Tsala &T. Dimo
l'intérieur, dans la partie supérieure de la
gorge ; étamines insérées au milieu du tube de
la corolle, incluses, anthères sessiles, en tête de ALBERTISIA CORDIFOLIA (Mangenot &
flèche ; ovaire supère, largement ovoïde, 2- J.Miège) Forman
loculaire, style cylindrique, de 4,5-10 mm de
long, tête du pistil cylindrique, avec un apex Protologue Kew Bull. 30(1) :83 (1975).
stigmoïde à 2 lobes. Fruit : capsule linéaire, Famille Menispermaceae
cylindrique, de 70-110 cm x 2-2,5 cm, déhis- Synonymes Epinetrum cordifolium Mange-
cente, glabre, contenant de nombreuses grai- not &J.Miège (1951).
nes. Graines étroitement ellipsoïdes, de 20-26 Origine et répartition géographique Al-
mm x 4 mm x 2 mm, présentant une ligne lon- bertisia cordifolia est endémique du sud-est de
gitudinale en relief, portant à la base une aile la région côtière de Côte d'Ivoire, dans une
obtuse de 0,5—1 mm de long et au sommet un petite zone près d'Abidjan.
bec d'environ 5 mm de long et une touffe de Usages En Côte d'Ivoire, la racine dAlberti-
poils de 4—7 cm de long. sia cordifolia est utilisée pour traiter l'anémie
Le genre Alafia comprend 23 espèces, dont 15 et les œdèmes aux jambes. La pulpe de racine
se rencontrent en Afrique continentale et 8 à dans de l'eau sert en gouttes nasales et
Madagascar. Alafia multiflora diffère des au- s'administre comme sédatif aux personnes agi-
tres espèces du genre par son fruit qui est un tées, en complément à un traitement avec la
syncarpe et la présence d'un bec sur la graine. racine de Rauvolfia vomitoria Afzel. Cette
Les fruits dAlafia multiflora et ceux dAlafia même pulpe s'introduit dans le vagin pour trai-
schumannii Stapf sont les plus longs de la fa- ter les affections utérines ; en usage externe,
mille et peuvent mesurer jusqu'à 1,1 m. elle sert d'hémostatique. Les hommes atteints
Alafia schumannii se rencontre dans les forêts de gonorrhée la prennent en lavement. La ma-
ALBERTISIA 59
tige, la moelle de la tige, les tiges feuillées, feuilles écrasées s'appliquent en lavement pour
l'écorce de la racine, les racines et les fruits traiter l'impuissance. En Afrique de l'Ouest, la
figurent aussi dans la pharmacopée tradition- pulpe de racine se prend couramment pour
nelle. Les feuilles ou les tiges feuillées, en infu- traiter les maladies vénériennes. Les feuilles
sion ou mastiquées fraîches, se prennent pour ou les racines séchées, seules ou avec du tabac,
leurs vertus sédatives et antispasmodiques afin se fument pour soigner la toux. Les feuilles et
de traiter toutes sortes de problèmes respira- l'écorce de racine s'appliquent en externe pour
toires dont le mal de gorge, la toux et la bron- traiter la lèpre et comme antidote au venin de
chite, les affections de l'appareil génito- serpent. Au Gabon et au Congo, la décoction ou
urinaire, y compris les maladies vénériennes et la macération de racines se prennent pour trai-
la stérilité féminine, ainsi que les problèmes ter la dysenterie amibienne et la diarrhée ; en
intestinaux, notamment les ulcères gastriques, collyre, elles servent à soigner la conjonctivite.
la diarrhée, la dysenterie amibienne et les vers. Au Nigeria, la décoction de fruits écrasés se
Comme purgatif, ces parties végétales se pren- prend pour prévenir les fausses couches. Le jus
nent aussi en lavement ; ingérées à forte dose, du fruit s'emploie pour guérir les problèmes
elles ont des vertus émétiques. On les prend oculaires et les maladies de peau. En médecine
aussi comme dépuratif du sang, comme tonique vétérinaire, l'infusion de feuille ou de racine se
et pour traiter l'anémie et l'épilepsie. Au Séné- donne au bétail pour traiter la trypanosomiase.
gal, la décoction de feuilles se prend pour trai- Au Nigeria, on jette de l'écorce de tige dans les
ter la tachycardie. La moelle des jeunes tiges, retenues de cours d'eau comme poison de pê-
amère et astringente, se mastique pour le che.
même usage. On peut aussi faire des frictions Alchornea cordifolia est utilisé en culture en
de moelle sur la poitrine pour traiter les affec- allées pour fournir du paillage in situ dans les
tions respiratoires. Les feuilles sont ingérées bananeraies ou les champs de maïs d'Afrique
en Afrique de l'Ouest et au Congo comme em- de l'Ouest et de l'Est. Au Burkina Faso, la
ménagogue et pour faciliter l'accouchement, et plante sert de brise-vent autour des cultures.
au Gabon pour leurs vertus abortives. En Afrique de l'Ouest, les feuilles sont une
L'infusion froide de feuilles séchées et écrasées source de fourrage pour les petits ruminants et
a des vertus diurétiques. Les décoctions de les volailles. Les volailles nourries régulière-
feuilles et de racines s'emploient couramment ment avec ces feuilles pondent des œufs dont
comme bain de bouche pour traiter les ulcères les jaunes sont plus foncés. En Afrique de
buccaux, les maux de dents et les caries, et on l'Ouest, les feuilles servent à envelopper les
mastique des rameaux aux mêmes fins. Les noix de cola et F "okpeye", un condiment nigé-
feuilles fraîches écrasées ou les feuilles sèches rian produit par fermentation des graines de
en poudre s'appliquent en externe comme cica- Prosopis africana (Guill. & Perr.) Taub. On
trisant sur les plaies, pour soulager des dou- fabrique des tuyaux de pipe avec les branches
leurs telles que maux de dos ou de tête, sur les dont on a été la moelle. Les Iwos du Nigeria
fractures pour hâter leur guérison, et aussi mastiquent les feuilles pour s'ouvrir l'appétit.
pour traiter des infections oculaires et de nom- Les feuilles séchées sont un succédané du thé.
breuses affections cutanées, y compris les ma- En Afrique de l'Ouest, on fait bouillir des nat-
ladies vénériennes, les blessures, les abcès, les tes et des étoffes avec les fruits et du natron
pians et la filariose. La décoction ou la pâte de pour les teindre en noir ; on ajoute souvent à
rameaux feuilles s'appliquent en bain pour ces fruits des gousses de Parkia fermentées ou
traiter la fièvre, le paludisme, les douleurs de l'écorce de Bridelia ferruginea Benth. Cette
rhumatismales, la Splenomegalie, ainsi qu'en teinture s'emploie aussi sur les poteries, les
lotion ou en cataplasme sur les pieds doulou- calebasses et le cuir. Les feuilles sont souvent
reux ; elles se prennent aussi en bains de va- ajoutées à l'indigo pour le foncer. Au Nigeria,
peur. En Côte d'Ivoire et au Ghana, les feuilles les pêcheurs se servent des feuilles et des fruits
s'emploient comme hémostatique pour arrêter pour teindre leurs filets et les protéger ; les
les menstruations prolongées et la décoction de feuilles séchées produisent un coloris plus fon-
racines ou de feuilles s'applique dans le vagin cé que les feuilles fraîches. Au Gabon, l'écorce
pour arrêter les hémorragies post-partum et et les feuilles sont utilisées pour noircir les
traiter les vaginites. En Sierra Leone et au étoffes et les poteries. La cendre du bois sert de
Congo, on confectionne des suppositoires à par- mordant. Le bois, léger, tendre et périssable,
tir de jeunes feuilles ou d'écorce pilée pour trai- est utilisé en construction domestique, on en
ter les hémorroïdes. En R.D. du Congo, les fait des piquets, des ustensiles de cuisine, et
ALCHORNEA 63
aussi des bancs lorsqu'on dispose de grosses et amibicide. L'activité amibicide de l'écorce de
tiges. Le bois est également employé comme racine était encore plus élevée. L'extrait à
combustible. En R.D. du Congo, les tiges refen- l'éthanol de la feuille a fait ressortir une activi-
dues servent à faire le fond des paniers. Au té modérée in vitro contre Plasmodium falcipa-
Cameroun et au Gabon, les fruits acidulés sont rum, tandis que les extraits au chloroforme et à
réputés comestibles et s'emploient comme ap- l'éther sont restés inactifs. L'acide ellagique
pâts pour piéger les oiseaux. Les infrutescences s'est avéré être la matière active de l'extrait.
sont utilisées dans des décorations. Des extraits bruts à l'éthanol des feuilles ont
L'extrait d'Alchornea cordifolia a été breveté manifesté une activité vermifuge moyenne in
pour plusieurs autres applications : il sert vitro contre Haemonchus contortus, un nema-
d'antisalissant dans les peintures, revêtements tode pathogène pour les petits ruminants.
et polymères, et il a été proposé que l'acide Différents extraits de feuilles ont montré une
alchornéique soit utilisé comme matière pre- activité anti-anémique significative en aug-
mière dans l'hémisynthèse du plastique. mentant le taux d'hémoglobine et de fer dans le
Production et commerce international Au sang après administration orale à des rats
Ghana et au Burkina Faso, les feuilles, l'écorce anémiques. Des extraits bruts de feuilles ont
de racine et les fruits d'Alchornea cordifolia provoqué une coagulation du plasma sanguin
sont vendus sur les marchés locaux de novem- in vitro. C'est la forte teneur en tanin qui serait
bre à janvier. Le Centre national des semences responsable de cette activité.
forestières du Burkina Faso vend des graines L'extrait à l'éthanol de la feuille a montré une
au prix de US$ 10 par kg dans la région, et de activité significative contre la diarrhée induite
US$ 14 en dehors. par l'huile de ricin chez les souris. La présence
Propriétés Les feuilles, les racines et l'é- de tanins et de flavonoïdes peut être à l'origine
corce de la tige contiennent des terpénoïdes, de l'augmentation d'eau dans le côlon et de la
des hétérosides stéroïdiques, des flavonoïdes réabsorption d'électrolyte. L'extrait brut au
(2-3%), des tanins (environ 10%), des saponi- methanol de la feuille a un effet relaxant mo-
nes, des glucides et des alcaloïdes imidazopy- déré sur les muscles lisses in vitro, attribué à
rimidines (alchornéine, alchornidine) et plu- un flavonoïde, la quercétine, et ses dérivés.
sieurs alcaloïdes guanidines. Les feuilles L'extrait à l'éthanol de la racine a provoqué un
contiennent également tout un ensemble retard important de l'effet d'une bronchocons-
d'acides hydroxybenzoïques :l'acide gallique et triction induite par l'histamine et caractérisée
son ester éthylique, l'acide gentisique, l'acide par de l'essoufflement chez les cobayes.
anthranilique (vitamine Ll) et l'acide protoca- L'extrait brut au methanol des feuilles et plu-
téchuïque, et également l'acide ellagique (aliza- sieurs fractions ont manifesté une activité anti-
rine jaune). Un homologue en C20 de l'acide inflammatoire lors de l'essai sur l'œdème de
vernolique, que l'on appelle acide alchornoïque, l'oreille induit par l'huile de croton chez les
a été découvert dans l'huile des graines. souris et lors de l'essai de l'œdème de la patte
Divers extraits de feuille, d'écorce de tige et de arrière induit par l'albumen d'œuf chez les
racine (macérations ou décoctions et extraits rats. La cytotoxicité de l'extrait brut était très
méthanoliques, éthanoliques ou acétoniques) faible. Des extraits à l'alcool de l'écorce de ra-
ont montré une activité significative contre cine, de l'écorce de tige, des feuilles, des fruits
nombre d'agents pathogènes bactériens et fon- et des graines ont interrompu la mitose des
giques chez les humains. C'est l'écorce de ra- cellules chez l'oignon (Allium cepa L.). Un ex-
cine qui a montré l'activité la plus forte. Les trait au methanol de graines a provoqué
résultats des essais sur les activités anti-VIH l'inhibition de la vascularisation chez des em-
de l'extrait de graines sont contradictoires ; bryons de poulet.
dans les essais africains, les souches de VIH-1 La composition approximative en nutriments
se sont montrées sensibles à l'extrait de grai- de la farine de feuilles utilisée dans la nourri-
nes, tandis que les essais américains n'étaient ture des volailles, par 100 g de matière sèche,
pas concluants. Des extraits au methanol ou à est :énergie 1930 kj, protéines brutes 18,7 g et
l'éthanol de feuilles et de racine à une concen- fibres brutes 16,4 g. Si la production de feuilles
tration de 100 (ig/ml n'ont révélé aucune activi- est élevée, l'appétence qu'elles suscitent chez
té cytotoxique contre 60 lignées de cellules tu- les bovins, les chèvres et les moutons est rela-
morales issues de 8 organes. Les extraits à tivement faible.
l'éthanol de la feuille et du fruit ont fait preuve Description Arbuste ou petit arbre dioïque,
d'importantes activités trypanocide, vermifuge sempervirent, zigzaguant, à ramification lâche,
64 PLANTES MÉDICINALES l
tes des feuilles sont également intéressantes et couramment pour traiter les brûlures et les
il est nécessaire de les étudier davantage pour blessures. En Afrique du Sud, une décoction de
connaître leur efficacité dans différentes condi- feuilles est administrée aux femmes pour facili-
tions. ter leur accouchement. Au Japon, les feuilles se
Références principales Farombi et al., 2003; consomment en légume, mais elles sont égale-
Neuwinger, 2000 ; Ogundipe et a l , 2001 ; Rad- ment un aliment diététique, réputé venir à
cliffe-Smith, 1996a. bout de la constipation. Lorsqu'il est commer-
Autres références Burkill, 1994 ; Kokwaro, cialisé comme légume, ce sont des morceaux de
1993 ; Ogundipe et al., 2001 ; Radcliffe-Smith, tige garnis de feuilles qui sont vendus. Des
1987. préparations sont vendues sans ordonnance
Auteurs G.H. Schmelzer comme remède pour accélérer les sécrétions
gastriques, ainsi que comme purgatif et pour
leurs emplois dermatologiques. Aloe arbores-
A L O E A R B O R E S C E N S Mill. cens est un ingrédient important des bonbons
qu'on appelle "kidachi" au Japon, très appré-
Protologue Gard. diet. ed. 8: Aloe n.3 (1768). ciés pour leur goût de yaourt piquant. Dans le
Famille Asphodelaceae monde entier, on s'est intéressé après la Se-
Nombre de chromosomes 2n = 14 conde Guerre mondiale à la valeur que pouvait
Noms vernaculaires Aloès arborescent (Fr). avoir le gel à base d'Aloe arborescens, du fait
Krantz aloe, Kidachi aloe, mountain bush aloe, que les brûlures subies par les victimes des
candelabra aloe, octopus plant, torch plant bombes nucléaires sur le Japon avaient été
(En). traitées avec succès avec ce gel. En Afrique
Origine et répartition géographique Ori- australe, on plante Aloe arborescens comme
ginaire de l'Afrique australe, Aloe arborescens haie vive. Des habitations abandonnées depuis
est présent au Malawi, au Botswana, au Zim- plus d'un siècle peuvent encore être repérées
babwe et au Mozambique, ainsi qu'en Afrique grâce à ces haies toujours en place. Comme
du Sud. Il a été importé dans de nombreux plante ornementale, Aloe arborescens est lar-
pays tropicaux et subtropicaux pour ses quali- gement cultivé dans les régions subtropicales ;
tés ornementales et ses vertus médicinales. En il est particulièrement prisé en Méditerranée.
Italie, sa culture commerciale est destinée à Production et commerce international On
l'herboristerie et aux produits cosmétiques. Au ne dispose pas de statistiques sur la production
Japon, où il fut introduit pour la première fois d'AZoe arborescens. C'est probablement le Ja-
au XVIIe siècle et où il s'est naturalisé, c'est pon qui est le producteur le plus important,
aussi bien un remède qu'un aliment. Une mais uniquement pour le marché intérieur.
culture commerciale à'Aloe arborescens a débu- Propriétés Comme chez la plupart des es-
té récemment en Israël et en Chine. pèces d'AZoe, l'exsudat de feuilles d'AZoe arbo-
Usages Fendues en deux ou broyées, les rescens contient des 10-C-glucosides à anthrone
feuilles fraîches dAloe arborescens s'emploient (dérivés d'anthraquinone) comme l'aloïne et les
hydroxyaloïnes. L'aloïne est un mélange de
deux stéréoïsomères, l'aloïne A (barbaloïne) et
l'aloïne B (isobarbaloïne). L'exsudat contient en
outre un dérivé de la pyrone, l'aloénine, et des
2-acétonyl-7-hydroxy-5-méthylchromones libres
et glycosylées (par ex. l'aloésone, le furoaloé-
sone, l'aloérésine A, l'aloérésine B (aloésine) et
l'aloérésine C). Le composé à l'origine des pro-
priétés laxatives est l'aloïne, inactif en soi
comme laxatif, mais qui est activé en aloémo-
dine-anthrone par Eubacterium sp. Malgré
certaines observations montrant que lors-
qu'une diarrhée est provoquée par l'aloïne,
l'augmentation de la teneur en eau pourrait
être plus importante que la stimulation des
mouvements péristaltiques, les effets secondai-
res résultant d'une utilisation prolongée indi-
Aloe arborescens - sauvage quent qu'elle a un effet coliqueux sur le côlon.
70 PLANTES MÉDICINALES I
Les rhumatismes se traitent avec de la cendre celle dAloe buettneri, mais le premier est pré-
de feuilles. On absorbe la décoction de feuilles sent également en R.D. du Congo, au Soudan
comme boisson pour soigner la toux. La plante et en Ouganda. Aloe schweinfurthii diffère
entière hachée se prend en décoction pour trai- dAloe buettneri par l'absence de bulbe, des
ter les maladies vénériennes et la stérilité fé- fruits plus petits et la présence de rejets. Aloe
minine. Les feuilles en décoction s'emploient schweinfurthii est cultivé par endroits pour ses
pour traiter le cancer. Au Sénégal, on addi- usages médicinaux, qui sont les mêmes que
tionne l'eau qui sert à abreuver les volailles ceux d'Aloe buettneri. Quant à Aloe macrocar-
d'une décoction de feuilles pour prévenir le pa, très répandu en Afrique de l'Ouest, il va
choléra aviaire. Au Nigeria, on donne du jus de jusqu'en Erythrée et à Djibouti. En Erythrée,
feuilles au bétail comme vermifuge. l'exsudat de feuilles a des usages médicinaux et
Propriétés L'extrait au methanol de l'exsu- l'espèce se plante sur les contours des pentes
dat de feuilles séchées d'Aloe buettneri ou de pour retenir la terre. En Afrique de l'Ouest, les
l'espèce apparentée Aloe schweinfurthii Baker fleurs se consomment comme légume. Dans
a fait ressortir une activité significative in vivo l'ouest de la R.D. du Congo, le jus des feuilles
contre l'helminthiase provoquée par Nippos- d'AZoe congolensis De Wild. & T.Durand sert
trongylus sp. chez les rats. traditionnellement à soigner les plaies, les
Botanique Plante herbacée succulente vivace blessures, les brûlures, les douleurs articulai-
atteignant 80 cm de haut, sans tige, habituel- res, les inflammations mammaires et il a aussi
lement solitaire, formant rarement des rejets, à des vertus laxatives. Quant aux feuilles sé-
bulbe. Feuilles 16 environ, en rosette, dressées chées et réduites en poudre, on dit qu'elles pré-
à étalées ; stipules absentes ; pétiole absent ; viennent le cancer du côlon et du rectum. Il
limbe triangulaire, de 30-50 cm x 10 cm, apex semble qu'AZoe congolensis soit étroitement
acuminé, bord dur et résistant, garni de fermes apparenté à Aloe buettneri et il est possible
dents pointues, blanches à rose pâle, de 3-4 qu'il s'agisse d'un synonyme.
mm de long, distantes de 1—1,5cm, limbe par- Ecologie Aloe buettneri est présent dans les
semé de taches blanchâtres. Inflorescence cons- savanes herbeuses et les savanes boisées, à
tituée de grappes cylindriques-coniques à pres- 250-900 m d'altitude.
que capitées, de 15 cm x 7 cm, pédoncule de Gestion Bien qu'AZoe buettneri soit parfois
70-90 cm de long, à 3-5 ramifications ; brac- cultivé, aucune information n'a été publiée sur
tées deltoïdes-aiguës ou lancéolées-acuminées, son agronomie. C'est surtout sur des pieds sau-
de 10-15 mm x 6-8 mm. Fleurs bisexuées, ré- vages que l'on récolte.
gulières, 3-mères ; pédicelle de 2-2,5 cm de Ressources génétiques et sélection Comme
long ; périanthe tubuleux, atteignant 4 cm x 1 toutes les espèces d'AZoe, à l'exception d'AZoe
cm, renflé autour de l'ovaire, lobes 6, d'environ vera (L.) Burm.f., Aloe buettneri figure sur la
12 mm de long, d'un jaune verdâtre à rouge liste de la CITES et la commercialisation de la
terne ;étamines 6, légèrement exsertes ; ovaire plante ou de ses parties fait l'objet de restric-
supère, 3-loculaire, style filiforme, stigmate tions, malgré l'existence de nombreux spéci-
capité, exsert. Fruit :capsule ovoïde atteignant mens dans les jardins botaniques et dans des
4 cm de long, loculicide, contenant de nom- collections privées de plantes succulentes, et
breuses graines. rien n'indique que dans la nature l'espèce soit
Le genre Aloe comprend environ 450 espèces en menacée.
Afrique et en Arabie, dont environ 315 sur le Perspectives L'importance d'AZoe buettneri
continent africain, une centaine endémiques de comme plante médicinale à l'échelle locale va
Madagascar ou des îles de l'océan Indien (dont probablement se maintenir. Jusqu'à ce jour les
l'ancien genre Lomatophyllum) et une cinquan- recherches pharmacologiques sur les espèces
taine en Arabie. ouest-africaines d'AZoe sont restées limitées, et
En Afrique de l'Ouest, on distingue trois espè- il serait justifié de les poursuivre. Les espèces
ces indigènes d'AZoe : Aloe buettneri, Aloe voisines d'AZoe d'Afrique centrale auraient be-
schweinfurthii Baker et Aloe macrocarpa Tod. soin d'une étude taxinomique.
Le nom Aloe barteri Baker a été employé de- Références principales Baerts & Lehmann,
puis longtemps pour tous les Aloe d'Afrique de 2005a ; Burkill, 1995 ; Newton, 2001 ; von
l'Ouest, mais il était basé sur un mélange de Koenen, 2001.
parties végétales d'AZoe buettneri et d'Aloe Autres références Berhaut, 1967 ; Carter,
schweinfurthii. En Afrique de l'Ouest, la répar- 2001 ; Hammond, Fielding & Bishop, 1997;
tition d'AZoe schweinfurthii recoupe largement Kibungo Kembelo, 2004 ; Latham, 2004 ; New-
ALOE 73
industries des cosmétiques qui en achètent la l'huile de croton dans l'oreille des souris.
plus grande part, d'où une exigence de qualité L'aloérésine B module aussi la mélanogenèse
élevée. par inhibition compétitive de la tyrosinase ;
Propriétés L'exsudat àAloe ferox contient elle s'avère donc prometteuse en cosmétologie
15-40% de 10-C-glucosides à anthrone (dérivés et dans des emplois thérapeutiques comme
de l'anthraquinone) comme l'aloïne et les hy- agent modificateur de la pigmentation.
droxyaloïnes. L'aloïne est un mélange de deux Falsifications et succédanés Le psyllium
stéréoïsomères, l'aloïne A (barbaloïne) et (Plantago spp.), un laxatif de lest naturel, est
l'aloïne B (isobarbaloïne). L'exsudat contient en l'un des substituts des substances laxatives qui
outre un dérivé de la pyrone, l'aloénine, et des contiennent de l'anthraquinone comme Aloe,
2-acétonyl-7-hydroxy-5-méthylchromones libres mais il a l'avantage de ne pas entraîner de dé-
et glycosylées (par ex. l'aloésone, le furoaloé- pendance ou un côlon cathartique. Des prépa-
sone, l'aloérésine A, l'aloérésine B (aloésine) et rations à l'anthraquinone à base de Senna ala-
l'aloérésine C). Aloe ferox contient également ta (L.) Roxb. et d'autres espèces de Senna et de
de la feroxidine libre ou glycosylée (une tétra- Cassia sont parfois recommandées comme
line) et du féralolide (une dihydro- substituts des produits à l'aloès. On conseille
isocoumarine). Les produits pharmaceutiques à Centella asiatica (L.) Urb. comme substitut des
1' "aloès du Cap" doivent contenir au moins gels d'aloès dans le traitement des plaies ; ses
18% de dérivés d'hydroxy-anthraquinone, pas triterpènes ont fait ressortir des activités cica-
plus de 12% d'humidité et 2% de cendres, et trisantes et antibactériennes.
une fraction soluble dans l'eau d'au moins 45%. Description Arbuste succulent atteignant
Le composé à l'origine des propriétés laxatives 3(-5 m) de haut ; tige solitaire, atteignant 30
est l'aloïne, inactif en soi comme laxatif, mais cm de diamètre, dont les rameaux partent ra-
qui est activé en aloémodine-anthrone par Eu- rement de plus haut que la base, à feuilles
bacterium sp. Malgré certaines observations mortes persistantes. Feuilles 50-60, en rosette
montrant que lorsqu'une diarrhée est provo- dense, étalées ou recourbées ; stipules absen-
quée par l'aloïne, l'augmentation de la teneur
en eau pourrait être plus importante que la
stimulation des mouvements péristaltiques, les
effets secondaires résultant d'une utilisation
prolongée indiquent qu'elle a un effet coliqueux
sur le côlon. Les laxatifs à l'anthraquinone ne
doivent pas être utilisés plus de 8-10 jours, ni
par les enfants de moins de 12 ans. Les contre-
indications concernent également la grossesse,
l'allaitement, les inflammations intestinales et
les hémorroïdes. En 2002, la Food and Drug
Administration aux Etats-Unis a retiré le sta-
tut de remède "généralement reconnu inoffen-
sif et efficace (GRASE)" qui avait été concédé
aux préparations à base d'exsudats d'aloès
vendues sans ordonnance. L'aloïne doit de pré-
férence être administrée en association avec un
antispasmodique pour atténuer son action coli-
queuse. Une congestion et une irritation des
organes pelviens peuvent être des effets se-
condaires de l'aloïne. Il se peut que les laxatifs
comme l'aloès qui contiennent de l'anthraqui-
none jouent un rôle dans le cancer colorectal
car ils sont potentiellement génotoxiques et
potentiellement tumorigènes chez les rongeurs.
L'aloémodine, le chrysophanol et l'aloïne A,
tous isolés d'extraits de feuilles à'Aloe ferox, Aloeferox- 1,port de laplante ;2, borddefeuille ;
possèdent une activité antibactérienne signifi- 3, sommet de l'inflorescence.
cative in vitro. L'aloérésine A et B réduisent de Redessiné et adapté par Achmad Satiri Nur-
40% la réaction œdémateuse provoquée par haman
76 PLANTES MÉDICINALES I
tes ; pétiole absent ; limbe lancéolé-oblong, que la présence d'une cuticule épaisse, les rend
atteignant 100 cm x 15 cm, apex longuement bien adaptées à des conditions de sécheresse.
acuminé, bord garni de dents pointues (brun-) Toutefois, une sécheresse prononcée arrête la
rougeâtre d'environ 6 mm de long, distantes de production d'exsudat. La tige d'Aloe ferox est
1-2 cm, limbe d'un vert terne, parfois teinté de entourée d'une couche persistante de feuilles
rougeâtre ; exsudât jaune, rouge lorsqu'il est mortes, ce qui l'isole en cas d'incendie de
sec. Inflorescence constituée de grandes grap- brousse. La récolte de feuilles dAloe ferox à des
pes denses et allongées, de 50-80 cm de long ; fins médicinales pourrait par conséquent don-
pédoncule à 5-8 ramifications étalées ;bractées ner lieu à une mortalité importante due aux
largement ovales, de 2-5 mm x 2-4 mm. Fleurs incendies. La morphologie des fleurs d'Aloe
bisexuées, régulières, 3-mères ; pédicelle de1— ferox laisse penser que la pollinisation est ef-
1,5 cm de long ;périanthe tubuleux, de 2,5-3,5 fectuée par les oiseaux. Ce qui n'empêche pas
cm de long, lobes 6, de 12-17 mm de long, rou- les abeilles de prendre également part à la
ges ou orange foncé, parfois blancs ou jaunes ; pollinisation. Aloe ferox est auto-incompatible
étamines 6, exsertes ; ovaire supère, 3- et seules quelques fleurs s'ouvrent au même
loculaire, style filiforme, stigmate capité, ex- moment sur une même grappe. Les étamines
sert. Fruit : capsule ovoïde atteignant 3 cm de produisent du pollen le matin et flétrissent
long, loculicide, contenant de nombreuses grai- l'après-midi, le style ne devenant exsert que le
nes. Graines d'environ 9 mm de long, à ailes deuxième jour de l'anthèse.
larges. Ecologie Aloe ferox est l'une des espèces
Autres données botaniques Le genre Aloe dominantes de la végétation de bush à succu-
comprend environ 450 espèces en Afrique et en lentes d'Afrique du Sud. Il pousse dans des
Arabie, dont environ 315 sur le continent afri- conditions climatiques très diverses. Il est par-
cain, une centaine endémiques de Madagascar ticulièrement abondant sur les collines arides
ou des îles de l'océan Indien (dont l'ancien et rocailleuses, jusqu'à 1000 m d'altitude, où
genre Lomatophyllum) et une cinquantaine en les températures moyennes sont de 27—31°C.
Arabie. La pluviométrie annuelle est de 50—300 mm.
Une autre espèce sud-africaine qui a des usa- Malgré la faible profondeur de son enracine-
ges médicinaux est Aloe maculata Ail. (syno- ment, la plante peut pousser dans ces condi-
nyme : Aloe saponaria (Aiton) Haw.). On en a tions arides. Il faut éviter l'asphyxie racinaire
planté à des fins ornementales dans les régions et Aloe ferox se plaît surtout sur les sols riches
sèches de l'île Maurice, à Rodrigues et aux Co- et bien drainés. Il supporte les gelées légères,
mores, mais on l'utilise aussi pour ses vertus mais ses fleurs peuvent en pâtir.
médicinales. L'infusion de feuilles s'emploie en Multiplication et plantation Aloe ferox ne
gouttes dans l'œil pour traiter la conjonctivite, produit pas de rejets mais peut être multiplié
et s'applique en friction sur les furoncles, les par graines et par les sommités de pieds âgés.
plaies, les ecchymoses et les articulations at- La régénération de plantes à partir de tissu
teintes de rhumatismes. Elle se prend aussi racinaire ou embryonnaire marche aussi.
pour traiter les maux d'estomac et les maux de Gestion Aprésent que non seulement l'exsu-
tête. En Afrique du Sud, l'infusion de feuilles dat, mais également le gel sont devenus inté-
se prend pour traiter les problèmes cardiaques ressants, la production commerciale devient
et comme vermifuge. Les fleurs réduites en une option rentable. Il n'existe aucune infor-
poudre se boivent en infusion ou s'administrent mation sur son agronomie.
en lavement pour traiter les rhumes accompa- Maladies et ravageurs II existe une mi-
gnés de fièvre chez les enfants. Les feuilles neuse des feuilles qui affecte les rendements
renferment des anthraquinones, ainsi que de des peuplements naturels d'AZoe ferox.
l'aloésaponarine I et II, et de l'aloïne. Les feuil- Récolte On estime que la récolte des feuilles
les produisent un colorant jaune. Les chèvres sur des pieds sauvages d'Aloe ferox ne menace
n'hésitent pas à brouter la plante. pas l'espèce. Des populations rurales le font en
Croissance et développement Les espèces effet depuis des générations et versent une
à'Aloe suivent le métabolisme acide crassulacé taxe aux propriétaires terriens. L'exsudat
(CAM). Les plantes CAM sont capables de fixer d'Aloe ferox se récolte généralement en coupant
le CO2 la nuit et de réaliser la photosynthèse les feuilles près de la tige et en les plaçant de
avec des stomates fermés le jour, ce qui limite telle sorte que l'exsudat s'écoule dans des pots,
leur déperdition en eau. Cette particularité, des bassines ou des cuves ou même sur de sim-
outre leurs feuilles et tiges succulentes ainsi ples toiles que l'on dépose sur des cavités pra-
ALOE 77
tiquées dans le sol. L'exsudat peut également mais une surveillance serait justifiée. Il est
être obtenu par pression des feuilles ou par obligatoire d'avoir un permis d'exportation
rouissage à l'eau chaude ou froide. En Afrique parce qu'en dehors dAloe vera, toutes les espè-
du Sud, l'exsudat se récolte de préférence à la ces dAloe figurent à l'annexe de la CITES, la
saison des pluies, parce qu'il est plus abon- Convention sur le commerce international des
dant ; mais la récolte se pratique aussi à espèces de faune et de flore sauvages menacées
d'autres moments de l'année, sauf pendant les d'extinction.
mois les plus secs. On coupe généralement les Sélection IIn'existe pas deprogramme d'amé-
feuilles le matin et il faut 4-5 heures à lioration génétique connu pour Aloe ferox. On
l'exsudat pour s'écouler d'un tas de feuilles. On pourrait procéder à la sélection et la multipli-
ne coupe que les feuilles âgées, sans toucher cation des plantes à haut rendement en vue
aux plus jeunes ni aux jeunes pousses. d'une production commerciale. Chez YAloe ferox
Rendements Deux tonnes de feuilles d'Aloe d'Afrique du Sud, on s'est aperçu que la teneur
ferox produisent environ 1 kg de poudre de gel, en aloïne de l'exsudat des feuilles présentait de
quantité supérieure à celle qu'on obtient avec nettes différences selon les provenances. De
Aloe vera. nombreuses espèces d'Aloe se croisent dans la
Traitement après récolte Une fois récolté, nature si leur aire de répartition et leur pé-
l'exsudat est concentré généralement par ebul- riode de floraison coïncident, et il est facile de
lition puis refroidissement. Lors du refroidis- produire des hybrides en culture. Les perspec-
sement, un extrait amorphe se forme, qui cons- tives d'amélioration génétique et de sélection
titue la substance pharmaceutique. Son appa- sont donc considérables.
rence varie en fonction du procédé de concen- Perspectives Aloe ferox est potentiellement
tration mis en oeuvre. Si la concentration s'est une culture de régions arides. Ce sera toujours
faite lentement, au soleil ou à feu doux, un remède bénéfique dans l'herboristerie fami-
l'extrait refroidi est opaque, cireux et a la cou- liale : le gel frais est facile à préparer et à ap-
leur du foie (c'est l'aloès dit "hépatique") ; des pliquer sur les plaies. Son usage comme laxatif
cristaux d'aloïne sont visibles au microscope. Si tend cependant à être supplanté par d'autres
en revanche la concentration du jus a été obte- végétaux qui possèdent cette vertu, comme
nue rapidement, par exemple à feu vif, l'extrait Plantago spp. Un brillant avenir est promis à
refroidi est semi-transparent (c'est l'aloès "vi- l'industrie du gel. Pour la production commer-
treux") et on ne discerne pas de cristaux ciale, d'autres espèces d'Aloe qui forment des
d'aloïne au microscope. rejets, comme Aloe turkanensis Christian et
Pour donner une valeur ajoutée, on a aussi la Aloe flexilifolia Christian, originaires d'Afrique
possibilité d'exploiter les feuilles séchées que de l'Est, pourraient s'avérer de meilleurs can-
l'on réduit en poudre. Lorsque l'extraction de didats.
l'exsudat est terminée, on réduit les feuilles en Références principales Aguilar & Brink,
une pâte que l'on soumet à forte pression jus- 1999 ; CITES, 2003 ; Coates Palgrave, 1983;
qu'à obtenir un résidu sec. Clarifié, le liquide Glen & Hardy, 2000 ; Gurib-Fakim, Guého &
est ensuite traité avec des produits chimiques Bissoondoyal, 1996 ; Kambizi, Sultana &
pour faire floculer la fraction colloïdale. Afolayan, 2004 ; Newton, 2001 ; Newton &
Le gel peut être obtenu en débarrassant la Vaughan, 1996 ; van Zyl, Mander & Antrobus,
feuille de ses tissus externes. Ainsi, à Aruba, le 2001.
gel s'obtient en ouvrant les feuilles dans le sens Autres références Baerts &Lehmann, 2005b;
de la longueur et en le raclant hors du limbe. Bayne, 2002 ; Bond, 1983 ; Grierson & Afolay-
Lesjeunes feuilles (< 25 cm), qui ne renferment an, 1999 ; Jones et al., 2002 ; Kleinschmidt,
qu'une faible quantité de gel, ne conviennent 2004 ; Latham, 2004 ; Mascolo et al., 2004;
pas ; toutefois, il ne faut pas que les feuilles Neuwinger, 2000 ; Newton, 2004 ; Speranza et
soient trop âgées, car cela peut diminuer la al., 1993 ; Speranza et a l , 2005 ; van Wyk &
quantité et la qualité du gel. Gericke, 2000 ; van Wyk, van Oudtshoorn &
Ressources génétiques Victimes de leur Gericke, 1997 ; Watt & Breyer-Brandwijk,
popularité comme plante de jardin et de serre, 1962.
certaines espèces d'Aloe, trop récoltées dans la Sources de l'illustration Hobson et a l , 1975;
nature, sont potentiellement menacées Jeppe, 1969.
d'extinction. Mais en culture, Aloe ferox est Auteurs C.H. Bosch
répandu comme ornemental. On estime encore
que la récolte dans la nature reste durable,
78 PLANTESMÉDICINALES I
identifier les espèces les mieux adaptées à une prennent en décoction pour traiter l'anémie.
domestication et déterminer ce dont elles ont Ecrasées et bouillies, on les mélange à de la
besoin pour être cultivées. bière, soit disant pour accroître la fermenta-
Références principales Carter, 1994;CITES, tion.
2003 ;Morgan, 1981 ;Newton, 2001 ;Reynolds, Deux produits tirés des feuilles d'AZoe spp.
1996. peuvent servir à une production commerciale
Autres références Demissew Sebsebe &Gil- de préparations médicinales et cosmétiques.
bert, 1997 ; Groom &Reynolds, 1987 ; Heine & L'un est le gel qui s'extrait du centre de la
König, 1988 ; Kokwaro, 1993 ; Newton & La- feuille, l'autre est l'exsudat (généralement
vranos, 1990 ;Reynolds, 1997. jaune) qui s'écoule des vaisseaux longitudinaux
Auteurs C.H. Bosch situés aux pôles extérieurs des faisceaux vascu-
laires des feuilles. Au Kenya, on ne récolte que
l'exsudat, qui est facile à transformer en une
A L O E LATERITIA Engl. matière solide propre à une commercialisation
et connue sous le nom d' "amers".
Protologue Pflanzenw. Ost-Afrikas : 140 On utilisait autrefois les racines comme colo-
(1895). rant au Kenya, pour les coloris jaunes à brun-
Famille Asphodelaceae rosé qu'elles donnaient. Aloe lateritia est par-
Nombre de chromosomes 2n = 14 fois cultivé comme plante ornementale de jar-
Noms vernaculaires Mlalangao (Sw). din dans les régions tropicales et subtropicales.
Origine et répartition géographique Limi- Production et commerce international En
té à l'Afrique de l'Est, Aloe lateritia est présent 1986, le Président du Kenya avait annoncé que
à l'état naturel dans le sud de l'Ethiopie, au la totalité des espèces d'AZoe étaient désormais
Kenya et en Tanzanie. Il n'a pas été domesti- protégées au Kenya, et que l'exploitation com-
qué, et sa culture comme ornemental reste merciale devait se faire à partir de plantations,
exceptionnelle. Les mentions à'Aloe lateritia et non de plantes sauvages. Bien qu'aucune loi
pour la R.D. du Congo, le Rwanda, le Burundi ne soit venue officialiser cette déclaration, le
et l'Ouganda concernent Aloe wollastonii Ren- bureau des licences CITES du Kenya a depuis
dle. lors refusé d'accorder des permis d'exporta-
Usages Au Kenya, l'exsudat de feuilles dAloe tions, autant pour les plantes que pour les pro-
lateritia sert par endroits à traiter les rhumes duits à base d'AZoe. Pour cette raison, toutes les
et le paludisme. Les feuilles se prennent en exportations provenant du Kenya sont illégales
décoction pour soigner l'hépatite. Dans certai- et il n'existe pas de chiffres officiels sur ce com-
nes régions, elles s'appliquent sur les plaies et merce. Le Groupe de travail sur les aloès du
servent à traiter les maladies des volailles. Le Kenya, inauguré en 2004, a élaboré des dispo-
liquide qu'on extrait des feuilles pilées se boit sitions destinées à homologuer les plantations
pour soulager les maux d'estomac. Les racines, issues de matériel de multiplication, ainsi que
associées à celles de Solanum incanum L., se le commerce légal de produits à base d'AZoe.
Aloe lateritia fait partie des espèces kenyanes
d'AZoe récoltées illégalement dans la nature. Il
semble qu'il existe un commerce international
non négligeable d'exsudat transformé, mais le
produit exporté est probablement un mélange
d'exsudats provenant de plusieurs espèces. Des
chiffres officieux de 2003 suggèrent que jusqu'à
85 000 kg d' "amers" solides, d'une valeur
commerciale d'environ US$ 840 000 sont expor-
tés du Kenya chaque année. Les principaux
importateurs sont la Chine et l'Arabie Saou-
dite.
Propriétés Les composants propres aux
feuilles d'AZoe sont des composés phénoliques,
notamment la chromone, l'anthraquinone et
des dérivés d'anthrone, mais cette composition
chimique varie énormément d'une espèce à
Aloe lateritia - sauvage l'autre. Certains de ces composés se trouvent
80 PLANTESMÉDICINALES I
chez de nombreuses espèces, alors que d'autres 5-10 cm, apex longuement acuminé, bord garni
n'existent que chez quelques-unes seulement. de dents brunes fermes et pointues de 3-4 mm
A partir de l'exsudat à'Aloe lateritia, on a isolé de long, distantes de 1-1,5 cm, limbe charnu,
des C-glucosides à anthrone, l'homonataloïne surface lisse, vert vif, généralement parsemé
et l'aloïne, toutes deux sous forme de 2 stéréoï- de points blancs allongés disposés en bandes
somères. L'aloïne, qui est le principe actif de transversales irrégulières ; exsudât jaune. In-
l'exsudat, a des propriétés purgatives. Des ra- florescence constituée de grappes terminales en
cines, on a isolé du chrysophanol, de forme de capitules de 4-12 cm x 8 cm, densé-
l'asphodéline, du chrysophanol-8-méthyl éther, ment fleuries, atteignant parfois 20 cm de long
de l'aloésaponol I, II et III et de 1' aloésapona- et plus lâchement fleuries ; pédoncule attei-
rine I et IL On ne dispose pas d'informations gnant 125 cm de long, à 3-8 ramifications, cel-
sur les polysaccharides du gel. les du bas parfois ramifiées à nouveau ; brac-
Falsifications et succédanés Etant donné tées linéaires-lancéolées, de 10-20(-25) mm x 4
qu'aucune surveillance ne s'exerce sur les ré- mm. Fleurs bisexuées, régulières, 3-mères ;
coltes sauvages, l'exsudat provient indifférem- pédicelle de 2-3 cm de long ; périanthe tubu-
ment de plusieurs espèces A'Aloedu Kenya. Les leux, de 3-4 cm de long, renflé autour de
négociants qui achètent aux récoltants n'ont l'ovaire, d'environ 5 mm de diamètre à la gorge,
pas mis au point de méthode de contrôle de la lobes 6, de 10-13 mm de long, rouge orangé,
qualité et se basent uniquement sur leur éva- parfois jaunes, généralement brillants ; étami-
luation visuelle. nes 6, exsertes ; ovaire supère, 3-loculaire,
Description Plante herbacée vivace succu- style filiforme, stigmate capité, exsert. Fruit :
lente, sans tige ou avec une tige atteignant 50 capsule ovoïde atteignant 28 mm de long, brun
cm de long, habituellement solitaire ou remet- pâle, loculicide, contenant de nombreuses grai-
tant pour former de petits groupes. Feuilles nes. Graines d'environ 5 mm de long, brun noi-
16-20, en rosette dense ; stipules absentes ; râtre, à ailes mouchetées.
pétiole absent ; limbe lancéolé, de 25—50 cm x Autres données botaniques Le genre Aloe
comprend environ 450 espèces en Afrique et en
Arabie, dont environ 315 sur le continent afri-
cain, une centaine endémiques de Madagascar
ou des îles de l'océan Indien (dont l'ancien
genre Lomatophyllum) et une cinquantaine en
Arabie. La taxinomie est compliquée par
l'existence d'hybrides interspécifiques aussi
bien à l'état sauvage que cultivé. Deux variétés
d'AZoelateritia sont reconnues :var. lateritia et
var. graminicola (Reynolds) S.Carter. Var.
graminicola diffère de var. lateritia, peu rejet-
tante et strictement acaule, par sa tige souvent
retombante, qui atteint 50 cm de long et qui
rejette généralement pour former des touffes
denses. Var. graminicola possède aussi des
dents plus pointues et ses grappes ont toujours
une apparence de capitules. On ne perçoit au-
cune différence de composition chimique dans
la cire cuticulaire de ces deux taxons, et il est
fait référence à des formes intermédiaires.
C'est var. graminicola qui est la plus abon-
dante au Kenya.
Il existe plusieurs autres espèces qui, comme
Aloe lateritia, forment des touffes par rejets,
qui possèdent des inflorescences à pédoncule
ramifié, et qui ont des usages médicinaux. Les
Aloe lateritia - 1, port de laplante ;2,partie de Topnaars de Namibie boivent des infusions de
l'inflorescence. feuilles à'Aloe asperifolia A.Berger pour traiter
Redessiné et adapté par Achmad Satiri Nur- l'artériosclérose, les affections rénales, l'as-
haman thme, les rhumes et l'épilepsie. Bétail et fem-
ALOE 81
mes le prennent en décoction, pour expulser le par voie orale pour guérir leurs problèmes
placenta :et on le donne aux ânes qui ont brou- d'oreille.
té des plantes toxiques. Les feuilles se mâchent Croissance et développement Toutes les
ou se prennent en décoction pour traiter les Aloe spp. survivent bien aux périodes de séche-
maux d'estomac et les douleurs à la poitrine. resse, ce qui rend leur culture indiquée dans
L'exsudat de feuilles se met dans l'eau servant les régions semi-arides ; mais elles ont quand
à abreuver les volailles pour traiter différentes même besoin d'eau pour former de nouvelles
maladies. Les feuilles d'Aloe chabaudii Schön- feuilles. Il faut quelques années avant que les
land, originaire de la R.D. du Congo, de la Tan- semis soient assez grands pour être récoltés.
zanie et d'Afrique australe, se prennent en Ecologie On trouve Aloe lateritia dans les
infusion comme abortif. Des décès ont été si- savanes herbeuses et arbustives ouvertes, sou-
gnalés, bien que l'action abortive de cette infu- vent sur les pentes rocailleuses, à 250-2100 m
sion n'ait pu être démontrée lors d'expérimen- d'altitude.
tations sur des rats. Les feuilles se prennent en Multiplication et plantation Aloe lateritia
décoction par voie orale comme purgatif. Les peut être multiplié par graines ou par rejets.
racines se prennent en infusion pour combattre On peut avoir recours aux techniques de
la nausée. Toujours en décoction, elles s'ingè- culture de tissus pour produire des plants en
rent pour traiter l'hématurie. On scarifie les grand nombre et créer des plantations.
chevilles avant de les masser avec du jus de Gestion La récolte de pieds d'Aloe lateritia
feuilles pour faire diminuer l'enflure. On sauvages est une pratique généralement des-
trempe les volailles dans une infusion de feuil- tructrice. La création de plantations correcte-
les pour détruire leurs parasites externes, et ment gérées débouchera sur la préservation
celles qui ont du sang dans leur déjections sont des peuplements sauvages et donnera lieu à
soignées avec du jus de feuilles mélangé à l'eau une production importante. Mais ces planta-
qu'on leur donne à boire. On asperge le bétail tions d'Aloe lateritia n'en sont qu'à leur début,
avec cette infusion pour soigner leur diarrhée. et il n'existe aucune donnée relative à
Aloe duckeri Christian, originaire du sud de la l'espacement optimal ou à la façon dont il faut
Tanzanie, du Malawi et de Zambie, a été les conduire.
confondu avec Aloe lateritia mais ses feuilles Maladies et ravageurs Les Aloe spp. culti-
n'ont pas de points, ou très peu, et ses fleurs vés dans les jardins au Kenya à des fins déco-
sont d'un rouge orangé terne. Le jus de feuilles ratives sont sensibles aux attaques fongiques,
est utilisé dans le sud de la Tanzanie pour faci- ainsi qu'aux infestations de cochenilles. Il fau-
liter l'accouchement. Aloe esculenta L.C.Leach dra surveiller de près les plantations qui vien-
est originaire de l'ouest de l'Afrique australe. nent d'être établies pour guetter tout signe de
Le jus de feuilles s'applique sur les brûlures et maladies ou de ravageurs.
les coupures. Sa racine séchée, réduite en pou- Récolte La récolte de l'exsudat de feuilles
dre et additionnée d'eau sert à confectionner d'Aloe lateritia se pratique en creusant un trou
une pâte qu'on emploie pour masser les parties dans le sol que l'on recouvre d'un récipient, soit
du corps douloureuses et gonflées. Aloe globu- un sac en peau, soit un sachet en polyethylene
ligemma Pole-Evans, qui vient du Botswana, ou une cuvette en plastique. On coupe les feuil-
du Zimbabwe et d'Afrique du Sud, est connu les et on les dispose immédiatement autour du
pour avoir provoqué des empoisonnements bord du trou, à un angle permettant à l'exsudat
mortels. La toxicité diffère d'une plante à de s'écouler dans le récipient. Lorsqu'on ne voit
l'autre. Les plantes toxiques ont une odeur de plus aucune sève s'écouler des feuilles, on
rat, qui signale la présence de l'alcaloïde de la transvase l'exsudat dans des bouteilles ou des
ciguë, la y-conicéine. En médecine tradition- bidons pour le vendre à un négociant.
nelle au Zimbabwe, l'infusion de feuilles se Rendements La récolte de l'exsudat dVIZoe
prend pour soulager les maux d'estomac, pour lateritia a lieu toute l'année, bien que d'après
soigner les maladies vénériennes, et aussi les observations, le rendement est plus élevé
comme remède à vertus abortives, bien que pendant la saison des pluies. Une plante mûre
l'activité de cette infusion n'ait pu être démon- peut produire en moyenne 80-100 ml
trée lors d'expérimentations chez les rats. Aloe d'exsudat. Dans certaines régions du Kenya,
hendrickxii Reynolds, espèce endémique de la les revendeurs en obtiennent des collecteurs
R.D. du Congo, s'emploie chez le bétail en jusqu'à 1700 1/jour.
usage externe pour cicatriser les plaies et on Traitement après récolte Les revendeurs
fait prendre aux veaux du jus de feuilles dilué n'examinent la qualité de l'exsudat qu'à l'œil.
82 PLANTES MÉDICINALES I
Madagascar ou des îles de l'océan Indien (dont rencontre souvent sur les pentes rocailleuses, à
l'ancien genre Lomatophyllum) et une cinquan- 1600-2650 m d'altitude.
taine en Arabie. Plusieurs autres espèces Gestion Aloe nuttii se récolte dans la nature
d'AZoe ont des usages médicinaux en Afrique et ses feuilles se récoltent toute l'année. Ses
australe. Les Zoulous du Mozambique et fleurs se cueillent à la fin de la saison des
d'Afrique du Sud prennent les fleurs A'Aloe pluies.
cooperi Baker en décoction pour faciliter Ressources génétiques et sélection Aloe
l'accouchement. Au Swaziland, les jeunes pous- nuttii n'est pas rare et il n'est pas menacé
ses et les fleurs cuites se consomment comme d'érosion génétique. Cependant, toutes les es-
légume. Aloe cooperi est cultivé comme plante pèces AAloe, à l'exception AAloe vera (L.)
ornementale en Afrique du Sud. Au Zimbabwe, Burm.f., figurent sur la liste de la CITES, et le
le jus des feuilles A'Aloegreatheadii Schönland commerce de plantes entières ou en parties fait
se met en gouttes dans l'œil pour soigner la l'objet de restrictions.
conjonctivite chronique. On boit l'infusion ou la Perspectives Aloe nuttii ne convient pas à
décoction de feuilles pour traiter la gonorrhée. une exploitation ou une domestication à grande
L'infusion de feuilles s'emploie comme traite- échelle en raison de la petite taille de la plante
ment prophylactique du paludisme ; elle se et de l'étroitesse de ses feuilles ; c'est pourquoi
prend aussi comme purgatif et on la met dans il n'aura jamais qu'une importance locale.
l'eau des volailles pour soigner leurs maladies. Références principales Carter, 2001 ;Gel-
En Afrique du Sud, le jus des feuilles fand et a l , 1985 ; Newton, 2001 ; Ruffo, Birnie
s'applique en usage externe sur les ecchymo- & Tengnäs, 2002 ;van Wyk, van Oudtshoorn &
ses, les brûlures et les irritations de la peau. Gericke, 1997.
La pulpe des feuilles sert de traitement contre Autres références Dlamini, 1981 ; Glen &
les morsures de serpent. Les boutons floraux Hardy, 2000 ;Kambewa et a l , 1999 ;Lukwa et
sont considérés comme des friandises. De vas- al., 2001 ; Neuwinger, 2000 ; SEPASAL, 2005;
tes peuplements concentrés AAloe greatheadii Smith & de Correia, 1992 ; Tredgold, 1986;
sont le signe d'un surpâturage. Dans les essais Van Damme & Van den Eynden, 2000 ; von
de restauration des terres, on installe des se- Koenen, 2001.
mis de cette espèce. Un ombrage partiel est Auteurs C.H. Bosch
nécessaire à leur survie. Il est probable quAloe
ortholopha Christian & Milne-Redh., endémi-
que du Zimbabwe et semblable à Aloe great- A L O E RABAIENSIS Rendle
headii, ait les mêmes usages médicinaux. En
Namibie, les feuilles AAloe hereroensis Engl, se Protologue Journ. Linn. Soc. Bot. 30 : 410
prennent en infusion pour traiter les problèmes (1895).
de digestion, les douleurs à la poitrine et les Famille Asphodelaceae
douleurs cardiaques, l'incontinence urinaire et Nombre de chromosomes 2n - 14
les maladies vénériennes. Le jus des feuilles Origine et répartition géographique Aloe
comme les racines sont utilisés pour traiter la rabaiensis est présent en Somalie, au Kenya et
gonorrhée. Le jus de feuilles sert à soigner les en Tanzanie.
problèmes oculaires. Aloe swynnertonii Rendle Usages Au Kenya et en Tanzanie, les feuil-
est employé au Malawi comme poison pour la les AAloe rabaiensis se prennent en décoction
pêche, et en Afrique du Sud, il est utilisé en pour soigner la dilatation de la rate. Il provo-
mélange avec d'autres plantes pour tuer les que des vomissements et de la diarrhée. Mé-
ravageurs des cultures de légumes. En Nami- langé à Acokanthera schimperi (A.DC.)
bie, les Topnaars boivent la décoction des raci- Schweinf., l'exsudat entre dans la composition
nes AAloe dichotoma Masson pour traiter d'un poison de flèche, fabriqué par les Giria-
l'asthme et la tuberculose. Les branches creu- mas, ethnie de la côte kenyane. Les Digos, en
ses leur servaient jadis d'ailerons pour les flè- Tanzanie, appliquent les feuilles chauffées et
ches. Les Namas se servent de la fibre interne broyées sur les œdèmes. De petits morceaux de
du tronc, qui est poreuse, comme matériau de racine s'ingèrent comme purgatif. On récolte
refroidissement. Les moutons broutent les l'exsudat, qui peut se concentrer facilement en
feuilles sèches. Aloe dichotoma se plante un matériau solide et commercialisable, qu'on
comme ornemental en Afrique du Sud. appelle "amers".
Ecologie Aloe nuttii est présent dans les sa- Production et commerce international Aloe
vanes herbeuses humides ("dambos") et on le rabaiensis fait partie des espèces AAloe du
ALOE 85
Kenya que l'on récolte illégalement dans la bien visibles qui poussent en buissons de plus
nature. Il semble qu'il existe un important de 2 m de haut. Plusieurs autres espèces de ce
commerce international d'exsudat concentré, groupe ont des usages médicinaux. Au Rwan-
mais le produit exporté est probablement un da, l'extrait de feuilles d'Aloe dawei A.Berger
mélange d'exsudats provenant de plusieurs est absorbé comme boisson pour soigner le pa-
espèces A'Aloe. ludisme et on met le jus des feuilles en gouttes
Propriétés Les composants propres aux feuil- dans l'oreille pour traiter les inflammations.
les à'Aloe sont des composés phénoliques, qui Sur les hautes terres du Kenya, les feuilles
comprennent la chromone, l'anthraquinone ou d'Aloe kedongensis Reynolds servent à traiter
les dérivés de l'anthrone. On trouve certains de les rhumes, la fièvre, la diarrhée et le palu-
ces composés chez de nombreuses espèces, disme. L'espèce a des usages vétérinaires, pour
alors que d'autres n'existent que chez quel- traiter les maladies des volailles et la fièvre de
ques-unes seulement. Un glucoside à anthrone la côte orientale chez les bovins. Aloe kedon-
répandu, l'aloïne A (barbaloïne), est présent gensis se plante pour former des haies vives et
dans l'exsudat d'Aloe rabaiensis. Cet exsudât s'emploie comme colorant. On ajoute les raci-
contient également de l'aloérésine-D. L'aloïne, nes à l'hydromel pour favoriser la fermenta-
qui est le principe actif des "amers", a des pro- tion. Aloe ngongensis Christian, présent sur les
priétés purgatives. D'autres composés présen- hautes terres du Kenya et de Tanzanie, est
tant un intérêt pour leur activité médicinale considéré depuis longtemps comme conspécifi-
chez cette espèce d'Aloe et chez d'autres espè- que d'Aloe rabaiensis. Il a les mêmes usages
ces sont les lectines et les polysaccharides médicinaux qu'AZoe rabaiensis, on le récolte
contenues dans le gel. également dans la nature pour en extraire
Botanique Arbuste succulent pérenne attei- l'exsudat. Le jus de feuilles d'Aloe nyeriensis
gnant 2 m de haut ;tige ramifiée à partir de la Christian, originaire de la Province centrale du
base, érigée ou étalée, souvent soutenue par les Kenya est utilisé dans certains endroits par les
arbustes qui l'entourent. Feuilles en rosette femmes pour effacer les boutons et les taches
lâche, persistantes ; stipules absentes ; pétiole sur le visage. L'exsudat de feuilles contient de
absent ;limbe lancéolé, de 30-45 cm x 3-8 cm, l'aloïne A (barbaloïne) et de l'homonataloïne.
apex longuement acuminé, bord garni de dents Des hybrides naturels d'AZoe rabaiensis avec
fermes à extrémité brune de 2—3 mm de long, certaines autres espèces ont été signalés.
distantes de 1—1,5 cm, limbe charnu, vert gri- Ecologie Aloe rabaiensis pousse sur les sols
sâtre souvent teinté de rougeâtre, parsemé de sableux des zones de brousse ouvertes, jusqu'à
quelques points blanchâtres sur les feuilles des 500 m d'altitude.
jeunes pousses ; exsudât jaune. Inflorescence Gestion Aloe rabaiensis peut être multiplié
constituée de grappes en forme de capitules par bouturage ou par graines. Il est possible
atteignant 8 cm x 8 cm, densément fleuries ; d'avoir recours aux techniques de culture de
pédoncule atteignant 60 cm de long, à 5—9 ra- tissus pour produire des plants en grandes
mifications, celle du bas parfois ramifiée à quantités destinés à installer des plantations.
nouveau ; bractées lancéolées, de 10-12 mm x Bien que la récolte sur des pieds sauvages soit
3 mm. Fleurs bisexuées, régulières, 3-mères ; illégale, l'exsudat est collecté sur de nombreu-
pédicelle de l-l,5(-2) cm de long ; périanthe ses espèces d'AZoe du Kenya. Pour récolter
tubuleux, 2-2,5 cm de long, légèrement renflé l'exsudat d'AZoe rabaiensis, on creuse un trou
autour de l'ovaire, lobes 6, de 1—1,5 cm de long, dans le sol dans lequel on met un récipient. Les
rouge orangé, jaune à la gorge, parfois entiè- feuilles coupées sont disposées autour du bord
rement jaune ; étamines 6, exsertes ; ovaire du trou, à un angle permettant à l'exsudat de
supère, 3-loculaire, style filiforme, stigmate s'écouler dans le récipient. On transvase
capité, exsert. Fruit inconnu. l'exsudat dans des bouteilles ou des bidons
Le genre Aloe comprend environ 450 espèces en pour le vendre à un négociant. Puis on le verse
Afrique et en Arabie, dont environ 315 sur le dans un grand baril et on le fait réduire par
continent africain, une centaine endémiques de ebullition pour le faire devenir noir rougeâtre
Madagascar ou des îles de l'océan Indien (dont et très visqueux. Il est ensuite transvasé dans
l'ancien genre Lomatophyllum) et une cinquan- des sacs dans lesquels on le laisse refroidir et
taine en Arabie. La taxinomie est compliquée durcir. Au bout de 24 heures, le matériau, so-
par l'existence d'hybrides interspécifiques aussi lide et noir et portant le nom d' "amers", est
bien à l'état sauvage que cultivé. Aloe rabaien- prêt à être vendu à un intermédiaire, qui le
sis appartient à un groupe d'espèces aux tiges revendra alors à un exportateur. Son illégalité
PLANTESMÉDICINALES1
produits cosmétiques du Kenya importent du maladie de Newcastle (NDV) chez les poulets.
gel d'Aloe vera (L.) Burm.f. Aloe secundiflora Falsifications et succédanés Comme il n'ex-
est cultivé comme plante ornementale de jardin iste aucune surveillance sur les récoltes dans la
dans les régions tropicales et subtropicales. En nature, les exsudats sont actuellement récoltés
Afrique de l'Est, les paysans le plantent parfois indifféremment à partir de nombreux Aloe spp.
comme haie vive. au Kenya. Seules les trois espèces réputées
Production et commerce international En toxiques sont évitées. Les négociants qui achè-
1986, le Président du Kenya avait annoncé que tent aux collecteurs n'ont pas mis au point de
la totalité des espèces d'Aloe étaient désormais méthode de contrôle de la qualité et se basent
protégée au Kenya, et que l'exploitation com- uniquement sur leur évaluation visuelle.
merciale devait se faire à partir de plantations, Description Plante herbacée vivace succu-
et non de pieds sauvages. Bien qu'aucune loi ne lente, sans tige ou avec une tige atteignant 30
soit venue officialiser cette déclaration, le bu- cm de long, habituellement solitaire, parfois
reau des licences CITES du Kenya a depuis rejettant pour former de petits groupes. Feuil-
lors refusé d'accorder des permis d'exportation, les 20 environ, en rosette dense ; stipules ab-
autant pour les plantes que pour les produits à sentes ;pétiole absent ;limbe ovale-lancéolé, de
base à!Aloe.Pour cette raison, toutes les expor- 30-75 cm x 8-30 cm, apex longuement acumi-
tations provenant du Kenya sont illégales et il né, bord garni de dents pointues brun foncé de
n'existe pas de chiffres officiels sur ce com- 3-6 mm de long, distantes de 1-2 cm, surface
merce. Le Groupe de travail sur les aloès du lisse, vert terne, souvent à bord calleux ; exsu-
Kenya, inauguré en 2004, a élaboré des dispo- dât jaune. Inflorescence constituée de grappes
sitions destinées à homologuer les plantations de 15-20 cm de long, lâches, à fleurs disposées
issues de matériel de multiplication, ainsi que d'un seul côté ; pédoncule de 1-1,5 m de long,
le commerce légal de produits à base d'Aloe. présentant jusqu'à 12 ramifications, celles du
Aloe secundiflora fait partie des espèces d'Aloe bas ramifiées à nouveau ; bractées ovales-
du Kenya récoltées illégalement dans la na- aiguës, de 3-7 mm de long, brun pâle, papyra-
ture. Il semble qu'il existe un commerce inter- cées. Fleurs bisexuées, régulières, 3-mères ;
national d'exsudat séché non négligeable, mais
le produit exporté est probablement un mé-
lange d'exsudats provenant de plusieurs espè-
ces. Des chiffres officieux de 2003 suggèrent
que jusqu'à 85 000 kg d' "amers" solides, d'une
valeur commerciale d'environ US$ 840 000
sont exportés du Kenya chaque année. Les
principaux importateurs sont la Chine et
l'Arabie Saoudite.
Propriétés Les composants propres aux feuil-
les d'Aloe sont des composés phénoliques, no-
tamment la chromone, l'anthraquinone et des
dérivés de l'anthrone, mais cette composition
chimique varie énormément d'une espèce à
l'autre. On trouve certains de ces composés
chez de nombreuses espèces, alors que d'autres
n'existent que chez quelques-unes seulement.
Les composés principaux de l'exsudat des feuil-
les d'AZoe secundiflora sont des anthrones,
l'aloénine, l'aloénine B, l'aloïne A (barbaloïne)
et d'autres dérivés d'aloïne. L'exsudat contient
également des chromones et des phénylpyro-
nes, et un phényl-éthylamine alcaloïde, la N-
méthyltyramine. On ne dispose pas d'informa-
tions sur les polysaccharides du gel. Lors d'un
essai au champ, on a découvert que l'extrait de Aloe secundiflora - 1,port de laplante ; 2, par-
feuille avait une activité significative contre la tie de l'inflorescence ;3, bord de feuille.
typhoïde des oiseaux de basse-cour causée par Redessiné et adapté par Achmad Satiri Nur-
Salmonella gallinarum et contre le virus de la haman
PLANTESMÉDICINALES l
pédicelle de 5-10 mm de long ;périanthe tubu- plantations d'AZoe secundiflora sont actuelle-
leux, de 2,5-3,5 cm de long, renflé autour de ment mises en place. Mais on en est encore au
l'ovaire, lobes 6, de 12-17 mm de long, rose tout début, et il n'existe aucune donnée sur la
franc à rouge écarlate terne, plus pâles à la conduite de la culture.
gorge ; étamines 6, exsertes ; ovaire supère, 3- Maladies et ravageurs Les espèces d'AZoe
loculaire, style filiforme, stigmate capité, ex- cultivées dans les jardins kenyans à des fins
sert. Fruit :capsule oblongue-ovoïde atteignant décoratives sont sensibles aux attaques fongi-
25 mm x 14 mm, brun pâle, loculicide, conte- ques, et aux infestations de diverses espèces de
nant de nombreuses graines. Graines d'environ cochenilles. Les plantations récemment éta-
8,5 mm de long, brun noirâtre, à ailes mouche- blies devront être surveillées de près pour
tées. guetter l'apparition de maladies et de rava-
Autres données botaniques Le genre Aloe geurs.
comprend environ 450 espèces en Afrique et en Récolte Dans certaines régions, la récolte
Arabie, dont environ 315 sur le continent afri- sur des pieds sauvages d'AZoe secundiflora se
cain, une centaine endémiques de Madagascar pratique de manière durable, et on peut réuti-
ou des îles de l'océan Indien (dont l'ancien liser les mêmes plantes plusieurs années de
genre Lomatophyllum) et une cinquantaine en suite. Mais dans les endroits où il n'existe pas
Arabie. La taxinomie est compliquée par de tradition solide de récolte, les individus sau-
l'existence d'hybrides interspécifiques aussi vages sont fréquemment détruits lors de la
bien à l'état sauvage que cultivé. On reconnaît collecte d'exsudat. Pour récolter l'exsudat
deux variétés à'Aloe secundiflora :var. secundi- d'AZoe secundiflora, on creuse un trou dans le
flora et var. sobolifera S.Carter, qui rejette ; la sol dans lequel on place un récipient. Les feuil-
seconde n'est connue qu'en Tanzanie. Des hy- les coupées sont disposées autour du bord du
brides naturels avec plusieurs autres espèces trou, à un angle permettant à l'exsudat de
ont été signalés. En dehors dAloe secundiflora, s'écouler dans le récipient. On transvase
il y a plusieurs autres espèces d'Afrique de l'exsudat dans des bouteilles ou des bidons
l'Est dont le port est similaire et qui ont des pour le vendre à un négociant.
usages médicinaux ou qui sont utilisées comme Rendements La récolte de l'exsudat a lieu
poison. Aloe macrosiphon Baker, utilisé en toute l'année, bien que le rendement serait
médecine, a des propriétés chimiques qui se plus élevé pendant la saison des pluies. Une
rapprochent beaucoup dAloe vera. Aloe ruspo- plante mature peut produire en moyenne 80—
liana Baker est toxique pour les moutons et les 100 ml d'exsudat. Dans certaines régions du
chameaux et on s'en sert en Somalie et au Ke- Kenya, les revendeurs en obtiennent des collec-
nya pour empoisonner les hyènes. teurs jusqu'à 1700 1/jour.
Croissance et développement Les semis Traitement après récolte Les revendeurs
mettent plusieurs années à atteindre la taille à n'examinent la qualité de l'exsudat qu'à l'œil
laquelle on peut les récolter. Bien qu'AZoe se- nu. Le principal motif de rejet est un produit
cundiflora soit tolérant à la sécheresse, il a trop liquide, ou contenant trop d'eau, ce qui se
besoin d'eau pour former de nouvelles feuilles. voit par la facilité avec laquelle un petit échan-
Ecologie Comme toutes les espèces d'AZoe, tillon est absorbé par le sol. Pour concentrer
Aloe secundiflora est bien adapté aux condi- l'exsudat, on le verse dans un grand baril et
tions semi-arides sèches. Il est présent dans les par ebullition on le fait devenir noir rougeâtre
savanes herbeuses et les savanes boisées ou- et très visqueux. Il est ensuite transvasé dans
vertes sur sols sableux, à 600-2000 m des sacs dans lesquels on le laisse refroidir et
d'altitude. durcir. Au bout de 24 heures, le matériau, so-
Multiplication et plantation A l'exception lide et noir, et portant le nom d' "amers", est
de la var. sobolifera, relativement rare, Aloe prêt à être vendu à un intermédiaire, qui le
secundiflora est une plante à rosette solitaire revendra alors à un exportateur. Son illégalité
ou à rosettes peu nombreuses (jusqu'à 3). C'est au Kenya plonge la filière entière de commer-
pourquoi il est habituellement multiplié par cialisation dans un secret absolu.
graines. Il existe des projets visant à recourir Ressources génétiques Aloe secundiflora
aux techniques de culture de tissus pour pro- est récolté indifféremment dans la nature sans
duire des plantes en grandes quantités afin qu'intervienne aucun facteur de sélection. Les
d'établir des plantations. quelques plantations désormais établies ont été
Gestion Afin de protéger les peuplements constituées avec des plantes (provenant proba-
naturels et d'augmenter la production, des blement de différentes espèces) récoltées dans
ALOE 89
la nature. Toutes les espèces d'Aloe, à lisé sous le nom d' "aloès du Kenya" ou
l'exception d'Aloe vera, figurent sur la liste de d' "amers", est généralement un mélange
la CITES, et toute commercialisation à l'échelle d'exsudats de plusieurs espèces. Au Kenya,
internationale des plantes et de leurs produits Aloe turkanensis se récolte dans la nature à
doit faire l'objet d'une réglementation. grande échelle.
Sélection Jusqu'à ce jour, aucune tentative Propriétés Les principaux composants de
pour améliorer le matériel végétal d'Aloe se- l'exsudat des feuilles d'Aloe turkanensis sont
cundiflora par sélection n'a été faite. l'aloïne A, l'aloïne B et l'aloésone. Sur environ
Perspectives Une fois que la législation 70 espèces d'Aloe étudiées, c'est chez Aloe tur-
sera mise en place et que les plantations seront kanensis que la teneur en aloïne est la plus
établies, Aloe secundiflora devrait devenir une élevée, dans son exsudât ainsi que dans ses
culture de valeur pour les régions marginales feuilles (31% et 6,6% du poids sec, respective-
où la faiblesse des précipitations rend difficile ment). L'aloïne, qui est un mélange de deux
l'obtention de bons rendements avec des cultu- stéréoïsomères, l'aloïne A (barbaloïne) et
res classiques. Le Groupe de travail sur les l'aloïne B (isobarbaloïne), est à l'origine des
aloès du Kenya a l'intention d'étudier les propriétés laxatives.
moyens d'améliorer la transformation et le Botanique Arbuste succulent rampant ; tige
contrôle de la qualité des produits. ascendante, puis décombante, atteignant 70 cm
Références principales Carter, 1994 ; Ki- de long, ramifiée à partir de la base et formant
hara et a l , 2003 ; Mascolo et a l , 2004 ; New- de grosses touffes. Feuilles 14-18, en rosette
ton, 2001 ;Newton, 2004. dense, dressées à étalées ; stipules absentes ;
Autres références Atiti, 2004 ; Baerts & pétiole absent ; limbe lancéolé, atteignant 70
Lehmann, 2005d ; CITES, 2003 ; Ermias Da- cm x 9 cm, apex longuement acuminé, bord
gne et al., 1994 ;Demissew Sebsebe & Gilbert, garni de dents deltoïdes pointues de 2 mm de
1997 ; Gachathi, 1989 ; Kokwaro, 1993 ; Musi- long, blanchâtres à extrémité brune, distantes
la, Kisangau & Muema, 2004 ; Neuwinger, de 12-18 mm, limbe vert bleuâtre pâle à taches
1996 ; Newton, 1994 ; Newton, 1995 ; Oketch- allongées blanches sur les deux faces ; exsudât
Rabah, 1996 ;Oketch-Rabah, Dossaji & Mberu, jaune au séchage. Inflorescence constituée de
1999 ; Waihenya, Mtambo & Nkwengulila, grappes cylindriques de 15—26 cm de long;
2002 ;Waihenya, 2002 ;Waihenya et al., 2003. pédoncule atteignant 1 m de long, présentant
Sources de l'illustration Agnew & Agnew, jusqu'à 8 ramifications ;bractées ovales, de 5-7
1994 ;Carter, 1994. mm de long. Fleurs bisexuées, régulières, 3-
Auteurs L.E. Newton mères ; pédicelle de 8-10 mm de long ; périan-
the tubuleux, d'environ 2,5 cm de long, lobes 6,
d'environ 12 mm de long, d'un rose corail vif,
A L O E TURKANENSIS Christian plus pâle à la gorge ; étamines 6, exsertes ;
ovaire supère, 3-loculaire, style filiforme, stig-
Protologue Journ. S. African Bot. 8(2) : 173 mate capité, exsert. Fruit : capsule oblongue-
(1942). ovoïde d'environ 2 cm x 1 cm, loculicide, brun
Famille Asphodelaceae jaunâtre, contenant de nombreuses graines.
Nombre de chromosomes 2n = 14 Graines noirâtres à ailes blanchâtres, légère-
Origine et répartition géographique Aloe ment mouchetées de noir.
turkanensis est présent au nord-ouest du Ke- Le genre Aloe comprend environ 450 espèces en
nya et dans le district de Karamoja en Ougan- Afrique et en Arabie, dont environ 315 sur le
da. continent africain, une centaine endémiques de
Usages Les Turkanas du Kenya appliquent Madagascar ou des îles de l'océan Indien (dont
le jus des feuilles d'Aloe turkanensis sur les l'ancien genre Lomatophyllum) et une cinquan-
plaies et s'en servent pour soigner les maladies taine en Arabie. Aloe turkanensis appartient à
oculaires. Le jus des racines cuites à l'eau un groupe d'espèces d'Afrique de l'Est qui for-
s'ajoute à une boisson afin de provoquer des ment de grosses touffes et dont les feuilles dé-
vomissements, qui soulageraient les maux de passent 2 cm de large. Plusieurs autres espèces
tête persistants. Les racines sont utilisées pour de ce groupe ont des usages médicinaux et sont
donner du goût à la bière. considérés comme menacées par la CITES à
Production et commerce international Le cause de leur surexploitation. Aloe calidophila
commerce d'extrait d'Aloe provenant d'Afrique Reynolds, originaire d'Ethiopie et du Kenya et
de l'Est est illégal. L'exsudat séché, commercia- récolté à des fins médicinales, s'est raréfié. Aloe
90 PLANTES MÉDICINALES l
Le groupe d'espèces auquel appartient Aloe utilise des chèvres pour assurer le désherbage.
vera se caractérise par la production de rejets La culture en serre est pratiquée en Ohio
et par une inflorescence simple ou peu rami- (Etats-Unis). L'emploi d'engrais chimiques
fiée. Aloe officinalis Forssk. a le même mode de n'est pas fréquent, sans doute pour ne pas por-
croissance et est cultivé en Somalie pour ter atteinte à la réputation de ce médicament
l'utilisation médicinale de ses feuilles. Il est naturel. L'azote est l'élément nutritif le plus
indigène du Yémen et est souvent considéré à important. Les densités de plantation sont va-
tort comme conspécifique dAloe vera. riables. Des densités de 60 000 plantes/ha ont
Croissance et développement Les aloès donné les plus hauts rendements en gel et en
ont un métabolisme spécial, dit "métabolisme exsudât, mais dans les plantations à grande
acide crassulacé" (CAM). Les plantes de ce type échelle les distances interlignes et sur la ligne
sont capables de fixer le CO2 durant la nuit, et sont généralement d'au moins 50 cm. Des den-
opèrent la photosynthèse durant la journée sités de l'ordre de 15000 plantes/ha sont consi-
avec leurs stomates fermés, réduisant ainsi au dérées comme optimales pour une culture in-
minimum la perte d'eau. Cette caractéristique, tensive avec irrigation au goutte à goutte et
jointe à la succulence des feuilles et des tiges et couverture du sol en polyethylene. Des densités
à la présence d'une cuticule épaisse, les rend plus faibles donneront des feuilles plus grandes
bien adaptés à des conditions de sécheresse. mais des rendements en gel moindres à
Les oiseaux sont les principaux pollinisateurs l'hectare.
des aloès, mais en Afrique les abeilles jouent Maladies et ravageurs En Afrique, aucune
également un rôle. En Afrique, Aloe vera fleurit maladie sérieuse ne menace Aloe vera. En Inde,
et fructifie normalement, mais ailleurs la for- Alternaria alternata et Fusarium solani provo-
mation de fruits est rare. On suppose que la quent des taches foliaires. Dans l'île d'Aruba,
déficience de la fructification est due à la stéri- on observe parfois une anthracnose des feuilles
lité du pollen et à une auto-incompatibilité. causée par Erwinia chrysanthemi. Aloe vera a
Ecologie Aloe vera pousse dans une large peu de ravageurs du fait que son épiderme
gamme de conditions climatiques. Il préfère coriace lui confère une excellente résistance. Il
des sols sableux ou limoneux, bien drainés, et est probable que les anthraquinones amères
peut pousser dans des sols pauvres en élé- contenues dans la couche extérieure des feuil-
ments nutritifs, mais prospère sur les sols ri- les rendent la plante peu attrayante.
ches. Il est tolérant à la salinité. Des plantes Récolte Les plantes dAloe vera mettent en-
bien installées peuvent très bien survivre à la viron 3 ans pour atteindre une taille récoltable,
sécheresse quoique leur système radiculaire et ensuite les feuilles peuvent être récoltées
soit relativement superficiel. Aloe vera n'est pendant environ 7 ans. L'exsudat est récolté en
pas très résistant au gel, mais survivra à une coupant les feuilles transversalement près de
température de -3°C avec peu de dégât. Il faut la tige et en les plaçant de telle sorte que le jus
le planter en plein soleil ou sous un léger om- s'écoule dans des pots, des tubes, des vases ou
brage. Durant les mois d'hiver dans les zones même une simple toile placée au-dessus d'un
subtropicales, la plante entre en dormance et creux dans le sol. On peut aussi obtenir
utilise très peu d'eau. l'exsudat en pressant les feuilles ou par rouis-
Multiplication et plantation Pour la culture sage dans de l'eau chaude ou froide. Les feuil-
dAloe vera, on préfère généralement la multi- les sont généralement coupées le matin, et il
plication végétative plutôt que les graines, en faut 4-5 heures pour que le jus s'écoule d'une
raison de la levée médiocre des semis et de la pile de feuilles. Seules les feuilles les plus
croissance initiale plus rapide des rejets. Un âgées sont coupées, les jeunes feuilles et les
déficit hydrique peut entraîner une diminution méristèmes étant épargnés.
de la formation de rejets. Les rejets peuvent Pour la production de gel, les feuilles sont cou-
être coupés sur la plante-mère lorsqu'ils ont pées à intervalles d'environ 3 mois. Les plus
15—20cm de long. On peut les cultiver en pépi- jeunes feuilles (< 25 cm) ne conviennent pas en
nière durant la première année. La micropro- raison de leur faible teneur en gel, mais les
pagation par culture in vitro de méristèmes feuilles ne doivent pas être trop âgées parce
végétatifs ainsi que la régénération in vitro que la quantité et la qualité du gel peuvent
d'expiants de base des feuilles sont possibles. diminuer. A Aruba, les feuilles d'Aloe vera at-
Gestion Les pratiques de gestion pour Aloe teignent leur poids frais maximum après envi-
vera varient beaucoup. En culture extensive, ron 40 semaines de croissance. Les feuilles
par exemple en République Dominicaine, on présentant une nécrose de la pointe, ou en-
ALOE 95
dommagées, doivent être éliminées afin ainsi que dans des supermarchés des Etats-
d'éviter une contamination du gel par des bac- Unis, on vend des feuilles fraîches entières.
téries. Dans un système où seules les feuilles Ressources génétiques Aloe vera est large-
choisies sont coupées, les possibilités de méca- ment cultivé en raison de sa valeur commer-
nisation de la récolte sont limitées. ciale. Il est également présent dans de nom-
Rendements AAruba, les plantes à'Aloevera breux jardins botaniques, et n'est par consé-
peuvent produire 16-20 feuilles par an dans quent pas menacé. Aloe vera est la seule espèce
des conditions optimales d'apport en eau et du genre Aloe qui ne soit pas inscrite dans les
avec une fumure azotée suffisante. Avec une annexes de la CITES (Convention sur le com-
densité de 50 000 plantes/ha et un poids moyen merce international des espèces de faune et de
des feuilles fraîches de 0,2 kg, on obtient un flore sauvages menacées d'extinction), et c'est
rendement en gel d'environ 180 t/ha. Les feuil- par conséquent la seule espèce du genre qui
les du cultivar "Rio Grande Valley" peuvent puisse être commercialisée légalement.
peser jusqu'à 1,3 kg lorsqu'elles ont poussé Par suite de la multiplication végétative conti-
dans des conditions optimales. nue dont elle est l'objet, la variation génétique
Traitement après récolte L'exsudat récol- à l'intérieur de l'espèce Aloe vera en culture
té est concentré par ebullition suivie de refroi- semble être assez réduite, mais elle n'a jamais
dissement, ou par evaporation sous vide. été étudiée. Les populations de l'Inde et de la
L'extrait amorphe obtenu constitue le remède Chine, par exemple, sont isolées depuis des
appelé "aloès de Curaçao". Cet extrait est opa- siècles et pourraient posséder des caractéristi-
que, de consistance cireuse et souvent de la ques susceptibles d'être utiles ailleurs.
couleur du foie ("hépatique"), et des cristaux Sélection Des plantes à haut rendement
d'aloïne sont visibles au microscope. D'autres pourraient être sélectionnées et multipliées en
composants que l'on trouve dans l'exsudat sec vue de leur culture commerciale. Pour la pro-
pourraient n'être que des artefacts résultant de duction de gel, des cultivars à faible teneur en
l'ébullition de l'exsudat. aloïne seraient préférables, et il semble en exis-
Pour la production de gel, les feuilles coupées ter. De nombreuses espèces àAloe s'hybrident
sont transférées dans un bain aqueux où les entre elles dans la nature lorsque leur aire de
débris sont séparés. Les feuilles sont ensuite répartition et leurs périodes de floraison se
transportées à l'usine pour être découpées. recouvrent, et il est facile d'obtenir des hybri-
Pour séparer les parties qui contiennent le gel, des en culture. Les perspectives d'amélioration
chaque feuille est débarrassée de ses deux ex- génétique et de sélection sont par conséquent
trémités, et les côtés sont enlevés à l'aide d'un immenses.
couteau bien affûté. Ensuite les tissus exté- Perspectives Aloe vera est d'un intérêt par-
rieurs de la feuille sont enlevés de la même ticulier pour l'emploi de son gel dans le traite-
façon. Le gel qui reste doit être traité le plus ment des brûlures et des blessures. Il restera
rapidement possible pour éviter la dégradation bénéfique comme remède domestique : le gel
des polysaccharides. Dans une autre méthode frais peut être aisément préparé et appliqué
utilisée par exemple à Aruba, le gel est obtenu sur les blessures. Pour son usage comme laxa-
en coupant les feuilles dans le sens de la lon- tif, toutefois, il tend à être remplacé par
gueur et en raclant le gel du limbe. Le gel est d'autres médicaments tels que ceux extraits de
ensuite coupé en petits morceaux pour produire Plantago spp. Même ainsi, il y a toujours une
un liquide qui s'écoule librement, et qui est demande considérable, également pour l'emploi
ensuite épuré et filtré. La purification se fait vétérinaire, dans le monde entier. Pour la pro-
par élimination centrifuge de la matière des duction de gel, Aloe vera a des potentialités
parois cellulaires, et le gel pur liquide est stabi- comme culture commerciale dans les régions
lisé chimiquement. Le gel peut ensuite être arides, la demande étant énorme et croissante ;
concentré et déshydraté. Les produits dits au Kenya, on a entrepris des plantations d'Aloe
"whole leaf aloe vera" (aloe vera feuille entière) vera à petite échelle. La culture AAloe vera
sont obtenus de la même façon que le gel, mais pour le gel requiert toutefois des investisse-
les tissus externes sont traités séparément, les ments considérables en équipements de trai-
aloïnes sont éliminées par mélange avec de la tement.
poudre de charbon de bois, et l'extrait est en- Dans le monde occidental, l'usage médicinal
suite tamisé et ajouté au gel. En Asie, on com- d'extraits d'Aloe vera sera progressivement
mercialise les lanières de feuilles séchées en- remplacé par celui de médicaments purifiés. Il
tières, et sur certains marchés ouest-africains, existe un volume énorme de publications seien-
96 PLANTES MÉDICINALES l
celle de 1,5-2 cm de long ; périanthe tubuleux, toutes les espèces d'aloès (à l'exception d'^tZoe
de 3-3,5 cm de long, d'environ 9 mm de diamè- vera (L.) Burm.f.), Aloe wollastonii est répandu
tre à la base, lobes 6, d'environ 11 mm de long, et ne semble pas directement menacé d'érosion
rosés à rouge orangé, rarement jaunes ; étami- génétique ou d'extinction.
nes 6, exsertes ; ovaire supère, 3-loculaire, Perspectives Comme Aloe wollastonii ne
style filiforme, stigmate capité, exsert. Fruit : produit quasiment pas de rejets, il ne constitue
capsule ovoïde d'environ 20 mm x 12 mm, à pas un choix évident pour une exploitation
dehiscence loculicide, contenant de nombreuses commerciale. Sa confusion avec Aloe lateritia
graines. Graines d'environ 3 mm x 5 mm, brun justifie une révision de la littérature relative à
noirâtre à larges ailes mouchetées. la phytochimie et à l'ethnobotanique des deux
Le genre Aloe comprend environ 450 espèces en espèces.
Afrique et en Arabie, dont environ 315 en Afri- Références principales Carter, 1994 ; Ko-
que continentale, une centaine endémiques de kwaro, 1993 ; Marshall, 1998 ; Tabuti, Lye &
Madagascar ou des îles de l'océan Indien (dont Dhillion, 2003.
l'ancien genre Lomatophyllum) et une cinquan- Autres références Baerts &Lehmann, 2005c;
taine en Arabie.Aloe wollastonii a été confondu Champluvier & Maquet, 1988 ; CITES, 2003;
dans la littérature avec Aloe lateritia Engl., Newton, 2001 ;Pakia &Cooke, 2003b ;Parry &
espèce dont l'aire de répartition se situe plus à Matambo, 1992.
l'est et dont les grappes sont plus densément Auteurs C.H. Bosch
fleuries. Aloe wollastonii appartient à un
groupe d'espèces à'Aloe à rosettes solitaires ou
formant de petits groupes, aux feuilles dépas- ANDRACHNEASPERA S p r e n g .
sant 2 cm de large et aux inflorescences à 2
ramifications au moins. Plusieurs autres espè- Protologue Syst. veg. 3 :884 (1826).
ces de ce groupe ont des usages médicinaux. Famille Euphorbiaceae (APG:Phyllanthaceae)
L'exsudat d'Aloe citrina S.Carter & Brandham Origine et répartition géographique An-
est utilisé en Somalie pour soigner l'ophtalmie. drachne aspera est présent dans toute l'Afrique
Le jus de feuilles d'Aloe cryptopoda Baker est du nord et s'étend en traversant la péninsule
utilisé au Zimbabwe pour traiter la constipa- Arabique jusqu'à la Turquie, le Pakistan et
tion, les maladies vénériennes, et comme abor- l'Inde. En Afrique tropicale, il se rencontre au
tif, bien que l'activité abortive de l'infusion Cap-Vert ainsi que du Cameroun jusqu'en So-
n'ait pu être démontrée dans des essais sur les malie et au Kenya.
rats. Le jus des feuilles grillées A'Aloe kilifien- Usages En Ethiopie, les racines se consom-
sis Christian, originaire de la côte du Kenya, ment comme anti-émétique. L'extrait de par-
s'applique sur la peau pour réduire les enflu- ties aériennes se boit comme antidote aux poi-
res. La décoction de feuilles s'absorbe pour sons, et pour traiter les maux de tête et les
soigner la dilatation de la rate. En externe, maux d'estomac. Au Pakistan et en Inde, la
l'exsudat sert à traiter les maux de tête. Aloe décoction de la racine amère s'utilise en collyre
rivae Baker, une espèce éthiopienne et ke- pour traiter les infections oculaires et amélio-
nyane, est menacée par une surexploitation à rer la vue.
des fins médicinales non documentées. Les Propriétés On a isolé des parties aériennes
feuilles et l'exsudat dAloe sinkatana Reynolds un certain nombre d'alcaloïdes pipéridiniques :
sont appréciés au Soudan pour traiter toutes l'aspertine A—D, l'andrachcinine, l'andrachci-
sortes de maux, comme les maladies de la nidine, l'andrachamine, l'andrachcine, ainsi
peau, constipation, fièvre, inflammation des que d'autres alcaloïdes, la (+)-allosédridine, le
amygdales, hémorroïdes et inflammation du (-)-8-épi-8-éthylnorlobélol I et la (-)-8-épihalo-
côlon. Aloe sinkatana est reconnu pour sa va- saline. Les terpènes isolés des parties aérien-
leur ornementale. Ses populations sauvages se nes sont l'acétate de lupéol, la a-amyrine, la ß-
sont fortement réduites et des mesures de mul- amyrine, le a-taraxérol, le stigmastérol, le ß-
tiplication et de conservation s'imposent de stigmastérol, le lupéol, l'acide oléanolique et le
toute urgence. germanicol.
Ecologie On trouve Aloe wollastonii dans Lors d'essais préliminaires en laboratoire, un
les savanes herbeuses et les savanes boisées, à extrait à l'alcool des parties aériennes s'est
1100-2300 m d'altitude. avéré avoir une activité stimulante sur la res-
Ressources génétiques et sélection Bien piration et la tension artérielle de chiens et de
que figurant sur la liste de la CITES comme chats. Il a également montré une activité
ANDRACHNE 99
rienne contre le flétrissement bactérien Rals- les versants herbeux et pierreux et dans les
tonia solanacearum (synonyme : Pseudonomas ravins, à 650-1700 m d'altitude. Andrachne
solanacearum). La bioactivité a été attribuée ovalis fleurit en novembre-janvier et fructifie
aux anthraquinones et à leurs hétérosides, en janvier-mars.
saponines, flavonoïdes et Steroides. Ressources génétiques et sélection Rien
Botanique Arbuste ou petit arbre monoïque n'indique que Andrachne ovalis soit menacé
ou dioïque, relativement lâche, élancé, presque d'érosion génétique.
glabre, atteignant 3(-6) m de haut ; écorce Perspectives Les racines et l'écorce de tige
grise, lisse ;jeunes rameaux cylindriques, ver- d'Andrachne ovalis ont plusieurs usages médi-
dâtres. Feuilles alternes, simples et entières ; cinaux, mais il n'existe pas beaucoup de don-
stipules triangulaires-ovales, d'environ 1 mm nées sur leur chimie ou leur pharmacologie.
de long ;pétiole de 2-5(-7) mm de long, mince, Cela justifie par conséquent qu'on lui consacre
légèrement pubescent à l'état jeune ; limbe des recherches.
ovale à elliptique-ovale, de l-4(-6) cm x 0,5- Références principales Amusan, Msonthi
2(—3) cm, base cunéiforme à arrondie, apex & Makhubu, 1995 ; Radcliffe-Smith, 1996a ;
obtus à presque aigu, vert foncé brillant au- Watt &Breyer-Brandwijk, 1962.
dessus, plus pâle au-dessous, dégageant une Autres références Amusan et al., 1994 ;
odeur de cyanure quand on l'écrase. Inflores- Coates Palgrave, 1983 ; Govaerts, Frodin &
cence axillaire ;inflorescence mâle : fascicule à Radcliffe-Smith, 2000; Hoffmann, 2000;
fleurs peu nombreuses ; fleurs femelles solitai- Hutchings et al., 1996.
res. Fleurs unisexuées, régulières, 5(-6)- Auteurs O.M. Grace
mères ; fleurs mâles à pédicelle de 2-3(-5) mm
de long, sépales presque orbiculaires à obova-
les, d'environ 1,5 mm x 1,5 mm, soudés à la ANDROSIPHONIA ADENOSTEGIAStapf
base, obtus, jaune verdâtre, pétales presque
orbiculaires, d'environ 1 mm de long, blancs, Protologue Journ. Linn. Soc, Bot. 37 ; 101
disque en coupe, d'environ 1,5 mm de diamètre, (1905).
à 10 dents triangulaires, étamines d'environ Famille Passifloraceae
1,5 mm de long, soudées dans le tiers infé- Origine et répartition géographique An-
rieur ;fleurs femelles à pédicelle de 4-8 mm de drosiphonia adenostegia se rencontre en Afri-
long, s'allongeant jusqu'à 1,5 cm chez le fruit, que de l'Ouest, de la Sierra Leone jusqu'au
élargi à l'apex, sépales ovales, d'environ 2 mm Ghana.
de long, verdâtres, durcissant pour devenir Usages Au Liberia et au Ghana, les feuilles
persistants chez le fruit, pétales presque orbi- sont mélangées à de l'huile de palme puis ap-
culaires à obovales, d'environ 1 mm de long, pliquées sur la tête pour tuer les poux. Les
disque en coupe, de 1-2 mm de diamètre, bord feuilles, mélangées à du jus de lime (Citrus
irrégulièrement lobé ou denté, orange, ovaire aurantifolia (Christm. & Panzer) Swingle),
supère, d'environ 1mm de diamètre, globuleux, sont utilisées pour se débarrasser des poux du
à poils clairsemés, styles 3, d'environ 0,5 mm pubis. Au Liberia, les ramilles sont utilisées
de long, à apex bifide. Fruit :capsule arrondie, comme bâtons à mâcher.
3-lobée, de 5-6 mm x 8-10 mm, à veines réticu- Propriétés Androsiphonia adenostegia contient
lées, à poils courts à l'apex, verte, à 6 graines. des hétérosides cyanogénétiques comme la té-
Graines trigones et comprimées de façon irré- traphylline B, la volkénine et leur éventuel
gulière, d'environ 3,5 mm x 3 mm x 1,5 mm, précurseur biosynthétique, l'acide aminé non
munies de crêtes dorsales irrégulières, brun protéique L-cyclopenténylglycine, un inhibiteur
grisâtre foncé. puissant de l'utilisation de la valine et de
Le genre Andrachne comprend environ 45 es- l'isoleucine chez les bactéries. Androsiphonia
pèces et est présent dans toutes les régions adenostegia contient également des dérivés de
tropicales et subtropicales ; il y a 2 espèces à saponines.
Madagascar et 6 en Afrique continentale, dont Botanique Arbuste ou petit arbre pouvant
2 étendent leur aire de répartition jusqu'au atteindre 6 m de haut. Feuilles alternes, sim-
Pakistan. Clutia pulchella L. se trouve dans un ples ;stipules absentes ;pétiole de 8-25 mm de
milieu similaire et peut être confondu avec long ; limbe oblong à elliptique, de 12—25 cm x
Andrachne ovalis. 4-7 cm, base portant deux grandes glandes
Ecologie Andrachne ovalis est présent dans noires, une de chaque côté de la nervure mé-
la forêt sempervirente, en lisière de forêt, sur diane, apex acuminé à aigu, bord denté, papy-
ANISOCYCLA 101
racé, légèrement poilu lorsque jeune, devenant racines est utilisé en R.D. du Congo comme
glabre. Inflorescence : panicule terminale, par- tonique et analgésique, par ex. contre les dou-
fois également axillaire, portant des fleurs peu leurs rhumatismales et les maux d'estomac.
nombreuses à nombreuses ; bractées foliacées, Propriétés Des racines on a isolé des alca-
glanduleuses. Fleurs bisexuées, régulières, 5- loïdes bisbenzylisoquinoliniques (la 2'-norcoc-
mères, d'environ 2,5 cm de diamètre ; sépales soline, la cocsoline-N-oxyde et la 12-O-méthyl-
soudés à la base, ovales à elliptiques, poilus ; cocsoline-N-oxyde), ainsi que plusieurs alcaloï-
pétales insérés à la base des sépales, sembla- des de différentes structures, dont 1' anisocy-
bles aux sépales, vert grisâtre ; couronne cline, la palmatine, la liriodénine, la remréfi-
émergeant de la base du calice, profondément dine, la 1,2-déshydroapatéline, la 1,2-déshy-
divisée, segments largement linéaires ; étami- drotélobine et la trilobine. Des graines on a
nes insérées à la base de l'ovaire et formant un isolé des alcaloïdes bisbenzylisoquinoliniques
tube ovoïde pouvant atteindre 3 mm de long, (la 2-norobaberine-2'-ß-N-oxyde, la 2- noroba-
filets d'environ 5 mm de long, anthères oblon- bérine, la daphnandrine, la coclobine, l'aniso-
gues ;ovaire supère, ellipsoïde, d'environ 1 mm cycline, la palmatine et la remréfidine). Leur
de long, 1-loculaire, styles 3, minces, d'environ rôle en neurochimie est à l'étude. Les feuilles
6 mm de long, stigmates capites. Fruit : baie contiennent de la N-O-diméthylthaïcanine, de
globuleuse, coriace, de 2-3 cm de long, apex la N-méthylthaïcanine, de la N-méthyltétra-
acuminé, jaune à orange lorsque mûre, conte- hydropalmatine, de l'anisocycline, de la palma-
nant plusieurs graines. Graines à paroi alvéo- tine et de la stéphénanthrine.
lée, entourées d'un arille pulpeux. Botanique Liane dioïque ; tige atteignant 5
Le genre Androsiphonia ne comprend qu'une cm de diamètre ; écorce à cicatrices foliaires
seule espèce. circulaires. Feuilles disposées en spirale, sim-
Ecologie Androsiphonia adenostegia se ren- ples et entières ; pétiole jusqu'à 6 cm de long,
contre dans les forêts sempervirentes denses et mince, cannelé ; limbe largement ovale à ellip-
humides. tique, de 6-10 cm x 3-6,5 cm, base arrondie à
Ressources génétiques et sélection Comme légèrement cordée, apex acuminé, glabre, pen-
Androsiphonia adenostegia ne se rencontre que natinervé à 3-5 paires de nervures latérales.
dans les forêts sempervirentes, il pourrait être Inflorescence : cyme axillaire, à nombreuses
menacé d'érosion génétique en raison de la fleurs, seule ou en paires, de 2-8 cm de long, à
perte de son milieu, mais il ne semble pas en- poils rougeâtres. Fleurs unisexuées, petites ;
core en danger. pédicelle court ; sépales 9 en 3 verticilles, à
Perspectives Au vu de l'importance biologi- poils jaunâtres, sépales du verticille extérieur
que des substances actives trouvées chez An- et du verticille médian de 0,5-1,5 mm de long,
drosiphonia adenostegia, de plus amples re- les 3 sépales intérieurs de 2-3 mm x 1-1,5
cherches sur leurs propriétés pourraient mm ; pétales largement ovales, d'environ 1,5
s'avérer intéressantes, bien que ces substances mm de long, s'amenuisant à la base, glabres ;
se rencontrent également chez plusieurs Passi- fleurs mâles à 9-18 étamines d'environ 3 mm
flora spp. bien connues. de long, filets soudés ; fleurs femelles à ovaire
Références principales Abbiw, 1990 ; An- supère composé de 3 carpelles libres de 2-4
dersen, Nielsen & Jaroszewski, 2000 ; Bern- mm de long, styles cylindriques, glabres. Fruit
hard, 1999 ; Burkill, 1997 ; Clausen et al., composé de 1-3 drupes ;noyau osseux.
2001. Le genre Anisocycla comprend 6 espèces, 4 en
Autres références Hedberg, 1979 ; Keay, Afrique continentale et 2à Madagascar.
1954a ;Neuwinger, 2000. Anisocycla grandidieri Baill. est endémique du
Auteurs A. de Ruijter nord de Madagascar, où il est présent en des-
sous de 500 m d'altitude. Une décoction très
amère de ses racines jaunes est utilisée pour
ANISOCYCLA CYMOSA Troupin soigner les maladies des reins et de la vessie.
Le jus des racines sert de coagulant. Les raci-
Protologue Bull. Jard. Bot. Etat 19 : 416 nes contiennent des alcaloïdes bisbenzylisoqui-
(1949). noliniques (l'épistéphanine, la stébisimine, la
Famille Menispermaceae trilobine et la 12'-0-deméthyltrilobine). L'épi-
Origine et répartition géographique Ani- stéphanine et la stébisimine ont fait ressortir
socyclacymosaest endémique delaR.D.duCongo. une activité spasmolytique sur de l'iléon isolé
Usages Un extrait aqueux des feuilles et des de cobaye.
102 PLANTES MÉDICINALES I
Autres références Leeuwenberg, 1984; Neu- les filarioses infectieuses, notamment la loase.
winger, 2000 ; Rasoanaivo et al., 1994a ; We- On prépare une tisane avec l'écorce tendre de
ber, 1974. racines hachée et trempée dans de l'eau contre
Auteurs A. de Ruijter le muguet. L'extrait à l'alcool de feuilles se
prend pour traiter la diarrhée et la dysenterie.
En Sierra Leone, la décoction de feuilles sèches
ANTHOCLEISTA DJALONENSISA.Chev. tombées se boit pour traiter la jaunisse. En
Guinée-Bissau, l'infusion d'écorce est utilisée
Protologue Bull. Soc. Bot. France 54 : 47 pour traiter les fractures chez les femmes. En
(1908). Côte d'Ivoire, les Attiés utilisent l'extrait
Famille Loganiaceae (APG : Gentianaceae) d'écorce de rameaux en collyre pour traiter la
Nombre de chromosomes 2n = 60 diarrhée chez les bébés. L'écorce de tige en
Synonymes Anthocleista kerstingii Gilg ex poudre mélangée avec les racines d'Aloe buett-
Volkens (1909). neri A.Berger se prend pour traiter l'hépatite,
Noms vernaculaires Cabbage tree (En). la jaunisse et la cirrhose.
Origine et répartition géographique An- Propriétés L'écorce ^Anthocleista djalonen-
thocleista djalonensis est présent depuis la sis contient de la brucine, un alcaloïde quinoli-
Guinée-Bissau jusqu'au Cameroun. que, et un hétéroside monoterpénique, le loga-
Usages Anthocleista djalonensis est cou- noside (loganine). La brucine est un dérivé de
ramment utilisé dans toute son aire de réparti- la strychnine. En chimie, la brucine et la
tion pour ses puissantes vertus purgatives et strychnine servent couramment d'agents dans
diurétiques. La décoction de racine est généra- la résolution chirale. Le loganoside joue un rôle
lement prise pour traiter la constipation et important dans la synthèse partielle
pour ses vertus emménagogues et abortives. d'alcaloïdes tels que la quinine, la réserpine et
Elle s'utilise en lotion, en bain ou en bain de la strychnine. L'écorce de la racine contient de
vapeur pour traiter la lèpre, les maladies véné- l'irlbacholine, dont les essais ont fait ressortir
riennes, les œdèmes et l'éléphantiasis du scro- une activité antifongique contre les agents pa-
tum. L'infusion de racine se prend pour traiter thogènes Candida albicans, Cryptococcus neo-
les problèmes intestinaux, les inflammations formans, Aspergillus fumigatus et Trichophy-
aiguës et les furoncles. Au Mali, la macération ton rubrum. L'irlbacholine peut être synthéti-
de racines se prend seule ou avec du miel pour sée chimiquement. La plante contient égale-
traiter le paludisme, et la décoction de racines ment des triterpènes, un monoterpène-diol (le
ou la poudre de racine en bouillie sont un trai- djalonénol), un dibenzo-pyrone (le djalonen-
tement des douleurs abdominales. La décoction sone), des hétérosides à iridoïdes (swéroside
de racine est également un traitement de la (djalonénoside) et amplexine) ainsi qu'un xan-
hernie de l'aine. Dans le sud du Nigeria, la thine (le lichexanthone). L'écorce de tige ren-
décoction des racines accompagnée de potasse ferme un phthalide, la djalonensine. L'extrait à
se prend pour traiter les mycoses dermiques et l'eau froide et l'extrait à l'éthanol des racines
ont des activités antibactériennes contre Sta-
phylococcus aureus et Escherichia coli. Un ex-
trait aqueux à!Anthocleista djalonensis a eu
des effets hypertensifs chez les chats et aug-
mente le tonus et l'amplitude du mouvement
duodenal chez les lapins. Un extrait à l'alcool
de feuilles a manifesté des activités antispas-
modique et relaxante du muscle lisse in vitro.
Falsifications et succédanés Plusieurs es-
pèces XAnthocleista ont des usages médicinaux
similaires et peuvent s'utiliser à la place
$Anthocleista djalonensis. Il est très difficile
de différencier l'écorce séchée des différentes
espèces qu'on vend sur le marché.
Description Petit arbre atteignant 15 m de
haut ;fût jusqu'à 40 cm de diamètre ; rameaux
souvent pourvus de 2 épines érigées ou de
Anthocleista djalonensis - sauvage coussinets au-dessus de l'aisselle des feuilles.
104 PLANTES MÉDICINALES I
Bureau, ce composé se présente comme un ar- Perspectives IIsemble qu'à Madagascar l'usa-
tefact dans l'isolation de la swertiamarine, ge àAnthocleista madagascariensis soit limité
dont la présence chez Anthocleista madagasca- et occasionnel. Etant donné le peu de données
riensis n'a pas été établie. Différents extraits chimiques et pharmacologiques disponibles et
ont montré leurs puissants effets sur le sys- les nombreux usages d'autres espèces
tème nerveux et sur le cœur dont ils abaissent àAnthocleista en Afrique, des recherches sur
le rythme et diminuent l'amplitude des les propriétés pharmacologiques àAnthocleista
contractions. madagascariensis pourraient s'avérer utiles.
Botanique Petit arbre atteignant 15 m de Références principales Boiteau &Allorge-
haut ; fût jusqu'à 30 cm de diamètre ; rameaux Boiteau, 1993 ; Debray, Jacquemin & Razafin-
sans épines. Feuilles opposées, simples et en- drambao, 1971 ; Leeuwenberg, 1961b ; Leeu-
tières ; pétiole de 1—2,5(—4)cm de long, légère- wenberg, 1984 ;Neuwinger, 2000.
ment auriculé ; limbe oblong-obovale ou oblan- Autres références Bollen, Van Elsacker &
céolé, de 5-17 cm x 2-9 cm, faisant jusqu'à 24 Ganzhorn, 2004 ; Leeuwenberg, 1980 ; Ran-
cm x i l cm chez les jeunes plantes, base décur- driamantsoa, 1996 ; Rasoanaivo & Ratsima-
rente sur le pétiole, apex arrondi, bord révoluté manga-Urverg, 1992 ; Razafindramanana,
lorsque sec. Inflorescence : cyme dichasiale 1996.
dressée, terminale, de 5-20 cm de long, à nom- Auteurs A. de Ruijter
breuses fleurs ;pédoncule et rameaux ivoire ou
vert pâle. Fleurs bisexuées, régulières ; sépales
4, libres, orbiculaires ou largement ovales, de ANTHOCLEISTA NOBILIS G.Don
5-9 mm de long ; corolle à tube cylindrique de
8-12 mm de long, lobes 10, orbiculaires ou el- Protologue Gen. hist. 4 :68 (1838).
liptiques, de 7-10 mm de long, apex obtus ou Famille Loganiaceae (APG : Gentianaceae)
arrondi, étalés, violets ; étamines aussi nom- Noms vernaculaires Anthocleista majes-
breuses que les lobes de la corolle et alternant tueux, arbre chou (Fr). Cabbage tree, cabbage
avec eux, exsertes, filets fusionnés, anthères palm (En).
blanc brunâtre souvent à large apex pétaloïde Origine et répartition géographique An-
aigu et stérile ;ovaire supère, obovoïde, de 5-6 thocleista nobilis est présent du Sénégal jus-
mm x 2,5-3 mm, 4-loculaire, stigmate obo- qu'en Centrafrique. Il est possible qu'on le
voïde, à apex légèrement émarginé. Fruit :baie trouve également au Bénin, au Gabon et au
globuleuse à ovoïde de 2,5-4 cm x 1,5-2,5 cm, Congo.
lisse et luisante, apiculée, à paroi épaisse, Usages Anthocleista nobilis est couramment
contenant de nombreuses graines. Graines utilisé dans toute son aire de répartition pour
obliquement ovoïdes à ellipsoïdes, de 2-2,5 mm ses puissantes vertus purgatives et diuréti-
x 1,5-2,5 mm, brun moyen, habituellement ques. La décoction de racine est généralement
entourées d'un bord étroit. prise pour traiter la constipation et pour ses
Les oiseaux butinent souvent les fleurs, qui vertus emménagogues et abortives. Elle s'uti-
sont riches en nectar. Les graines d'Antho-
cleista madagascariensis sont probablement
dispersées par les chauves-souris, qui mangent
les fruits.
Le genre Anthocleista comprend 14 espèces et
se rencontre en Afrique tropicale, y compris les
Comores et Madagascar.
Ecologie Anthocleista madagascariensis est
présent dans les endroits humides ouverts,
généralement dans les forêts pluviales, à 450-
1700 m d'altitude.
Ressources génétiques et sélection An-
thocleista madagascariensis est répandu à Ma-
dagascar, mais on ne dispose pas d'informa-
tions suffisantes pour tirer des conclusions ou
faire des recommandations pertinentes concer-
nant son érosion génétique et d'éventuelles
mesures de conservation. Anthocleista nobilis - sauvage
ANTHOCLEISTA 107
lise en lotion, en bain ou en bain de vapeur de l'écorce de la racine a montré un effet hypo-
pour traiter la lèpre, les maladies vénériennes, glycémique. On a signalé des activités hypo-
les œdèmes et l'éléphantiasis du scrotum. En tensive et hypoglycémique dans le traitement
Sierra Leone, la décoction de racines se prend d'adultes diabétiques obèses atteints d'hyper-
avec du citron contre l'hépatite. tension. L'écorce a des propriétés antimicro-
La pulpe d'écorce s'emploie en lavement pour biennes et anti-inflammatoires. L'extrait à
traiter les parasites intestinaux. La décoction l'éthanol de l'écorce a manifesté un effet re-
d'écorce se boit ou s'utilise en bain de vapeur laxant sur l'iléum isolé de cobayes et une acti-
pour traiter la fièvre, les maux d'estomac, la vité antihépatotoxique chez les souris. Des
lèpre, la gonorrhée et la dysménorrhée. Au empoisonnements accidentels ont eu lieu, se
Sénégal, au Liberia et au Ghana, l'écorce de traduisant par les symptômes suivants : coli-
tige ou bien la poudre des jeunes rameaux que, constipation opiniâtre, affaiblissement de
verts s'appliquent frais ou en pâte sur les l'estomac ou spasme du pylore, tremblement
plaies, les abcès ou les plaies ulcérées. En Côte fibrillaire, pâleur prononcée de la peau et fai-
d'Ivoire, les Oubis utilisent la décoction de blesse cardiaque.
l'écorce de rameaux et de feuilles, avec celles de Le bois est ivoire ou blanc jaunâtre, plus ou
Thaumatococcus daniellii (Bennet) Benth., en moins lustré, léger et tendre mais ferme, facile
gouttes nasales pour traiter les maux de tête. à couper et donnant un fini lisse ; il ne résiste
L'écorce de rameau à'Anthocleista nobilis et de pas à la putréfaction. Le fil est droit ou irrégu-
Zanthoxylum gilletii (De Wild.) P.G.Waterman lier, le grain moyennement grossier.
réduite en pâte et en application locale sert à Falsifications et succédanés Plusieurs es-
traiter les rhumatismes. Au Liberia, l'infusion pèces A'Anthocleista ont des usages médicinaux
d'écorce se donne aux chiens souffrant de diar- similaires et les autres espèces ouest-africaines
rhée. dAnthocleista peuvent remplacer Anthocleista
Un cataplasme, confectionné avec de jeunes nobilis. L'écorce séchée des différentes espèces
feuilles broyées avec de la terre provenant d'un est très difficile à différencier lorsqu'elle est
foyer et avec de l'eau, a la réputation de favori- vendue sur les marchés.
ser la fermeture de la fontanelle chez les bébés. Description Arbre de taille petite à moyenne
La décoction de feuilles se boit pour soigner les atteignant 18(-30) m de haut ; tronc dépourvu
maux de ventre d'origine utérine. de branches sur 15 m de hauteur, atteignant
Le bois est utilisé en menuiserie générale, pour 45(-90) cm de diamètre ;écorce lisse, gris pâle,
faire de petits outils et du contreplaqué. Au écorce interne jaune crème et granuleuse ; ra-
Liberia, les grumes épineuses servent à meaux à 2 épines au-dessus de l'aisselle des
l'aménagement de chausse-trappes pour les feuilles. Feuilles opposées, serrées à l'extrémité
animaux. Au Ghana, la potasse du bois est des ramilles, simples ; pétiole de 1-6 cm de
utilisée pour fabriquer du savon. long, auriculé ; limbe oblong-elliptique, obo-
Dans le nord de la Côte d'Ivoire, Anthocleista vale-elliptique à oblancéolé, de 7-35 cm x 4-12
nobilis se plante pour protéger le sol contre cm, faisant jusqu'à 150 cm x 25 cm chez les
l'érosion. jeunes plantes, base longuement décurrente,
Production et commerce international L'é- apex arrondi, bord ondulé et recourbé. Inflores-
corce et les racines séchées sont vendues sur cence : cyme dichasiale dressée, terminale, de
les marchés locaux. Le bois d'œuvre possède 12-60 cm de long, à nombreuses fleurs ; pédon-
une certaine valeur économique. Les graines et cule et rameaux crème ou verts, épaissis aux
l'écorce sont exportées depuis le Ghana à des- nœuds. Fleurs bisexuées, régulières ;sépales 4,
tination des pays industrialisés. libres, orbiculaires à ovales-elliptiques, de 7-10
Propriétés Anthocleista nobilis contient des mm de long ; corolle à tube cylindrique de 30-
xanthones et des sécoïridoïdes tels que 45 mm de long, charnue, lobes 11—14, oblongs-
l'anthocléistol. L'écorce contient un alcaloïde lancéolés, de 9-12 mm de long, obtus à arron-
quinolique, la brucine, et un hétéroside mono- dis, étalés, blancs ; étamines aussi nombreuses
terpénique, le loganoside (loganine). La brucine que les lobes de la corolle et alternant avec eux,
est un dérivé de la strychnine. En chimie, la exsertes, filets fusionnés ; ovaire supère, obo-
brucine et la strychnine servent couramment voïde, de 6-7 mm x 3-4 mm, 4-loculaire. Fruit :
d'agents dans la résolution chirale. Le logano- baie ellipsoïde de 3-4 cm x 2-2,5 cm, à paroi
side joue un rôle important dans la synthèse épaisse, verte, contenant de nombreuses grai-
partielle d'alcaloïdes tels que la quinine, la nes. Graines obliquement ovoïdes-globuleuses,
réserpine et la strychnine. Un extrait à l'alcool de 2-2,5 mm x 1,5-2 mm, brun foncé.
108 PLANTES MÉDICINALES I
dans les narines pour provoquer des éternue- vée. Au Sénégal, Anthocleista procera a pres-
ments, en traitement des rhumes courants. La que disparu de la région de Dakar, à l'exception
décoction de feuilles s'utilise en lotion sur le d'un peuplement relique. Au Mali, Anthocleista
visage pour traiter les étourdissements. procera figure sur la liste des espèces nécessi-
Les feuilles servent de matériau d'emballage. tant une attention particulière. Il faut veiller à
Propriétés Anthocleista procera contient un protéger l'espèce de la surexploitation.
hétéroside sécoïridoïde, la swertiamarine. La Perspectives Etant donné les usages médi-
swertiamarine est utilisée en médecine asiati- cinaux répertoriés, un approfondissement des
que traditionnelle, par ex. dans des remèdes recherches sur la composition chimique et
contre l'hépatite. Les fruits A'Anthocleista pro- l'activité pharmacologique des composants
cera contiennent environ 4,7% d'anthocléistine, à'Anthocleista procera semble justifié.
un acide triterpène. On a analysé des extraits Références principales Berhaut, 1979;
d'écorce pour savoir s'ils avaient un effet sur le Burkill, 1995 ;Claude &Claude, 1947 ;Dalziel,
paludisme aviaire, mais seul l'extrait au chlo- 1937 ; Jensen & Schripsema, 2002 ; Leeuwen-
roforme a eu une réponse légèrement positive. berg, 1961b ;Neuwinger, 2000.
Botanique Arbre de taille petite à moyenne Autres références Carrière, 1994 ; Keay,
atteignant 20 m de haut ;fût atteignant 50 cm 1989 ;Leeuwenberg, 1980 ;Plat et al., 1963.
de diamètre ; rameaux sans épines. Feuilles Auteurs A. de Ruijter
opposées, simples, sessiles ; limbe oblong-
obovale à oblancéolé, de 40-45 cm x environ 20
cm, atteignant 145 cm x 45 cm chez les plantes ANTHOCLEISTA SCHWEINFURTHII Gilg
jeunes, base cunéiforme, auriculée, apex ar-
rondi, bord entier ou finement crénelé, fragile, Protologue Engl., Bot. Jahrb. 17 : 579
coriace ou papyracé. Inflorescence : cyme di- (1893).
chasiale terminale dressée de 30-60 cm de Famille Loganiaceae (APG : Gentianaceae)
long, à nombreuses fleurs ; pédoncule et ra- Noms vernaculaires Mkungu maji, mtam-
meaux vert pâle, épaissis aux nœuds. Fleurs buu mwitu (Sw).
bisexuées, régulières ; sépales 4, libres, orbicu- Origine et répartition géographique An-
laires ou largement ovales, de 9-10 mm x 7-8 thocleista schweinfurthii est présent du Nigeria
mm ; corolle à tube cylindrique de 35-55 mm jusqu'en Ethiopie, et vers le sud jusqu'en Tan-
de long, lobes environ 9, oblongs, de 10-15 mm zanie, en Zambie et en Angola.
de long, obtus, blancs ; étamines aussi nom- Usages Au Gabon, les Bapunus utilisent An-
breuses que les lobes de la corolle et alternant thocleista schweinfurthii pour ses vertus galac-
avec eux, exsertes, à filets fusionnés ; ovaire togènes. Au Congo, la décoction d'écorce de tige
supère, obovoïde à cylindrique, d'environ 7 mm diAnthocleista schweinfurthii se prend pour
x 3,5 mm, 4-loculaire, stigmate obovoïde- traiter la hernie et la stérilité féminine. La
cylindrique, légèrement émarginé à l'apex. décoction de racine s'ingère pour traiter les
Fruit : baie ellipsoïde d'environ 3 cm x 2 cm, maux d'estomac chez les femmes, les affections
vert pâle, brillante, arrondie à l'apex, à paroi ovariennes, les maladies vénériennes, la her-
épaisse, contenant de nombreuses graines. nie, la bronchite et la fièvre ;elle se prend aus-
Graines obliquement ovoïdes-globuleuses, de si comme purgatif et pour déclencher
1,5-2 mm x 1-1,5 mm, brun foncé. l'accouchement. En Tanzanie, la décoction de
Le genre Anthocleista comprend 14 espèces et racine se prend contre le paludisme, les abcès
se rencontre en Afrique tropicale, y compris les durs et comme vermifuge.
Comores et Madagascar. Les 4 espèces ouest- Le jus des jeunes feuilles, la poudre de racine
africaines ont les mêmes noms vernaculaires et ou la pulpe d'écorce sont utilisés pour traiter
sont utilisées par les praticiens locaux pour les les plaies, les abcès, comme hémostatique et
mêmes usages médicinaux. pour la cicatrisation. Le jus s'utilise en topique
Ecologie Anthocleista procera est présent pour traiter l'otite et l'ophtalmie. En Afrique
dans les endroits clairs et généralement maré- centrale, la décoction de feuilles et de racines
cageux, à basse altitude. s'emploie en lavement pour traiter les points de
Ressources génétiques et sélection An- côté. Les femmes souffrant de prolapsus vagi-
thocleista procera est présent sur une vaste nal prennent la décoction de feuilles en bain.
zone d'Afrique de l'Ouest et rien n'indique que La décoction d'écorce de rameau et de feuilles
l'espèce soit en danger, sauf dans certaines ou le jus se prend pour traiter la fièvre, ou
régions où la pression démographique est éle- s'utilise en lavement.
110 PLANTES MÉDICINALES l
les sèches tombées est un traitement de la jau- naux similaires et peuvent se substituer les
nisse. Au Ghana, la décoction de racine unes aux autres. Il est difficile de différencier
d'Anthocleista vogelii et de Combretum mucro- Fécoixe séchée des différentes espèces qu'on
natum Schumach. & Thonn. se prend avec du vend sur le marché.
poivre et des cendres pour traiter les douleurs Description Arbre de taille petite à
à la poitrine. Au Nigeria, l'écorce et les graines moyenne atteignant 20 m de haut ; fût jusqu'à
s'utilisent comme antipyrétique et tonique. Les 55 cm de diamètre, parfois à racines aérien-
graines servent aussi de purgatif. Au Congo, nes ;rameaux garnis de 2(—4) épines divergen-
l'écorce de rameau fraîche se consomme crue tes, confluentes à la base. Feuilles opposées,
avec du manioc pour traiter l'aspermie. La dé- simples et entières, presque sessiles ; limbe
coction d'écorce de tige se prend pour traiter la oblong-ovale à oblancéolé, de 15-45 cm x 6-24
hernie, et la décoction de racine sert à traiter cm, faisant jusqu'à 150 cm x 45 cm chez les
les maux d'estomac chez les femmes, les affec- jeunes plantes, base cunéiforme, auriculée,
tions ovariennes, les maladies vénériennes, la apex arrondi, bord recourbé, papyracé ou co-
hernie, la bronchite et la fièvre ; elle se prend riace. Inflorescence : cyme dichasiale dressée,
aussi comme purgatif et pour déclencher terminale, de 30-50 cm de long, à nombreuses
l'accouchement. Le jus des jeunes feuilles, la fleurs ; pédoncule et rameaux vert jaunâtre ou
poudre de racine ou la pulpe d'écorce sont utili- orange, épaissis aux nœuds. Fleurs bisexuées,
sés pour traiter les plaies, les abcès, comme régulières ; sépales 4, libres, orbiculaires ou
hémostatique et pour la cicatrisation. Le jus plus larges que longs, sépales externes de 4-12
est appliqué en topique pour traiter l'otite et mm de long, sépales internes environ deux fois
l'ophtalmie. Un emplâtre de pulpe de bour- plus longs ;corolle à tube cylindrique, de 12-18
geons terminaux est utilisé pour faire sortir mm de long, lobes 13-16, oblongs-lancéolés, de
des épines ou des échardes ;il s'applique aussi 12-19 mm de long, étalés, crème à jaune pâle ;
sur les morsures de serpent.
Au Ghana, la cendre du bois est utilisée comme
mordant pour fixer les colorants. Le bois sert à
la fabrication de caisses. Au Nigeria, les tiges
évidées servent à confectionner des carquois de
flèche. En Zambie, on creuse les troncs pour en
faire des pirogues. Au Ghana, la potasse du
bois est utilisée pour fabriquer du savon. Au
Congo, on intercale les feuilles avec des feuilles
de tabac en cours de séchage pour renforcer le
tabac.
Propriétés Anthocleista vogelii contient de
l'acide sécologanique, de la vogéloside et de la
swéroside, hétérosides à sécoïridoïdes étroite-
ment apparentés. L'écorce de tige contient un
alcaloïde, la fagaramide ; l'écorce de tige et le
bois renferment plusieurs xanthones. Le xan-
thone principal à'Anthocleista vogelii est la
décussatine, et il contient des composés mi-
neurs, le l,7-dihydroxy-3,8-diméthoxy-xan-
thone et le l,8-dihydroxy-3,7-diméthoxy-xan-
thone. Ce dernier a montré une activité antipa-
ludique in vivo contre Plasmodium berghei.
Des essais réalisés avec des extraits aqueux, à
l'hexane, à l'acétone et au methanol de l'écorce
de tige sur des rats ont fait ressortir de puis-
santes propriétés anti-ulcère, qui pourraient
expliquer l'usage traditionnel de la plante dans
le traitement des maux d'estomac. Anthocleista vogelii - 1, partie de rameau ; 2,
Le bois est blanchâtre, tendre et périssable. feuille ;3, fleur ;4, fruit.
Falsifications et succédanés Plusieurs Redessiné et adapté par Achmad Satiri Nur-
espèces A'Anthocleista ont des usages médici- haman
112 PLANTES MÉDICINALES l
dense et fortement ramifiée avec, à l'apex de desma laciniatum est présent de la Sierra
chaque ramification de la cyme, un involucre Leone au sud du Soudan, et jusqu'en R.D. du
commun composé de 4 petites bractées partiel- Congo et en Ouganda.
lement soudées à bords glanduleux, renfer- Usages Au Liberia, la décoction de feuilles
mant 4 involucres, chacun contenant environ 8 se prend en bain pour prévenir les fausses cou-
fleurs mâles et parfois 1 fleur femelle au cen- ches. En Côte d'Ivoire, la poudre d'écorce se
tre. Fleurs unisexuées ;fleurs mâles à pédicelle prend dans de l'eau ou du vin de palme comme
court, à périanthe 3—4-denté et une seule éta- aphrodisiaque. Au Congo, la décoction d'écorce
mine ; fleurs femelles à pédicelle court, à pé- en prise orale ou en lavement est un traite-
rianthe 3-4-lobé avec lobes d'environ 1,5 mm ment des troubles intestinaux. En Afrique cen-
de long, ovaire supère, 3-loculaire, glabre, sty- trale, on sert de la viande sur les feuilles aro-
les trapus, courts, étalés. Fruit : capsule pro- matiques.
fondément 3-lobée d'environ 2,5 cm de diamè- Le bois, blanc jaunâtre à rosé, est dur et ne se
tre, contenant 3 graines. Graines ellipsoïdes à travaille pas bien. Il sert à confectionner des
presque globuleuses, lisses. perches pour la construction des maisons et des
Le genre Anthostema comprend 3 espèces, 2 manches d'outils, et c'est un bois de feu dont on
sur le continent africain et 1 à Madagascar. Il tire aussi du charbon de bois. Contrairement à
semble apparenté à Dichostemma, qui possède ceux de plusieurs autres Antidesma spp., ses
une structure similaire composée de cyathes fruits ne sont pas bons à manger.
(bractées involucrales renfermant les fleurs Propriétés Les feuilles originaires du Ca-
mâles réduites à une seule étamine et une fleur meroun produisent une huile essentielle (1,8%
femelle), mais qui s'en distingue par la position sur la base du poids sec), qui contient principa-
terminale de l'inflorescence et par ses fruits 4- lement des terpénoïdes (72%) avec une quanti-
lobés. té relativement élevée d'esters (41%). Les deux
Ecologie Anthostema senegalense est présent principaux composés sont des esters, le ben-
dans les forêts sempervirentes, les savanes zoate de benzyle (19%) à l'origine de la douce
boisées et côtières, généralement dans les loca- odeur balsamique de l'huile, et l'acétate de
lités humides, marécageuses ou inondées. géranyle (15%). On a isolé d'autres composants
Ressources génétiques et sélection An- à partir de l'huile essentielle, le squalène, ter-
thostema senegalense est relativement répandu pénoïde utilisé dans les produits cosmétiques
dans son aire de répartition et ne semble pas comme hydratant non gras, et l'amentoflavone,
menacé d'érosion génétique. biflavonoïde qui a montré une activité antivi-
Perspectives Anthostema senegalense a des rale et anticancéreuse et qui est un puissant
activités vermifuges et antileishmaniennes in antioxydant. L'huile essentielle a manifesté
vitro, mais on ne sait pratiquement rien con- une importante activité contre Plasmodium
cernant ses composés actifs, bien que des esters falciparum in vitro, mais aucune activité ap-
de phorbol ayant des activités phytochimiques préciable de piégeage de radicaux libres.
aient été identifiés chez Anthostema aubrya- Botanique Petit arbre dioïque, atteignant
num. D'autres analyses chimiques et pharma- 8(-15) m de haut ;rameaux étalés, parties jeu-
cologiques sont par conséquent nécessaires nes couvertes de poils denses et courts. Feuilles
pour évaluer son potentiel. alternes, simples et entières ; stipules à 3-9
Références principales Abreu et al., 1999; segments lancéolés, linéaires ou ramifiés, de 1—
Brown, Hutchinson & Prain, 1909-1913 ; Bur- 1,5 cm de long, relativement persistantes ; pé-
kill, 1994 ;Koné et a l , 2005 ;Neuwinger, 2000. tiole atteignant 5(—8) mm de long ; limbe ellip-
Autres références Beutler, Alvarado Lind- tique-oblancéolé à elliptique-oblong, de 7,5-20
ner &McCloud, 1996 ;Hawthorne & Jongkind, cm x 3-7 cm, base arrondie à faiblement cor-
2006 ;Keay, 1958a. dée, apex acuminé, à pilosité variable sur les
Auteurs G.H. Schmelzer nervures. Inflorescence : épi axillaire ou termi-
nal, parfois avec 1-2 épis latéraux à la base,
atteignant 10cm de long, jusqu'à 20 cm de long
ANTIDESMALACINIATUM Müll.Arg. en fruit. Fleurs unisexuées, régulières, sessiles
ou presque, pétales absents, disque annulaire ;
Protologue Flora 47 :520 (1864). fleurs mâles à calice en coupe atteignant 1 mm
Famille Euphorbiaceae (APG:Phyllanthaceae) de long, 3-denté, cilié, rose rougeâtre à violet
Nombre de chromosomes 2n = 26 rougeâtre, étamines 3, de 1,5—2 mm de long ;
Origine et répartition géographique Anti- fleurs femelles à calice en coupe atteignant 1,5
114 PLANTES MÉDICINALES l
mm de long, 3-denté, brunâtre, ovaire supère, ches. En Côte d'Ivoire, l'extrait d'écorce se
ellipsoïde, d'environ 3 mm de long, glabre ou prend couramment comme aphrodisiaque. En
poilu, l(-2)-loculaire, styles 3 et bifides, ou 2 et R.D. du Congo, la décoction de racine sert à
trifides. Fruit : drupe comprimée ellipsoïde à traiter les maux d'estomac, la colique, la toux
ovoïde atteignant 1 cm de long, glabre ou poi- et les morsures de serpent. En Tanzanie, les
lue, brunâtre ou jaunâtre à rouge orangé, Digos boivent la décoction de racines pour trai-
contenant 1graine. Graines ellipsoïdes. ter le kwashiorkor et la pneumonie. Des co-
Le genre Antidesma comprend environ 155 peaux de racines se mastiquent pour traiter les
espèces et est présent dans les tropiques de ulcères buccaux infantiles. L'écorce de tige en
l'Ancien Monde depuis l'Afrique tropicale et les poudre est appliquée sur les blessures. La pou-
îles de l'océan Indien en passant par l'Asie jus- dre de graine se consomme pour expulser les
qu'en Australie et aux îles du Pacifique. En ascaris. Au Zimbabwe, l'infusion de feuilles et
Afrique continentale, on en trouve 7 espèces, et de racines se boit en traitement de la toux et
1 dans les îles de l'océan Indien. Antidesma des douleurs à la poitrine.
laciniatum est relativement variable et on en Le bois, blanc et dur, sert en construction et
distingue 2variétés ou sous-espèces. pour fabriquer des manches d'outil, des étuis à
Ecologie Antidesma laciniatum se rencontre couteau et des cuillers. Il est également utilisé
dans le sous-étage des forêts denses y compris comme bois de feu. L'arbre est planté dans les
les forêts secondaires, ainsi qu'en lisière de jardins familiaux pour donner de l'ombre. Des
forêt, depuis le niveau de la mer jusqu'à 1200 chenilles comestibles (Imbrasia petiveri) se
m d'altitude. nourrissent de ses feuilles.
Ressources génétiques et sélection Anti- Propriétés A partir des divers extraits de
desma laciniatum est répandu et n'est proba- racines, de feuilles et d'écorce de tige, plusieurs
blement pas menacé d'érosion génétique. benzopyranones 2-alkylées, plusieurs dérivés
Perspectives L'huile essentielle des feuilles amides de l'acide férulique (acide 4-hydroxy-3-
contient plusieurs composés ayant une activité méthoxy benzoïque), un diféruloyate et du sy-
intéressante. L'écorce est également utilisée en ringarésinol ont été isolés. Des feuilles et de
médecine, mais on ne sait rien de sa chimie ou l'écorce, on a isolé de l'antidesmone, hydroqui-
de sa pharmacologie. Un approfondissement nolone atypique ou alcaloïde dérivé de glycine.
des recherches est donc nécessaire pour éva- Un extrait au butanol des feuilles et de l'écorce
luer le potentiel à'Antidesma laciniatum a aussi produit plusieurs glucosides à alcaloï-
comme plante médicinale. des, mégastigmanes et lignanes.
Références principales Boyom et al., L'antidesmone a une puissante activité anti-
2003a ; Boyom et al., 2003b ; Burkill, 1994; trypanosome, hautement sélective, contre Try-
Léonard, 1988 ;Neuwinger, 2000. panosoma cruzi, l'agent pathogène de la mala-
Autres références Akoègninou, van der die de Chagas.
Burg & van der Maesen, 2006 ; Carter & Rad- Botanique Arbuste ou petit arbre dioïque
cliffe-Smith, 1988 ; Tchinda et a l , 2006 ; Wur- atteignant 8(-20) m de haut ; cime dense, ra-
dack et al., 2004 ;Yamada, 1999. meaux tombants ; écorce lisse, brun jaunâtre
Auteurs G.H. Schmelzer pâle à gris foncé ; jeunes parties densément
couvertes de poils courts. Feuilles alternes,
simples et entières ; stipules lancéolées, de 2 -
ANTIDESMA MEMBRANACEUMMüll.Arg. 8(-15) mm de long, relativement persistantes ;
pétiole atteignant 1 cm de long ; limbe ellipti-
Protologue Linnaea 34 :68 (1865). que-oblong, de 2-12(-20) cm x 1-7 cm, base
Familie Euphorbiaceae (APG:Phyllanthaceae) arrondie à cunéiforme, apex acuminé, brillant
Synonymes Antidesma venosum E.Mey. ex et vert foncé sur le dessus, légèrement poilu et
Tul.subsp.membranaceum (MüllArg)Lye(1998). jaunâtre en dessous. Inflorescence : épi termi-
Noms vernaculaires Pink tassle-berry (En). nal sur une courte pousse latérale, de 4-10(-
Mziwaziwa (Sw). 25) cm de long, à 1-4 épis latéraux à la base.
Origine et répartition géographique Anti- Fleurs unisexuées, régulières, sessiles, pétales
desma membranaceum est présent du Sénégal absents, à odeur déplaisante ; fleurs mâles à
au Soudan et vers le sud jusqu'au nord de calice 4-lobé, lobes d'environ 1 mm de long,
l'Afrique du Sud. inégaux, arrondis, brièvement poilus, vert jau-
Usages Au Liberia, la décoction de feuilles nâtre, disque irrégulier, étamines 4 le plus
se prend en bain pour prévenir les fausses cou- souvent, d'environ 2,5 mm de long ; fleurs fe-
ANTIZOMA 115
melles à calice en coupe, 3-4-lobé, lobes et l'écorce, le composé le plus important étant
d'environ 1 mm de long, inégaux, arrondis, un alcaloïde inhabituel, l'antidesmone. Il pré-
brièvement poilus, vert jaunâtre, disque en sente une puissante activité antitrypanosome
coupe, ovaire supère, comprimé-ellipsoïde, et mérite qu'on lui consacre d'autres essais. Un
d'environ 1 mm de long, glabre, l(-2)-loculaire, approfondissement des recherches est néces-
styles 2-4, courts, bifides, fortement recourbés. saire pour élucider la pharmacologie des autres
Fruit : drupe comprimée latéralement, ellip- composés isolés afin d'évaluer le potentiel de la
soïde à ovoïde, atteignant 8 mm de long, verte plante.
devenant rose, violette ou noire, contenant 1 Références principales Bringmann et al.,
graine. Graines ellipsoïdes. 2000a ;Bringmann et a l , 2001 ;Burkill, 1994;
Le genre Antidesma comprend environ 155 Léonard, 1988 ;Neuwinger, 2000.
espèces et est présent dans les tropiques de A u t r e s références Bringmann et al.,
l'Ancien Monde, depuis l'Afrique tropicale et 2000b ;Buske et al., 1999. ;Buske et al., 1997;
les îles de l'océan Indien en passant par l'Asie Buske et al., 2001 ; Chhabra, Mahunnah &
jusqu'en Australie et aux îles du Pacifique. En Mshiu, 1993 ; Latham, 2004 ; Lovett et al.,
Afrique continentale, on en trouve 7 espèces, et 2006 ; Radcliffe-Smith, 1996a ; von Koenen,
1 dans les îles de l'océan Indien. Antidesma 2001 ;Wurdack et al., 2004.
membranaceum est souvent confondu avec Auteurs G.H. Schmelzer
Antidesma venosum E.Mey. ex Tul., également
utilisé en médecine mais plus connu pour ses
fruits comestibles au goût de mûrier. Compa- ANTIZOMAANGUSTIFOLIA (Burch.) Miers ex
rées à Antidesma venosum, les feuilles Harv.
à'Antidesma membranaceum sont plus étroi-
tement elliptiques-oblongues et plus aiguës- Protologue FI. cap. 1:11 (1860).
acuminées, l'inflorescence femelle n'est jamais Famille Menispermaceae
atteinte de galle. En Namibie, un extrait des Synonymes Cissampelos angustifolius Burch.
fruits, des feuilles et des rameaux écrasés (1822).
à'Antidesma rufescens Tul. se prend pour trai- Origine et répartition géographique Anti-
ter les douleurs abdominales. L'extrait de ra- zoma angustifolia est présent au Zimbabwe, en
cine se verse dans le bain comme analgésique Namibie, au Botswana et au nord de l'Afrique
en cas de douleurs corporelles. Dans le sud du du Sud.
Nigeria, la décoction de racine à'Antidesma Usages L'infusion de racine se boit pour ses
vogeliana Müll.Arg. avec ou sans les graines vertus émétiques et purgatives, pour purifier le
à'Aframomum melegueta K.Schum. se prend sang lors du traitement des furoncles, ainsi que
comme aphrodisiaque. En R.D. du Congo, la pour traiter les maux d'estomac, les ulcères
décoction de racine se boit pour traiter les in- gastriques, les coliques, la diarrhée et la dysen-
fections dues aux vers et autres problèmes in- terie, les calculs rénaux, les affections du foie,
testinaux, et on s'en gargarise en bains de bou- de la vésicule biliaire et de la vessie, les dou-
che pour traiter les maux dentaires. La tige leurs en général et la toux. Les femmes boivent
broyée sert de combustible dans les lampes. la décoction de racine pendant leur grossesse
Ecologie Antidesma membranaceum se ren- pour maintenir une mobilité chez le fœtus et
contre dans les savanes boisées mixtes, les faciliter l'accouchement ainsi que l'expulsion
savanes boisées humides et les forêts semper- du placenta. Les feuilles ou les racines se
virentes, également dans la végétation fluviale prennent en décoction ou se mastiquent pour
et les ravins, sur les berges de lacs et dans les traiter les problèmes digestifs, contre les états
forêts côtières, depuis le niveau de la mer jus- de malaise et le Sida.
qu'à 1850 m d'altitude. Propriétés Antizoma angustifolia contient
Ressources génétiques et sélection Anti- de grandes quantités d'alcaloïdes, qui repré-
desma membranaceum est commun dans toute sentent 4,7—10,5 mg/g du poids sec dans les
sa vaste aire de répartition ; il n'est donc pas feuilles. Leur diversité est remarquable. Les
menacé d'érosion génétique. feuilles contiennent des proaporphines (la
Perspectives Antidesma membranaceum est crotsparine, la pronuciférine et des traces de
un remède local qui sert contre toutes sortes de glaziovine) et des dioxines bisbenzyl-isoquino-
maladies bactériennes. Les analyses chimiques liniques (la cissacapine et l'insularine). La tige
ont mis en lumière plusieurs composants chi- contient de la crotsparine et de la glaziovine.
miques complexes dans les racines, les feuilles La racine contient de la crotsparine, de la gla-
116 PLANTESMÉDICINALES l
ziovine, de la pronuciférine, une aporphine (la l'Afrique du Sud;la décoction de racine se boit
bulbocapnine) et une morphinane (la salutari- pour traiter les ulcères d'estomac. Antizoma
dine). On a également trouvé des traces miersiana ressemble à Antizoma angustifolia
d'autres alcaloïdes, mais ils n'ont pas pu être de par la grande diversité de ses alcaloïdes
identifiés. La crotsparine semble être le princi- isoquinoliniques.
pal alcaloïde desfeuilles, représentant 72% des Ecologie Antizoma angustifolia, présent dans
alcaloïdes totaux. Des peuplements de prove- les savanes arbustives arides, se rencontre
nances différentes présentent des variations généralement avec desespèces d'Acacia, à750-
considérables dans leur teneur en alcaloïdes ; 1700 m d'altitude.
la salutaridine n'aététrouvée quedans un seul Gestion Antizoma angustifolia ne se récolte
échantillon végétal provenant de Pretoria (Af- que dans la nature.
rique du Sud). Ressources génétiques et sélection Anti-
Botanique Arbuste sempervirent dioïque zoma angustifolia est assez largement réparti
atteignant 3 m de haut, parfois à longs ra- et nesemble pasmenacé d'érosion génétique.
meaux coureurs ; jeunes tiges rayées longitu- Perspectives La diversité des usages tradi-
dinalement, glabres à densément poilues. tionnels et des alcaloïdes présents chez Anti-
Feuilles alternes, simples et entières, gris- zoma angustifolia justifie un approfondisse-
vert ; stipules absentes ; pétiole jusqu'à 5 mm ment dela recherche pharmacologique.
de long, glabre ou poilu, à épine dorsale sur la Références principales de Wet, 2005 ; de
tige juste en dessous du point d'insertion ; Wet, vanHeerden &vanWyk, 2004 ;deWet &
limbe oblong à obovale, atteignant 8cmx2 cm, van Wyk, 2008 ; von Koenen, 2001; Watt &
base obtuse à tronquée, apex arrondi à légère- Breyer-Brandwijk, 1962.
ment émarginé, mucroné, coriace, poilu, pal- Autres références Dekker et al., 1988;de
matinervé chez les feuilles larges, pennatiner- Wet, van Heerden &vanWyk,2005 ; Leistner,
vé chez les feuilles étroites. Inflorescence 2000 ;Neuwinger, 2000 ;SEPASAL, 2008a.
mâle : fascicule axillaire condensé, parfois for- Auteurs L.P.A. Oyen
tement ramifié ; inflorescence femelle : fasci-
cule axillaire à fleurs peu nombreuses sur de
courts rameaux latéraux ou fleurs solitaires. ARGEMONE MEXICANA L.
Fleurs petites ; pédicelle jusqu'à 2,5 mm de
long, articulé à la base ; fleurs mâles à(3—)4(— Protologue Sp.pi. 1:508(1753).
5) sépales soudés, largement obovales à spatu- Famille Papaveraceae
les, de 1-2,5 mmx 0,5-2 mm,vert pâle ou brun Nombre de chromosomes 2n=28, 42, 56
pâle, glabres ou légèrement et courtement poi- Synonymes Argemone ochroleuca Sweet
lus à l'extérieur, pétales 4,soudés en une coupe (1828).
ou une soucoupe de 0,5-2 mm de diamètre, Noms vernaculaires Argemone, pavot épi-
étamines (2—)4—5(—7), soudées en une colonne neux, pavot du Mexique, tache de l'œil, char-
de 0,5-1 mm de long ; fleurs femelles à 2(-4) don du pays (Fr).Mexican poppy, prickly pop-
sépales, rhomboïdes à obovales, de 1-2 mm x py, yellow thistle, Mexican thistle (En). Papoila
1-1,5 mm, légèrement poilus à l'extérieur, pé- mexicana, papoula doMéxico, cardo santo(Po).
tales 2(-4), largement oblancéolés à largement Mtunguja bonde(Sw).
obovales, de 0,5-1,5 mm de long, staminodes Origine et répartition géographique Ar-
parfois présents, ovaire supère, d'environ 1 mm gemone mexicana est originaire du Mexique et
de long, glabre ou poilu, transversalement can- des Antilles, mais il est devenu pantropical
nelé, style court, stigmate lobé. Fruit : drupe suite à son introduction soit accidentelle soit
ovoïde ; noyau en fer à cheval, contenant 1 comme plante ornementale. Il s'est naturalisé
graine. Graines en fer à cheval, cotylédons ap- dans la plupart des pays africains, depuis le
primés. Cap-Vert jusqu'en Somalie et en Afrique du
Antizoma angustifolia fleurit d'octobre à avril. Sud.
Il craint le gel. Usages Dans toutes les régions tropicales,
Le genre Antizoma s'apparente étroitement à Argemone mexicana est couramment utilisé
Cissampelos et comprend 3 espèces, toutes comme plante médicinale. Il a une réputation
présentes en Afrique australe. Antizoma ango- d'analgésique, de diurétique, de cholagogue et
lensis Exell & Mendonça est endémique de d'anti-inflammatoire. L'huile des graines
l'Angola. Antizoma miersiana Harv. est endé- s'utilise comme purgatif et comme pommade.
mique du sud de la Namibie et de l'ouest de L'huile des graines et les infusions de feuilles
ARGEMONE 117
long des routes et des voies ferrées, d a n s les recherches. Argemone mexicana p o u r r a i t avoir
c h a m p s comme m a u v a i s e herbe, la p l u p a r t du de l'intérêt comme source n a t u r e l l e de berbé-
t e m p s au niveau de la mer, m a i s parfois jus- rine. Les effets toxiques de l'huile des graines,
qu'à 3000 m d'altitude. Il est a b o n d a n t p a r des fleurs et d a n s u n e moindre m e s u r e du j u s
endroits, mais disséminé d a n s l'ensemble. Il des feuilles r e n d e n t son utilisation à des fins
t e n d à bien pousser d a n s des sols peu fertiles. médicinales risquée, m a i s cela n ' e m p ê c h e r a
Multiplication et plantation Argemone p r o b a b l e m e n t p a s ces produits de continuer à
mexicana est multiplié p a r graines. La produc- être l a r g e m e n t utilisés.
tion de graines p e u t a t t e i n d r e 18 0 0 0 - 3 6 000 R é f é r e n c e s p r i n c i p a l e s Abebe & Hagos,
graines p a r p l a n t e . Les graines g e r m e n t bien 1991 ; Burkill, 1997 ; CAB I n t e r n a t i o n a l , 2007 ;
d a n s u n sol h u m i d e à u n e t e m p é r a t u r e j u s q u ' à Hyde & W u r s t e n , 2002 ; Neuwinger, 2000 ;
25°C. D a n s certaines régions, elles g e r m e n t Seegeier, 1983 ;T r a n Cong K h a n h , 2001a.
toute l'année s'il y a assez d'humidité. A u t r e s r é f é r e n c e s Boiteau & Allorge-Boiteau,
G e s t i o n Argemone mexicana n'est prati- 1993 ; Capasso et a l , 2006 ; Carrillo-Rosario &
q u e m e n t p a s cultivé et on la considère généra- Diaz de Ramirez, 2005 ; C h a n g et al., 2003 ;
l e m e n t comme u n e adventice. E n t a n t C h a t u r v e d i , D a t t a & Pal, 1999 ; D a s & Khan-
qu'adventice d a n s les c h a m p s , elle ne constitue na, 1997 ; Diallo et al., 2005 ; F r e i b u r g h a u s et
p a s u n compétiteur agressif. On l'a signalé a l , 1996a ; Gupta, Dixit & Dobhal, 1990 ; Gu-
comme tel d a n s les légumes secs, les céréales, rib-Fakim et al., 1993 ; S h a r m a & N a t h a w a t ,
le tabac, le thé, la c a n n e à sucre, les t o m a t e s , le 1987 ; Upreti, D a s & K h a n n a , 1991 ; v a n Wyk,
cotonnier et la p o m m e de t e r r e . Les récoltes v a n H e e r d e n & v a n Oudtshoorn, 2002.
faites à la m a i n p e u v e n t être pénibles en pré- S o u r c e s d e l'illustration T r a n Cong K h a n h ,
sence à'Argemone mexicana d a n s les c h a m p s . 2001a.
D a n s les régions où son introduction est ré- A u t e u r s C.H. Bosch
cente, son impact potentiel comme adventice Basé s u r P R O S E A 12(2) : Medicinal a n d poiso-
est souvent sous-estimé. U n p r o g r a m m e de nous p l a n t s 2.
lutte biologique a été lancé en Australie. Au
Mexique, p l u s i e u r s insectes p r é d a t e u r s ont été
identifiés, dont u n e espèce e x t r ê m e m e n t viru- ARGOMUELLERA MACROPHYLLA P a x
lente de c h a r a n ç o n qui se développe d a n s les
racines et se n o u r r i t des feuilles. P r o t o l o g u e Bot. J a h r b . Syst. 19 : 90 (1894).
M a l a d i e s e t r a v a g e u r s D a n s certaines F a m i l l e Euphorbiaceae
régions, Argemone mexicana est a t t a q u é p a r la O r i g i n e e t r é p a r t i t i o n g é o g r a p h i q u e Ar-
maladie des t a c h e s foliaires provoquée p a r gomuellera macrophylla est p r é s e n t depuis la
Xanthomonas campestris pv. papavericola. Guinée jusqu'en Ethiopie, et vers le sud d a n s
Argemone mexicana est u n hôte de la pourri- toute l'Afrique centrale, jusqu'en Angola, a u
t u r e du collet (Aspergillus niger), du n e m a t o d e Zimbabwe et a u Mozambique.
réniforme (Rotylenchulus reniformis) et de la U s a g e s E n Côte d'Ivoire, le j u s des feuilles
noctuelle orientale du t a b a c (Helicoverpa assul- se p r e n d comme p u r g a t i f et é m é t i q u e d a n s le
ta). t r a i t e m e n t des e m p o i s o n n e m e n t s et des asci-
R é c o l t e Les p a r t i e s végétales à'Argemone tes. La poudre de feuilles séchées se p r e n d par-
mexicana qu'on souhaite récolter se r a m a s s e n t fois comme a p h r o d i s i a q u e . Au Kenya, le miel
au fur et à m e s u r e des besoins. des fleurs est considéré toxique ; il provoque-
R e n d e m e n t s D a n s des conditions favora- r a i t des problèmes d'articulations.
bles, Argemone mexicana p e u t d o n n e r 6—9 t/ha B o t a n i q u e A r b u s t e ou petit a r b r e monoïque,
de m a t i è r e fraîche. non ramifié, a t t e i g n a n t 4(-9) m de h a u t ; jeu-
T r a i t e m e n t a p r è s r é c o l t e L a récolte nes r a m e a u x d e n s é m e n t couverts de poils
A'Argemone mexicana s'emploie soit fraîche soit courts. Feuilles a l t e r n e s , m a s s é e s a u x extrémi-
séchée en v u e d'un u s a g e u l t é r i e u r . t é s des r a m e a u x , simples ; stipules linéaires à
R e s s o u r c e s g é n é t i q u e s Argemone mexica- lancéolées, de 3-4(-15) m m de long, à poils
na n'est p a s menacé d'érosion génétique car il a r u d e s ; pétiole a t t e i g n a n t 1,5 cm de long, den-
u n e v a s t e r é p a r t i t i o n comme adventice. s é m e n t poilu ; limbe elliptique-oblancéolé à
P e r s p e c t i v e s Plusieurs composés à'Argemone oblong-elliptique, de ( 1 0 - ) 2 5 - 4 0 cm x 5-12 cm,
mexicana p r é s e n t e n t des effets pharmacologi- b a s e cunéiforme, apex acuminé, bords dentés,
ques i n t é r e s s a n t s lorsqu'ils sont purifiés, ce qui coriace, à poils courts et clairsemés en dessus,
r e n d r a i t souhaitable u n approfondissement des d e n s é m e n t poilu en dessous, souvent glabres-
120 PLANTES MÉDICINALES I
ma comprend environ 4 espèces sur le conti- Dold & Cocks, 2001 ; Fox & Norwood Young,
nent africain, à Madagascar et en Asie, et se 1988 ; Hutchings et al., 1996 ; Ismail et al.,
caractérise par ses longues épines axillaires. 1997 ; Kokwaro, 1993 ; Verdoorn, 1963;
Sur toute son aire de répartition, Azima tetra- Vickery, 1983b ; Watt & Breyer-Brandwijk,
cantha varie considérablement, ce qui ne l'em- 1962.
pêche pas d'être une espèce distincte et facile- Autres références Beentje, 1994 ; Bennett,
ment reconnaissable. En Afrique australe, les Mellon & Kroon, 2004 ; Bennett et al., 2004;
plantes mâles n'ont pas d'épines, ou alors ce Brown et al., 2003 ; Carlquist, 2002 ; Coates
sont des épines peu développées, tandis que sur Palgrave, 1983 ; Dahir, 1999 ; Dale & Green-
les individus femelles elles sont longues. way, 1961 ; den Outer & van Veenendaal,
Croissance et développement Le port grim- 1981 ; Friis, 1992 ; Guerra dos Santos, 1989;
pant et zigzaguant A'Azima tetracantha et ses Hebbar et al., 2004 ; Henderson, 1987 ; Jas-
épines en font une espèce utile pour les haies. wanth et al., 2001 ;Perrier de la Bâthie, 1946;
La haie a tendance à se trouer en dessous, Ramaswamy & Razi, 1973 ; Rodman et al.,
mais sa forme se conserve si on la taille. La 1996 ;Schatz, 2001 ;Vonshak et al., 2003.
plante recèpe bien et se diffuse grâce à des Sources de l'illustration Vickery, 1983b.
drageons souterrains. Auteurs A.P. Dold
Ecologie Azima tetracantha se rencontre
dans la brousse, le maquis et en forêt, le long
des rivières et en bord de mer, jusqu'à 1100 m BAISSEAAXILLARIS(Benth.) Hua
d'altitude. En Afrique de l'Est, il est fréquent
sur les berges des rivières saisonnières, dans Protologue Compt. Rend. Hebd. Séances
les endroits où le sol est salin, notamment à la Acad. Sei. 134 :857 (1902).
lisière des mangroves. En Afrique du Sud, Famille Apocynaceae
Azima tetracantha est présent sur le flanc des Nombre de chromosomes 2n = 22
collines, dans la savane arbustive, souvent sur Origine et répartition géographique Bais-
les termitières, ainsi que sur la côte. sea axillaris se rencontre depuis le Sénégal
Multiplication et plantation II existe aux jusqu'à la Centrafrique, et vers le sud jusqu'au
Etats-Unis quelques pépiniéristes disposant nord de l'Angola. Il existe une collecte prove-
d'une offre en graines pour Azima tetracantha, nant de l'est de la Tanzanie.
qu'ils commercialisent à des fins ornementales. Usages Au Congo, la décoction de rameaux
La multiplication par bouturage est possible. feuilles est ingérée pour traiter les maladies
Gestion Le South African Department of des reins. En R.D. du Congo, une macération
Agriculture considère la présence d'Azima te- de racines sert de collyre pour traiter la psy-
tracantha comme le signe que la brousse gagne chose. Une décoction de racines et d'écorce de
du terrain. Dans certaines régions, on demande la tige est ingérée pour traiter la colique sans
aux exploitants agricoles de lutter contre la déclencher de diarrhée. Une décoction de ra-
prolifération de l'espèce afin d'empêcher que meaux feuilles est utilisée comme diurétique.
les pâturages ne se détériorent et de maintenir Les Yorubas du Nigeria ajoutent du latex au
leur productivité. Le surpâturage est la princi- vin de palme pour en augmenter l'effet eni-
pale cause de cette invasion. vrant. Une décoction d'écorce est appliquée sur
Lorsqu'on l'utilise comme haie ou comme bar- la peau des chiens pour soigner la gale.
rière végétale, il faut la tailler régulièrement L'écorce permet de confectionner un poison
pour qu'elle conserve une forme compacte. violent pour la chasse. En R.D. du Congo, le jus
Ressources génétiques Azima tetracantha de la racine est instillé dans la truffe des
est une espèce pionnière commune et répan- chiens de chasse pour améliorer leur flair.
due, et par conséquent elle ne court aucun ris- Propriétés Aucune analyse chimique n'a été
que d'être récoltée en trop grande quantité par effectuée sur Baissea axillaris. Cette plante
l'homme dans l'immédiat. appartient à la sous-famille des Echitoideae
Perspectives II semble que l'usage àAzima dont les représentants contiennent souvent des
tetracantha soit limité et occasionnel en Afri- hétérosides cardiaques, particulièrement dans
que. Mais étant donné que toutes ses parties les graines et les racines.
contiennent des glucosinolates, il est justifié Botanique Liane pouvant atteindre 15 m de
d'approfondir les recherches sur ses applica- long, à latex blanc ; tige atteignant 12 cm de
tions médicinales. diamètre ; écorce rugueuse ou lisse, grisâtre ;
Références principales Dold &Cocks, 2000; ramilles densément poilues. Feuilles opposées,
BAISSEA 123
et réduites en poudre sont mélangées à de la cer et les rhumatismes. A des fins aphrodisia-
vaseline et on frictionne les bébés de ce mé- ques, on ajoute de la poudre d'écorce à la bière,
lange pour les protéger de la maladie. ou bien on mâche les feuilles. Le lumbago se
Ecologie Bauhinia kalantha est présent dans soigne avec un cataplasme d'écorce appliqué
la forêt claire et les fourrés décidus, souvent sur le dos, de la décoction de feuilles en bois-
sur sols pierreux, à 600-1000 m d'altitude. son, ou de la décoction de racine en lotion.
Gestion Quels que soient les usages, la ma- L'écorce de tige et les feuilles sont utilisées
tière végétale ne se récolte que dans la nature. pour traiter le diabète sucré. On prend aussi
Les feuilles comestibles sont récoltées de no- des décoctions de feuilles pour traiter les dou-
vembre à avril. leurs fébriles, la perte d'appétit, la débilité, la
Ressources génétiques et sélection En jaunisse et la lèpre. Des extraits de pousses en
dépit de sa répartition limitée, il semble que cours de croissance servent en externe au trai-
Bauhinia kalantha soit commun dans son aire. tement des brûlures, des ulcères et pour net-
Perspectives Les propriétés chimiques et toyer les plaies. Pour traiter les convulsions et
pharmacologiques de Bauhinia kalantha n'ont les morsures de serpent, on écrase des feuilles
pas été analysées, et par conséquent il n'est que l'on mélange à de l'eau, et la mixture
pas possible de porter de jugement sur sa va- s'ingère et s'applique sur le corps. L'écorce de
leur comme plante médicinale ou comme lé- racine en infusion à boire, ou l'écorce de tige en
gume. poudre à priser, le jus de feuilles en collyre, ou
Références principales Brenan, 1967; encore la poudre de feuille à priser, servent à
Kokwaro, 1993 ; Ruffo, Birnie & Tengnäs, traiter la migraine, les maux de tête et les
2002. rhumes. La décoction de racine est utilisée
Autres références Blomley & Mbogo, 1992; pour traiter les hémorroïdes et l'épilepsie. Les
Brummitt et al., 2007 ; Dale & Greenway, pousses et les feuilles écrasées s'utilisent pour
1961 ; Leger, 1997 ; Vihan, Kumar & Arora, lutter contre les foreurs de tige du maïs.
2007. Le bois est utilisé pour faire des poteaux qui
Auteurs C.H. Bosch servent à la construction des maisons, ainsi
que du bois de feu et du charbon de bois. Les
rameaux sont utilisés en haie vive. Bersama
BERSAMAABYSSINICA Fresen. abyssinica est en outre précieux comme arbre
d'ombrage ornemental, comme mellifère et
Protologue Mus. Senckenberg. 2:281(1837). dans les systèmes agroforestiers. Les graines
Famille Melianthaceae servent de substitut au savon.
Synonymes Bersama englerianaGurke(1892). Propriétés L'écorce de tige de Bersama abys-
Noms vernaculaires Winged bersama, bitter sinica récoltée au Kenya et en Ouganda conte-
bark (En).Mwangwakwao, mtata (Sw). nait 2 bufadiénolides, qui sont des hétérosides
Origine et répartition géographique Ber- cardiaques ayant une activité antitumorale,
sama abyssinica a une aire de répartition qui ainsi que des sterols et un xanthone, la mangi-
s'étend depuis la Guinée-Bissau et les pays férine. Des différences selon la provenance des
côtiers d'Afrique de l'Ouest excepté le Bénin végétaux ont été détectées dans les fractions
jusqu'en Erythrée et en Ethiopie, et vers le sud hétérosides. Deux dérivés d'hellébrigénine
jusqu'en Angola, en Zambie, au Zimbabwe et identifiés dans un extrait à l'éthanol de l'écorce
au Mozambique. ont fait ressortir une activité inhibitrice contre
Usages Toutes les parties de Bersama abys- le carcinome humain du nasopharynx dans des
sinica sont toxiques et ont été impliquées dans cultures de cellules. Dans des essais en Ethio-
des décès d'hommes et de bétail. Pour l'usage pie sur de l'écorce de tige et de l'écorce de ra-
interne, le dosage est par conséquent essentiel. cine, des hétérosides cardiaques et des sterols
Des décoctions d'écorce, de feuilles et de raci- insaturés ont été identifiés. Les extraits de
nes se prennent couramment pour leurs vertus feuilles ont des activités cardiogènes, spasmo-
purgatives dans le traitement de toutes sortes lytiques et hypoglycémiques. Des extraits bruts
de troubles gastriques, tels que douleurs ab- d'écorce ralentissent la croissance de Bacillus
dominales, coliques, diarrhée, choléra, vers cereus, de Staphylococcus aureus, de Shigella
intestinaux, amibiase et dysenterie. La rage, la flexineri et de Shigella dysenteria, et un extrait
syphilis, la gonorrhée et le paludisme se trai- d'écorce de racine ralentit celle de Bacillus
tent également avec ces décoctions. La décoc- subtilis. Un extrait aqueux d'écorce de tige a
tion d'écorce de tige se boit pour soigner le can- montré des effets antispasmodiques sur l'iléon
BERSAMA 129
les racines qui entrent dans des compositions sent supposer qu'un extrait de feuille a une
médicinales courantes. Les produits indiens nette activité antidiabétique. L'extrait à l'étha-
sont commercialisés partout dans le monde. nol des parties aériennes a montré une protec-
Propriétés La chimie des composés bioactifs tion des cobayes contre l'asthme provoqué par
de Boerhavia diffusa et leurs propriétés phar- l'histamine. Un extrait éthylique des racines a
macologiques ont été peu étudiées. La plupart révélé une activité anti-tumorale in vitro et in
des recherches se sont concentrées sur les ex- vivo. En outre, des extraits ont montré des
traits. Parmi les composés isolés à partir des activités antivirales, antimycosiques et allélo-
racines de Boerhavia diffusa, on trouve la pu- pathiques.
narnavine (un alcaloïde), le punarnavoside (un Des cultures de racines in vitro ont été effec-
glucopyranoside), l'acide ursolique et les boera- tuées à partir de segments de feuilles de
vinones Al, Bl, C2, D, E et F (des roténoïdes), Boerhavia diffusa. Les racines formées avec 0,5
ainsi que divers composants mineurs. uM IAA contenaient 15% de punarnavine sur
En Inde, Boerhavia diffusa figure dans la phar- la base de la matière sèche, alors que celles
macopée comme diurétique, propriété qui a été formées avec des concentrations plus élevées
confirmée depuis lors. L'activité diurétique est d'IAA contenaient moins du composé. En pré-
probablement due à la réduction de l'excrétion sence de 2,4-D, les segments de feuilles ont
tabulaire qui inhibe la succinate déshydrogé- produit des cals avec des racines régénérées
nase du rein et qui stimule la D-amino oxy- qui contenaient des traces de punarnavine.
dase. Un extrait aqueux de la plante sèche ou La composition nutritionnelle des feuilles par
fraîche est utile en cas d'œdème et d'ascite. En 100 g de partie comestible est : eau 82 g, éner-
Inde, une injection intraveineuse de punarna- gie 217 kJ (52 kcal), protéines 4,5 g, lipides 0,5
vine réalisée chez le chat a provoqué une nette g, glucides 10,3 g, fibres 2,2 g.
et persistante élévation de la pression arté- Falsifications et succédanés D'autres es-
rielle ainsi qu'une diurèse marquée. Les quan- pèces de Boerhavia, ainsi que Trianthema por-
tités élevées de sels de potassium présents tulacastrum L. (Aizoaceae), sont parfois utili-
dans toute la plante accentuent l'action de la sées comme diurétique de la même façon que
punarnavine. Lors d'une étude clinique menée Boerhavia diffusa.
dans le traitement du syndrome néphrotique, il Description Plante herbacée annuelle à vi-
a été prouvé que l'extrait améliorait la diurèse, vace atteignant 1 m de haut, quelquefois à
soulageait l'œdème, et entraînait une améliora- forte racine pivotante ; tige ramifiée surtout à
tion de l'état général du patient, notamment partir de la base, prostrée lorsque jeune, as-
une baisse de l'albuminurie, une augmentation cendante à érigée à la floraison, charnue, verte,
des protéines sériques et une baisse du taux souvent lavée de rouge, glabrescente à couverte
sérique de cholestérol. de poils courts ou longs, multicellulaires, sou-
Une décoction de feuilles et lejus frais ont tous vent glandulaires, en particulier autour des
deux eu un effet analgésique important lors nœuds renflés. Feuilles opposées, simples, iné-
d'essais chez les rats, mais le jus frais a relevé gales ;stipules absentes ;pétiole de l-2,5(-3,5)
le seuil nociceptif beaucoup plus longtemps que cm de long ;limbe largement ovale à elliptique,
la décoction de feuilles. L'extrait alcoolique a de 1,5-6 cm x 0,5-5 cm, base obtuse, cordée ou
montré des effets anti-inflammatoires contre tronquée, apex aigu à obtus, bords sinués, vert
l'œdème de la patte provoqué par le carraghé- clair à blanchâtre dessous, quelquefois avec des
nane et a augmenté la diurèse chez le rat. glandes rouges marginales. Inflorescence : om-
Lors d'essais sur la souris, la fraction alcaloïdi- belle axillaire irrégulière, petite, souvent
que des racines a inhibé les réactions d'hyper- congestionnée, à (l-)3-5(-7) fleurs, plusieurs
sensibilité. Des extraits de plante entière ont ombelles rassemblées en une grande panicule
montré plusieurs effets pharmacologiques, à diffuse atteignant 40(—60) cm de long, parais-
savoir des activités hépatoprotectrices, anti- sant terminale par réduction des feuilles,
convulsivantes, hypotensives, modératrices du s'allongeant fortement après le début de la
myocarde et stimulantes des muscles du sque- floraison ; bractées et bractéoles de petite
lette et des muscles lisses chez le rat. Aucun taille, fimbriées, caduques. Fleurs bisexuées,
effet tératogène n'a été détecté chez des rates régulières ; pédicelle jusqu'à 1 mm de long;
gravides. L'extrait de racine a révélé une ré- périanthe tubuleux-campanulé, se rétrécissant
duction sensible de la durée de l'écoulement nettement au milieu, partie inférieure obconi-
menstruel et de la perte du fer menstruel chez que, entourant l'ovaire, à 5 côtes, verte, partie
la guenon. Les résultats d'essais sur le rat lais- supérieure 5-lobée, de 0,5—1,5 mm x 2 mm,
132 PLANTES MÉDICINALES I
Propriétés Bien que Boerhavia erecta ait apparaître un net renflement visqueux à matu-
des utilisations médicinales courantes dans rité, qui lui permet de s'accrocher aux mammi-
toute son aire de répartition, les données sur fères et aux oiseaux et de se disperser au loin.
ses propriétés sont rares. Passant pour avoir On trouve Boerhavia erecta en fleurs et en
des usages médicinaux semblables à ceux de fruits d'un bout à l'autre de l'année, lorsqu'il y
Boerhavia diffusa, il est probable qu'il contien- a suffisamment d'eau. En conditions favora-
ne des composés similaires tels que la punar- bles, la floraison débute 2 semaines après la
navine (un alcaloïde). L'extrait à l'éthanol des germination et les premières graines mûrissent
parties aériennes a montré un effet larvicide 2 semaines plus tard. Une plante bien dévelop-
puissant sur la tique Boophilus microplus. pée peut donner 20 000-30 000 graines par an.
Botanique Plante herbacée annuelle à vi- Ecologie On trouve Boerhavia erecta en
vace de courte durée, atteignant 1 m de haut, brousse ouverte, sur des terrains vagues, sur
parfois à racine pivotante épaisse ; tige rami- des terres agricoles et en bordure de routes,
fiée essentiellement à partir de la base, ascen- jusqu'à 1500(-2500) m d'altitude, générale-
dante à érigée, charnue, verte, souvent lavée de ment sur des sols sablonneux ou rocailleux. Il
rouge, parties inférieures finement poilues, préfère les endroits ensoleillés et un climat
parties supérieures glabres, nœuds renflés. saisonnier avec une saison sèche marquée.
Feuilles opposées, simples, plus ou moins éga- Gestion Boerhavia erecta pousse bien sur
les ; stipules absentes ; pétiole de 1—3,5(—4)cm des terres arables irriguées. C'est une adven-
de long ; limbe largement lancéolé à ovale, de tice commune de plusieurs cultures annuelles
2,5-4,5(-8) cm x l,5-2,5(-6,5) cm, base arron- et pérennes, mais qui cause peu de dégâts. On
die à tronquée, apex arrondi à aigu, bords si- en vient aisément à bout grâce à des herbicides
nués, vert clair à blanchâtre dessous, quelque- chimiques et à plusieurs passages au cultiva-
fois à glandes marginales rouges. Inflores- teur mécanique. Les parties récoltées de Boer-
cence :ombelle axillaire, petite, souvent serrée, havia erecta sont souvent utilisées fraîches,
à (l-)4—5(—6) fleurs, plusieurs ombelles ras- sauf les racines que l'on peut mettre à sécher
semblées en une panicule diffuse atteignant 30 au soleil en vue d'un usage ultérieur.
cm x 20 cm, paraissant terminale par réduc- Ressources génétiques et sélection Boer-
tion des feuilles, s'allongeant après le début de havia erecta a une aire de répartition très
la floraison ; bractées et bractéoles petites, étendue et on le rencontre en milieu perturbé,
caduques. Fleurs bisexuées, régulières ; pédi- raison pour laquelle il n'est pas menacé
celle de 1-3 mm de long ; périanthe tubuleux- d'érosion génétique.
campanulé, se rétrécissant nettement au mi- Perspectives Boerhavia erecta a une large
lieu, partie inférieure obconique, enserrant palette d'usages médicinaux semblables à ceux
l'ovaire, à 5 côtes, verte, partie supérieure 5- de son parent mieux connu Boerhavia diffusa,
lobée, de 1-1,5 mm x 2 mm, lobes émarginés, mais il y a lieu de mener des recherches afin de
blancs à rose clair ou tachetés de rouge, tom- mettre en lumière ses propriétés pharmacolo-
bant rapidement ; étamines 2(-3), légèrement giques de même que les composés responsables
exsertes ; ovaire supère, apparemment infère, de ses activités.
1-loculaire, style légèrement exsert, stigmate Références principales Adjanohoun et al.,
capité. Fruit : akène enserré par la partie infé- 1979 ; Berhaut, 1979 ; Burkill, 1997 ; Gilbert,
rieure épaissie du périanthe (l'ensemble étant 2000a ;Slamet Sutanti Budi Rahayu, 2001a.
appelé anthocarpe) ; anthocarpe obconique ou Autres références Adehan et al., 1994 ;Ad-
en massue, de 3-4 mm x 1,5—2 mm, apex tron- janohoun et al., 1989 ;Adjanohoun et al., 1985;
qué, à 5 côtes nettes et glabres, à 1 graine. Edeoga & Ikem, 2002 ; Geissler et al., 2002 ;
Graines obovoïdes, marron clair. Plantule à Neuwinger, 2000 ;Noba & Ba, 1992 ; Stintzing
germination épigée ;hypocotyle bien développé, et al., 2004 ;Thulin, 1993c ;Whitehouse, 1996.
brièvement poilu ; cotylédons arrondis, à ner- Auteurs G.H. Schmelzer
vure médiane marquée ; premières feuilles
alternes, brièvement poilues, violacées dessous.
Le genre Boerhavia comprend 5-20 espèces BOERHAVIA REPENS L.
suivant le concept d'espèce retenu, et inclut
plusieurs adventices pantropicales variables Protologue Sp. pi. 1:3 (1753).
dont l'histoire de la nomenclature est complexe. Famille Nyctaginaceae
Boerhavia erecta est multiplié par graines. Nombre de chromosomes n = 52
L'enveloppe muqueuse de l'anthocarpe laisse Noms vernaculaires Creeping spiderling
BOERHAVIA 135
liifolia (Pax) Fedde est présent en altitude en comme bâtons à mâcher. L'écorce s'arrache par
R.D. du Congo, au Rwanda, au Burundi, en morceaux du fût, ou est détachée par bandes
Ouganda, en Tanzanie et au Malawi et n'est des branches, toute l'année durant. On récolte
utilisé qu'à des fins médicinales. En R.D. du les racines surtout pendant la saison des
Congo, l'écorce broyée de la tige ou de la racine pluies, lorsque le sol est meuble. Ces diverses
dans de l'eau est donnée comme purgatif pour récoltes se font localement dans un souci de
traiter les vers intestinaux, en lavement ou par durabilité, et l'on veille à ce que les arbres n'en
voie orale. Pour stimuler la digestion, on inhale meurent pas. Les fruits et les graines sont ra-
de la poudre de racine et de rameaux. Le jus rement récoltés.
des rameaux feuilles s'ingère pour traiter Traitement après récolte L'écorce et les
l'éléphantiasis. La décoction de feuilles s'utilise racines récoltées sont mises à sécher au soleil
en lavement pour hâter l'accouchement. pendant 3-4 jours. Après séchage, on emballe
L'infusion d'écorce de rameaux ou la macéra- les matériaux dans des sacs de jute et on les
tion de racine et de feuille se prend contre les conserve jusqu'à ce qu'on puisse les emporter
bouffées délirantes. En R.D. du Congo et en au marché.
Tanzanie, pour traiter la stérilité féminine, on Ressources génétiques En Afrique de
mange de la poudre de feuille ou des racines l'Ouest, Bridelia atroviridis est partout récolté
cuites avec du poulet, ou bien on utilise le jus pour son écorce et pour la production de bois de
de feuilles en lavement. Au Rwanda, on boit feu. Malgré la protection des incendies de
l'extrait de feuilles pour traiter les problèmes brousse dont bénéficient plus ou moins certains
gastro-intestinaux, les ulcères gastriques et la peuplements naturels, leur nombre est en di-
migraine. La décoction de feuilles ou d'écorce minution et la diversité génétique pourrait à
de Bridelia ripicola J.Léonard, endémique de l'avenir être menacée.
la R.D. du Congo, se prend comme purgatif Perspectives L'écorce de Bridelia atroviri-
pour traiter les maux d'estomac, la diarrhée, dis est couramment utilisée pour ses vertus
les affections hépatiques et aussi pour traiter médicinales et se vend sur les marchés locaux.
la stérilité féminine. L'écorce broyée sert à co- Malgré les quelques essais pharmacologiques
lorer les poteries en rouge. La décoction de effectués, on ne sait pratiquement rien sur sa
tiges feuillées de Bridelia peruilleana Baill., composition chimique. Il est nécessaire
endémique de Madagascar, se prend pour trai- d'approfondir les recherches phytochimiques et
ter la syphilis. pharmacologiques pour évaluer le potentiel de
Croissance et développement Au Bénin, l'espèce. Des études sylvicoles s'imposent pour
Bridelia atroviridis fructifie d'août à novembre. promouvoir sa domestication et mettre au point
Ecologie Bridelia atroviridis est présent des techniques de gestion.
dans les forêts secondaires, en lisière de forêts, Références principales Adebisi & Ladipo,
dans la brousse et les fourrés associés, et aussi 2000 ; Adebisi, Ladipo & Oyeleke, 2003 ; Ade-
près des lacs et des fleuves, depuis le niveau de wunmi, Segun & Ashaolu, 1983 ; Burkill,
la mer jusqu'à 1700 m d'altitude. 1994 ;Corallo et al., 1997 ;Corallo et al., 1991;
Multiplication et plantation Bridelia atro- Neuwinger, 2000 ;Radcliffe-Smith, 1996a.
viridis est multiplié par graines. On fait sécher Autres références Adjanohoun et al., 1989;
les graines mûres et on les conserve dans des Chifundera, 2001 ; Ene Obong, Nwofia &
récipients hermétiques à température am- Okunji, 2001 ;Léonard, 1962.
biante. Deux à trois semaines après le semis, le Sources de l'illustration Carter & Radcliffe-
taux de germination est de 50-60%. Une mul- Smith, 1988.
tiplication par boutures de tige est possible. Auteurs A.A.Adebisi &D.O. Ladipo
Gestion Les peuplements de Bridelia atrovi-
ridis ne se trouvent que dans la nature ; l'arbre
n'a pas été domestiqué ou planté à grande BRUCEAANTIDYSENTERICA J.F.Mill.
échelle. Quelques peuplements naturels sont
protégés des ravages causés chaque année par Protologue Icon. anim. plant. 5 :t. 25(1779).
les incendies de brousse grâce au désherbage, Famille Simaroubaceae
mais on manque de données plus précises sur Origine et répartition géographique Bru-
la conduite de la culture. cea antidysenterica est largement réparti en
Récolte L'écorce et les feuilles fraîches sont Afrique tropicale, depuis la Guinée et le Nige-
régulièrement récoltées pour les préparations ria jusqu'en Ethiopie, et vers le sud jusqu'en
médicinales, et les racines pour être utilisées Angola, au Malawi et en Zambie.
BRUCEA 139
rasaia madagascariensis est présent dans tout long, à 1 graine, jaune pâle à rose ou orange ;
l'est de Madagascar, depuis Antsiranana au noyau dur et fragile. Plantule à germination
nord jusqu'à Toliara au sud. Il se rencontre épigée ;cotylédons foliacés et étalés.
également dans les Comores, à la Réunion et à Le genre Burasaia comprend environ 5 espè-
Maurice. ces, toutes endémiques de Madagascar et des
Usages L'infusion de racine de Burasaia ma- îles voisines. Une révision du genre pourrait
dagascariensis est l'un des plus anciens médi- amener à distinguer de nouvelles espèces. Bu-
caments contre le paludisme à Madagascar ; rasaia madagascariensis est une espèce varia-
elle sert également à traiter la dilatation de la ble et facilement confondue avec les autres
rate et les affections hépatiques. La décoction Burasaia spp. Burasaia congesta Decne. est
d'écorce de racine se prend comme cholagogue présent dans l'est de Madagascar jusqu'à 1000
contre les nausées et les haut-le-cœur. La dé- m d'altitude, Burasaia gracilis Decne. est en-
coction de feuilles se boit contre la fièvre et la démique du nord de Madagascar jusqu'à 1200
gonorrhée. m d'altitude, et Burasaia australis Scott-Elliot
Les feuilles amères et l'écorce de tige s'ajoutent est endémique du sud-est de Madagascar jus-
à des boissons alcoolisées pendant les cérémo- qu'à 700 m d'altitude. Burasaia nigrescens Ca-
nies de circoncision. Le fruit est comestible. La puron est également endémique de Madagas-
racine produit un colorant jaune vif. car. Les racines de ces Burasaia spp. ont les
Propriétés D'un extrait alcoolisé de la tige, mêmes usages médicinaux que celles de Bura-
on a isolé de la N-acétylnornuciférine, ainsi que saia madagascariensis. Elles produisent un
des diterpènes du type clérodane (l'épicordatine colorant jaune vif. De l'écorce de tige, on a isolé
et le méthylester de l'acide pénianthique). D'un des alcaloïdes quaternaires du type protoberbé-
extrait alcoolisé du bois, on a isolé des alcaloï- rine (la palmatine, la jatrorrhizine et la colum-
des quaternaires du type protoberbérine, la bamine), ainsi que des diterpènes du type clé-
palmatine (burasaïne), la columbamine et la rodane.
jatrorrhizine. De la palmatine a aussi été isolée Ecologie Burasaia madagascariensis est une
de la racine. La décoction de racine a des effets espèce adaptable présente dans les forêts hu-
antipaludéens à action lente chez les humains. mides, intermédiaires et sèches, depuis les
Elle provoque une contraction de la rate et dunes côtières jusqu'à 1600 m d'altitude.
aurait la capacité d'obliger les parasites de Ressources génétiques et sélection Bura-
Plasmodium à rester dans le sang, d'où ils saia madagascariensis est commun et répandu.
peuvent être éliminés par des doses plus fai- Rien n'indique qu'il soit menacé d'érosion géné-
bles de chloroquine ou de quinine. La palma- tique.
tine a des propriétés modérées de fixation de Perspectives Les propriétés antipaludéen-
l'ADN. A fortes concentrations, elle a un très nes des espèces de Burasaia ont été étudiées et
faible effet sur la progression du cycle cellu- des composés actifs ont été identifiés. Par la
laire, mais elle ne favorise pas la division de suite, la recherche a été interrompue, proba-
l'ADN par les topoïsomérases. blement parce que d'autres sources étaient
Lejus du bois est irritant pour la peau. disponibles pour ces composés. Cependant,
Botanique Arbuste dioïque atteignant 4 m l'interaction des alcaloïdes de Burasaia et de la
de haut. Feuilles alternes, 3-foliolées mais ha- quinine ou la chloroquine mérite une poursuite
bituellement simples à l'apex de la tige ;pétiole de ces études.
de 7-14 cm de long, renflé et courbé à l'apex ; Références principales Gurib-Fakim &
pétiolule atteignant 1cm de long ;folioles ellip- Brendler, 2004 ; Kluza et al., 2003 ; Mambu et
tiques, atteignant 10 cm de long, base cunéi- al., 2002 ;Neuwinger, 2000 ;Rasoanaivo et al.,
forme, apex acuminé, pennatinervé. Inflores- 1991b.
cence : panicule à l'aisselle des feuilles ou sur Autres références Boiteau, Boiteau & Al-
les tiges âgées. Fleurs unisexuées, petites, pé- lorge-Boiteau, 1999 ; de Wet, 2005 ; Grycova,
dicellées ; sépales habituellement 9 en 3 verti- Dostal & Marek, 2007 ; Ortiz, Kellogg & Van
cilles, vert pâle, charnus ; fleurs mâles Der Werff, 2007 ;Rasoanaivo et al., 1999 ;Res-
d'environ 4 mm de long, étamines 6, filets élar- plandy, 1958 ;Schatz, 2001.
gis, triangulaires à la base, charnus ; fleurs Auteurs L.P.A. Oyen
femelles à étamines rudimentaires, ovaire su-
père, composé de 3 carpelles libres d'environ
2,5 mm de long. Fruit : drupe généralement
unique, ovoïde, charnue, d'environ 2 cm de
144 PLANTES MÉDICINALES I
"haschich" est une préparation plus forte, avec timations, la production d'herbe de cannabis
davantage de résine et peu de matériel végétal dans le monde a dépassé les 40 000 t, dont 30
identifiable. Toutes ces drogues contiennent de 000 t ont atteint les usagers finaux, soit pour le
la résine provenant des poils glandulaires pré- marché de détail environ US$ 113000 millions.
sents sur les feuilles, les tiges et les inflores- L'Afrique est un producteur important (28%)
cences. avec comme principaux exportateurs le Nige-
Les fibres libériennes du chanvre sont tradi- ria, l'Afrique du Sud, le Malawi, le Lesotho, le
tionnellement utilisées dans la fabrication de Swaziland et la Tanzanie. Le principal impor-
fil, de ficelle, de corde, de filets et de papier, tateur est l'Europe, mais le plus gros marché
tandis que le cœur ligneux des tiges est em- est l'Amérique du Nord. Au niveau mondial, la
ployé pour les litières d'animaux ou comme production de résine de cannabis est, selon les
combustible. Le fil de chanvre est essentielle- estimations, de 7400 t, dont 6000 t parviennent
ment obtenu par un filage humide des fibres jusqu'aux usagers finaux, ce qui représente
longues. On peut améliorer la qualité du fil en pour le marché de détail environ US$ 28 000
"cotonisant" le chanvre, ce qui implique de ré- millions, l'Afrique du Nord (Maroc 40%), la
arranger chimiquement ou mécaniquement les Turquie et le Proche-Orient (30%) étant les
fibres. On peut ainsi traiter les fibres sur des principaux fournisseurs. Les premiers importa-
machines à filer de coton. Néanmoins, les fi- teurs sont l'Europe (78%), suivie par l'Afrique
bres et les fils de chanvre actuellement sur le (9%) et l'Asie (8%). En Inde, le chanvre est
marché satisfont rarement les besoins de cultivé pour le "ganja" par une poignée de
l'industrie textile en ce qui concerne la finesse cultivateurs attitrés, et la drogue est un mono-
des fibres, leur homogénéité, leur flexibilité et pole de l'Etat indien.
la répartition de leur longueur. En Afrique, le En 2004, la production mondiale de fibres et
chanvre n'est pas une plante textile impor- d'étoupe de chanvre s'élevait à 66 000 t pour
tante. une superficie de 50 000 ha, dont 40 000 t pro-
On peut faire des cartons à partir de la fibre de duites en Asie, essentiellement en Chine et en
chanvre. Dans l'industrie du bâtiment, des Corée. La production mondiale de chènevis en
panneaux d'aggloméré contenant des fibres de 2004 atteignait environ 30 000 t, dont 24 000 t
chanvre sont utilisés pour l'isolation intérieure. pour la Chine.
Les fibres de chanvre sont également utilisées Propriétés Le chanvre est classé comme
dans la technologie des composites à matrice stupéfiant appartenant à la famille des pertur-
inorganique (IMC) pour consolider le placoplâ- bateurs psychotropes. Il altère les perceptions
tre, les tuiles, le béton, les mortiers et les plâ- et les émotions. Il se compose de plus de 460
tres. L'huile qu'on tire des fruits est employée éléments chimiques, et la somme des publica-
en cosmétique, comme tensioactif pour les dé- tions sur leur chimie et leur activité biologique
tergents et peut remplacer l'huile de lin dans est écrasante. Les substances les plus intéres-
les peintures et les savons. Les fruits de chan- santes d'un point de vue médicinal sont les
vre (le chènevis) sont comestibles, et sont utili- cannabinoïdes, essentiellement présents dans
sés de manière limitée pour l'alimentation hu- les feuilles et les sommités florales des plantes
maine, comme nourriture pour les oiseaux et la femelles, qui s'accumulent dans les bractées et
volaille et comme appât pour les poissons. la résine, mais qui sont absents des fruits et
Après extraction de l'huile, le tourteau sert à des tiges. Les cannabinoïdes sont des terpéno-
nourrir le bétail. phénoliques, qui sont classés en plusieurs
Production et commerce international II groupes. Actuellement, près de 60 de ces com-
existe peu de statistiques sur la production de posés sont connus, et les principaux représen-
chanvre comme narcotique puisque la culture, tants de chacun de ces groupes sont :le canna-
la détention, la conservation, le transport et le bigérol (CBG), le cannabidiol (CBD), le canna-
commerce sont illégaux dans la plupart des bichromène (CBC), le cannabicyclol (CBL), la
pays. La drogue à base de cannabis (l'herbe et cannabielsoïne (CBE), le cannabinol (CBN), le
la résine) est de loin la drogue illicite la plus cannabinodiol (CBDL), le cannabitriol (CBTL),
consommée dans le monde et on estime, au le A 8 -trans-tétrahydrocannabinol (A8-THC) et le
niveau mondial, à 161 millions les personnes A 9 -trans-tétrahydrocannabinol (A9-THC, quel-
ayant fait usage de cannabis en 2003, dont 37 quefois aussi appelé Ai-THC dans un système
millions en Afrique. La consommation annuelle de numérotation différent). Dans chaque
moyenne est évaluée à 200 g d'herbe ou à 150 g groupe, les cannabinoïdes peuvent être pré-
de résine par personne. En 2003, selon les es- sents soit comme phénylméthyléthers neutres
152 PLANTES MÉDICINALES l
soit comme analogues acides, se distinguant l'inhalation et les effets les plus importants se
seulement par la présence d'un groupe car- font sentir 30-40 minutes plus tard, pour di-
boxyle. A9-THC a deux analogues acides : les minuer peu à peu pendant les 3 heures après
acides A 9 -tétrahydrocannabinoliques A et B. l'inhalation. La (bio-)libération du A9-THC est
Les cannabinoïdes acides sont considérés plus lente et plus faible lorsque la drogue est
comme les véritables composés ; cependant, le ingérée, mais dans ce cas ses effets se prolon-
groupe carboxylique est très instable et une gent davantage. Des doses plus fortes peuvent
decarboxylation intervient rapidement. Le A9- générer anxiété, voire panique, malaises et
THC lui-même n'est pas stable non plus : après hallucinations. Une consommation prolongée
un stockage prolongé, il se transforme en CBN. chez les humains et chez les animaux de labo-
Le CBD et l'acide cannabidiolique sont les ratoire conduit rapidement à la tolérance. Un
principales substances présentes dans les poils usage régulier du chanvre entraîne une dépen-
glandulaires (jusqu'à 15%) ;le reste des canna- dance physique modérée, en revanche la dé-
binoïdes se trouve en petites quantités. pendance psychologique est considérable et
Outre des cannabinoïdes, Cannabis sauva varie en fonction de l'histoire et de la personna-
contient plusieurs autres composés : des flavo- lité de l'usager. Un usage régulier peut égale-
noïdes, des spiroindanes phénoliques, des di- ment provoquer la paranoïa. Une dose exces-
hydrostilbènes, des dihydrophénanthrènes et sive se caractérise normalement par un état
des alcaloïdes dérivés de la spermidine. La psychotique (anxiété, tendances suicidaires,
plante contient également une huile essentielle profonde confusion mentale), pouvant durer
dont les principaux composants sont le ß- une semaine. L'interruption de la consomma-
caryophyllène, l'humulène, l'a-pinène, le ß- tion chez les usagers réguliers peut provoquer
pinène, le limonène, le myrcène et le cis-ß- un syndrome de manque qui disparaît au bout
ocimène. de 3-4 jours. Depuis les années 1970, de nom-
L'activité pharmacologique du chanvre repose breuses études ont été menées pour déterminer
essentiellement sur le A9-THC ; d'autres can- l'impact de la consommation du chanvre sur la
nabinoïdes semblent avoir une activité biologi- santé, mais les effets à long terme demeurent
que moindre, voire nulle, bien que nombre encore méconnus.
d'entre eux n'aient jamais été correctement Les cannabinoïdes agissent sur le corps par
étudiés. En ce qui concerne les deux principales leur action sur le système des cannabinoïdes
drogues issues du cannabis, la marijuana de endogènes composé de substances neurochimi-
bonne qualité contenait dans les années 1960- ques (les ligands endogènes) et de récepteurs
1970 0,1-2,7% de A9-THC et le haschich 4 - spécifiques. Chez l'homme, on connaît deux
10%. Dans les années 2000, le cannabis peut types de récepteurs de cannabinoïdes endogè-
titrer beaucoup plus de THC, variant entre5— nes :le CB1 et le CB2. Le CBl se trouve essen-
12(—31)%, mais le fumeur moyen semble préfé- tiellement dans le système nerveux central et
rer les concentrations les moins fortes. Parmi périphérique, le CB2 principalement dans les
les principaux effets du A9-THC sur le système cellules du système immunitaire. C'est pour-
nerveux central de l'homme, on trouve un effet quoi le CBl est surtout responsable des effets
analgésique et anti-émétique, ainsi qu'un état psychotropes, et le CB2 des effets immunomo-
"d'euphorie psychologique" accompagné d'alté- dulateurs. Outre les effets psychologiques, les
rations de la connaissance et de la mémoire, de cannabinoïdes ont une large gamme d'autres
même qu'une diminution des fonctions psy- effets par exemple sur le système hormonal, la
chomotrices. La toxicité immédiate de A9-THC croissance cellulaire et les structures des cellu-
est très faible ; il n'existe pas de cas avéré de les.
mort d'homme due à ce composé ou au chanvre. Si les études actuelles montrent que les canna-
Les premiers effets d'une dose normale en cas binoïdes peuvent être utiles dans le traitement
d'inhalation d'une cigarette contenant 2% de d'un certain nombre de troubles inflammatoi-
A9-THC, ou d'ingestion de 20 mg de la subs- res chez l'homme, il n'en demeure pas moins
tance purifiée par ex. sous forme de biscuits, de qu'une évaluation de leurs effets immunomo-
gâteaux ou d'infusions, sont décrits comme un dulateurs reste encore à faire. L'administration
sentiment de bien-être, d'euphorie et de relaxa- de cannabinoïdes chez des modèles animaux a
tion, et des effets sur la conscience, la percep- montré une nette altération de multiples sys-
tion du temps, la mémoire courte et la motiva- tèmes hormonaux, y compris la suppression
tion. Le taux de A9-THC dans le plasma san- des hormones sexuelles, des hormones de crois-
guin est au plus haut 15 minutes après sance, de l'hormone prolactine et de l'hormone
CANNABIS 153
thyroïdienne. Les effets sur l'homme ont pour- de fruits ont montré une activité nématicide
tant été contradictoires, ce que l'on pourrait en importante sur les œufs, les larves et les kystes
partie imputer à l'apparition de la dépendance. du nematode Heterodera schachtii.
On a découvert que les cannabinoïdes modi- Le liber de la plante cultivée pour ses fibres
fiaient la prolifération et le développement contient des fibres primaires et secondaires
d'une variété de cellules. On a observé un ra- riches en cellulose mais pauvres en hémicellu-
lentissement de la croissance et de la division lose et en lignine. Il existe des cultivars qui
des cellules chez les protozoaires. La proliféra- contiennent 67% de cellulose, 13% d'hémicellu-
tion et le développement de cellules de carci- lose et 4% de lignine. Les fibres primaires me-
nome cervical HeLa, de cellules de carcinome surent 5-40 mm de long et sont hétérogènes
du poumon de Lewis et de cellules de neuro- alors que les secondaires, plus petites et plus
blastome B103 ont également été réduits. Les uniformes, mesurent en moyenne 2 mm. Le
effets du chanvre sur la propulsion et la motili- cœur ligneux contient du parenchyme, des
té gastro-intestinale ont été étudiés en détail vaisseaux et des fibres courtes à parois épais-
chez les souris et les rats. Une injection intra- ses d'une longueur moyenne de 0,55 mm. Les
veineuse de A9-THC a ralenti la vitesse fibres du cœur se composent de 40% de cellu-
d'évacuation gastrique et du transit de lose, de 20% d'hémicellulose et de 20% de li-
l'intestin grêle, mais en revanche les effets sur gnine.
le transit du gros intestin ont été moindres. On Les fruits du chanvre contiennent 29-35%
a également décelé une chute de la fréquence d'huile, 20-24% de protéines et 20-30% de
des contractions gastriques ainsi qu'intestina- glucides. Les composés présentant un potentiel
les sans altération de la pression endoluminale. narcotique ne s'accumulent pas dans les fruits
Chez l'homme, les effets anti-émétiques des mais il peut y avoir contamination par contact
cannabinoïdes sont semblables à ceux des phé- avec les glandes des bractées florales et des
nothiazines couramment employées. Les effets feuilles. La contamination est éliminée par
secondaires sont courants. Selon certaines étu- simple lavage. La composition en acides gras
des, un tiers des patients a souffert de malai- de l'huile de chanvre est la suivante : acide
ses, et jusqu'à 80% ont éprouvé de la somno- palmitique 6-7%, acide stéarique 3%, acide
lence. Les produits à base de cannabis rédui- arachidique 1%, acide oléique 10-15%, acide
raient les crampes musculaires et les tremble- linoléique 54-57%, acide linolénique oméga-3
ments chez les patients souffrant d'infirmité 15-21%, acide linolénique oméga-6 2-4% et
motrice cérébrale ou de sclérose en plaques. acide éicosadiénoïque0-1%.
D'autre part, il a aussi été prouvé que la plante Falsifications et succédanés Etant donné
altérait la posture et l'équilibre de patients que l'on n'a pas découvert de cannabinoïdes
atteints de sclérose en plaques spasmodique. chez d'autres espèces de plantes, il n'existe ni
Des études cliniques préliminaires ont permis adultérant ni succédané naturel. Des analo-
de montrer que la marijuana et le A9-THC pou- gues synthétiques du A9-THC ont été mis au
vaient contribuer à stimuler l'appétit et à ra- point, en particulier le nabilone et le lévonan-
lentir la perte de poids chez les malades du tradol. Ils ont réussi avec succès les essais cli-
cancer et du SIDA. La plante favoriserait la niques, mais ont des effets secondaires impor-
bronchodilatation, et les dérivés du cannabis tants. En 2006, un cannabinoïde de synthèse,
ont été testés comme médicaments contre le rimonabant, a été lancé sur le marché
l'asthme. Des recherches préliminaires ont été comme médicament contre un certain nombre
menées sur le A9-THC sous la forme d'un aéro- de troubles, y compris l'obésité et la dépen-
sol, mais d'autres cannabinoïdes pourraient dance à la drogue.
aussi présenter un intérêt. Il est possible que Description Plante herbacée annuelle éri-
les cannabinoïdes affectent les bronches via un gée atteignant 3(-4,5) m de haut, généralement
mécanisme différent de celui d'autres médica- ramifiée, dioïque ou quelquefois monoïque,
ments contre l'asthme. plutôt densément recouverte de poils apprimés
Les cannabinoïdes peuvent servir à ralentir la lorsque jeune. Feuilles opposées à la base de la
progression du glaucome à angle ouvert, l'un tige, disposées en spirale plus haut, composées
des principaux responsables de la cécité, qui palmées ; stipules libres, filiformes ou étroite-
est associé à une forte tension intra-oculaire. ment subulées, d'environ 5 mm de long ; pétiole
Chez un certain nombre de patients, le chanvre long ;folioles (3—)5—7(—11),feuilles supérieures
a fait baisser considérablement cette pression composées souvent d'une seule foliole, sessiles,
pendant plusieurs heures. Des extraits aqueux lancéolées, de 6-14 cm x 0,5-1,5 cm, base
154 PLANTES MÉDICINALES l
les meurent rapidement après Fanthèse, tandis plantes femelles presque identiques, sans grai-
que les plantes femelles vivent 3-5 semaines nes. Tant que le matériel reste exempt de pa-
de plus, jusqu'à ce que les graines soient mû- thogènes, la multiplication végétative peut se
res. Les fleurs sont anémogames. La durée du poursuivre. Les clones végétatifs ont tendance
cycle végétatif dépend énormément de la pho- à avoir des taux de A9-THC supérieurs aux
topériode et de la température. Le chanvre est plantes multipliées par graines, et à avoir des
une plante de jours courts à réaction quantita- branches latérales plus développées.
tive. La photosensibilité débute après la forma- La densité de semis et l'espacement dépendent
tion de quelques paires de feuilles et après du produit désiré. Pour la production de "gan-
qu'une certaine quantité de chaleur a été inter- ja" en Inde, les graines sont semées en lignes
ceptée. C'est pourquoi la production optimale espacées de 1,2 m à raison de 3—5 kg/ha, puis
de chanvre à fibres se limite aux régions à les plants sont éclaircis lorsqu'ils atteignent 20
jours relativement longs, où la croissance végé- cm de haut. Pour la production de fibres, les
tative est suffisamment longue pour produire graines sont semées dense, à raison de 30—40
de longues tiges. La durée de la floraison du kg/ha, soit à la volée soit en lignes. Pour la
chanvre dépend aussi de la photopériode et de production de fruits, la distance entre les lignes
la température. Lorsque la longueur du jour dépasse 1 m et l'espacement sur la ligne est de
est courte et que les températures sont élevées, 15-50 cm. En Chine, les plantes pour la se-
la floraison est plus précoce et également plus mence sont quelquefois semées en poquets.
synchronisée entre les plantes et sur la même Gestion Le désherbage est rarement néces-
plante. Le degré de ramification varie avec les saire puisque l'épaisse canopée fait de l'ombre
méthodes de multiplication et les conditions de à la plupart des mauvaises herbes. Néanmoins,
culture. Le chanvre a des feuilles horizontales, celles-ci peuvent créer des problèmes lors de
ce qui provoque une forte interception de la l'installation de la culture ainsi que dans les
lumière par le sommet de la canopée et donc un manques. Des essais pratiques sur le chanvre à
ombrage intense. Même si ce phénomène pré- fibres planté sur des sols optimaux ont montré
sente l'avantage de supprimer les mauvaises que pour produire 1000 kg de tiges, il fallait un
herbes, en contrepartie cela réduit la photosyn- apport d'engrais de 15-20 kg N, de 4-5 kg P2O5
thèse générale de la culture. et de 15-20 kg K2O. Le besoin en azote est su-
Ecologie Le chanvre a besoin de conditions périeur en période de croissance végétative ;les
tropicales humides pour produire de la résine besoins en P et en K augmentent peu à peu
narcotique. Pour la production de fibres, les pendant cette même période, pour atteindre un
climats tempérés avec des températures de 15- maximum au moment de la floraison avant de
27°C durant la période de croissance sont op- décroître lentement à nouveau. La qualité de la
timaux. La plante aime particulièrement les fibre s'améliore lorsque les teneurs en N, P et
sols modérément à très fertiles pourvu qu'il y K dans la plante montent (dans certaines limi-
ait suffisamment d'eau. Elle convient tant aux tes) ; l'effet est le plus fort pour K, puis P, en-
sols alluviaux en bord de rivière qu'aux sols suite N. Le chanvre est parfaitement adapté à
limoneux. la rotation avec quasiment toute culture, bien
Multiplication et plantation Le chanvre que certains problèmes puissent apparaître en
est habituellement multiplié par graines. Le rotation avec les betteraves, à cause de
poids de 100 graines est de 1,5-2,5 g. Les grai- l'infestation par les nematodes. Le chanvre
nes germent à basse température, mais pas en empêche les mauvaises herbes de pousser et
dessous de 1°C. Elles germent au bout de 3-7 ameublit le sol pour les cultures suivantes. Qui
jours et le début de la croissance végétative est plus est, racines et feuilles peuvent être aban-
souvent lent. Des températures du sol de 10— données sur le champ, servant ainsi de matière
12°C sont nécessaires pour une installation organique à la culture suivante. Ce sont les
optimale de la plante. La levée est sérieuse- plantes mâles qui produisent les meilleures
ment compromise lorsque le sol est tassé et fibres et qui sont parfois récoltées les premiè-
détrempé. Des graines saines doivent avoir un res ;on conserve quelquefois les plantes femel-
taux de germination de 90%, et bien conser- les afin qu'elles donnent des graines destinées
vées, restent viables pendant 2 ans. La plupart à la production d'huile. En Asie, on a coutume
des producteurs modernes en intérieur produi- d'éliminer les plantes mâles non pas parce
sent des plantes multipliées végétativement. qu'elles contiennent moins de A9-THC, mais
Les boutures enracinées issues de plantes fe- pour éviter la production de graines chez les
melles deviennent une culture uniforme de plantes femelles, ce qui réduirait la production
156 PLANTES MÉDICINALES l
en moyenne de 15%. La finesse de la fibre de comme plante médicinale reste limité, princi-
même que la pureté ou le degré de rouissage palement parce qu'il est interdit dans la plu-
sont décisifs pour la fabrication de cordes et de part des pays. Néanmoins, la recherche
textiles. C'est la raison pour laquelle, de temps s'intensifie sur les médicaments à base de can-
à autre, on sépare les plantes mâles des plan- nabis pour soulager les patients souffrant de
tes femelles et on les traite différemment. Sur maladies comme la sclérose en plaques, le can-
les machines à filer modernes, pour lesquelles cer et le SIDA ainsi que pour prévenir le glau-
les vitesses de production sont déterminantes, come. Dès lors que de nombreux jeunes gens
la longueur des fibres peut être un frein à fument de la "ganja" ou de la "marijuana", la
l'emploi de fibres libériennes. Un traitement culture illicite du chanvre dans des régions
parallèle des fibres crues est nécessaire afin reculées est courante et en recrudescence. Si le
d'éviter que les fils ne s'enchevêtrent, ce qui chanvre devenait un médicament légal reconnu
renchérit considérablement le coût de l'étoffe. dans le monde entier, les perspectives d'une
Les fibres de chanvre peuvent servir à la fabri- culture à grande échelle en Afrique tropicale
cation du papier ; dans ce cas, le contenu chi- seraient bonnes.
mique des fibres détermine généralement la Le chanvre textile a une longue histoire der-
qualité de la pâte. L'aptitude à l'égouttage et le rière lui et garde de bonnes perspectives, mais
blanchiment de la pâte ainsi que la formation ce n'est pas encore le cas en Afrique tropicale
de la feuille sont parmi les nombreux facteurs qui manque de cultivars écologiquement adap-
qui déterminent les possibilités d'utilisation de tés. Les produits à base de fibres présentent
la pâte. Pour l'usage des fibres de chanvre dans des avantages non négligeables pour diverses
des matériaux composites, les propriétés sui- filières. Ils sont biocompatibles et biodégrada-
vantes sont appréciées : force de traction im- bles, ce qui par conséquent réduit l'impact des
portante, rigidité, résistance à l'impact, peu de déchets pour l'environnement. Les excellentes
retrait lors du séchage, résistance à la corro- qualités nutritionnelles de l'huile et des protéi-
sion, faible densité, absence de toxicité, recy- nes des graines et la facilité avec laquelle la
clabilité, facilité d'élimination et prix économi- plante s'adapte à la rotation des cultures pour-
que. raient permettre un essor de la production du
Ressources génétiques Même si l'Institut chanvre dans les pays occidentaux. Parmi les
Vavilov (St. Petersbourg, Fédération de Russie) priorités de la recherche, citons : la mise au
détient 450 entrées et que l'Institute of Crop point de cultivars écologiquement adaptés,
Science (CAAS, Beijing, Chine) en possède 200, l'élaboration de techniques de production opti-
les ressources génétiques de Cannabis sativa males, la création de techniques d'extraction
n'ont guère été conservées dans les banques de des fibres au champ, la quantification des rela-
gènes en raison de sa mauvaise image en tant tions entre les conditions de production, la
que narcotique. Joint au déclin d'intérêt pour transformation et la qualité des fibres, enfin
la sélection et le maintien des cultivars, cela a l'optimisation de la gestion des chaînes de pro-
conduit à un appauvrissement des ressources duction afin d'utiliser au mieux tous les compo-
génétiques. Toutefois, un réservoir considéra- sants du chanvre.
ble de variation naturelle est maintenu grâce Références principales Burkill, 1985;
aux types sauvages. Grinspoon, 1995 ; Grotenhermen & Russo,
Sélection La variabilité génétique est 2002 ; Neuwinger, 2000 ; Turner, Elsohly &
considérable. La production de grandes quanti- Boeren, 1980 ;UNODC, 1997 ; UNODC, 2005;
tés de pollen et la pollinisation par le vent van der Werf, 1994 ;Watt & Breyer-Brandwijk,
permettent de vastes échanges génétiques en- 1962 ;Wulijarni-Soetjipto et a l , 1999.
tre différents types domestiqués et entre for- Autres références Ameri, 1999 ; Brown &
mes domestiquées et plantes sauvages. La sé- Dobs, 2002 ; Bruneton, 1995 ; Colasanti, Craig,
lection s'est polarisée essentiellement sur la & Allara, 1984 ; Croxford &Yamamura, 2005 ;
création de cultivars monoïques. En Europe, le Hillig, 2005 ; FAO, 2005 ; Gray, 1995 ; Guy,
travail d'amélioration et de sélection cherche à Whittle &Robson, 2004 ; Hall, Christie & Cur-
obtenir des types de chanvre dont la teneur en row, 2005 ; Hansel et al., 1993 ; McPartland,
fibre libérienne serait supérieure à 30% et le 1996a ;McPartland, 1996b ; Purseglove, 1968;
taux de Aa-THC inférieur à0,3%. Samuelsson, 1992; Shook & Burks, 1989;
Perspectives Bien qu'il ait été reconnu que Small, 1995 ; Tahir & Zimmerman, 1991 ; van
la résine présente dans le chanvre avait une Soest, Mastebroek & de Meijer, 1993 ; Wills,
valeur thérapeutique, l'usage du chanvre 1995.
158 PLANTES MÉDICINALES l
sent aussi bien dans les terrains vagues ur- Capsella bursa-pastoris sous serre a été esti-
bains que ruraux, sur les terres cultivées et le mée à 11 300-58 500 graines/plante, mais peut
long des routes. On le trouve en Afrique à des atteindre jusqu'à 90 000 graines/plante.
altitudes de 1600-2500(^3000) m. Capsella Perspectives Les nombreux usages de Cap-
bursa-pastoris est présent sur des sols allant sella bursa-pastoris en médecine traditionnelle
de l'argile au limon sableux à pH 5-8. Il est justifieraient davantage d'attention de la part
particulièrement fréquent sur les terrains des chercheurs. Mais le fait qu'en Afrique il
fertiles dans les zones de grandes cultures soit cantonné à des régions d'altitude constitue
intensives. Et il est plus courant dans les un facteur limitant à la diffusion de son usage,
milieux secs que les milieux humides. Son autant comme plante médicinale que comme
potentiel reproductif et végétatif est assez légume.
faible sur sols inondés, et il ne survit pas dans Références principales Aksoy, Dixon &
des conditions d'extrême humidité. Il peut Haie, 1998 ; Burkill, 1985 ; Duke, 1992 ; Flem-
survivre au gel. ing (Editor), 1998 ; Holm et al., 1977 ; Neuffer
Multiplication et plantation Le nombre & Linde, 1999 ; Plants for a future, 1996-
de graines par fruit et de fruits par plante est 2002 ;Watt &Breyer-Brandwijk, 1962.
très variable et dépend de la position du fruit Autres références Decary, 1946 ; Hong et
sur l'infrutescence et du milieu. Les graines a l , 1995 ;Jansen, 1981 ;Jonseil, 1982a ;Kuro-
restent viables pendant de nombreuses années da & Akao, 1977; Kuroda & Akao, 1980;
dans le sol. Elles germent à 5-30°C. Les Kuroda & Kaku, 1969 ; Marais, 1980a ; Neu-
graines qui viennent de mûrir sont dormantes. winger, 2000 ; Pieroni et al., 2002 ; Wiese &
Cette dormance est facilement levée par des Joubert, 2001.
températures inférieures à 15°C, suivies d'une Sources de l'illustration Holm et al., 1977.
exposition à la lumière. Des températures de Auteurs I. Vandebroek
25-30°C et des alternances de températures
accélèrent la germination des graines non-
dormantes. Les graines conservées à tem- C A S S I A A B B R E V I A T A Oliv.
pérature et humidité ambiantes commencent à
perdre leur viabilité au bout de 6 mois. Protologue FI. trop.Afr. 2 :271 (1871).
Maladies et ravageurs Capsella bursa- Famille Caesalpiniaceae (Leguminosae -
pastoris est une plante-hôte facultative de Caesalpinioideae)
plusieurs maladies fongiques et d'insectes Noms vernaculaires Longtail cassia, long-
ravageurs d'autres espèces de Brassicaceae. pod cassia, sjambok pod (En). Mbaraka, mka-
Comme il joue souvent le rôle d'hôte pour des katika (Sw).
champignons comme Albugo Candida et Origine et répartition géographique Cas-
Peronospora parasitica, il est possible que des sia abbreviata est indigène depuis le Gabon
mycotoxines y soit présentes (substances chi- jusqu'en Somalie et de toute l'Afrique australe
miques dangereuses pour la santé sécrétées jusqu'à l'Afrique du Sud. Il a été introduit à
par la moisissure toxique). C'est aussi l'hôte
d'une grande variété de virus des plantes, en
particulier les virus transmis par les semen-
ces.
Récolte Capsella bursa-pastoris se récolte
dans la nature, mais pour obtenir des
rendements plus élevés, il est recommandé de
le cultiver. On peut faire sécher les plantes
rapidement à l'ombre, à des températures
n'excédant pas 45°C. Elles peuvent s'utiliser
soit fraîches soit séchées, mais les plantes
séchées perdent rapidement leurs principes
actifs et ne doivent pas être conservées au-delà
d'un an. Le goût piquant se perd également au
séchage. Pendant son stockage, il faut mettre
Capsella bursa-pastoris à l'abri de la lumière et
de l'humidité.
Rendements La production en graines de Cassia abbreviata - sauvage
CASSIA 161
elliptiques à oblongues-elliptiques, de 3-6 cm x ralement sur les termitières et les sols argi-
1-3 cm, base arrondie à obtuse, apex obtus à leux. Si les arbres adultes résistent aux incen-
subaigu. Inflorescence :grappe terminale lâche dies, les semis en revanche sont vulnérables.
de 0,5—9 cm de long, à nombreuses fleurs ; La plante est tolérante à la sécheresse et peut
bractées persistantes pendant la floraison. supporter un gel modéré.
Fleurs bisexuées, légèrement zygomorphes, 5- Multiplication et plantation Cassia ab-
mères, odorantes ; sépales obtus ; pétales breviata est multiplié par graines ou par sau-
oblancéolés à obovales, de 15-35 mm x 7-18 vageons. Un trempage à l'eau chaude améliore
mm, jaunes ; étamines 10, dont 3 à filets la germination des graines. Les graines ger-
d'environ 3 cm de long, 4 plus courtes et 3 ru- ment 4-10 jours après le semis. On les sème
dimentaires ; ovaire supère, stipité, style très dans un mélange sable-compost (1 :1) et il faut
court, stigmate petit. Fruit :gousse cylindrique les conserver au chaud et à l'humidité. Il vaut
pendante de 30-90 cm x 1,5-2,5 cm, cloisonnée mieux se passer de caissettes de semis et semer
transversalement, déhiscente à 2 valves, li- directement dans des sachets en polyethylene
gneuse, noire, contenant de nombreuses grai- ou dans le sol. Avant le repiquage, 1-2 semai-
nes noyées dans la pulpe. Graines ellipsoïdes, nes après le semis, il faut tailler la racine parce
de 9-12 mm de long, brunes à noires. Plantule que les plants développent dès le début une
à germination épigée. longue racine pivotante.
Autres données botaniques Jusqu'au dé- Gestion L'écimage, le recépage, l'émondage
but des années 1980, le genre Cassia était et la taille sont les modes de conduite conseillés
considéré comme un très vaste genre comptant pour Cassia abbreviata. Un arrosage excessif
environ 550 espèces, mais par la suite il a été donne lieu à une floraison médiocre.
subdivisé en 3 genres : Cassia s.S., comportant Maladies et ravageurs Les feuilles de Cas-
une trentaine d'espèces, Chamaecrista et Sen- sia abbreviata sont attaquées par l'oïdium pro-
na. Au sein de Cassia abbreviata, on distingue voqué par Phyllactinia cassiae.
3 sous-espèces : subsp. abbreviata, subsp. bea- Récolte Pour détacher l'écorce de Cassia
reana (Holmes) Brenan et subsp. kassneri (Ba- abbreviata il faut n'enlever que des petits mor-
ker f.) Brenan. Elles diffèrent par leur morpho- ceaux, et non procéder par annélation, comme
logie et leurs besoins écologiques. Cassia ab- cela se pratique couramment. Récolter les raci-
breviata se croise avec Cassia burttii Baker f., nes est encore plus destructeur.
que l'on trouve en Tanzanie et au Mozambique. Traitement après récolte L'écorce récoltée
Cassia afrofistula Brenan a été par erreur est mise à sécher à l'ombre en vue d'une utili-
considéré comme synonyme de Cassia abbre- sation ultérieure.
viata ;il est originaire du Kenya, de Tanzanie, Ressources génétiques Au Malawi et en
du Mozambique et de Madagascar. Cassia Zambie, une récolte excessive d'écorce de Cas-
burttii et Cassia afrofistula ont tous deux les sia abbreviata pour ses usages médicinaux a
mêmes usages médicinaux en Afrique de l'Est tué de nombreux arbres situés près des habita-
que Cassia abbreviata. Il est probable que ces 3 tions. Les populations au Kenya et en Tanzanie
espèces ont été confondues. sont également soumises à une grande pres-
Croissance et développement Cassia ab- sion. Il y a longtemps qu'on aurait dû prendre
breviata a une croissance moyennement rapide. des mesures de protection des populations na-
Il est possible de le cultiver en association car il turelles.
s'enracine profondément et sans doute il ne Perspectives Au regard des usages médici-
dispute l'eau et les nutriments aux autres naux de Cassia abbreviata, nombreux et ré-
plantes que de façon limitée. La floraison in- pandus, la quantité de recherches scientifiques
tervient sur l'arbre nu à la fin de la saison sè- sur cette espèce est décevante. La demande
che et les fruits sont mûrs environ 7 mois plus considérable en racines et en écorce entraîne
tard. Cassia abbreviata ne forme pas de nodu- une disparition rapide des populations sauva-
les racinaires mais il possède une teneur élevée ges. Des mesures de protection et de domesti-
en azote dans les feuilles. On a émis cation sont nécessaires et urgentes.
l'hypothèse qu'il pourrait fixer l'azote atmos- Références principales Brenan, 1967;Coates
phérique en symbiose avec des ectomycorhizes. Palgrave, 1983 ; Eriksen et al., 2005 ; Kayam-
Ecologie Cassia abbreviata se rencontre bazinthu et a l , 2006 ; Kokwaro, 1993 ; Neu-
couramment dans les savanes arbustives à winger, 2000 ; Otsyina & Dery, 2001 ; Storrs,
Acacia-Commiphora, ainsi que dans la savane 1979 ;World Agroforestry Centre, undated.
boisée et la savane arborée. On le trouve géné- Autres références Augustino & Gillah,
CASSIA 163
2005 ; Beentje, 1994 ; Chhabra, Mahunnah & 3 du haut rudimentaires ; ovaire supère, li-
Mshiu, 1987 ;Connelly et a l , 1996 ;Gelfand et néaire, arqué, glabre, atteignant 2cmde long.
a l , 1985 ; Gessler et a l , 1995 ; Gorter & Eic- Fruit : gousse cylindrique atteignant 70cmde
ker, 1987 ; Hogberg &Alexander, 1995 ; Kam- long, cloisonnée transversalement, indéhis-
bizi &Afolayan, 2001 ;Kamuhabwa, Nshimo& cente, contenant jusqu'à 60 graines. Graines
de Witte, 2000 ; Malan et al., 1996 ; Molgaard comprimées obovoïdes-cylindriques, de 8-10
et al., 2001 ; Mutasa & Kahn, 1995 ; Ndubani mm x 5-9 mm,brunes. Plantule à germination
& Höjer, 1999 ;Ndubani et al., 1998 ; Parry & épigée.
Matambo, 1992 ; Parry, Mutangadura & Duri, Jusqu'au début desannées 1980, le genre Cas-
1992 ; Steenkamp, 2003 ;van Wyk& Gericke, sia était considéré comme un très vaste genre
2000 ;vonKoenen, 2001. comptant environ 550 espèces, mais par la
Sources de 1'illustration Ross, 1977 ;Ser- suite ila étésubdivisé en3genres :Cassias.S.,
rato Valenti, 1971. comportant une trentaine d'espèces, Chamae-
Auteurs V. Kawanga crista et Senna. Cassia inannii Oliv, ressemble
beaucoup à Cassia angolensis mais il a des
pétales blancs ou roses, sesfolioles ne sont pas
CASSIA ANGOLENSIS Welw. ex Hiern nettement émarginées etlebord desfolioles est
pubescent. Cassia mannii est présent depuis la
Protologue Cat. afr.pi. 1:291 (1896). Côte d'Ivoire vers lesud jusqu'au Gabon et vers
Familie Caesalpiniaceae (Leguminosae - l'est jusqu'au Soudan et en Ouganda. Au
Caesalpinioideae) Congo, l'infusion d'écorce seprend pour soigner
Noms vernaculaires Mkundekunde (Sw). les affections desbronches, et les graines écra-
Origine et répartition géographique Cas- sées sont appliquées surlesscarifications dela
sia angolensis se rencontre à l'état naturel en peau pour traiter les névralgies. L'écorce
R.D. du Congo, en Tanzanie, au Malawi, en s'utilise pour le tannage, et le bois de cœur, de
Zambie, enAngola et au Mozambique. En Afri- belle apparence, dur, lourd et résistant, se
que du Sud,il est cultivé comme plante orne- prête au tournage et au polissage. Deux autres
mentale. espèces de Cassia, présentes dans la zone de
Usages En Tanzanie, la décoction de racine forêts pluviales guinéo-congolaise, Cassia fiki-
de Cassia angolensis seboit comme remèdeaux fiki Aubrév. & Pellegr. et Cassia aubrevillei
maladies vénériennes et les feuilles fraîches se Pellegr., auraient selon lessources toutes deux
consomment contre la toux. Lebois sert debois des usages médicinaux. Toutefois, tous les usa-
de feu, de source de charbon de bois et sert à ges mentionnés concernent l'ouest de la Côte
confectionner des manches d'outils et des cuil- d'Ivoire et le Liberia, où Cassia aubrevillei
lers. L'arbre seplante comme espèce d'ombrage n'existe pas; par conséquent, il faut probable-
et comme ornemental. ment attribuer cesusages à Cassia fikifiki. Des
Propriétés L'écorce de la tige de Cassia extraits à l'eau ou au vin de palme de l'écorce
angolensis contient des anthraquinones : chry- de tige et des racines de Cassia fikifiki se boi-
sophanol, émodine et physcione. vent pour traiter la cécité des rivières (oncho-
Botanique Arbre de taille moyenne attei- cerciase). La décoction d'écorce s'emploie pour
gnant 25 m de haut, caducifolié, à fût droit; laver les lépreux et la poudre d'écorce séchée
écorce brune, lisse, écailleuse ;jeunes rameaux s'applique surlesplaies pour aider à leurgué-
presque glabres à brièvement poilus. Feuilles rison. L'écorce séchée dissoute dans du vinde
disposées en spirale, composées paripennées à palme s'ingère pour soigner les maux
10-13 paires de folioles ; stipules linéaires, de d'estomac. Pour traiter lesétourdissements, on
1,5 mmde long, caduques ;pétiole et rachis de met dela cendre degousses brûlées mélangée à
11-30 cm de long; folioles oblongues- de l'eau surlespaupières. L'écorce contient du
elliptiques, de 3,5-4 cm x 1,5-2 cm, apex chrysophanol, de Faloémodine, de la physcione
émarginé, brièvement poilues. Inflorescence : et dela rhéine. L'extrait alcoolique del'écorce a
grappe axillaire atteignant 12 cm de long, à montré uneactivité microfilaricide significative
environ 20 fleurs ; bractées tombant rapide- in vitro. Cassia aubrevillei et Cassia fikifiki
ment. Fleurs bisexuées, zygomorphes, 5- figurent sur la liste rouge de l'UICN des espè-
mères ; sépales arrondis à l'apex ; pétales iné- ces menacées :la première est classée vulnéra-
gaux, de2-3cmde long, jaune doré ; étamines ble etl'autre en danger.
(9-)10, les 3 du bas étant les plus grandes, Ecologie Cassia angolensis est présent dans
arquées et stériles, les 4 du milieu fertiles, les les forêts pluviales des basses terres, à 800—
164 PLANTESMÉDICINALES l
CASSIA SIEBERIANA DC. Les racines, bouillies dans l'eau, servent à trai-
ter les hémorroïdes, la bilharziose, la lèpre,
Protologue Prodr. 2 :489 (1825). l'hydropisie et la dysenterie sanguine. En Côte
Famille Caesalpiniaceae (Leguminosae - d'Ivoire, la décoction se prend à forte dose pour
Caesalpinioideae) traiter les vers intestinaux, ténia compris,
Nombre de chromosomes 2n = 26, 28 malgré le risque que cela comporte. L'infusion
Noms vernaculaires Casse du Sénégal, casse d'écorce de racine s'emploie contre les maladies
de Sieber, casse à grappes, casse-flûte (Fr). West vénériennes, la stérilité et la dysménorrhée.
African laburnum, African laburnum, drums- Après trempage des racines dans l'eau, le li-
tick tree (En). Mossué, cana fistula, cacafistula quide s'utilise pour des bains contre la fatigue
(Po). Mzangaya, mzangaye (Sw). et pour masser le corps. On prête à la décoction
Origine et répartition géographique Cas- de racines des vertus aphrodisiaques. Au Bur-
sia sieberiana est réparti depuis le Sénégal et kina Faso, une pincée de poudre de racines
la Gambie jusqu'à la R.D. du Congo et à décortiquées séchées prise à la fin de chaque
l'Ouganda. repas préviendrait le paludisme. On frotte les
Usages Les feuilles, les racines et les gous- tempes avec des racines broyées pour traiter
ses de Cassia sieberiana sont couramment uti- les maux de tête. On fait bouillir des racines
lisées en médecine traditionnelle. La plante écorcées avec de l'écorce de Terminalia macrop-
entière a des vertus purgatives et diurétiques. tera Guill. &Perr. pour combattre l'eczéma. Au
Au Sénégal, l'infusion de la plante entière se Burkina Faso, des gélules à base d'écorce de
donne contre toutes les maladies infantiles. En racine sont prescrites contre le sida. La pulpe
Ouganda, la poudre de différentes parties végé- jaune qui entoure les graines et l'infusion de
tales s'applique sur les dents pour soigner les gousses se prennent comme laxatif. En Ougan-
douleurs dentaires ; mélangée à du beurre, elle da, la diarrhée, la dysenterie et les vomisse-
sert à traiter les maladies de la peau. Au Séné- ments se traitent avec la décoction d'écorce, de
gal et au Burkina Faso, on prescrit un bain de feuilles ou de racines. Racines et graines ser-
vapeur de rameaux feuilles bouillis dans l'eau vent de poison de pêche en Côte d'Ivoire et au
pour aider à lutter contre les crises de palu- Nigeria.
disme et la fièvre ; il faut également boire le Le bois se prête à la fabrication de meubles,
liquide. L'infusion de feuilles sucrée avec du d'outils, de traverses de chemin de fer et à la
miel se prend contre les maux d'estomac, les construction. On l'utilise comme bois de feu,
ulcères et la diarrhée. Les feuilles fraîches mais il est jugé médiocre car il fait beaucoup de
bouillies et pressées s'appliquent en emplâtre fumée. Le bois de la racine s'emploie en Sierra
pour soigner la pleurésie ou les brûlures. Les Leone et au Burkina Faso comme bâtons à
femmes atteintes de gonorrhée sont traitées à mâcher. L'arbre est planté comme ornemental
la poudre de feuille mélangée à la nourriture. et espèce d'alignement.
Au Bénin, les rameaux sont utilisés pour trai- Production et commerce international L'é-
ter la maladie du sommeil. corce et les racines de Cassia sieberiana se
vendent couramment sur les marchés locaux.
Les gousses font également l'objet d'un com-
merce local, en particulier comme vermifuge.
Le Centre national de semences forestières de
Ouagadougou, au Burkina Faso, vend les grai-
nes au prix de US$ 45-55/kg.
Propriétés Cassia sieberiana contient de
l'oxalate de calcium en abondance. Les feuilles
contiennent des flavones (quercitrine, isoquer-
citrine), un anthraquinone (la rhéine) et des
tanins (11%). Les racines contiennent des ta-
nins (jusqu'à 17%), des anthraquinones et des
sterols. L'action purgative peut être attribuée
aux anthraquinones. Les flavones provoquent
la diurèse et ont une activité antibactérienne et
anti-inflammatoire. Un essai visant à recher-
cher une activité antivirale contre le virus
Cassia sieberiana - sauvage Herpes simplex de type 1(HSV-1) a montré que
168 PLANTES MÉDICINALES l
les extraits de Cassia sieberiana avaient une poilus. Feuilles disposées en spirale, composées
activité significative contre ce virus. Les essais paripennées à 5-14 paires de folioles ; stipules
in vitro n'ont montré qu'une faible activité des étroitement triangulaires, d'environ 2 mm de
extraits contre les trypanosomes. Des extraits long, caduques ;folioles elliptiques à ovales, de
de feuilles se sont avérés actifs contre Staphy- 3,5-10 cm x 2-5 cm, apex arrondi à aigu, briè-
lococcus lutea, Mycobacterium phlei, Bacillus vement poilu. Inflorescence : grappe axillaire
subtilis et Proteus sp., mais pas contre Staphy- pendante atteignant 35(-45) cm de long ;brac-
lococcus albus, Pseudomonas aeruginosa et tées tombant rapidement. Fleurs bisexuées,
Escherichia coli. légèrement zygomorphes, 5-mères ; sépales
Le bois résistant aux termites vire du blanc ou elliptiques, de 5-8 mm de long, légèrement
du jaunâtre-rosé au rouge foncé à l'exposition. poilus ; pétales oblongs à presque circulaires,
Il a un grain fin, il est lourd, dur et difficile à de 2-3,5 cm de long, jaune vif ; étamines 10,
travailler. libres, les 3 du bas fertiles, crochues à la base,
Falsifications et succédanés En tant que bien plus longues que les pétales, les 4 du mi-
laxatif, on remplace souvent Cassia sieberiana lieu fertiles, courtes, les 3 du haut rudimentai-
par des gousses de Cassia fistula L., de Senna res ; ovaire supère, sessile, style mince, bien
podocarpa (Guill. & Perr.) Lock et de Senna plus long que les pétales. Fruit : gousse cylin-
alexandrina Mill. drique de 40-60(-90) cm x environ 1,5 cm, cloi-
Description Arbuste ou petit arbre attei- sonnée transversalement, déhiscente par 2
gnant 15(-20) m de haut ; fût court, tortueux ; valves, noire, contenant de nombreuses graines
écorce fissurée, grise à brune, à rayures noirâ- noyées dans une pulpe jaune. Graines ellipsoï-
tres ;jeunes rameaux densément et brièvement des, de 8-9 mm de long, rouille à brun foncé,
glabres. Plantule à germination épigée.
Autres données botaniques Jusqu'au dé-
but des années 1980, le genre Cassia était
considéré comme un très vaste genre comptant
environ 550 espèces, mais par la suite il a été
subdivisé en 3 genres : Cassia s.S., comportant
une trentaine d'espèces, Chamaecrista et Sen-
na.
Anatomie Description anatomique du bois
(codes IAWA pour les bois feuillus) :
Cernes de croissance : 2 : limites de cernes in-
distinctes ou absentes. Vaisseaux : 5 : bois à
pores disséminés ; 13 : perforations simples ;
22 : ponctuations intervasculaires en quin-
conce ; 23 : ponctuations alternes (en quin-
conce) de forme polygonale ; 26 : ponctuations
intervasculaires moyennes (7-10 um) ; (27:
ponctuations intervasculaires grandes (> 10
um)) ; 29 : ponctuations ornées ; 30 : ponctua-
tions radiovasculaires avec des aréoles distinc-
tes ; semblables aux ponctuations intervascu-
laires en forme et en taille dans toute la cellule
du rayon ; 42 : diamètre tangentiel moyen du
lumen des vaisseaux 100-200 um ; 43 : diamè-
tre tangentiel moyen du lumen des vaisseaux >
200 um ; 46 :< 5 vaisseaux par millimètre car-
ré ; 47 : 5-20 vaisseaux par millimètre carré ;
(58 : gomme ou autres dépôts dans les vais-
seaux du bois de cœur). Trachéides et fibres :
61 : fibres avec des ponctuations simples ou
Cassia sieberiana - 1, feuille ; 2, inflorescence ; finement (étroitement) aréolées ; (65 : présence
3, fruit. de fibres cloisonnées) ; 66 : présence de fibres
Redessiné et adapté par Achmad Satiri Nur- non cloisonnées ; 69 : fibres à parois fines à
haman épaisses. Parenchyme axial : 80 : parenchyme
CATHARANTHUS 169
axial circumvasculaire étiré ; 81: parenchyme beriana se pratique à la main, tout comme
axial en losange ; 82: parenchyme axial ali- l'extraction des graines. Pour récolter les raci-
forme ;83:parenchyme axial anastomosé ;85 : nes, laplante doit être déterrée.
parenchyme axial en bandes larges de plus de Traitement après récolte II est nécessaire
trois cellules ; 91: deux cellules par file verti- de conserver lesgraines dans un lieu sec. Ilest
cale ; (92: quatre (3-4) cellules par file verti- également possible de les conserver dans les
cale). Rayons : (96: rayons exclusivement uni- gousses, mais dans cecas,il faut redoubler de
sériés) ; (97: rayons 1-3-sériés (larges de 1-3 vigilance pour éviter les dégâts causés parles
cellules)) ; 104: rayons composés uniquement insectes.
de cellules couchées ; 116: > 12 rayons par Ressources génétiques Relativement com-
mm. Inclusions minérales : 136: présence de mun, Cassia sieberiana ne semble pas menacé.
cristaux prismatiques ; 142:cristaux prismati- Cependant, l'arrachage est nuisible aux popu-
ques dans les cellules cloisonnées du paren- lations etons'enpréoccupe auBurkina Faso.
chyme axial. Perspectives Eu égard aux nombreux usa-
(N.P. Mollel, P.Détienne &E.A. Wheeler) ges locaux de Cassia sieberiana, des essais cli-
Croissance et développement En Afrique niques supplémentaires semblent justifiés. Des
de l'Ouest, Cassia sieberiana fleurit en mars- contrôles de qualité et des mesures pour per-
avril, juste avant la saison des pluies lorsque mettre un usage durable sont nécessaires.
les arbres sont dépourvus de feuilles. EnOu- L'intérêt pour les qualités ornementales de
ganda, la floraison a lieu enjuin—août, pendant cette espèce va croissant. Son utilisation
la saison despluies, lorsque de nouvelles feuil- comme plante en pot dans leszones tempérées
les se sont formées. Les fruits mûrissent en paraît possible.
août-octobre en Afrique de l'Ouest et en sep- Références principales Arbonnier, 2004;
tembre-février en Ouganda. Cassia sieberiana Atindehou et al., 2002 ;Aubréville, 1970 ; Bre-
ne forme pasdenodules racinaires. nan, 1967 ; Burkill, 1995 ; Hoët et a l , 2004b;
Ecologie Cassia sieberiana est présent dans Inngjerdongen et al., 2004 ; Neuwinger, 2000;
les savanes arborées ou arbustives où la plu- Silva et al., 1997a ;vonMaydell, 1983.
viométrie annuelle est inférieure à 800mm.Il Autres références Adam, Echard &Lescot,
préfère un sol sableux et acide. 1972 ;Adjanohoun &AkéAssi, 1979 ; Adjano-
Multiplication et plantation Cassia siebe- houn et al., 1979 ; Adjanohoun et al., 1985;
riana estprincipalement multiplié par graines. Berhaut, 1975b ;Boussim et al., 2004 ; Elojuba,
Les graines mûres fraîches sont presque via- Abere & Adelusi, 1999 ; Hegnauer & He-
bles à 100%. Unkg contient 7000-16 500grai- gnauer, 1996 ; InsideWood, undated ; Keay,
nes. Un traitement à l'acide sulfurique estre- 1989 ;Kokwaro, 1993 ;Nacoulma-Ouédraogo &
commandé avant de semer des graines plus Millogo-Rasolodimby, 2002 ; Nacro & Millogo-
âgées. Le transit des graines par les intestins Rasolodimbi, 1993 ; Neuwinger, 1998 ; Nikié-
du bétail en accélère également la germination ma et al., 2004 ; Paris & Etchepare, 1967;
et renforce leur dispersion dans leszones pâtu- Sembène & Delobel, 1998 ; SEPASAL, 2006b;
rées. Le marcottage et la greffe latérale peu- Taïta, 2000.
vent être effectués pour une multiplication Sources de l'illustration Keay, 1989.
végétative. Auteurs L.J.G. vanderMaesen
Gestion Cassia sieberiana fait partie de la
végétation des jachères au Sahel, mais à la
différence de Parkia biglobosa (Jacq.) R.Br. ex CATHARANTHUS LANCEUS (Bojer ex A.DC.)
G.Don (le néré) et Vitellaria paradoxa Pichon
C.F.Gaertn. (le karité), il est éradiqué lors du
défrichage. Lorsqu'il est planté pour son bois, Protologue Mém. Mus.natl. Hist, nat., Pa-
on peut le laisser après la coupe pour qu'il pro- ris n.s. 27:237 (1949).
duise au moins unerécolte entaillis. Famille Apocynaceae
Maladies et ravageurs Cassia sieberiana Nombre de chromosomes ïn = 16
est l'hôte de la bruche de l'arachide (Caryedon Noms vernaculaires Lance-leaf periwinkle
serratus), un des principaux ravageurs des (En).
arachides stockées, et du thrips desfleurs (Me- Origine et répartition géographique Ca-
galurothrips sjostedti), ravageur de plusieurs tharanthus lanceus est endémique de Mada-
légumes secs. gascar, oùil est présent surtout dans la partie
Récolte Larécolte desgousses deCassia sie- centrale.
170 PLANTES MÉDICINALES 1
Usages Les racines de Catharanthus lanceus juste en dessous de la gorge et d'un autre en
se prennent en décoction contre les maux de dessous de l'insertion des étamines, vert, rosâ-
dents ou la fièvre, et comme purgatif, déclen- tre à la base, lobes ovales à obovales, de 11-22
cheur de contractions et vermifuge. Les feuilles mm de long, garnis de courts poils denses à
sont amères, astringentes et émétiques. Une l'intérieur, étalés, roses, violet rougeâtre ou
décoction des parties aériennes se prend pour rose-magenta pâle, blancs à ivoire à la base ;
stimuler la lactation maternelle. Elle s'ingère étamines insérées juste en dessous de la gorge
également pour ses vertus anodines, diuréti- de la corolle, incluses, filets très courts ; ovaire
ques et tonifiantes au plan général. En usage supère, constitué de 2 carpelles très étroite-
externe, la décoction s'emploie contre plusieurs ment oblongs, style mince, de 10-16 mm de
problèmes dermatologiques et comme hémosta- long, tête du pistil cylindrique garnie d'une
tique. collerette réfléchie transparente et d'anneaux
Production et commerce international Ca- de poils laineux à la base et à l'apex, stigmate
tharanthus lanceus s'utilise localement, mais il minuscule. Fruit composé de 2 follicules libres
est également exporté comme plante médici- cylindriques de 1,5-5 cm de long, striés, gla-
nale, sans qu'on en connaisse les destinations bres, verts, déhiscents, à 10-20 graines. Grai-
ou les quantités commercialisées. nes oblongues, de 1-3 mm de long, cannelées
Propriétés Plusieurs alcaloïdes actifs sur le sur une face, noires. Plantule à germination
plan pharmacologique ont été isolés des parties épigée.
aériennes de Catharanthus lanceus, comme la Le genre Catharanthus comprend 8 espèces,
leurosine, la périvine, la yohimbine, la cathan- provenant toutes de Madagascar sauf Catha-
néine, la tétrahydroalstonine, la leurocristine, ranthus pusillus (Murr.) G.Don, qui est limité à
la périformyline, la vincristine et la vindoli- l'Inde et au Sri Lanka. Catharanthus lanceus
nine. fleurit et fructifie de septembre à mai.
Les fractions alcaloïdes de Catharanthus lan- Ecologie Catharanthus lanceus est présent
ceus ont fait ressortir une activité hypotensive. sur les sols volcaniques, les latérites recou-
Le principal composé actif est la yohimbine, un vrant des roches composées de quartzite et de
puissant inhibiteur a-adrénergique, mais plu- granit dans les lieux soumis aux incendies pé-
sieurs autres composés entrent également en riodiques, dans les forêts claires des crêtes,
jeu. Un extrait aqueux lyophilisé s'est avéré parmi les pierres sur les collines, dans les sa-
manifester une activité antitumorale, la leuro- vanes herbeuses rudérales et le long des rou-
sine étant le composé le plus puissant. Certains tes, à 750-2000 m d'altitude. Il préfère les en-
alcaloïdes ont des effets hypoglycémiques. La droits ensoleillés.
leurocristine, la périvine, la périformyline et la Ressources génétiques et sélection Ca-
vincristine présentent une activité antivirale in tharanthus lanceus n'est probablement pas
vitro contre certains agents pathogènes chez menacé d'érosion génétique, quoique peu com-
l'homme. mun sur son aire de répartition.
Botanique Plante herbacée vivace décom- Perspectives Catharanthus lanceus contient
bante atteignant 1 m de haut, à latex blanc ; plusieurs alcaloïdes actifs au plan pharmacolo-
racine pivotante en forme de carotte, attei- gique dont l'importance est similaire à ceux de
gnant 70 cm de long ;tiges et rameaux rougeâ- Catharanthus roseus (L.) G.Don. Il est néces-
tres, presque carrés, entre-nœuds beaucoup saire d'approfondir les recherches pour identi-
plus longs que les feuilles. Feuilles opposées, fier tous les alcaloïdes et leurs activités phar-
simples et entières ; stipules 1-3 de chaque macologiques, car l'information dont on dispose
côté de la base des feuilles ;pétiole de 1-3 mm est périmée et très incomplète.
de long ; limbe oblong à étroitement ovale, de Références principales Boiteau, Boiteau
1-4,5 cm x 3-13 mm, base cunéiforme, apex & Allorge-Boiteau, 1999 ; Neuwinger, 2000 ;
acuminé à arrondi, herbacé à finement coriace, van Bergen, 1996 ;van der Heijden et al., 2004.
brillant sur les deux faces, glabre. Fleurs à Autres références Blomster, Farnsworth &
l'aisselle des feuilles, bisexuées, 5-mères, régu- Abraham, 1967 ; Debray, Jacquemin & Razaf-
lières, odorantes ; pédicelle de 5-25(-32) mm indrambao, 1971 ; Farnsworth, Blomster &
de long ; sépales légèrement fusionnés à la Buckley, 1967 ; Farnsworth, Loub & Blomster,
base, de 5-10 mm de long ; tube de la corolle 1963 ;Farnsworth, Svoboda &Blomster, 1986;
cylindrique, de 15-22 mm de long, s'élargissant Pernet & Meyer, 1957 ; Plaizier, 1981 ; Ra-
à proximité de l'insertion des étamines, gorge manankierana, 2000.
étranglée, intérieur garni d'un anneau de poils Auteurs G.H. Schmelzer
CATHARANTHUS 171
sommé 3-5 t d'ajmalicine, pour une valeur glo- désine, dérivé semi-synthétique de la vinblas-
bale de US$ 4,5-7,5 millions. Deux remèdes tine, est aussi un puissant antimitotique. Par-
anticancéreux, Oncovin* et Velban", dérivés de mi ses effets secondaires, on note une baisse
Catharanthus roseus, sont commercialisés pour passagère du nombre des granulocytes du sang
une valeur de US$ 100 millions par an. et des effets comparables à ceux provoqués par
Catharanthus roseus est couramment cultivé la vincristine et la vinblastine, bien que les
en Espagne, aux Etats-Unis et en Chine pour symptômes neurologiques soient moins évi-
ses composés pharmaceutiques. dents. La vinorelbine (noranhydrovinblastine)
Propriétés On a découvert que Catharan- est synthétisée à partir de 1' anhydrovinblas-
thus roseus contenait pas moins de 130 compo- tine. Elle agit de préférence sur la mitose et sa
sants possédant une structure indolique ou toxicité neurologique est limitée. Toutefois, elle
dihydroindolique. Le principal est la vindoline a une importante activité hématotoxique, et sa
(qui atteint 0,5%) ; les autres sont la serpen- posologie doit être soigneusement maîtrisée. La
tine, la catharanthine, l'ajmalicine (raubasine), vincristine (Oncovin8) est indiquée dans le
l'akuammine, la lochnérine, la lochnéricine et traitement des leucémies aiguës, de la maladie
la tétrahydroalstonine. L'ajmalicine et la ser- de Hodgkin, du cancer du poumon à petites
pentine sont essentiellement présentes dans cellules, du cancer cervical et du cancer du sein
les racines, la catharanthine et la vindoline et différents sarcomes. Pour la vinblastine
quant à elles étant accumulées dans les parties (Velban®), les indications sont principalement
aériennes. Les parties aériennes contiennent la maladie de Hodgkin, le lymphome non-
0,2-1% d'alcaloïdes. Hodgkin, le sarcome de Kaposi, et les cancers
Les substances présentant un intérêt pharma- du rein, des testicules, de la tête et du cou. La
cologique sont les alcaloïdes bisindoliques, dont vindésine (Eldisine®) est indiquée dans le trai-
la plupart contiennent une fraction plumérane tement de la leucémie lymphatique aiguë (par-
(la vindoline) ou ibogane (la catharanthine). ticulièrement chez les enfants) et des lympho-
Plusieurs ont des propriétés cytostatiques, mes et mélanomes réfractaires. La vinorelbine
mais sont présents en très petites quantités :la (Navelbine®) a pour indications actuelles le
vincristine (leurocristine) jusqu'à 3 g/t de cancer du sein et le cancer des bronches. Elle
plante séchée et la vinblastine (vincaleucoblas- fait aujourd'hui partie de plusieurs essais cli-
tine) en une quantité légèrement supérieure. niques de phase IL
Les autres composés actifs sont la leurosidine Les racines destinées à être utilisées en phar-
(vinrosidine) et la leurosine. macie doivent contenir au moins 0,4%
La vincristine et la vinblastine sont des antimi- d'ajmalicine et de serpentine, qui lui est étroi-
totiques fortement toxiques, qui inhibent la tement apparentée. L'ajmalicine (Hydroser-
mitose lors de la métaphase. Toutes deux ont pan*, Lamuran®) est un spasmolytique inhibi-
aussi une activité neurotoxique (surtout la teur a-adrénergique, qui à forte dose inverse
vincristine), qui a des effets sur la neurotrans- les effets de l'adrénaline et modère l'activité
mission. Leurs effets neurotoxiques périphéri- des centres vasomoteurs, surtout dans le tronc
ques sont la névralgie, la myalgie, la paresthé- cérébral. Elle augmente temporairement le flux
sie, la perte des réflexes des tendons, la dé- sanguin dans le cerveau.
pression et les maux de tête ; leurs effets neu- Certains des alcaloïdes (par ex. la catharan-
rotoxiques centraux consistent en des épisodes thine, la leurosine et la vindoline) manifestent
convulsifs et des difficultés respiratoires. Par- une action hypoglycémique modérée. Mais le
mi les autres effets secondaires, très nombreux, jus de feuilles fraîches présente une activité
on peut citer l'alopécie, les désordres gastro- hypoglycémique considérable. La vinblastine
intestinaux (constipation, ulcération de la bou- inhibe nettement la reproduction in vitro de
che, aménorrhée et azoospermie). La vinblas- Trypanosoma cruzi, organisme responsable de
tine réduisant le nombre total des globules la maladie de Chagas. Une activité antivirale
blancs du sang, sa posologie doit être soigneu- in vitro est signalée pour certains alcaloïdes de
sement maîtrisée. Ces alcaloïdes sont très irri- Catharanthus, tels que la leurocristine, la péri-
tants ; lorsqu'une extravasation se produit ac- vine et la vincristine. Des extraits de plantes
cidentellement, il y a un risque de nécrose des manifestent une activité fongicide (par ex.
tissus. Il est possible de limiter les effets se- contre Fusarium solani qui provoque un flé-
condaires en étant très prudent dans la posolo- trissement chez l'aubergine entre autre, et
gie et l'administration du traitement, qui doit Sclerotium rolfsii, responsable de maladies
faire l'objet d'une surveillance étroite. La vin- telles que la pourriture du collet chez la to-
CATHARANTHUS 173
gorge de la corolle, incluses, filets très courts ; milieu et la présence de papillons pollinisa-
ovaire supère, constitué de 2 carpelles étroite- teurs saisonniers. Il existe des souches auto-
ment oblongs, style mince, de 15-23 mm de incompatibles de Catharanthus roseus, qui
long, tête de pistil cylindrique pourvue à la peuvent être communes par endroits. Sous des
base d'une collerette réfléchie et transparente climats chauds, Catharanthus roseus fleurit et
et d'anneaux de poils laineux à la base et à fructifie tout au long de l'année. D'ordinaire les
l'apex, stigmate glabre. Fruit composé de 2 graines tombent à proximité de la plante mère,
follicules cylindriques libres de 2-4,5 cm de mais il arrive qu'elles soient emportées par les
long, striés, couverts de poils courts et lâches à fourmis. Au bout de 6-8 semaines après la
glabres, verts, déhiscents, à 10-20 graines. germination, les premières fleurs apparaissent.
Graines oblongues, de 2-3 mm de long, canne- A des températures inférieures à 5°C, certains
lées sur une face, noires. Plantule à germina- rameaux, voire la plante entière, meurent.
tion épigée. Lorsque la température s'élève, la plante re-
Autres données botaniques Le genre Ca- pousse à partir des bourgeons axillaires de la
tharanthus comprend 8 espèces, toutes origi- base, surtout après une taille radicale des
naires de Madagascar à l'exception de Catha- pousses et des racines. Si on ne la taille pas, la
ranthus pusillus (Murr.) G.Don, qui est limité à plante ne repousse qu'à partir du sommet.
l'Inde et au Sri Lanka. Le genre Catharanthus Les recherches montrent que les individus té-
s'apparente étroitement au genre Vinca. On ne traploïdes, induits à la colchicine, ont une te-
trouve pas de différences qualitatives consé- neur en alcaloïdes bien plus élevée que les di-
quentes dans la composition en alcaloïdes en ploïdes, mais il s'est avéré que le doublement
fonction des différentes couleurs de la corolle des chromosomes entraînait une moindre ferti-
de Catharanthus roseus. lité du pollen et une faible production de grai-
Catharanthus coriaceus Markgr. est une espèce nes.
rare du centre de Madagascar. Une décoction Ecologie Catharanthus roseus est souvent
de feuilles s'emploit pour traiter les fièvres présent dans les endroits sableux le long des
bilieuses et la dysenterie. On donne les fleurs côtes, mais également à l'intérieur des terres
amères à mâcher aux diabétiques pour dimi- sur les berges de fleuves, dans la végétation de
nuer leur appétit. Jadis, une décoction des par- savane, sur les terrains vagues secs et les
ties aériennes était administrée comme poison bords des routes, parfois dans les forêts claires
d'arbitrage. Catharanthus longifolius (Pichon) ou la broussaille, habituellement sur les sols
Pichon et Catharanthus ovalis Markgr. se ren- sablonneux, mais parfois aussi pierreux. Très
contrent dans le sud du centre de Madagascar. tolérant au sel, on le trouve la plupart du
On donne un extrait des parties aériennes de temps au niveau de la mer, mais de temps en
l'une ou l'autre de ces espèces aux veaux ou temps jusqu'à 1500 m d'altitude. Il supporte
aux humains pour expulser les vers. Jadis, un bien la sécheresse, mais pas les fortes chaleurs.
extrait concentré était administré comme poi- On s'est aperçu que la teneur en alcaloïdes des
son d'arbitrage. Ces deux espèces sont riches feuilles matures soumises à un stress hydrique
en alcaloïdes indoliques, dont plusieurs alca- intense doublait, mais que dans les tiges et les
loïdes bisindoliques. Catharanthus ovalis feuilles immatures elle restait la même tandis
contient comme substances pharmacologiques qu'elle diminuait dans les racines.
actives la leurosine, la vindoline, la vindoli- Multiplication et plantation Catharanthus
nine, la coronaridine, la catharanthine et la roseus est habituellement multiplié par grai-
vinblastine (vincaleucoblastine) ; quant à Ca- nes. Les graines peuvent rester dormantes
tharanthus longifolius, on en a isolé de la vin- pendant plusieurs semaines après leur maturi-
dolicine. Il existe des hybrides naturels entre té. La température optimale de germination est
Catharanthus longifolius et Catharanthus ro- de 20-25°C, et le taux de germination est en
seus, et on a créé des hybrides artificiels entre général supérieur à 95%. Les graines restent
Catharanthus ovalis et Catharanthus longifo- viables pendant 3—5 années. Si le taux de ger-
lius. mination est faible, cela peut être dû à un stoc-
Croissance et développement Catharan- kage dans des conditions trop sèches. Les se-
thus roseus est habituellement autogame et mis peuvent être mis en pot au bout de 3 se-
l'autofécondation dans la fleur est courante car maines. Catharanthus roseus peut également
le stigmate peut entrer en contact avec les an- se multiplier végétativement par boutures her-
thères, même après l'anthèse. Le degré bacées ou semi-aoûtées enracinées dans un
d'allogamie peut varier avec les conditions de récipient fermé dont la base repose sur une
CATHARANTHUS 175
source de chaleur. Lorsqu'on a recours à un place au champ pour une seconde récolte de
stimulateur de racines, les boutures prennent repousses. La récolte des feuilles se fait à la
racine au bout de 4-5 semaines. Mettre les main ou à la machine. La teneur en alcaloïdes
boutures dans de l'eau provoque également de la plante atteint son maximum à la florai-
l'apparition de racines, mais cela prend plus son.
longtemps que dans de la terre. Traitement après récolte Les parties aé-
Gestion Catharanthus roseus est habituel- riennes et les racines de Catharanthus roseus
lement cultivé comme plante ornementale. sont nettoyées, puis on les fait sécher à basse
C'est une plante à croissance rapide et facile à température, avant de les emballer pour expé-
cultiver. Lorsque les plantes deviennent trop dition. Les plantes en pots destinées à servir
grandes, il faut les tailler. Pour favoriser la d'ornementales sont généralement vendues
ramification, on peut couper le sommet du sous emballage scellé. Elles sont commerciali-
plant, ce qui produit des rameaux latéraux sables dans cet état pendant 18 jours, et pen-
toujours opposés. Si on n'étête pas la tige prin- dant cette période elles n'ont pas besoin d'être
cipale, elle se met généralement à ramifier à arrosées.
20-30 cm de hauteur, mais alors un seul ra- Ressources génétiques Bien qu'originaire
meau latéral se développe pour se ramifier d'une région limitée du sud-est de Madagascar,
ensuite. Catharanthus roseus réagit bien à une Catharanthus roseus est aujourd'hui cultivé
fertilisation azotée, mais il peut aussi pousser partout et s'est naturalisé dans toutes les ré-
et se maintenir sur des sols pauvres. gions tropicales ;il n'est donc certainement pas
Catharanthus roseus est également cultivé à menacé. Cependant, il est souhaitable
des fins médicinales, principalement à Mada- d'assurer la protection des populations naturel-
gascar pour ce qui est de l'Afrique. En Inde, le les malgaches pour garantir la conservation de
cycle est de 200 jours, et la culture est récoltée la diversité génétique, qui pourrait présenter
pour ses feuilles (pour l'extraction de vinblas- un intérêt par la suite dans la perspective de
tine et de vincristine) et ses racines (pour son amélioration génétique.
l'extraction d'ajmalicine). Ses besoins en eau et Sélection Catharanthus roseus a été croisé
en engrais sont peu importants. Un arrosage avec succès avec Catharanthus trichophyllus
excessif fait jaunir les feuilles. L'espacement (Baker) Pichon, et lorsque ce dernier était le
entre les plantes est de 30-40 cm. parent femelle, la Fi avait une production de
Maladies et ravageurs En Afrique, on ne graines élevée et une bonne viabilité. Les pro-
connaît pas de maladies ou de ravageurs, mais fils alcaloïdes des deux espèces sont différents,
en Malaisie on a signalé des infections de Ca- et la production d'alcaloïdes semble être supé-
tharanthus roseus dues à la "jaunisse malaise rieure chez les hybrides à celle obtenue chez les
de la pervenche". Parmi les symptômes, on espèces parentes.
trouve un jaunissement excessif du feuillage, Lorsqu'on effectue les croisements, il semble
un sommet en bouquet ("bunchy top"), des que les caractéristiques suivantes sont des
fleurs et des feuilles rabougries, suggérant une caractères dominants : couleur violette de la
infection par un organisme du type myco- corolle, œil de la fleur sombre et port élevé et
plasme. Des maladies similaires ont été signa- ouvert. La sélection vise à obtenir des plantes
lées en Chine, à Taïwan, en Amérique du Nord dont les corolles sont caduques, parce que si-
et en Europe. Des organismes du type myco- non, la corolle âgée adhère au jeune fruit et au
plasme peuvent se transmettre à Catharanthus nouveau bouton, les empêchant de se dévelop-
roseus par des plantes parasites du genre Cus- per correctement. Il existe deux grands groupes
cuta, et peut-être aussi par les cicadelles. Il a de cultivars, ceux qui ont un œil distinct et
été fait état de plantes cultivées en pot aux ceux dont l'oeil est vert à blanc. C'est la couleur
Etats-Unis qui étaient sensibles à Phytophtho- de la corolle qui détermine les groupements
raparasitica, responsable d'une pourriture des ultérieurs, et à ce jour une cinquantaine de
racines et de la tige. En culture sous serre, cultivars ont été mis au point. Bien que dans la
l'araignée rouge (Tetranychus urticae) est très nature il soit rare de trouver des hybrides, on
commune. arrive à produire en culture de nombreux hy-
Récolte On récolte Catharanthus roseus en brides fertiles entre les différentes espèces de
arrachant la plante entière, après quoi on sé- Catharanthus, qui possèdent le même nombre
pare les racines, et les deux parties végétales de chromosomes.
sont ensuite traitées séparément. Si on ne ré- Perspectives La possibilité d'avoir accès à
colte que les feuilles, on laisse les plantes sur des alcaloïdes dimères actifs par synthèse bio-
176 PLANTES MÉDICINALES l
mimétique a récemment attiré beaucoup contre les maux de dents. Les feuilles se pren-
d'attention. Il est aujourd'hui concevable nent en décoction pour traiter les fièvres bi-
d'obtenir de la vinblastine à partir de maté- lieuses et la dysenterie, et également pour
riaux de départ comme la catharanthine et la leurs vertus aphrodisiaques. En usage externe,
vindoline, qui ne sont ni rares ni trop chers et une décoction des parties aériennes s'applique
qui peuvent être produits en quantités suffi- comme hémostatique. Toutes les parties se
santes dans des cultures in vitro de Catharan- prennent en infusion pour traiter les maladies
thus roseus. Des travaux menés sur des analo- hépatiques et pour stabiliser la composition du
gues de ces alcaloïdes bien connus laissent en- sang. On donne les fleurs amères à mâcher aux
trevoir des perspectives encourageantes de diabétiques pour diminuer leur appétit.
nouveaux débouchés pour les alcaloïdes de Ca- Propriétés Les parties aériennes de Catha-
tharanthus. La production horticole de Catha- ranthus trichophyllus contiennent principale-
ranthus roseus en vue d'une production ment des alcaloïdes indoliques monomères, le
d'alcaloïdes, peu étudiée, mérite qu'on s'y inté- plus important étant la vindoline ; la tétrahy-
resse de plus près. Catharanthus roseus offre droalstonine, la catharanthine, la serpentine et
sans doute de bonnes perspectives comme or- la vindolinine sont des composés secondaires.
nementale dans les régions tempérées. Les racines contiennent surtout de la serpen-
Références principales Gurib-Fakim & tine, et leurs composés secondaires sont un
Brendler, 2004 ;Lavergne &Véra, 1989 ; Muk- dimère, la vincristine, mais aussi des monomè-
herjee et al., 2001 ;Neuwinger, 2000 ; Plaizier, res : ajmalicine, catharanthine, lochnéricine,
1981 ; Ross, 2003 ; Snoeijer, 1996 ; Sutarno & hórhamméricine, tétrahydroalstonine et catha-
Rudjiman, 1999 ; van Bergen, 1996 ; van der phylline. Tous les alcaloïdes des racines et des
Heijden et al., 2004. feuilles sont présents dans des quantités infé-
Autres références Bhadra, Vani & Shanks, rieures à celles qu'on trouve chez Catharan-
1993 ; Gurib-Fakim, Guého & Bissoondoyal, thus roseus (L.) G.Don. Ce sont la lochnéricine
1995 ; Johns et al., 1995 ; Kulkarni, 2001; et 1'hörhamméricine qui sont en partie respon-
Marfori & Alejar, 1993 ; Nammi et a l , 2003; sables de l'activité cytotoxique.
Ojewole & Adewunmi, 2000 ; Reda, 1978 ; Se- Botanique Sous-arbrisseau atteignant 1 m
vestre-Rigouzzo et al., 1993 ; Singh et al., de haut, à latex blanc et odeur peu agréable ;
2001 ; Tabuti, Lye & Dhillion, 2003 ;van Wyk, tiges et rameaux rougeâtres à violets, carrés,
van Heerden & van Oudtshoorn, 2002 ; Ver- ailés. Feuilles opposées, simples et entières,
poorte, Contin &Memelink, 2002 ;Yuan, Hu & presque sessiles ; stipules 2-5 de chaque côté
Yang, 1994. de la base des feuilles ; limbe oblong à étroite-
Sources de l'illustration Sutarno & Rud- ment ovale, de 2,5—8,5 cm x 1-4 cm, base
jiman, 1999. cunéiforme à arrondie, apex acuminé, herbacé,
Auteurs G.H. Schmelzer bord cilié, plus ou moins poilu sur les deux
Basé sur PROSEA 12(1) :Medicinal and poiso- faces. Inflorescence axillaire à 1—2 fleurs.
nous plants 1. Fleurs bisexuées, 5-mères, régulières ; pédi-
celle de 4-11 mm de long, carré ; sépales légè-
rement fusionnés à la base, de 6-10 mm de
CATHARANTHUS TRICHOPHYLLUS (Baker) long, apex longuement acuminé ; tube de la
Pichon corolle cylindrique, de 22-26 mm de long,
s'élargissant près du point d'insertion des éta-
Protologue Mém. Mus. natl. Hist, nat., Pa- mines, gorge étranglée, garnie d'un anneau de
ris n.s. 27 :237 (1949). poils situé juste en dessous et d'un autre sous
Famille Apocynaceae le point d'insertion des étamines, glabre ou à
Nombre de chromosomes 2n = 16 poils lâches, vert, rosâtre à la base, lobes étroi-
Origine et répartition géographique Ca- tement obovales, de 8-18 mm de long, recou-
tharanthus trichophyllus est endémique de verts de poils denses et courts à la base, étalés,
Madagascar, où il est présent principalement blancs, roses, rouges, violets, jaunâtres à la
dans la partie nord. base ; étamines insérées juste en dessous de la
Usages La décoction amère de racine de Ca- gorge de la corolle, incluses, filets très courts ;
tharanthus trichophyllus est réputée pour ses ovaire supère, constitué de 2 carpelles étroite-
propriétés stimulantes et s'emploie surtout ment oblongs, style mince, de 14—19 mm de
contre les maladies vénériennes, l'impuissance long, tête du pistil cylindrique garnie d'un an-
et les douleurs de dos. Elle se prend aussi neau de poils laineux, stigmate minuscule.
CAVACOA 177
forêts sempervirentes mixtes et les forêts côtiè- court ; fleurs femelles sans pétales, disque en
res, souvent près des cours d'eau, générale- soucoupe, charnu, 5-lobé, ovaire supère, ovoïde,
ment sur sol sableux, à faible altitude. Il d'environ 1 mm de diamètre, 3-loculaire, den-
pousse aussi bien à l'ombre qu'au soleil. sément couvert de poils courts, styles 3, courts.
Gestion En Afrique du Sud, Cavacoa aurea Fruit : capsule oblongue-ellipsoïde, légèrement
est cultivé. La fructification y a lieu de décem- 3-lobée, d'environ 7 mm de diamètre, densé-
bre à février. Les graines fraîches germent ment couverte de poils courts, verte virant à
bien. l'orange rosé, à 3 graines. Graines ellipsoïdes,
Ressources génétiques et sélection Ca- d'environ 3 mm de long, habituellement lisses,
vacoa aurea n'est pas commun dans la plus noires, brillantes, arille rouge orangé.
grande partie de son aire de répartition. Il est Le genre Centroplacus ne comporte qu'une
protégé en Afrique du Sud. seule espèce. Il avait jadis été classé dans les
Perspectives Cavacoa aurea continuera Flacourtiaceae ou les Euphorbiaceae, mais on
probablement à n'avoir d'importance qu'au considère aujourd'hui qu'il appartient aux
niveau local. Pandaceae, bien que de récentes études molé-
Références principales Coates Palgrave, culaires indiquent qu'il vaudrait mieux le clas-
1983 ; Govaerts, Frodin & Radcliffe-Smith, ser dans une famille à part, les Centroplaca-
2000 ;Radcliffe-Smith, 1996a. ceae.
Autres références Duthie, 1978; Neuwinger, Ecologie Centroplacus glaucinus est présent
2000 ;Palmer &Pitman, 1972-1974. comme arbre de sous-étage dans les forêts pri-
Auteurs G.H. Schmelzer maires et secondaires, habituellement à basse
altitude.
Ressources génétiques et sélection Rien
CENTROPLACUSGLAUCINUS Pierre n'indique que Centroplacus glaucinus soit me-
nacé d'érosion génétique.
Protologue Bull. Mens. Soc. Linn. Paris, Perspectives L'importance de Centroplacus
ser. 2, 1: 115 (1899). glaucinus comme plante médicinale restera
Famille Pandaceae locale.
Synonymes Microdesmis paniculata Pax Références principales Akendengué &Louis,
(1899). 1994 ; Govaerts, Frodin & Radcliffe-Smith,
Origine et répartition géographique Cen- 2000.
troplacus glaucinus est présent au Cameroun, Autres références Brown, Hutchinson &
en Guinée equatoriale et au Gabon. Prain, 1909-1913.
Usages Au Gabon, la décoction de feuilles se Auteurs G.H. Schmelzer
prend pour traiter la schizophrénie.
Botanique Arbre dioïque de taille petite à
moyenne, atteignant 20 m de haut ; surface de CEPHALOCROTON MOLLIS Klotzsch
l'écorce brun foncé, écorce interne rouge ; ra-
meaux minces, cylindriques, glabres. Feuilles Protologue Peters, Naturw. Reise Mossam-
alternes, simples ; stipules triangulaires, très bique, Vol. 6, Botanik 1 :99,t. 17 (1861).
petites ; pétiole atteignant 4 mm de long, noi- Famille Euphorbiaceae
râtre lorsque sec ; limbe oblong à elliptique- Origine et répartition géographique Ce-
oblong, de 7,5-17,5 cm x 2,5-6,5 cm, base ob- phalocroton mollis est présent de la Tanzanie à
tuse, apex acuminé, faiblement denté et à toute l'Afrique australe, y compris l'est de
dents espacées, glabre, brillant au-dessus, l'Afrique du Sud.
pennatinervé à 10-14 paires de nervures laté- Usages En Namibie, les bochimans Heikum
rales. Inflorescence : panicule axillaire attei- utilisent la poudre de racine séchée dans de la
gnant 7,5 cm de long, croissant sur les jeunes nourriture comme poison criminel ; cela provo-
pousses, à poils courts ; bractées en forme de que des diarrhées sanglantes. Les parties aé-
cuiller, d'environ 1 mm de long. Fleurs uni- riennes sont broutées par les bovins.
sexuées, 5-mères ; pédicelle d'environ 1 mm de Botanique Plante herbacée vivace ou ar-
long ; sépales ovales, d'environ 1 mm de long, buste monoïque, rarement dioïque, atteignant
obtus, à poils courts jaunâtres ; fleurs mâles à 2(-3,5) m de haut ; rhizome ligneux ; écorce
pétales largement obovales ou obovales- gris pâle ; toutes les parties couvertes de poils
elliptiques, d'environ 3 mm de long, blancs, à étoiles, avec ou sans longs poils glandulaires,
poils courts, disque en coupe, étamines à filet presque glabres par la suite. Feuilles alternes,
CERBERA 179
l'homme une activité antiproliferative contre le ques ou obovales, de 1,5-3 cm x 1-2 cm, étalés
cancer du côlon, du sein, du poumon et contre à recourbés, blancs mais roses à la base ; éta-
des lignées de cellules de carcinomes épider- mines insérées juste en dessous du sommet du
moïdes, ainsi qu'une activité anti-œstrogène. tube de la corolle, incluses, recouvertes par les
La cerbérine agit sur les préparations de mus- écailles du tube de la corolle, anthères sessiles ;
cles lisses comme un stimulant certain à la fois ovaire supère, globuleux, constitué de 2 carpel-
pour le tonus et pour les mouvements péristal- les séparés, style long et fin, tête du pistil com-
tiques. Ainsi, elle se comporte comme un poison posée d'une partie basale à 5côtes, d'un voile et
parasympathomimétique. Elle agit à la fois sur d'un sommet conique. Fruit constitué de 1ou 2
le rythme et sur l'amplitude cardiaque. A doses follicules ellipsoïdes séparés ou soudés à la
modérées, la cerbérine a des propriétés inotro- base, drupacés, de 5-12 cm x 3-7 cm, arrondis
pes positives, mais à fortes doses toxiques elle aux deux extrémités, rouge foncé à maturité,
produit un effet inotrope et chronotrope néga- indéhiscents, contenant généralement 1 graine.
tif. Des études phytochimiques ont également Graines orbiculaires aplaties, d'environ 2,5 cm
révélé la présence d'une série de lignanes déri- de diamètre, avec une petite aile au sommet.
vées de l'olivil (les cerbéralignanes) et des mo- Plantule à germination hypogée.
noterpénoïdes comme le cerbéridol. Des ex- Le genre Cerbera comprend 6 espèces présen-
traits à l'éthanol de Cerbera manghas ont mon- tes en Asie tropicale, en Australie tropicale et
tré une activité sélective contre le virus de la dans les îles de l'océan Pacifique ; Cerbera
stomatite vésiculeuse (VSV). L'olivil, le carinol manghas est très répandu. En Asie tropicale,
et le cyclo-olivil ont montré des activités anti- Cerbera manghas a souvent été confondu avec
oxydantes. Cerbera odollam Gaertn.
Le bois est de densité faible à moyenne, le bois Les fleurs de Cerbera manghas sont entomo-
de cœur blanc à jaune-marron clair ne se dis- games. Les fruits, qui sont fibreux à l'intérieur,
tingue pas de l'aubier ; le fil est droit à légère- flottent à la surface de l'eau et peuvent être
ment contrefil, le grain est fin et irrégulier. Le disséminés par les courants marins ; ils sont
retrait lors du séchage est modéré, et le bois se assez fréquemment rejetés sur le rivage.
travaille facilement. Il n'est pas durable, est Ecologie A Madagascar, Cerbera manghas
très sensible aux champignons du bleuisse- est répandu et se rencontre dans les forêts hu-
ment, et résistant au traitement d'imprégna- mides sempervirentes en bordure de côte ainsi
tion sous pression. que dans les forêts sèches décidues de
Botan