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Bulletin de la Société Nationale

des Antiquaires de France

Le Musée de Djemila (Algérie) ; historique et problèmes actuels


Michèle Blanchard-Lemée

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Blanchard-Lemée Michèle. Le Musée de Djemila (Algérie) ; historique et problèmes actuels. In: Bulletin de la Société Nationale
des Antiquaires de France, 1994, 1996. pp. 87-103;

doi : https://doi.org/10.3406/bsnaf.1996.9905

https://www.persee.fr/doc/bsnaf_0081-1181_1996_num_1994_1_9905

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M. BLANCHARD-LEMÉE. — LE MUSÉE DE DJEMILA (ALGÉRIE) 87

Séance du 9 mars

Mme Michèle BLANCHARD-LEMÉE, a. c. n., présente une com¬


actuels.
munication sur : Le musée de Djemila (Algérie); historique et problèmes

Le musée de Djemila, l'antique Cuicul (Algérie), a fait l'objet de


descriptions plus ou moins détaillées dans les deux Guides 1 publiés
par Albert Ballu, architecte en chef des Monuments historiques de
l'Algérie jusqu'en 1926, dans l'ouvrage sur Djemila d'Yvonne
Allais2, celui de Louis Leschi3 et celui de Paul-Albert Février4. Si
je me permets aujourd'hui de retenir votre attention sur ce musée,
c'est qu'il connaît, depuis quelques années, de graves problèmes de
conservation, alors même que le site archéologique de Cuicul est
inscrit depuis le 17 décembre 1982 sur la liste du Patrimoine mon¬
dial. J'invoquerai pour commencer le souvenir de ceux qui m'ont
fait partager leur passion pour Djemila : Hans-Georg Pflaum et
Mme Pflaum (par son action humanitaire), Yvonne Allais qui m'a
transmis beaucoup de son savoir et surtout Paul-Albert Février qui
m'a initiée à la difficile recherche sur le site. C'est aussi pour moi
l'occasion de rendre compte de la mission que j'ai effectuée à Dje¬
mila en mai 1993, en exécution des accords de coopération archéo¬
logique franco-algériens de 1991 et 1992 et de remercier M. André
Mandouze pour l'appui très efficace qu'il m'a apporté dans mes
démarches pour parvenir à honorer mes engagements envers l'Agence
nationale d'archéologie.

* * #

A côté des guides que nous avons cités, on trouve pour l'étude
du musée un complément d'information, parfois difficile à exploi-

1. Djemila,
2. Ruines deParis,
Djemila1938,
(Antique
p. 62-78.
Cuicul), Alger, 1921 ; 2e édition, 1926, p. 108-123.
3. Djemila, antique Cuicul, Alger, 1949.
4. Djemila, Alger, 1971 et 1978, p. 87-107. Sur l'organisation et la conception des
musées locaux à la fin du XIXe siècle, cf. id., Approches du Maghreb romain, Aix-en-
Provence, 1989, I, p. 55-56.
88 9 MARS

ter, dans les rapports d'Albert Ballu, publiés jusqu'en 1926 dans le
Journal officiel et dans le Bulletin archéologique du Comité des travaux histo¬
riques. En 1915, il cite le nom de l'inspecteur affecté au site depuis
le début des fouilles en 1910, de Crésolles, ancien administrateur de
commune mixte, et en 1916 celui du conservateur du musée, de Sail-
lan; le premier meurt en 1917, le second en 1920 5 . Madame de
Crésolles, fille de Saillan, assure seule la direction des fouilles et du
musée de 1920 à 1941, date de sa mort. Or, à cette date, le musée
est déjà pratiquement complet : ne s'y ajouteront que quelques vi¬
trines et des réserves. Yvonne Allais, qui arrive en 1942 à Djemila —
site sur lequel elle travaille et publie depuis 1930, tout en étant pro¬
fesseur agrégé au lycée d'Alger — , ne pourra faire beaucoup plus
que de transmettre une riche tradition, en partie orale, venant de
Madame de Crésolles, à Paul-Albert Février, puis à moi-même, à
partir de 1964. C'est donc un monument muséographique du début
de ce siècle, retouché et agrandi en 1930, qui se dresse devant le pano¬
rama des montagnes et du site.
Musée de site constitué à partir des découvertes archéologiques,
le musée de Djemila est avant tout un musée de la mosaïque romaine
et paléochrétienne. Son concepteur, Albert Ballu, exprimait ainsi ses
intentions dès 1926 : « Les mosaïques constituent la partie la plus
importante du Musée; c'est pour les loger, et d'après leurs dimen¬
sions, que les salles ont été édifiées. Elles en tapissent les murs sans
qu'aucune place soit perdue et c'est le seul moyen qui existe de les
sauver. . . » 6. Il existe certes un important musée lapidaire en plein
air et à l'intérieur, ainsi que dans quelques vitrines réparties dans
les salles, des restes de sculptures et de stucs, des bronzes, de la vai-
selle et des de
l'ensemble objets
la documentation.
quotidiens, mais la mosaïque prédomine dans

Les dimensions de la première salle, élevée en 1910, sont effecti¬


vement déterminées par celles des grandes mosaïques : la longueur,
par celle du grand rinceau peuplé de la Maison de l'Ane, avec le
célèbre Asinus Nica, qui mesure 10 m sur 4 ; la hauteur des murs laté¬
raux avant leur surhaussement en 1930 découle de celle (6,40 m) de
la grande mosaïque du Triomphe de Vénus marine — découverte
dans la Maison de l'Ane en 1910 ; la largeur est celle de la frise des
Noces d'Amphitrite (prélevée par sondage sur le site en 1912), qui
a dû être très légèrement rognée à droite pour entrer dans la salle,
au-dessus d'un grand morceau du sol de la basilique nord. Mais,
à leur tour, les dimensions de la salle et la forme du toit entraînaient

5. Informations recueillies auprès de Y. Allais.


6. Ruines de Djemila, 2e éd., op. cit., p. 108-109.
M. BLANCHARD-LEMÉE. — LE MUSÉE DE DJEMILA (ALGÉRIE) 89

la disposition des fragments remplissant les vides, toutes origines con¬


fondues : au-dessus du cortège marin, les petits panneaux des Mai¬
sons de l'Ane et de Castorius épousent la forme du premier toit, en
double pente, bien visible sur un cliché antérieur à 1930 7. Les rares
espaces vides entre les grands tapis ont été comblés par des fragments
provenant d'autres édifices : deux putti vendangeurs dans un rinceau
s'intercalent dans la bordure à scènes marines du cortège de Vénus.
Ils ont été prélevés en 1916 dans la Maison d'Europe8.
Les parements extérieurs des murs de la première salle ont servi
de lieu d'exposition dès le commencement des fouilles. En bas,
stèles et statues, colonnes et débris d'inscriptions s'alignaient à l'abri
du toit. Plus haut, des colonnettes et des chapiteaux étaient suspen¬
dus ; à l'étage supérieur, on voyait — et on voit toujours — des pan¬
neaux de mosaïque prélevés dans la basilique nord. L'effet de
l'ensemble était plus surprenant qu'esthétique. Plus à droite, le bâti¬
ment bas renfermait l'atelier et les réserves, ouvrant sur la même
cour que la maison du conservateur (flg. 1).
La deuxième salle, construite en 1915, offre des dimensions équi¬
valentes à celles de la première, avec laquelle elle forme une équerre.
Elle a recueilli essentiellement les pavements de la basilique sud, celle
de Cresconius, de la nef, des bas-côtés, des entrecolonnements 9.
L'inscription de la nef centrale a été relue par P. -A. Février et hypo-
thétiquement attribuée par lui à un évêque homonyme de 553 ; mais
un motif d'entrecolonnement très particulier est cependant attesté
à Sétif par trois fois dans des contextes plus précoces, datés de la
fin du IVe ou du premier quart du Ve siècle 10. Au mur sud, la
mosaïquea àétéétoiles
thermes remodelée
de deux
: la bordure
triangles suit
du la
frigidarium
forme de l'ancien
des Grands
toit
en bâtière 11 .

7. Cliché de l'Office algérien d'action commerciale (O. F. A. L. A. C.).


tier8.nord
Surdetoutes
Djemila
ces(Cuicul),
mosaïques,
Aix-en-Provence,
cf. M. Blanchard-Lemée,
1976, passim.
Maisons à mosaïques du quar¬
9. Cf. notamment P. -A. Février, Notes sur le développement urbain en Afrique du Nord.
Les exemples comparés de Djemila et de Sétif, dans Cahiers archéologiques, XIV, 1964, p. 17-18 ;
id., Remarques sur les mosaïques de basse époque à Djemila (Algérie), dans B. S. N. A. F. ,
1965, p. 85-92 ; id., La lettre et l'image, dans Actes du IV' Colloque international sur la mosaïque
gréco-romaine,
Pilgerheiligtum Trêves,
von Tebessa,
1984, Wiesbaden,
Paris, 1994, 1976,
p. 392;p. contra,
143-144.
J. Christern, Das frühchristliche
10. J. Lassus, Vénus marine, dans La mosaïque gréco-romaine, Paris, 1965, p. 189;
A. Mohamedi, A. Ben Mansour, A. -A. Amamra et Ε. Fentress, Fouilles de Sétif,
1977-1984, dans 5' Supplément au Bulletin d'archéologie algérienne, 1990, p. 81-82;
M. Blanchard-Lemée,
saïques de Sétif, dans Actes du
Réflexions
Colloque sur
international
la notionsurd'ateliers
l'histoiredede mosaïstes.
Sétif, Alger,L'exemple
1994, p. des
94-95.
mo¬
11. M. Blanchard-Lemée, Maisons à mosaïques, op. cit., pl. XLI, b. Un cliché
O. F. A. L. A. C. montre la mosaïque sous l'ancien toit, durant l'adjonction de nou¬
veaux motifs, entraînée par l'obturation de la fenêtre en 1930.
FIG. 1. — LA PREMIÈRE SALLE
ENTREET1910
LES ET
RÉSERVES,
1915 FAÇADE ORIENTALE,
(Document d'archives, Alger et Aix).

À l'extérieur de cette seconde salle, le système de présentation anté¬


rieur avait été maintenu : sous le toit, une large bande de mosaïque
géométrique
tures. On reconnaît
des thermes
le fronton
du capitole
de la fontaine
surmonte
du chemin
l'étage nord-ouest
des sculp¬

plaquée contre le mur, puis remis en place avant 1926 12 , ainsi que
les têtes des grandes statues de Septime-Sévère et Julia Domna, trou¬
vées dans le temple de la Gens Septimia (fig. 1 et 2).
Mais cet ingénieux montage ne pouvait subsister longtemps. Dès
1916, la mosaïque de Yoecus de la Maison d'Amphitrite était préle¬
vée. Il fallait lui trouver une place, quitte à la réduire quelque peu :
elle remplaça les fragments lapidaires du mur oriental de la première
salle, à droite de la porte d'entrée et servit de fond à la monumen¬
tale tête de Septime-Sévère, placée sur un grand socle. Les deux
œuvres se mettent réciproquement en valeur, en un contraste saisis-

12. A. Ballu, Ruines de Djemila, antique Cuicul, 2e éd., op. cit., p. 107.
M. BLANCHARD-LEMÉE. — LE MUSÉE DE DJEMILA (ALGÉRIE) 91

FIG. 2. — ANGLE DE LA PREMIÈRE


AVANT 1916
ET DE LA DEUXIÈME SALLE,

(Document d'archives, Alger et Aix).

sant. Puis l'angle formé par les deux salles fut tapissé d'un très beau
pavement géométrique et floral, provenant de la pseudo-palestre des
Grands thermes, fouillés de 1917 à 1919 13 , tandis que les sculp¬
tures et les stèles formaient un musée lapidaire en avant de ce tapis
à grands motifs (fig. 3).
C'est seulement à partir de 1925 que l'on pensa à utiliser le sol
des deux salles pour déposer des mosaïques au musée. Madame de
Crésolles fit paver la seconde salle, en 1925, d'une grande mosaïque
prélevée dans les Grands thermes et, en 1927, la première salle, de
deux mosaïques géométriques provenant d'édifices thermaux. Les
deux salles étant alors combles, il fallut de nouveau, en 1928, dépo¬
ser des mosaïques sur les murs extérieurs. Sur celui qui allait deve¬
nir un mur intérieur, celui de l'entrée de la troisième salle, arri-

13. A. Ballu, dans B. A. C., 1917, p. 286-287; 1919, p. 86-98.


92 9 MARS

(Cl. Réveillac, Centre Camille Jullian, n° 46.824)


FIG. ET
3. —CELLE
LA MOSAÏQUE
DE LA PREMIÈRE
DE L 'OECUS
SALLE
DE DES
LA MAISON
GRANDS D'AMPHITRITE
THERMES
(posées en 1916 et 1920).

vèrent alors trois mosaïques prélevées dans la maison aux murs de


briques 14.
On constate donc que l'histoire du premier musée, conçu et com¬
plété par A. Ballu, procède d'une série de tâtonnements dus autant
aux vagues successives et à l'abondance des découvertes de mo¬
saïques qu'à une évolution des conceptions muséographiques, du
moins quant aux rapports, sur les murs extérieurs, entre les mo¬
saïques, et le matériel instrumental et lapidaire. Dès le début de son
existence, le musée présenta au public un vaste puzzle de mosaïques
redécoupées et d'origines mêlées, puzzle qui exigeait du visiteur
l'usage de l'ouvrage rédigé par A. Ballu en 1921, remanié et com¬
plété en 1926 ou les services du guide qui n'était autre, à cette
époque, que le restaurateur des mosaïques.

14. Rapports de Madame de Crésolles, pour les années 1925, 1927.


M. BLANCHARD-LEMÉE. — LE MUSÉE DE DJEMILA (ALGÉRIE) 93

Albert Ballu termine la seconde version de son livre Ruines de Dje¬


mila par un appel : « Nous manquons désormais de place pour y fixer
les mosaïques. Une nouvelle salle de musée devient nécessaire » 15.
Or la Maison de Bacchus n'a pas encore été fouillée. Dès 1928, pour¬
tant Madame de Crésolles évoque dans ses rapports l'éventualité de
la construction d'une troisième salle et, à la fin de 1929, l'architecte
constructeur, Léon Claro, fait arrêter toutes les restaurations de
mosaïques.
Sur le musée de Djemila, qui est demeuré sans modification, voici
ce qu'écrivait alors Marcel Christofle successeur d'A. Ballu : « Le
nouveau musée, don magnifique du Centenaire, dresse au milieu de
l'oasis créée là-haut par feu Monsieur de Crésolles, sa masse puis¬
sante, œuvre de M. Léon Claro, architecte des Monuments histo¬
riques, diplômé par le Gouvernement. Le musée actuel a posé, de
par sa situation, un redoutable problème à son créateur : en arri¬
vant à Djemila on le domine en entier, quelque cent mètres plus loin
on est dominé par lui... Qui doit l'emporter : la vue « d'en haut »
ou la vue « d'en bas » ? Claro n'a pas hésité, il a opté résolument
pour la vue d'en bas et si en arrivant l'œil est un peu surpris par
les lanterneaux vitrés qui le surmontent, il les oublie vite devant la
masse de lumière qu'ils déversent dans les vastes salles dès qu'on
y pénètre. Continuant le musée construit par A. Ballu, architecte
en chef des Monuments historiques, Claro a ajouté une double salle
en forme de L, dont les murs immenses ont déjà presque disparu,
recouverts qu'ils sont par les innombrables et splendides mosaïques
découvertes à Djemila » 16.
Les murs ont été surélevés au-dessus des mosaïques jusqu'à at¬
teindre plus de 8,75 m. Un toit en terrasse débordant a été posé,
surmonté de ces lanternaux donnant le jour par leurs fenêtres et par
leurs plafonds ajourés de lentilles de verre épais. La superficie du
musée a été plus que doublée par l'adjonction d'une grande salle
symétrique des deux premières, mais plus longue et non cloisonnée.
La repose des mosaïques y a débuté en 1932, par les plus beaux tapis
découverts dans la fouille de l'édifice composite appelé « Maison de
Bacchus », qui a duré de 1929 à 1931, avec des sondages complé-

15. P. 124.
16. Rapport sur les travaux de fouilles et consolidations effectués en 1930-1931-1932 par le
Service des Monuments historiques de l'Algérie, Alger, 1935, p. 245-246.
94 9 MARS

Quadrillage animaux Mosaïque dionysiaque


Fragment
végétalisé Maison
M.briques
Chasse Périst.
salle à 2ème salle
7 absides 1915 Amphit.

Maison is.ii
M.briques Lür«!
Europe
"Palestre" Thermes du Capitole Basilique nord
[Amphitrite-Neptune ]

Carrée et
lozanges
salle à 7
absides +
Hylas

I 7e Abside axiale
Figurée
;

Géomélri. Géométri.
Oecus Maison Amphitr

FIG. 4. — PLAN DU MUSEE DE DJEMILA.

mentaires en 1934 et 1937 ; la troisième salle est consacrée à cet édi¬


fice (fig. 4).
Ainsi que le montre une vue avant restauration 17, la mosaïque
dionysiaque (fin du IIe s. -début du IIIe s.) avait été prélevée en grands
fragments suivant les lignes de fracture. L. Leschi intervint à temps
pour empêcher les restaurations abusives des figures, dont seule a
souffert la scène de sacrifice au haut du panneau. Dans la plupart
des cas, les mosaïques étaient découpées en carrés ou rectangles de
40 à 60 cm de côté, ainsi qu'en témoignent les photos de la grande
mosaïque des chasses de la Salle à sept absides, partie tardive (milieu
du Ve siècle) du même édifice 18. Le sol de l'une des sept absides a
été, bizarrement, découpé en deux morceaux inégaux reposés sur
deux murs différents. Ensuite, le restaurateur, à l'aide de tesselles
récoltées ça et là dans les ruines « refaisait les joints nécessités par
l'enlèvement et la pose », écrit Madame de Crésolles. La mosaïque

dans
fonds
17. Mon.
Pflaum.
Conservée
Piot,Cf.XXXV,
dans
L. Leschi,
le legs
1936,Mosaïque
d'Y.
p. 139-172.
Allais
à scènes
aux archives
dionysiaques
de de
l'Année
Djemila-Cuicul
épigraphique
(Algérie),

18. L'une d'elles a été publiée par P. -A. Février dans B. S. N. A. F., 1965, repr.
p. 80. Cette méthode a pour inconvénient de provoquer un léger agrandissement du
pavement par rapport aux dimensions d'origine.
M. BLANCHARD-LEMÉE. — LE MUSÉE DE DJEMILA (ALGÉRIE) 95

(Cl. P. -A. Février)


FIG. 5. — LA MOSAÏQUE
À LA REPOSE.
FIGURÉE DÉTÉRIORÉE

à animaux du grand péristyle a été découpée carré par carré : les


raccords ne se voient presque pas dans les motifs géométriques. Le
restaurateur, qui travaillait seul — aidé d'un maçon pour la fixation
aux murs — et lentement , est le seul ouvrier qui sorte un peu de
l'anonymat dans les rapports de Madame de Crésolles, qui l'appelle
soit « le mosaïste kabyle », soit « Saïd » — sans nom de famille. Son
ouvrage témoigne d'un réel sens de la mosaïque et des coloris. Il ne
put terminer son œuvre car, en 1939, il mourut, littéralement, à la
tâche, et ne fut remplacé que très sporadiquement, en raison de la
maigreur des crédits 19.
Deux sols d'abside n'ont jamais pu être restaurés : l'un est posé
sur une toile devant un mur, dans un cadre et un châssis en bois,
technique de repose semblable à celle du musée de Cherchel ; les raç-

1930
19. à Renseignements
1940. extraits des Rapports de Madame de Crésolles pour les années
96 9 MARS

cords entre les motifs découpés sont comblés par des boulettes
d'argile, qui tombent peu à peu. Celui de l'abside axiale, sur le mur
est, au-dessus de la porte, montre toujours les saignées du décou¬
page à la repose. Attardons-nous sur ce mur inachevé, qui offre un
« patchwork » invraisemblable de très beaux décors (comme celui du
centre du grand péristyle) et de tapis géométriques sans grand inté¬
rêt et à l'emplacement d'origine inconnu — car Madame de Cré-
solles ne les a pas mentionnés. A droite ont été placés les débris d'une
belle mosaïque figurée, ou se remarque l'élégante figure d'un jeune
homme diadémé (fig. 5), mosaïque qui, par malchance, a fait les frais
de la seule maladresse commise par le restaurateur. Expérimentant
une nouvelle colle, il a échoué dans la repose. Dans son Rapport à
la Direction des Monuments historiques pour 1933, Madame de Cré-
solles affirme même que « la mosaïque (...) a été impossible à poser,
les pierres tombant à mesure ». Les dégâts sont en fait limités à une
zone de bordure, où ne subsiste plus que l'empreinte des tesselles.
Le mosaïste Tossut venu d'Alger, a dû séjourner à Djemila pour for¬
mer
LaSaid
salle àneuve
l'utilisation
du musée
de est
ce nouveau
comble dès
produit20.
1934 et toutes les décou¬

vertes postérieures seront condamnées à rester in situ, recouvertes,


à l'exception du petit tableau découvert en 1937, représentant le rapt
d'Hylas qui dut être inséré dans le grand tapis à carrés et losanges
de la Maison de Bacchus. Son cadre géométrique est resté longtemps
au sol de la salle sur sa toile pliée : le motif géométrique en était par
chance, dit-on, le même que celui où l'on a incrusté le tableau : c'est
un heureux hasard. Si les bizarreries que l'on constate dans ce tableau
— comme la présence d'invraisemblables volatiles — proviennent
bien de la restauration moderne, c'est le remplaçant de Saïd,
quelqu'un de la région formé à Alger, qui en est responsable21.

* * *

Contrairement aux espérances d'Albert Ballu, les mosaïques trans¬


portées au musée ne sont pas définitivement préservées de la des-

site20.
musée
pl.
lui
sen
de I Dey,
préciser
laoù
(vue
ville.
C'est
(cf.
lesqui
deJ.
mosaïques
que
la
une
aLassus,
grande
Tossut
travaillé
maisonPréface
restent
salle).
estentre
différente
probablement
à—
intactes,
les
S.L'auteur
Germain,
deux
de l'atelier
malgré
guerres
leremercie
mosaïste
Lesun
deàmosaïques
J.
de
système
M.établi
Gaudin
nombreux
P. Salama
deàd'éclairage
Alger,
Timgad,
qui chantiers
opérait
d'avoir
faubourg
Paris,
semblable
àbien
modernes
Timgad,
1965,
d'Hus-
voulu
du
et

21. Sur cette mosaïque, voir M. Blanchard-Lemée, Maisons à mosaïques, op. cit.,
p. 173, pl. XLIII.
M. BLANCHARD-LEMÉE. — LE MUSÉE DE DJEMILA (ALGÉRIE) 97

truction : infiltrées d'humidité, soumises à de grands écarts de tem¬


pératures, les couches de ciment les fixant aux murs ont travaillé,
gonflé et glissé.
Le phénomène n'est certes pas nouveau : dès 1923, il a fallu démon¬
ter et remonter la mosaïque des thermes qui menaçait de se décro¬
cher des murs extérieurs des deux salles anciennes (nous apprend
un rapport de Madame de Crésolles); après la surélévation de
1930-1931, on a dû poser sur la bordure de la mosaïque de Vénus
de la première salle un témoin en plâtre — qui n'apparaît pas sur
la photographie, publiée en 1925, de l'album de Y Inventaire des mo¬
saïques de la Gaule et de l'Afrique-, en 1978, une légère secousse sis-
mique a détaché du mur face à la Vénus l'inscription de Castorius :
elle a été restaurée par M. Kasdi (venu de Cherchel) et prudemment
reposée
le F de FECI
dans un22 . cadre appuyé à un mur : il y manque entièrement

C'est vers 1985 que le processus s'est accéléré et a pris une ampleur
alarmante : en 1986, une restauratrice anglaise entoilait la partie infé¬
rieure du pavement de la Basilique nord, posée au revers de la façade
d'entrée de la première salle (derrière la vitrine) et reposait sur un
support synthétique une partie de la bordure d'un grand pavement
géométrique
sième salle. de la salle à sept absides, au bas du mur sud de la troi¬

Devant la gravité de la situation, la mission d'expertise qu'effec¬


tuaient au musée de Cherchel, en décembre 1990, Mme Evelyne
Chantriaux, directrice de l'atelier de restauration de Saint-Romain-
en-Gal et M. Jean-Pierre Darmon, fut étendue au musée de Dje-
mila, avec ma participation. Il apparut que le musée de Djemila cons¬
tituait la priorité absolue pour les interventions, car quatre mo¬
saïques, au moins, menaçaient de se détacher et de tomber.
Mme Chantriaux préconisait des travaux d'étanchéité et un drainage
extérieur des murs du musée, voire même une « mise sous cloche »
par une superstructure translucide, l'un ou l'autre suivis d'une con¬
solidation de la couche d'adhérence aux murs par du mortier de
chaux. Au cas où les murs n'auraient pas été assez assainis, il fallait
transférer les mosaïques sur un nouveau support synthétique et stra¬
tifié, les isolant des murs23. Ce sauvetage nécessitait la formation
d'un nouveau restaurateur, étape essentielle qui fut franchie par
l'envoi
1991-1992.
d'un stagiaire algérien à l'atelier de Saint-Romain-en-Gal en

22. Ibid., p. 167, pl. XXXVIII a.


23. Les mosaïques de Cherchell, Tipaza, Djemila. Rapport de la mission effectuée du
1er au 8 décembre 1990 par J.-P. Darmon et E. Chantriaux, 37 p., XXV pl.

ANT. BULLETIN — 1994 7


98 9 MARS

En 1991 , des travaux d'étanchéité de la toiture furent réalisés, sous


la direction de M. Khelifa, directeur de l'Agence nationale d'archéo¬
logie et sous la responsabilité d'A. Kebbour, le jeune conservateur
de Djemila. Non seulement ces travaux n'enrayèrent pas le proces¬
sus de dégradation, mais celui-ci s'accéléra encore. En mai 1993,
lorsque que je pus accomplir la mission prévue par l'accord signé
en 1992, en tant que co-responsable (avec Mlle Sabah Ferdi, con¬
servateur du Corpus des mosaïques de l'Algérie), nous fûmes consternés
par les progrès de la maladie des supports 24. La cloque formée par
la mosaïque de Vcecus de la Maison d' Amphitrite s'est encore agran¬
die ; elle peut tomber à tout moment ; un fragment venant de l'édi¬
fice du ravin ouest, placé au bas du mur à droite de la Vénus marine,
a disparu. Dans la troisième salle, sont affectés gravement, sur toute
leur partie inférieure, les murs sud et est, c'est-à-dire la partie externe
de l'équerre, murs qui sont surmontés par des pentes plus ou moins
proches, de même que la façade de la première salle (fig. 4).
Au pied du mur est, à gauche de la porte, un tapis composite de
motifs géométriques se décolle. A droite, son pendant gonfle et se
décolle. Toute la partie inférieure du tapis à carrés et losanges de
la salle à sept absides — celui où l'on a inséré le tableau du rapt
d'Hylas — est complètement décollée sur 70 à 80 cm de haut : ciment
gris 25 , plâtre, planches et fragment soutenant les parties les plus fra¬
giles, tout a été tenté par le conservateur et les gardiens. L'observa¬
tion de ces débris a révélé que les mosaïques ont été reposées avec
2 ou 3 cm d'épaisseur de leur support antique, soit le lit de pose des
tesselles et une petite partie du nucleus, alors que normalement tout
le support aurait dû être décapé. Ici, c'est ce reste du support an¬
tique qui se soulève et s'effrite au moindre choc. Sur ce même grand
mur sud, face à l'entrée de la nouvelle salle, le grand tapis à scènes
de chasses de la Salle à sept absides fait forte impression. Il a été
remonté avec une partie de son cadre géométrique, sur une seule
rangée de motifs au bas du mur : la mosaïque était décollée en mai
1993 jusqu'au niveau des pattes du lion à gauche du tableau, un peu
moins haut, plus à droite (fig. 6).
En tout, cela faisait huit mosaïques ou parties de mosaïques à trai¬
ter d'urgence et non plus quatre comme en 1990. Le restaurateur,
M. Bensalah, a alors enseigné aux ouvriers du musée à entoiler en
urgence les parties les plus atteintes avec des matériaux de fortune
(colle pour papier peint et gaze), dans la perspective d'un retour,

M.25.
l'Agence
24.A. Ciment
Rapport
Bendaoud,
nationale
moderne
sur la
d'archéologie
M.mission
A.
de Bensalah
consolidation
effectuée
de l'Algérie.
età Mlle
Djemila
poséS.par
Ferdi
par
M. Mme
(mai M.
Kasdi,
1993)
restaurateur.
Blanchard-Lemée,
à l'attention de
M. BLANCHARD-LEMÉE. — LE MUSÉE DE DJEMILA (ALGÉRIE) 99

(Cl. Réveillac, n° 46.799)


FIG. 6. — LA MOSAÏQUE
DE LA DES
« MAISON
CHASSES
DE DE
BACCHUS
LA SALLE
». À SEPT ABSIDES
100 9 MARS

dès l'automne suivant, avec des produits plus modernes — ou, faute
de mieux, avec de la chaux à injecter en mortier derrière les mo¬
saïques, tout en les pressant contre le mur. Peu après mon retour,
I'UneSCO, à la demande du gouvernement algérien, a acheté les
outils, les colles et résines synthétiques nécessaires à la restauration
de quelques mètres carrés de mosaïques, suivant la liste établie par
le restaurateur et revue par moi en fonction des coûts.
Etant donné l'impossibilité financière d'acquérir du support métal¬
lique stratifié, l'urgence qui s'impose est le drainage extérieur des
murs du musée, qui sauvegarderait aussi les mosaïques encore in¬
tactes. L'hiver est très humide à Djemila : le vent du nord-ouest
pousse, franchissant les chaînes côtières des Babor, les nuages de
neige. Les décollements apparaissent toujours en mars, aux premiers
soleils printaniers, qui ravivent l'effet de serre dû aux lanterneaux
et aux lentilles de verre des plafonds.
Alors, pourquoi ces dégâts apparaissent-ils seulement depuis une
dizaine d'années, et pourquoi sur les faces tournées vers la ville, et
non vers le site et les intempéries ? Je vous propose une tentative
d'explication. Jusque vers 1952 26, le musée et l'hôtel étaient en
pleine nature. Dans les années 60, s'est constitué un village, accru
dans les années 70 d'édifices publics et administratifs. Mais depuis
les années 80, l'exode rural et l'explosion démographique ont donné
naissance à une agglomération — ou un agglomérat de lotisse¬
ments — qui compte actuellement entre 3 000 et 5 000 habitants et
a été élevée au rang de daira (sous-préfecture). Elle s'étend le long
de la route sur les croupes qui dominent le site et le musée. Les eaux
qui ruisselaient librement sur les pentes ravinées, jusqu'au lit des
oueds, en amont du site, sont peut-être détournées par les nouvelles
constructions
le musée. ; il se pourrait qu'elles stagnent sous le replat où s'élève

* * ♦

Pour terminer, je voudrais évoquer la richesse iconographique de


deux mosaïques provenant de l'édifice appelé Maison de Bacchus27.

du 26.
Y. quartier
Allais.
Cetteest
date
sont
est achevées,
donnée parmais
unecelles
photographie
du quartier
aérienne
ouest non
(anonyme)
encore entamées
où les fouilles
par

menées,
27. Ces
dans
dernières
le cadrelignes
de la résument
préparation
quelques
d'un ouvrage
unes des
surrecherches
la « Maison
récentes
de Bacchus
que j'ai
»,
avec unesera
inédite, étudepubliée
archéologique
à cette occasion.
du regretté P. -A. Février. La mosaïque figurée, encore
M. BLANCHARD-LEMÉE. — LE MUSÉE DE DJEMILA (ALGÉRIE) 101

Les débris de mosaïque figurée qui avaient souffert, en 1932, d'un


changement de colle à la dépose avaient décidément joué de mal¬
chance. En effet une vue prise in situ, en avril 1930, par l'un des
membres du Ve Congrès international d'archéologie d'Alger, est
complètement floue. On distingue tant bien que mal deux grands
personnages, un homme barbu, sans doute couronné de feuillages,
et devant lui une femme qui lève le bras droit, la paume tournée vers
le ciel. Au-dessus, curieusement imbriqué dans ce groupe, figure un
petit cavalier au manteau flottant. Par une série de recoupements,
je situe ces vestiges à l'entrée de Yœcus, limite occidentale de la fouille
en avril 1930. A cet endroit, Madame de Crésolles a vu « une mo¬
saïque très fine dont restait un fragment d'angle représentant une
femme que deux hommes liaient aux membres d'un cheval », opé¬
rant
Brunehaut.
une synthèse inattendue entre le supplice de Dircé et celui de

La détérioration à la repose ne m'a pas empêchée d'identifier, dans


le magma de tesselles, la tête de l'homme, la tête et le bras levé de
la femme, drapée dans un manteau vert, et, entre leurs deux têtes,
le pied du cavalier chaussé de sandales à croisillons rouges. En dehors
du -champ de la photo de 1930, on voit bien la main gauche de la
femme, qui tient nonchalamment un rameau rouge et un jeune prince
diadémé (fig. 5) qui porte un glaive, dont le baudrier lui barre le
torse : superbe figure, finement traitée (300 tesselles au dm2). Plus
haut, nous retrouvons le manteau du cavalier et la queue du cheval —
quant à la porteuse de corbeille à gauche, elle n'a probablement rien
à faire à cette place. Le dispositif iconographique est impossible à
identifier : la scène est incomplète et bizarrement composée, avec ces
personnages qui se superposent, et qui ne sont peut-être, à vrai dire,
que les comparses d'une scène principale détruite, scène qui, à en
juger par ces pauvres vestiges, était certainement d'une grande com¬
plexité et d'un intérêt exceptionnel.
Par le style très pictural des figures, cette mosaïque s'apparente
à la célèbre mosaïque dionysiaque qui a donné son nom à l'édi¬
fice dit « Maison de Bacchus ». Dans l'ensemble axial péristyle —
œcus — bassin qui comporte des éléments de décor très tardifs comme
la mosaïque à animaux dans un quadrillage de tresses, mais dont
l'espace central avait connu au moins trois états, elle introduit vers
l'entrée de Yœcus un élément du Haut-Empire dont on ne sait, il est
vrai, s'il se rattachait au bâtiment définitif ou à un état antérieur
totalement indépendant, comme le sont les thermes découverts en
1937 sous la salle à sept absides28.

son
III"28.
de
Colloquio
Bacchus
Cf. M.intemazionale
àBlanchard-
Djemila, dans
sul
Lemée,
mosaico
B. A.Nouvelles
antico,
C., 17B,
Ravenne,
recherches
p. 131-143,
1980
sur les(1984),
mosaïques
plan fig.
p. 277-286
de
1. Djemila,
; La Mai¬
dans
102 9 MARS

La salle à sept absides est l'une des grandes salles d'apparat


les plus intéressantes de l'Antiquité tardive, assurément tardive
puisque assez sûrement ancrée dans le milieu du Ve siècle. La grande
scène figurée nous transmet l'image que voulait léguer de lui le domi¬
nus : l'image d'un chasseur valeureux et victorieux sur ses terres, hors
des murs de la ville et celle d'un évergète généreux qui, à l'une des
étapes de son cursus, offrit des venationes avec de nombreux fauves,
organisées par la sodalité des Florentii — que les recherches de
M. Azzedine Beschaouch permettent d'identifier ici, grâce aux trois
hederae incluses entre le venator et le lion (fig. 6) 29 .

* * ♦

Exprimons le vœu que des mesures de conservation appropriées


permettront à cette image, d'un grand intérêt pour les historiens,
de survivre encore quelques siècles et de connaître, éventuellement,
grâce à la réversibilité des restaurations modernes, une nouvelle pré¬
sentation liée à de nouvelles conceptions en matière de muséogra¬
phie ou d'archéologie, une nouvelle jeunesse, en quelque sorte.

M. Mounir BOUCHENAKI, a. c. é., témoigne des problèmes rencontrés,


depuis une vingtaine d'années, pour la conservation des mosaïques murales
du musée de Djemila. Il rappelle combien les musées d'Algérie sont riches
en mosaïques et souligne la nécessité de former au plus vite plusieurs tech¬
niciens algériens qualifiés en vue de la réalisation de travaux de sauvegarde
dont certains sont financés par Γ UNESCO.
M. François CHAMOUX, m. r., fait remarquer que l'exposé de
Mme Blanchard-Lemee a traité d'un sujet assez différent de ceux des
communications que l'on a l'habitude d'entendre à la Société des Anti¬
quaires, mais remercie l'orateur d'avoir fourni à ses auditeurs l'occasion de
réfléchir sur un problème technique difficile. Il résume les diverses solutions
qui peuvent être envisagées pour la conservation et la présentation des mo¬
saïques antiques de pavement, et il replace la solution retenue à Djemila
dans le contexte de son époque, tout en considérant qu'il convient mainte¬
nant de laisser à des spécialistes le soin de trouver une solution plus con¬
forme aux exigences actuelles d'une bonne conservation.
M. André CHASTAGNOL, m. r., à propos des inscriptions latines de Dje¬
mila, rappelle que, à la lumière de certaines d'entre elles, il apparaît qu'une
partie de la Numidie revint aux Romains en 442, après la première occupa¬
tion vandale, et que Cuicul fut alors probablement la capitale de cette pro¬
vince, pendant environ une quinzaine d'années (Les survivances du culte impé¬
rial en Afrique du nord à l'époque vandale, B. S. N. A. F. , 1975, p. 196). Il estime

29. Cf. J. Lassus, La salle à sept absides de Djemila-Cuicul, dans Antiquités africaines,
V, 1971, p. 193-207 ; A. Beschaouch, Conférence au Collège de France, 21 mars 1990.
M. BLANCHARD-LEMÉE. — LE MUSÉE DE DJEMILA (ALGÉRIE) 103

que le renouveau de la mosaïque dans la ville vers le milieu du Ve siècle est


probablement lié à cet épisode de son histoire politique.
M. Claude LEPELLEY, m. r., en ce qui concerne la basilique de Cresco-
nius pencherait plutôt pour une datation au début du Ve siècle, par compa¬
raison, notamment, avec la basilique de l'évêque Alexandre à Tipasa.
À une question de Mme Odile Wattel de CROIZANT, a. c. n., sur la date

deM.
Mme
figuré
quelques
des
façonnés
plus
les
site
queEnrégions
mosaïques,
de
la
encore,
possible.
BLANCHARD-LEMÉE
fonction
André
mises
Djemila
mosaïque
dans
exceptions
montagneuses,
comme
MaNDOUZE,
au
des
M.
etjour
matériaux
la
inquiétudes
François
le
de
près,
nécessité
jusqu'à
bronze
l'enlèvement
président,
du
répond
aux
BRAEMER,
au
et
Ve
de
présent
de
variations
les
moins
siècle.
leMme
matières
que
faire
revient
dans
aussi
la
BLANCHARD
d'Europe
m.
partager
climatiques
plupart
organiques,
h.,
pour
cette
fragiles,
s'intéresse
conclure
ville
àdes
trouvée
un
pour
comme
intenses.
mosaïques
semblent
en
public
particulier
la
aux
surla
conservation
à l'intérêt
documents
aussi
pierre,
Djemila,
dater,
à décor
large
dans
ouà
du

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