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E SENS COMMUN
pierre bourdieu
e t alairi darbel
l'amour
de l’art
ies musées d'art européens
e t leur public
D A N S LA MÊME COLLECTION
Darras
Le partage des bénéfices — Expansion
et inégalités en France (1945-1965)
L'expansion économique est-elle capable,
par soi seule, de réduire les inégalités et
d'enrayer l'action des mécanismes de
conservation sociale ?
Luc Boltanski
Le bonheur suisse
Peut-on être l’héritier des puritains ?
Raymonde Moulin
Le marché de la peinture en France
Y a-t-il une bourse des valeurs artistiques ?
Erwin Panofsky
Architecture gothique et pensée sco
lastique
Comment l'architecture gothique a-t-elle pu
être « inventée » ?
Comment est-elle devenue un exercice de
pensée scolastique ?
Edward Sapir
Anthropologie — 1. Culture et person
nalité — 2. Culture
L'anthropologie culturelle ne se condamne-
t-elle pas à manquer l'homme en prenant
comme objet la culture ?
Alain de Lattre
L’occasionalisme d’Arnold Geulincx
Une dépendance de toutes choses à l'égard
de Dieu, dont l'ethique, plus que l'ordre
géométrique, fait voir la véritable nature.
Ralph Linton
De l’homme
Une introduction à l'anthropologie générale.
l'am our de l'a rt
autres ouvrages de pierre bourdieu
SOCIOLOGIE DE l ’a lg é r ie , P. U. F., 2e éd., 1961.
l e déracin em en t, Ed. de Minuit, 1964 (en collaboration avec A. Sayad).
l e s é tu d ia n ts e t l e u r s é tu d e s, Ed. Mouton, 1964 (en collaboration
avec J.-C. Passeron).
l e s h é r it ie r s , Ed. de Minuit, 1964 (en collaboration avec J.-C. Passeron).
un a r t moyen, Ed. de Minuit, 1965.
r a p p o r t pédagogique e t com m unication, Ed. Mouton, 1965 (en colla
boration avec J.-C. Passeron et M. de Saint-Martin).
l e m é tie r de s o c io lo g u e , Ed. Mouton/Bordas, 1968 (en collaboration
avec J.-C. Passeron et J.-C. Chamboredon).
l'am o u r de l'a rt
les musées d'art européens
et leur public
deuxième édition revue et augm entée
LES É D IT IO N S DE M IN U IT
AÄ/3&
7
l ’a m o u r d e l ’a r t
8
AVANT-PROPOS
9
« Laissez aux œuvres d’art leur éloquence naturelle et le plus
grand nombre les comprendra ; cette méthode sera plus efficace
que tous les guides, toutes les conférences et tous les discours. »
F. S chmidt-D egener,
« Musées 2> in Les Cahiers de
la république des lettres, des
sciences et des arts, XIII.
13
l ’a m o u r d e l ’a r t
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l ’a ir du tem ps
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l ’a m our d e l ’a r t
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l ’a ir du tem ps
17
2
les démarches de la recherche
Avant d’entrer dans l’analyse et l’interprétation des
résultats des différentes enquêtes qui ont fourni la matière
de ce livre, on a voulu décrire, aussi précisément que
possible, les conditions dans lesquelles ils ont pu être
obtenus.
Disposant d’un corps d’hypothèses qu’un ensemble de recher
ches antérieures sur les processus de diffusion culturelle avaient
permis d’éprouver, on pouvait concevoir une enquête systé
matique sur le public des musées européens, ses caractéris
tiques sociales et scolaires, ses attitudes à l’égard du musée
et ses préférences artistiques comme une démarche de véri
fication destinée à confronter un système cohérent de pro
positions théoriques avec un système cohérent de faits produits
p ar — et non pour — les hypothèses qu’il s’agissait de valider.
Le questionnaire
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l ’a m o u r d e l ’a r t
L ’échantillon et l’enquête
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LES DÉMARCHES DE LA RECHERCHE
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l ’am ou r d e l ’a r t
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LES DÉMARCHES DE LA RECHERCHE
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l ’am our d e l ’a r t
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LES DÉMARCHES DE LA RECHERCHE
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LES DÉMARCHES DE LA RECHERCHE
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L ’essai de formalisation
L ’étude comparative
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LES DÉMARCHES DE LA RECHERCHE
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l ’a m our d e l ’a r t
32
prem ière partie
les conditions sociales
de la pratique culturelle
« Ceux^ qui cultivent les Sciences exactes dont l’indépendance
et la généralité sont d’ailleurs si propres à agrandir l’esprit, à
l’élever au-dessus de la sphère commune, n’ont pas rendu à la
philosophie rationnelle tous les services qu’elle avait droit d’en
attendre et d’en exiger. En traitant, par leur méthode claire, pré
cise et sûre, certaines questions délicates qu’ils n’ont pas même
osé aborder (...), ils auraient épargné bien des disputes, résolu des
difficultés très graves, détruit des préjugés bien enracinés, bien
vieux ; et deux ou trois pages d’analyse, ou si l’on veut même,
une simple formule exprimée en deux lignes, auraient démontré
en rigueur et avec cette évidence qui ne permet aucun doute, et
que toutes les subtilités, toutes les ergoteries des sophistes tente
raient en vain d affaiblir, des vérités que les philosophes ont aussi
decouvertes, mais par le secours d’instruments moins perfec
tionnes. »
N a ig e o n
Encyclopédie méthodique, T. III.
Si l’analyse des relations empiriquement constatées entre la
fréquentation des musées et différentes caractéristiques économi
ques, sociales et scolaires des visiteurs doit permettre de saisir
l’ensemble des facteurs qui déterminent ou favorisent la fré
quentation des musées, d’établir le poids relatif de chacun d’eux
et la structure des relations qui les unissent (première partie),
on ne peut expliquer l’efficacité de ces facteurs explicatifs qu’en
appréhendant la genèse et la structure de la disposition à l’égard
des œuvres culturelles qui s’exprime dans la fréquentation des
musées (deuxième partie). Il importe enfin de soumettre à
l’épreuve de la généralisation le système de causes et de raisons
qui permet d’expliquer et de comprendre la fréquentation du
musée, en examinant les conditions les plus générales de la
réception adéquate d’une œuvre de culture savante, pièce de
théâtre, roman, concert ou tableau (troisième partie).
Croissant très fortement à mesure que le niveau d’instruction
s’élève, la fréquentation des musées est presque exclusivement
le fait des classes cultivées h La part des différentes catégories
socio-professionnelles dans le public des musées français est
presque exactement en raison inverse de leur part dans la popu
lation globale. Sachant que le visiteur modal des musées français
est bachelier (55 % des visiteurs ayant au moins le baccalau-
1 Toutes les lois établies à propos du public des musées d’art français
s’étant trouvées vérifiées par les enquêtes sur les autres pays européens,
toute proposition avancée sans autre précision ou illustrée par le seul
exemple français pourra être considérée comme valable pour l’ensemble
des pays étudiés. Pour éviter les accumulations fastidieuses de chiffres,
on n’a retenu, pour les autres pays européens, que les illustrations parti
culièrement significatives (on trouvera en Appendice 5, les principales
données statistiques concernant les musées européens).
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l ’a m our d e l ’a r t
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LES CONDITIONS SOCIALES DE LA PRATIQUE CULTURELLE
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l ’a m o u r d e l ’a r t
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LES CONDITIONS SOCIALES DE LA PRATIQUE CULTURELLE
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l ’a m our d e l ’a r t
Tableau 1
B.E.P.G,
e n s e m b le
lic e n c e el
d ip lô m e
a u - d e là
pj
b a c c.
san s
H
d
40
LES CONDITIONS SOCIALES DE LA PRATIQUE CULTURELLE
41
l ’a m our d e l ’a r t
Dire en effet que le taux annuel de visite est, pour telle catégorie
statistique, égal a 10 %, c'est dire qu’il faudra dix années en moyenne
pour qu un individu de cette catégorie entre dans un musée.
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LES CONDITIONS SOCIALES DE LA PRATIQUE CULTURELLE
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l ’a m o u r d e l ’a r t
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L E S C O N D IT IO N S S O C IA L E S D E L A P R A T IQ U E CULTURELLE
_ J _ fT ( l - p ) t - l pdt
“ pT o
où T est de l’ordre de grandeur de la période de la vie pendant
laquelle des visites peuvent être effectuées (disons 50 ou 60 ans).
Il vient :
— 1
Pi
(1 - qT)
T q log q
p. (1 - P ')M p - “ [i - q-T]
45
l ’a m o u r d e l ’a r t
6 II est évident enfin qu’un tel calcul ne permet pas d’exclure l’hypo
thèse qu’il puisse exister plusieurs sous-populations pour lesquelles
a 1, a 2, a 3, etc., seraient distincts mais d’un ordre de grandeur compa-
rable, ce qui reviendrait à dire que, divers facteurs secondaires agissant
différemment sur les différentes sous-populations (conjointement avec le
facteur principal), les phénomènes observés seraient, en stricte logique,
aléatoires.
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LES CONDITIONS SOCIALES DE LA PRATIQUE CULTURELLE
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l ’a m o u r d e l ’a r t
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LES CONDITIONS SOCIALES DE LA PRATIQUE CULTURELLE
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LES CONDITIONS SOCIALES DE LA PRATIQUE CULTURELLE
10 Tout semble indiquer que les lois qui régissent la fréquentation des
musées valent aussi pour les autres pratiques culturelles, bien que l’action
des facteurs secondaires (la résidence ou les revenus par exemple) puisse
affecter la relation fondamentale entre le niveau d’instruction et chacune
des pratiques considérées. Ainsi une enquête réalisée par l’IFOP, en
1966-1967 (La clientèle du livre, Syndicat national des éditeurs, 1967)
montre que l’achat de livres et la lecture dépendent étroitement du
niveau d’instruction et décroissent fortement avec l’âge. On sait
d’autre part par l’enquête que la fréquentation du théâtre et du concert
est très fortement liée à la fréquentation du musée (cf. infra, pp. 101-102).
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l ’a m o u r d e l ’a r t
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L E S C O N D IT IO N S S O C IA L E S D E L A P R A T IQ U E CULTURELLE
SYMBOLISME UTILISE
V a r ia b le s O p é r a te u r s
E E c o le X _>Y X e s t e n p r o b a b i l it é c a u se
de Y
A A ge X=Y X e t Y s o n t lié s s to c h a s ti -
quem ent
S S ex e X >Y i m p liq u e é v id e m m e n t X
= Y, m a is n o n le c o n
C C a té g o rie p r o f e s s io n tra ire
n e lle X ÿéY X e t Y s o n t in d é p e n d a n ts
s to c h a s tiq u e m e n t, ce q u i
R R evenu im p liq u e q u e X n ’e s t p a s
c a u s e de Y o u Y de X
I N iv e a u d’i n s t r u c t io n X x Y _> Z X a p p liq u é s u r Y e n tr a în e
Z ; X e st cau se de Z ;
T T o u r is m e Y e s t u n e v a r i a b le p e r
m is s iv e m a is p a s n é c e s
s a ir e m e n t c a u s e d e X.
P C h am p d e s o c c a s io n s
de v i s i t e X— Y E n fin si X = Y, o n d éfi
n ira le sy m b o le X — Y
c o m m e la v a r i a b le r é s i
F F ré q u e n ta tio n des
d u e lle o b te n u e en n e u t r a
m u sées l is a n t e n X la lia is o n e m
p i r i q u e c o n s ta té e e n tr e X
e t Y ; o n p o u r r a i t d é fin ir
une v a r ia b le d if f é r e n te
Y — X.
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l ’a m o u r d e l ’a r t
(10) I—»F
I— ce qui implique I = R
I—>C ce qui implique I =: C
F—C = I et F—C ^ R
F—R = I et F—R =: C
(11) I X P—»F
I X (P = 0 )_ » 0
(12) I X T_»F
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LES CONDITIONS SOCIALES DE LA PRATIQUE CULTURELLE
D’où le graphique :
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l ’a m o u r d e l ’a r t
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LES CONDITIONS SOCIALES DE LA PRATIQUE CULTURELLE
d’instruction les plus élevés, c’est que la part des femmes qui
achèvent leurs études supérieures est inférieure à celle des
hommes. Ainsi, à première apparence au moins, seule la Pologne
se distingue des autres pays par un ensemble de différences de
même sens qui traduisent, semble-t-il, l’effet d’une action scolaire
plus intense 12.
Toutefois, faute de rapporter la distribution du public des
musées d’art des différents pays selon les différentes variables
à la distribution de la population globale selon les mêmes va
riables, on s’expose à attribuer à des différences institutionnelles
ou culturelles des disparités ou des similitudes qui peuvent tenir
à de simples différences morphologiques. Il est évident, par
exemple, que la comparaison directe de deux populations de
visiteurs n ’a de sens que si les populations globales qui leur
correspondent présentent des compositions semblables au moins
sous le rapport de l’âge et du niveau d’instruction, et sans doute
aussi de l’ensemble des facteurs liés à la fréquentation. Lorsque
ces conditions ne sont pas réalisées, on ne peut comparer que les
caractéristiques de catégories dotées de propriétés identiques,
cette comparaison n’étant complètement fondée que dans 1 hypo
thèse où la structure globale des caractéristiques attachées aux
différentes catégories ou des facteurs qui commandent ces carac
téristiques ne peut pas être tenue elle-meme pour un facteur
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l ’a m o u r d e l ’a r t
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LES CONDITIONS SOCIALES DE LA PRATIQUE CULTURELLE
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l ’a m o u r d e l ’a r t
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LES CONDITIONS SOCIALES DE LA PRATIQUE CULTURELLE
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l ’a m o u r d e l ’a r t
atteint 1 850 000 visites alors que le nombre total des visiteurs
des cinq plus grands musées polonais (Varsovie, Cracovie, Lodz,
Lublin et Wroclaw) s’élève à 2 300 000 environ en 1963 (ce
chiffre incluant les visites gratuites dénombrées au moyen d’une
cellule photo-électrique au musée de Varsovie, ce qui entraîne
sans doute une surestimation) : on peut en conclure que la
fréquentation des Polonais est, toutes choses égales d’ailleurs,
légèrement supérieure à celle des Français. Pour la Hollande,
l’absence d’informations sur la répartition de la population par
âge et par niveau d’instruction oblige à procéder à une estima
tion à partir des données existantes, donc à introduire un élé
ment supplémentaire d’incertitude : il a fallu par exemple
admettre que les effectifs de diplômés de l’enseignement secon
daire et de l’enseignement supérieur étaient proportionnels, à
chaque âge, au nombre de diplômés de chacun de ces ordres
d’enseignement à l’époque où la catégorie considérée était en
âge d’obtenir des diplômes (c’est-à-dire par exemple que le
nombre d’individus de quarante à cinquante ans ayant un niveau
d’instruction supérieur était proportionnel au nombre de diplô
mes délivrés entre les années 1940 et 1950 environ). Quel que
soit le degré d’approximation de ce calcul, il semble possible de
dire que la fréquentation des Hollandais est à peu près égale à
celle des Français, puisque le flux théorique de 2 300 000 visi
teurs est inférieur au flux officiellement déclaré pour le public
des musées hollandais (3 500 000) mais égal au flux national
tel qu’il peut être calculé par soustraction des visiteurs étrangers
(soit, d’après l’enquête auprès du public, 42 % des visiteurs).
Ainsi, sous le rapport des taux de fréquentation, la Pologne,
la Hollande et la France s’opposent nettement à la Grèce, dont
on sait qu’elle a des taux de scolarisation très inférieurs à ceux
des trois autres pays et qu’elle fait une place très réduite au
dessin et à l’histoire de l’art dans un enseignement primordiale-
ment consacré à la langue et à la littérature anciennes. Le taux
élevé de la Pologne doit, il semble, être imputé beaucoup moins
à une action directe qui s’exercerait sur le public adulte (comme
en témoigne le taux très faible de visiteurs qui disent être entrés
pour la première fois dans un musée à l’âge adulte, à l’occasion
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LES CONDITIONS SOCIALES DE LA PRATIQUE CULTURELLE
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5
l ’a m o u r d e l ’a r t
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deuxième partie
œuvres culturelles
et attitu d e cultivée
Serpentin : « Quand je dirige sur vous ma pensée, elle se
réfléchit dans votre esprit pour autant qu’elle y trouve des idées
correspondantes et des mots convenables. Elle s’y formule en mots,
en mots que vous semblez entendre ; elle s’y habille de votre
propre langue, de vos phrases habituelles. Très probablement, les
personnes qui vous accompagnent entendent ce que je vous dis,
chacune avec ses différences individuelles de vocabulaire et
d’élocution. >
Barnstaple : « Et c’est pourquoi de temps en temps, par exem
ple (...) quand vous vous élevez jusqu’à des idées dont nos esprits
n’ont pas même le soupçon, nous n’entendons rien. j>
H. G. W e l l s ,
Monsieur Barnstaple
chez les Hommes-Dieux.
La statistique révèle que l’accès aux œuvres culturelles est le
privilège de la classe cultivée ; mais ce privilège a tous les
dehors de la légitimité. En effet ne sont jamais exclus ici que
ceux qui s’excluent. Etant donné que rien n’est plus accessible
que les musées et que les obstacles économiques dont l’action
se laisse percevoir en d’autres domaines sont ici de peu, on
semble fondé à invoquer l’inégalité naturelle des « besoins
culturels ». Mais le caractère auto-destructif de cette idéologie
saute aux yeux : s’il est incontestable que notre société offre à
tous la possibilité pure de profiter des œuvres exposées dans
les musées, il reste que seuls quelques-uns ont la possibilité réelle
de réaliser cette possibilité. Etant donné que l’aspiration à la
pratique culturelle varie comme la pratique culturelle et que le
« besoin culturel » redouble à mesure qu’il s’assouvit, 1 absence
de pratique s’accompagnant de l’absence du sentiment de cette
absence, étant donné aussi qu’en cette matière l’intention peut
s’accomplir dès qu’elle existe, on est en droit de conclure qu’elle
n’existe que si elle s’accomplit ; ce qui est rare, ce ne sont pas
les objets, mais la propension à les consommer, ce « besoin
culturel » qui, à la différence des « besoins primaires », est le
produit de l’éducation : il s’ensuit que les inégalités devant les
œuvres de culture ne sont qu’un aspect des inégalités devant
l’Ecole qui crée le « besoin culturel » en même temps qu’elle
donne le moyen de le satisfaire.
Outre la pratique et ses rythmes, toutes les conduites des
visiteurs et toutes leurs attitudes à l’égard des œuvres exposées
sont liées directement et presque exclusivement à l’instruction
mesurée soit aux diplômes obtenus soit à la longueur de la sco-
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ŒUVRES CULTURELLES ET ATTITUDE CULTIVÉE
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ŒUVRES CULTURELLES ET ATTITUDE CULTIVÉE
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3 Mieux que dans les opinions devant les œuvres de culture savante,
peintures et sculptures par exemple, qui, par leur haut degré de légitimité!
sont capables^ d’imposer des jugements inspirés par la recherche de la
conformité, c est dans la production photographique et les jugements
sur des images photographiques que se livrent les principes du « goût
populaire » (cf. P. Bourdieu, Un art moyen, Essai sur les usages sociaux
de la photographie, Paris, Ed. de Minuit, 1965, pp. 113-134).
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ŒUVRES CULTURELLES ET ATTITUDE CULTIVÉE
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ŒUVRES CULTURELLES ET ATTITUDE CULTIVÉE
visite soit balisée par des flèches et 89 % que les œuvres soient
accompagnées de panneaux explicatifs [cf. App. 2, tab. 3]. Plus
de la moitié des opinions qu’ils expriment enferment cette
attente : « Pour quelqu’un qui veut s’intéresser, c’est difficile.
Il voit que de la peinture, des dates. Pour pouvoir faire des
différences, il manque un guide. Sinon, c’est tout pareil » (ou
vrier, Lille). « Je préfère visiter le musée avec un guide qui
explique et fait comprendre les points obscurs pour le commun
des mortels » (employé, Pau).
Les visiteurs des classes populaires voient parfois, dans
l’absence de toute indication capable de faciliter la visite, l’ex
pression d’une volonté d’exclure par l’ésotérisme, sinon, comme
le disent plus volontiers les visiteurs plus cultivés, une intention
commerciale (à savoir de favoriser la vente des catalogues). En
fait, flèches, panneaux, guides, conférenciers ou hôtesses ne
suppléeraient pas vraiment au défaut de formation scolaire, mais
ils proclameraient, par leur simple existence, le droit d’ignorer,
le droit d’être là en ignorant, le droit des ignorants à être là ;
ils contribueraient à minimiser le sentiment de l’inaccessibilité de
l’œuvre et de l’indignité du spectateur qu’exprime bien cette
réflexion entendue au château de Versailles : « Ce château n’a
pas été fait pour le peuple, et ça n’a pas changé... ».
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l ’a m o u r d e l ’a r t
son pardessus trop long qui lui bat les mollets ; ils déambulent
au hasard, montrent du doigt, au loin, ce qu’ils veulent approcher,
parlant haut. Us passent rapidement devant certains stands, sans
s’arrêter. Au hasard de leurs pérégrinations, ils atteignent la
salle de céramiques du musée où ils pénètrent. Us la parcourent
lentement et ils en font scrupuleusement le tour, inspectant chaque
vitrine l’une après l’autre ; l’homme a maintenant les mains dans
les poches, ils ont tous deux baissé la voix ; pourtant, ici, ils sont
seuls. » Aussi l’atmosphère des deux parties du musée est-elle très
différente : « ici, c’est le silence recueilli et la calme ordonnance
des lentes évolutions le long des murs ; là, dans l’affluence de
l’après-midi, on est un peu étourdi par les conversations bruyantes,
les objets qu’on remue et qui raclent sur le carrelage, les gosses
qui courent tandis que les parents les rappellent vivement à
l’ordre. Il y a d’ailleurs beaucoup d’enfants et le gardien s’en
étonne : « Qu’est-ce qu’il y a comme familles nombreuses, hein ! »
Les visiteurs touchent à tout, essaient les fauteuils, soulèvent les
matelas des canapés, se penchent pour regarder sous les tables.
Ils cognent du doigt le bois ou le métal pour estimer la matière et
soupèsent les couverts. Un couple se penche sur les couverts en
argent : « Tu vois, dit la femme, si j’avais à recommencer une
ménagère, j’achèterais ça. » Elle prend un couteau et une four
chette, feint de découper quelque chose sur une assiette imaginaire
et porte la fourchette à la bouche. » Et les comportements des
visiteurs diffèrent si profondément que l’observateur, condamné,
dans un premier moment, à la sociologie spontanée, impute à une
différence dans le recrutement social du public (que l’analyse
statistique dément) des différences qui tiennent d’abord à la signi
fication sociale du musée et d’une exposition qui y introduit, par
exception, l’atmosphère d’un grand magasin, musée du pauvre,
non sans susciter quelque indignation chez les visiteurs les plus
conformes du musée traditionnel. La conversion de toute l’attitude
qu’opèrent les visiteurs peut se résumer dans les oppositions sui
vantes, celles-là mêmes qui distinguent l’univers sacré de l’univers
profane : intouchable-touchable ; bruit-silence recueilli ; explora
tion rapide et sans ordre - procession lente et réglée ; appréciation
intéressée d’œuvres vénales - appréciation pure d’œuvres « sans
prix ».
Affrontés à l’épreuve (au sens scolaire du terme) que repré
sente pour eux le musée, les visiteurs les moins cultivés sont peu
enclins à recourir en fait au guide ou au conférencier (quand ils
existent), craignant de révéler leur incompétence. « Pour une
personne venant pour la première fois, à mon avis, elle est un
peu perdue... Oui, des flèches, d’abord, ça guiderait ; on n’aime
pas beaucoup demander » (femme de ménage, Lille). Ignorant
la conduite conforme et soucieux avant tout de ne pas se trahir
par des comportements contraires à ce qu’ils jugent être la
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ŒUVRES CULTURELLES ET ATTITUDE CULTIVÉE
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l ’a m o u r d e l ’a r t
Alors que les membres des classes cultivées répugnent aux for
mes les plus scolaires d’aide, préférant l’ami compétent au confé
rencier et le conférencier au guide que raille l’ironie distinguée,
les visiteurs des classes populaires ne redoutent pas l’aspect évi
demment scolaire d un encadrement éventuel : « Au point de vue
explications, plus qu’y en a, mieux c’est... C’est toujours bien
d’avoir des explications pour n’importe quoi (...). Le plus im
portant, c est le guide, qui nous guide et nous donne des explica
tions » (ouvrier, Lille). « J ’aimerais pas être tout seul, mais avec
quelqu un de qualifié. Autrement, on passe et on ne voit rien »
(ouvrier, Lille). Faute de pouvoir définir clairement les moyens
de combler les lacunes de leur information, ils invoquent, pres
que magiquement, l’intervention des intercesseurs et des média
teurs les plus consacres, capables de rapprocher les œuvres
inaccessibles, et la part des visiteurs qui souhaitent l’aide d’un
conférencier (plutôt que d’un ami compétent) passe, en France, de
57,5 % pour les classes populaires à 36,5 % pour les classes
moyennes et à 29 % pour les classes supérieures [cf. App. 2,
tab. 2 ] 20 « Oui, un conférencier, on s’instruit... Des conféren
ciers, ce sont presque toujours des académiciens qui connaissent
les machins sur le bout des doigts, ce sont des professeurs, c’est
utile. » On voit que ceux qui invoquent la répugnance des classes
populaires à l’égard de l’action scolaire ne font que leur prêter,
selon l’ethnocentrisme de classe qui caractérise l’idéologie popu
liste, leur propre attitude à l’égard de la culture et de l’école 21.
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ŒUVRES CULTURELLES ET ATTITUDE CULTIVÉE
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l ’a m o u r d e l ’a r t
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ŒUVRES CULTURELLES ET ATTITUDE CULTIVÉE
La part des visiteurs qui citent des écoles croît, dans tous les
pays, à mesure que s’élève le niveau d’instruction. En Pologne,
toujours très faible, elle est de 2 % pour les classes moyennes et
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l ’a m o u r d e l ’a r t
23 Dans tous les pays, la part de ceux qui déclarent être venus pour
voir les œuvres d’art les plus prestigieuses — peinture et sculpture —
augmente en même temps que s’élève le niveau d’instruction, la part
de ceux qui sont venus voir les objets folkloriques et historiques variant
en sens inverse. En Hollande, la part des amateurs de peinture et
sculpture passe de 59 % pour les classes populaires à 71 % pour les
classes moyennes et 76 % pour les classes supérieures, alors que la part
des visiteurs qui s’intéressent aux objets historiques et folkloriques passe
de 19 % à 12 % et 9 %. De même en Pologne, 36 %, 57 %, 7 1 %
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ŒUVRES CULTURELLES ET ATTITUDE CULTIVÉE
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citent aussi des peintres nationaux, mais dans une proportion moins
grande que les Polonais, sans doute parce que l’enseignement
n’accorde pas à la peinture grecque de l’époque moderne une
place et un sens analogues à ceux qui lui sont conférés en Polo
gne, et aussi parce que, devant moins directement leurs goûts
et leurs préférences à un enseignement qui fait une place
extrêmement réduite à l’histoire de l’art, ils accordent une
part plus grande aux peintres étrangers. Le fait que les vingt
peintres les plus souvent nommés représentent 94,1 % des mentions
en Grèce, 31,1 % en Pologne, 60,9 % en Hollande et 50,8 % en
France, le fait aussi que les deux premiers peintres cités repré
sentent à eux seuls à peu près la moitié des mentions en Grèce
et en Pologne (54,2 % et 46,3 %) contre 37,3 % en Hollande et
16,3 % en France) témoigne que le champ des peintres connus
(et aimés) tend à s’accroître à mesure que croît le capital culturel
national. Les différences entre les préférences du public français
et du public hollandais s’expliquent sans doute pour une part
par le contenu des collections artistiques des deux pays ; il est
en outre remarquable que des peintres comme Klee (qui n’appa
raît, en France, que dans le palmarès des classes supérieures) ou
Mondrian et Kandinski apparaissent en assez bon rang parmi les
peintres cités par l’ensemble du public hollandais [cf. App. 5,
tab. 11]. Les Italiens, très attachés à leurs traditions nationales
et surtout régionales, placent aux premiers rangs les peintres lo
caux, au côté des gloires plus établies, Botticelli ou Vinci, tandis
que Rembrandt, Goya et les impressionnistes n’apparaissent que
dans le public cultivé de Milan.
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Est-il surprenant que les goûts et le bon goût que les sujets
les plus cultivés doivent à l’action homogène et homogénéisante,
« routinisée » et « routinisante » de l’institution scolaire, soient,
en définitive, très orthodoxes et que, comme le remarquait Boas,
« la pensée de ce que nous appelons les classes cultivées soit
contrôlée principalement par les idéaux qui ont été transmis par
les générations passées » 24 ? Si les plus déshérités en matière de
culture détiennent et expriment plus souvent que les autres ce
qui apparaît à l’observateur comme la vérité objective de l’expé
rience cultivée, c’est que, de même que l’illusion de la compré
hension immédiate de l’environnement culturel n’est possible
qu’à l’intérieur du monde natal, où les comportements et les
objets culturels sont façonnés selon des modèles immédiatement
maîtrisés, de même l’illusion charismatique, née de la familiarité,
ne peut se développer que chez ceux pour qui le monde de la
culture savante est aussi le monde natal. Autrement dit, le
déconcertement et le désarroi de ceux qui sont dépourvus du
« chiffre » culturel rappelle que la compréhension d’une con
duite ou d’une œuvre culturelle est toujours déchiffrement médiat,
même dans le cas particulier où la culture objective et objectivée
est devenue culture (au sens subjectif), au terme d’un long et lent
processus d’intériorisation.
C’est pourquoi, dire que les hommes cultivés sont des hom
mes qui possèdent une culture est plus qu’une simple tautologie.
Lorsqu ils appliquent, par exemple, aux œuvres de leur époque
des categories heritees et ignorent du même coup la nouveauté
irréductible d œuvres qui apportent avec elles les catégories
mêmes de leur propre perception, les hommes cultivés qui appar-
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27 Sans doute les différences seraient-elles plus marquées si, dans les
pays dont le capital culturel est le plus élevé, les cadres supérieurs (plus
que les spécialistes d’art qui voient dans le guide ou le catalogue un
instrument de travail) n’étaient enclins à refuser d’utiliser le guide ou de
déclarer qu’ils l’utilisent par crainte de manifester des attitudes « scolai
res » ou, pire, « touristiques ». Les conduites qui, telles que celles-ci,
supposent la prise en compte plus inconsciente que consciente du rende
ment symbolique de la pratique et, plus précisément, des distinctions
entre des types ou des modalités différentes de la pratique, sont, si l’on
peut dire, réservées aux classes privilégiées des pays dotés d’un fort
capital culturel.
28 Ces propositions, vérifiées par différentes observations anterieures
(voir en particulier P. Bourdieu et J.-C. Passeron, Les etudiants et leurs
études, Paris. Mouton, 1964 et P. Bourdieu et al, Un art moyen), sont
confirmées et précisées par les résultats d’une enquete, actuellement en
cours d’analyse, sur les variations sociales du jugement de goût.
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troisième partie
les lois de la diffusion
culturelle
L’Education peut tout : elle fait danser les ours.
L eibniz .
Par opposition à la fréquentation occasionnelle, qui est sou
vent un simple effet du hasard, la pratique régulière exprime et
suppose une adéquation plus ou moins complète entre les œuvres
offertes et le degré de compétence picturale des visiteurs, entendu
comme capacité d’appréhender les informations proposées et
de les déchiffrer, d’y voir des significations ou, mieux, des formes
signifiantes.
Autrement dit, la fréquentation des musées obéit à une logique
que connaît la théorie de la communication, puisque, à la façon
d’un émetteur de radio ou de télévision, le musée propose une
information qui peut s’adresser à tout sujet possible sans qu’il
en coûte davantage et qui ne prend sens et valeur que pour un
sujet capable de la déchiffrer et de la goûter. Il s’ensuit que le
public adéquat du message est défini, à la fois logiquement et
expérimentalement, par 1’ « appel » qu’exercent sur lui les
musées ou, mieux, par l’aptitude à recevoir l’information qu’ils
proposent : en effet, bien que cette information unique puisse
être inégalement et différemment déchiffrée par des sujets diffé
rents, il reste que l’on peut supposer que la fréquentation assidue
implique la maîtrise du code du message proposé et l’adhésion
à un système de valeurs qui fonde l’octroi de valeur aux signifi
cations déchiffrées, au déchiffrement de ces significations et à la
délectation que procure ce déchiffrement. Il s’ensuit que la
structure (sous le rapport de la compétence scolaire) du public
assidu des musées (et de tout public d’un message donné) peut
être considérée comme un indicateur approximatif du niveau de
l’information proposée par les musées ; ainsi, du fait que la caté
gorie de loin la plus représentée dans le public des musées est
celle des détenteurs d’un diplôme de fin d’études secondaires, du
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fait aussi que les visiteurs qui n’ont pas atteint ce niveau mani
festent par nombre d’indices leur désarroi, on peut conclure que
l’information offerte par les musées français est — que l’on
accorde l’expression — « du niveau du baccalauréat ».
En fait, bien qu’elle ait une grande valeur opératoire en ce
qu’elle permet de rendre raison de la structure du public des
musées, l’information globalement offerte par les musées reste
une abstraction et, du même coup, le niveau de cette informa
tion. Outre que chacun des musées offre nécessairement une
information globale dont le niveau particulier est défini, grossiè
rement, par le type, la qualité et la quantité des œuvres présen
tées, ce niveau lui-même ne peut pas être défini ponctuellement
parce que, sauf exceptions rares, le contenu d’un musée ou même
d’une exposition n’est jamais parfaitement homogène : la plupart
des musées proposent plusieurs types d’œuvres, depuis les objets
folkloriques, les souvenirs historiques, le mobilier ou la cérami
que, jusqu’à la peinture et la sculpture et, à l’intérieur d’un
même type,- juxtaposent des œuvres inégalement lisibles pour les
hommes « cultivés » de nos sociétés, par exemple, des impres
sionnistes et des abstraits. A quoi il faut ajouter que la même
œuvre peut être déchiffrée selon plusieurs grilles et que, comme
le western peut faire l’objet d’une adhésion naïve ou d’une lec
ture savante, la même œuvre picturale peut être reçue différem
ment par des récepteurs de niveaux différents et, par exemple,
satisfaire l’intérêt pour l’anecdote ou retenir par ses seules pro
priétés formelles. On voit aussi, à l’évidence, que le niveau
culturel ne peut davantage être défini ponctuellement, d’abord
parce qu’il est toujours en devenir et que chaque perception
nouvelle de l’œuvre transforme les perceptions ultérieures, la
perception répétée étant une façon de réduire 1’ « originalité »
de l’œuvre (au sens de la théorie de l’information) en assimilant
une part toujours plus grande de l’information qu’elle enferme ;
ensuite, parce qu’il ne peut être défini indépendamment des
aspirations qui lui donnent sa vraie signification, la bonne vo
lonté culturelle pouvant porter à rechercher comme instructive la
contemplation d’œuvres supérieures à son propre niveau.
Faute de pouvoir créer la situation expérimentale qui per
mettrait de comparer la structure du public qui répondrait à des
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LES LOIS DE LA DIFFUSION CULTURELLE
FREQUENCE
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FRÉQUENCE
LES LOIS DE LA DIFFUSION CULTURELLE
soi (toutes choses étant égales d’ailleurs) créer une pratique durable
et modifier durablement les probabilités et les taux de fréquen
tation, il est légitime de ne pas prendre en compte ces phénomènes
dans le modèle.
La probabilité de voir une personne de niveau x entrer au
musée est, d’après (1), t (x) = (x) ; la proportion de personnes
de ce niveau qui entrent au musée est donc d (x). m (x) et pour
l’ensemble de l’intervalle de variation de la variable cette propor
tion s’obtient par la sommation
OO
(2) t = 2 d (x) oo (x)
x=o
OO
S d (x) = kd
X=0
tandis que £ to (x) prendra des valeurs d’autant plus élevées que
x
les œuvres présentées seront plus nombreuses et plus fortement
consacrées.
Le taux de pratique prend la forme :
OO
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oo
l’exposition, qui renforce l’intensité de la somme £ w (x) sans
x
en modifier la structure, attire un public plus nombreux mais de
structure à peu près identique.
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LES LOIS DE LA DIFFUSION CULTURELLE
da dß (6)
(5) et ß' = Q'
D'd = D'x "dcT co x do
8F da
D 'ü dx et — = 4^ dx
8d dß Sco Jcn J™ '
SF da
Sd dd [° “]r - J Dû' d*
Le premier terme est nul — comme condition nécessaire d’inté-
grabilité de (Dfï).
dx _ _dß
Si en outre
dd d(jj
SF _ _ SF
on a bien :
Sd Sco
_ kd ___ L (x~d)2
“ - v T ^ re 2 *2
d
x est le niveau de demande mesuré en années ; l’écart-type <7 d de
cette distribution est lui-même indépendant de x ; d est alors le
niveau modal ou moyen.
(x-co)2
kco
ß =
Tco ^
k désignant le capital offert par le musée dont la taille est un
indicateur et l'écart-type supposé également indépendant de x.
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ARLES ARRAS
DIJON DOUAI
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LES LOIS DE LA DIFFUSION CULTURELLE
En abscisses : L Licence
B Baccalauréat
b Brevet
c Certificat d’études
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