INTRODUCTION GENERALE
Les relations internationales en tant que disciplines sont mal connues. Le plus souvent, elles
sont réduites à l’étude de la Guerre froide ou encore à l’actualité ou plus simplement au
journalisme qui se définit comme : « La relation quotidienne des faits ».
Si la discipline est récente (elle a à peine un siècle d’existence), l’objet qu’elle étudie est fort
ancien puisque des relations entre peuples, cités Etat, Royaumes et principauté de
l’antiquité existaient bien avant la naissance des Etats à partir du XVIème siècle.
L’objectif du cours magistral sera d’étudier les relations internationales afin de mieux
appréhender ce qui est en jeu dans cette relation aux multiples aspects et de répondre aux
questions suivantes :
Quel est l’acteur principal à étudier pour mieux comprendre la vie internationale
dans son ensemble ou dans certains de ses enjeux ? S’agit-il de l’Etat, des
Organisations humanitaires, des groupes religieux, des medias ou encore des
industriels de l’armement, de simples citoyens ?
Pourquoi la Guerre est fréquente et la Paix si difficile ?
Le cours magistral essaiera de donner quelques réponses à ces préoccupations selon la
démarche suivante :
CHAPITRE I – La discipline relation interne : présentation générale
1- L’histoire de la discipline
2- Définition et objet des relations internationales
3- Caractéristiques
4- Méthodes
CHAPITRE II – Les Principales approches théoriques des Relations internationales
1- L’école réaliste
2- L’école libérale
3- L’école marxiste
CHAPITRE III – l’analyse historique ou les grandes étapes des relations internationales de
1815 à nos jours
1- La chute du système européen (1815-1920)
2- Les bipolarisations
3- Depuis 1991, quel système international ?
Pour ces auteurs, la Société internationale est déterminée par les relations entre entités
politiques souveraines dont chacune tend à faire prévaloir son intérêt au moyen de sa
puissance par l’instrument de la diplomatie et la guerre.
La théorie réaliste est composée de quatre éléments clés :
Le premier est constitué par l’appétit de puissance. La politique comme la société est
gouvernée par des lois qui ont leur racine dans la nature humaine. Or « l’homme est
un loup pour l’homme », il n’aspire qu’à la puissance, l’Etat lui aussi est doté d’un
appétit de puissance. Cet « état de nature » fait que la vie internationale est
anarchique, tout se repose sur l’intérêt de de l’Etat, cette course à l’appétit de
puissance est certes atténué par la coopération et par les règles mais elle est toujours
présente.
La primauté du politique et de l’Etat : l’Etat est considéré comme l’acteur privilégié
des relations internationales même si les flux internationaux se sont multipliés. Pour
eux, malgré l’arrivée de nouveaux acteurs, l’Etat est toujours au centre des RI, les
grandes puissances surtout.
Les relations entre Etats reposent sur des rapports de force : Les Etats souverains
s’expriment en termes de puissance. Les conflits sont l’expression de rivalités
étatiques, la violence fait partie des Relations Internationales. Le droit pour l’Etat d’y
recourir est lié à l’impératif à la sécurité, c’est-à-dire la nécessité d’assurer la survie.
Le principe de l’équilibre des puissances : selon les réalistes, c’est le moyen qui peut
apporter un minimum de stabilité dans les RI, il s’agit d’une conciliation des intérêts
des Etats entre eux. En d’autres termes, des pays dotés d’une puissance de même
niveau ne se font par la guerre.
Le libéralisme commercial. Pour les libéraux commerciaux, c’est le libre échange qui peut
encourager la coopération et la paix au niveau international. Le libéralisme commercial
estime que les intérêts d’une part et l’intérêt de la Communauté internationale peuvent
converger d’autre part. Le libre-échange, en encourageant l’interdépendance pour le plus
grand bien de tous c’est-à-dire permettant l’enrichissement permet aux Etats de constater
que la guerre ne paie pas. La théorie en conclu que si l’on veut favoriser le développement
du commerce et l’enrichissement mutuel.
Le libéralisme institutionnel : Pour ce courant, ce sont les institutions internationales dotées
d’un pouvoir stabilisateur qui peuvent faire reculer la guerre. En effet, elle consolide en
institutionnalisant la coopération entre Etats jusqu’à la rendre inévitable, Exemple : l’Union
Européenne. Elle dissuade par les mécanismes de sanction les Etats de rechercher des gains
unilatéraux, elles développent la communication et limitent ainsi les risques
d’incompréhension et de conflit, elles encouragent la paix, en réunissant différents
domaines de coopération (Technique, économique et politique). L’on distingue dans cette
approche deux propositions principales.
Tout comme les différends entre individus, les conflits entre Etats peuvent être résolu par
des procédures juridiques mise en œuvre par des Organisations internationales (Exemple :
ONU ou l’Union Européenne).
Mais aussi, par la sécurité collective c’est-à-dire l’opposition d’un ensemble d’Etat contre
tout agresseur qui aurait déclenché un conflit.
III- L’école Marxiste
Comme le réalisme et le libéralisme, la théorie d’inspiration marxiste a l’ambition d’une
analyse globale et tente de déterminer la variable générale des RI au-delà des cas
particuliers. Mais, contrairement aux deux premières théories qui placent les facteurs
politiques au centre de leur analyse (Recherche de la puissance pour le réalisme, nature des
relations Etats-Société pour le libéralisme).
Le marxisme accorde la priorité aux rapports de force économique : Ceux qui imposent la
logique capitaliste de l’exploitation en divisant le monde en un « Centre » et une
« Périphérie ».
Pour les Marxistes, la politique internationale ne peut donc être comprise que comme un
effet de la structure économique dominante : Le système capitaliste mondial.
Pour les marxistes, l’impérialisme organise différentes stratégies économiques, politiques,
idéologiques, social et militaire pour préserver ses taux de profit. Le système international
est un produit du capitalisme, les Etats capitalistes sont dominateurs et agressifs, les conflits
sont avant tout à des phénomènes d’exploitations économiques et sociales. Les véritables
acteurs du jeu de la politique mondiale (RI) sont les détenteurs du capital.
b) Causes politiques
Avant la révolution de 1905, le tsar avait été contraint de libéraliser en façade son régime en
créant une assemblée, la Douma (Assemblée en russe) mais il avait pris soin de lui enlever
tout pouvoir et l’affaiblir. Ce qui avait mécontenté la bourgeoisie russe réunie au sein du
parti constitutionnel démocrate(PCD). La guerre avait accru ce mécontentement (1914-
1918) avec les nombreuses défaites militaires, les pertes massives de soldats, l’inflation
galopante et la famine qui font dresser la population contre le régime.
c)-La chute du tsar et la révolution d’octobre
Très peu au fait de la réalité, le tsar ne fait rien pour redresser la situation et commet
l’erreur de faire tirer sur la foule alors que celle-ci criait famine. Manquant de soutien
populaire, isolé, il est contraint d’abdiquer le 15 mars 1917. Il s’écoule une période de sept
mois au cours de laquelle, la bourgeoisie libérale réussie à confisquer au peuple sa victoire.
Il faut attendre octobre 1917 pour que les Bolchevick profitent du désordre généralisé et de
l’aggravation de la crise pour s’emparer du pouvoir.
Une fois au pouvoir, les bolchevick encouragent directement ou indirectement, les
révolutions dans le monde, particulièrement en Europe. Allemagne, ils encouragent
« l’insurrection spartakiste » (6 au 11 janvier 1919) et également en Hongrie où ils
soutiennent le communiste Bela Kun. Ces révolutions ne connaissent pas de succès face à la
réaction énergique des milieux conservateurs et d’autres forces de gauche hostiles au
communisme (socialisme). Nullement découragés, les révolutionnaires soviétiques mettent
en place l’internationale communiste appelée le Komintern (mars 1919) dont le rôle est de
coordonner la révolution universelle. Il soutient les partis communistes qui naissent en
Chine, en Indonésie, en Indochine, en Mongolie, en France, dans les pays d’Europe de l’Est et
aux USA.
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Libérée par l’Armée Rouge, la Tchécoslovaquie est, en 1948, le seul pays de l’Europe
orientale sous influence soviétique qui n’avait pas un régime communiste. C’était un
gouvernement de Front national composé de libéraux, de socialistes et de communistes.
Mais après l’appel de Jdanov, les communistes minoritaires manœuvrent pour conquérir le
pouvoir d’Etat. Pour les en empêcher, les ministres libéraux démissionnent afin de
provoquer des élections anticipées. Mais s’aidant des milices populaires et des ouvriers qu’il
a armés, le parti communiste tchèque impose un gouvernement composé uniquement de
communistes. C’est le « coup de Prague ».
b) Le blocus de Berlin et la naissance des Etats allemands (juin 1948 à mai 1949)
Fortement traumatisés par le « coup d’Etat » communiste en Tchécoslovaquie, les
Occidentaux décident d’accélérer dans leur zone, la reconstitution d’un Etat Allemand fort
capable de faire barrage au communisme. Pour ce faire, ils fusionnent leurs zones
d’occupation et instaurent une réforme monétaire avec la création d’une nouvelle monnaie,
le Deutschemark. Cette décision déplaît fortement aux Soviétiques qui en retour organisent
le blocus de Berlin Ouest en fermant tous les accès. Les USA répliquent par l’organisation
d’un « pont aérien » qui sauve Berlin Ouest de l’asphyxie économique. Surpris par la
détermination des USA, l’URSS lève le blocus en mai 1949. L’épreuve de force consacre la
division de l’Allemagne en deux Etats : la République Fédérale d’Allemagne (RFA) pro
occidental et la République Démocratique d’Allemagne (RDA) pro communiste.
c) Le pacte Atlantique (avril 1949)
Sur la base des évènements de Prague et de la crise de Berlin, les pays d’Europe et les
USA redoutent très sérieusement une attaque soviétique. Un rapprochement s’opère donc
entre les deux rives de l’Atlantique. Aussi les Européens, dépourvus de toute capacité
militaire confient leur sécurité et la défense de l’Europe aux USA, détenteurs de l’arme
atomique. Le 12 avril 1949 à Washington, les USA et 12 pays d’Europe signent le Pacte
Atlantique qui donnera naissance à l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) sa
structure militaire en 1950.
d) Le réarmement des deux Allemagnes (1950-55)
Le militarisme allemand est la cause principale du déclenchement de la seconde guerre
mondiale. Les Alliés s’étaient donc entendus (Conférences de Yalta et de Postdam) pour
désarmer l’Allemagne et l’empêcher de prendre sa revanche. Cependant, sous l’effet des
évènements de 1948-1949, les Occidentaux décident de réarmer l’Allemagne mais dans le
cadre de l’OTAN. Cette décision est mise en œuvre en 1954 avec l’entrée de la RFA dans
l’OTAN. Les Soviétiques répliquent en intégrant la RDA au système défense du bloc
soviétique, le Pacte de Varsovie en mai 1955.
Tous ces évènements indiquent aux deux Grands qu’il n’est plus possible de s’étendre
en Europe sans risquer un conflit nucléaire avec l’adversaire. Aussi, la guerre froide se
déplace-t-elle en Asie, un terrain laissé vierge par la défaite japonaise et l’affaiblissement des
puissances coloniales.
++ La guerre froide en Asie (1950-1954)
a) La victoire communiste en Chine
Depuis 1927, une guerre civile opposait le parti du Kuomintang (nationalistes) dirigé par
Tchang Kai Tcheck (pro capitaliste) aux communistes de Mao Tsé Toung. Dans le contexte de
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la guerre froide, les USA accordent une aide de 2 milliards $ à leur allié pour vaincre les
communistes. En vain. Corrompues, mal organisées et rejetées par la population, les troupes
de Tchang sont battues. L’immense Chine (9000000 de km2 et 600.000000 d’habitants)
devient communiste en octobre 1949 et renforcent le camp socialiste.
b) L’insertion de la guerre d’Indochine dans la guerre froide (1950-1954)
Depuis 1946, les Français étaient opposés aux rebelles du Vietminh de tendance
communiste qui luttaient pour l’indépendance du Vietnam. A l’époque, les USA dénonçaient
cette guerre de type colonial que menait la France en Indochine. Mais quand en juin 1950, la
Corée du nord attaque la Corée du sud, ils estiment que la France lutte contre l’expansion
communiste en Asie du Sud-est. Elle a donc besoin d’aide pour écraser les communistes du
Vietminh soutenus par Pékin et Moscou. Malgré une aide massive des USA qui prennent en
charge 80% du coût de la guerre, le Vietminh l’emporte sur les Français le 7 mai 1954 à Dien
Bien Phu.
c) La guerre de Corée (1950-1953)
De 1905 à 1945, la Corée était une colonie japonaise. Après la défaite du Japon en 1945,
les armées américaines et soviétiques occupent le pays de part et d’autre du 38°// choisie
comme ligne de démarcation à la conférence de Postdam (juillet à août 1945). Comme en
Allemagne, les deux Grands n’arrivent pas à s’entendre sur la mise en place d’un
gouvernement central coréen. Conséquence, on assiste à la naissance de deux Etats à savoir,
la Corée du Nord pro communiste, alliée de Moscou et la Corée du sud pro capitaliste, alliée
des USA. Les deux Etats rêvent de réunifier la péninsule coréenne sous la bannière de leurs
idéologies respectives.
Le 25 juin 1950, la Corée du nord attaque par surprise le sud. En quelques semaines, les
troupes du nord occupent tout le sud. En application de la « doctrine Truman », les USA
interviennent à la tête d’une coalition internationale sous drapeau onusien pour repousser
les agresseurs nord-coréens. En quelques semaines, les troupes américano-onusiennes
renversent la situation et portent la guerre en Corée du Nord. La guerre fait rage et voit
l’intervention de Pékin (300000 « volontaires ») et de Moscou aux côtés de leur allié, la
Corée du nord. Cette guerre entraine la mort de 2.500. 000 personnes (militaires et civils) en
trois ans. Elle se termine par l’armistice de Pan Mun Jon en juillet 1953. Il n’y a ni vainqueur,
ni vaincu. Pendant qu’ils se battent, les deux Grands organisent leurs camps respectifs dans
la perspective d’un affrontement de grande envergure.
2-La structuration des deux blocs
Elle se fait sur les plans idéologique, militaire et économique.
Sur le plan idéologique
La doctrine, c'est-à-dire la ligne de conduite idéologique est la « doctrine Truman » pour
les Occidentaux et la « doctrine Jdanov » pour l’URSS et ses alliés.
Sur le plan militaire
Pour le bloc occidental, il a été créé deux organisations militaires à savoir, l’Organisation
du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) en 1950 (elle couvre militairement l’Europe de l’Ouest
et l’Atlantique nord c’est-à-dire les USA et le Canada) et l’Organisation du Traité de l’Asie du
Sud-Est (OTASE) en 1954. En plus de ces deux grandes organisations militaires, les USA
signent plusieurs pactes bilatéraux avec la Corée du sud, le Japon, le Pakistan, la Turquie et
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Depuis 1991, la thèse qui semble s’imposé est celle de l’Unipolarité, elle part du principe
qu’il n’existe qu’une seule super puissance qui seule dominerait le monde. Certains faits
tendent à donner du crédit à de telles affirmations :
Les USA sont une puissance diplomatique (ONU)
Les USA sont une puissance militaire de premier plan
Les USA sont une puissance financière (Dollar)
Au vue de ces faits, l’on serait donc dans un système unipolaire. Mais le problème est que
l’état général du monde actuel se caractérise par la compétition, la recherche du profit, la
croissance quantitative, le court terme, le marché, la technoscience et la marchandisation du
monde. D’autres pôles politiques se sont développés : Russie- Chine- Union européenne. Les
acteurs les plus puissants d’un tel système sont les marchés financiers (Bourses), les firmes
géantes (multinationales), les grands groupes médiatiques planétaires, les grands complexes
de la technoscience, les Etats les plus riches et quelques Organisations internationales telles
que le FMI, l’OMC, la Banque mondiale, l’OTAN. L’on peut ajouter à cette liste, les
internationales religieuses, terroristes (Al Qu’Aïda), sportive (FIFA).
En réalité, il n’y a pas une source unique de pouvoir, mais plutôt un éclatement de pouvoir
et de la puissance. Donc les USA représentent une source de pouvoir parmi tant d’autres. Il
est plus juste de parler de multipolarité du monde.
CONCLUSION GENERALE
L’objectif de ce cours était de répondre à quelque questions essentielles posées par l’étude
des RI. Il s’agissait également de contribuer à une meilleure connaissance de cette discipline
et de sa place dans l’ensemble des savoirs.
BIBLIOGRAPHIE
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