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LES PROBLEMES DEMOGRAPHIQUES EN

AFRIQUE

NIVEAU : LICENCE 3
Conception du cours

Dr. BOSSON Ebi

Direction du cours

Dr. SERHAN Nasser


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Abidjan, Septembre 2020

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UNIVERSITE HOUPHOUET-BOIGNY
INSTITUT DE GEOGRAPHIE TROPICALE

Année universitaire : 2019-2020

SYLLABUS DE COURS
INTITULE DU COURS : Analyse des problèmes démographiques en

Afrique

Code : …………….
Type : CM
Volume horaire : …12……. H
UE de rattachement : (………………………………………………………….)
………………………………………………………………………………………
Niveau du cours : L3
Semestre : 6
Nombre de crédit : ……3……
Nom de l’enseignant : SERHAN Nasser
Les objectifs
L’objectif final du cours
Faire connaitre les problèmes démographiques en Afrique et leur implication au plan
du développement socioéconomique
Les objectifs spécifiques
. Présenter le contexte démographique du continent Africain
. Montrer les implications de la croissance démographique sur les équilibres du
développement
Les pré-requis
Disposer de notions de géographie humaine et économique.
Le contenu

Chapitre 1 : Les principales caractéristiques de la population africaine


Chapitre 2 : Les Problèmes de population en Afrique
Chapitre 3 : Population et développement ; Les grandes positions doctrinales du
malthusianisme

1ère session : à la fin du cours


Session de rattrapage (2ème session)

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Programme du cours
N° de Séance Contenu Lectures/travaux
Chapitre 1 : Les principales
caractéristiques de la population
africaine Références
1 Les caractéristiques de la population bibliographiques :
Séance 1 africaine ouvrages, coupures
Date : 2 Une population à croissance rapide
de presse et
3 Une population extrêmement jeune
4 Une population inégalement répartie parutions
5 Une urbanisation accélérée

Chapitre 2 : les Problèmes de


population en Afrique
1- Les structures démographiques à
problème
2- la persistance d’une fécondité élevée
Références
3- la persistance d’une mortalité élevée bibliographiques :
Séance 2
4- le VIH SIDA une menace pour le continent ouvrages, coupures
Date : Africain de presse et
5- un taux d’analphabétisme encore élevé parutions
6- Les profondes inégalités entre les sexes
7- une forte mobilité spatiale
8- La poussée des réfugiées

Chapitre 2 : les Problèmes de Références


population en Afrique bibliographiques :
Séance 3 5- un taux d’analphabétisme encore élevé ouvrages, coupures
6- Les profondes inégalités entre les sexes de presse et
Date : 7- une forte mobilité spatiale
8- La poussée des réfugiées parutions

Chapitre 3 : Population et Références


développement ; Les grandes bibliographiques :
positions doctrinales : ouvrages, coupures
malthusianisme de presse et
Séance 4 1-Le néo-malthusianisme parutions
2-L’anti-malthusianisme
Date : 3-La thèse d’Alfred Sauvy ou la thèse de
l’optimum de population 
4-Le populationnisme 
5- néo populationnisme

Références
Séance 5 bibliographiques :
Révision générale et conclusion ouvrages, coupures
Date : de presse et
parutions

Méthodes et stratégies pédagogiques


Exposition d’un document textuel durant les séances de cours
Langue d’enseignement : Français

Modalités d’évaluation
Examen final en fin de semestre 100%

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BIBLIOGRAPHIE
BANQUE MONDIALE, 1991. Rapport sur le développement dans le monde, le défi
du développement, Washington, 313p.
BAILLY M., 2004. Les concepts de la géographie humaine. Paris, Armand Colin, 5è
éd., 333 p.  
BOTO Isolina et LA PECCERELLA Camilla, 2012. La croissance démographique
et ses implications pour le développement rural, Bruxelles, 55p.
CAZES G., et DOMINGO J., 1991. Le sous-développement et ses critères. Paris, éd.
Boréal, 255 p. 
COUTROT T., et HUSSON M., 1993. Les destins du tiers monde. Paris, Nathan, 207
p. 
DAVID O., 2004. La population mondiale. Paris, Armand Colin, 191 p.   
DERRUAU M., 1998. Géographie humaine. Paris, Armand Colin, 6è éd., 467 p. 
GUILLON M., et SZTOKMAN N., 2004. Géographie mondiale de la population.
Paris, Ellipses, 319 p. 
GENDREAU Francis, 1993. La population de l’Afrique, manuel de démographie,
Karthala, CEPED, 465p
HAUPT Arthur et THOMAS T. Kane, 2004. Guide de démographie, Population
Reference Bureau Washington, DC, 4e édition, 73p.
HERAN François, 2015. Les mots de la démographie des origines à nos jours : une
exploration numérique, INED /3 Vol. 70 pages 525 à 566
LERAT S., 1990. La population du monde. Paris, éd. Boréal 190 p. 
PIERRE Georges, 1974. Dictionnaire de géographie, PUF, Paris, 451p.
PIERRE Georges, 1970. Géographie de la population, que sais-je ? PUF, paris,
128p
SANTOS M., 1971. Villes du tiers monde. Paris, M-Th Genin, 428 p. 
STREN R., WHITE R., 1993. Villes africaines en crise. Paris, L’harmattan, 345 p.
VERON J., 1994. Population et développement. Paris, PUF, 127 p. 
VERON J., 2007. La moitié de la population mondiale vit en ville. Paris, INED,
Population et Société, N° 435p. 
WACKERMANN G, 2005, Géographie du développement, Paris, Ellipses, 367 p.

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INTRODUCTION GENERALE

L’image de l’Afrique dans les médias a longtemps été négative. L’Afrique était le
continent de la misère, de la famine et de la guerre. En effet, des années 1960 aux
années 2000, le continent a connu une histoire parfois tragique et il n’a pas pu entrer
sur le chemin du développement. Parmi les obstacles aux problèmes de
développement figurent les caractéristiques démographiques de la population
Africaine.
En quoi la population constitue-t-elle un problème en Afrique ?

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CHAPITRE 1

LES PRINCIPALES CARACTERISTIQUES DE LA POPULATION


AFRICAINE

1 /. Une population à croissance rapide

L’Afrique enregistre le plus fort taux de croissance de la population avec un chiffre de


2,3% par an. Cette croissance résulte d’une fécondité qui reste toujours élevée
malgré la baisse tendancielle de ces dernières décennies. Bien plus que les effectifs,
c’est surtout la croissance rapide de la population Africaine qui suscite des
inquiétudes. Le temps de doublement de la population relativement court entraine
une pression sur la gestion des ressources limitées des Etats qui connaissent aussi
des crises économiques persistantes.

2 /. Une population extrêmement jeune

Cette jeunesse résulte de la forte natalité. Les moins de 15 ans représentent plus de
40% de la population Africaine. Les moins de 6 ans représentent 20% de cette
même population. Cette proportion de jeune demeure une constante depuis des
années. Si l’on considère les moins de 25 ans, on a une proportion de plus de 60%
de jeune. Les 15 à 64 ans (adultes) représentent un peu moins de la moitié de la
population environ 47%. Les personnes âgées de plus de 65 ans représentent 3% de

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la population. Comparé aux pays développés, dans les pays développés, les moins
de 15 ans représentent moins de 20% de la population totale et les 65 ans et plus
environ 13%. Les adultes étant majoritaires.

3 /. Une population inégalement répartie

La population Africaine représentant aujourd’hui 14% de la population mondiale se


répartie sur 30 millions de km2 ce qui donne 33 habitants/km 2 soit une des densités
les plus faibles au monde. On peut donc dire que l’Afrique est un continent sous
peuplé. Par contre la densité par rapport aux terres Arables, estimée à plus de 200
habitants/km2 est l’une des plus fortes au monde. La raison c’est qu’une bonne partie
du continent est désertique, donc inhabitable et non cultivable. La population est
dans l’ensemble très inégalement répartie. Certains pays présentent des niveaux de
peuplement inquiétant. C’est le cas du Rwanda, du Burundi plus de 200
habitants/km2 tandis que d’autres présentent un peuplement faible par rapport à leur
étendue. C’est le cas du Mali, de la RDC, Niger, Tchad, Soudan où les densités sont
inférieures à 20 habitants/km2. La mauvaise répartition spatiale de la population
constitue une entrave à la mise en valeur de certaines ressources disponibles et au
développement régional équilibrée. Aujourd’hui, les politiques de redistribution de la
population sont à reconsidérer si l’on veut assurer à toutes les régions des chances
égales de développement. Le problème d’inégale répartition dans ces pays sahéliens
est plus complexe car la population se concentre sur une étroite portion considérée
comme la partie utile (oasis).
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4 /. Une urbanisation accélérée
L’Afrique est un continent à dominance rurale. Son urbanisation est relativement
tardive par rapport à l’Amérique ou à l’Europe. Alors que dans le vieux monde,
l’urbanisation a succédé à l’industrialisation, en Afrique, elle l’a précédé et certains
auteurs pensent même que dans le cas Africain, les deux phénomènes seraient
totalement indépendants. C’est le cas d’Oucho, Gould en 1996. A l’heure actuelle,
l’Afrique est le continent le moins urbanisé après l’Asie avec un taux d’urbanisation
d’environ 38%. Un taux qui est d’ailleurs très variable selon les régions et les pays.
Cependant la population urbaine connait une croissance très rapide avec un taux
annuel de 3,7% qui est le taux le plus élevé au monde. De ce fait, la population
urbaine a plus que doublé entre 1950 et 1990, passant de 14,50% à 33,90%. Alors
que dans les pays développés, cette proportion s’est accrue de 35% passant de
53,8% à 72,6%. La croissance urbaine du continent Africain est l’un des effets de la
croissance rapide de la population. Les causes de cette dynamique urbaine sont : Le
fort dynamisme interne de la population (accroissement naturel élevé car ISF en ville
reste élevé), l’exode rural (afflux des populations rurales vers les villes). Cette forte

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croissance urbaine pose des problèmes de maîtrise de l’urbanisation et de
l’aménagement du territoire. Les politiques de maitrises de cette croissance urbaine
ont pratiquement échoué partout en Afrique et cela a entrainé des effets pervers
dans plusieurs domaines. Domaine des infrastructures de santé, d’éducation, de
transport, d’adduction en eau, l’électricité, l’emploi… Selon Vennetier, la rapidité et
l’ampleur de la croissance démographique urbaine n’ont pas permis aux pouvoirs
publics de doter les agglomérations de l’ensemble des infrastructures collectives
nécessaires à la vie quotidienne des citadins, et cette carence est particulièrement
inquiétante dans plusieurs domaines sociaux. Ce qui met en danger la vie
quotidienne des citadins. Les bases économiques des villes africaines sont fragiles
et même essoufflées, ce qui pose de nombreux problèmes au niveau de l’économie
urbaine ou le secteur moderne est très atrophié alors que le secteur informel se
développe d’année en année. On peut donc dire au total que la ville africaine est une
ville pauvre qui ne peut faire face aux dépenses d’infrastructures et de services
nécessaires à une population urbaine de plus en plus importante. Des dépenses
notamment en matière de logement, de transport, de distribution d’eau, d’emploi,
d’entretien des routes… il en résulte l’apparition de problèmes sociaux graves tels
que : la toxicomanie, la prostitution, la criminalité, la pollution, la dégradation de
l’environnement et l’effondrement des valeurs sociales traditionnelles.

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CHAPITRE 2
LES PROBLEMES DE POPULATION EN AFRIQUE

Il y a problème de population quand les variables démographiques font entravent au


développement soit par elle-même soit par leur relation avec les variables
environnementales. En Afrique se pose plusieurs problèmes de population.

I - LES STRUCTURES DEMOGRAPHIQUES A PROBLEME

La population Africaine est extrêmement jeune avec plus de 60% de la population.


Cette jeunesse est le résultat d’une fécondité toujours élevée et d’une mortalité en
baisse à tous les âges en particulier aux âges jeunes. Ce qui entraine de gains
considérables d’effectifs au niveau de la population jeune. La conséquence se voit
au niveau de la pyramide des âges de la population Africaine avec une base large,
un sommet effilé qui traduit la faible espérance de vie à la naissance. La
prépondérance de la jeunesse est source de contrainte vis-à-vis des efforts de
développement.

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Cette structure de la population Africaine va engendrer un certain nombre de
problèmes. Si dans les pays développés les 2/3 de la population ont à leur charge le
dernier 1/3 restant c'est-à-dire les jeunes et les vieux, en Afrique seulement une
moitié doit supporter l’autre moitié. Si l’on tient compte des délais de formation qui
s’allonge de plus en plus, c’est moins de la moitié qui doit supporter environ les 2/3.
Le danger se situe au-delà de cette contrainte immédiate c'est-à-dire la dépendance.
Ce sont les jeunes qui vont donner naissance à une population de plus en plus
nombreuse par le biais de la fécondité et la de nuptialité. En effet, plus une
population est jeune plus son potentiel de croissance est élevé, toute chose égale
par ailleurs, cette extrême jeunesse de la population constitue un atout c'est-à-dire
un facteur de dynamisme et de mutation en ce sens que les jeunes sont plus ouverts
aux innovations, à la modernisation du fait de la scolarisation et de leur plus grande

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mobilité. Mais dans l’immédiat, elle constitue un problème majeur pour le
développement humain durable. Un problème au niveau des besoins sociaux que
sont l’éducation, la santé, l’emploi et le logement. Les besoins de la population,
augmentant avec la croissance de la population, l’accroissement de la population va
entrainer une pression sur les ressources. Les coûts de formation de ces flots de
jeunes vont croître de manière exponentielle de même que les coûts de santé et
d’équipement de toutes sortes. Les investissements démographiques seront
beaucoup plus importants que les investissements productifs et auront un impact
négatif sur le processus de croissance et de développement. Les budgets actuels
des pays africains ne pourront en aucune manière supporter ces charges. La crise
qui est déjà latente ne pourra s’aggraver qu’avec l’évolution démographique car
l’effort de croissance et de développement est annulé par la croissance
démographique trop rapide et l’on considère cela comme l’une des causes des
difficultés de développement en Afrique.
A titre d’exemple, nous avons :

 la pression exercée sur la demande d’éducation d’une population scolaire de


plus en plus nombreuse sur une offre d’éducation limitée. (saturation des classes). il
s’en suit un faible taux d’admission et de scolarisation. En 2009 on a dénombré en
Afrique subsaharienne plus de 30 millions d’enfants non scolarisés et le taux net de
scolarisation tournait autour de 65%.
 la pression des soins de santé des moins de 5 ans. catégorie de la population
la plus vulnérable sur une offre de service médicaux-sanitaire insuffisante et mal
repartie
 la demande d’emploi des jeunes en âge de travailler qui n’arrive pas à
satisfaire le marché de travail très limité et mal organisé.

- les personnes de 3e âge


Les vieillards ne représentent qu’autour de 4% de la population contre près de 13%
en Europe et aux Etats Unis. Mais avec l’évolution de l’espérance de vie à la
naissance une attention particulière doit être accordée à cette frange de la population
qui est appelé à s’accroitre rapidement. Selon les estimations des Nations Unis,
l’effectif de ces personnes de 3e âge passera de 22,7millions en 1995 à 35 millions
en 2010. il est donc impératif de que les gouvernants Africains commencent à

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prendre en compte ces personnes âgées en mettant en place des structures
adéquates pour répondre aux besoins de ces populations notamment en matière de
santé et d’assistance sociale.

II - LA PERSISTANCE D’UNE FECONDITE ELEVEE

Globalement le niveau de fécondité en Afrique reste élevé en dépit d’importante


variation nationale et régionale. L’Indice Synthétique de Fécondité (ISF) en Afrique
subsaharienne s’élève à 5,3 en Afrique contre 1,9 en Amérique du nord ; 1,4 en
Europe ; 2,6 en Asie et en Amérique latine et 2,5 en Océanie. En Afrique, on observe
d’importante variation régionale et nationale. Ainsi en Algérie l’ISF est de 3,2 ; 2,1 en
Tunisie ; 3,1 en Afrique du sud ; 5 au Zimbabwe ; 7,2 en Angola ; 8 au Niger ; 5,2 en
Côte d’Ivoire. Les écarts sont énormes entre l’Afrique du nord et l’Afrique
subsaharienne d’une part et entre l’Afrique australe et le reste de l’Afrique
subsaharienne d’autres parts. Ces écarts s’expliquent par l’inégal développement
des différentes régions du continent. Les régions de fécondité faible sont celles qui
ont enregistré un progrès économique et social significatif (Afrique du Nord, australe,
île Maurice). L’économie de ces régions parait structurée et leur organisation sociale
fonctionne de manière satisfaisante. Dans la plupart des pays de cette région les
politiques de planification familiale ont joué un rôle important dans la baisse de la
fécondité et donc dans la transition démographique. Exemple Tunisie, Botswana, Ile
Maurice.

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III - LA PERSISTANCE D’UNE MORTALITE ELEVEE

Grâce au recensement et aux enquêtes sur la santé, aux enquêtes démographiques


et de santé, les connaissances sur les mortalités en Afrique se sont améliorées
malgré d’importantes lacunes encore perceptibles. Les progrès concernent surtout la
mortalité infantile et juvénile. Globalement, l’Afrique a enregistré un déclin net de la
mortalité à tous les âges. Mais l’Afrique reste le continent où l’on meurt le plus au
monde à l’heure actuelle et l’indice de cette mortalité explique la faiblesse de
l’espérance de vie à la naissance de la population. Estimée à 45 ans au milieu des
années 1960, l’espérance de vie est aujourd’hui un peu moins de 50 ans et les
écarts sont considérables entre pays et entre régions. Dans beaucoup de pays
d’Afrique, l’espérance de vie a chuté. En Côte d’Ivoire on est passé de 56 ans en
1988 à 50,9 ans en 1998 et à 46 ans actuellement. La question fondamentale qui se
pose aujourd’hui concerne l’évolution future de la mortalité en Afrique au regard des
tendances à la hausse avec notamment la recrudescence de la mortalité infanto
juvénile dans plusieurs pays. En Côte d’Ivoire la mortalité infanto juvénile est passée
de 190%° en 1965 88%° en 1994 à 112%° en 1998 et à 89,11%° en 2008.

Au regard du contexte actuel marqué par la dégradation des conditions de vie des
populations, la paupérisation généralisée, les conflits sociopolitiques, l’expansion du
VIH SIDA et la précarité de la situation sanitaire et du peu de sérieux des politiques
de santé menée dans la plupart des pays Africains on se demande si la situation ne
va pas s’aggraver davantage.

Situation de la mortalité infantile en 2003 en Afrique

Afrique : 89%° ; Afrique orientale : 97%° ; Afrique centrale : 116%° ; Afrique


Australe : 52%° ; Afrique du nord 49%° ; Afrique de l’ouest 90%°.

Au niveau de la mortalité maternelle on enregistre 1 décès sur 13 naissances


vivantes en Afrique contre 1 décès sur 4085 naissances vivantes OCDE.

IV - LE VIH SIDA UNE MENACE POUR LE CONTINENT AFRICAIN

Apparu au début des années 1980, le VIH SIDA a connu une expansion en Afrique
surtout subsaharienne malgré les efforts de la communauté internationale dans son
éradication. A la fin de l’année 2000, plus de 40 millions étaient séropositifs dans le

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monde dont 90% dans les PVD et 75% en Afrique subsaharienne. Au Botswana le
pays le plus touché par le SIDA, plus du 1/3 des adultes sont atteint et un enfant né
aujourd’hui n’a qu’une espérance de vie de 36 ans. L’Esperance de vie aurait pu
être 2 fois plus supérieure si cette pandémie était absente. Le Zimbabwe et le
Swaziland ¼ des adultes sont contaminés en Côte d’Ivoire on note 12% de taux de
prévalence. Du fait de l’action du VIH, l’espérance de vie recule fortement en Afrique
subsaharienne. Au Botswana, l’espérance de vie est de 34 ans, 26 ans au
Zimbabwe, 19 ans en Afrique du sud, 17 ans au Kenya. Il en résulte plusieurs
conséquences au niveau des ménages : la baisse des revenus des familles en milieu
rural surtout. En Côte d’Ivoire par exemple, les soins pour un homme malade du
SIDA coûtent 300 dollars US par an soit entre ¼ et la moitié de la plupart des
revenus annuels des exploitations agricoles. Malgré l’incertitude des statistiques
disponibles qui ne concernent que les cas effectivement déclarés, l’évolution actuelle
du fléau pousse à des inquiétudes. Mais selon les projections des Nations Unis,
même en présence du SIDA, la population Africaine continuera à progresser de
façon remarquable.

V - UN TAUX D’ANALPHABETISME ENCORE ELEVE

L’Afrique reste encore loin des objectifs de la scolarisation universelle. Le taux net
de scolarisation n’est que de 65% pour la population totale contre 60,70% pour les
garçons et 55,60% pour les filles. Aujourd’hui, plus de 30 millions d’enfants sont non
scolarisés (2009). On a le manque d’infrastructure scolaire, manque criant de salle
de classe, manque d’école, enseignants insuffisants, manque de moyen financier
pour scolariser les enfants. On note aussi des problèmes d’ordre culturels (enfants à
l’école coranique plus que l’école laïque). Le taux d’analphabétisme des adultes
reste encore très élevé en Afrique. Il se chiffrait à 50,8% en 2000. Dans ce total on
enregistre 40% d’hommes et 60% de femmes. Dans les pays développés et dans les
pays en transition, le taux d’analphabétisme n’est que de 2% en générale. 1,5% chez
les hommes et 3,1% chez les femmes.

VI - LES PROFONDES INEGALITES ENTRE LES SEXES

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L’inégalité des femmes et des hommes a été admise en tant que principe
fondamental des droits des hommes en 1945 dans la charte des Nations Unis.
Plusieurs accords ont été signés dans les traités internationaux. La convention sur
l’élimination sur toutes les formes de discrimination à l’égard oblige les Etats
signataires à prendre des mesures discriminatoires. En Afrique, malgré les mutations
en cour, ils surgissent de profondes inégalités entre les sexes. L’inégalité des sexes
freinent l’épanouissement des individus, le développement du pays et l’évolution des
sociétés. Ces inégalités sont souvent au détriment de la femme qui représente
environ 50% de la population Africaine et qui malgré son rôle social de 1 er plan est
marginalisée. Cette marginalisation peut être perçue à plusieurs niveaux :

- niveau des droits (pas les mêmes droits que l’homme dans les sociétés
traditionnelles et modernes
- l’accès à l’éducation où il y a toujours discrimination. le garçon à l’école plus
que la fille.
- L’accès à la santé (la femme n’a pas accès au centre de santé)
- l’accès au moyen de production
- l’accès au travail, à l’emploi et au revenu à savoir à égal travail, l’homme est
mieux payé que la femme. Elle est marginalisée à la vie politique et publique. ces
inégalités ont des conséquences socio-économiques. selon la banque mondiale,
l’inégalité entre les sexes compromet et le développement et la chance de réduire la
pauvreté. des études ont montré que des sociétés où la discrimination est plus
marquée connaissent une pauvreté plus profonde, une croissance économique plus
lente et une qualité de vie plus basse que là où elle est moins. c’est pourquoi la
conférence internationale sur la population et le développement de 1994 a fait de
l’égalité des sexes et de l’émancipation des femmes des objectifs centraux de son
programme d’action qui vise à répondre aux besoins individuels et aider les pays à
réaliser un développement durable. l’examen des progrès accomplis lors de la CIPD
+ 5 a permis d’identifier les obstacles et fixer des nouveaux repères dans les
domaines de l’égalité des sexes. Il s’agit d’établir des mécanismes de nature à
promouvoir une représentation égale des femmes à tous les niveaux de processus
politique et de la vie publique. assurer l’accès à toutes les femmes tout au long de la
vie à des centres de santé abordables et appropriés. Eliminer les inégalités entre les
sexes sur le marché du travail. instituer des lois assurant une rémunération à un

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travail de valeur égale et les faire respecter. promouvoir l’accès des filles à
l’éducation et aux perspectives d’avenir.

VII - UNE FORTE MOBILITE SPATIALE

L’Afrique a toujours pris part aux grands courants migratoires qui ont caractérisés
l’histoire de l’humanité. Elle a été à l’origine des migrations qui ont peuplé la planète
puisque l’humanité jusqu’à preuve du contraire y a vu le jour. Sans remonter aussi
loin dans le temps, on peut évoquer la colonisation par les romains de l’Afrique du
nord jusqu’au troisième siècle après J C. on peut noter la conquête Arabe dans cette
partie de l’Afrique du nord dans la seconde moitié du 7 e siècle après J C. Dans le
premier millénaire, il y a eu les migrations malaises d’Asie du sud-est vers
Madagascar et les côtes d’Afrique orientale. Ainsi que les migrations Bantous vers le
sud et l’ouest de l’Afrique. A partir du 15 e siècle les migrations sont caractérisées de
migration forcées. Plusieurs millions de noirs ont été déportés en Amérique du fait de
la traite négrière. A la traite atlantique, il faut ajouter la traite saharienne environ 9
millions et la traite orientale plus de 5 millions de personnes. A partir du 19 e siècle
commence l’occupation coloniale de l’Afrique et en ce moment il s’est développé des
migrations dites de peuplement notamment les français en Algérie, les italiens en
Libye et en Tunisie, le royaume uni en Afrique du sud et en Rhodésie, l’Allemagne
dans le sud-ouest Africain (Namibie), le Portugal en Angola. Pendant ce temps se
poursuivait les migrations du sous-continent indien vers l’Afrique oriental. A partir du
milieu du 20e siècle, on assiste à de nouvelles formes de migration qui sont des
migrations de main d’œuvre de l’Afrique vers l’Europe. Il s’agit notamment des
migrations des pays du Maghreb vers les pays de l’Europe de l’ouest. A l’intérieur du
continent des courants migratoires internationaux de main d’œuvre vont voir le jour
et se développer. On peut retenir les migrations de haute volta vers l’office Niger, les
migrations des pays enclavés du sahel vers les pays côtiers principalement vers la
Côte d’Ivoire. En Afrique centrale, on note les migrations de travail des pays voisins
vers l’Afrique du sud, le Gabon, le Congo, l’Angola. Plus récemment, à partir du
premier choc pétrolier 1973, certains pays exportateurs de pétrole comme le Gabon
et le Nigeria ont fait appel à des étrangers avant d’être contraint à restreindre ces flux
migratoires voir même à expulser les étrangers du fait des difficultés économiques.

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Les migrations internationales ont de multiples effets économiques aussi bien dans
les pays d’accueil que dans les pays d’origine.

Un migrant d’Afrique sur deux, soit plus de 15,5 millions de personnes en 2010, s’installe
dans un autre pays du continent ; un fait que beaucoup ignorent, croyant que l’Europe est
leur destination exclusive. Cette réalité s’inscrit dans une tendance plus large, où les
migrations se dirigeant vers le Sud (110 millions d’individus en 2010) rejoignent celles allant
vers le Nord (130 millions). On observe plusieurs systèmes migratoires régionaux, où les
espaces de circulation intérieure, comme celui existant entre les 15memebres des pays de la
Communauté des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Une autre dynamique Sud-Sud se
dessine à l’est  : l’essentiel des individus venant de l’Erythrée et de la Somalie se dirige vers
l’Ethiopie, le Soudan et le Kenya. Au Sahel, ce n’est pas le nomadisme qui alimentent les
migrations vers l’extérieur, c’est plutôt une sorte de compensation entre les pays qui ont des
ressources et ceux qui ont une main d’œuvre abondante. En Afrique centrale, la libre
circulation des personnes et des biens entre le Cameroun, la Centrafrique, le Congo, le
Gabon, la Guinée équatoriale et le Tchad est envisageable. Un autre espace autour de
l’Afrique du sud séduit les Subsahariens de la moitié méridionale du continent. Le Maghreb
se tourne vers l’Europe et la Libye, du fait de ses réserves pétrolières.

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Les effets économiques sur les pays d’accueil

 les migrations internationales freinent la hausse des salaires et amortissent


les fluctuations conjoncturelles des activités économiques.
 les migrations permettent d’avoir des effets positifs sur les systèmes de
production en ce sens qu’elle favorise l’accumulation de capital du fait de la pression
exercée sur les salaires.
 les migrations peuvent constituer un frein au changement car les entreprises
ont tendance à substituer du travail au capital et à ne pas rechercher les gains de
productivité

Les effets économiques sur les pays d’origine

 Le départ des migrants soulagent le marché du travail


 réduit la pression démographique
 le transfert de fonds par les émigrés qui permet d’améliorer la balance de
paiement et d’améliorer le niveau et les conditions de vie des familles restées sur
place.
 le retour éventuel des émigrés dans leur région d’origine peut constituer un
atout pour le développement local si ces derniers ont acquis une qualification
professionnelle utilisable sur place et s’il rapporte un capital à utiliser à des fins de
production.

Quelques effets négatifs

 La migration peut priver la région de départ de sa force de travail et donc


constituer un handicap au développement de la région. Exemple : certains villages
de la vallée du fleuve Sénégal, certains villages du pays mossi au Burkina Faso et de
certaines régions de Côte d’Ivoire le V baoulé et certaines régions des savanes du
nord.
Les conséquences socio démographiques
 La migration dépeuple la région de départ et augmente la pression
démographique dans les zones d’accueil et modifie les structures démographiques.
Dans les régions de départ on note le vieillissement de la population parce que d’une
façon générale, ce sont les jeunes adultes qui migrent.

20
 la sur-féminisation de la population dans les zones de départs. par contre, la
migration a pour effet un rajeunissement de la population, la fécondité élevée, un
rapport de masculinité élevé en faveur des hommes dans les zones d’accueil.
 au niveau social, la migration pose un certain nombre de problème dans les
zones d’accueil. On note le problème d’intégration socioculturel des migrants, les
conflits fonciers, la migration propage un certain nombre de maladie au plan de la
santé.

VIII - LA POUSSEE DES REFUGIEES

Les réfugiés font partie des migrations internes dite migration forcée. On peut
distinguer 2 catégories de réfugiés en Afrique.
- refugiés dits écologiques déplacements des populations liés à des
catastrophes naturelles ou à une crise de l’environnement. Du fait de la
sécheresse, déplacement des populations des pays sahéliens vers les régions
méridionales.

- refugiés des conflits armés : les conflits armés se sont multipliés en Afrique
depuis les indépendances et ont entrainé des millions de réfugiés. en 1999,
on dénombrait sur le continent Africain plus de 6 millions de réfugiés soit
presque le tiers du nombre total de réfugiés comptabilisé dans le monde par le
HCR (21 500 000). Les principales régions de l’Afrique concernée sont
l’Afrique de l’ouest, l’Afrique centrale et orientale et la corne de l’Afrique.

21
CHAPITRE 3
POPULATION ET DEVELOPPEMENT ; LES GRANDES
POSITIONS DOCTRINALES

Comme en matière de relations entre population et l’environnement, on trouve ici les


deux grandes oppositions classiques et anciennes. En simplifiant, l’une attribue à la
croissance démographique tous les maux de la terre, l’autre lui dénie quasiment tout
rôle dans la détérioration du développement. Il s’agit surtout d’un conflit idéologique
reposant sur une vision différente du monde, pouvant aboutir à des priorités
politiques internationales opposées : l’une reposait sur la planification familiale,
l’autre sur le développement. Si les positions des uns et des autres étaient
clairement affirmées dans les années 1960 et 1970, elles sont aujourd’hui
relativisées, mais le fond du problème demeure.
Dans cette partie, il est question de savoir si la croissance démographique constitue
ou non un facteur de développement, c’est-à-dire si l’augmentation de la population
est une condition ou au contraire un blocage à l’enrichissement et à l’amélioration
des conditions de la population d’un pays… nous étudions à cet effet les grandes
théories de la croissance démographique, à savoir le malthusianisme et le
populationnisme.
A - LE MALTHUSIANISME  
1). Malthus et sa thèse
Thomas Malthus (1766-1834) était un prêtre anglican britannique, mais également
un économiste libéral. Sa thèse est bien connue de tout le monde : la population croît
selon les termes d’une suite géométrique (1, 2, 4, 8,16…), alors que les subsistances
(la production agricole) croient selon les termes d’une suite arithmétiques (1, 2, 3, 4,
5…). D’où le fait est qu’il y aura nécessairement  pénurie ! Malthus ici se sert de la 
« loi des rendements décroissants » de la production agricole pour expliquer ce
décalage entre les ressources et la population. Pour lui, la croissance
démographique se heurtera tôt ou tard aux limites des ressources terrestres, qui sont
finies. Dans son essai sur le principe de population, Malthus soutient que la capacité
intrinsèque de la population à s’accroitre dépasse celle de la terre à augmenter la
production alimentaire, du fait que l’étendue des terres cultivables est limitée. Une
croissance démographique incontrôlée finit par entrainer une baisse des salaires et

22
une hausse des prix des produits alimentaires car l’accroissement du ratio main
d’œuvre/terre, à mesure qu’augmente la population active, aboutit à une production
marginale de plus en plus faible par travailleur.
Notons cependant que Malthus écrit dans la période même où la transition
démographique est à son paroxysme en Angleterre, c’est-à-dire avec un
accroissement naturel considérable ; il paraît important de prendre en compte ce
contexte pour mieux comprendre le caractère alarmant de la thèse de Malthus.  
Pour lui, la seule solution (radicale) reste la contrainte morale, c’est-à-dire
l’abstinence et la chasteté, puisqu’il faut à tout prix limiter la croissance
démographique, pour éviter qu’elle ne dépasse les potentialités de la production.   
Critique de Karl Marx :  
Karl Marx  (1818-1883) fut un des premiers à rejeter les thèses de Malthus et surtout
l’idée de « loi naturelle » indépendante des conditions de production. Pour lui, la
surpopulation n’est que relative et est la conséquence de l’état des techniques à un
moment donné. Pour lui, les limites de la planète évoluent avec le progrès technique
et le niveau de développement : « La surpopulation relative n’a pas la moindre
relation avec les moyens de subsistances comme tels mais avec la manière de les
produire » (K. Marx, Œuvres, tome 2, « Bibliothèque de la Pléiade », Gallimard,
1977).
2)  Le néo-malthusianisme
A une époque où le doute s’installe sur les capacités futures de la planète à répondre
aux besoins humains, l’argumentation de Malthus sur l’impact négatif de la
croissance démographique sur la production agricole a été globalement et
logiquement étendue au développement, avec l’hypothèse d’un monde fini, les
limites physiques et biologiques de la terre constituent les contraintes ultimes à la
croissance démographique et aux changements socio-économiques. Autrement dit,
c’est l’augmentation des populations du Sud, puisque celles du Nord stagnent
quasiment, qui est à l’origine des problèmes, qui est la menace de demain pour le
monde entier. La population mondiale croit tellement vite et sera tellement importante
qu’aucun processus d’adaptation n’est envisageable, ni possible dans les prochaines
années. François Ramade (1987) résume cette situation en ceci : « la catastrophe
majeure qui affecte l’humanité et dont découle la plupart des maux dont elle souffre
déjà ou qui la menacent, est d’origine intrinsèque : elle provient de sa reproduction

23
anarchique avec pour conséquence un accroissement exceptionnel du nombre
d’hommes ».
Dans cette vision globale et pessimiste des choses, l’urgence prioritaire pour éviter la
catastrophe est le contrôle des naissances dans le tiers monde, une politique ferme
et efficace de planification familiale. Cette logique catastrophiste et simpliste est
encore fort répandue dans les sciences exactes et le grand public. Elle a guidé les
politiques démographiques du Nord vis-à-vis du Sud des années 1960 et 1970,
conduisant à des systèmes de planning familial verticaux, isolés, parfois excessifs et
en tous cas sans résultats rapides.
Pour les néo-malthusiens, il existe un certain nombre d’arguments qui plaident en
faveur d’une croissance démographique faible. 
Au niveau microéconomique, le premier argument consiste à dire que réduire le
nombre d’enfants par femmes permet d’augmenter le niveau de vie.
Au niveau macroéconomique, les ressources naturelles étant limitées, le fait de ne
pas maîtriser la croissance démographique, implique que l’on surexploite le sort des
générations futures.
Finalement le malthusianisme préconise une faible croissance démographique pour
assurer une meilleure croissance économique. Mais les arguments du courant
« récent » restent des arguments essentiellement qualitatifs, c’est-à-dire qui
concernent le développement plutôt que l’augmentation des richesses (quantitatifs).
Mais aujourd’hui, il subsiste ce discours néo-malthusien, alimenté par la forte
croissance démographique des pays du tiers-monde.

3). L’anti-malthusianisme

C’est le passage du pessimisme ambiant des modèles précédents à une sorte


d’optimisme. Ici, en simplifiant on dira que l’homme s’est toujours montré capable
d’affronter les menaces extérieures et il résoudra demain les problèmes comme il l’a
fait hier. Il a une grande capacité d’adaptation et d’innovation. La population n’est
qu’un facteur tout à fait secondaire, parfois même favorable, les vrais facteurs sont
ailleurs dans le Sud : la pauvreté, les inégalités, l’inadéquation des technologies, les
politiques agricoles (priorité aux cultures commerciales), la propriété foncière, le fait
urbain, les guerres, les régimes politiques, etc… C’est une position rappelant qu’il y a
d’autres urgences que la seule planification familiale, c’est aussi une position
pouvant justifier toute politique de non intervention en matière de fécondité.
24
B - LE POPULATIONNISME 
Jean Bodin (1530-1596) : « il n’est de richesses que d’hommes ». On comprend
alors que la thèse populationniste est l’opposé de la thèse de Malthus.
Les précurseurs
Des auteurs comme Vauban, F. Quesnay et J. Bodin voyaient dans l’homme la seule
richesse d’un royaume. Leur théorie est que si les hommes sont la force d’une nation
et que leur nombre augmente, la production suivra et le pays n’en sera que plus
puissant. Ce qui revient à dire que la croissance démographique est un facteur
permissif de la croissance économique donc du développement.
1). Le néo populationnisme
Ce courant est souvent illustré par la thèse d’Esther Boserup (milieu des années
soixante), encore appelée la thèse de la pression créatrice : la croissance de la
population fait pression sur l’amélioration des techniques de production (hausse du
progrès technique et de l’innovation favorisée). En fait, pour cet auteur, ce n’est pas
la richesse qui détermine la population, mais la population qui détermine la richesse,
grâce notamment à cette pression créatrice qu’elle génère.
Selon la thèse de Boserup sur le développement agricole, la croissance ou la
pression démographique est un stimulant, ou plus une condition préalable
nécessaire au progrès de l’agriculture. L’accroissement des densités rurales, la
raréfaction progressive de la terre par rapport à la population, conduisent à une
utilisation plus intensive des terres, exigeant davantage de travail, aboutissant à des
accroissements de productivité et à une évolution générale des structures de
production et de pouvoir. On inverse en quelque sorte l’équation : c’est sous la
contrainte démographique que des progrès économiques peuvent survenir.
En plus de Boserup, on a la thèse populationniste extrême, défendue notamment
par J. Simon (1981) selon laquelle il n’y a pas de problème de population, déniant
presque les problèmes de développement. Dans son livre intitulé l’ultime ressource,
Julian Simon affirme : l’ultime ressource, c’est la population. Une population
qualifiée, dynamique et confiante en l’avenir qui met sa volonté et son imagination à
son propre service et, par voie de conséquence, au service de tous. D’après Simon,
les ressources naturelles ne sont pas limitées. Il n’y a pas à craindre des pénuries de
ressources, car plus une population est nombreuse plus sa capacité d’invention et
d’innovation technologique est grande. Cela signifie plus d’idées, plus de talents
créateurs, plus de compétences et par conséquent plus de progrès techniques ; à

25
long terme, la croissance démographique ne représente pas un problème, mais au
contraire une promesse d’avenir. La croissance démographique du tiers monde peut
être à long terme un facteur de développement économique, même s’il reconnait
qu’à court terme elle est une contrainte.
Finalement, pour les néo populationnistes, la croissance démographique ne
constitue en rien un frein mais plutôt un stimulant pour la croissance économique.  
Cette argumentation anti-malthusienne reconnaissant un rôle positif à la population
convient peut-être à l’histoire occidentale ou des pays tempérés, mais ne semble pas
généralisable à l’ensemble du monde contemporain. Par exemple, une étude de
Pingali et al de 1984 (population density and agricultural intensification…)
concernant 52 zones en Afrique, a montré l’importance de la qualité des sols, de la
pluviosité et des ressources financières pour réaliser les investissements requis pour
une intensification des cultures consécutive à une pression démographique. Par
ailleurs, dans certaines régions, la densité rurale a augmenté sans qu’il s’ensuive
d’intensification des cultures (Mac Nicoll, 1984, consequences of rapid population
growth…).
2). La thèse d’Alfred Sauvy ou la thèse de l’optimum de population 
Selon les études de cet auteur, il n’y a pas de corrélation directe entre croissance
démographique et croissance économique, puisque tous les cas existent. En effet,
on peut avoir le cas d’une faible croissance démographique avec en parallèle une
faible croissance économique (exemple avec la France entre les deux guerres) ou
bien encore la situation d’une forte croissance de la population avec une faible
croissance économique (exemple avec le tiers-monde) ou enfin le cas d’une faible
croissance démographique et d’une forte croissance économique (exemple avec le
Japon dans les années soixante-dix, quatre-vingt). 
Donc finalement, pour A. Sauvy, il est nécessaire de faire une étude cas par cas,
puisqu’il n’existe pas de cas général où la corrélation entre croissance
démographique et croissance économique serait directe. Tout dépend du pays et de
sa situation (pyramide des âges, choix sociaux et politiques, etc…).
Comme on le constate ces différents points de vue comportent tous une part
importante de vérité. Les difficultés dues à un accroissement rapide de la population
ne tiennent pas essentiellement au fait que les ressources naturelles sont finies, du
moins pas pour l’ensemble de la planète. Mais il n’est pas vrai non plus que
l’accroissement rapide de la population est automatiquement un facteur de progrès

26
et d’adaptation. En fait, il ralentit l’accumulation des compétences qui favorisent le
progrès technique et, dans la mesure où la terre et le capital subissent la loi des
rendements décroissants, il risque de creuser davantage encore les inégalités de
revenu. Si on le constate surtout au niveau de la famille, où une fécondité élevée
peut contribuer à donner aux enfants un mauvais départ dans l’existence, cela est
vrai aussi au niveau des pays.
De plus, les coûts d’une croissance démographique rapide varient beaucoup d’un
pays à un autre. Les différences ne se résument pas à leurs ressources naturelles.
Dans les pays fortement tributaires de l’agriculture, une pénurie de ressources
naturelles est certes grave mais le problème fondamental est celui de l’insuffisance
des revenus et des niveaux d’instruction, qui est à l’origine d’un accroissement
rapide de la population et rend en même temps plus difficile les ajustements
nécessaires. Une grande partie de la population mondiale n’est pas encouragée, par
des signaux dépourvus d’ambigüité, à restreindre la taille de la famille, alors que ce
sont précisément ces populations et ces pays qui sont les moins bien armés pour
prendre les mesures qu’exige leur adaptation à une croissance démographique
rapide. C’est pourquoi l’accroissement rapide de la population est avant tout un
problème de développement
C - ALORS COMMENT FREINER L’ACCROISSEMENT DE LA POPULATION
POUR UN DEVELOPPEMENT VIABLE ?
L’expérience prouve que le développement s’accompagne d’une baisse de la
fécondité. Ainsi pour freiner la croissance trop rapide de la population, plusieurs
solutions sont envisageables.
1). L’éducation des parents
L’éducation des femmes est l’un des  facteurs qui contribue le plus à réduire la
fécondité. Certes, dans les pays les plus pauvres, les femmes qui sont allées à
l’école primaire pendant quelques années ont un peu plus d’enfants que celles qui
celles qui n’ont reçu aucune instruction, particulièrement dans les campagnes. Une
éducation limitée peut abaisser le taux de stérilité et elle entraine souvent un recul de
l’allaitement maternel, sans favoriser l’emploi de contraceptifs.
Toutefois, à la longue, l’éducation contribue incontestablement à abaisser la
fécondité. Partout, les femmes qui ont achevé leurs études primaires ont moins
d’enfants que celles qui n’ont pas d’instruction et celles qui ont fait des études plus
poussées en ont encore moins (et le plus souvent sensiblement moins). La

27
différence peut être importante. En Colombie, par exemple elle est de l’ordre de 4
enfants entre les groupes les plus et les moins instruits.
Les études qui ont été réalisées montrent également que l’éducation des femmes
contribue davantage que celle des hommes à réduire la dimension de la famille. Cela
peut ‘expliquer de différentes façons. Les enfants coûtent plus de temps et d’énergie
aux femmes qu’aux hommes. Plus la femme est instruite, plus elle a d’autres options
que de rester au foyer pour élever des enfants. Les femmes qui font des études se
marient plus tard, soit parce qu’elles attendent pour le faire d’avoir leurs diplômes,
soit parce qu’elles ont un emploi, soit parce qu’elles se montrent plus difficiles dans
le choix d’un mari. Dans 10 pays en développement sur 14 qui ont été étudiés, les
femmes qui ont fait 7 ans d’études ou plus se marient au moins trois ans et demi plus
tard que celles qui ne sont jamais allées à l’école.
Les femmes instruites sont également plus susceptible d’être au courant des
nouvelles méthodes des contraceptives et de les adopter. Au Kenya, 22% des
femmes qui ont fait au moins 9 ans d’études emploient des moyens
anticonceptionnels, contre 7% seulement de celles qui n’en ont fait que cinq ans au
moins.
2). L’éducation des enfants
Si l’on étudie différents pays en développement, on voit que la fécondité ne
commence à diminuer que lorsque 75% des enfants d’âges primaire sont scolarisés ;
la réduction de la fécondité ne s’accélère qu’à partir du moment où le taux de
scolarisation secondaire dépasse 10%. L’explication en est bien simple. Les parents
qui le souhaitent peuvent même s’ils ont beaucoup d’enfants, les envoyer à l’école
primaire. L’enseignement primaire est fortement subventionné ; les enfants les plus
jeunes peuvent aider aux travaux ménagers et aux travaux des champs en dehors
des heures de classe, et leurs aînés peuvent aider à payer leurs frais de scolarité.
Néanmoins, l’amélioration des possibilités d’éducation pour les enfants fait partie de
toute une évolution qui, en fin de compte, réduit leur contribution au revenu familial et
accroit leur coût dans l’immédiat. Les enfants qui vont à l’école disposent de peu de
temps pour travailler dans l’exploitation agricole ou ailleurs, en particulier quand ils
sont dans les grandes classes. Chose plus importante, les parents ont tendance à
avoir moins d’enfants s’ils savent que ceux-ci pourront recevoir une bonne éducation,
et qu’il vaut la peine, pour leur faire donner une instruction, d’accepter des sacrifices
qui seront dument récompensés par un emploi bien rémunéré. Ils veulent bien courir

28
le risque d’avoir moins d’enfants pour pouvoir investir plus dans chacun d’eux,
espérant tirer plus de satisfaction d’un ou de deux enfants qui réussiront que de
beaucoup qui ne réussiraient pas. Il ressort d’enquêtes sur les ménages effectués
au Nigeria et en Egypte non seulement que le taux de scolarisation est plus élevé
lorsqu’il existe une école dans le village, mais aussi que, toutes choses étant égales
d’ailleurs, les parents ont moins d’enfants. En outre l’étude montre que les parents
ont moins d’enfants lorsqu’ils espèrent que ceux-ci pourront faire des études.
Le fait de pouvoir plus facilement envoyer les enfants à l’école ne réduit la fécondité
que si les parents savent que l’instruction est une source de promotion ; pour que tel
soit le cas, il faut naturellement que le système social lui-même évolue ; mais lorsque
les chances de promotion existent, les effets sont importants : la démocratisation de
l’enseignement peut contribuer à réduire non seulement la fécondité future des
enfants, mais également la fécondité actuelle des parents.
3). Mariage, allaitement maternel et contraception
Partout où la fécondité a fortement diminué, c’est que l’emploi des moyens de
contrôle des naissances tels que les méthodes contraceptives et l’avortement s’est
largement répandu. Toutefois, dans les premiers temps, l’âge au mariage et
l’allaitement maternel peuvent abaisser le taux de fécondité. Même si les couples
continuent de souhaiter autant d’enfants, leurs objectifs sont rendus plus compatibles
avec ceux de l’ensemble de la société. L’allaitement maternel réduit la fécondité en
prolongeant les périodes d’infertilité. En effet, l’allaitement au sein sans complément
alimentaire et les tétées fréquentes retardent la réapparition des menstrues, mais le
risque de conception augmente chaque mois et l’absence de menstruation réduit
mais n’élimine pas totalement les risques de conception; il abaisse également le taux
de mortalité infantile.
Lorsque l’âge au mariage augmente, l’intervalle entre générations successive
s’allonge, ce qui ralentit l’accroissement de la population, en même temps, il se crée
un climat qui encourage la femme à élargir son horizon au-delà de la famille.
Dans les sociétés en développement traditionnelles, la fécondité est élevée parce
que les gens se marient relativement jeunes et ont généralement très vite des
enfants. Elle le serait encore davantage si l’allaitement maternel prolongé et, dans
certains cas, la continence (abstinence de plaisir sexuel), n’y mettait un frein.

29
Dans les pays développés d’aujourd’hui, la fécondité est basse parce que parce que
les gens se marient relativement tard et que les naissances sont espacées grâce à la
contraception et à l’avortement.
Tous ces facteurs contribuent à faire tomber le nombre d’enfants par mère au-
dessous du maximum théorique, qui est de 17. Dans les cinq pays africains, où
l’indice synthétique de fécondité est élevé, c’est essentiellement grâce à l’allaitement
maternel que les naissances sont évitées, tandis que l’augmentation de l’âge au
mariage ne joue guère de rôle et la contraception pratiquement aucun.

réduction de l'indice maximum théorique due


indice à à la aux
synthétiqu à
PAYS
e de l'augmentatio l'allaiteme contraceptio autres
nt n facteurs
fécondité n de l'âge au maternel
mariage
Ghana 6,22 2,16 4,31 0,86 3,45
Kenya 7,4 2,69 4,22 0,67 2,02
Lesotho 5,27 3,05 4,34 0,47 3,87
Sénégal 6,9 1,72 4,65 0,2 3,54
Soudan 5,93 2,88 3,87 0,44 3,99
Source : Rapport sur le développement 2004

CONCLUSION
Population et développement sont liés de nombreuses façons, qui ne sont pas toutes
parfaitement comprises. En outre, les effets de l’accroissement de la population
peuvent varier très largement en fonction du cadre institutionnel, culturel,
économique et démographique. Un accroissement lent oblige un pays à s’adapter à
la charge de plus en plus en lourde que représentent les personnes âgées. Devant la
complexité de la question, on est tenté d’adopter à l’égard des conséquences d’un
accroissement rapide l’attitude de l’agnostique. Cependant, les faits examinés ci-
dessus prouvent indiscutablement qu’aux rythmes rapides observés dans la plus
grande partie du tiers monde, il freine le développement. Au niveau de la famille, une
fécondité élevée tend à réduire la somme de temps et d’argent consacrée à élever
chaque enfant. Elle rend plus difficile la lutte contre la pauvreté, car les pauvres
ayant tendance à avoir beaucoup d’enfants, ils profitent moins des dépenses que
l’Etat consacre aux services qu’ils utilisent précisément le plus ; par exemple, la

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santé et l’éducation, dès lors que les services publics ne progressent plus au même
rythme que la population.
Au niveau de la société, une fécondité élevée nuit à la performance
macroéconomique en rendant plus difficile le financement des investissements qui
sont nécessaire dans le domaine de l’éducation et de l’infrastructure pour assurer
une croissance économique soutenue.
La croissance démographique commence à lorsque les parents décident d’avoir
moins d’enfants. Les raisons qui les conduisent à prendre cette décision concourent
alors au bien-être de la société tout entière. Mais il ne faut pas conclure que le
ralentissement de la croissance démographique est le remède immédiat pour les
pays en développement. Ce n’est que 15 à 20 ans après que la diminution de la
fécondité se traduira par un ralentissement de la croissance de la population active.
En attendant, les pays peuvent prendre diverses mesures ailleurs que dans le
domaine démographique pour atténuer les problèmes de développement qu’aggrave
l’accroissement de leur population. Ils allègeraient leur problème de l’emploi en
adoptant une politique commerciale et une politique de taux de change qui ne
pénaliseraient pas leur main d’œuvre et en supprimant les obstacles institutionnels à
la création d’emplois. Ils augmenteraient la production agricole en appliquant une
meilleure politique des prix dans l’agriculture et en affectant d’avantage de
ressources au crédit rural, à la recherche et à la vulgarisation agricoles, etc.
En résumé, les mesures qui visent à réduire la croissance démographique peuvent
largement contribuer au développement (surtout à long terme), mais elles perdront
beaucoup de leur efficacité si elles ne s’accompagnent pas de politiques
macroéconomiques et sectorielles appropriées. Dans le même temps, les pays, en
ne s’attaquant pas à leur problème de population, restreindront l’éventail des
politiques macroéconomiques et sectorielles applicable et se priveront à jamais de
certaines possibilités de développement à long terme.

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