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RÉSUMÉ 

:
Ce mémoire se propose d'analyser le processus et les dispositifs entrepreneuriaux guinéens.
Pour mieux cerner les contours de la thématique, l'extension de l'étude s'est limitée à l'une des
variantes du monde de l'entrepreneuriat. Il s'agit de son application à la couche juvénile.
L'objectif recherché est de comprendre et d'expliquer les facteurs qui constituent un handicap
au passage des jeunes à l'acte entrepreneurial.

L'étude s'intéresse à la ville de Conakry, capitale de la République de Guinée et zone de


concentration de la plupart des entreprises du pays. Les cibles de l'étude sont en particulier les
jeunes. Nous les avons catégorisés en deux groupes. Le premier est constitué de jeunes n'ayant
aucune expérience entrepreneuriale et le second de jeunes propriétaires d'entreprises. Il a été
ajouté une autre cible en fonction de sa présomption d'implication. Il s'agit des structures
d'appui à la création d'entreprises.

L'étude cherche à répondre à la question : qu'est-ce qui empêche le passage des jeunes de
Conakry à l'acte entrepreneurial ? L'hypothèse de base ayant guidé les différentes investigations
stipule que l'inadaptation des politiques de promotion de l'entrepreneuriat jeune contribue à la
complexité du processus entrepreneurial qui, à son tour, a un effet à la baisse sur la culture
entrepreneuriale et handicape le passage des jeunes de Conakry à l'acte entrepreneurial.

Une approche de recherche mixte composée de techniques qualitatives et quantitatives a servi


la mise en oeuvre de cette étude. Spécifiquement, l'enquête par questionnaire, l'entretien
individuel semi-structuré et la recherche documentaire ont permis de collecter les données
nécessaires à la compréhension et à l'explication du phénomène entrepreneurial des jeunes
guinéens.

Les résultats obtenus montrent que les jeunes de Conakry sont animés d'une forte intention
entrepreneuriale. Cela se voit à travers la vision positive qu'ils ont de l'entrepreneuriat et leur
souhait de créer une entreprise dans les cinq années à venir. Cette intention est en large mesure
liée à l'influence de l'environnement des jeunes (la famille, les voisins, bref l'entourage) qui les
encourage généralement à se lancer dans une carrière entrepreneuriale.

Le principal problème à la création d'entreprises par les jeunesses situe au niveau du passage à
l'acte de création lui-même. Peu de jeunes arrivent à transformer leurs intentions en véritable
création. Ils ont souvent une mauvaise compréhension de la notion de projet entrepreneurial.
Quand ils le comprennent, ils préfèrent ne plus continuer. Ceux qui parviennent également à
créer se rebutent à d'énormes difficultés quant à la gestion et au développement de l'entreprise
ainsi créée.

Du point de vue des jeunes sans expérience entrepreneuriale, dès lors qu'ils prennent
conscience de la question de financement de l'investissement de leurs projets, ils abandonnent
croyant que, sans moyens financier, rien n'est plus possible. D'autres manquent de confiance en
leur personne quant à leur compétence à gérer et à développer leurs affaires. La complexité du
processus entrepreneurial qui leur est proposé est également un facteur qui contribue à baisser
leur envie d'entreprendre.

Quant aux jeunes qui sont déjà passés à l'acte entrepreneurial, ils sont confrontés à des
difficultés de plusieurs natures. Trouver des clients pour leurs produits/services, la faible
rentabilité de l'entreprise qu'ils ont créée, la non croissance de l'entreprise sont autant de
contraintes auxquelles ils sont confrontés. Ces facteurs amènent également ceux qui n'ont pas
encore créés à ne pas envisager créer pour ne pas se retrouver dans la même situation.

En plus, les entreprises créées par les jeunes évoluent dans des secteurs qui ne nécessitent pas
un investissement important. Ainsi, de telles entreprises ne mobilisent généralement pas un
chiffre d'affaires important. Elles ne permettent donc pas à leurs propriétaires d'atteindre les
objectifs fixés, encore moins de se réaliser pleinement.

Du point de vue des politiques utilisées pour stimuler et appuyer les initiatives
entrepreneuriales, il faut reconnaitre qu'elles sont de type classique et donc, non holistes. Il n'y
a que quelques structures qui s'occupent des questions entrepreneuriales. En plus, celles-ci
concentrent leurs efforts uniquement sur le développement de la création d'entreprises plutôt
que d'infuser aux jeunes d'abord la culture entrepreneuriale qui est un préalable et le fondement
même d'un processus entrepreneurial planifié.

Quant à la stratégie utilisée pour appuyer l'entrepreneuriat des jeunes, de par sa nature
traditionnelle, ne peut pas permettre une réussite entrepreneuriale. Elle met les jeunes dans un
processus qu'ils ne maitrisent pas ou qu'ils ont du mal à maîtriser du fait de sa complexité. Cela
limite ou retarde leur passage à l'action et contribue in fine à affaiblir leur culture
entrepreneuriale.
LISTE DES ABRÉVIATIONS, SIGLES ET ACRONYMES

A/CERESAD  : Association « Centre de Recherche Sociale et d'Appui au Développement »

AGUIPE  : Agence Guinéenne pour la Promotion de l'Emploi

AMS  : Afric Managements Service

ANSEJ  : Agence Nationale de Soutien à l'Emploi des Jeunes

APIP  : Agence pour la Promotion des Investissements Privés

BIRD  : Banque Internationale pour la Reconstruction et le Développement

BIT  : Bureau International du Travail

BOCEJ  : Booster les Compétences pour l'Employabilité des Jeunes

CCI  : Chambre de Commerce et d'Industrie

CEC  : Centre Éducatif et Culturel

CECOJE  : Centre d'Écoute et d'Orientation des Jeunes

CFE  : Centre de Formalité des Entreprises

CNUCED  : Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement

CPECG  : Coopérative Populaire d'Épargne et de Crédit de Guinée

CSV  : Command Separated Value

CVRCE  : Centre de Vigie et de Recherche sur la Culture Entrepreneuriale

DSRP  : Document de Stratégie de la Réduction de la Pauvreté

FMI  : Fonds Monétaire International

FONIJ  : Fonds National pour l'Insertion des Jeunes

GNF  : Guinée Nouveau Franc

HHI  : Harvard Humanitarian Initiative

INS  : Institut National de la Statistique

IRDES  : Institut de Recherche et Documentation en Économie de la Santé

ISG  : Institut Supérieur de Gestion

MEAD  : Ministère des Affaires Étrangères et Développement.


MEETFP  : Ministère de l'Emploi, de l'Enseignement Technique et de la Formation
Professionnelle

MP4/MPEG-4  : Moving Picture Experts Group - 4

OCDE  : Organisation de Coopération et de Développement Économiques

ONRG  : Observatoire National de la République de Guinée

PDF  : Portable Document Format / Format de Document Portable

PEA  : Perspectives Économiques en Afrique.

PNUD  : Programme des Nations Unies pour le Développement

PQIP/DCTP  : Pôle de Qualité Inter-Pays sur le Développement des Compétences


Techniques et Professionnelles

RCCM  : Registre de Commerce et de Crédit Immobilier

RGPH : Recensement Général de la Population et de l'Habitat

SARL  : Société À Responsabilité Limitée

SP-SRP  : Secrétariat Permanent - Stratégie de la Réduction de la Pauvreté

SPSS : Statistical Package for Social Science

STAO  : Service Technique d'Appui aux Opérations

UCAO-UUCo  : Université Catholique de l'Afrique de l'Ouest - Unité Universitaire à


Conakry
THÈME :

CRÉATION D'ENTREPRISES EN GUINÉE : CAS DES JEUNES DE CONAKRY

INTRODUCTION

La lutte contre la pauvreté à travers un développement durable permettant à tous de vivre le


bonheur est l'un des défis majeurs que les pays en développement se doivent de relever. Celle-
ci impose exigence et cohérence dans le choix à la fois de la logique de progrès que de ses
actions. Il ne s'agit pas de la résolution d'une équation à une inconnue, mais plutôt d'un
polynôme à plusieurs degrés et plusieurs inconnues (Siomy, 2007).

Les efforts fournis par les nations pour amorcer un développement durable ont amené celles-ci
à penser un développement qui résulterait de la coopération entre les différents pays du monde.
Les pays développés devraient apporter une assistance à ceux qui sont moins développés afin
de leur permettre de sortir de leur situation miséreuse.

Malheureusement, la coopération internationale n'a pas permis d'éliminer la pauvreté. Certains


individus qu'on pourrait ironiquement qualifier de `'renards'', en profitent pour s'accaparer une
part importante du `'gâteau financier''. En plus, les pays en développement qui profitent de
l'aide au développement ne cherchent plus les moyens de se passer de cette aide et assurer leur
autonomie.

Au regard de cette situation, quelle politique faut-il mettre en place pour garantir un réel
développement aux pays en situation de pauvreté et de décadence économique ? Paul Arthur
Fortin répondait à cette question dans son célèbre ouvrage `'Culture entrepreneuriale, un
antidote à la pauvreté''. Il y indique que le véritable moyen de lutter contre la pauvreté consiste
à inciter les peuples à créer de la richesse. Cette incitation doit viser à développer la culture
entrepreneuriale de ces peuples. La culture entrepreneuriale à son tour favorise la création
d'entreprises, d'emplois et de la richesse (Fortin, 2002).

Le développement de la culture entrepreneuriale qui favorise la création de la richesse est donc


la clé du développement, le vrai. Fortin (2002) indiquait d'ailleurs que la pauvreté est un mal
curable, mais cette guérison ne peut pas venir de l'extérieur. Elle est endogène. Jean Jacques
Rousseau affirmait à ce sujet que « c'est en vain qu'on cherche le bonheur au loin quand on
oublie de le cueillir soi-même ». Aussi, les nations pauvres ne peuvent trouver la vraie solution
à leurs problèmes en vivant dans la dépendance économique. Il leur faut créer la richesse
nécessaire au peuple afin que celui-ci réalise ses ambitions.

Cependant, la création de la richesse n'est pas un réflexe avec lequel l'on nait. Cette faculté qui,
loin d'être innée s'acquiert, s'entretient et se développe. Une nation souhaitant se développer se
doit de faire sa promotion. Une promotion qui doit viser à développer une nouvelle
programmation de l'esprit, une transformation de la culture des peuples vers le réflexe
entrepreneurial.

La culture entrepreneuriale doit être développée chez ceux qui constituent l'avenir d'une
nation : les jeunes. Cette jeunesse qui est en réalité une nouvelle génération doit développer en
elle des valeurs constituant un catalyseur [stimulus] poussant à la création d'entreprises et de la
richesse pour la prospérité de la nation.
Ayant pris conscience de la nécessité de pousser les jeunes vers l'entrepreneuriat, le
gouvernement guinéen et ses partenaires au développement mettent désormais l'accent sur la
création d'entreprises et trouvent en elle le meilleur moyen de favoriser et d'assurer l'emploi aux
jeunes. Cette volonté se matérialise par la mise en place de certaines initiatives d'appui à la
créativité des jeunes. La mise en place du Fonds National pour l'Insertion des Jeunes et du
projet « Booster les Compétences pour l'Employabilité des Jeunes » dont l'une des composantes
vient en appui à l'entrepreneuriat des jeunes constituent des exemples. L'émergence des
incubateurs et des entreprises de coaching est également l'une des initiatives prometteuses de
l'éclosion entrepreneuriale.

Nonobstant la volonté politique et les efforts visant à appuyer et à favoriser l'entrepreneuriat


jeune, la situation des jeunes guinéens est loin de s'améliorer. Celle-ci laisse à désirer du fait du
chômage qui touche la plupart d'entre eux. Ils ont l'impression d'être négligés ou même oubliés
par la classe dirigeante, ce qui n'est pas une situation désirable pour l'avenir même du pays.
C'est pourquoi Vulliez (2013) déclarait que « dans une société, le niveau élevé de chômage est
un drame, celui des jeunes, un traumatisme » pour montrer toute l'importance de prêter une
attention particulière à la situation des jeunes dans un pays pour éviter la catastrophe.

La question principale à laquelle nous nous sommes proposé de répondre à travers cette
recherche est la suivante : qu'est-ce qui empêche le passage des jeunes de Conakry à l'acte
entrepreneurial ? Tout au long de ce processus, divers aspects de la question entrepreneuriale
chez les jeunes guinéens ont été abordés. Notamment, la culture, le processus et
l'accompagnement comme des dimensions de l'entrepreneuriat.

L'étude se veut aider à mieux comprendre et expliquer les facteurs qui entravent la création
d'entreprises par les jeunes guinéens. C'est pour nous un moyen de contribuer à l'accroissement
des connaissances dans le domaine de l'entrepreneuriat des jeunes. Ainsi, les politiques seront
éclairées sur les dispositifs favorables à la naissance et au développement d'une société
guinéenne entrepreneuriale, autonome et prospère.

Le présent mémoire est structuré en deux grandes parties. Chacune d'elles est subdivisée en
chapitres qui sont également organisés en sections et parfois en sous-sections. La première
partie s'intitule « De la problématique à la collecte des données » et la deuxième partie «
Résultats ».
Le chapitre I traite de la problématique de recherche. Celle-ci fait l'ébauche de ce qui a été dit
du sujet de recherche. Elle est composée de deux (2) sections. La première section traite de
l'hypothèse de recherche et la dernière porte sur les objectifs de la recherche.

Au chapitre II sont abordés quelques concepts clés de la recherche. Intitulé « Cadre conceptuel
et théorique », il est subdivisé en 3 sections. Chaque section traite d'un concept. Il s'agit
successivement des concepts « Accompagnement entrepreneurial », « Culture entrepreneuriale
» et « Processus entrepreneurial ».

Le chapitre III traite des paradigmes ayant servi à l'interprétation du phénomène


entrepreneurial. Il est intitulé « Revue de la littérature ». Ses trois sections font l'ébauche des
paradigmes de l'opportunité d'affaires, des traits individuels et de celui du processus
entrepreneurial.

Le chapitre IV constitue le dernier de la première partie du mémoire. Il traite de la démarche


méthodologique adoptée dans la collecte et l'analyse des données. Il aborde les techniques de
recherche utilisées, le public cible et l'échantillonnage ainsi que la méthode d'analyse des
données.

La deuxième partie du mémoire comporte trois (3) chapitres (V, VI et VII). Elle présente
globalement les résultats de la recherche et en font une interprétation.

Les chapitres V et VI font la présentation et l'interprétation des données collectées grâce aux
différentes investigations de terrain.

En guise de conclusion, après un rappel de notre question de recherche, du contexte dans lequel
s'inscrit l'étude, des hypothèses formulées, de la démarche adoptée, et des principaux résultats,
nous avons suggérés des champs d'études complémentaires pertinents que nous envisagés.
Nous y avons fait également mention des limites de notre recherche.

CHAPITRE I : PROBLÉMATIQUE :

La question de l'emploi demeure au cœur des débats politiques de développement de toutes les
nations. Les gouvernements du monde cherchent les moyens les plus appropriés pour pallier
aux problèmes de chômage et sortir leurs sujets de leur situation miséreuse. Le souci principal
étant de permettre à ceux-ci de subvenir à leurs besoins d'une part, et de contribuer au
développement socioéconomique du pays, d'autre part. Fort malheureusement, le chômage
continue de prendre de l'ampleur dans le monde. Le Bureau International du Travail indiquait
en 2006 que le nombre de personnes sans emploi dans le monde s'élevait à 195.2 millions (BIT,
2006).

La frange de la population la plus durement touchée par ce phénomène est celle des jeunes. Ils
étaient 86,3 millions de chômeurs dans la tranche d'âge de 18 à 24 ans en 2006. Ils représentent
44% des chômeurs dans le monde (BIT, 2006). Des initiatives ont depuis quelques années été
prises pour pallier à ce problème. Grâce à ces initiatives, le nombre de jeunes chômeurs a un
peu baissé. Un autre rapport de la même institution estimait en 2013 le nombre de jeunes au
chômage à 73.4 millions de jeunes sans-emploi dans le monde (BIT, 2013). Cette baisse reste
néanmoins insignifiante.

Ces dernières années, la politique de réduction du chômage la plus utilisée et encouragée par
les gouvernements et les organisations internationales est la promotion de l'entrepreneuriat,
surtout des jeunes et des femmes, considéré comme le meilleur outil de réduction du chômage
des jeunes (CNUCED, 2014). Les gouvernements trouveront donc la solution à la
problématique de l'emploi des jeunes en les incitant à créer et gérer leurs propres entreprises.

Les pays développés sont en avance dans le domaine du développement de la culture


entrepreneuriale chez les jeunes. Au Québec (Amérique du Nord) par exemple, cette politique a
eu du succès. Une étude a montré que plus de la moitié de la population avait une vision
positive de l'entrepreneuriat au moment de l'étude et 62.6% pensaient que créer sa propre
entreprise était le meilleur choix de carrière. Ainsi, quelques années plus tard (c'est-à-dire en
2011), 9.5% de la population québécoise étaient propriétaires d'entreprises (CVRCE, 2011).

Les jeunes sont ceux chez qui cette culture était la plus développée. L'étude précisait qu'ils
étaient 38.3% à préférer choisir l'entrepreneuriat comme choix de carrière (CVRCE, 2011).
Cela constitue une nette régression par rapport à la situation qu'il y a quelques années. En 2004,
les jeunes de moins de 35 ans qui avaient une vision positive de l'entrepreneuriat représentaient
84.4%. Néanmoins, les jeunes québécois ont une vision plus positive de l'entrepreneuriat
comme choix de carrière que ceux du reste du Canada qui, à la même période (2004)
représentaient une proportion de 71.7% (Riverin et Jean, 2004).

Les politiques de promotion de l'entrepreneuriat jeune en Europe ont favorisé l'essor de la


culture entrepreneuriale chez les jeunes. En Angleterre par exemple, dès 1997, 65% des jeunes
entrepreneurs avaient leurs entreprises à la maison. Parmi eux, 40% travaillaient seuls, 14%
avaient au moins un employé et 17% employaient au moins six personnes (Chigunta, 2002).
Ces indicateurs montrent que les jeunes, de par leurs initiatives entrepreneuriales, créent de
l'emploi pour eux-mêmes et pour d'autres personnes.

En France, le quart (25%) des créateurs d'entreprises sont des jeunes de moins de 30 ans. En
2012, 37% des jeunes envisageaient de créer ou de reprendre une entreprise un jour (Barth,
2015). La culture entrepreneuriale est donc élevée chez les jeunes français.

En Afrique, certains pays disposent d'une jeunesse à la culture entrepreneuriale relativement


développée. En Tunisie par exemple, de plus en plus de jeunes se lancent dans l'entrepreneuriat.
Dans les zones urbaines, environ 13.1% des jeunes hommes travaillent indépendamment. En
zone rurale, l'effectif tend à la baisse avec une proportion de 7.9% (BIRD, 2014).

En 2002, un quart des jeunes zambiens avaient créé leur emploi. La plupart de ces entreprises
évoluaient dans des activités de commerce et de services (Chigunta, 2002). Malgré tout, le
chômage des jeunes constitue un réel défi à relever pour les autorités zambiennes. En 2008, de
nombreux jeunes des zones urbaines vivaient au chômage. 63% des 15 à 19 ans et 48% des 20
à 24 ans étaient au chômage. Ceux se situant entre 20 et 24 ans sont de l'ordre de 48%. Chaque
année, ils sont près de 300 000 jeunes à intégrer le marché du travail apathique où les
perspectives d'emploi se font rares et où le fort taux de chômage des jeunes génère des tensions
politiques et économiques dans tout le pays (PEA6, 2012).

Au Mali, les initiatives de promotion de l'entrepreneuriat ont été à la base d'un boum
entrepreneurial chez les jeunes du pays. Une étude réalisée dans quatre localités indique que
31% des jeunes sont entrepreneurs contre 19% de salariés. Bien que cela semble indiqué qu'il y
a un potentiel entrepreneurial chez les jeunes, le manque d'emploi pour les jeunes perdure dans
le pays. Les résultats de l'étude indiquent que la plupart des jeunes sont au chômage (50% dont
27% de sans-emploi et 23% d'étudiants sans-emploi (Dougnon et al., 2013).

Pour faire face au taux de chômage croissant des jeunes de moins de 35 ans, qui représentent
plus de la moitié de la population (64%) estimé à 25%(Koffi, Faulet-Ekpitini, et Hanty, 2011),
la Côte d'Ivoire, à travers son gouvernement a décidé de développer la culture entrepreneuriale
dans le pays en introduisant des modules de formation en entrepreneuriat dans le système
éducatif. Cette initiative vise à renforcer les compétences des jeunes et favoriser leur initiative
personnelle, leur créativité, leur autonomisation et leur responsabilisation (Koffi, Faulet-
Ekpitini, et Hanty, 2011).
En Guinée, lutter contre la pauvreté, qui frappe pratiquement plus de 55.2% de la population,
reste l'un des défis majeurs à relever (SPSRP7, 2013), les autorités se rabattent ces derniers
temps sur la promotion de l'entrepreneuriat pour ceux qui sont les plus durement frappés par le
phénomène de pauvreté : les jeunes et les femmes.

Cette volonté politique s'est traduite par plusieurs initiatives. Entre autres, la création des
Centres d'Écoute, de Conseils et d'Orientation des Jeunes ; la promotion des microentreprises
en faveur des jeunes ; etc. Le pays bénéficie également du soutien des institutions
internationales qui ont mis en place des programmes d'aide à l'autonomisation des jeunes. Ce
soutien s'est matérialisé par la mise en place du Fonds National d'Insertion des Jeunes. Ce fonds
vient en appui aux jeunes porteurs de projets d'entreprises en guise d'aide pour financer leurs
projets. Le programme « Vivre contre Apprentissage », le programme de volontariat jeunesse
pour l'insertion socio professionnelle de 300 jeunes diplômés et la tenue de salons d'emploi
pour initier les jeunes à la recherche de leur premier emploi sont d'autres initiatives qui avaient
pour but d'aider les jeunes à sortir du chômage (SPSRP, 2013).

Le Fonds National pour l'Insertion des Jeunes vise à pallier au chômage des jeunes à travers des
initiatives entrepreneuriales. Son principal objectif est de faire en sorte que chaque jeune puisse
se prendre en charge et contribuer au développement économique du pays à travers la création
de sa propre entreprise (Kabuya, 2015).

Grâce à des ressources mobilisées auprès du gouvernement Espagnol, le PNUD8 a appuyé une
initiative s'inscrivant dans le cadre de l'entrepreneuriat des jeunes. Il s'agit du fonds de crédit
révolving intitulé « Foniké » (terme soussou signifiant jeune en français). Cette initiative a
contribué à l'accès de 4 272 jeunes aux institutions de micro finances afin de financer leurs
projets d'entreprises (PNUD, 2015).

Malgré cela, la situation du jeune guinéen laisse à désirer. Les études montrent que depuis le
début de l'année 2000, 60% des chômeurs en quête du premier emploi sont des jeunes. Ceux de
la tranche d'âge de 25-34 ans représentent 50% des chômeurs contre 15% de la tranche d'âge de
45-64 ans et 13% pour ceux de la tranche d'âge de 35-44 ans. Les gens ayant effectué des
études supérieures sont également du lot. Environ 33% des chômeurs sont d'un niveau d'études
supérieures contre 26% de ceux qui n'ont pas fréquenté l'école et 12% de ceux de niveau
d'étude techniques/professionnelles (Kaba, 2014).

Ces statistiques mettent en lumière les difficultés liées à la mise en œuvre des politiques de
promotion de l'entrepreneuriat jeune. Le dispositif mis en place ne fonctionne certainement pas
comme il le faut. Les initiatives de promotion et de développement des entreprises par les
jeunes ne produisent pas le fruit escompté. Cela amène à se poser la question suivante : qu'est
ce qui empêche le passage des jeunes de Conakry à l'acte entrepreneurial ?

Pour traiter cette thématique, nous nous sommes appuyés sur trois (3) paradigmes dans le
domaine de l'entrepreneuriat. Le paradigme des opportunités d'affaires constitue le premier.
Celui-ci explique le facteur déclencheur de l'idée de création d'entreprises par la découverte
d'opportunités. Selon cette logique, l'entrepreneur crée une entreprise lorsqu'il constate qu'il y a
un besoin non satisfait sur le marché. Il se sert de cette opportunité pour bâtir toute une
structure (l'entreprise) avec pour objectif de satisfaire ledit besoin.

Le paradigme des traits individuels est le second sur lequel nous nous sommes appuyés. Il
soutient que l'initiative entrepreneuriale dépend des caractéristiques personnelles des créateurs
d'entreprises. Ainsi, un ensemble de variables sociodémographiques influent sur la création
d'entreprises et la réussite entrepreneuriale.

Le troisième paradigme est celui du processus entrepreneurial. Il considère que l'analyse des
étapes de ce processus et sa gestion par les jeunes créateurs permet de cerner les difficultés
qu'ils rencontrent et qui peuvent constituer un facteur de démotivation à la création, par
conséquent un blocage au passage à l'acte entrepreneurial.

Sous-section 1 - Hypothèse de recherche

Nous présumons que l'inadaptation des politiques de promotion de l'entrepreneuriat jeune


contribue à la complexité du processus entrepreneurial qui, à son tour, a un effet à la baisse sur
la culture entrepreneuriale et handicape le passage des jeunes de Conakry à l'acte
entrepreneurial.

Sous-section 2 - Objectifs de recherche

Sous-section 2 – 1 - Objectif général :

Cette étude vise à comprendre et à expliquer les facteurs qui handicapent la création
d'entreprises par les jeunes de Conakry.

Sous-section 2 – 2 - Objectifs spécifiques

Plus spécifiquement, il s'agira de :

 Décrire le profil des jeunes créateurs et faire le portrait de leurs entreprises ;


 Mesurer l'intention entrepreneuriale des jeunes de Conakry ;
 Identifier les facteurs de motivation à la création d'entreprises par les jeunes ;
 Décrire le processus de création d'entreprises et sa gestion par les jeunes ;
 Identifier les difficultés rencontrées par les jeunes créateurs ;
 Analyser les politiques d’aide à la création d'entreprises par et pour les jeunes.

CHAPITRE II : CADRE CONCEPTUEL ET THÉORIQUE :

Le chapitre II fait l'ébauche des concepts clés utilisés dans cette étude. Leur analyse constitue
un moyen technique dans l'atteinte de nos objectifs. Composé de trois sous-sections, il traite du
concept de « accompagnement entrepreneurial » dans la sous-section 1, du concept de « culture
entrepreneuriale » dans la sous-section 2 et du concept de « processus entrepreneurial » dans la
sous-section 3.

Sous-section 1 - Accompagnement entrepreneurial :

Le fait pour une entreprise de bénéficier d'un accompagnement contribue à sa réussite et sa


pérennisation (Leger-Jarniou, 2008b). Cela étant, la nécessité de comprendre ce que veut dire
accompagner s'impose. Sauf que, définir l'accompagnement entrepreneurial n'est pas aisé. Il
faut faire recours aux travaux de recherche réalisés dans le domaine (Sammut, 2008) car il est
polymorphe (Sammut, 2016).

Les définitions données à l'accompagnement entrepreneurial dépendent de la dimension


privilégiée par celui qui la donne. Les anglo-saxons la définissent en privilégiant la notion de
structures qui le pratique (tels les incubateurs). Les francophones quant à eux mettent l'accent
sur les personnes et les formes d'accompagnement (Chabaud, Messeghem, et Sammut, 2011).

C'est ainsi que certains caractérisent l'acte d'accompagner en utilisant alternativement les
concepts de parrainage, de mentorat, de tutorat, de coaching, de counseling, etc. Ces concepts
lui sont parfois synonymes et antagoniques (Sammut, 2008). Cette orientation définitionnelle
s'appuie sur les formes d'accompagnement.

Nous n'utiliserons pas cette analyse car notre préoccupation n'est pas de ressortir les différentes
formes d'accompagnement. Nous cherchons plutôt à mettre en exergue le dispositif de
l'accompagnement entrepreneurial et à expliquer sa contribution au passage des jeunes à l'acte
entrepreneurial.

Une analyse plus approfondie de l'accompagnement entrepreneurial ressort d'autres dimensions


de ce processus. Sammut (2008) indique que l'approche de l'accompagnement entrepreneurial
citée un peu plus haut, met l'accent sur une seule dimension : celle psychologique. Pourtant, au-
delà de celle-ci, l'accompagnement entrepreneurial intègre trois autres dimensions :
relationnelle, de synchronique et spatiale.

Ces dimensions ressortent de la définition selon laquelle, l'accompagnement entrepreneurial


implique de se joindre à quelqu'un (dimension relationnelle) pour aller où il va (dimension
spatiale) en même temps que lui (synchronique) (Sammut, 2008). Cependant, ce caractère
relationnel ne signifie pas que l'accompagnateur doit faire tout pour l'accompagné et cela pour
toujours. Non ! Il ne se substitue pas à lui, il est juste un passant du fait que son action s'inscrit
dans le temps (Sammut, 2016).

Le processus d'accompagnement consiste donc à faire passer une personne d'un état à un autre,
voire à l'influencer pour qu'elle prennent des décisions (Leger-Jarniou, 2008). Dans ce sens, il
ressort l'idée de passeur. En d'autres termes, dans le processus de l'accompagnement,
l'accompagnant est considéré comme un passeur ayant pour objectif de rendre l'accompagné
plus fort intellectuellement et psychologiquement (Sammut, 2016).

Nous partageons cette analyse de l'accompagnement entrepreneurial, mais nous ne chercherons


pas à étayer comment ce processus d'accompagnement se déroule en contexte guinéen. Le rôle
de l'accompagnateur et la durée de sa prestation auprès de l'entrepreneur ne sont pas les
éléments que nous cherchons à expliquer. Notre préoccupation est d'expliquer les contributions
de l'accompagnement entrepreneurial à favoriser au non la création d'entreprises.

La définition qui nous semble plus adaptée au sens que nous donnons au concept
accompagnement entrepreneurial est celle inspirée du livre blanc des structures
d'accompagnement du Labex entreprendre. Il définit l'accompagnement entrepreneurial comme
un processus organisé par une tierce partie, s'inscrivant dans la durée et permettant à un (ou
des) porteur (s) de projet ou un (ou des) entrepreneur (s) de bénéficier d'une dynamique
d'apprentissage (formation, conseil, ...) ; d'un accès à des ressources (financières,
informationnelles, ...), d'une mise en réseau, de services (administratifs, hébergement, etc.) et
d'une aide à la décision (coaching, mentorat, etc.) (Messeghem et al., 2014).

Nous considérons l'accompagnement entrepreneurial comme un outil pratique pour la création


et le développement des entreprises. La durée et la qualité de cet accompagnement déterminent
en grande partie la performance de ces entreprises (Leger-Jarniou et Saporta, 2013).
Ainsi, nous avons cherchés à analyser ce qui se passe selon que le porteur de projets de création
d'entreprises bénéficie d'une ou des dimensions de l'accompagnement entrepreneurial.

Sous-section 2 - Culture entrepreneuriale :

Le vocable `'culture entrepreneuriale'' englobe deux notions intimement liées. Il s'agit de la


culture et de l'entrepreneuriat. La première étant considérée comme le préalable à l'émergence
de la seconde. Ainsi, donner sens au concept de culture entrepreneuriale revient à isoler ces
deux notions pour saisir leurs sens respectifs puis les recomposer et ressortir le lien entre elles.

De façon générique, la culture renvoi à un ensemble de traits de caractère distinctif sur les plans
spirituels, matériels, intellectuels et affectifs. Elle constitue la caractéristique principale d'un
groupe social donnée -(Léger-Jarniou, 2008a).

Cette notion de culture est appréhendable à deux niveaux (individuel et collectif). Du point de
vue individuel, elle peut se comprendre comme un ensemble de connaissances acquises,
d'instruction, de savoir, d'habilités et d'usage que l'individu acquiert par expérience-(Léger-
Jarniou, 2008).

Du point de vue collectif, elle représente les constructions sociales et les comportements
collectifs caractéristiques d'une société. La culture est ainsi une programmation mentale
collective propre à un groupe d'individus et forme de ce fait le développement de certains traits
de personnalité et les motivent à s'engager dans des comportements -(Léger-Jarniou, 2008).

L'entrepreneuriat est quant à lui généralement défini comme un processus qui débouche sur la
création d'entreprises. C'est un ensemble d'actions consistant à partir d'une idée, à exploiter une
certaine opportunité en créant ou en reprenant une activité qui sera par la suite développée par
un individu ou un groupe d'individus. Cet ensemble d'actions se solde par la création d'une
valeur nouvelle (Paturel, 2007) et l'individu ou le groupe réorganise des ressources
indépendantes d'une façon nouvelle afin de saisir l'opportunité (Johannisson, 2003). Ce
processus se matérialise par la création d'une nouvelle organisation : l'entreprise (Gartner,
1993).

Le phénomène entrepreneurial met en relation l'entreprise et son créateur. Le créateur


d'entreprises est appelé entrepreneur. C'est lui qui crée une chose, une valeur. C'est à travers
cette valeur qu'il est définit (Bruyat, 1993). Il crée, développe une entreprise contre vents et
marées. Cette initiative constitue pour lui une source de création de richesses et d'emplois
(Bruyat, 1993).
Définir le vocable `'culture entrepreneuriale'' nécessite de le démarquer de certains concepts qui
sont, à tort ou à raison, souvent employés pour le désigner. Il s'agit des concepts esprit
d'entreprises, esprit d'entreprendre, envie d'entreprendre et esprit entrepreneurial.

L'utilisation de ces différents concepts provient des différentes visions développées dans
l'appréhension du phénomène entrepreneurial. Fondamentalement, deux visions prédominent
dans ce monde.

D'un côté, le phénomène entrepreneurial centré sur la création de nouvelles organisations


(entreprises) et l'identification d'opportunités qui existe déjà. De cette vision provient la notion
d'esprit d'entreprise (Leger-Jarniou, 2008). Cette notion s'inspire des travaux effectués par
Gartner (1993) qui considère l'entrepreneuriat comme un processus visant à créer de nouvelles
entités.

Cette première conception est celle que nous avons utilisée pour donner sens au concept
entrepreneuriat. Ainsi, l'entrepreneuriat est la création d'entreprises : une nouvelle organisation.
De ce fait, nous l'écartons de la définition que nous donnons à la culture entrepreneuriale.

D'un autre côté, l'entrepreneuriat est appréhendé comme un processus visant à créer de la valeur
(Bruyat, 1993). Dans ce processus, plusieurs facteurs sont pris en compte. Entre autres, les
manières particulières de concevoir les choses, la prise d'initiative et l'action. De cette vision
ressort l'idée de l'existence de certains individus qui développent en eux un certain nombre de
comportements orientés vers la volonté de faire de nouvelles choses ou de faire différemment
certaines choses (Leger-Jarniou, 2008).

C'est de cette vision du phénomène entrepreneurial que provient la notion d'esprit ou d'envie
d'entreprendre. Plusieurs facteurs favorables au développement de l'envie d'entreprendre
proviennent de cette définition de l'entrepreneuriat.

Par esprit entrepreneurial, nous entendons la capacité à concevoir des idées novatrices et à les
mettre en œuvre. Il suppose pour son possesseur de posséder et de développer des aptitudes
spécifiques comme la créativité, la vision, l'innovation, la persévérance, etc. nécessaires à la
création de la valeur. Certaines de ces aptitudes sont communes à tous les entrepreneurs peu
importe leur âge, leur origine, leur niveau d'instruction (Cisneros, 2016).

La culture entrepreneuriale est, dans le sens que nous lui octroyons, liée à l'esprit d'entreprendre
et l'esprit entrepreneurial. Elle est donc un système de valeurs, de croyances et de traits de
caractère d'un groupe social donné qui l'oriente vers la dynamique de création d'entreprises-
(Léger-Jarniou, 2008).

Dans le cadre opératoire de cette recherche, nous mettons en relation la création d'entreprises et
la possession par les entrepreneurs des aptitudes entrepreneuriales. Une augmentation des
créateurs d'entreprises ou de ceux qui ont une culture entrepreneuriale développée selon qu'ils
possèdent ou non ces aptitudes confirmera ce modèle d'analyse.

Nous avons mesuré la culture entrepreneuriale à partir de trois variables. Il s'agit de la


valorisation de l'entrepreneuriat, la désirabilité de l'acte entrepreneurial et la volonté des jeunes
à passer à l'acte entrepreneurial. Ce sont ces trois variables que nous avons combinées à
d'autres pour identifier les facteurs qui déclenchent et favorisent la création d'entreprises.

Sous-section 3 - Processus entrepreneurial :

L'entrepreneuriat est un processus amenant un individu ou un groupe à initier un ensemble


d'actions visant à détecter et à exploiter une opportunité (Hernandez et Marco, 2006). Comme
tout processus, l'entrepreneuriat est composé d'un ensemble d'étapes. L'entrepreneur est tenu de
les traverser pour arriver à créer son entreprise (CCI, 2015).

Plusieurs classifications des étapes de la création d'entreprises existent. Selon des auteurs, le
processus entrepreneurial est composé de 4 à 8 étapes. Ce nombre d'étapes dépend des auteurs
qui se prononcent sur le sujet.

La première analyse que nous faisons du processus entrepreneurial s'inspire des travaux de
Borges, Fillion et Simard. Ils expliquent le processus entrepreneurial en fonction des différentes
activités qu'entreprend l'entrepreneur pendant sa création. Sur la base de ces activités, ils
mettent l'accent sur quatre (4) étapes principales. Il s'agit de l'initiation, de la préparation, du
démarrage et de la consolidation (Borges, Fillion, et Simard, 2010).

La première étape (l'initiation), correspond à celle au cours de laquelle l'entrepreneur identifie


son occasion d'affaires, réfléchit sur son projet et prend la décision de créer son entreprise
(Borges, Fillion, et Simard, 2010).

Au cours de la deuxième étape (la préparation), il réalise une étude de marché et rédige son
plan d'affaires. La constitution d'une équipe entrepreneuriale et l'enregistrement d'une marque
ou d'un brevet font également partir de cette étape (Borges, Fillion, et Simard, 2010).
À la troisième étape (le démarrage), il procède à l'enregistrement juridique de l'entreprise et se
consacre à plein temps dans son projet. C'est le moment de procéder aux installations et aux
équipements, de développer le premier produit ou service, d'embaucher les premiers employés
et de procéder aux premières ventes (Borges, Fillion, et Simard, 2010).

Pendant la dernière étape (consolidation), il met en place une stratégie de promotion et de


markéting de ses solutions. C'est pendant ces moments qu'il cherche à atteindre le seuil de
rentabilité à travers la multiplication des ventes. La mise en place d'une planification formelle
et les pratiques de gestion deviennent des instruments lui permettant d'atteindre ses objectifs
(Borges, Fillion, et Simard, 2010).

Ce processus entrepreneurial a été utilisé par ces auteurs afin de mettre en exergue les
difficultés rencontrées par les créateurs d'entreprises à chaque étape. Tout en procédant ainsi,
ils font une comparaison entre l'appréhension de ce processus par les jeunes entrepreneurs et
leurs ainés. À chaque fois, ils mettent la lumière sur la nature et le niveau des difficultés chez
les uns et les autres tout en s'appesantissant sur le cas particulier des jeunes.

Cette approche du processus entrepreneurial n'est pas celle que nous avons privilégiée dans le
cadre de ce travail. La dynamique de la création d'entreprises en Guinée ne s'appuie pas
certainement sur cette démarche. Néanmoins, l'approche d'analyse utilisée nous a paru assez
pertinente. C'est pourquoi, bien que nous n'adoptions pas dans notre analyse le processus
entrepreneurial qu'ils ont proposé, nous avons utilisés quand même leur approche consistant à
mettre en exergue les différentes difficultés rencontrées par les jeunes aux différentes étapes du
processus.

Une autre classification des étapes du processus entrepreneurial est celle qui met l'accent sur le
parcours du créateur d'entreprises. Selon celle-ci, le processus est composé de sept (7) étapes.

La première étape de cette classification correspond au moment où le créateur ou futur créateur


d'entreprises développe une idée de projet. En d'autres termes, il est amené à penser à une chose
précise dont la mise en place constituerait pour lui l'atteinte d'un objectif précis (CCI, 2015).

Une fois cette idée de projet acquise, la deuxième étape du parcours intervient. Le créateur
procède à une étude commerciale qui lui permettra d'analyser la demande des clients et de
cerner la position des concurrents. Au cours de celle-ci, il pourra déterminer la taille de son
marché cible, celle de son marché potentiel, le nombre de concurrents, leurs forces et leurs
faiblesses (CCI, 2015).
L'étape suivante (la troisième) est l'étude financière au cours de laquelle l'entrepreneur fait
l'inventaire des investissements et des possibilités de profit. Il s'agira de faire différentes
simulations financières pour s'assurer de la rentabilité du projet. Des instruments de la
comptabilité générale et des mathématiques financières interviennent pour faciliter le travail
(CCI, 2015).

Au cours de la quatrième étape, le créateur décide de la forme juridique et sociale de son


entreprise. Celle-ci dépendra de l'analyse qu'il fera des avantages et des inconvénients liés à
chacune des formes existantes ou qui lui sont proposées (CCI, 2015).

La cinquième étape correspond à la recherche de financement. Au cours de celle-ci, le créateur


compile toutes les informations nécessaires de son projet dans un document : le plan d'affaires.
C'est ce dernier qu'il utilise pour trouver du financement (CCI, 2015). Le plan d'affaires est
l'élément qui permet au créateur de savoir si son projet tient la route. Il facilitera notamment la
levée de fonds pour le financement des investissements du projet (Terra Femina, 2015). Tout
financement externe (surtout sous forme d'emprunts) dépend de la pertinence et de la
solvabilité qui ressortent du plan d'affaires.

La sixième étape consiste à faire des démarches pour les formalités et l'immatriculation de
l'entreprise. Cette étape est également facilitée par les centres de formalités des entreprises
(CCI, 2015).

La septième étape quant à elle correspond au lancement des activités de l'entreprise ainsi créée
(CCI, 2015). C'est le démarrage du développement du premier produit ou service et la mise en
place d'un système de gestion de l'entreprise.

Cette classification des étapes du processus entrepreneurial nous parait être celle qui est
adaptée au contexte guinéen. Le processus de création d'entreprises en Guinée utilise ces
différentes étapes. Aussi, sur elle, nous basons notre analyse du processus entrepreneurial.
Nous avons cherché à savoir si les jeunes entrepreneurs se donnent la peine de suivre ce
processus.

Ensuite, nous avons identifié pour chaque étape, les différentes difficultés rencontrées et la
contribution de ces difficultés à la diminution de la culture entrepreneuriale chez les jeunes de
Conakry.

CHAPITRE III : REVUE DE LA LITTÉRATURE :


Ce chapitre traite des approches théoriques utilisées pour l'ancrage théorique de l'étude. Ces
approches sont plutôt des paradigmes qui expliquent la dynamique entrepreneuriale. Le
chapitre est subdivisé en trois (3) sous-sections. La première sous-section traite du paradigme
des opportunités d'affaires. La seconde quant à elle fait l'ébauche du paradigme des traits
individuels. La troisième sous-section présente le paradigme du processus entrepreneurial.

Sous-section 1- Paradigme de l'opportunité d'affaires :

Inspiré du markéting, ce paradigme explique que l'examen approfondi du comment, par qui et
avec quels résultats sont découvertes, évaluées et exploitées les opportunités de création de
futurs biens et services (Jaziri, 2009).

Ainsi, la raison première de la création d'une entreprise réside dans le désir pour l'entrepreneur
de répondre à un besoin non satisfait sur le marché (Kirzner, 1997). Ces opportunités se
classent à trois niveaux.

D'abord, les opportunités rencontrées sur le marché sont le fruit de l'inefficience due à une
asymétrie de l'information ou aux limites de la technologie pour satisfaire des besoins non
satisfaits (Drucker, 2006).

Ensuite, ces opportunités peuvent être le résultat d'un changement exogène qui touche aux
conditions sociales, politiques, démographiques ou économiques. En fin, ces opportunités
peuvent être le fruit d'inventions et de découvertes et qui produisent ainsi de nouvelles
connaissances (Drucker, 2006).

Une autre analyse du paradigme de l'opportunité d'affaires présente deux prémisses du modèle
entrepreneurial. La première est associée à l'inefficience des marchés. Cette inefficience offre
aux individus des opportunités de profit (Venkata Raman, 1997).

La dernière explique que même si le marché approche un état d'équilibre, la condition humaine
de l'entreprise combinée à la tentation du profit et l'avancée des connaissances et des
technologies détruiront l'équilibre tôt ou tard (Venkata Raman, 1997). Ces deux prémisses n'ont
pas été utilisées dans le cadre de nos analyses. Nous ne les trouvons pas pertinente dans le
contexte guinéen surtout par rapport aux jeunes.

La classification des types d'entrepreneurs faite par Coste (2011) nous aide à mieux cerner ce
paradigme. Celui-ci indique qu'il existe quatre (4) types d'entrepreneurs. Le premier type
d'entrepreneurs est appelé « entrepreneur-expert » qui crée son entreprise parce qu'il dispose de
l'expertise dans le domaine de sa création.
Le second type d'entrepreneurs est appelé « entrepreneur-créateur » qui est animé par le désir
de créer. L'acte de création constitue chez lui une passion. C'est le cas particulier des « serials
entrepreneurs » qui créent beaucoup d'entreprises sans se préoccuper de leur développement
(Coste, 2011).

Le troisième type d'entrepreneurs est « l’entrepreneur-opportuniste ». Celui-ci crée son


entreprise pour faire des affaires. Il choisit donc son domaine d'activité en fonction des
opportunités qu'il parvient à détecter sur le marché. Il bâtit son entreprise pour la saisir (Coste,
2011).

Le quatrième type d'entrepreneurs est qualifié « d’entrepreneur-militant » chez qui la


motivation à la création réside dans les valeurs personnelles qu'il possède. Ces valeurs
développent en lui une forte conviction qui le motive et le pousse à se lancer (Coste, 2011).

Le paradigme de l'opportunité est celui qui explique la motivation à la création chez les «
entrepreneurs opportunistes » de la classification de Philippe Coste. L'intérêt de ce paradigme
est de nous aider à expliquer le facteur déclencheur de la création d'entreprises. En partant de
lui, nous avons prévus mettre en relation l'opportunité identifiée et l'action de créer une
entreprise pour déterminer la relation entre elles.

Sous-section 2 - Paradigme des traits individuels :

Le paradigme des traits individuels explique que la création d'entreprises dépend des
caractéristiques personnelles du créateur. Selon cette tendance, les variables
sociodémographiques telles que : l'origine sociale, la carrière professionnelle, les compétences,
les motivations, l'historique et la famille sont des facteurs qui déclenchent l'initiative
entrepreneuriale et qui favorisent la réussite des créateurs d'entreprises (Jaziri, 2009).

Partant de cette approche, il existe une sorte de reproduction des statuts sociaux au sein des
familles (Passeron et Bourdieu, 1964). Les entrepreneurs seraient des personnes qui
proviennent de familles au sein desquelles les parents ou alors un proche de la famille sont dans
les affaires (Gasse et D'Amours, 2000). Ces personnes deviennent ainsi un modèle (Diochon et
Menzies, 2001) ou un groupe de référence (Merton, 1997) pour les entrepreneurs.

Se pencher sur le paradigme des traits individuels, revient à s'inscrire dans la dynamique des
études réalisées en entrepreneuriat qui sont parvenues aux conclusions suivantes : le
développement de l'action entrepreneuriale est en grande partie influencé par l'environnement.
Le milieu immédiat influence largement la création d'entreprises d'une région à l'autre en
fonction de l'inégalité des opportunités d'affaires (Mezhoudi, 2001).

Ce paradigme met également l'accent sur le fait que le niveau d'instruction des entrepreneurs
est généralement plus élevé que celui de l'ensemble de la population surtout dans le domaine
des technologies (Gasse et D'Amours, 2000).

Contrairement à eux, Fortin (2002) explique que ceux qui créent des entreprises sont
généralement ceux chez qui l'intelligence émotionnelle est plus grande que celle rationnelle.
Aussi, ceux qui ont un niveau d'instruction élevé entreprennent moins que les autres.

Le dernier élément du paradigme des traits individuels est la propension à l'autonomisation.


Ainsi, Les créateurs d'entreprises sont poussés par la recherche de l'autonomie (Menzies et al.
2002).

Ce paradigme a l'avantage de nous permettre de dresser le profil des créateurs d'entreprises. Il


consiste notamment à répondre à la question : Qui est entrepreneur ? Une fois la réponse à cette
question établie, nous serons à même d'identifier les variables qui déclenchent et stimulent
l'intention entrepreneuriale.

Nous prenons en considération toutes les analyses développées au compte de ce paradigme. Ce


sera une occasion pour nous de les tester dans le contexte guinéen. Grâce à ces différents tests,
nous identifierons les différents profils favorables au développement de la culture
entrepreneuriale et de l'entrepreneurship.

Sous-section 3 - Paradigme du processus entrepreneurial :

Ce paradigme est en quelque sorte le point de rencontre des précédents paradigmes. Il met
l'accent sur le processus par lequel passent les créateurs d'entreprises pour bâtir leurs
entreprises. Le paradigme du processus entrepreneurial consiste à décrire et analyser les
différentes étapes de la création d'une nouvelle entreprise ou de la reprise d'une entité existante,
afin d'en élucider et cerner les problèmes pour y remédier (Jaziri, 2009).

En analysant les différentes étapes du processus entrepreneurial, certains auteurs ont pu mettre
en exergue les étapes qui causent plus de difficultés aux jeunes porteurs de projets
entrepreneuriaux.
Dans leur proposition du schéma du processus entrepreneurial en quatre étapes, Borges, Fillion,
et Simard (2010) mettent l'accent sur plusieurs éléments qui retardent le passage des jeunes à
l'acte entrepreneurial.

Dans un premier temps, ils indiquent que les jeunes préfèrent avoir une expérience
professionnelle plus significative avant de se lancer dans une carrière entrepreneuriale (Borges,
Fillion, et Simard, 2010). Ils ne pensent à créer leurs entreprises que lorsqu'ils se sentent aptes à
assumer les fonctions d'un entrepreneur. L'expertise devient à leurs yeux la clé pour réussir
(Coste, 2011). Cette réflexion rejoint le paradigme des traits individuels.

Dans un second temps, la mobilisation des ressources financières n'est pas une chose facile
pour les jeunes entrepreneurs. Cela explique pourquoi ils mettent plus de temps que leurs ainés
avant de passer de l'idée de création à la décision de créer (Borges, Fillion, et Simard, 2010).

Ensuite, la réalisation d'une étude de marché et la rédaction du plan d'affaires constituent toutes
les deux un véritable casse-tête pour les jeunes porteurs de projets entrepreneuriaux. La
réalisation de ces différentes activités prend plus de temps chez les jeunes entrepreneurs que
leurs ainés. Dans la majorité des cas, ils ne se donnent même pas la peine de faire une étude de
marché et rédiger un plan d’affaires (Borges, Fillion, et Simard, 2010).

En fin, la phase de développement de l'entreprise est celle qui cause encore plus de difficultés.
Le développement des produits/services, la commercialisation, l'embauche d'employés et
l'atteinte du seuil de rentabilité prennent plus de temps chez les jeunes que ceux leurs ainés
(Borges, Fillion, et Simard, 2010).

Ce troisième paradigme est celui dont nous nous sommes servis le plus pour expliquer notre
sujet. Il nous a aidé notamment à passer en revue les différentes étapes de la création
d'entreprises.

En fonction de l'appréhension et de la gestion de ces différentes étapes par les jeunes créateurs,
nous pourrons cerner les étapes qui constituent pour eux des goulots d'étranglement. C'est une
façon pour nous de mettre en exergue les difficultés rencontrées par les jeunes créateurs
d'entreprises et les facteurs qui empêchent d'autres jeunes à se lancer dans la dynamique
entrepreneuriale.

CHAPITRE IV : DÉMARCHE MÉTHODOLOGIQUE :

Ce chapitre IV, présente la démarche pratique utilisée pour collecter les données nécessaires à
la compréhension de notre problématique de recherche. Il se subdivise en trois (3) sections. La
première traite des différentes techniques de collecte de données. La seconde aborde le public
cible et l'échantillonnage et la dernière section quant à elle traite de l'analyse des données.

Section 1 - Techniques de collecte

Cette section est consacrée à la présentation des techniques de collectes de données que nous
avons utilisées. Elle est composée de trois (3) sous-sections. La première aborde la technique
de recherche documentaire, la deuxième sous-section traite de l'enquête par questionnaire et la
dernière, de l'entretien individuel.

Sous-section 1 - Recherche documentaire :

La recherche documentaire est une technique de collecte transversale à toutes les grandes
familles de méthodologie de recherche (quantitative et qualitative) en sciences sociales. Elle est
un processus comportant les étapes suivantes : l'identification, la récupération et le traitement
des éléments divers (chiffres, bibliographie, textes...) sur un sujet donné. Cette identification est
une étape indispensable à la synthèse des connaissances et à la revue de la littérature (IRDES,
2016).

La particularité de la recherche documentaire réside dans le fait qu'elle joue un rôle de


complémentarité. En d'autres termes, elle est utilisée pour trianguler les données obtenues à
partir d'autres techniques (Lessard-Hébert, Boutin, et Goyette, 1997).

L'utilisation de cette technique dans notre recherche a consisté à la lecture de documents à


partir desquels nous avons tiré des éléments nécessaires au développement de notre sujet de
recherche. Ces documents étaient des ouvrages généraux, des ouvrages traitant de
l'entrepreneuriat, de la problématique juvénile, des questions d'emploi, des articles
scientifiques, la plupart publiés sur Internet.

C'est par son biais que nous avons pu élaborer notre problématique, faire l'analyse des concepts
et développer notre revue de la littérature. Durant le travail de recherche, il a été fréquemment
fait recours à elle pour donner un sens à certaines observations provenant des enquêtes menées.
Un logiciel spécialisé a été utilisé pour citer les sources des ouvrages utilisés et générer la
bibliographie.

Sous-section 2 - Enquête par questionnaire :

L'enquête par questionnaire est une technique directe qui vise à poser des questions à un grand
nombre d'individus, habituellement de façon directive, pour faire un prélèvement quantitatif
(Angers, 1996). Elle permet de collecter des informations sur divers aspects de la vie d'une
large population. Son utilisation requiert la conception d'un outil de collecte (le questionnaire)
renfermant les questions dont les réponses permettront d'obtenir des renseignements (Angers,
1996). Il doit être soigneusement élaboré avant le début de l'enquête et posé sous une forme
identique à tous les sujets interrogés. Les questions sont choisies en fonction de l'objet de
l'enquête (Loubet Del Bayle, 2000).

Les données qui ont été collectées à travers cette technique portent sur les comportements des
informateurs, leurs opinions, leur situation sociale, familiale ou professionnelle, leur niveau de
connaissance ou de conscience d'un phénomène, ou sur tout autre sujet (Angers, 1996).

Nous avons choisi l’utilisation de cette technique, car nous avons collecter des données
destinées à une quantification. Elle a permis de mesurer l'ampleur du phénomène
entrepreneurial chez les jeunes de la ville de Conakry.

Dans le cadre de cette étude, nous avons utilisé deux questionnaires. Le premier a ciblé les
jeunes de la ville de Conakry n'ayant aucune expérience entrepreneuriale et visant à obtenir
d'eux des informations qui ont permis de mesurer l'intention entrepreneuriale. Le second
questionnaire a ciblé les créateurs et les gérants d'entreprises. Il a visé à détecter les difficultés
qu'ils rencontrent, leur profil et celui de leurs entreprises, les domaines d'activités de leurs
entreprises et leur connaissance du processus entrepreneurial.

Sous-section 3 - Entretien individuel :

L'entretien est une technique qui permet de collecter des données qualitatives. C'est une
discussion formelle entre un intervieweur et un interviewé c'est-à-dire une personne choisie
pour servir d'interlocuteur à l'intervieweur (Bouchon, 2009).

Autrement appelée entrevue de recherche, cette technique directe vise à interroger quelques
individus afin de faire un prélèvement qualitatif. L'entrevue de recherche collecte quelques
témoignages d'individus en les questionnant finement sur leurs émotions, leurs expériences et
leurs conceptions. Elle est utilisée pour découvrir le motif commun du comportement des gens
et permet d'aborder des domaines encore largement méconnus ou de se familiariser avec les
gens visés avant d'en rencontrer un plus grand nombre en utilisant d'autres techniques (Angers,
1996).

L'idéal recherché en utilisant cette technique est la diversification des projets c'est pourquoi il
se déroule sous forme de conversation orientée vers un but. Il permet de mettre en évidence des
représentations (Bouchon, 2009). Elle nous a permis de collecter des informations auprès des
structures d'aide à la création d'entreprises et des établissements bancaires ou de microfinance.
Nous allons utiliser un guide d'entretien à l'occasion. Les informations qui ont été collectées
grâce à ce guide nous ont permis de faire une analyse de la politique d'accompagnement des
jeunes porteurs de projets d'entreprise.

Les structures rencontrées pendant la collecte des données sont :

 Agence Guinéenne pour la Promotion de l’Emploi ;


 Coopérative populaire d'épargne et de crédit de Guinée -Yètè Mali.

Nous avons choisi d'interviewer des représentants de ces différentes structures parce qu'ils ont
une présomption d'implication dans notre sujet de recherche. Ces structures offrent aux jeunes
porteurs de projets d'entreprises un soutien qui peut prendre plusieurs formes. Certaines aident
les jeunes à obtenir le financement de leurs investissements ; tandis que d'autres financent
directement ces investissements.

Section 2 - Public cible et échantillonnage :

Les données de cette étude ont été collectées auprès des jeunes créateurs d'entreprises, des
jeunes sans expérience entrepreneuriale, des représentants de structures d'aide à la création
d'entreprises et d'établissements financiers. Ce choix se justifie par le fait que ces trois
catégories d'individus ont une présomption d'implication dans le phénomène étudié.

Avec les jeunes, nous avons fait usage de la technique d'enquête par questionnaire. La
technique d'entretien individuel a été utilisée pour collecter des données auprès des structures
d'aide à la création d'entreprises et des établissements financiers. Les individus interrogés
pendant les enquêtes par questionnaires ont été choisis à travers la technique d'échantillonnage
accidentel. C'est une technique à partir de laquelle les individus qui composent l'échantillon
sont choisis sur la base de la convenance du chercheur (Angers, 1996). Généralement, c'est la
présence de l'individu lors du passage de l'enquêteur et la volonté de participer à l'enquête qui
déterminent le choix.

Ce choix s'explique par l'absence de base de sondage à partir de laquelle il serait possible
d'appliquer une technique d'échantillonnage probabiliste qui donne une garantie de
représentativité plus élevée.
Le questionnaire destiné aux jeunes sans expérience entrepreneuriale a permis d'entrer en
contact avec 50 jeunes. Le questionnaire destiné aux jeunes créateurs d'entreprise a été
administré à 30 jeunes. Ceux qui ont participé aux entretiens individuels étaient aux nombre de
quatre (4) en fonction de deux personnes par structure interviewée.

Les données ont été collectées au cours d'une période de deux semaines allant du 01 au 14
Juillet 2021. Quatre enquêteurs ont été formés aux différents questionnaires. Ils nous ont aidés
à collecter les données auprès des jeunes dans les différentes communes. Nous nous sommes
ensuite personnellement occupés de la réalisation des entretiens auprès des structures d'appui à
l'entrepreneuriat.

Section 3 : Analyse des données

Les données collectées à partir des guides d'entretien ont été soumises à une analyse de contenu
manuel. Au cours de cette analyse les données ont été classées dans une grille en fonction des
divergences et des convergences. Le verbatim de certaines informations a été tiré et introduit
dans l'interprétation des données.

L'analyse des données collectées à partir des enquêtes par questionnaire a obéit à un processus
composé de plusieurs étapes. Dans le souci de réduire le processus d'analyse et de permettre
une facilité de manipulation des données, la technique d'analyse automatique assistée par
l'ordinateur a été utilisée. Le processus a commencé depuis la conception des outils de collecte.

La préparation à l'exploitation des données a été effectuée à partir du logiciel SPSS (Statistical
Package for Social Science). Le traitement des données (épuration et dépouillement) a été
effectué à l'aide du Tableur Excel 2013. Par son intermédiaire, les différents tris (à plat et les tri
croisés), les traitements statistiques sur les variables numériques (mise en classe, moyennes,
maximum et minimum, médiane) et les représentations graphiques ont été effectués.

La rédaction de ce mémoire s'est faite à l'aide du traitement de texte Microsoft Office Word
2013 sous Windows 10.

La principale difficulté rencontrée au cours de ce processus de recherche réside dans l'accès aux
informateurs. Nous avions souhaité interviewer plusieurs institutions financières afin de
comprendre le mécanisme d'octroi de crédits aux porteurs de projets d'entreprises. Très
malheureusement, nous n'avons pas pu avoir accès à la plupart d'entre elles. Nous nous sommes
donc efforcé d'obtenir le plus d'informations de celles qui ont accepté nous accorder un
entretien.
La seconde difficulté était liée à l'envergure du travail. Ne disposant pas de ressources
financières suffisantes pour effectuer les déplacements et se procurer du matériel informatique
nécessaire à la collecte et au traitement des données, nous nous sommes fait aider par certains
de nos ami-e-s qui ont eu l'aimable volonté de mettre leurs appareils (ordinateurs) à notre
disposition. À cela s'ajoute les difficultés liées à la collecte des données. Le soutien financier de
nos proches nous ont également permis de couvrir les charges liées à la réalisation des
enquêtes.

DEUXIÈME PARTIE : RÉSULTATS

CHAPITRE V : PRÉSENTATION DU CADRE D'ÉTUDE

Cette étude porte essentiellement sur la capitale guinéenne - Conakry - qui constitue le pôle
d'attraction pour une majorité de la population. Située sur le littoral de l'océan atlantique, elle
constitue le fief des affaires en Guinée. À cause notamment de la présence de l'unique port
autonome, du seul aéroport international et d'une concentration de toutes les structures
ministérielles. Conakry est la plus grande ville en termes de concentration démographique avec
une population estimée à 91.660.973 habitants selon le dernier recensement général de la
population et de l'habitat (INS, 2016).

La plupart des entreprises guinéennes sont implantées dans la capitale Conakry. Celle-ci
compte cinq communes. Il s'agit de Kaloum, Dixinn, Matam, Matoto et Ratoma.

La commune de Kaloum s'étend sur une superficie d'environ 25 km². Elle est délimitée par
l'océan Atlantique à l'ouest, au nord et au sud et par les communes de Dixinn (nord-ouest) et
Matam à l'est.

La population de la commune est passée de quelques 300 habitants en 1885 à 53 723 habitants
en 1996 et 62 507 habitants en 2014, selon les chiffres du Recensement Général de la
Population et de l'Habitat. Une population constituée de 30 810 hommes et 31 697 femmes
répartis dans 9 345 ménages (INS, 2016), avec un nombre moyen de 7 individus par ménage et
une densité urbaine de 2 500 habitants au km2.

La commune de Kaloum est le principal siège des organes de gestion économiques et


administratives du pays (Présidence, Assemblée nationale, ministères, sièges de banques,
entreprises, le principal port du pays) et abrite le second plus grand marché du pays (le marché
Niger) (Coginta, 2016).
Les habitants de la commune sont plus actifs que ceux des autres communes. Ce sont 45.7%
qui sont actifs sur le marché du travail. Une part relativement importante de femmes exerce une
activité professionnelle. Seules 51.2% d'entre elles sont des femmes qui s'occupent du ménage.
Les autres ont pour occupations principales, le commerce (36.6%) et le secteur public (15%)
(Coginta, 2016).

La pauvreté domine à Kaloum dont une partie de l'habitat est fait de bâtiments en banco dotés
de toits de tôles hérité de l'époque coloniale. 36.1% des résidents se qualifient de pauvres et
28.5% de modestes. Il n'y a que 16.7% des habitants qui classent leurs ménages dans la
catégorie des revenus moyens tandis que 18.8% déclarent avoir des revenus supérieurs à la
moyenne (Coginta, 2016).

Premier prolongement naturel de Kaloum, la commune de Dixinn est composée de 22 quartiers.


Sa population est estimée par le recensement général de la population à 135 788 habitants (68
574 hommes contre 67 214 femmes) répartis dans 20 063 ménages, soit environ 7 personnes
par ménage (INS, 2016).

La commune de Dixinn abrite des infrastructures coloniales comme la forêt de Camayenne et le


cimetière de Cameroun, le stade du 28 septembre, la 1ère Université nationale (Université
Gamal Abdel Nasser), le centre hospitalier universitaire (CHU) de Donka, la cité ministérielle
et la plus grande mosquée de Conakry (Mosquée Fayçal) Le niveau de pauvreté de Dixinn
estimé par les habitants est de 34% de foyers pauvres et 31.4% de foyers modestes (Coginta,
2016).

La commune de Matam est quant à elle limitée à l'Est par la commune de Matoto, à l'Ouest par
celle de Kaloum, au Nord par Dixinn et au Sud par l'océan atlantique qui va de
Moussoudougou à Bonfi (bras de mer Dabondy) sur une distance de 8 km. Elle couvre une
superficie de 35 km² (Coginta, 2014). Elle compte 24 quartiers et une population estimée à 143
255 habitants pour 20 133 ménages avec une densité de 4 093 habitants au km2 (INS, 2016).

Le commerce et la pêche représentent 80% des activités et occupent 70% de la population


active. La commune de Matam abrite le plus important centre commercial de la capitale et de la
Guinée : Madina. Ce poumon économique est le principal lieu d'entrepôts et d'échanges de
marchandises. Les transactions journalières se chiffrent en milliards de francs guinéens. Ces
activités se font dans un environnement intense de mouvements de personnes, de biens et de
petits métiers comme les mécaniciens, les réparateurs de tout type d'appareil, des tailleurs, des
coiffeurs et autres activités de commerce et d'artisanat (Coginta, 2014).
Dans cette commune, est située la principale société des brasseries de Guinée (SOBRAGUI) et
quelques espaces de bureaux de sociétés minières (Rio Tinto) et téléphoniques (Orange). Elle
abrite aussi deux ministères (celui de la Sécurité et de la Protection Civile et celui de
l'Environnement et des eaux et forêts). On y rencontre également deux ambassades (Russie et
Sénégal) et le siège du système des Nations Unies (Coginta, 2014).

La commune de Matoto est l'une des deux grandes communes de la ville de Conakry. Elle
couvre une superficie de 36 km². Elle est limitée à l'Est par la commune rurale de Manéah
(Préfecture de Coyah), à l'Ouest par la commune de Matam, au Nord par le chemin de fer
Conakry-Niger qui fait la limite avec la commune voisine de Ratoma et au Sud par l'Océan
atlantique.

Elle est la commune la plus peuplée de la ville de Conakry avec une population de 666 640
habitants (dont 334 515 hommes et 332 125 femmes) répartie entre 91 444 ménages. La taille
moyenne des ménages est de 7,29 personnes par ménage (INS, 2016). Ces ménages sont
répartis dans 38 quartiers.

C'est également la commune de Matoto qui abrite l'aéroport international de Conakry. On y


rencontre également deux des grands marchés de la ville. Il s'agit de ceux de Matoto et d'Enta.
Le nouveau grand marché de Conakry est également situé dans l'un des quartiers de la
commune (Dabondy 2).

La commune de Ratoma est la plus grande commune de la ville de Conakry en termes de


superficie. Elle s'étend sur une surface de 62 km². La commune est composée de 34 quartiers
(Coginta, 2014). Elle est limitée au nord par l'océan atlantique, à l'est par la commune urbaine
de Dubréka, au Sud par Matoto et à l'ouest par la commune de Matam.

La population de la commune est de 652 783 habitants (dont 328 320 hommes et 324 463
femmes) répartis dans 95 786 ménages (INS, 2016). La taille moyenne des ménages est de 6.81
personnes par ménage.

CHAPITRE VI : PRÉSENTATION DES RÉSULTATS.

Ce chapitre VI fait une présentation des données collectées sur le terrain. D'origines diverses,
elles proviennent des entretiens réalisés avec des jeunes sans expérience entrepreneuriale, des
jeunes créateurs d'entreprises et des structures d'appui à la création d'entreprises. Ce chapitre
comporte deux sections. La première présente les données obtenues à partir des deux (2)
questionnaires utilisés et la dernière, les données obtenues à partir de la technique d'entretien
individuel.

Section 1 : Données quantitatives.

Cette section présente les résultats des analyses faites sur les données quantitatives. Elles ont
été collectées auprès des jeunes sans expérience entrepreneuriale et des jeunes créateurs
d'entreprises. Plusieurs variables sont entrées en ligne de compte dans cette analyse. Celles-ci
font l'objet des sous-sections qui composent cette première section. Il y en a en tout six (6)
souction-sections. Il s'agit successivement : du profil des répondants ; de l'intention
entrepreneuriale ; des motivations à la création d'entreprises ; du profil des entreprises de jeunes
; du profil des jeunes créateurs d'entreprises et des jeunes faces au processus entrepreneurial.

Sous-section 1 : Profil des répondants

Plusieurs outils de collecte ont été utilisés pour collecter les données. Parmi ces outils, deux
questionnaires ont essentiellement permis d'interroger les cibles directes de cette recherche : les
jeunes. Le premier questionnaire était destiné à ceux qui n'avaient pas d'expérience en matière
d'entrepreneuriat (de 15 à 35 ans). Celui-ci visait à disposer d'informations permettant de
mesurer leurs intentions entrepreneuriales. Le second questionnaire a été utilisé pour entrer en
contact avec des jeunes créateurs et gérants d'entreprises. Le but était de réunir des
informations permettant de faire une description de leur profil, de celui de leur entreprise, des
facteurs les ayant poussés à créer des entreprises et des difficultés qu'ils ont rencontrées
pendant leurs démarches entrepreneuriales.

Grâce au premier questionnaire, il a été possible de toucher 50 jeunes dans toutes les
communes de Conakry. Cet effectif était composé de 52.06% d'hommes et 47.91% de femmes.
Comme indiqué sur la figure 6.1, 14.23% de ces sondés résident dans la commune de Dixinn,
21.13% à Kaloum, 19.87% à Matam, 21.76% à Matoto et 23.01% à Ratoma.
Figure 6.1 : Répartition des enquêtés par sexe et par commune (jeunes sans expérience
entrepreneuriale)

Du point de vue de l'âge, 12.92% des sondés se situent dans la tranche de 15 à 20 ans, 37.66%
de 21 à 25 ans, 35.15% de 26 à 30 ans et 14.23% de 31 à 35 ans. Les jeunes sondés sont pour la
plupart célibataires (74.9%) et 25.11% d'entre eux mariés.

Les jeunes sondés lors de cette recherche sont pour la majorité de niveau universitaire.
36.61%d'entre eux ont déclaré disposer d'un diplôme universitaire, tandis que 15.15% n'ont
atteint que le second cycle du secondaire. Ceux qui ont atteint ou complété le premier cycle du
secondaire représente 16.53% des sondés ; tandis que ceux qui ont atteint le niveau primaire et
effectué des études dans une école professionnelle représentent chacun 9.83% de la population
sondées ; et ceux qui n'ont fait aucune étude représentent 10.04%.

Figure 6.2 : Répartition des enquêtés par niveau d'étude (jeunes sans expérience
entrepreneuriale)

Notre investigation à couvert toutes les cinq (5) communes de la ville de Conakry. La
population de cette ville est largement dominée par l'ethnie soussou dont la langue est la plus
parlée. Selon l'identité des jeunes sondés, 37.87% sont soussou, 27.41% peulhs et 21.97%
malinké. Les ethnies kissi, kpèlè, toma et konianké sont représentées successivement par
3.97%, 3.35%, 2.3% et 2.09% des sondés. 1.05% d'entre eux sont des expatriés.
Figure 6.3 : Répartition des enquêtés par ethnie (jeunes sans expérience entrepreneuriale)

Sur le plan religieux, la quasi-totalité des sondés (89.54%) sont des musulmans, 10.25% se
réclament du christianisme (notamment, 5.86% sont catholiques, 3.35% de protestants, 1.04%
de témoins de Jéhovah) et 0.21% de libre penseur (sans religion).

Figure 6.4 : Répartition des enquêtés par religion (questionnaire destiné aux jeunes sans
expérience entrepreneuriale)

Grâce au questionnaire destiné aux créateurs et gérants d'entreprises, nous avons réalisé des
interviews avec 30 créateurs et/ou gérants d'entreprises. Cet effectif était composé de 80.3%
d'hommes et 19.7% de femmes. 77.27% étaient propriétaires d'entreprises et 22.73% gérants
d'entreprises.

La figure 6.5 ci-après donne plus de détails sur la répartition de cet effectif par commune.
Figure 6.5 : Répartition des enquêtés par sexe et par commune (jeunes créateurs d'entreprises)

Du point de vue de l'âge, 7.58% des créateurs et/ou gérants d'entreprises sondés se situe dans la
tranche de 15 à 20 ans, 31.21% de 21 à 25 ans, 40.91% de 26 à 30 ans, 30.30% dans celle de 31
à 35 ans. 43.94% sont mariés tandis que 56.06% se déclarent célibataires.

La plupart des créateurs et/ou gérants d'entreprises interviewées durant cette étude étaient des
universitaires. 45.45% d'entre eux déclarent disposer d'un diplôme universitaire. Ceux qui ont
atteint le niveau baccalauréat représentent la même proportion que ceux qui ont terminé le
premier cycle du secondaire (16.67% chacun). Ceux du niveau primaire et ceux n'ayant pas fait
des études représentent chacun 6.06% des sondés.

Comme indiqué dans le tableau 6.1, plus de la moitié des jeunes sondés (60.46%) n'ont eu
aucune formation liée à la création ou la gestion d'entreprise. Ceux qui ont eu une formation en
entrepreneuriat ou gestion d'entreprise ont cité les cadres de formation suivants : lors d'une
conférence ou d'atelier de formation (20.09%), pendant un cours ou un module portant sur
l'entrepreneuriat ou la gestion d'entreprise (17.57%), lors d'une formation aboutissant à un
diplôme en entrepreneuriat ou en gestion d'entreprise (7.32%).

Tableau 6.1 : Formation des jeunes en entrepreneuriat

Fréquence
Aucune formation liée à la création/gestion d'entreprises 60.46%
Lors d'une conférence ou d'un atelier 20.09%
Module/cours en entrepreneuriat 17.57%

7.32%
Formation aboutissant à un diplôme en entrepreneuriat
Source : Enquête sur la création d'entreprises par les jeunes de Conakry
La plupart des jeunes entrepreneurs interrogés sont des locuteurs de la langue poular. Le Poular
est la langue maternelle de 33.33%. Les locuteurs de la langue soussou représentent 25.76%
des sondés, ceux de la langue malinké 16.67%, le toma 9.09%, le kissi 6.06%, le kpèlè et le
konianké 4.55% pour chacun.

Du point de vue de la pratique religieuse des créateurs et/ou gérants d'entreprises, il ressort de
notre investigation que la quasi-totalité (81.82%) des sondés sont des musulmans contre
18.18% de pratiquants des confessions chrétiennes (9.09% de catholiques, 7.58% de protestants
et 1.52% de Témoins de Jéhovah).

Section 2 : Intention entrepreneuriale

Les jeunes de Conakry ont une vision positive de l'entrepreneuriat. Interrogés sur le meilleur
choix de carrière pour un jeune, plus de la moitié des sondés (59.62%) ont cité la création
d'entreprises. Les autres quant à eux préfèrent être salariés soit en qualité de fonctionnaires
d'État (15.48%), d'employés au sein d'une entreprise privée (11.51%), d'employé d'une
institution internationale (11.09%) ou encore au sein d'une organisation non gouvernementale
nationale (2.30%).

Cette propension à l'entrepreneuriat parait plus développée chez les jeunes de la tranche d'âge
de 21 à 30 ans que les autres tranches. Les gens se situant dans la tranche de 21 à 25 ans et
voyant en la création d'entreprises le meilleur choix de carrière représentent 23.43% des
sondés. Ceux de la tranche de 26 à 30 ans représentent 20.29% des sondés. Cela ressort du
tableau 6.2 ci-dessous.

Tableau 6.2 : Meilleur choix de carrière par âge (jeunes sans expérience entrepreneuriale)

Tranches d'âge
Meilleur choix de carrière pour jeune 15 à 20 21 à 25 26 à 30 31 à 35
Total
ans ans ans ans
Créer une entreprise 8.79% 23.43% 20.29% 7.11% 59.62%
Être fonctionnaire de l'État 2.51% 4.39% 4.39% 4.18% 15.48%
Être employé au sein d'une entreprise 1.26% 3.97% 3.97% 2.30% 11.51%
Travailler au sein d'une institution
0.21% 5.02% 5.44% 0.42% 11.09%
internationale
Travailler au sein d'une ONG nationale 0.21% 0.84% 1.05% 0.21% 2.30%

Total 12.97% 37.66% 35.15% 14.23% 100.00%

Source : Enquête sur la création d'entreprises par les jeunes de Conakry


Pour mieux affiner notre compréhension de cette intention d'entreprendre chez les jeunes de
Conakry, nous les avons amenés à faire un choix entre deux options. L'idée était de cerner la
place qu'ils accordent à l'option entrepreneuriale suivant la disponibilité des moyens. Ces deux
opportunités étaient : le financement de ses études et la création de son entreprise. Les résultats
indiquent que plus de la moitié (59.21%) des interviewés préférèrent créer leur entreprise s'ils
disposaient de moyens au lieu de financer leurs études. Cette dernière option a été préférée par
40.79% des sondés.

Ce sont surtout les jeunes femmes qui préfèrent la carrière entrepreneuriale. Une analyse de
niveau 2 (analyse bidimensionnelle) entre l'option prioritaire et le sexe des sondés indique que
30.54% de ceux qui préfèrent se lancer dans la création d'entreprises sont des femmes contre
28.66% d'hommes.

Figure 6.6 : Option de préférence des jeunes par sexe (jeunes sans expérience
entrepreneuriale

Une autre analyse a fait ressortir que 85.36% des jeunes sondés pensent pouvoir créer leur
propre entreprise dans les cinq (5) ans à venir. Sur cette proportion, 45.82% déclarent être
d'accord avec l'affirmation selon laquelle ils pourront créer leur entreprise dans les cinq
prochaines années, tandis que 39.54% disent être fortement d'accord. Il y a par contre,14.64%
des jeunes qui pensent ne pas être à même de créer une entreprise dans les cinq prochaines
années bien qu'ils pensent pouvoir le faire un jour.

Les jeunes qui souhaitent créer une entreprise préfèrent investir principalement dans les
activités du secteur tertiaire. Le commerce est l'activité de préférence de 34.73% des sondés.
Les activités de formation constituent la seconde préférence des jeunes qui souhaitent se lancer
dans une carrière entrepreneuriale. 13.60% d'entre eux préfèrent se lancer dans ce domaine
plutôt que dans d'autres. Peu d'entre eux souhaitent se lancer dans des secteurs nécessitant un
investissement important. Le tableau 6.3 donne plus de détails sur les domaines d'activités de
préférence des jeunes par sexe.
Tableau 6.3 : Secteur d'activité souhaité par sexe (jeunes sans expérience
entrepreneuriale)

Sexe
Domaine d'activité souhaité
Femme Homme Total
Commerce 19.04% 15.69% 34.73%
Éducation/Formation 4.60% 9.00% 13.60%
Service à la personne 6.69% 1.67% 8.37%
Industrie 2.72% 5.44% 8.16%
Prestation de service 2.51% 5.65% 8.16%
Agriculture/Élevage/Pêche 2.30% 3.56% 5.86%
Transport/Transit 0.84% 3.35% 4.18%
Nouvelles technologie de l'information et de la
1.26% 1.67% 2.93%
communication
Sanitaire 1.88% 0.63% 2.51%
Immobilier/BTP 1.05% 0.63% 1.67%
Restauration 1.46% 0.00% 1.46%
Mines/Hydrocarbure 0.21% 0.42% 0.63%
Humanitaire 0.00% 0.42% 0.42%
NSP/RDR 2.72% 2.93% 5.65%
Autres 0.63% 1.05% 1.67%
Total 47.91% 52.09% 100.00%
Source : Enquête sur la création d'entreprises par les jeunes de Conakry

Le choix du domaine d'activités dans lequel les jeunes souhaitent créer leurs entreprises dépend
dans 34.94% des cas de la rentabilité financière qu'ils y voient. 30.13% souhaitent créer leur
entreprise dans leur domaine de compétence, tandis que 16.95% veulent se lancer dans un
domaine qui est lié à ce qu'ils ont étudié. Les autres raisons de choix du domaine d'activités
sont : les raisons humanitaires et écologiques (5.44%), des suggestions (3.97%), la passion pour
le domaine (1.88%) et l'absence d'autres choix (1.05%).

Les jeunes créateurs d'entreprises ont, quant à eux créé leur entreprise en majorité dans leur
domaine de compétence. 43.94% déclarent avoir choisi le domaine d'activités de leur entreprise
en tenant compte de l'expérience qu'ils avaient de ce dernier. Ceux qui ont tenu compte de la
rentabilité du domaine pour faire leur choix représentent 36%. Les autres raisons du choix du
domaine évoqué par nos sondés sont : les suggestions (7.58%) et le fait d'avoir fait des études
en lien avec ce domaine (3.03%).
Section 3 : Motivations à la création d'entreprises

Comme développé antérieurement, plus de la moitié des jeunes sondés durant cette étude ont
une opinion positive de l'entrepreneuriat. Beaucoup trouvent en la création d'entreprises le
meilleur choix de carrière. Ils souhaitent créer leurs propres entreprises et pensent pouvoir le
faire dans les cinq prochaines années ou l'ont déjà créé et sont en train de la gérer. Nous avons
voulu approfondir notre analyse du sujet en cherchant à découvrir les facteurs de motivation à
la création d'entreprises.

Dans cette dynamique, nous avons mis à contribution plusieurs variables afin d'en faire une
analyse plus approfondie. Il s'agit notamment de l'expérience entrepreneuriale des proches
(membre de la famille, amis, etc.), l'influence de l'entourage des jeunes et de l'expérience du
jeune dans une autre entreprise.

Il ressort de ces analyses que 58.37% des sondés ont l'un de leurs proches qui sont ou ont été
propriétaires d'entreprises contre 41.42% qui n'en ont pas. 26.36% ont travaillé au sein de
l'entreprise de leurs proches et45.40% d'entre eux pensent que l'entreprise de leur proche avec
qui ils ont travaillé a été un succès. Par contre, 10.25% d'entre eux gardent un mauvais souvenir
de l'expérience entrepreneuriale de leur proche avec qui ils ont travaillé.

L'entourage des jeunes a une influence considérable sur leur désir d'entreprendre. Une grande
partie des sondés (72.8%) dit avoir été encouragé par un procheà entreprendre contre 26.78%
qui ne l'ont pas été.75.52% des sondés trouvent que leur entourage encourage généralement les
jeunes à se lancer dans la dynamique entrepreneuriale contre 23.64% qui pensent le contraire.

Le fait d'avoir géré auparavant une entreprise est un facteur qui contribue à accroitre le désir
d'entreprendre chez les jeunes. C'est ainsi que 55.44% des sondés déclarent avoir auparavant
géré une entreprise ou une organisation sociale contre 44.14% qui ne l'ont jamais fait.

Étant donné qu'une proportion non négligeable de jeunes préfère le travail salarié au détriment
de l'entrepreneuriat, nous avons voulu mieux comprendre les motifs pour lesquels leur vision
est différente de celle des autres.

Nous avons à cet effet fait recours à plusieurs variables pour cerner les facteurs de
démotivation à l'entrepreneuriat. Deux de ces variables ont porté sur ce que pensent les jeunes
des compétences et qualités nécessaires à un chef d'entreprise. Dans un premier temps, il a été
demandé aux jeunes de citer les qualités et compétences nécessaires à un chef d'entreprise et en
second lieu, il a été posé la question de savoir auprès d'eux s'ils possédaient au moins l'une de
ces qualités ou compétences.

Comme l'indique le tableau 6.4, les compétences et/ou qualités les plus citées par les jeunes
sont : l'art de gérer les ressources humaines (62.97%), la disposition de compétences en
administration et finance (53.34%), le sens de l'organisation (36.40%), la disposition d'un
diplôme (26.78%), la créativité et l'esprit d'innovation (25.31%) et l'amour du risque (12.34%).

Tableau 6.4 : Compétences nécessaires à un entrepreneur

Fréquence
Avoir l'art de gérer les ressources humaines 62.97%
Avoir des compétences administratives et financières 53.34%
Être organisé 36.40%
Avoir un diplôme 26.78%
Être créatif/Innovant 25.31%
Aimer prendre le risque 12.34%
Être altruiste 2.93%
Être bien formé 1.46%
Être rigoureux 0.84%
Disposer d'un capital 0.63%
Avoir des relations 0.24%
Source : Enquête sur la création d'entreprises par les jeunes de Conakry

La majorité (81.8%) des sondés disposent au moins de l'une de ces compétences et qualités. Par
contre, 16.11% d'entre eux ne disposent d'aucune de ces compétences et/ou qualité.

Une autre variable étudiée portait sur les principales raisons du manque d'intérêt de certains
jeunes pour l'option entrepreneuriale. Les raisons évoquées par les sondés sont : « Cela
demande trop d'argent » (10 sondés), le manque d'intérêt (9 sondés), la complication du
processus entrepreneurial (6 sondés), l'influence des échecs entrepreneuriaux constatés (4
sondés), le manque de compétences et de qualifications nécessaires (2 sondés) et la sensibilité
au risque (2 sondés).

Tableau 6.5 : Principales raisons du manque d'intérêt à la dynamique entrepreneuriale


Effectif

Cela demande trop d'argent 10

Je ne suis pas intéressé 9

C'est trop compliqué 6

J'ai de très mauvais exemples en matière d'entrepreneuriat en tête 4

Je ne dispose pas de compétences et de qualifications nécessaires 2

2
C'est trop risqué

Source : Enquête sur la création d'entreprises par les jeunes de Conakry

L'opinion des jeunes sur ce qu'ils pensent être des obstacles pour eux à se lancer dans la
dynamique entrepreneuriale est une autre variable que nous avons étudiée pour mettre en
exergue les facteurs de démotivation des jeunes à la création d'entreprises.

L'analyse de cette variable indique que le manque de moyens financiers est le principal obstacle
potentiel à l'entrepreneuriat chez les jeunes. Il a été cité par 83.05% des sondés. Les autres
obstacles cités sont : l'absence d'accompagnement (6.28%) ; le manque de volonté (3.15%) ; le
manque de réseau relationnel solide (3.15%) ; l'absence de compétences managériales (2.51%) ;
la peur du risque (1.68%) et le manque de formation (0.21%).

Tableau 6.6 : Obstacles potentiels à l'entrepreneuriat chez les jeunes

Fréquence
Manque de moyens financiers 83.05%
Absence d'accompagnement 6.28%
Manque de volonté 3.15%
Manque de réseau relationnel solide 2.72%
Absence de compétences managériales 2.51%
Peur du risque 1.68%

Manque de formation 0.21%


Source : Enquête sur la création d'entreprises par les jeunes de Conakry

Conscient que la création d'entreprises nécessite des investissements, nous avons fait usage
d'une variable pour mesurer la probabilité qu'un jeune porteur de projet bénéficie de l'appui
financier d'un proche. Il ressort des résultats que 13.6% des sondés pensent qu'il est fortement
probable d'en bénéficier et 52.93% pensent cela probable. À l'inverse, 21.13% pensent cela
plutôt improbable et 11.09% qui pensent que cela est fortement improbable.

Un autre niveau d'analyse pour cerner les facteurs de démotivation à l'entrepreneuriat nous a
amené à nous pencher sur la connaissance des jeunes de l'existence de structures d'appui à la
création d'entreprises. Les données indiquent que 59.62% des jeunes n'en ont aucune
connaissance contre 28.03% qui disent avoir connaissance de l'existence de telles structures.

Ceux qui ne souhaitent pas se lancer dans la dynamique entrepreneuriale et ayant connaissance
de l'existence d'un dispositif d'aide à la création d'entreprises pensent que ces structures ne sont
pas à même de relever le défi en matière d'entrepreneuriat des jeunes. Ils pensent que c'est
uniquement du bluff (30.76%) ; les conditions d'accès au dispositif mis en place ne sont pas
satisfaisantes (30.76%) ; le manque de volonté (23.07%) et la complexité du processus d'accès
à l'appui de ces structures (15.38%).

Tableau 6.7 : Raison du manque d'intérêt à l'entrepreneuriat

Fréquence

C'est du bluff 30.76%

Les conditions d'accès ne sont pas profitables 30.76%

Manque d'intérêt à l'entrepreneuriat 23.07%

15.38%
Le processus est trop compliqué

Source : Enquête sur la création d'entreprises par les jeunes de Conakry

La maitrise du processus de création d'entreprises est une variable que nous avons mise à
contribution dans l'analyse des facteurs de démotivation à l'entrepreneuriat. Interrogés sur la
connaissance qu'ils ont de ce processus, 57.95% des sondés déclarent ne pas connaitre les
différentes étapes contre 31.8% qui pensent les connaitre.

Le fameux plan d'affaires considéré comme l'un des éléments nécessaires à la création et à la
réussite d'entreprise est un outil dont 57.74% des sondés déclarent ne pas savoir concevoir
contre 28.03% qui pensent en être à mesure.

Les entreprises créées par les jeunes guinéens de Conakry évoluent principalement dans le
secteur tertiaire. Il s'agit notamment du commerce (51.52%), de la prestation de service
(30.3%), des services de beauté (15.15%) et de la formation (3.03%).
Plus de la moitié de ces entreprises (69.7%) sont des propriétés individuelles contre 30.3% de
propriété collective. Au moment de l'enquête, ces entreprises avaient une durée de vie comprise
entre 1 et 25 ans (5.25 ans en moyenne). Une distribution sur le nombre d'années d'existence
indique que plus de la moitié (53%) ont moins de 5 ans, 36.5% entre 5 et 10 ans, 6% entre 11 et
15 ans. Il n'y a que 5% des entreprises sondées qui ont une existence qui va au-delà de 15 ans.
Cette distribution est illustrée par la figure 6.9 ci-dessous.

Figure 6.7 : Nombre d'années d'existence des entreprises sondées

Comme on peut le voir, plus de la moitié d'entre elles évoluent sans aucune existence légale.
Les résultats de notre enquête indiquent que 53.03% de ces entreprises ne sont pas enregistrées
au registre du commerce et du crédit mobilier (RCCM) contre 46.97% qui y sont enregistrées.
Soit ces entreprises ne disposent d'aucune forme juridique (71.21% des cas) ou encore sont des
sociétés à responsabilité limitée (28.79% des cas).

Généralement de petites tailles, les entreprises des jeunes ont un faible nombre d'employés.
Elles comptent en leur sein 1 employé au minimum et 30 au maximum (3 employés en
moyenne). La mise en classe de cette série avec une amplitude constante de 2 indique que
42.42% d'entre elles emploient entre 2 et 3 personnes et 34.85% évoluent avec un seul employé
(généralement le propriétaire). Celles qui ont un nombre plus important d'employés sont de
l'ordre de 10.61% qui emploient entre 4 et 5 personnes, de 3.03% entre 6 et 7 personnes et
9.09% de plus de 8 personnes.

Une analyse bidimensionnelle (de niveau 2) nous a permis de mieux cerner cette distribution.
Nous avons à cet effet fait un croisement entre le nombre d'employés de l'entreprise et le
secteur d'activités de celle-ci. Les résultats de cette analyse sont présentés dans la figure 6.8 ci-
dessous.
Figure 6.8 : Nombre d'employés de l'entreprise par secteur d'activité

Ce sont les secteurs du commerce et de la prestation de services qui embauchent un nombre


élevé d'employés. Les entreprises qui emploient entre 2 et 3 personnes sont celles qui exercent
le commerce (18.18%) et la prestation de services (16.67%). Il y a également 7.58% dans les
services de beauté.

Les entreprises qui emploient huit (8) personnes et plus sont représentées à 4.55% dans le
domaine du commerce, 3.03% dans les services de beauté (service à la personne) et 1.52% dans
les prestations de service.

Les entreprises créées par les jeunes sont généralement celles dont la création ne nécessite pas
un montant important en matière d'investissement. Notre enquête a révélé que la création de
50% des entreprises de jeunes a nécessité un investissement en deçà de 10 millions de franc
guinéens. 19.7% à un montant de 10 à 20 millions, de 21 à 30 millions et de 31 à 40 millions,
3.03% chacun. Seulement 1.52% des entreprises créées par les jeunes ont investi plus de 40
millions GNF au moment de leur création.

Sous-section 5 : Profil des jeunes créateurs d'entreprises

Certains jeunes ont exercé un autre emploi avant de se lancer dans une carrière
entrepreneuriale. Ils représentent 33.33% des entrepreneurs interrogés pendant l'enquête. Les
autres jeunes créateurs d'entreprises sondés (43.94%) ont commencé leur carrière
professionnelle en créant et en gérant directement leur propre entreprise. Après s'être lancés
dans l'entrepreneuriat, 9.09% des entrepreneurs continuent néanmoins d'exercer un autre
emploi. Ils disent confier une partie de la gestion de leur entreprise à une tierce personne.
Parmi les entrepreneurs qui ont exercé un autre emploi avant de créer la leur propre, 13.64%
ont fait plus de 4 ans dans l'exercice de leur précédent emploi, 10.61% de 2 à 4 ans et 9.09% de
moins de 2 ans.

La formation en entrepreneuriat ne semble pas être un facteur déterminant dans la décision


d'entreprendre. 68.18% des jeunes créateurs d'entreprises déclarent n'avoir bénéficié d'aucune
formation spécifique en création ou gestion d'entreprise. Il n'y a que 28.9% des entrepreneurs
qui ont suivi au moins un module qui traite de l'entrepreneuriat et 3.03% qui ont suivi une
formation qui débouche sur l'obtention d'un diplôme en entrepreneuriat ou création
d'entreprises.

L'origine sociale semble être un facteur déterminant dans le processus de décision de se lancer
dans la dynamique entrepreneuriale. 77.27% des jeunes entrepreneurs déclarent avoir des
parents qui sont ou ont été dans les affaires entrepreneuriales contre 22.73%.

Sous-section 6 : Jeunes et processus entrepreneurial

La création d'une entreprise est un processus qui comprend un certain nombre d'étapes. Le
créateur d'entreprises doit avoir une vision globale de ces différentes étapes pour se préparer et
donner un élan vital à son entreprise. Conscient de de fait, nous avons entrepris dans notre
enquête d'interroger ceux qui ont créé leur entreprise sur la maîtrise qu'ils pensent avoir de ce
processus. Les réponses obtenues indiquent que plus de la moitié (69.7%) des entrepreneurs ne
connaissent pas les étapes de ce processus contre 30.3%.

Dans la littérature entrepreneuriale traditionnelle, il est conseillé de se renseigner sur le marché


dans lequel l'on souhaite se lancer. Il faut à ce sujet identifier ses concurrents, leurs avantages et
leurs faiblesses. Les données collectées indiquent que 89.39% des entrepreneurs cohabitent
avec leurs concurrents offrant les mêmes produits/services qu'eux et dans le même secteur
géographique. Par contre, 10.61% n'ont pas de concurrents évoluant dans la même aire
géographique. Plus de la moitié des entrepreneurs (57.58%)avaient connaissance de l'existence
d'entreprises concurrentes avant de créer la leur contre 12.12% qui n'en avaient pas du tout
connaissance.

Pour justifier pourquoi ils ont décidé d'installer leur entreprise au milieu de la concurrence,
36.36% des entrepreneurs indiquent que « chacun a sa chance dans les affaires ». Une
proportion de 24.06% explique la qualité de leurs produits/services dépasse celle de la
concurrence. Pour 10.61% d'entre les sondés, la présence des besoins non satisfait malgré les
solutions proposées par la concurrence, a motivé leur passage à l'acte entrepreneurial.

Les entreprises créées par les jeunes sont à 54.55% financées à partir des apports personnels de
ou des entrepreneurs, 28.79% par l'aide des parents ou de proches et seulement 3.04% qui ont
bénéficié d'un emprunt auprès d'un établissement financier (banque).

Une proportion de 72.73% des répondants déclare ne pas être capable de concevoir un business
plan contre 27.27% qui déclare pouvoir le faire. 56.06% des créateurs n'ont pas conçude plan
d'affaires contre 21.21%.13.64% des créateurs ont eu recours au service d'une tierce personne
pour le concevoir contre 3.03% qui l'on fait tout seul.

Ceux qui n'ont pas conçu de plan d'affaires ne savent pas ce que c'est (40.91%) ; pensent que
c'est trop compliqué de le concevoir (6.06%), n'ont pas été assisté par quelqu'un pour le
concevoir (6.06%), ne voulaient simplement pas le faire (1.52%) ou pensent que ce n'est pas
nécessaire d'en concevoir (1.52%).

Les entreprises de jeunes réalisent généralement un chiffre d'affaire très faible. Les
entrepreneurs sondés lors de cette enquête déclarent dans 36.36% des cas avoir réalisé un
chiffre d'affaires inférieur à 5 millions GNF, 36.36% de 5 à 10 millions GNF l'année ayant
précédé l'enquête (2014). Seule 3.03% des entreprises ont généré un chiffre d'affaires supérieur
à 30 millions GNF.

Malgré cette faiblesse du chiffre d'affaires annuel réalisé par les entreprises, la quasi-totalité
(90.91%) des entrepreneurs pensent réaliser des bénéfices contre 6.06% qui, au contraire,
pensent être en situation de perte et 3.03% pensent fonctionner au seuil de rentabilité (ne
perdent ni ne gagnent).

Il ressort de l'analyse des données que 80.3% des répondants font un bilan régulier de leur
entreprise contre 17.9% qui n'en font pas.

Interrogés sur les difficultés rencontrées pendant le processus de création de leur entreprise, les
jeunes entrepreneurs en ont évoqué plusieurs. Les difficultés à trouver un local pour l'entreprise
a été cité par 59.1% des répondants. Quant à la difficulté de trouver des fonds pour financer les
investissements, 59.09% en ont fait mention. Les difficultés à gagner la confiance des gens
et/ou le manque de clients représentent 24.26%. L'obtention des documents légaux est la
dernière difficulté citée (9.1%).
Section 2 : Données qualitatives

Cette section présente les différentes analyses faites sur les données qualitatives. Ces dernières
proviennent des entretiens réalisés auprès de certaines structures d'appui à la création
d'entreprises. Ces informations ont été regroupées dans deux sous-sections. La première fait
une présentation de la politique d'aide à la création d'entreprises pour jeunes et la dernière traite
de la stratégie d'accompagnement des créateurs d'entreprises.

Sous-section 1 : Politique d'aide à la création d'entreprises pour jeunes

La politique d'aide à la création d'entreprises pour les jeunes s'exprime en termes


d'accompagnement. Nos investigations ont permis d'identifier différentes structures d'aide à la
création d'entreprises. Nous pouvons les regrouper en trois catégories. Il s'agit des incubateurs,
des structures étatiques (publiques) d'aide à la création d'entreprises pour jeune et les
établissements financiers.

Les structures étatiques d'aide à la création d'entreprises sont des organismes mis en place par
le gouvernement guinéen pour accroître l'employabilité des jeunes. Ces organismes bénéficient
d'un appui de la part des institutions internationales dans le cadre de la réduction de la pauvreté
et de la promotion de l'emploi des jeunes.

Ces structures fournissent de l'aide sous plusieurs formes. Cette aide vise à appuyer les
entrepreneurs. Elle peut prendre la forme d'un renforcement de capacité du créateur
d'entreprises, la structuration de son projet, l'appui à la recherche de financement, le
financement de la création et/ou du développement de l'entreprise, l'appui à la gestion, etc.

L'aide apportée par ces organismes s'adresse uniquement aux jeunes porteurs de projets
d'entreprises. Il s'agit de ceux âgés de 18 à 35 ans. Ces organismes d'aide ont pour tâche, nous
confiait l'un des interviewés, de :

S'occuper de la vie entrepreneuriale des jeunes, c'est-à-dire de la politique à la conception,


jusqu'à la mise en œuvre de toute la politique nationale liée à l'auto-emploi des jeunes. Quand
on parle de jeunes, ce sont ceux qui sont âgés de 18 à 35 ans. Tous les jeunes qui sont
scolarisés, déscolarisés, non scolarisés, ou même issus des familles très pauvres et qui n'ont pas
cette chance-là d'avoir une formation académique comme certains, constituent en fait notre
cible privilégiée dans l'accompagnement.
Nous avons regroupé sous le vocable `'établissements financiers'', toutes les institutions
d'épargne et de crédits. Il s'agit des banques primaires et des agences de micro-finances. Ces
institutions apportent leur soutien à l'éclosion entrepreneuriale sous plusieurs formes.

Contrairement aux structures étatiques d'aide à la création d'entreprises, les établissements


financiers ne font pas de l'âge un critère spécifique déterminant l'accompagnement d'un porteur
de projet. Ils proposent plutôt des produits/services en tenant compte des besoins exprimés par
ces derniers.

Sous-section 2 : Stratégie d'accompagnement des créateurs d'entreprises

Les structures étatiques d'aide à la création d'entreprises offrent aux jeunes porteurs de projet
une aide que l'on peut situer à deux niveaux. Dans un premier temps, l'aide peut consister en un
appui à la constitution de l'entreprise et ensuite, en une orientation des jeunes entrepreneurs
pour une meilleure gestion de leurs entreprises. Le propos ci-dessous recueillis auprès de l'une
de ces structures, illustre bien le fait :

L'aide que nous apportons va dans deux sens. D'abord la formation et la mise à disposition des
fonds. Nous avons tout un mécanisme d'accompagnement, de l'idée d'entreprise à la
matérialisation de cette idée en business plan jusqu'à la mise à disposition des fonds, et ensuite,
nous les aidons à se constituer et à gérer l'entreprise qu'ils viennent de créer.

La mise à disposition des fonds prend deux formes principales. La structure peut octroyer un
montant bien déterminé à l'entrepreneur pour financer sa création ou encore aider celui-ci à
obtenir le financement d'une institution internationale. La première forme de mise à disposition
des fonds est une aide « pour la création des micros entreprises, des petits projets ». Le montant
peut aller « de 20 000 000 GNF à 50 000 000 GNF ». Les institutions internationales
partenaires de ces structures offrent un financement dont la valeur « dépend du coût global du
projet » présenté par le jeune entrepreneur.

L'accès à l'appui des structures étatiques d'aide à la création d'entreprises dépend en grande
partie de quatre conditions. Il faut : 1) être jeune, 2) de nationalité guinéenne, 3) porteur de
projet et 4) accepter se soumettre à l'idée de se faire accompagner par une institution de
promotion d'emploi des jeunes.

La durée de l'accompagnement fourni par les structures étatiques est flexible. De la soumission
du projet par le jeune entrepreneur à la formation de celui-ci, peuvent s'écouler trois (3) mois.
Ces trois (3) mois sont mis à profit « pour préparer le jeune à affronter le marché de
l'entrepreneuriat » nous disait l'un de nos interviewés. Après la mise à disposition des fonds, la
durée de l'accompagnement « dépend de la durée du projet qui peut aller de dix-huit mois à
trois ans par exemple ».

L'appui accordé par ces structures est gratuit. Seul le montant du financement est à rembourser
et généralement avec un intérêt dont le taux est très faible en comparaison à celui des banques.
À propos de ce montant, l'une des structures interviewées déclare : « C'est un crédit révolving
que nous avons et non une subvention. Quand on te donne de l'argent pour financer ton
entreprise, au retour il faut que tu puisses payer cet argent avec un taux d'intérêt qui n'est pas
considérable comme les institutions bancaires. »

L'appui des établissements financiers à la création d'entreprises est fonction de la catégorie à


laquelle elles appartiennent. Certains financent la création et le développement de l'entreprise,
tandis que d'autres ne financent uniquement que son développement et non sa création.

En plus de l'octroi de prêts, les établissements financiers orientent également les porteurs de
projets. Ils leur prodiguent des conseils et les aident à structurer leurs projets.

L'aide que nous apportons aux porteurs de projets d'entreprises, en général c'est qu'ils nous
demandent de réévaluer leurs projets, de les lire, peut-être de leur donner des conseils, leur
apporter un accompagnement financier. Ce que les gens oublient, c'est que la banque n'est pas
là pour seulement donner de l'argent. La banque peut aussi aider un promoteur à le structurer.
Elle peut aider un promoteur en lui donnant des conseils sur le choix de ses partenaires par
exemple. Donc, nous donnons parfois des conseils, des conseils d'ordre financiers, bref, tous
types de conseils qu'on peut donner.

Le cas spécifique des institutions de microfinance fonctionnant sur le principe des coopératives
est particulièrement intéressant. Elles offrent un éventail de solutions à leurs membres qui
souhaitent développer leurs affaires. En plus d'octroyer une aide financière sous forme de prêt,
un appui à l'organisation et une formation à la gestion de l'entreprise, elles font aussi un
accompagnement en nature.

L'accompagnement en nature se fait de la façon suivante. On peut recevoir des coopératives de


pêche par exemple. Quand elles viennent, ce n'est pas de l'argent qu'on leur donne. On leur
demande ce dont ils ont besoin pour faire avancer leurs activités. Il peut s'avérer que leur
besoin soit de disposer de filets de pêche, de moteur hors-bord, de pirogues, etc. À notre tour,
au lieu de leur donner de l'argent pour acheter ces équipements, nous les achetons nous-mêmes
et les mettons à leur disposition.

Comme développé précédemment, l'aide apportée par ces établissements ne tient pas forcément
compte de l'âge de celui qui la sollicite. Les établissements financiers offrent des
produits/services à tous ceux qui ont l'âge requis par la loi pour disposer d'un compte bancaire.
À la seule différence que ces institutions proposent des produits/services adaptés aux besoins
des clients.

Les membres des institutions de microfinances qui fonctionnent sur le principe des
coopératives ont droit à tous les services qu'elles offrent. La plupart de ceux qui adhèrent à ces
coopératives sont des femmes, des jeunes, des organisations non-gouvernementales et parfois
des entreprises. Ces institutions appuient le développement des entreprises qui existent déjà et
non celles qui sont en phase de création.

Nous, nous assistons des ONG, des organisations, des groupements, des sociétés ou des
organismes, mais pas celles qui sont en phase de création. Nous assistons des ONG, des
organisations, des groupements, des sociétés ou des organismes de femmes qui existent déjà,
qui n'ont pas de moyens pour se développer ou qui sont vers la faillite. Nous venons pour leur
donner un coup de main pour qu'ils se développent et ne tombent pas ou encore pour qu'ils
élargissent leurs activités. C'est le cas particulier des commerçants. On ne donne pas de l'argent
à quelqu'un pour qu'il commence son commerce. Non ! Mais si tu es commerçant déjà avec un
capital de cinq millions, nous on peut venir auprès de toi pour que tu accroisses ton commerce.
On augmente tes cinq millions à dix millions, par exemple.

Les établissements financiers octroient des prêts aux entrepreneurs en fonction de certains
paramètres. Les banques primaires ne fixent généralement pas un montant maximum pour le
prêt à accorder à un porteur de projet. Leur financement est fonction de la vision du projet, de
sa rentabilité, de son coût et des garanties de paiement. L'accès à un prêt important auprès d'une
institution de microfinance fonctionnant sous forme de coopérative dépend en grande partie de
l'ancienneté du membre dans la coopérative (institution de microfinance).

Ça dépend du projet et de la fidélité de son porteur à notre coopérative. Toi tu as fait un an,
deux ans, trois ans avec nous, tu as bénéficié d'un prêt, de deux prêts avec nous, on ne peut pas
te donner cinq millions et donner cinq millions à quelqu'un qui est venu hier. Nous nous
partons d'abord de la confiance. Il faut travailler avec nous, avoir notre confiance et puis encore
travailler avec. Le montant dépend du projet. C'est de 100 000 GNF au minimum à 5 000 000
GNF en fonction de la durée, de la fidélité, en un mot, de ce que tu as avec nous.

Outre cela, celui qui souhaite avoir un prêt auprès de la coopérative de crédit doit au préalable
avoir épargné au moins 20 à 30% du montant qu'il souhaite emprunter.

Les conditions d'accès aux prêts sont nombreuses et varient d'une institution financière à l'autre
et de la catégorie à laquelle elle appartient. Fondamentalement, les banques accordent un prêt à
un porteur de projet après avoir analysé son projet. Cette analyse porte dans un premier temps
sur le projet. L'un des représentants de ces structures nous a confié :

Les conditions d'accès à la banque ou au financement de la banque, c'est exclusivement le


respect des procédures de la banque. Il faut avoir la maitrise de ce que l'on veut faire parce que
c'est ce qui est le plus important. Avoir de l'expérience et la logistique dans ce qu'on veut faire,
avoir les hommes qui peuvent porter le projet, qui peuvent conduire votre affaire. Lorsqu'on a
tout ça, on regardera ce que le projet apportera. Bref c'est l'analyse du projet qui est la pièce
fondamentale. Parce que c'est un investissement que nous voulons faire dans ton projet. Donc
nous chercherons à savoir ce que le projet nous donnera en retour en termes de profit.

Une fois que le banquier est rassuré de la rentabilité et de la faisabilité du projet, il procède à
une seconde analyse. Celle-ci aura pour objet, le porteur de projet. Le banquier cherchera à se
rassurer que « le promoteur a une bonne moralité, qu'il dispose des garanties (hypothèque par
exemple) et que le secteur de financement est un secteur dans lequel la banque a défini un
quota dans son budget », nous confiait l’un des interviewés.

Les taux d'intérêt et les assurances sont d'autres paramètres que la banque prend également en
considération. Le banquier et le porteur du projet doivent s'accorder sur un taux avantageux
pour chacun. L'approche de la banque sur les taux d'intérêt dépend de la nature du prêt sollicité
par le porteur de projet. Le taux diffère selon que le prêt soit à court, moyen ou long terme.

La durée de l'accompagnement d'un porteur de projet dépend des besoins spécifiques qu'il
exprime. Il peut concerner la structuration de son projet ou sa nature même. L'échéance de
remboursement du prêt dépend du rythme de génération des flux financiers du projet. L'analyse
du projet permet au banquier de déterminer la capacité de l'entrepreneur à rembourser le prêt
l’échéancier convenu.

Sous-section 3 : Obstacles à l'appui à la création d'entreprises


De l'avis des structures étatiques d'aide à la création d'entreprises et des établissements
financiers, l'accompagnement des jeunes porteurs de projets d'entreprise n'est pas toujours
facile. Les difficultés rencontrées par les structures d'aide à la création d'entreprises qui
accompagnent les jeunes porteurs de projets dans leur démarche entrepreneuriale sont liées à la
vision que ces jeunes ont de l'entrepreneuriat, de la nature, la rentabilité et la structuration de
leur projet.

Les structures étatiques d'aide à la création d'entreprises reprochent aux jeunes guinéens le
manque de vision. Beaucoup s'intéressent peu ou pas du tout à l'entrepreneuriat. Depuis la mise
en place de ces structures, peu de jeunes ont sollicité un accompagnement dans le domaine
entrepreneurial. Le propos ci-dessous de l'un de nos interviewés illustre bien ce fait :

Les jeunes sont très lents. Ça fait près de deux ans et quelques mois mais nous n'avons même
pas encore 30 personnes qui soient inscrites dans notre banque de données. Regardez vous-
même dans la banque de données. Ça fait près de 32 inscrits. Parmi les 32, nous n'avons que 6
dossiers et parmi les six (6), nous avons trois (3) demandeurs d'emploi et trois (3) jeunes
promoteurs qui sont d'ailleurs installés déjà.

Ceux d'entre eux qui sollicitent un accompagnement pour se lancer dans une carrière
entrepreneuriale n'ont souvent pas la motivation suffisante. Il arrive parfois qu'après avoir
entamé le processus, ils abandonnent. L'un de nos interviewés disait à ce propos : « quand [les
jeunes porteurs de projets] viennent solliciter notre aide, nous les aidons à nettoyer leur projet.
Malheureusement, après le premier rendez-vous que nous leur donnons, ils entrecoupent. On ne
les voit que deux mois plus tard et parfois jamais ».

Le plus souvent, les jeunes renoncent à poursuivre la démarche entrepreneuriale par manque de
moyens financiers. En sollicitant l'accompagnement auprès des structures, ils ne disposent
d'aucun moyen financier pour au moins couvrir les frais liés aux démarches administratives.
Pourtant, l'aide proposée par les structures d'aide à l'entrepreneuriat jeune nécessite que le
porteur contribue financièrement à la réussite de son projet pour être pris au sérieux par les
financeurs. On peut le voir dans ce que nous a confié l'un de nos interviewés.

Quand ils viennent solliciter de l'aide, certains se butent aux petites dépenses. Par exemple, il
faut avoir une carte d'identité, un certificat de résidence, un casier judiciaire, mais ils ne les ont
pas. Il y a l'un d'entre eux qui vient de quitter vous l'avez peut-être croisé en venant, il n'a aucun
de ces documents. Je me dis mais écoute, ça on ne te dit même pas qu'il y a des dépenses qu'il
faut faire même avec le contact avec le bailleur de fonds, si tu ne peux pas faire ça c'est que tu
ne peux pas te lancer dans l'entrepreneuriat. Si tu ne peux pas avoir une carte d'identité, un
certificat de résidence pour préparer les dossiers pour le RCCM, mais si tu ne peux pas fournir
les 100 000 ou 200 000 qu'ils vont te demander pour immatriculer ton entreprise, tu ne peux
pas ouvrir une boite postale ni avoir un compte bancaire, tu ne peux pas avoir la confiance du
bailleur.

Comme évoqué antérieurement, les établissements financiers ne financent pas la totalité des
investissements du projet. Ils viennent combler le manque.

Outre les éléments ci-haut cités, les porteurs de projets n'ont souvent pas les compétences ou
l'expérience nécessaire dans le domaine où ils veulent se lancer. Certains ne savent ni lire, ni
écrire dans la langue de communication officielle du pays.

Une autre difficulté dans l'accompagnement des jeunes porteurs de projets est liée à la nature et
à la structuration des projets pour lesquels ils sollicitent un accompagnement. Leurs projets sont
souvent mal structurés, non rentables ou ne sont pas des projets d'entreprises. L'un de nos
interviewés, comme nous pouvons le voir ci-dessous, est revenu sur ce faite ces termes :

La plupart des jeunes qui viennent ici pensent que quand on parle de projet, on parle de projet
de développement et ça c'est différent. C'est-à-dire pour un jeune qui vient avec un projet, il
vient avec un projet par exemple de tournoi de football ainsi de suite. Pour lui, c'est un projet,
alors que nous ce que nous demandons ce sont des projets de création d'entreprises basés sur
des idées géniales et pouvoir accompagner les jeunes. Sinon, en termes de lacunes, c'est que les
projets sont mal montés.

Les établissements financiers aussi n'accordent de prêts aux porteurs de projets que s'ils
trouvent le projet rentable. Un ensemble de paramètres est pris en considération pour prendre la
décision d'accompagner ou pas. L'un de nos répondants déclarait à ce sujet : « Notre décision
d'accompagner un porteur de projet dépend de l'analyse que nous faisons de son projet, de ses
coûts, de la maîtrise que le promoteur a de son projet, des garanties que nous avons et de
l'utilité même du projet. » Le projet doit donc disposer d'une capacité à générer des flux
nécessaires au remboursement du prêt, des garanties de remboursement du prêt et de
l'expérience du promoteur dans le secteur d'activités de sa future entreprise.

Les produits et/ou services fournis par l'entreprise en constitution doivent également
correspondre à un besoin exprimé par la population de son environnement. Cela a été évoqué
par l'un de nos interviewés en ces termes.
Par exemple, je peux venir vous dire que j'ai un projet d'importation en Guinée des pommes de
terre. Supposons que je désire installer mon entreprise à Labé et y importer de la pomme de
terre. Vous-même vous convenez avec moi d'abord que la production interne de la zone est
forte. Tu vas voire est ce qu'il y a une grappe que la production interne ne peut pas couvrir.
Cela va définir votre besoin d'importation et c'est sur cela que la discussion avec le banquier
portera. Si jamais le projet que vous soumettez n'est pas utile, ne répond pas aux besoins, bref
ne vient pas couvrir une demande exprimée, ne résout pas un problème concret, le banquier
aura du mal ou ne va pas le financer.

Les établissements financiers se retiennent d'accompagner certains porteurs de projets pour des
raisons liées « au manque de garantie et l'inexpérience du promoteur. La banque considère que
l'octroi d'un prêt à un promoteur qu'elle estime ne pas disposer de l'expérience nécessaire est un
gros risque », nous a dit l’un de nos interviewés.

CHAPITRE VII : INTERPRÉTATION DES DONNÉES

Ce chapitre porte sur l'interprétation des données collectées et analysées de la présente étude.
Le chapitre est composé de deux (2) sections. La première traite des facteurs qui contribuent au
développement de la culture entrepreneuriale et de la création d'entreprises. La seconde quant à
elle traite des facteurs qui constituent un obstacle au développement de l'entrepreneuriat.

Section 1 : Facteurs contribuant au développement de la culture entrepreneuriale et de


l'entrepreneurship des jeunes de Conakry

En nous servant du paradigme des traits individuels, nous avons pu mettre en exergue plusieurs
facteurs qui contribuent au développement de la culture entrepreneuriale et de la création
d'entreprises chez les jeunes de Conakry. Les différentes variantes du paradigme utilisées sont :
les entrepreneurs viennent généralement de familles où un membre est ou a été entrepreneur ;
les entrepreneurs viennent de milieux qui valorisent l'entrepreneuriat ; la carrière
professionnelle, la propension à l'autonomie et le niveau d'instruction favorisent le passage à
l'acte entrepreneurial.

Sous-section 1 : Entrepreneur : fruit de son milieu

Un entrepreneur se forge à partir des influences de son milieu. Aussi, un milieu qui valorise
l'entrepreneuriat développe l'envie d'entreprendre des individus qui y vivent (Fortin, 2002).
Développer la culture entrepreneuriale et in fine l'entrepreneurship, dépend dans une large
mesure des influences du milieu. Cela est vrai dans le cas des jeunes de Conakry. Nos analyses
nous ont amené à deux (2) rôles joués par ces influences sur le phénomène entrepreneurial.

Premièrement, les jeunes de Conakry qui sont issus de familles d'entrepreneurs ont une culture
entrepreneuriale plus développée que les autres. Il y a 61.29% d'entre eux qui pensent que la
carrière entrepreneuriale est la meilleure qui soit, 96.77% désirent créer une entreprise dans le
futur et 88.88% pensent pouvoir y arriver dans les cinq prochaines années.

Cette envie d'entreprendre aussi significative chez les jeunes de Conakry s'explique par le fait
qu'ils sont généralement influencés par les entrepreneurs qui sont de leurs familles. Ils les
considèrent comme des modèles à imiter et sont fréquemment incités à entreprendre par les
encouragements qu'ils reçoivent de leur part. C'est ainsi que 76.84% de ceux qui ont une
opinion positive de l'entrepreneuriat déclarent avoir été encouragés par un proche.

En plus, la croyance en la possibilité de passer à l'acte entrepreneurial en moins de cinq ans est
plus significative chez les jeunes qui viennent d'une famille d'entrepreneurs ou d'un milieu qui
encourage les jeunes à l'entrepreneuriat. Les jeunes qui pensent arriver à cet objectif
représentent 88.88% de ceux qui viennent de familles d'entrepreneurs, 85.6% de ceux qui ont
été encouragés par leurs familles à entreprendre et 65.36% qui pensent que l'entrepreneuriat est
valorisé par leur entourage. Il s'ensuit donc que les entrepreneurs sont créés par leur milieu.

Deuxièmement, les jeunes créateurs d'entreprises de Conakry venant de familles où, au moins,
un membre et entrepreneur sont les plus nombreux. De nos résultats, il ressort que 74.51% des
jeunes entrepreneurs qui viennent de ce type de famille. Aussi, nous en déduisons qu'il existe
une espèce de reproduction des statuts sociaux (Passeron et Bourdieu, 1964) dans les familles
d'entrepreneurs de Conakry.

Ces analyses confortent deux variantes du paradigme des traits individuels. Il s'agit de la
variante qui explique que les entrepreneurs proviennent généralement de familles où les parents
ou l'un des proches sont dans les affaires ('Gasse et D'Amours, 2000) et de celle qui explique
que le milieu immédiat influence largement la création d'entreprises (Mezhoudi, 2001).

Cependant, il ne faut pas en conclure que le phénomène entrepreneurial est génétique. La


famille et l'entourage constituent des facteurs qui prédisposent à l'entrepreneuriat. Par
conséquent, il ne faut pas les considérer comme des conditions sine qua non à la création
d'entreprises. Siomy (2007) expliquait d'ailleurs que le fait de penser qu'il faut appartenir à une
famille ou un clan d'entrepreneurs pour devenir entrepreneur est un mythe.
Seulement, la famille et le milieu contribuent largement au lancement de l'entrepreneur. Ce qui
explique le fait qu'il y ait plus de jeunes entrepreneurs venant de familles d'entrepreneurs à
Conakry que d'entre ceux venant des familles dans lesquelles il n'y en a aucun.

Boutillier et Dokou (2006), expliquent également que la famille contribue de plusieurs façons
au développement de l'entrepreneurship. Elle offre à l'entrepreneur son soutien financier,
matériel et surtout psychologique (à partir des conseils et la participation au fonctionnement de
l'entreprise). Ce soutien est un facteur déterminant dans la création de l'entreprise. Cela se
vérifie également dans le cas des jeunes de Conakry.

Les jeunes de Conakry qui ont créé des entreprises déclarent avoir été appuyés financièrement
par les membres de leur famille. Cet appui a contribué à accroître les capacités de financement
de leurs projets entrepreneuriaux. Par exemple, toutes les entreprises (100%) que des jeunes ont
créées en utilisant plus de 40 000 000 GNF dans les investissements ont bénéficié de l'aide
financière d'un membre de la famille de l'entrepreneur. La moitié (50%) de celles qui ont
utilisées entre 31 millions et 40 millions GNF a également bénéficié de cet appui.

En outre, la conviction de pouvoir bénéficier d'un appui financier de la part des membres de sa
famille pour son projet entrepreneurial, développe la valorisation de la carrière entrepreneuriale
et le désir d'entreprendre chez les jeunes. Ainsi, 67.39% d'entre eux valorisent la carrière
entrepreneuriale et 67.79% veulent créer leurs propres entreprises.

Sous-section 2 : Carrière professionnelle et création d'entreprises

L'une des variantes du paradigme des traits individuels explique que l'expérience
professionnelle est un facteur qui déclenche l'initiative entrepreneuriale (Jaziri, 2009). Ainsi, le
fait d'avoir auparavant participé à la gestion d'une organisation sociale, d'avoir travaillé avec un
proche entrepreneur et de garder un bon souvenir de l'entreprise de celui-ci, contribuent au
développement de la culture entrepreneuriale et au désir de passer à l'acte entrepreneurial.

Les résultats de notre étude indiquent que les jeunes qui valorisent la carrière entrepreneuriale,
qui ont l'intention de créer une entreprise et qui veulent passer à l'acte entrepreneurial sont en
grande partie influencés par leur expérience professionnelle. Celle-ci a été mesurée à partir de
trois variables. Il s'agit du fait d'avoir géré auparavant une organisation sociale (entreprise par
exemple), d'avoir travaillé dans l'entreprise d'un proche et le fait de penser que l'entreprise de ce
dernier a été une réussite.
Comme indiqué dans le tableau ci-dessous, le fait d'avoir participé à la gestion d'une
organisation augmente la culture entrepreneuriale des jeunes de Conakry. Ce sont 65.28% de
ces jeunes qui valorisent la carrière entrepreneuriale, 96.98% qui veulent créer leur propre
entreprise et 91.05% qui ont la conviction de pouvoir passer à l'acte entrepreneurial dans les
cinq prochaines années.

Tableau 7.1 : Culture entrepreneuriale et participation à la gestion d'entreprise

Avez-vous auparavant géré une


organisation sociale ?
Culture entrepreneuriale Oui Non Total
La création d'entreprise est le meilleur choix de
65,28% 34,72% 100%
carrière pour un jeune
J'ai l'intention de créer une entreprise 96,98% 3,02% 100%
Dans les cinq prochaines années, je créerai mon
91,05% 8,95% 100%
entreprise
Source : Enquête sur la création d'entreprises par les jeunes de Conakry

Le fait d'avoir travaillé dans une entreprise, et surtout celle d'un proche, accroit la culture
entrepreneuriale des jeunes de Conakry. En effet, 65.08% d'entre eux valorisent la carrière
entrepreneuriale, 96.03% ont l'intention de créer leurs propres entreprises et 88.09% ont la
conviction qu'ils pourront créer leurs entreprises dans les cinq prochaines années.

Tableau 7.2 : Culture entrepreneuriale et expérience dans l'entreprise d'un proche

Avez-vous travaillé dans l'entreprise


d'un proche ?
Culture entrepreneuriale Oui Non Total
La création d'entreprise est le meilleur choix de
65,08% 34,05% 100%
carrière pour un jeune
J'ai l'intention de créer une entreprise 96,03% 3,97% 100%
Dans les cinq prochaines années, je créerai mon
88,09% 11,91% 100%
entreprise
Source : Enquête sur la création d'entreprises par les jeunes de Conakry

La culture entrepreneuriale des jeunes est également influencée par la réussite des proches
parents qui évoluent dans une carrière entrepreneuriale. Avoir la ferme conviction qu'un proche
parent qui est ou qui a été entrepreneur a réussi dans son projet entrepreneurial développe la
culture entrepreneuriale des jeunes de Conakry.
En effet, 61.75% des jeunes qui pensent que le projet entrepreneurial de leur proche a réussi
valorisent la carrière entrepreneuriale. D'un autre côté, 97.21% d'entre eux veulent créer leurs
propres entreprises et 90.18% ont la conviction de pouvoir créer une entreprise dans les cinq
prochaines années.

Tableau 7.3 : Culture entrepreneuriale et conviction de la réussite du projet


entrepreneurial d'un proche avec qui le jeune a travaillé

Pensez-vous que votre proche entrepreneur a


réussi son projet entrepreneurial ?
Culture entrepreneuriale Oui Non Total
La création d'entreprise est le meilleur
61,75% 38,25% 100%
choix de carrière pour un jeune
J'ai l'intention de créer une entreprise 97,21% 2,79% 100%
Dans les cinq prochaines années, je
90,18% 9,82 100%
créerai mon entreprise
Source : Enquête sur la création d'entreprises par les jeunes de Conakry

De ce qui précède, nous pouvons en déduire que, dans le contexte actuel de la Guinée, plusieurs
variantes du paradigme des traits individuels expliquent le phénomène entrepreneurial des
jeunes. Il s'agit notamment de l'origine sociale, de l'environnement et de la carrière
professionnelle. Les milieux, familles et sociétés qui accordent de la valeur à l'entrepreneuriat
et qui encouragent leurs jeunes à poursuivre une carrière entrepreneuriale, stimulent la culture
et les actes entrepreneuriaux (Fortin, 2002).

Sous-titre 3 : Propension à l'autonomie et création d'entreprises

La troisième variante du paradigme des traits individuels a également pu être vérifiée dans le
cas des jeunes de Conakry. Cette variante est celle qui explique la création d'entreprises par la
propension à l'autonomie. Le désir d'être autonome ou indépendant pousse les jeunes à préférer
la carrière entrepreneuriale que celle du salariat.

Ce sont 49.79% des jeunes sondés lors de nos investigations qui expliquent leur envie
d'entreprendre par le désir d'être autonome. Ceux qui ont créés leurs entreprises sont 68.18% à
affirmer avoir créé leurs entreprises pour être autonomes ou indépendant.

Comme on peut le voir sur les tableaux ci-dessous, la propension à l'autonomie est la principale
raison et la plus citée pour expliquer l'intention et le passage des jeunes de Conakry à l'acte
entrepreneurial. Que ce soit chez les jeunes qui ont créés leurs entreprises ou chez ceux qui ne
l'ont encore pas fait, les tendances sont les mêmes.
Tableau 7.4 : Motivations à la création chez les jeunes sans expérience entrepreneuriale

Fréquence
Pour être indépendant (autonome) 49,79%
S'épanouir/Gagner plus d'argent 42,47%
Pour se lancer un défi/réaliser un rêve 11,51%
Pour créer de l'emploi et participer au développement du pays 6,28%
Pour imiter un proche 4,81%
Répondre à un besoin non satisfait sur le marché 3,56%
Par contrainte 1,05%

Pour des raisons humanitaires 0,84%


Source : Enquête sur la création d'entreprises par les jeunes de Conakry

Tableau 7.5 : Motivations du passage à l'acte entrepreneurial chez les jeunes créateurs
d'entreprises

Fréquence
Pour être indépendant (autonome) 68,18%
S'épanouir/Gagner plus d'argent 28,79%
Répondre à un besoin non satisfait sur le marché 10,61%
Pour se lancer un défi/réaliser un rêve 6,06%
Par contrainte 1,52%
Pour imiter un proche 1,52%
Source : Enquête sur la création d'entreprises par les jeunes de Conakry

Nous en déduisons donc que, la propension à l'autonomie est bien l'un des facteurs explicatifs
du développement de la culture entrepreneuriale et de la création d'entreprises chez les jeunes
de Conakry (Menzies et al., 2002).

Sous-section 4 : Niveau d'instruction et création d'entreprises

La dernière variante du paradigme des traits individuels n'a quant à elle pas pu être vérifiée par
nos résultats. Il s'agit du niveau d'instruction (Gasse et D'Amours, 2000). Nos résultats
indiquent que l'entrepreneuriat est valorisé par les jeunes de Conakry quel que soit le niveau
d'instruction.

Comme l'on peut le remarquer à partir du tableau ci-dessous, la valorisation que les jeunes de
Conakry ont de la carrière entrepreneuriale est significative quel que soit le niveau
d'instruction. Plus de la moitié d'entre eux, en fonction de chaque niveau d'instruction,
accordent plus d'importance à l'entrepreneuriat qu'au salariat.

Tableau 7.6 : Meilleur choix de carrière et niveau d'instruction

Niveau d'instruction
Quelle est le
meilleur
choix de Aucun Baccalauréat BEPC Primaire Professionnel Université Total
carrière pour
un jeune ?
Créer une
66,67% 60,98% 68,35% 59,57% 55,32% 54,29% 59,62%
entreprise
Être employé
au sein d'une 8,33% 12,20% 7,59% 21,28% 14,89% 10,29% 11,51%
entreprise
Être
fonctionnaire 18,75% 12,20% 18,99% 14,89% 23,40% 12,57% 15,48%
de l'État
Travailler au
sein d'une
4,17% 12,20% 5,06% 4,26% 6,38% 18,29% 11,09%
institution
internationale
Travailler au
sein d'une
2,08% 2,44% 0,00% 0,00% 0,00% 4,57% 2,30%
ONG
nationale
Total général 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100%
Source : Enquête sur la création d'entreprises par les jeunes de Conakry

La tendance est la même quand il s'agit de l'envie d'entreprendre. Presque tous ces jeunes de
Conakry veulent créer leurs propres entreprises quel que soit le niveau d'instruction.

Tableau 7.7 : Intention d'entreprendre et niveau d'instruction

Avez-vous l'intention de créer une entreprise ?


Niveau d'instruction Oui Non NSP/RDR Total
Aucun 97,92% 0,00% 2,08% 100,00%
BEPC 97,47% 2,53% 0,00% 100,00%
Université 94,29% 5,71% 0,00% 100,00%
Primaire 93,62% 6,38% 0,00% 100,00%
Professionnel 93,62% 6,38% 0,00% 100,00%
Baccalauréat 92,68% 4,88% 2,44% 100,00%

Total 94,77% 4,60% 0,63% 100,00%


Source : Enquête sur la création d'entreprises par les jeunes de Conakry

Nous expliquons cette situation par les conditions d'employabilité qui prévalent dans le pays.
L'accès des jeunes à l'emploi devient de plus en plus compliqué. Les offres d'emploi exigent
des diplômes et une expérience professionnelle de plus en plus élevés. Se lancer dans une
carrière entrepreneuriale devient dès lors l'unique choix qui s'offre à eux. Il devient dès lors
plus facile de comprendre pourquoi ils veulent tous créer des entreprises.

Section 2 : Obstacles au développement de la culture entrepreneuriale et de


l'entrepreneurship

Les résultats de notre étude ont mis en exergue trois principaux facteurs qui entravent le
passage des jeunes à l'acte entrepreneurial. Il s'agit de la complexité du processus
entrepreneurial proposé, de l'existence de goulots d'étranglement entre la culture et l'acte
entrepreneurial et de l'inadaptation des politiques d'appui à l'entrepreneuriat. Chacun de ces
facteurs est développé dans les trois sous-sections suivantes.

Sous-section 1 : Processus entrepreneurial en cause

Au regard de l'analyse des résultats, il est ressorti que l'un des principaux problèmes auxquels
sont confrontés les jeunes de Conakry en matière d'entrepreneuriat est l'appréhension et la
maîtrise du processus de création d'entreprises. Certains jeunes n'ont aucune connaissance des
différentes étapes de ce processus ou en ont une image faussée. D'autres jeunes quant à eux
trouvent que le processus de création d'entreprises est complexe.

Ce manque d'informations, cette vision faussée de l'entrepreneuriat et cette probable complexité


du processus entrepreneurial influencent négativement l'attitude que les jeunes ont de
l'entrepreneuriat et constituent des obstacles au passage à l'acte entrepreneurial. Cela explique
la préférence de certains pour le travail salarial qui paraît moins compliqué au détriment de
l'entrepreneuriat.

Le même constat ressort de l'analyse des entretiens que nous avons effectués auprès des
structures d'aides à la création d'entreprises. Celles-ci mettent l'accent sur le fait que les jeunes
qui prétendent vouloir se lancer dans une carrière entrepreneuriale ne savent rien de ce qu'est
l'entrepreneuriat. Ils en ont une vision tordue. Ils confondent l'entrepreneuriat et l'humanitaire.
Leur première rencontre avec un responsable de l'une de ces structures leur ouvre les yeux sur
ce qu'est l'entrepreneuriat et ce qui les attend en se lançant dans cette dynamique. La
conséquence : ils trouvent compliqué de continuer et rebroussent chemin.

Si le processus entrepreneurial constitue une barrière à l'entrée, il faut dès lors s'interroger sur
ce qui fait de lui une démarche complexe. Cette analyse combinée au profil et à la vision des
jeunes permettrait de rectifier le tir afin de rendre plus facile, du point de vue des jeunes, ce
processus.

Le cœur du processus traditionnel de création d'entreprises est le fameux `'business plan''. Il est
généralement exigé par les structures d'aide à la création d'entreprises à ceux qui souhaitent
recevoir d'eux un financement. L'analyse du projet et la décision de financement ou non
dépendent en large mesure de la qualité de ce document. La rentabilité prévisionnelle présentée
dans le business plan devient ainsi le critère de réussite potentiel de la future entreprise.

Cet outil s'est greffé au domaine entrepreneurial depuis les années « 70 » et est devenu l'un des
incontournables. Les organismes tierces d'aide à la création d'entreprises (institutions d'appui à
l'entrepreneuriat et établissements financiers) en ont fait une condition pour accompagner
(financer) les porteurs de projets d'entreprises (Filion, Ananou, et Schmitt, 2012).

Le problème avec cette exigence est que les jeunes, très souvent, ne sont pas capables de
constituer un business plan ou du moins ne savent pas ce que c'est et à quoi il sert. Nos
investigations ont montré que 72.73% des jeunes en général ne sont pas capables de constituer
un business plan. 72.55% d'entreprises créées par des jeunes n'en ont pas eu besoin pour se
créer. Ceux qui ont rédigé un business plan pour démarrer se sont fait aider dans 78.57% des
cas par une tierce personne à la rédaction.

Nos résultats confirment les paroles de Claude Ananou qui traite de la notion de business plan
en introduction à son cours de démarrage d'entreprises. Il met l'accent sur le fait que 95% des
projets entrepreneuriaux ne sont pas dus à un plan d'affaires. Sur les 5% qui démarrent avec un,
seulement 3% le suivent et parmi ces 3%, seulement 1% estime utile de l'avoir fait (Ananou,
2016).

Ces raisons évoquées ci-haut et d'autres qui ne sont pas traitées ici ont amené des chercheurs en
entrepreneuriat à réfléchir sérieusement sur la véritable utilité du business plan. Ils finissent par
conclure qu'il n'est finalement pas très utile dans la création d'une entreprise et peut même
constituer un facteur de blocage (Chirita, Masson, et Ananou, 2012).
Plusieurs raisons ont été avancées par les chercheurs en entrepreneuriat pour expliquer
l'inutilité de la rédaction d'un plan d'affaires au cours du processus de création d'une entreprise.
La perte de temps liée à sa rédaction, les contraintes quant au suivi du contenu, l'usage qu'en
font les financeurs, l'écart entre sa logique et la logique entrepreneuriale sont quelques points
mis en avant pour soutenir leur raisonnement.

Une étude réalisée auprès d'entrepreneurs canadiens a montré que la rédaction du business plan
fait perdre énormément de temps aux créateurs d'entreprises et surtout aux jeunes. En moyenne,
les jeunes de 18 à 24 ans mettent 141 jours pour le faire et ceux de 25 à 35 ans 98 jours contre
35 jours pour les entrepreneurs qui ont au-delà de 35 ans (Borges, Filion, et Simard, 2010). Ce
temps perdu pourrait être utilisé à d'autres activités allant dans le sens de la création proprement
dite. La rédaction d'un plan d'affaires dans un processus de création est contre-productive.

En plus de cette considération, aucun organisme d'appui à l'entrepreneuriat ne décide de


financer un projet entrepreneurial en se basant uniquement sur la présentation d'un business
plan par le porteur de projet. Le business plan leur sert souvent de filtre car il démontre la
capacité du porteur de projet à structurer ses idées en y mettant une certaine cohérence. Mais
rien n'indique qu'un bon structurant d'idées soit de facto à même de s'adapter aux opportunités
et aux conditions changeantes du monde de l'entrepreneuriat (Cohen et Ananou, 2007).

Une autre analyse est le fait que la logique du business plan est étrangère au milieu
entrepreneurial (Filion, Ananou, et Schmitt, 2012). C'est une transposition de la logique de la
planification qui n'a normalement rien à avoir avec le processus de création d'entreprises. Il
constitue un facteur qui retarde les entrepreneurs dans la mise en place de leur projet et
constitue un obstacle à leur désir d'entreprendre (Chirita, Masson, et Ananou, 2012).

La logique de rationalisation qui se cache derrière le business plan est propre à la gestion des
entreprises. Cette logique s'oppose ou du moins est différente de la logique entrepreneuriale qui
ressort de l'émotionnel. Les caractéristiques que des chercheurs associent souvent aux
entrepreneurs sont plutôt d'ordre émotionnel que rationnel.

Le courage, la créativité, l'innovation, l'intuition, la persévérance, etc. sont des traits de


caractère qui ne relèvent pas de la sphère de la rationalité (Filion, Ananou, et Schmitt, 2012).
Créer une entreprise est un acte de géniteur et non d'éleveur. Un géniteur crée et un éleveur
gère. Le gestionnaire est celui qui a plus besoin de cette rationalité. Le business plan relève de
la gestion et non de la création d’entreprises (Ananou, 2016).
Pour Siomy (2016), la logique rationnelle met un faussé entre l'individu et la création
d'entreprises. Les entrepreneurs sont conscients d'une chose : la possibilité de perdre. Cette
sensibilité à la perte diffère selon que l'individu soit plus rationnel ou émotionnel. Les
rationnels ont une sensibilité élevée à la perte tandis que les émotionnels en ont une moins
élevée. Plus le quotient rationnel d'un individu est élevé, moins il désire se lancer dans
l'entrepreneuriat (activité comportant une part de risque). Plus son quotient émotionnel
l'emporte sur le rationnel, plus s'accroit son désir d'entreprendre.

Une dernière analyse est que le plan d'affaires est un outil qui fait de la création d'entreprises un
processus linéaire et par conséquent manquant de flexibilité. Se proposant faire une prévision
des dépenses et des recettes financières, il prétend rationnaliser le futur en se basant sur des
informations qui découlent du passé et du présent. Cependant, le futur est caractérisé par
l'incertitude. Des mutations peuvent se produire et affectées les prévisions. Dans de telles
conditions, ces prévisions tombent à l'eau (Filion, Ananou, et Schmitt, 2012).

Sous-section 2 : Passage à l'acte entrepreneurial : goulots d'étranglement

L'entrepreneuriat ou la création d'entreprises crée de l'emploi et de la richesse pour les nations.


Il faut cependant souligner que personne n'est prédestiné à entreprendre ou non. Le phénomène
entrepreneurial n'est pas inscrit sur le code génétique des humains (Firlas, 2012).

La création d'entreprises est intimement liée au développement de la culture entrepreneuriale.


Siomy (2007) expliquait que la prospérité des entreprises dépend de la mise en place de
conditions-cadres favorables conséquentes.

Les conditions-cadres de l'éclosion de la vitalité entrepreneuriale résident dans le


développement de la culture entrepreneuriale ou de l'esprit d'entrepreneurial. Ce développement
entraine nécessairement la création d'entreprises. Ruel (2006) cité par Siomy (2007) résumait
cela en indiquant que la culture entrepreneuriale permet aux entrepreneurs de naître et favorise
le développement de l'entrepreneurship (la création d'entreprises).

Pour Fortin (2002) c'est l'intensité entrepreneuriale qui permet de mesurer la culture
entrepreneuriale, tandis que la vitalité, elle, mesure l'entrepreneurship. La vitalité
entrepreneuriale correspond à une augmentation quantitative et qualitative d'entreprises,
d'emplois et d'entrepreneurs à un moment donné. L'intensité entrepreneuriale quant à elle, est la
mesure à un moment donné de la culture entrepreneuriale.
Vue sous cet angle, la culture entrepreneuriale se traduirait en deux réalités, le désir (l'intention)
d'entreprendre et le passage à l'acte de création. À la limite des deux, la croyance en la
possibilité de passer à l'action dès la première occasion.

Les jeunes guinéens ont une vision positive de l'entrepreneuriat. Une proportion non
négligeable des sondés préfère créer une entreprise que d'être employé. Ils traduisent cette
volonté en préférant pour la plupart choisir l'entrepreneuriat comme le meilleur choix de
carrière et première option dès que les moyens financiers seront à leur disposition.

Cependant, il faut noter qu'avoir une opinion positive de l'entrepreneuriat ne détermine pas de
facto que l'on dispose d'une culture entrepreneuriale développée. Comme nous l'avons
développé plus haut, la culture entrepreneuriale et l'entrepreneuriat se mesurent respectivement
à travers l'intensité et la vitalité entrepreneuriales (Siomy, 2007).

Pour déterminer qu'une couche de la population dispose d'une forte culture entrepreneuriale, il
faut voir au-delà de l'opinion positive qu'elle a de l'entrepreneuriat et intégrer à l'analyse de
cette opinion, la dimension du passage à l'action entrepreneuriale.

Analyser sous cet angle, il faut reconnaître que les jeunes de Conakry ont à la fois une opinion
positive de l'entrepreneuriat et désirent ardemment créer leur entreprise à la première occasion.
À cette envie de créer une entreprise se greffe une autre dimension très importante dans le
développement de la culture entrepreneuriale. Il s'agit de l'état d'esprit développé par le futur
entrepreneur. S'il veut créer une entreprise et qu'il se fixe un objectif à court terme de passage à
l'action, il y a de fortes chances que son idée se matérialise.

La quasi-totalité des jeunes qui se sont prêtés à nos questions pensent pouvoir créer leurs
entreprises d'ici les cinq prochaines années. Cette volonté accrue de passer à l'action est en
partie tributaire de l'influence de l'environnement immédiat des jeunes. Comme le soutient
Jaziri (2009), l'origine sociale est l'un des facteurs déclencheurs de l'envie entrepreneuriale.

Cependant, bien qu'animés d'un fort désir de créer et ayant une vision positive de
l'entrepreneuriat, certains facteurs limitent le passage des jeunes à l'acte entrepreneurial. En
réalité, une bonne partie d'entre eux ne parvient pas à faire de leur envie de créer une véritable
création (Borges, Filion, et Simard, 2010).

Le manque de motivation suffisante, l'absence de moyens financiers, la complexité du


processus de création d'entreprises, le manque d'expérience et/ou de qualifications amènent
plus d'un jeune guinéen à penser ne jamais pouvoir devenir entrepreneur. La nature de
l'entreprise créée par les jeunes, les difficultés à avoir des clients, le développement des
produits/services, le manque de compétences en gestion d'entreprise et les difficultés à
appréhender le processus de création sont autant d'obstacles que les jeunes créateurs doivent
surmonter pour créer et faire vivre leurs entreprises.

Contrairement aux entrepreneurs les plus âgés, les jeunes qui désirent entreprendre et ceux qui
sont déjà dans les affaires ciblent principalement le secteur tertiaire qui ne nécessite pas un
investissement important et, est à ce titre généralement moins porteurs : dans la prestation de
services par exemple où le chiffre d'affaires est généralement insignifiant. Ils préfèrent ce
domaine car ils n'ont souvent pas accès à des ressources importantes (Borges, Filion, et Simard,
2010) pour se lancer dans un secteur à gros investissement et générant plus de flux financiers.

Bénéficier d'un accompagnement contribue à la réussite de certains entrepreneurs. En effet, les


entreprises qui bénéficient d'un accompagnement pendant leur création sont plus durables que
les autres. Cet accompagnement a un effet positif sur le développement et la rentabilité d'une
jeune entreprise (Leger-Jarniou, 2008b).

En Guinée, il existe des structures d'accompagnement à la création d'entreprises. Grâce à sa


collaboration avec ses partenaires (institutions internationales et les établissements financiers),
le gouvernement guinéen a réussi à mettre en place des projets/programmes d'appui à
l'entrepreneuriat jeune. Ces projets/programmes visent à réduire le chômage des jeunes.
Nonobstant cela, le nombre de jeunes sans-emploi reste fortement élevé.

Cela s'explique par le fait que la création ou la mise en place des programmes et des fonds
financiers pour appuyer l'entrepreneuriat ne conduit pas automatiquement les jeunes à s'y
engager ''(Dougnon et al., 2013). Dans la réalité, les jeunes ne font, en général, pas recours à
ces structures (Leger-Jarniou, 2008b) ou le font très rarement.

Ce non-recours qui s'explique par le fait qu'ils ne sont pas informés de l'existence de telles
structures, les pousse à considérer le processus d'accès à l'accompagnement complexe, en plus
de manquer confiance aux structures d'aide à la création.

Les jeunes interviewés pendant nos investigations reprochent aux structures étatiques d'aide à la
création d'entreprises le manque de sérieux dans leur travail. Ils sont en conséquence
pessimistes pour ce qui est de la réussite des programmes/projets d'appui à l'entrepreneuriat
jeune en Guinée. Les structures d'appui à l'entrepreneuriat jeune quant à elles reprochent aux
jeunes porteurs de projets d'un manque de persévérance, de vision, de courage et ne
comprennent pas ce que signifie se lancer dans la dynamique entrepreneuriale.

Nous retiendrons que, de par leurs déclarations, les jeunes de Conakry souhaitent se réaliser à
travers l'entrepreneuriat et le considèrent comme leur option prioritaire. Malgré cela, le constat
est que peu de jeunes passent à l'action. La nature de leurs entreprises qui sont généralement de
petites tailles, évoluant dans un secteur à faible investissement et rentabilité pour la plupart,
employant moins de personnes et manquant d'innovation et de créativité empêche le
développement et conduit à l'échec des entreprises créées par les jeunes à la différence de celles
créées par leurs ainés.

Sous-section 3 : Politique d'appui à l'entrepreneuriat en cause

L'éclosion entrepreneuriale est en grande partie liée au développement d'une culture


d'autonomie, la culture entrepreneuriale. Il faut dès lors mettre en place une politique de
développement de cette culture qui à son tour favorisera la création d'entreprises.

Toutes les nations du monde ont compris que la solution au problème de chômage est l'auto-
emploi à travers la création d'entreprises. Chacune d'elles est en train de mettre en oeuvre des
initiatives allant dans le sens du développement entrepreneurial. Plusieurs programmes/projets
s'inscrivent dans cette dynamique. Pour la plupart, ces programmes visent des jeunes et des
femmes.

Pour le cas spécifique de la Guinée, deux initiatives ont particulièrement attiré notre attention.
Il s'agit du Fonds National pour l'Insertion des Jeunes (FONIJ) et du projet `'Booster les
Compétences pour l'Employabilité des Jeunes'' (BOCEJ). Le premier est un fonds de crédit
révolving destiné à financer les projets de jeunes. Quant au second, il consiste en un vaste
programme visant à accroître les chances des jeunes à décrocher un emploi. L'une des
composantes de ce projet - Éducation pour l'emploi - comporte un volet exclusivement destiné
à la promotion des initiatives entrepreneuriales.

En plus de ces structures étatiques, ces derniers temps nous assistons à la floraison des
structures d'accompagnement. Les entreprises de coaching, les incubateurs, les établissements
financiers proposant des services adaptés aux besoins d'entrepreneurs sont autant d'institutions
ayant pour vocation d'aider les jeunes à transformer leur désir d'entreprendre en véritable
création.
Nonobstant cette augmentation du nombre de structures d'accompagnement et les
encouragements des pouvoirs publics, les porteurs de projets ne font pas recours à leurs
services ou pire encore les refusent (Leger-Jarniou, 2008b).

La politique d'appui à l'entrepreneuriat joue un rôle très important dans le développement


entrepreneurial. Une politique mal adaptée entraine des effets pervers. Ce sur quoi se
concentrent les initiatives de développement de la création d'entreprises détermine les résultats
auxquels elles aboutissent. Généralement, ces initiatives se concentrent plus sur la création
d'entreprises et négligent ou n'ont pas conscience du développement de la culture
entrepreneuriale (Fortin, 2002 ; Siomy, 2007).

Cette politique traditionnelle du développement de la culture entrepreneuriale et de la création


d'entreprises encouragée par certains pays fait que ceux-ci ont des économies caractérisées par
l'importation qui surplombe l'exportation, la quasi-totalité des biens qui y sont consommés sont
importés, et le degré de dépendance à l'égard de l'étranger est quasi entier. Pourtant, le pouvoir
d'influence d'un acteur dans une relation dépend avant tout de son potentiel d’autonomie
(Siomy, 2007). Les pays qui vivent dans la dépendance ne peuvent avoir un potentiel
d'influence signifiant dans l'économie mondiale, par conséquent toujours à la traîne.

Quand on analyse la dynamique entrepreneuriale (culture entrepreneuriale et création


d'entreprises), nous pouvons faire une analogie très instructive. La culture entrepreneuriale peut
être comparée à un arbre et la création d'entreprises aux fruits. Pour avoir des fruits, il faut
nécessairement porter l'attention sur l'arbre. Les fruits viennent naturellement d'eux-mêmes.
C'est ainsi dire que la culture entrepreneuriale est la cause de la création d'entreprises et
inversement, la création d'entreprises est la conséquence de la culture entrepreneuriale. Investir
sur la création d'entreprises et non la culture entrepreneuriale se solde par un échec des
entreprises créées (Fortin, 2002 ; Siomy, 2007). Comprenons que le secteur de l'entrepreneuriat
en est un qui s'autofinance. Il n'a besoin que de se trouver dans de conditions-cadres pour porter
ses fruits (Ruel, 2006 ; Siomy, 2007)

Du point de vue de l'OCDE (2004), la culture entrepreneuriale est un facteur qui contribue à la
construction d'une société entrepreneuriale. Elle est en quelque sorte un déterminant important
des préférences en matière de carrière et contribue à faire évoluer les mentalités face à une série
de valeurs entrepreneuriales.

Il devient dès lors important de s'intéresser de près à ce qu'est la culture entrepreneuriale et sa


contribution au développement entrepreneurial. Ruel (2005) la définit comme un ensemble de
valeurs, d'attitudes et de messages qui font que l'on décide de se lancer dans une carrière
entrepreneuriale. Siomy (2007), reprenant Stace (2000), explique pour sa part que la culture
entrepreneuriale détermine significativement l'habileté d'une nation à prospérer.

Bien qu'il soit évident que la culture joue un très grand rôle dans le développement
entrepreneurial, il faut par ailleurs tenir compte de ce que tout phénomène visant à transformer
la culture n'est pas facile à mettre en place. Certaines cultures que l'on peut qualifier
` « d'entrepreneucidaire » peuvent empêcher le développement de la culture entrepreneuriale.

Pour résoudre les difficultés liées au développement entrepreneurial, il faut faire la promotion
d'une politique holistique favorable au développement, non pas seulement de la création
d'entreprises, mais de la culture entrepreneuriale. Cela sous-entend que cette politique ne doit
pas être la spécialité et l'exclusivité d'un individu ou d'une structure spécifique. Il faut
l'implication de tous les acteurs à différents niveaux.

Le premier niveau qui se doit de promouvoir l'épanouissement de la culture entrepreneuriale


chez les jeunes est la famille. Elle constitue son environnement immédiat et la première
instance de sa socialisation. Il apprend et intériorise les manières de faire, de penser, d'agir, bref
la culture développée dans sa famille. Celle-ci peut donc contribuer dans une grande mesure à
l'adoption de la culture d'autonomie. Cependant, le processus de développement de la culture
entrepreneuriale chez un individu à l'instar de tout phénomène relevant du culturel doit se faire
adopter à très bas âge pour faciliter son application et son succès (Fortin, 2002 ; Siomy, 2007).
Cela dit, la politique holistique d'appui à l'émergence de la culture entrepreneuriale doit prendre
en compte cette sphère sociétale.

En plus de la famille, les autres membres d'une société peuvent contribuer à l'émergence de la
culture entrepreneuriale. Ruel (2005) expliquait à ce propos que quand la famille et le milieu
accordent de la valeur à la création d'entreprises en incitant les jeunes et les adultes à se lancer
dans l'entrepreneuriat, ils contribuent au développement de la culture entrepreneuriale qui à son
tour se concrétisera en création d'entreprises.

L'entrepreneur est forgé par son milieu. Il n'est pas la résultante d'une génération spontanée
(Fortin, 2002). Le milieu doit être favorable à l'émergence de la culture entrepreneuriale. Un
milieu qui prône et encourage la dépendance n'est pas propice à l'émergence d'une génération
d'entrepreneurs. La plupart de ceux qui souhaitent se lancer en entrepreneuriat sont entourés
d'entrepreneurs et/ou y ont été encouragés par leur milieu.
Pour mettre en exergue le rôle que peut jouer le milieu dans la construction d'une société
entrepreneuriale, Ruel (2006) déclare : toute société peut être comparée à un jardin où croissent
des arbres qui porteront des fruits, et les fruits récoltés dépendront des espèces d'arbres qui
auront été plantés. La richesse et la beauté d'un jardin dépend souvent de la variété d'arbres et
de fleurs que l'on y retrouve. Il en est de même de la richesse d'une société qui peut être
associée à sa diversité culturelle. Et s'il est une culture qui peut être commune à de nombreuses
autres cultures tout en leur permettant de s'épanouir, de se développer : c'est bien la culture
entrepreneuriale. Cette culture permet aux entrepreneurs de naître et à l'entrepreneurship de se
développer.

Siomy (2007) ajoute que c'est le milieu qui produit l'entrepreneur, mais ce sont les individus,
les acteurs du terroir qui bâtissent le milieu idéal à l'entrepreneur.

L'un des facteurs qui limitent le développement de la culture entrepreneuriale réside dans le
système éducatif courant dans la plupart des pays qui ne font pas la promotion d'une politique
holistique d'autonomie. Le système est fait de sorte qu'il amène moins ses apprenants à poser
des actes entrepreneuriaux (Filion, 1999).

De leurs objectifs, les systèmes éducatifs ne cherchent pas à développer la création d'entreprises
et l'activité indépendante, ils visent plutôt à façonner les individus pour les mettre aux services
des grandes entreprises et la fonction publique (Fayolle, 2005). Au lieu de former des créateurs
d'emplois, ils forment des chercheurs d'emploi. Cette logique va en droite ligne avec le
développement, non d'une culture entrepreneuriale mais de celle de la dépendance.

La culture entrepreneuriale et la création d'entreprises ne sont généralement pas intégrées dans


les programmes d'enseignement scolaire et académique. Les cours d'entrepreneuriat et de
création d'entreprises sont plutôt considérés comme des sujets à part ou des modules de
formation hors programme à traiter dans un cadre particulier. Cela fait que peu sont ceux qui
découvrent ces enseignements (Siomy, 2007). La plupart de ceux qui ont suivi des cours en
entrepreneuriat ou en création d'entreprises ne les ont suivis que dans un cadre hors programme
estudiantin ou scolaire.

Les méthodes et les enseignements développés se caractérisent par une approche linéaire de la
relation entre le présent et le futur. Le projet d'entreprise et ses composantes, comme les études
de marché ou le plan de financement sont très ancrés dans cette logique. Étant donné que le
présent est contraignant, si l'on transpose le présent et le passé dans le futur, le projet
entrepreneurial risque d'être limité par ces contraintes avant d'avoir commencé (Filion, Ananou,
et Schmitt, 2012).

Nous retenons que l'un des facteurs principaux qui limitent le développement d'une culture
entrepreneuriale chez les jeunes guinéens en général et ceux de Conakry en particulier est
l'absence d'une politique holistique d'appui au développement entrepreneurial impliquant tous
les acteurs à tous les niveaux. Les politiques appliquées se concentrent uniquement à l'appui à
la création d'entreprises au lieu du développement de la culture entrepreneuriale préalable et qui
est déterminant en matière de création d'entreprises. Les institutions d'appui à l'entrepreneuriat
pour jeune mettent ces derniers dans un processus qui limitent ou retardent leur passage à
l'action.

CONCLUSION :

Cette recherche portant sur la création d'entreprises en Guinée : cas des jeunes de Conakry
visait à répondre à la question suivante : qu'est-ce qui empêche le passage des jeunes de
Conakry à l'acte entrepreneurial ? L’idée derrière cette question vient d'une double observation.
D'un côté, le gouvernement guinéen, préoccupé par la situation de chômage des jeunes a pris
des initiatives pour les amener à faire face à leurs problèmes en s'auto-employant. De l'autre
côté, la situation des jeunes guinéens, loin de s'améliorer, s'aggrave de mal en pire. Cela amène
à explorer deux pistes, et c'est ce que nous avons fait, analyser la stratégie utilisée pour inciter
les jeunes à l'entrepreneuriat et étudier le comportement des jeunes faces à l'entrepreneuriat.

Pour guider notre réflexion durant cette recherche, nous sommes partis d'une hypothèse
multidimensionnelle. L'objectif étant d'arriver à une meilleure compréhension du phénomène.
Nous avions présumé que l'inadaptation des politiques de promotion de l'entrepreneuriat jeune
contribue à la complexité du processus entrepreneurial qui, à son tour, a un effet à la baisse sur
la culture entrepreneuriale et handicape le passage des jeunes de Conakry à l'acte
entrepreneurial.

Nous avons également opté pour une démarche scientifique de recherche au contenu mixte.
Nous avons eu recours à des techniques quantitatives et qualitatives. Nos données proviennent
de sources diverses. Certaines données viennent des jeunes eux-mêmes. Nous les avons classés
en deux (2) catégories. La première catégorie était composée de jeunes n'ayant aucune
expérience entrepreneuriale et la seconde était constituée de jeunes créateurs d'entreprises. Les
autres informations proviennent des structures d'appui à l'entrepreneuriat jeune. L'intérêt
deprocéder ainsi était de réunir un maximum d'informations en vue de faire une confrontation
nécessaire à une compréhension plus affinée.

Suite à nos analyses, nous sommes arrivés à certains résultats qui sont évoqués plus haut. Nous
en faisons un petit condensé à présent.

Il ressort de nos données que les jeunes de Conakry sont animés d'un fort désir d'entreprendre.
Plus de la moitié d'entre eux ont une vision positive de l'entrepreneuriat, souhaitent créer une
entreprise et pensent pouvoir le faire dans les prochains cinq ans. Ce désir entrepreneurial très
développé dépend en large mesure de l'influence de l'environnement des jeunes. Ils sont
nombreux, ceux qui déclarent avoir été encouragés à se lancer dans le monde entrepreneurial
par un proche, un ami, un mentor. La plupart de ceux qui préfèrent se lancer déclarent avoir au
moins un membre de leur famille qui est ou a été entrepreneur. La réussite des entreprises
créées par ces proches parents subjugue plus d'un jeune et rend attrayant le monde
entrepreneurial pour eux.

Mais très malheureusement, ce fort désir d'entreprendre des jeunes ne se concrétise pas dans la
plupart des cas en création d'entreprises. Les jeunes ont souvent une mauvaise interprétation du
projet entrepreneurial. À la découverte de ce qu'il signifie, beaucoup de jeunes abandonnent le
chemin. Cette situation est liée à plusieurs facteurs. Le manque de financement de
l'investissement de leur projet, le manque de confiance en soi, la complexité du processus
entrepreneurial qui leur est proposé en sont des exemples. Quant à ceux qui parviennent à
passer ce cap, ils se butent à d'autres problèmes. Il s'agit notamment des difficultés à trouver
des clients pour ses produits/services, la faible rentabilité de l'entreprise, la non croissance de
l'entreprise.

En plus, les entreprises créées par les jeunes évoluent dans des secteurs qui ne nécessitent pas
un investissement important. Le corolaire à cela est qu'une telle entreprise ne réalise
généralement pas un chiffre d'affaires important. Elle ne permet donc pas à son propriétaire de
s'épanouir et de combler son besoin d'accomplissement.

En ce qui concerne les politiques d'appui à l'entrepreneuriat des jeunes, il faut retenir qu'elles ne
sont pas de nature holistique. Il n'y a que quelques institutions qui s'en occupent. Les politiques
appliquées se concentrent uniquement sur la création d'entreprises au lieu du développement de
la culture entrepreneuriale qui est un préalable et le fondement même du développement
entrepreneurial. La stratégie utilisée est aussi traditionnelle. Elles mettent les jeunes dans un
processus qu'ils ne maitrisent pas ou qu'ils ont du mal à maitriser et qui est complexe. Cela
limite ou retarde leur passage à l'action. Certains finissent même par se lasser et se décourager.

Cette recherche, bien que poursuivant des objectifs ambitieux et prenant en compte plusieurs
dimensions de l'étude en entrepreneuriat, peut être complétée par des recherches similaires et
complémentaires. Les résultats que nous avons obtenus nous ont amené à réfléchir sur d'autres
pistes de recherche. Nous entrevoyons faire des recherches sur les thématiques suivantes :

- Le rôle des établissements académiques et scolaires dans le développement d'une culture


entrepreneuriale chez les jeunes ;

- La contribution des établissements financiers dans la constitution d'une société


entrepreneuriale ;

- Les créateurs d'entreprises et le processus entrepreneurial : le rôle du business plan.

À l'instar de toute recherche, notre étude comporte certaines limites qui ne remettent toutefois
pas en question les résultats obtenus. Nous aurions pu mieux meubler cette recherche en y
intégrant des données sur les statistiques de création d'entreprises par les jeunes au cours de ces
dix (10) dernières années. Des contraintes liées à l'indisponibilité de telles informations ou
difficilement accessibles ont limité une interprétation plus approfondie du phénomène.

Une faible représentation des structures d'aide à la création d'entreprises parmi les interviewés a
également limité l'obtention d'informations divergentes qui auraient pu être très intéressantes
dans l'analyse de la politique d'aide à la création d'entreprises.

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