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Dédicace :
A ma Mère, à mon Père et que l’Eternité paradisiaque soit, pour tous nos morts.
A l’Etudiant aussi, il est infatigable sur les durs chemins de la recherche des Savoirs.
Auteur
Méthodologies en Droit :
A. Présentation du texte :
- Source du texte : Nom de l’œuvre d’où est tiré le texte avec la page et toutes les références
de localisation du texte si possible seulement
- Nature : extrait, discours, articles codes, articles d’analyse….
- Auteur : donner des informations sur l’auteur si seulement vous en possédez
- Date : En son existence et si elle est significative, donner des informations sur le date
B. Caractères du texte :
Dire si le texte est normatif ou non mais il faut toujours préciser son caractère pédagogique
parce que renseignant sur un thème déterminé du Droit constitutionnel ou du Droit
administratif.
C. Situation du texte :
Amener et poser le thème du texte donc partir du général au particulier du thème du texte ;
c’est le contextualiser
D. Division du texte :
Donner les deux parties du texte avec leurs étendues et leurs intitulés respectifs.
Donner les arguments qui sont à la base des deux grandes parties. Ces arguments
correspondent aux sous parties qui doivent être dans une phrase pertinente et cohérente
justifiant les deux grandes parties. Faire la même chose pour chaque partie.
G. Annonce du plan :
Annoncer le plan en précisant qu’on reprend le plan du texte. Par exemple dire « A
l’instar de la démarche de l’auteur nous verrons… »
NB : Même démarche pour un commentaire en Histoire du Droit sauf le caractère du texte
Ce sont les faits qui méritent l’application d’une règle de droit donc revoyant à un thème du
cours ou des TD.
Rechercher poser et répondre aux questions de droit si elles ne sont pas posées directement
dans le cas pratique.
Donner la signification des mots importants du sujet. Donner l’idée centrale du sujet et reformuler cette
idée.
C. Délimiter le sujet :
Préciser ce qui entre dans vos développements et élaguer ou éliminer dans l’introduction
toujours ce qui ne fait pas parties de votre étude bien que proche du sujet.
L’intérêt théorique c’est de préciser ce que le sujet nous renseigne sur le thème au plan théorique et
idem au niveau pratique c’est-à-dire ses enseignements dans les faits de société.
E. Problématique du sujet :
C’est une question dont la réponse sera à la fois la première et la seconde partie. Mais la réponse
se fera à l’annonce des deux grandes parties et dans la dernière étape de l’introduction
F. Justification du plan :
Démontrer les arguments qui sont à la base des deux grandes parties avec les sous parties par
une phrase pertinente et cohérente. Faire la même chose pour la seconde partie.
G. Annonce du plan :
Nous verrons dans une première partie …puis dans une seconde partie...
Ce sont les faits qui méritent l’application d’une règle de droit donc revoyant à un thème du
cours ou des TD.
C’est le faite de donner la décision du juge et les deux arguments qui sont à la base de sa
décision. Ce qui va former la première partie.
E. Annonce du plan :
Nous verrons dans une première partie …puis dans une seconde partie...
NB : La seconde partie du commentaire d’arrêt sera constituée par l’analyse de la règle de
droit par rapport à la solution du juge.
Problématique : Quel est le sens du caractère exorbitant du Droit administratif et ses limites ?
- Tribunal des conflits (de compétence) T.C. : 1873 Blanco« si l’Administration accomplit
un service public administratif donc sans rechercher de profit, elle se voit appliquer le droit
administratif ». (Indemnisation par l’Administration ou Responsabilité de l’Administration)
- CE : 1993 Royaume Uni de Grande Bretagne et Irlande du Nord contre Colonie de Hong
Kong.
- Tribunal des conflits (de compétence) ou T.C.: 1921 Bac d’Eloka « si l’Administration accomplit un
service public industriel et commercial donc avec recherche de profit, elle se voit appliquer le droit
privé comme un simple particulier ».
- Tribunal des conflits (de compétence)T.C. : 1873 Blanco« si l’Administration accomplit un service
public administratif donc sans rechercher de profit, elle se voit appliquer le droit administratif ».
- Dans les faits, un service public peut être géré par une personne privée (CE 28 juin 1963, NARCY,
AJDA, 1964. 91 note A. de Laubadère ; RDP 1963 1186 note Waline).
Le paradoxe réside dans le fait que la loi des 16-24 août 1790 et le décret du 16 fructidor an III posent
une règle qui interdit sans proposer une solution palliative. Interdiction a été faite aux tribunaux
judiciaires de connaitre les litiges intéressant l’administration mais aucune juridiction ne les
connaissait. De tels litiges étaient alors dévolus à l’administration elle-même. On parla alors de
système de l’administrateur-juge ou de ministre juge. C’est l’administration active qui se juge elle-
même.
Puis, progressivement, le Conseil d’Etat va devenir une véritable juridiction administrative. Par la loi du
24 mai 1872, il cesse d’être présidé par le Chef de l’Etat. Le 8 février 1873 (Blanco), le TC reconnaît
l’autonomie du droit administratif avec un contentieux qui relève d’un juge spécial. Par sa décision du
13 décembre 1889 (Cadot), le CE reconnaît sa pleine compétence de juge de l’administration. La
compétence de juge spécialisé en matière administrative du Conseil d’Etat prit ainsi forme 1. Elle sera
confirmée par la Constitution de 1958. Par la suite, les Tribunaux administratifs ont été créés par la loi
du 31 juillet 1953, ainsi que les Cours administratifs d’appel par la loi du 31 décembre 1987.
C’est ainsi, qu’à partir des décisions du Conseil d'Etat mais aussi du Tribunal des conflits 2, vont être
affirmés des principes nouveaux constitutifs d’un droit administratif général. Face à l’absence d’un
texte applicable à l’administration à l’image du Code civil, le juge administratif va progressivement
1
Ce n’est que plus tard, que furent créés les Tribunaux administratifs - décret du 30 septembre 1953- et les
Cours administratives d’appel - loi du 31 Décembre 1987-.
2
élaborer les théories, principes, règles et techniques du droit administratif. Le droit administratif est
ainsi né du prétoire.
B. Une autorité très importante des décisions de justice et des principes généraux du Droit (PGD) :
Problématique : Quel est le sens du caractère autonome du Droit administratif et ses limites ?
L’autonomie est justifiée par le fait que l’administration a une activité essentiellement dédiée à l’intérêt
général. Elle ne doit donc pas être soumise au même droit que les particuliers. D'une part, il existe
une inégalité entre l'administration et les particuliers car l'administration met en œuvre la puissance
publique, le pouvoir de commander. C'est ce qui explique ses nombreux privilèges. D'autre part,
l'administration est gardienne de l'intérêt général ; elle assure l'égalité des citoyens. L'intérêt général
prime sur les intérêts particuliers.
Pour toutes ces raisons, il faut, au moins, appliquer à l’administration un droit propre, un droit de
privilèges apte à lui permettre de mettre en œuvre la puissance publique tout en respectant les droits
fondamentaux du citoyen. Ainsi, elle doit pouvoir utiliser des procédés qui ne sont pas concevables
dans les rapports de particulier à particulier (par exemple, pouvoir de modifier unilatéralement les
clauses d’un contrat, procéder à des réquisitions ou même exproprier un particulier pour cause d’utilité
publique…).
C'est le principe de la séparation des autorités administratives et judiciaires proclamées en 1790 (loi
des 16 et 24 août) et réaffirmé en 1795 (décret du 16 fructidor an III) et la création d'une juridiction
administrative au XIXe siècle qui expliquent l'autonomie du droit administratif.
Il existe en effet un lien très marqué entre l'existence d'une juridiction administrative distincte et celle
d'un droit administratif distinct. C'est d'ailleurs le juge qui a affirmé nettement dans l'arrêt Blanco
l'autonomie du droit administratif.
Cette autonomie consacre la démarcation du système juridique français 3 du système des pays anglo-
saxons dans lesquels un droit unique régit l’ensemble des relations juridiques, celles des personnes
publiques comme des personnes privées.
Historiquement, le droit administratif s’est construit dans une certaine mesure par référence au droit
privé. C’est ce qui explique la présence dans le monde administratif de concepts de droit privé (notion
L’autonomie du droit administratif signifie que ce droit est constitué par un corps de règles
propres, ayant des sources distinctes de celles du droit commun et ayant des principes autonomes.
(A. Bockel).
Elle est consacrée par l’arrêt Blanco (TC, 8 février 1873 : « La responsabilité qui peut incomber à
l’Etat pour les dommages causés aux particuliers par le fait des personnes qu’il emploie dans le
service public ne peut être régie par les principes qui sont établis par le Code civil pour les rapports de
particulier à particulier ;
Que cette responsabilité n’est ni générale, ni absolue ; qu’elle a ses règles spéciales qui varient
suivant les besoins du service et la nécessité de concilier les droits de l’Etat avec les droits privés »
- - Tribunal des conflits (de compétence) ou T.C.: 1921 Bac d’Eloka « si l’Administration accomplit un
service public industriel et commercial donc avec recherche de profit, elle se voit appliquer le droit
privé comme un simple particulier ». Cette jurisprudence a été reprise au Sénégal par l’arrêt de la
Cour suprême Sékou Badio.
- Tribunal des conflits (de compétence)T.C. : 1873 Blanco« si l’Administration accomplit un service
public administratif donc sans rechercher de profit, elle se voit appliquer le droit administratif ».
- Dans les faits, un service public peut être géré par une personne privée (CE 28 juin 1963, NARCY,
AJDA, 1964. 91 note A. de Laubadère ; RDP 1963 1186 note Waline).
Problématique : Quel est le sens et ses limites du fait que le Droit administratif au Sénégal, un Droit
d’inspiration française?
L’école de la puissance publique était animée par le Doyen de la Faculté de droit de Toulouse,
Maurice Hauriou (1856-1929). Selon cette école, on ne peut définir le droit administratif qu’à partir des
procédés typiques utilisés par l’administration.
- Tribunal des conflits (de compétence) T.C. : 1873 Blanco« si l’Administration accomplit un service
public administratif donc sans rechercher de profit, elle se voit appliquer le droit administratif sinon le
Droit privé». (Indemnisation par l’Administration ou Responsabilité de l’Administration)
- Tribunal des conflits (de compétence) ou T.C.: 1921 Bac d’Eloka « si l’Administration accomplit un
service public industriel et commercial donc avec recherche de profit, elle se voit appliquer le droit
privé comme un simple particulier ».
Thème 01 : Les sources ou l’émanation du Droit administratif (ou légalité administrative).
Est source du Droit administratif, si la norme est invoquée par l’administration ou l’administré
pour défendre un argument devant le juge, qui l’accepte ; ou quand le juge se fonde sur cette
norme pour prendre une décision temporaire ou définitive.
La Constitution comporte des règles immédiatement applicables et des règles qui ne le sont pas.
La Constitution peut être une source directe ou indirecte de toutes les compétences dans l'Etat.
L'autorité de la Constitution comme source de la légalité n'est pas contestable. Il convient cependant
de distinguer le texte de la Constitution d'une part, du préambule et des déclarations de droit d'autre
part.
a) les dispositions constitutionnelles
La constitution est la norme suprême de l'Etat. Son respect est garanti par le contrôle de
constitutionnalité. Elle a un contenu essentiellement politique : elle organise les pouvoirs publics et
règle leurs rapports. Mais certains de ces dispositions concernent l'action administrative. Mais, le
juge a peu d'occasions de contrôler la conformité des actes administratifs au contenu de la
constitution du fait de la rareté des dispositions s'appliquant directement à l'administration.
On trouve en général deux séries de règles relatives à l'action administrative :
- Des règles de compétence et de procédure qui s'imposent aux organes constitutionnels en tant
qu'ils sont des autorités administratives
Ex : règles relatives au pouvoir réglementaire du Premier Ministre et du Président de la République
(article 37), à la nomination des fonctionnaires (article 38) et au contreseing des actes du Premier
Ministre et du Président de la République (article 37 et 38).
- Des règles de fond qui s'imposent aux autorités administratives
Ex : les principes contenus dans les titres I et II de la Constitution, la suprématie des traités
internationaux sur la loi (article 79) et le principe de la libre administration des collectivités locales
(articles 56 et 90).
Mais l'autorité de la Constitution comme source de la légalité a été admise depuis longtemps par le
juge français (CE 12 février 1960 Société EKY Rec. 101 ; D 1960. JCP 1960 II 11629 bis ; S.
1960.131)
Il en est de même du juge sénégalais (Cour suprême 21 février 1978, PDS GDJAS N°XXI ; CE 6
février 1974, Abdourahmane CISSE, Annales Africaines, 1974 p 65, GDJAS XXII, CS 23 janvier 1985
Landing Savané; CE 30 août 1995 Adama THIAM, Bull., n° 52, p. 104).
Tout acte administratif qui méconnaît une disposition de la Constitution encourt l’annulation: C.S. 6
février 1974, Abdourahmane Cissé, Annales Africaines 1974 p.65 (référence à la liberté de presse
consacrée par l’article 8 de la Constitution).
La Constitution stricto sensu
La Constitution est, dans l’ordre interne, la norme suprême. Ainsi toute norme qui est à l'étage
inférieur doit respecter la norme supérieure. Le respect de la constitution s’impose à tous les organes
de l’Etat et notamment à toutes les autorités administratives. La Cour suprême l’a rappelé dans
l’arrêt Gilbert Khayat c/ Etat Du Sénégal du 10 avril 2014. Le juge a annulé l’arrêté du sous-préfet
portant suspension provisoire des travaux de clôture entrepris par le requérant sur son bien
immobilier pour menaces de trouble à l’ordre public, en se fondant sur la violation de l’article 15
alinéa premier de la Constitution4.
C’est la Constitution dans son ensemble qui s’impose à l’administration, ce qui inclut le Préambule et
les textes anciens auxquels il fait référence
b) Le Préambule de la Constitution
Le Préambule, placé en tête de la constitution, contient des dispositions qui expriment la philosophie
politico-sociale de l'Etat. Le préambule se réfère d'ailleurs à la Déclaration des Droits de l'Homme de
1948 et à la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789 et à la Charte
Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples du 27 juin 1981.
Les dispositions contenues dans le préambule posent deux problèmes majeurs : celui de leur valeur
et celui de leur application (qui est fonction de la précision de son contenu).
La valeur du préambule a fait l'objet de nombreuses discussions en France. Dans ce pays, le débat a
été tranché par une décision du conseil constitutionnel. Celui-ci :
- a d'abord posé le principe que la liberté d'association fait partie des principes fondamentaux
reconnus par les lois de la République et solennellement réaffirmé par le préambule de la
constitution.
- et a ensuite jugé qu'une loi qui porte atteinte à ce principe en substituant l'autorisation préalable à
la simple déclaration exigée par la constitution des associations, n'est pas conforme à la constitution.
Le juge constitutionnel sénégalais a également donné plein effet au préambule dans deux décisions
(C.C. 23 juin 1993, EDJA n° 23, p. 67, à propos du rabat d’arrêt; C.C. 16 décembre 1993 à propos du
Traité de l’OHADA, EDJA n° 22, 1994).
c) Les limites de la Constitution
La constitution comme source de la légalité, connaît deux limites :
1° le contenu de ses dispositions n'est pas toujours précis. Dans ce cas, le juge ne les prend en
considération que lorsqu'elles sont immédiatement applicables. (Conseil d'Etat 7 juin 1950, Dehaene,
GAJA n°78).
4
CS, 10 avril 2014, Gilbert Khayat c/ Etat Du Sénégal. Les faits : Gilbert Khayat, gérant du ranch de
Ouassadou, avait entrepris des travaux de clôture sur des terrains appartenant à sa famille et dont
les surfaces cumulées, objet de huit titres fonciers, sont d’une contenance de 3 065 ha. En cours
d’édification de la clôture, le sous-préfet de Missirah (à la suite des protestations des populations
locales) a pris l’arrêté portant suspension provisoire des travaux pour menaces de trouble à l’ordre
public.
2° lorsqu'un acte administratif est conforme à une loi, elle-même postérieure à la Constitution.
Dans ce cas, même lorsque cette loi est contraire à la Constitution, le juge ordinaire refuse de
contrôler la légalité de cet acte administratif par rapport à la Constitution. (CE Ass. 6 novembre 1936
Arrighi, Rec.966, s. 1937.3-33, D.1938-3-1., RDP 1936.671 ; Conseil d'Etat 22 octobre 1979, Union
Démocratique du travail. Rec.384 ; RDP 1980.531. AJDA 1980.39.). Cf. aussi pour le Sénégal : CS 21
février 1978. PDS
op. cit.
Ainsi, tout acte administratif contraire à un traité encourt l’annulation (CE, 30 mars 1952, Dame
Kirkwood).
Se pose alors deux problèmes : 1- Quelle est la place des engagements internationaux dans la
hiérarchie des normes ? 2- Quels peuvent être les rapports entre un engagement international et un
acte administratif ? (Ce qui sous-entend d’autres interrogations : le juge administratif peut-il être
amené à examiner la conformité d’un acte administratif à un traité international ? Qu’est ce qui
prime entre l’engagement international et la loi ?)
S’agissant de la 1ère question, il est aujourd’hui admis, aussi bien au Sénégal qu’en France, que dans
l’ordre interne la Constitution a une primauté sur les engagements internationaux. Cf. arrêts Koné du
3 juillet 1996 et Sarran du 30 octobre 1998, Ccass, 02 Juin 2000 Mlle Fraisse, LPA 2001.
S’agissant de la seconde question, du CE du 30 mai 1952, Dame Kirkwood (RDP 1952, p.781) pose le
principe qu’un acte administratif doit être conforme à un traité. Pour la première fois, le juge
contrôle l'application par l'administration du droit international.
Le Conseil d’Etat, dans un premier temps et sur le fondement de l’écran législatif, a refusé de
censurer un acte administratif contraire au traité s’il est conforme à une loi postérieure. Pour le juge,
la loi fait écran entre le traité et l’acte administratif (CE 1er mars 1968, Syndicat des fabricants de
semoule de France AJDA 1968, p.235).
La jurisprudence a été unifiée avec l’arrêt d’assemblée, CE 20 octobre 1989, Nicolo.
Le Conseil d'État indique qu’il appartient au juge administratif de contrôler la compatibilité entre les
traités internationaux et les lois françaises même postérieures, revenant ainsi sur sa jurisprudence
« semoules » de 1968. Il se rallie ainsi à la solution dégagée en 1975 par la Cour de cassation dans
son arrêt Société cafés Jacques Vabre et suivie par le Conseil constitutionnel (dans sa fonction de
juge électoral) lors de sa décision du 21 octobre 1988 sur les élections législatives.
La question de l’antériorité ou de la postériorité n’est plus prise en compte. La jurisprudence fait
primer le traité sur la loi.
L’ordre juridique communautaire comprend deux catégories de règles. D’une part, il y a le droit
communautaire originaire qui regroupe les traités constitutifs des organisations communautaires.
D’autre part, il y a le droit communautaire dérivé qui renvoie aux actes des organes créés par les
traités constitutifs. Il est constitué :
des règlements qui ont une portée générale et obligatoire dans tous leurs éléments ;
des directives qui ne lient l’Etat que quant au résultat à atteindre en laissant aux instances nationales
le choix des moyens. Il appartient à l’Etat de les transposer en droit interne, dans le délai imparti ;
des décisions qui sont obligatoires dans tous leurs éléments mais elles ne valent que pour les
destinataires qu’elles désignent.
La méconnaissance des règles du droit communautaire par un acte administratif est constitutive
d’une illégalité devant entrainer son annulation.
Aux termes de l'article 98 de la Constitution sénégalaise, les traités ou accords régulièrement ratifiés
ou approuvés ont dès leur publication, une autorité supérieure à celle des lois sous réserve pour
chaque accord, de son application par l'autre partie. "Ainsi un acte administratif contraire à une règle
internationale est illégal » c’est ainsi que s’est prononcée la jurisprudence française (CE 30 mai 1952
Dame Kirkwood, Rec. p. 291, RDP 1952 781 Concl.) ; S. 1953.3.33).
Ces dispositions font des traités internationaux, une source de la légalité à une triple condition : leur
ratification, leur publication et leur application par l'autre partie. (Voir Cour Suprême 29 janvier 1975
Sega Seck FALL, Penant 1976 n° 754, 415 note Ch. LAPEYRE ; GDJAS 8° éd. p. 177 et suiv.).
Il s'agit là d'une source qui est en développement progressif du fait de l’existence d’organisations
internationales en privé et des organisations internationales d'intégration en particulier (voir CE
sénégalais 31 août 1994, Prosper Guena Ntichen c/ Université Cheikh Anta DIOP Bull. 1993-1997
n°38, p. 85).
Les traités internationaux, comme source de la source de la légalité connaissent deux limites :
* Première limite : lorsque les dispositions d'un traité international sont obscures. Dans ce cas, c'est
le ministère des affaires étrangères qui procède à l'interprétation des dispositions du traité. A ce
moment-là, l'administration peut être juge et partie. Cependant, le juge français se reconnaît de plus
en plus compétent pour interpréter les conventions internationales (CE 29 juin 1990 GISTI, AJDA
1990, 621).
* Deuxième limite : lorsque l'application d'un traité international doit conduire le juge à une
ingérence (immixtion) dans les relations internationales. Dans ce cas, le juge fait une déclaration
d'incompétence. Il y a irrecevabilité contre les actes de l'administration touchant les relations
internationales considérés comme des actes de gouvernement.
N.B. : Il existait une troisième limite que le juge français a levé en 1989. C’était lorsque l'acte
administratif était conforme à une loi qui était elle-même postérieure à un traité international. Dans
ce cas, le juge se déclarait incompétent pour apprécier la légalité de l'acte administratif par rapport
au traité international même si la loi violait les dispositions du traité. C’était le système de la loi-
écran. (Conseil d'Etat du 1er mars 1968. Syndicat des fabricants de semoule de France. rec. 149. AJDA
1968. 235 concl. Austiano D. 1968. 285 note M.L.).
Cette solution était régulièrement confirmée par la jurisprudence (CE 22 octobre 1979 Union
Démocratique du Travail, RDP 1980, 531 ; CE 22 octobre 1979 Élection des représentants à
l'Assemblée des communautés européennes, RDP, 1980.541).
Mais contrairement au Conseil d'Etat, la Cour de cassation avait jugé que le juge judiciaire devait
faire application d'un traité en lieu et place d'une loi même si elle est postérieure (Cass. 24 mars
1975 Administration des Douanes et Société des Cafés Jacques Vabres, D. 1975, 497, AJDA 1975 p.
567) Le conseil constitutionnel s'était déclaré incompétent pour connaître de la conformité d'une loi
à un traité (18 janvier 1975, I.V.G. AJDA 1975-234).
Il y avait donc contrariétés de jurisprudence. La décision Nicolo (CE 20 octobre 1989 AJDA
1989-788, JCP 1990 I. 3429, D. 1990 Chr. 57) a abandonné la jurisprudence de la loi-écran. Rejoignant
les positions de la Cour de cassation, le Conseil d'Etat a accepté de faire prévaloir les traités
internationaux et le droit communautaire sur les lois nationales postérieures.
N.B. : Comme en Europe, des ordres juridiques communautaires sont en train d’apparaître en Afrique
caractérisés par un système hiérarchisé de normes et surtout par la primauté du droit des
communautés africaines sur les droits nationaux des États.
Elle constitue une des sources les plus importantes de la légalité administrative.
Le respect de la loi s'impose dans tous les cas à l'administration. Le droit public définit la loi à la fois
d'un point de vue organique et formel et d'un point de vue matériel : la loi est l'acte pris par le
Parlement, élaboré selon la procédure législative prévue dans la Constitution et portant sur des
matières déterminées. A cet égard, on distingue plusieurs catégories de lois. D'un point de vue
matériel, on peut distinguer entre lois ordinaires, lois organiques, lois référendaires, les ordonnances
prises sur habilitation législative et qui ont une valeur législative après leur ratification, les décisions
Il faut distinguer entre deux séries de règles : les principes généraux du droit d'une part, les décisions
revêtues de l'autorité de la chose jugée d'autre part.
a) Les principes généraux du droit.
Ils sont nés à partir du rôle normatif et supplétif du juge de l'administration. Ce sont des principes
non écrits qui s'imposent à l'autorité réglementaire en l'absence de toute disposition législative.
Appliqués avant les années 1940, ils ont été consacrés par le juge (Conseil d'Etat, 26 octobre 1945
Aramu, concl. Odent Sirey 1946, 3,1 ; .D. 1946. 158 ; EDCE 1947, p.48 (Droit de la défense) ; CE 29
juin 1959 Syndicat général des ingénieurs Conseil, (GAJA n°96).
On pourrait dénombrer quatre catégories de principes généraux du droit, mais cette liste n'est pas
limitative.
* Les principes généraux du droit qui résultent du principe de l'égalité : égalité devant la loi,
devant le service public, devant l'impôt, etc.(voir CS 26 mars 1966 Samba Ndoucoumane GUEYE,
GDJAS, n° XXV – égalité devant la loi; CE 30 août 1994, Prosper Guena NITCHEN, Bull. n° 38, p. 82 –
égalité d’accès à l’université).
* Les principes qui ont pour objet, la sauvegarde des droits et libertés des citoyens : principe de la
liberté du commerce et de l'industrie, principe des droits de la défense. Voir CS 18 mars 1981
Ndiogou
SALL GDJAS, p. 526 (principe des doits de la défense); CE 26 juin 1996 Société Nouvelles Imprimeries
du Sénégal dite NIS, Bull. n° 57, p. 115 (principe des droits de la défense); CE 31 mai 1995 Mme
Dorothée de SOUZA, Bull. n° 48 p. 98 (autorité de la chose jugée).
* Les principes généraux relatifs à la sécurité des relations juridiques : principe de la nonrétroactivité
des actes administratifs (CE 27 octobre 1993 Sidy Mohamed DIOP, Bull. n° 6 p. 15.), principe des
droits acquis (CE 24 avril 1994 Abdoulaye Lath DIOUF Bull., n°37 p. 80)
68
* Les principes relatifs à l'organisation et au fonctionnement de l'administration : principe de la
continuité du service public, principe de la spécialité des établissements publics, existence du pouvoir
hiérarchique (CE 23 février 1994 Antoine Waly NDONG Bull. n° 27 p. 57).
Progressivement est née en France une deuxième génération de principes généraux du droit relatifs
aux droits économiques et sociaux. C'est le cas par exemple du droit à une vie familiale normale (CE
ass. , 6 décembre 1978, Groupement d'Intervention et de Soutien aux Travailleurs Immigrés
(G.I.S.T.I.) AJDA, 1979 (3) 38 ; D. 1979. 661).
Du point de vue de leur valeur juridique, les principes généraux du droit selon le professeur
Esquisses de corrigés d’exercice de Droit administratif de Bassirou Soumaré titulaire de
deux Masters en Droit et d’une attestation de participation au Tutorat de Droit en 2005
de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (U.C.A.D.). Contacts 221 77 747 94 83,
Médina Darou Sor St Louis du Sénégal. Agent de Banque au SENEGAL/Janvier 2021.
~ 16 ~
CHAPUS, ont une valeur infra-législative et supra - décrétale. Les principes généraux sont donc placés
entre la loi et le décret.
Selon la doctrine, ces principes généraux du droit ne sont pas en principe crée par le juge ; celui-ci ne
fait que les découvrir :
- soit en généralisant une règle contenue dans un texte (principe de la liberté de l'enseignement,
principe du droit de la défense),
- soit en dégageant la règle de l'esprit d'un texte ou d'un ensemble de texte(principe du double degré
de juridiction, principe de l'autorité judiciaire gardienne de la propriété privée),
- soit en dégageant le principe de l'essence, de la nature d'une institution (principe de la continuité
du service public),
- soit en étendant au domaine de l'activité administrative une règle écrite applicable à d'autres
domaines (principe de l'interdiction de licencier une femme enceinte).
Mais dans la réalité, le juge n'a pas un rôle passif, il a un pouvoir normatif : non seulement il décide
de l'autorité d'un principe général de droit, mais encore il distingue entre les règles qui sont des
principes généraux du droit celles qui ne le sont pas et il fixe le contenu des principes.
Ces principes sont considérés comme le fondement du droit public.
Pour terminer, il faut distinguer les principes généraux du droit :
- des principes de valeur constitutionnelle dégagés par le juge constitutionnel à partir du préambule
de la constitution. Ces principes sont supérieurs à la loi.
- des règles générales de procédure qui concernent le fonctionnement des juridictions
administratives (obligation de motiver, procédure contradictoire) ou le fonctionnement de
l'administration active qui peuvent être écartées par un acte administratif.
Il s'agit du dispositif des décisions rendues par les différentes juridictions et qui sont devenues
définitives. Il s'agit là d'une source de la légalité administrative. Les dispositions contenues dans le
dispositif s'imposent à l'autorité administrative lorsqu'elles sont revêtues de l'autorité de la chose
jugée. La règle jurisprudentielle n’a pas la même valeur que la règle écrite parce que le juge n’est pas
formellement investi du pouvoir normatif. Cependant, la jurisprudence s’impose non seulement aux
administrés mais aussi aux autorités administratives. Etant revêtue de l’autorité de la chose lxxxxxxxx
qui lui donne le caractère de vérité légale, la règle jurisprudentielle acquiert une autorité d’autant
plus incontestable que les décisions qui lui auront donné naissance apparaîtront mieux fondées.
Certes, le juge n’est pas lié par les décisions qu’il a rendues. Il peut toujours modifier sa
jurisprudence. Il n’est pas tenu par la règle du précédent mais il tient compte de la sécurité juridique
pour l’administration et les administrés. C’est pourquoi le règle jurisprudentielle est dotée d’une
certaine permanence. Voir CE 26 décembre 1925, Rodière, Rec. 1065, S.1925 3.49 ; RDP 1926 32 ;
GAJA n°46 (exécution d'une décision du juge : réfection rétroactive de tableaux d'avancement
annulés). Pour le Sénégal, voir Ce 31 mai 1995 Dorothée de SOUZA Bull. n° 48 p. 98
Elles s’expriment par le biais des arrêts et jugements rendus par les différentes juridictions. Les
décisions de Justice sont revêtues de l’autorité de la chose jugée lorsqu’elles ont acquis un caractère
définitif du fait, par exemple, de l’épuisement ou du non usage des voies de recours.
L’administration est tenue d’exécuter les décisions de justice.
Les juges, en règle générale, n’appliquent que les textes existants. Toutefois, en cas d’inexistence ou
d’obscurité des textes, le juge fait œuvre constructive car il est dans l’obligation de juger s’il ne veut
pas se rendre coupable de déni de justice. La légitimité des règles jurisprudentielles comme sources
de droit, découle de cet état de fait. L’administration a l’obligation de les respecter. Cf. CE du Sénégal
25 Novembre 1999 Ligue Démocratique Mouvement pour le parti du Travail /BACE n° 2, p.26.
Ces règlements qui se distinguent des actes individuels sont de deux sortes :
- les règlements d'application des lois appelés règlements subordonnés (article 57 de la constitution
sénégalaise).
- les règlements autonomes pris dans toutes les matières où la loi n'intervient pas (article 76 de la
constitution). Voir Ce 30 août 1995 Adama THIAM, Bull. n° 52 p. 104
- les mesures prises, par le Président de la République dans le cadre de ses pouvoirs exceptionnels
(article 47 de la constitution. Les actes pris dans le domaine législatif sont des actes administratifs
jusqu'à leur ratification par le Parlement.
Les règlements doivent respecter la loi (CE 6 décembre 1909 Compagnie des chemins de fer de l'Est,
GAJA n°9) la constitution (CE 12 février 1960 Société Eky op. cit.), les principes généraux du droit (CE
29 juin 1956 Syndicat général des Ingénieurs - conseils op. cit.)
Selon le principe de l'autorité de la chose décidée, l'administration doit respecter les actes pris par
elle-même jusqu'à leur abrogation, leur modification ou leur retrait. (voir règle xxxxxxxxxx legem
quam facisti ».
L'administration passe parfois des contrats avec des personnes privées c'est-à-dire des personnes qui
interviennent en dehors des structures administratives. Les actes ainsi conclus appartiennent donc à
une catégorie intermédiaire entre les sources administratives et les sources extra-administratives de
la légalité. Cependant, l'administration doit respecter ces actes administratifs, bilatéraux et les
contrats administratifs sont considérés comme une source particulière de légalité pour deux raisons.
* La première, c'est que le contrat sert de loi entre les parties. Mais il faut signaler que du fait des
effets relatifs du contrat, certains l'excluent de la pyramide de la légalité.
* La deuxième raison c'est qu'il est impossible d'attaquer un contrat par la voie du recours pour excès
de pouvoir ou de se prévaloir de sa violation à l'appui d'un tel recours ; on peut tout au plus attaquer
en recours pour excès de pouvoir les actes détachables du contrat.
L’administration est également tenue de se soumettre aux règles qu’elle édicte. L’AAU est l’acte
juridique, adopté unilatéralement par une autorité administrative qui s’impose aux administrés
indépendamment de leur consentement.
Aux termes de l’article 43 de la Constitution, « Le Président signe les ordonnances et les décrets ».
L’ordonnance est un acte pris par le Président de la République sur le fondement de l’article 77 de la
constitution. Elle porte sur des matières qui relèvent du domaine de la loi et nécessite par
conséquent une habilitation de l’assemblée nationale. Tant que l’ordonnance n’est pas ratifiée, elle
conserve un caractère réglementaire.
Le décret est un acte exécutoire à portée générale ou individuelle pris par une autorité du Pouvoir
exécutif. Actuellement, au Sénégal, un décret est pris par le Président de la République. Toutefois,
aux termes des dispositions de l’article 50, le Président peut autoriser le Premier Ministre à prendre
ses décisions par décret.
Les décrets, comme tous les textes de nature législative ou réglementaire doivent être publiés, après
signature et éventuellement contreseing, au Journal officiel
A côté des ordonnances et décrets, il y a à noter comme actes règlementaires, les arrêtés et les
délibérations. Les arrêtés sont des actes pris par diverses autorités administratives centrales,
déconcentrées ou décentralisées quant au contenu de l’arrêté, il peut s’agir d’une mesure
règlementaire ou non règlementaire. Quant aux délibérations, elles constituent des actes pris par un
organe collégial (conseil municipal ou départemental...).
Problématique : Quels sont les critères de mise en œuvre de la légalité administrative(ou Droit
administratif) ?
Le droit administratif a la particularité d’être à la recherche d’un critère permettant de dire de manière
certaine quand le droit administratif est applicable et donc quand le juge administratif est compétent.
Les notions proposées n’ont pas permis à elles seules de déterminer le champ d’application du droit
administratif.
Cette tâche a opposé à la fin du 19e et au début du 20e siècle deux écoles se fondant sur deux
notions fondamentales : l’école de la puissance publique et celle du service public.
L’école de la puissance publique était animée par le Doyen de la Faculté de droit de Toulouse,
Maurice Hauriou (1856-1929). Selon cette école, on ne peut définir le droit administratif qu’à partir des
procédés typiques utilisés par l’administration.
L’école du service public qui a eu comme tête de fil, le Doyen de la Faculté de droit de Bordeaux,
Léon Duguit. Pour cette école, le droit administratif s’applique au service public défini comme
l’activité d’une personne publique visant à satisfaire un besoin d’intérêt général. En fait, cette école
s’appuyait sur l’idée selon laquelle l’activité publique est entièrement consacrée à la gestion du service
public. Ainsi, le droit administratif ne s’explique et ne trouve sa raison d’être que dans les exigences
du service public.
Il y a eu un déclin de la notion de puissance publique et une crise de celle du service public en tant
que notions explicatives du droit administratif.
La notion de puissance publique comme champ d’application du droit administratif a connu un déclin
car d’une part, elle était critiquée au nom de l’idéal démocratique et d’autre part, elle ne rendait pas
compte de toute l’activité de l’administration. En effet, l’administration n’utilisait pas toujours la
puissance publique dans l’exercice de ses activités. Il est apparu des services de l’administration dont
l’objet est économique. Ce sont les services publics industriels et commerciaux reconnus par le
Conseil d'Etat et le Tribunal des conflits et qui fonctionnent dans des conditions comparables à des
entreprises privées, c’est-à-dire sans l’emploi de procédés de puissance publique.
La notion de service public qui a joué un rôle important dans le développement du droit administratif
est entrée en crise dans les années 1920. Durant cette période, la double relation entre service public
et droit administratif et entre service public et personne publique (âge d’or du service public) est
rompue.
Cette rupture est due à la prise en charge d’activités de services publics par des personnes privées
mais également par l’émergence des SPIC fonctionnant dans les mêmes conditions que les
entreprises privées et soumis au juge judiciaire. Donc, il pouvait exister des services publics exercés
par des personnes privées et des services publics soustraits à l’empire du droit administratif et à la
compétence du juge administratif (solution consacrée le 22 janvier 1921 par le Tribunal des conflits
dans l’affaire SCOA ou bac d’Eloka).
Il y a donc échec de toute tentative d’explication du droit administratif à partir d’une notion unique. La
doctrine penche vers la combinaison des deux notions. En conséquence, le droit administratif repose
à la fois sur la puissance publique (moyens à mettre en œuvre) et sur le service public (finalité
d’intérêt général).
Ces types de normes ne proviennent pas de l’Administration. Par exemple la loi ne vient pas de
l’Administration mais du Parlement.
Le service public et la puissance publique deux critères d’applications du Droit administratif qui sont
en crise.
- Les actes administratifs qui contiennent des prérogatives de puissance publiques et fondées
sur l’intérêt général.
- La Constitution, la loi.
Problématique : Quelles sont les conséquences de la non soumission au Droit par l’Administration?
- Les recours juridictionnels sans fondement économique (Recours pour excès de pouvoir et
exception d’illégalité)
- Les recours juridictionnels à fondement économique (devant le Tribunal de Grande instance, devant
la cour d’appel et devant la Cour suprême).
Problématique : Est-ce que les normes constitutionnelles constituent une source de la légalité
administrative (ou Droit administratif)?
Sujet 04 : Les Traités internationaux (ou dispositions internationales ou droit international
communautaire ou originaire) en Droit administratif.
Problématique : Est-ce que les traités internationaux constituent une source de la légalité
administrative (ou Droit administratif)?
- En Droit administratif dans la hiérarchie des normes, les dispositions internationales sont sous la
constitution et au-dessus de la loi CS : 1975 SEGA SECK FALL ; art. 79 de la Constitution de 2001 du
Sénégal ; art 55 de la constitution de 1958 en France.
*Les exigences de forme pour une application d’une norme internationale en Droit interne :
- CS : 1975 SEGA SECK FALL ; art. 98 de la Constitution de 2001 du Sénégal; art. 55 de la constitution
de 1958 en France.
*Les conditions de fond d’application d’une disposition internationale en Droit interne: Le contrôle
de conventionalité par le juge administratif acceptée en France:
-CE : Nicolo
Lorsque l'application d'un traité international doit conduire le juge à une ingérence (immixtion) dans
les relations internationales. Dans ce cas, le juge fait une déclaration d'incompétence. Il y a
irrecevabilité contre les actes de l'administration touchant les relations internationales considérés
comme des actes de gouvernement.
Sujet 05 : Valeur des traités internationaux (ou dispositions internationales ou droit international
communautaire ou originaire) en Droit administratif.
- CJCE : 1964 Costa contre ENEL : Supériorité des traités internationaux sur la constitution ; car ici le
juge français permet d’engager la responsabilité de l’Etat malgré les dispositions protectrice de la
constitution françaises.
B. Au plan interne :
- CE : 1996 KONE : Primauté ou supériorité de la constitution sur les dispositions internationales.
2. Valeur supra-législative des dispositions internationales par rapport aux autres normes du droit
interne :
*Les exigences de forme pour une application d’une norme internationale en Droit interne :
- Cour Suprême : 1975 Séga Seck Fall : Les dispositions internationales sont au-dessus de la loi et en
dessous de la constitution dans la hiérarchie des normes si et seulement si les traités internationaux
sont ratifiés le Sénégal, appliqués par les autres Etats signataire et publier au journal officiel.
*Les conditions de fond d’application d’une disposition internationale en Droit interne: Le contrôle de
conventionalité par le juge administratif acceptée en France:
-CE : Nicolo
Sujet 06 : L’interprétation des traités internationaux (ou dispositions internationales ou droit
international communautaire ou originaire) en Droit administratif.
Problématique : Quels sont les termes de l’acceptation du contrôle de conventionalité par l’arrêt
Nicolo et son extension au droit communautaire dérivé ?
1. D’une prohibition du juge administratif de contrôler un acte administratif par rapport à une
disposition internationale :
Problématique : Est-ce que la loi constitue une source de la légalité administrative (ou Droit
administratif)?
Problématique : Quelle est l’état des lieux de la théorie de la loi écran au Sénégal et en France ?
Sujet 11 : La jurisprudence (ou les sources non écrites) en Droit administratif.
Problématique : Est-ce que les normes d’ordre jurisprudentiel constituent une source de la légalité
administrative (ou Droit administratif)?
Problématique : Quels sont les PGD et leur valeur juridique dans la hiérarchie des normes en Droit
administratif ?
L’arrêt du TC du 8 février 1873 (le jour même de l’arrêt Blanco) Dugave et Bransiet a été le premier
arrêt à avoir reconnu l’existence de « principes généraux du droit ». Le CE s’en inspira implicitement
dans bon nombre de solutions juridictionnelles. Voir Couitéas, CE 30 novembre 1923 (principe
d’égalité des citoyens devant les charges publiques) ; Dame Veuve Trompier-Gravier, CE 5 mai 1944
(principe du respect des droits de la défense). Ce n’est qu’à travers l’arrêt Aramu/ et autres du 26
Octobre 1945 que le Conseil d’Etat a, pour la première fois, fait expressément référence aux PGD. Il
jugea « qu’il résulte des principes généraux du droit applicables même en l’absence de texte, qu’une
sanction disciplinaire ne peut être légalement prononcée sans que l’intéressé ait été mis en mesure de
présenter sa défense ». Depuis lors, la liste des PGD n’a cessé de s’allonger.
On peut les répartir selon qu’ils tendent à assurer la liberté (exemple liberté d’aller et venir CE 14
février 1958 Abisset AJDA 1958, 220), qu’ils tendent à défendre l’égalité des administrés (par exemple
égalité devant la loi : CE Ass 7 février 1958 Syndicat des propriétaires de forêts de chênes-lièges
d’Algérie ; CS 26 Mars 1966 Samba Ndoucoumane Guéye GDJAS n° XXV etc.
Jusqu’en 1958, la doctrine et la jurisprudence accordaient aux PGD une valeur législative. Ils
s’imposaient aux actes administratifs mais non aux lois.
Depuis 1958 cette approche a été abandonnée. La Constitution de 1958 ayant consacré l’existence de
règlements « autonomes » non soumis aux lois, le risque était grand d’en déduire que les PGD ne
s’imposaient aux règlements autonomes. Le CE désamorça ce danger en affirmant en 1959 que les
PGD s’imposaient aux règlements autonomes comme aux autres actes administratifs (CE 26 juin
1959 Synd. Gén.des ingénieurs-conseils). La doctrine, Braibant principalement, a déduit de l’arrêt de
1959 qu’il aurait implicitement admis la valeur constitutionnelle des PGD. Cette interprétation a été
repoussée.
C’est finalement la position de R.Chapus qui a prévalu. Pour lui, l’arrêt de 1959 a implicitement
consacré la valeur infra-législative et supra-décrétale des PGD.
Depuis lors, cette position a été rendue caduque par l’attitude du juge constitutionnel qui a entrepris
avec sa décision du 26 juin 1969 (protection des sites) de dégager lui aussi des PGD mais qui a
surtout accordé à certains d’entre eux une valeur constitutionnelle (voir principe de continuité du
service public : CC 25 juillet 1979, Droit de grève à la radio et à la télévision)
Il est dès lors possible de dégager cette hiérarchisation au niveau des PGD :
Les principes à valeur infra législative et supra décretale qui s’imposent à l’administration et auxquels
le législateur peut déroger CE 07 Février 1958 Syndicat des propriétaires de forêts de chênes, lièges
d’Algérie RECE, 75.
Les principes généraux à valeur règlementaire. Il s’agit de PGD supplétifs que n’importe quel
règlement pourrait écarter. Pour certains auteurs (G. LEBRETON par exemple), cette troisième
catégorie de PGD n’existe pas car le propre d’un PGD est de s’imposer à l’administration.
Problématique : Est-ce que le droit écrit a une place importante en Droit administratif ?
- Une autorité très importante des décisions de justice et des principes généraux du Droit (PGD) en
Droit administratif :
Problématique : Est-ce que le droit écrit a toujours une place importante en Droit administratif ?
Problématique : La question posée ici est celle de savoir quelle est le degré de liberté dont
dispose pour prendre ou ne pas prendre un acte, pour lui donner tel ou tel contenu?
Les règles qui forment la légalité laissent à l'administration une marge plus ou moins grande de choix
pour prendre une décision, pour déterminer son contenu, pour fixer le moment de son édiction etc.
Cette latitude dépend des textes législatifs et réglementaires mais aussi du contrôle du juge. C’est ici
que se situe la distinction entre pouvoir discrétionnaire et compétence liée, distinction essentielle mais
difficile à établir.
A. Signification :
* Savoir si elle doit prendre l'acte administratif. Cette première question est relative à l'opportunité de
la décision (opportunité à agir).
A chacune de ces deux phases du processus décisionnel, l'autorité administrative compétente peut se
retrouver dans deux situations différentes.
On dit qu'il y a compétence liée lorsque la conduite de l'autorité administrative compétente lui est
dictée par la réglementation. Dans ce cas, la réglementation oblige l'autorité administrative à agir ou à
ne pas agir. Mais lorsqu'elle doit agir, elle doit le faire dans le sens déterminé.
Lorsqu'il y a compétence liée, l'autorité administrative compétente n'a donc pas de possibilité de choix
ni d'appréciation.
Mais la compétence liée est d'une intensité variable. Et dans les cas les plus rigoureux de
compétence liée, l'autorité administrative compétente est tenue de donner un contenu prédéterminé à
sa décision.
Comité International de la Croix Rouge, Droit Sénégalais Revue de l’Association sénégalaise de droit
pénal n° 5-6-7-8 p. 202; 24 novembre 1993 SIMPA, Bull. n° 16 p. 38.
Le pouvoir discrétionnaire correspond à une indétermination juridique qui donne une certaine liberté
d'action à l'autorité administrative compétente. Selon la définition classique de Michoud, le pouvoir
discrétionnaire est « une certaine liberté d’action et de décision laissée à l’administration. Il y a pouvoir
discrétionnaire toutes les fois qu’une autorité agit librement, sans que sa conduite ne lui soit dictée à
l’avance par une règle de droit ».
B. Applications :
Ainsi même lorsque le pouvoir discrétionnaire est à son maximum (c'est-à-dire lorsque l'exercice de sa
compétence par l’administration n'est soumis à aucune condition), la compétence de l'administration
est malgré tout liée car :
- les motifs de fait et de droit doivent toujours être matériellement et juridiquement exacts.
de prendre.
Le contrôle du juge permet de préciser les frontières du pouvoir discrétionnaire. Si le juge censure
toute atteinte à la compétence liée, en revanche, il ne peut contrôler l'usage que fait l'administration de
son pouvoir discrétionnaire.
l'étend en s'abstenant de contrôler la qualification des faits alors que des conditions légales sont
posées.
L’erreur manifeste d’appréciation est une erreur grave, grossière et si évidente qu’elle pourrait être
décelée par n’importe quel profane. Disposer d’un pouvoir discrétionnaire n’autorise pas
l’administration à faire n’importe quoi. Si l’erreur d’appréciation est tolérée par le juge, en revanche,
l’erreur manifeste est censurée.
La jurisprudence de l’erreur manifeste, apparue au début des années 1960 a gagné rapidement tous
les domaines du droit administratif : équivalence d’emploi dans la fonction publique, remembrement
rural, notation des fonctionnaires, atteinte à un site du fait d’une construction, sanctions disciplinaires,
police des étrangers etc. voir CE 2 novembre 1973 société anonyme François Maspéro GAJA n° 108.
Il emprunte au juge français ses techniques de contrôler comme par exemple l'erreur manifeste
d'appréciation (voir CE 27 octobre 1993 Comité International de la Croix Rouge op. cit. et P; M. SY :
Ce contrôle peut conduire le juge à dresser un bilan et à faire respecter un rapport de proportionnalité.
L’apparition de ce contrôle est liée à la volonté du juge d’examiner de manière plus réaliste less
conditions dans lesquelles interviennent less déclarations d’utilité publique précédant les
expropriations (voir CE 28 mai 1971 « Ville Nouvelle-Est » GAJA n° 107 : « Considérant qu’une
opération ne peut être déclarée d’utilité publique que si les atteintes à la propriété privée, le coût
financier et éventuellement les inconvénients d’ordre social ne sont pas excessifs eu égard à l’intérêt
qu’elle présente »
Le juge met en balance les avantages et les inconvénients, l’utilité et les désutilités. La jurisprudence
a étendu ce contrôle aux dérogations aux règles d’urbanisme, aux décisions instituant des servitudes
de passage des lignes électriques ou des zones de protection autour des sites classés, aux mesures
d’éloignement des étrangers etc.
Problématique : Est-ce que les caractères fondamentaux du Droit administratif vont changer ?
Sous-thème 02 : Les sources administratives (ou les normes venant l’Administration ou le
règlement ou les actes administratifs.
Les actes administratifs unilatéraux ou règlement comme le contrat administratif aussi viennent de la
volonté l’Etat.
- d'abord, une menace grave et immédiate pour les institutions, l'indépendance nationale,
- Les ordonnances
Problématique : Quelles sont les exigences et les effets liés à l’application? Quel est le régime du
contrôle juridictionnel des pouvoir exceptionnels du Président de la République ?
Problématique : Quels sont les différents recours contre les décisions des autorités administratives?
- Responsabilité administrative ou de l’Etat pour faute ou sans faute (ou l’indemnisation par
l’Administration) art 142 du C.O.A.
- Le contentieux contractuel
- Responsabilité administrative ou de l’Etat pour faute ou sans faute (ou l’indemnisation par
l’Administration) et les litiges contractuels en principe devant le juge du plein contentieux ou
Tribunal de Grande Instance (T.G.I.) sauf leur cassation devant le juge du REP de la Cour
Suprême.
- Pour le contrôle de légalité : En cas de non-lieu le juge ne peut se prononcer sur le fond du
litige et il ne constate que l’inexistence de l’acte administratif.
Sujet 02 : La protection des tribunaux de l’ordre judiciaire contre les empiètements du juge
administratifs.
Problématique : Quels sont les moyens de sauvegarde du domaine des tribunaux judiciaires et les
limites du juge administratif dans la sphère judiciaire ?
B. La Protection jurisprudentielle :
Problématique : Quels sont les moyens de sauvegarde du domaine des tribunaux judiciaires ?
Quelles sont les limites du juge administratif dans la sphère judiciaire ?
Les organismes à caractère juridictionnel comme l’ordre des Avocats, les Assemblées des
Universités…dont leurs décisions peuvent être attaquées devant la Cour d’appel ne sont pas
concernés par ce sujet.
Sujet07 : Le recours pour excès de pouvoir (REP), un moyen de défense des administrés ou un
moyen de transformation et de création du droit par le juge.
Problématique : Est-ce que le recours pour excès de pouvoir (REP), est un moyen de défense des
administrés ou un moyen de transformation et de création du droit par le juge?
Problématique : Quels sont les actes unilatéraux couverts par l’immunité juridictionnelle? Quelles sont
les limites de l’immunité juridictionnelle des actes administratifs unilatéraux ?
Les mesures d’ordre intérieur n’ont pas un caractère décisoire, car ne faisant pas grief. Autrement dit,
elles ne portent pas atteinte à la structure des droits et obligations (ordonnancement juridique). Elles
ne sont, par conséquent, pas déférables devant le juge de l’excès de pouvoir. En d’autres termes, le
recours pour excès de pouvoir est irrecevable à l’encontre des telles mesures. Elles sont nombreuses
et variées. On distingue :
-Les circulaires. Jusqu’à la fin de l’année 2002, la jurisprudence faisait la différence entre la circulaire
réglementaire et la circulaire interprétative. La circulaire réglementaire (qui fixe des règles nouvelles)
est véritablement un règlement soumis alors au régime des actes décisoires, CE 29 janvier 1954,
institution notre dame du Kreisker, R.64. Quant à la circulaire interprétative, elle se borne à
commenter ou interpréter un texte antérieur (CE 11 avril 1951, Fédération nationale de fabricants
français de vêtements masculins R.184).
Depuis sa décision du 18 décembre 2002, Duvignères, GAJA n°114, le Conseil d’Etat a abandonné la
distinction traditionnelle en opposant aujourd’hui la circulaire impérative déférable de celle qui ne l’est
pas, parce que ne faisant pas grief. Depuis lors, les circulaires qui sont considérées comme des
mesures d’ordre intérieur sont celles qui sont dénuées de « caractère impératif » c’est-à-dire celles qui
se bornent à rappeler les lois et règlements en vigueur, sans rien « prescrire », en s’abstenant
notamment d’une part de « fixer une règle nouvelle », d’autre part, de « réitérer une règle contraire à
une norme juridique supérieure (Duvignères).
En droit sénégalais, le juge se réfère au caractère décisoire ou non de la mesure. Ainsi, dans l’affaire
Djibril Ndiaye CE du Sénégal 21 décembre 2000, BACE n°2 année 2000, p.53, le juge a rappelé
« qu’une circulaire du sous-préfet invitant les membres d’une association à renouveler ses instances
conformément à un texte de base n’est pas un acte décisoire susceptible de recours pour excès de
pouvoir ».
Les directives : Elles sont considérées comme des règles d’orientation, des actes généraux fixant à
l’avance les principes qui fonderont l’action administrative dans certaines matières. CE 11 décembre
1970, crédit foncier de France, GAJA n°87 ». Les directives ne modifiant pas par elles-mêmes, la
situation juridique des intéressés ». Elles ne peuvent être attaquées que par voie d’exception à
l’occasion des recours dirigés contre les décisions en faisant application.
Les mesures préparatoires ou indicatives : Ce sont des mesures destinées à préparer ou à confirmer
des décisions proprement dites : exemple, la convocation d’un organe administratif, la convocation
d’un agent devant le conseil de discipline
La première renferme les actes relatifs aux rapports entre le gouvernement et les autres pouvoirs
constitutionnels. Sont ainsi considéré comme actes de gouvernement, la participation à l'initiative des
lois, la promulgation des lois, la convocation des électeurs aux élections législatives et la décision de
recourir à l'article 16 de la Constitution française (Rubin de Servens op. cit.), la soumission d'un projet
de loi au référendum, la décision de dissoudre l'Assemblée nationale. Voir CE 4 janvier 2001, Parti
socialiste etURD c/Etat du Sénégal « Considérant que le Conseil d’Etat n’est pas saisi du sursis à
l’exécution de la décision du Président de la République de recourir à un référendum, laquelle
décision est un acte de gouvernement insusceptible de recours pour excès de pouvoir ». Le juge
administratif considère ainsi que l’acte en cause échappe à sa compétence, car étant un « acte de
gouvernement », doté d’une immunité juridictionnelle.
De nos jours, les actes de gouvernement portent sur deux domaines marqués par la raison d’Etat.
D’une part, il s’agit du domaine des relations de l’Exécutif avec les autres Pouvoirs constitutionnels.
Ainsi le juge administratif se déclare incompétent pour connaître la décision de recourir à l’article 16
de la Constitution de 1958 (CE 02 mars 1962 Rubin De Servens, GAJA n°82), la décision de
convoquer l’Assemblée nationale en vue de la déclaration de politique générale du Premier Ministre
(CS 10 janvier 2013, Modou DIAGNE), la décision de recourir au référendum (CE SN 04 janvier 2001,
Parti Socialiste et URD contre Etat du Sénégal), la nomination d’un membre du Conseil constitutionnel
(CE 09 avril 1999, Mme BA, RFDA 1999, p.566). Il en est de même des décisions consistant à
dissoudre l’assemblée nationale, à saisir le Conseil constitutionnel, à promulguer la loi, à mettre en
œuvre des pouvoirs exceptionnels du PR, à nommer du Premier ministre, à soumettre un projet ou
une proposition de loi au référendum…
La deuxième renferme les actes relatifs aux relations internationales. Sont ainsi considérés comme
actes de gouvernement, les actes relatifs à la conclusion ou à la dénonciation des traités, les actes
relatifs à l'exercice de la fonction diplomatique, les actes relatifs à la conduite de la guerre. Il s’agit de
certains actes qui ne sont pas détachables des relations internationales. En effet, le Conseil d’Etat ne
s’estime pas compétent pour apprécier l’activité diplomatique du gouvernement. Ainsi, lorsqu’il est
saisi d’actes qui rentrent dans le domaine des relations internationales il se déclare incompétent. Il en
est ainsi de l’élaboration et de la signature d’accords ou traités internationaux, de la décision de la
République française de reprendre les essais nucléaires (CE 29 septembre 1995, Association
Greenpeace, AJDA 1995, 684), de celle d’engager des forces militaires au Kossovo (CE 05 juillet
2000 Mégret et Mekhantar AJDA 2001-95), etc.
Les actes de gouvernement bénéficient d’une immunité juridictionnelle absolue. Cela signifie qu’il n’est
pas possible d’intenter contre eux une action pour contester leur légalité ou pour engager la
responsabilité de l’administration. Le juge saisi, se déclare incompétent.
L’existence des actes de gouvernement constitue une faille dans le principe de légalité et semble
incompatible avec les exigences de l’Etat de droit. C’est pourquoi depuis l’arrêt Prince Napoléon du
19 février 1875 à travers lequel, le Conseil d’Etat a renoncé au critère du mobile politique, on assiste à
une restriction très sensible des cas d’immunité juridictionnelle. N’empêche que les actes de
gouvernement sont encore très présents. CE : 1962 Rubin SERVENS : Immunité juridictionnelle des
actes de déclaration des circonstances exceptionnelles qui sont des actes de gouvernement. (Au
Sénégal CE : 2001 U.R.D.)
- CE : 1962 Rubin SERVENS : La consécration du contrôle juridictionnel des actes de mise en œuvre
des acte de proclamation des actes de gouvernement appelés actes détachable.
Problématique : Quel est le principe et les limites de l’immunité juridictionnelle des actes de
gouvernement d’ordre international?
Sujet 13 : L’immunité juridictionnelle des actes bilatéraux ou le contrat et le juge du recours pour
excès de pouvoir (REP).
Problématique : Est-ce que le juge administratif du R.E.P. est compétent pour connaitre le contrat?
Problématique : Quelle est le sens et les limites du principe de la séparation des autorités
administratives et judiciaires au fil du temps?
Sujet 16 : Les actes administratifs unilatéraux et le juge du plein contentieux (ou juge tribunal de
grande instance).
Problématique : Est-ce que le juge du plein contentieux est compétent pour connaitre de la légalité
des actes administratifs unilatéraux?
Problématique : Est-ce que le juge administratif est autonome par rapport à l’Administration et au juge
judiciaire?
Problématique : Comment est apparu le contrôle de la qualification juridique des faits? Quelle est
l’importance du contrôle de la qualification juridique des faits dans le contrôle de légalité ?
Problématique : Quelle est la position du juge de la Cour suprême sur la motivation des actes
administratifs?
- TDI : 1986 Djeynaba Diallo sauf en cas de circonstances exceptionnelles (On considère, en cas de
circonstance eceptionnelles, que les atteintes graves à la liberté individuelle n’ont plus le caractère de
voie de fait. Ces agissements se transforment en simples illégalités. TC 27 mars 1952, Dame de la
Murette : Une arrestation arbitraire, décidée en 1944 sans mandat judiciaire ni arrêté d’internement
administratif, constitue, eu égard aux circonstances exceptionnelles de la libération, un acte
administratif illégal dont l’indemnisation relève du juge administratif, alors qu’en temps normal il se
serait agi d’un cas typique de voie de fait, GAJA n°85.
Sujet 22 : L’unité de juridiction et la dualité de juridiction, quelle est la meilleur formule
Problématique : Quelle est la pertinence de l’unité de juridiction? Quelle est la valeur de la dualité de
juridiction ?
Problématique : Quelle est la fonction et l’évolution de la qualification juridique des faits en matière de
contrôle administratif ?
Problématique : Quelle est l’origine et les effets de la théorie des circonstances exceptionnelles ?
Une autre limite au principe de légalité concerne l’hypothèse dans laquelle des circonstances
exceptionnelles rendent particulièrement difficile le respect du principe de légalité. Cette théorie des
circonstances exceptionnelles a été élaborée par le juge administratif à l’occasion de la Première
guerre mondiale.
Pendant la première guerre mondiale, la jurisprudence du Conseil d’Etat a consacré l’idée selon
laquelle le respect du principe de la légalité n’a pas le même contenu dans les périodes de crise et
dans les périodes normales. Dans deux arrêts, Heyries, CE 28 juin 1918 et Dame Dol et Laurent, CE,
28 février 1919, le Conseil d’Etat précise qu’il " appartient au juge […] de tenir compte dans son
appréciation des nécessités provenant de l’état de guerre, selon les circonstances de lieu et de temps,
la catégorie des individus visés et la nature des périls qu’il importe de prévenir ".
Dans l’arrêt Heyries, le juge s’appuie sur des circonstances exceptionnelles pour autoriser le
gouvernement à suspendre l'application des dispositions d’une loi (celle du 22 avril 1905, relative à la
communication des dossiers) par un décret (celui du 10 septembre 1914). Pour le juge, il incombe au
gouvernement « de veiller à ce que qu’à toute époque les services publics soient en état de
fonctionner et à ce que les difficultés résultant de la guerre n’en paralysent pas la marche ».
Dans l’affaire Dames Dol et Laurent, le Conseil d'État a reconnu la régularité, en temps de guerre,
d’une mesure préfectorale de restriction de la prostitution (interdiction avait été faite aux prostitués de
racoler en dehors du quartier réservé). Les dames Dol et Laurent attaquent la décision en disant
qu'elle porte atteinte à la liberté d'aller et venir. Le Conseil d'État admet cette limitation des libertés en
spécifiant qu'« il appartient au juge, sous le contrôle duquel s'exercent ces pouvoirs de police, de tenir
compte, dans son appréciation, des nécessités provenant de l'état de guerre… ». La théorie des
circonstances exceptionnelles est une construction juridique élaborée par la jurisprudence du Conseil
d'Etat, selon laquelle certaines décisions administratives qui seraient en temps normal illégales,
peuvent devenir légales en certaines circonstances parce qu'elles apparaissent alors nécessaires
pour assurer l'ordre public. Cette théorie est fondée sur l'idée que l'administration est parfois obligée
d'agir pour faire face à certaines situations graves ou imprévisibles mais sans pouvoir respecter les
règles classiques de la légalité.
A ce moment, le juge adaptera ces règles classiques aux circonstances de fait pour définir les
nouveaux pouvoirs conférés à l'administration.(CE, 28 juin 1918, Heyriès, GAJA n°35; CE 28 février
* la première, c'est l'existence d'une situation anormale grave et imprévue. Mais ces circonstances
peuvent avoir un caractère national ou local, réel ou potentiel. (guerre, troubles grève générale,
invasions, cataclysmes naturels, émeutes à caractère révolutionnaire etc.). L'appréciation de cette
situation est affaire d'espèce.
* et la troisième, c'est que la violation de la légalité par l'administration doit être nécessaire mais
A côté de la théorie des circonstances exceptionnelles qui est purement prétorienne, il existe aussi
des textes régissant des situations de crise particulièrement difficiles. Il est ici possible de mentionner
les régimes de l’état d’urgence et de l’état de siège fixés au Sénégal par l’article 69 de la Constitution
et la loi n°69-29 du 29 avril 1969, JO du 10 mai 1969 (qui s’inspire des lois françaises du 9 août 1849,
du 3 avril 1878 et du 3 avril 1955). Le régime de l’état d’urgence concerne des hypothèses d’atteinte
grave à l’ordre public ou de calamités publiques. Prononcé par décret pour une période de 12 jours
(avec une prolongation possible par le Parlement), l’état d’urgence se traduit par un renforcement des
pouvoirs de police des autorités dépendant du ministre de l’Intérieur. L’état de siège quant à lui est
destiné à transférer l’autorité civile à l’autorité militaire pour faire face à un péril imminent résultant par
exemple d’une guerre étrangère ou d’une insurrection à main armée. Ce transfert est opéré par décret
pour une durée maximale de 12 jours : la prolongation de l’état de siège au-delà de cette période doit
être autorisée par le Parlement.
On considère, en outre, que les atteintes graves à la liberté individuelle n’ont plus le caractère de voie
de fait. Ces agissements se transforment en simples illégalités. TC 27 mars 1952, Dame de la
Murette : Une arrestation arbitraire, décidée en 1944 sans mandat judiciaire ni arrêté d’internement
administratif, constitue, eu égard aux circonstances exceptionnelles de la libération, un acte
administratif illégal dont l’indemnisation relève du juge administratif, alors qu’en temps normal il se
serait agi d’un cas typique de voie de fait, GAJA n°85. Les effets sont doubles.
Tout d'abord, l'administration peut prendre des décisions nécessaires même celles qui en temps
normal seraient déclarées illégales. (Voir arrêts Heyriès et Dame Dol et Laurent : restriction à la liberté
individuelle).
Ensuite, les agissements constitutifs de voies de fait peuvent être transformés en simple illégalités.
(TC 27 mars 1952, Dame de la Murette GAJA n85).
Toutefois, cet assouplissement du principe de légalité ne s’opère pas en dehors du droit. Bien au
contraire, les mesures prises par l’administration sont contrôlées par le juge qui met en place une
sorte de légalité de crise. Bien que l’administration puisse s’affranchir du respect des règles
ordinaires, elle n’échappe pas à la vigilance du juge. Ce dernier contrôle d’une part si la situation était
réellement exceptionnelle, d’autre part si l’administration était vraiment dans l’impossibilité d’agir dans
le respect des règles normalement applicables, et enfin si les mesures de crise adoptées sont
proportionnelles à la gravité de la menace encourue : CE 14 janvier 1959, société française
d’ornements R. CE.115.
Problématique : Quelle est l’origine et les effets de la théorie des circonstances exceptionnelles ?
L’idée s’est ensuite imposée que si l’administration « a le droit » de commettre une erreur, celle-ci ne
peut pas dépasser un certain seuil de gravité. Il appartient au juge de vérifier, en ce qui concerne les
motifs de fait, que l’administration n’a pas commis d’erreur manifeste. Il y a un seuil à ne pas franchir :
la décision ne doit pas défier le bon sens et la logique. L’erreur grave, grossière et si évidente qu’elle
pourrait être décelée par n’importe quel profane doit être sanctionnée.
5
Formule du Président Letourneur
Esquisses de corrigés d’exercice de Droit administratif de Bassirou Soumaré titulaire de
deux Masters en Droit et d’une attestation de participation au Tutorat de Droit en 2005
de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (U.C.A.D.). Contacts 221 77 747 94 83,
Médina Darou Sor St Louis du Sénégal. Agent de Banque au SENEGAL/Janvier 2021.
~ 48 ~
Dans sa décision, le CE définit l’EMA comme une « erreur à la fois apparente et grave, rendant la
décision inadaptée aux motifs qui l’ont provoqués ».Dans l’arrêt Lagrange (CE, 15 février 1961), le CE
estime que l’appréciation qui lui est déférée « n’est pas susceptible d’être discutée » devant lui mais
« qu’il lui appartient néanmoins d’examiner si cette appréciation ne serait pas manifestement
erronée ». Au Sénégal, le CE a consacré la technique de l’EMA dans son arrêt du 27 octobre 1993,
CICR6 se démarquant ainsi de la position de l’ancienne Cour suprême qui a toujours rejeté la théorie
de l’EMA. Dans sa décision, le CE définit l’EMA comme une « erreur à la fois apparente et grave,
rendant la décision inadaptée aux motifs qui l’ont provoqués ». Voir pour l’erreur manifeste
d’appréciation : CE ass. 20 mars 1968 société de lotissement de la plage de Pampelonne, Rec 211,
AJDA 1968.335 Chr. Massot et Dewost : permis de construire à côté d'une plage ; CE cas 2 nov. 1973
société anonyme "Librairie François Maspero" GAJA n°108 (pour la France). Pour le Sénégal : CE 27
octobre 1993 Comité International de la Croix Rouge ; 24 novembre 1993 Société Industrielle
Moderne des Plastiques Bull. n° 16 p. 35 ; 26-04-1995 Cheikh Tidiane MBENGUE et autres non publié
; 30-08-1986 Senghane NDIAYE op. cit. (Disproportion entre la faute et la sanction).
Comité International de la Croix Rouge, Droit Sénégalais Revue de l’Association sénégalaise de droit
pénal n° 5-6-7-8 p. 202; 24 novembre 1993 SIMPA, Bull. n° 16 p. 38.
Le pouvoir discrétionnaire correspond à une indétermination juridique qui donne une certaine liberté
d'action à l'autorité administrative compétente. Selon la définition classique de Michoud, le pouvoir
discrétionnaire est « une certaine liberté d’action et de décision laissée à l’administration. Il y a pouvoir
discrétionnaire toutes les fois qu’une autorité agit librement, sans que sa conduite ne lui soit dictée à
l’avance par une règle de droit ».
6
Dans cette affaire, l’inspecteur du travail de Dakar avait autorisé le licenciement d’un groupe de travailleurs. La
dame Yéya Kane qui faisait partie de ce groupe fut la seule à saisir le ministre de l’Emploi d’un recours dirigé
contre la décision de l’inspecteur du travail. Le ministre de l’Emploi, infirma la décision en ce qui concerne la
dame Kane. Le CICR déféra alors la décision du ministre devant le CE en soulevant deux moyens : la violation
du principe d’égalité des citoyens devant le service public et l’EMA. Même si le CE a rejeté les deux moyens, il
a quand même consacré, pour la première fois, la technique.
Esquisses de corrigés d’exercice de Droit administratif de Bassirou Soumaré titulaire de
deux Masters en Droit et d’une attestation de participation au Tutorat de Droit en 2005
de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (U.C.A.D.). Contacts 221 77 747 94 83,
Médina Darou Sor St Louis du Sénégal. Agent de Banque au SENEGAL/Janvier 2021.
~ 49 ~
Par cette consécration, il a été imposé au titulaire d’une compétence discrétionnaire l’obligation de ne
pas se livrer à une appréciation déraisonnable, c’est-à-dire manifestement erronée. Les autorités
administratives sont prévenues qu’au-delà d’un certain degré de gravité, une erreur pourra entrainer
l’annulation d’une décision. Dans sa décision du 23 février 2012, Ibnou Abath DIA et autres C/ Etat du
Sénégal, la CS estime que l’autorité administrative qui dans (certaines) circonstances a retenu la faute
pour fonder le licenciement de délégués du personnel, sans en caractériser la gravité, a commis une
erreur manifeste d’appréciation.
C’est dire que quelle que soit l'étendue du pouvoir discrétionnaire de l'Administration, le juge exerce
ce qu'il est convenu d'appeler le « contrôle minimum ».
Problématique : Quels sont les liens entre contrôle bilan-coût-avantage et l’erreur manifeste
d’appréciation?
Problématique : Quels sont les éléments de la légalité des actes administratifs? Quel est le régime du
contrôle et de la sanction de légalité des actes administratifs ?
Sujet 30 : Le principe de légalité (ou du Droit administratif) a-t-il conservé sa signification
initiale.
Problématique : Est-ce que le principe de légalité est un rempart fort contre la puissance de
l’Administration ?
Problématique : Quels sont les liens entre au principe de légalité le recours pour excès de pouvoir et
le recours de plein contentieux?
Problématique : Quelle est l’étendue du contrôle de l’égalité des actes administratifs? Quelle est la
problématique du contrôle de l’égalité des actes administratifs?
Elle ne fait pas l’objet d’une définition légale même si elle est formellement consacrée par le Code de
procédure civile en ses articles 729 à 733 intitulé de la matière administrative.
La matière administrative est déterminée à partir de deux critères : le critère matériel et le critère
organique.
La matière administrative est circonscrite aux litiges soulevant des problèmes spécifiques de droit
administratif. Elle correspond à une conception restrictive de la matière administrative et reste le
premier critère utilisé par le juge du tribunal de première instance de Dakar 23 mai 1970,
Abdourahmane Ndoye annales africaines 1975, p.203. Un an auparavant, la même juridiction après
avoir dégagé dans l’affaire Sékou Badio (1er mars 1969) que le litige en question devait être résolu
sur la base du droit public, n’avait pas exigé le respect de la procédure spéciale.
Le juge a fait application du critère matériel dans plusieurs autres affaires : TPI Dakar 17 mai 1969,
Sté Bernabé c/ Etat du Sénégal ; TPI du 4 mai 1977 et CA de Dakar 20 mai 1977 Mor Tall 7 ; TPI, 11
mai 1982 et CA, 18 février 1983, Etat du Sénégal/C/Héritiers Abdou Lo ; TPI Dakar, 9 mai 1984,
Samba Douckel Ka…
Au regard de la conception matérielle, la matière administrative regroupe l’ensemble des litiges dont la
solution doit être trouvée dans l’application des règles du droit administratif. Par contre les litiges
mettant en cause une personne publique sont résolus sur le fondement du droit privé.
Pour le requérant, la recherche du droit applicable constitue une difficulté majeure avec les risques
d’erreurs, source d’irrecevabilité.
Pour le juge, ces contraintes se situent au niveau de la nécessaire recherche du droit applicable avant
la décision sur la recevabilité. Cette contrainte explique certainement les difficultés du juge dans
certaines affaires : TPI du 4 mai 1977 Mor Tall; TPI, 11 mai 1982, Héritiers Abdou Lo 8 …
7
Dans l’affaire Mor Tall, le juge considère qu’un litige causé par un bus dès l’instant qu’il résultait d’un
fonctionnement défectueux du service public, relevait, par conséquent, du contentieux administratif. Il revenait
ainsi sur le jugement du TPI du 4 mai 1977 qui prônait l’applicabilité du droit privé
8
Dans l’affaire Héritiers Abdou lo, le juge a déclaré l’action des requérants recevable sur le fondement des
articles 118, 119 du COCC. La CA reviendra sur cette décision en estimant que le droit applicable n’était pas le
droit privé car « le préjudice causé aux demandeurs résulte d’une action de police des douaniers en service
commandé », d’où « la responsabilité de la puissance publique ». Pour le juge, il ne s’agissait pas « d’un
dommage causé par un véhicule administratif, réparable selon les principes de droit commun …». Etant en
matière administrative, la demande devait nécessairement respecter la procédure spéciale. Voir CA, 18 février
1983, Etat du Sénégal/C/Héritiers Abdou Lo
Esquisses de corrigés d’exercice de Droit administratif de Bassirou Soumaré titulaire de
deux Masters en Droit et d’une attestation de participation au Tutorat de Droit en 2005
de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (U.C.A.D.). Contacts 221 77 747 94 83,
Médina Darou Sor St Louis du Sénégal. Agent de Banque au SENEGAL/Janvier 2021.
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Selon cette conception, on est dans la matière administrative chaque fois qu’il y a présence dans le
litige d’une personne morale de droit public. Elle correspond à une conception large de la matière
administrative.
Dans l’affaire Héritiers Abdou lo, le juge a déclaré l’action des requérants recevable sur le fondement
des articles 118, 119 du COCC. La CA reviendra sur cette décision en estimant que le droit applicable
n’était pas le droit privé car « le préjudice causé aux demandeurs résulte d’une action de police des
douaniers en service commandé », d’où « la responsabilité de la puissance publique ». Pour le juge, il
ne s’agissait pas « d’un dommage causé par un véhicule administratif, réparable selon les principes
de droit commun …». Etant en matière administrative, la demande devait nécessairement respecter la
procédure spéciale. Voir CA, 18 février 1983, Etat du Sénégal/C/Héritiers Abdou Lo
de droit public. Ainsi, impose-t-elle au requérant le respect des règles de la procédure administrative.
Une limite légale : l’exclusion des PMD privé chargées d’une mission de service public.
La Cour d’Appel de Dakar a été la première à privilégier le critère organique CA 14 juillet 1978
Abdoulaye Diack C/Municipalité de Nioro du Rip. Le juge d’appel considère la municipalité de Nioro du
Rip comme étant une personne morale de droit public visée par l’article 39 du CPC. Ainsi, l’action du
requérant aurait dû suivre la procédure décrite aux articles 729 et s du CPC.
Dans l’affaire Dieynaba Diallo9 Tribunal régional de Dakar 17 octobre 1986 C/Etat du Sénégal, le juge
retient le critère organique sans pour autant exclure le critère matériel. « La notion de matière
administrative rendant impératif le recours administratif, hiérarchique s’entend non pas seulement des
litiges dans lesquels le droit applicable quant au fond est le droit administratif, mais encore et surtout
de l’ensemble des litiges dans lesquels une personne publique est partie ».
Dans une deuxième affaire, la consécration du critère organique est sans équivoque CA Dakar 29
avril 1993 TDI Cassala10. L’article 729 est applicable « aux litiges auxquels l’Etat est partie même
lorsqu’ils relèvent du droit privé ».
Avec les arrêts TR Dakar, 21 mai 2006, CBAO c/ FPE et Etat du Sénégal 11, TR Dakar, 27 mai 2008,
Cheikh Gueye c/ ANOCI, TR Dakar, 26 novembre 2013, SIR contre AGEROUTE, c’est l’adoption, par
le juge, de la conception organique qui se confirme.
9
L’immeuble de la Dame Dieynaba DIALLO avait été détruit par erreur suite à un décret déclaratif d’utilité publique.
10
L’Etat avait passé un contrat de droit privé avec la société TDI Cassala. A la suite d’un litige survenu en cours d’exécution,
la société intente une action en responsabilité contre l’Etat sans respecter la procédure spéciale.
11
Dans cet arrêt, le juge estime que « …la procédure prévue à l’article 729 CPC est à respecter toutes les fois que l’Etat ou
ses démembrements sont en cause ; qu’il y a lieu de préciser que cette procédure n’a rien à voir avec le droit applicable… ».
Esquisses de corrigés d’exercice de Droit administratif de Bassirou Soumaré titulaire de
deux Masters en Droit et d’une attestation de participation au Tutorat de Droit en 2005
de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (U.C.A.D.). Contacts 221 77 747 94 83,
Médina Darou Sor St Louis du Sénégal. Agent de Banque au SENEGAL/Janvier 2021.
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Il s’agit de voir quelle est l’incidence de la procédure sur l’issue du procès. Toutefois, il importe de
rappeler que la matière administrative ne fait pas l’objet d’une définition légale. C’est la raison pour
laquelle, des critères sont avancés pour l’identifier.
Dans la jurisprudence Abdourahmane NDoye le requérant avait été débouté pour non-respect de la
procédure de l’article 729.
Dans certains cas, le juge admet la recevabilité de la requête introduite sur le fondement de l’article
729 du CPC, alors qu’elle soulevait des questions de droit privé. Il en a été ainsi dans l’affaire Babacar
Gueye c/ Etat du Sénégal (28 novembre 1970). Dans cette affaire, une demande assignant l’Etat par
le fait d’un membre de l’enseignement public avait été introduite avec respect de la procédure
spéciale.
Ces fluctuations ont semblé disparaître avec un arrêt de la Cour d’Appel 18 février 1983, Etat du
Sénégal/C/Héritiers Abdou Lo dans lequel, la Cour consacre le caractère d’ordre public de la
procédure de l’article 729. Cela signifie que l’omission de la formalité doit être soulevée d’office et
entraîner le rejet de l’action. Cet espoir a été déçu dans la mesure où le juge a adopté une démarche
contraire. CA Dakar 07 avril 1989 Etat du Sénégal C/Etudiant de l’UCAD. Dans cette décision, le juge
n’a pas sanctionné l’absence de recours administratif préalable 12.
de droit public. Ainsi, impose-t-elle au requérant le respect des règles de la procédure administrative.
Une limite légale : l’exclusion des PMD privé chargées d’une mission de service public.
La Cour d’Appel de Dakar a été la première à privilégier le critère organique CA 14 juillet 1978
Abdoulaye Diack C/Municipalité de Nioro du Rip. Le juge d’appel considère la municipalité de Nioro du
Rip comme étant une personne morale de droit public visée par l’article 39 du CPC. Ainsi, l’action du
requérant aurait dû suivre la procédure décrite aux articles 729 et s du CPC.
Dans l’affaire Dieynaba Diallo13 Tribunal régional de Dakar 17 octobre 1986 C/Etat du Sénégal, le juge
retient le critère organique sans pour autant exclure le critère matériel. « La notion de matière
administrative rendant impératif le recours administratif, hiérarchique s’entend non pas seulement des
litiges dans lesquels le droit applicable quant au fond est le droit administratif, mais encore et surtout
de l’ensemble des litiges dans lesquels une personne publique est partie ».
Dans une deuxième affaire, la consécration du critère organique est sans équivoque CA Dakar 29
avril 1993 TDI Cassala14. L’article 729 est applicable « aux litiges auxquels l’Etat est partie même
lorsqu’ils relèvent du droit privé ».
12
Dans la même perspective, le Conseil d’Etat en Cassation 31 mars 2005 Directeur Général des Impôts et Domaines DGID C//Kamel
Badredine délimite la procédure de l’article 729 du CPC. Selon le juge de cassation, l’irrecevabilité des requêtes pour non-respect
des règles spéciales de procédure doit être soulevée devant le juge du fond. Selon le Conseil d’Etat en cassation, « le recours administratif
préalable doit être présenté avant la saisine du juge de fond ». Le même juge, le 03 avril 2008 dans l’affaire société Uniplast revient pour
préciser que le recours administratif préalable n’est pas une condition de l’action en justice dans le contentieux de l’assiette des impôts et
taxes.
13
L’immeuble de la Dame Dieynaba DIALLO avait été détruit par erreur suite à un décret déclaratif d’utilité publique.
14
L’Etat avait passé un contrat de droit privé avec la société TDI Cassala. A la suite d’un litige survenu en cours d’exécution,
la société intente une action en responsabilité contre l’Etat sans respecter la procédure spéciale.
Esquisses de corrigés d’exercice de Droit administratif de Bassirou Soumaré titulaire de
deux Masters en Droit et d’une attestation de participation au Tutorat de Droit en 2005
de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (U.C.A.D.). Contacts 221 77 747 94 83,
Médina Darou Sor St Louis du Sénégal. Agent de Banque au SENEGAL/Janvier 2021.
~ 55 ~
Avec les arrêts TR Dakar, 21 mai 2006, CBAO c/ FPE et Etat du Sénégal 15, TR Dakar, 27 mai 2008,
Cheikh Gueye c/ ANOCI, TR Dakar, 26 novembre 2013, SIR contre AGEROUTE, c’est l’adoption, par
le juge, de la conception organique qui se confirme.
contraire. CA Dakar 07 avril 1989 Etat du Sénégal C/Etudiant de l’UCAD. Dans cette décision, le juge
n’a pas sanctionné l’absence de recours administratif préalable 16.
Dans l’affaire ayant opposé Fatou Kiné SALL au Directeur Général des Impôts et Domaines et à
Mame Mbeurgou DIOP, s’est posée la question de savoir si l’existence d’une demande préalable
adressée à une autorité distincte de celles citées à l’article 39 CPC (la DGID au lieu de l’Agent
judiciaire de l’Etat) était constitutive d’une violation de la procédure de l’article 729. Le juge a répondu
par l’affirmative en retenant l’irrecevabilité de la requête pour violation de la procédure spéciale établie
à l’article 729 CPC (TR de Dakar, 05 janvier 2012).
Cette stricte application de la loi avait été également faite par le juge en 1986 dans l’affaire Samba
Yacine Cissé (TR de Dakar 30Juillet 1986)18. Le requérant avait adressé un recours administratif au
Président de la République. Le Tribunal régional de Dakar a déclaré que le recours administratif
préalable prévu par l'article 729 du C.P.C. ayant été adressé au Président de la République, le
requérant a visé une autorité incompétente par conséquent sa requête est irrecevable. Un an
auparavant dans les affaires Bayoro DIALLO (T.R. de Dakar, 6 février 1985) et Mamadou SECK (T.R.
de Dakar, 17 mai 1986), le juge n’a pas observé cette stricte lecture de l’article 39 du CPC. Les
requérants ayant subi des préjudices du fait d'une activité de l'Etat, avaient respectivement saisi le
Ministre des Affaires étrangères et celui de 1’Intérieur. Le juge, dans les deux espèces, a estimé que
le fait d'avoir adressé le recours gracieux aux ministres précités en lieu et place de l’Agent judiciaire
de l’Etat n’était pas cause d’irrecevabilité des requêtes. Dans l’affaire ayant opposé la Librairie
Papeterie le Sénégal –LPS- au COUD (TR de Dakar, 7 novembre 2012), le juge a estimé que la LPS
n’avait pas respecté les dispositions de l’article 729 pour avoir saisi l’agent comptable du COUD en
15
Dans cet arrêt, le juge estime que « …la procédure prévue à l’article 729 CPC est à respecter toutes les fois que l’Etat ou
ses démembrements sont en cause ; qu’il y a lieu de préciser que cette procédure n’a rien à voir avec le droit applicable… ».
16
Dans la même perspective, le Conseil d’Etat en Cassation 31 mars 2005 Directeur Général des Impôts et Domaines DGID C//Kamel
Badredine délimite la procédure de l’article 729 du CPC. Selon le juge de cassation, l’irrecevabilité des requêtes pour non-respect
des règles spéciales de procédure doit être soulevée devant le juge du fond. Selon le Conseil d’Etat en cassation, « le recours administratif
préalable doit être présenté avant la saisine du juge de fond ». Le même juge, le 03 avril 2008 dans l’affaire société Uniplast revient pour
préciser que le recours administratif préalable n’est pas une condition de l’action en justice dans le contentieux de l’assiette des impôts et
taxes.
17
Sont assignés :
1° l’Etat en la personne de l’agent judiciaire de l’Etat ou en ses bureaux, à charge pour ce dernier de saisir le fonctionnaire compétent
pour plaider au fond, s’il y a lieu ;
18
Il en a été de même dans l’affaire SGBS (TR de Dakar 13 Mai 1987). Le requérant avait dans cette affaire, adressé sa demande préalable
au Ministre des Finances. Cette position du TR fut celle de la C.A. de Dakar dans l’affaire Société AFCO (19 mai 1989) à travers laquelle le
juge a considéra qu'un Ministre d'Etat n'est pas « l'autorité compétente désignée par la loi »pour recevoir le recours administratif
préalable.
lieu et place du Directeur général qui est l’autorité administrative désignée 19 pour recevoir l’assignation
conformément aux termes de l’article 3920.
Le juge du plein contentieux a des pouvoirs plus étendus que ceux de l’excès de pouvoir. Il annule,
réforme et condamne à des dommages et intérêts. C’est certainement ce qui explique que le recours
de pleine juridiction gagne sur les domaines traditionnels du recours pour excès de pouvoir. C’est
ainsi que les sanctions administratives (qui sont des actes répressifs par leur contenu mais
administratifs par leur auteur) basculent dans le contentieux de pleine juridiction. Le Conseil d’Etat Ass
a décidé dans son arrêt du 16 février 2009 société Atom, que le juge saisi d’un recours contre une
sanction administrative infligée à un administré se prononce non pas en excès de pouvoir mais
comme juge de plein contentieux. Pour justifier cette décision, le Conseil d’Etat se fonde sur les
pouvoirs dont dispose le juge pour contrôler une telle sanction. Il peut, par exemple prendre une
décision qui se substitue à celle de l’administration. Dans le prolongement de la jurisprudence Atom,
le Conseil d’Etat a rendu le 9 juillet 201021, un avis dans lequel il fait passer le contentieux portant sur
le retrait de points du permis de conduire dans le plein contentieux en invoquant la même justification.
En outre, le CE est revenu sur sa jurisprudence établie depuis 1991 22 en jugeant, dans ses décisions
du 23 décembre 2011, Ministre de l’intérieur, de l’outre-mer, des collectivités territoriales et de
l’immigration et du 4 avril 2014, Conseil général du Tam et Garonne, que le déféré préfectoral dirigé
contre un contrat est, non plus un recours pour excès de pouvoir mais un recours de plein
contentieux.
Ces considérations rendent actuel le constat du Doyen M. Hauriou à propos du caractère attractif du
recours de pleine juridiction. « Le changement est que le recours pour excès de pouvoir pâlit et
s’efface de plus en plus derrière le contentieux ordinaire »23.
« La mort du recours pour excès de pouvoir, voie de droit commun du contrôle juridictionnel de légalité (CE, 22 juillet 1994, Jabl, Rec.
p. 1109), n’a de cesse d’être annoncée ou prédite par quelques Cassandre (M. Hauriou, « Recevabilité de la tierce opposition contre une
décision sur recours pour excès de pouvoir », S. 1914.III.33, RGD http://www.revuegeneraledudroit.eu/?p=14239 ; R. Chapus,
« L’administration et son juge, ce qui change », EDCE 1992 p. 268 ; M. Bernard, « Le recours pour excès de pouvoir est-il frappé à
Problématique : Quels sont les différents procédés d’aménagement du pouvoir dans l’Etat unitaire?
Ces quatre communes étaient dites de plein exercice car elles étaient soumises à un régime de droit
français.
Ce mouvement communal se poursuivra au début du XXe siècle avec la création entre 1904 et 1926
des communes mixtes. La commune mixte était gérée par un administrateur nommé (le chef de
circonscription) et par une commission municipale tantôt nommée tantôt élue au suffrage universel.
En 1955 furent créées à travers la loi n°55-1489 du 18 novembre 1955 les communes de moyen
exercice qui se caractérisaient par le fait qu’elles étaient gérées par un administrateur à temps plein.
Entre 1957 et 1960 toutes les communes mixtes seront transformées en communes de moyen
exercice.
En 1966, le statut de commune de plein exercice est élargi à toutes les communes avec l’adoption du
code de l’administration communale (loi n°66-64 du 30 juin 1966). Les autorités ont depuis lors opté
pour une politique de décentralisation progressive et prudente marquée schématiquement par quatre
(04) étapes reproduites ci-dessous :
Pour plusieurs raisons, la décentralisation était limitée au Sénégal. D’abord elle ne concernait de 1960
à 1972 que les communes auxquelles sont venues s’ajoutaient les communautés rurales à partir de
1972 (loi n° 72-25 du 29 avril 1972).
Ensuite elle se caractérisait par une certaine méfiance de l’Etat qui se traduisait par une autonomie
très réduite. En effet, dans les communes chefs lieu de région, des régimes spéciaux avaient été
instaurés. Au lieu d’un maire, c’est un fonctionnaire de la hiérarchie A (l’administrateur de la
commune) qui y jouait le rôle d’Exécutif à côté d’un organe délibérant, le conseil municipal à la tête
duquel se trouve le président du conseil municipal. Dans les Communautés rurales, c’est le sous-
préfet qui gérait le budget de la collectivité alors qu’il y avait un conseil élu dirigé par le président du
conseil rural.
Dans les Communes, le statut spécial et le poste d’administrateur de commune sont supprimés avec
l’adoption de la loi n° 90-35 du 8 octobre 1990 (Cela a été fait pour Dakar en 1983). Chacune de ces
collectivités a désormais à sa tête, un maire qui assure la gestion quotidienne de la localité.
Dans les Communautés rurales, la gestion du budget est retirée au sous-préfet par la loi n°90-37 du 8
octobre 1990. Le président du conseil rural est responsabilisé pour ce faire.
En 1996, les autorités estiment « qu’il est temps de mieux approfondir la décentralisation en
considérant les collectivités locales comme majeures, de mieux répondre à l’exigence du
développement économique en créant entre les administrations centrales de l’Etat et les collectivités
territoriales de base des structures intermédiaires, les Régions destinées à servir de cadre à la
programmation du développement économique, social et culturel » (exposé des motifs de la loi n°96-
06 du 22 mars 1996). Une nouvelle catégorie de collectivité décentralisée (la Région) était donc créée
dans le but de rapprocher les décisions à la base. Toujours dans le cadre de la responsabilisation plus
accrue des collectivités locales, la loi n° 96-07 du 22 mars 1996 portant transfert de compétences aux
Régions, aux Communes et aux Communautés rurales est adoptée en application de l’article 5 du
code des collectivités locales. Enfin, le contrôle de l’Etat sur les collectivités territoriales a été allégé :
le contrôle d’approbation a priori est en principe supprimé et remplacé par un contrôle de légalité a
posteriori exclusivement exercé par le juge.
A travers la loi n° 2013-10 du 28 décembre 2013 portant code général des CL, on a noté trois grandes
innovations : la suppression de la région, collectivité locale (celle qui a été créée en 1996) ; l’érection
des départements en collectivités locales (il y a aujourd’hui 45 départements) ; la communalisation
intégrale par l’érection des communautés rurales et des communes d’arrondissement en communes.
Cela porte le nombre des communes à 557).
Il ressort de ces innovations l’existence de deux ordres de collectivités territoriales au Sénégal depuis
2013. Il s’agit de la commune et du département. Ainsi, le département qui n’était jusqu’en 2013
qu’une circonscription administrative déconcentrée dépourvue de personnalité juridique, est devenu
également une personne morale de droit public. Il revêt désormais un double statut : celui de
circonscription administrative à la tête de laquelle se trouve un préfet et celui de collectivité territoriale
dirigée par deux organes principaux issus d’élection: le conseil départemental (organe délibérant du
département) et le président du conseil départemental (l'organe exécutif du département).
Sujet 02: La décentralisation.
1. Le contenu de l’autonomie :
A. L’autonomie juridique
Ce sont des personnes juridiques distinctes de l’Etat qui sont créées : les collectivités territoriales.
Personnes morales de droit public, les collectivités territoriales disposent en tant que telles d’un
patrimoine, de la capacité d’accomplir des actes juridiques et de la possibilité d’ester en justice.
Soit c’est la Constitution qui les met en place : les communes, les départements et les territoires
d’Outre-mer. Soit c’est la loi qui les institue : les régions et les collectivités à statut particulier.
Constitution). Alors que les autorités administratives déconcentrées sont nommées par l’Etat (le
Préfet), les organes délibérants des collectivités locales (Conseil municipal, Conseil général, Conseil
régional) sont élus par les administrés.
Les organes des collectivités territoriales gèrent par leurs délibérations leurs affaires propres (affaires
communales, départementales, régionales), bref elles sont compétentes pour prendre en charge les
intérêts des populations concernées. C’est la «clause générale de compétence » qui
traditionnellement est liée à l’élément territorial de la collectivité même si aujourd’hui cette clause est
complétée par des transferts de compétence énoncés par des lois.
En France les compétences transférées ne peuvent être que purement administratives. (CC 91-290
DC 9 mai 1991 Statut de la Corse). Par contre dans des pays voisins, les entités décentralisées
peuvent se voir transférer des compétences législatives, on passe alors à la décentralisation politique
ou à l’Etat Régional. C’est le cas de l’Italie, de l’Espagne, et plus récemment du Royaume uni.
Les collectivités territoriales, en raison de leur assise territoriale, disposent- on l’a vu - d’une clause de
compétence générale. Par contre les établissements publics ne se voient transférer que des
compétences liées à un objet beaucoup plus précis, beaucoup plus spécialisé. Aussi la
décentralisation fonctionnelle va-t-elle moins loin que la décentralisation territoriale.
La déconcentration est une technique d’organisation qui consiste à remettre d’importants pouvoirs de
décision à des agents du pouvoir central placés à la tête de diverses circonscriptions administratives
ou de divers services. Elle s’analyse comme une technique de transfert de certaines attributions
administratives du pouvoir central au plan local, au bénéfice d'un agent de l'Etat nommé par le pouvoir
central et soumis au pouvoir hiérarchique. La déconcentration suppose l’existence de circonscriptions
administratives et des autorités nommées qui exercent l’autorité de l’Etat au niveau local.
L’administration territoriale a beaucoup évolué au Sénégal depuis son indépendance. Les années
1960 et 1972 constituent des années repères dans la politique de structuration de l’administration
territoriale d’Etat du Sénégal.
A. La réforme de 1960
Les unités administratives du Sénégal ont été mises en place par la loi n° 60-015 du 13 janvier 1960
qui constitue le premier cadre juridique de référence de l’organisation administrative du Sénégal. Cette
réforme de 1960 divise l’ensemble du territoire en sept régions (Cap-Vert, Thiès, Diourbel, Fleuve,
Sénégal Oriental, Sine-Saloum, Casamance). Chaque région est divisée en un nombre variable de
cercles. Chaque cercle est divisé en arrondissements comprenant la totalité des communautés rurales
et des villages inclus dans le territoire du cercle. Le nombre maximum d’arrondissements est fixé pour
l’ensemble du territoire à quatre-vingt dix (90).
L’article 1er de la loi n° 60-015 prévoit que le village est la cellule administrative de base. Un
ensemble de villages, groupés pour des raisons économiques, forme une communauté rurale.
Ces trois types d’unités administratives institués par la loi n° 60-015 sont repris et réaménagés par le
décret n° 64-282 du 3 avril 1964 fixant l’organisation administrative de la République 24, qui remplace
les cercles par les départements.
B – La réforme de 1972
24
J.O. n° 3679 du 2 mai 1964, pp. 587-589.
Esquisses de corrigés d’exercice de Droit administratif de Bassirou Soumaré titulaire de
deux Masters en Droit et d’une attestation de participation au Tutorat de Droit en 2005
de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (U.C.A.D.). Contacts 221 77 747 94 83,
Médina Darou Sor St Louis du Sénégal. Agent de Banque au SENEGAL/Janvier 2021.
~ 61 ~
Le système mis en place en 1972 présente deux types de structures territoriales : l’administration
territoriale d’Etat et l’administration locale. En ce qui concerne l’administration territoriale d’Etat, la loi
n° 72-02 du 1er février 1972 relative à l’organisation de l’administration territoriale 25 reprend, en les
réaménageant, les trois types d’unités administratives déconcentrées ainsi que leurs organes,
institués par le décret n° 64-282 du 3 avril 1964 relatif à l’organisation administrative de la
République26. Ces unités sont les suivantes :
La région. Elle est administrée par un gouverneur. La loi n° 72-02 confirme l’existence de sept régions
prévues déjà dans le décret précité du 3 avril 1964 désignées dans l’ordre alphabétique : Cap-Vert,
Casamance, Diourbel, Fleuve, Sénégal-Oriental, Sine-Saloum et Thiès.
C – La réforme de 1984
A travers la réforme de 1984, il s’est agi d’abord de réaménager les régions ; ensuite de fixer le
ressort territorial des unités administratives. La nouvelle loi a, enfin, uniformisé l’appellation des
régions qui prennent désormais le nom de la commune chef-lieu. En ce qui concerne les régions
réaménagées, la loi n° 84-22 du 24 mars 1984 divise l’ancienne région de Casamance en deux
nouvelles régions : celle de Ziguinchor regroupant les départements de Bignona, Oussouye et
Ziguinchor et celle de Kolda comprenant les départements de Sédhiou, Vélingara et Kolda.
L’ancienne région de Sine-Saloum est ainsi divisée en deux nouvelles régions, celle de Fatick
comprenant les départements de Fatick, Foundiougne et Gossas et celle de kaolack regroupant les
départements de Kaolack, Kaffrine et Nioro-du-Rip.
Avec la réforme de 1984, le Sénégal était désormais divisé en dix régions 27. Chaque région est divisée
en trois départements. Sauf dans la région de Dakar, chaque département est divisé en communes,
d’une part et en arrondissements d’autre part28.
Les régions sont actuellement au nombre de 14, depuis la création de la région de Matam (voir loi
n° 2002-02 du 15 février 2002 modifiant la loi n° 72-02 du 1er février 1972 relative à l’organisation de
25
J.O. n° 4209 du 19 février 1972, pp. 251-253.
26
J.O. n° 3679 du 2 mai 1964, pp. 587-589.
27
Les dix régions sont désignées ainsi qu’il suit : Dakar, Diourbel, Fatick, Kaolack, Louga, Saint-Louis, Tambacounda, Thiès et
Ziguinchor.
28
Dans la région de Dakar, chaque département comporte une commune et éventuellement une ou plusieurs communautés
rurales (cf. article 1er de la loi n° 84-22).
Esquisses de corrigés d’exercice de Droit administratif de Bassirou Soumaré titulaire de
deux Masters en Droit et d’une attestation de participation au Tutorat de Droit en 2005
de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (U.C.A.D.). Contacts 221 77 747 94 83,
Médina Darou Sor St Louis du Sénégal. Agent de Banque au SENEGAL/Janvier 2021.
~ 62 ~
l’administration territoriale) puis celle de trois nouvelles régions en 2008 : Kaffrine, Kédougou et
Sédhiou (voir la loi n°[2008-14 du 18 mars 2008 modifiant la loi n° 72-02 et le décret du 10 septembre
2008 fixant le ressort territorial et le chef-lieu des régions et des départements.
Ces deux notions s'analysent comme un dessaisissement du pouvoir central au profit de certaines
autorités selon un critère géographique ou fonctionnel. Cependant il faut éviter de confondre ces deux
notions.
L'autorité déconcentrée est un organe de l'Etat désigné par le pouvoir central. Les actes qu'elle prend
sont des actes de l'Etat. Les dommages causés par les autorités déconcentrés sont réparés sur le
budget de l'Etat.
B. Le dédoublement fonctionnel :
Ensuite, il existe ce qu'on appelle le dédoublement fonctionnel qui signifie qu'une même autorité
pourra exercer deux compétences à deux titres différents. Ex : le maire exerce des attributions soit en
tant que représentant de l'Etat, soit en tant qu'agent de la commune. Cela pose souvent des
problèmes juridiques difficiles à résoudre notamment au niveau de la responsabilité. Si le maire prend
un acte qui cause un dommage, il faut déterminer d'abord au nom et pour le compte de quelle
personne (commune ou Etat) il a agi avant de savoir quelle est la personne publique à laquelle
incombe la réparation du dommage.
Problématique : Quel est le contenu du principe de la libre administration locale et ses limites ?
Problématique : Quel est le rôle du principe de légalité par rapport à la libre administration locale?
Selon l'article 13 du CCL, "aucune collectivité locale ne peut établir ni exercer de tutelle sur une autre
collectivité locale". De même SELON l'article 2 de la loi n 96-07, les transferts de compétences
prévus par la présente loi ne peuvent autoriser une collectivité locale à établir une tutelle sur une
autre". Il s'agit par-là d'interdire à l'avance tout mécanisme par lequel une collectivité puissante et
riche contrôlerait une collectivité faible et pauvre. Mais les collectivités locales peuvent entretenir Des
relations fonctionnelles et de coopération en vue de l'exercice de leurs compétences (cf. art. 7 de la
loi).
Sujet 07: La tutelle
Problématique : Quel est le sens de la tutelle ? Quels sont les procédés de la tutelle ?
1) dans l'intérêt de l'Etat lui-même qui doit sauvegarder son unité politique et veiller au respect de la
loi ;
3) dans l'intérêt des individus vivant dans la collectivité décentralisée qui peuvent avoir besoin d'une
certaine protection contre l'autorité décentralisée.
Au total, le contrôle de tutelle est nécessaire pour assurer d'abord une bonne application de la loi
(contrôle de légalité) et exceptionnellement pour assurer une bonne administration (contrôle
d'opportunité).
Il faut noter que la personne morale décentralisée peut s'opposer à une mesure de tutelle qu'elle
a) L'autorité de tutelle peut demander au juge de l'excès de pouvoir d'annuler les actes illégaux de
l'autorité décentralisée ou dans les cas prévus par la loi, les annuler elle-même.
c) L'autorité de tutelle dispose, dans certains cas du pouvoir de substitution d'action c'est-à-dire qu'elle
peut accomplir un acte en lieu et place de l'autorité décentralisée. Pour que ce pouvoir de substitution
puisse s'exercer, il faut :
- que l'autorité décentralisée refuse ou néglige d'accomplir un acte prescrit par la loi ;
Sujet 08 : Le contrôle de tutelle et le contrôle de légalité des actes des collectivités locales.
Problématique : Quels sont les rapports entre contrôle de tutelle et le contrôle de légalité des actes
des collectivités locale?
Problématique : Quels sont les différents types de contrôle du représentant de l’Etat sur l’activité
administrative locale?
L'un des objectifs du code des collectivités locales est la suppression des tutelles. Selon l'exposé des
motifs de la loi portant code des collectivités locales, il s'agit de substituer un contrôle de légalité à
posteriori qui sera la règle à un contrôle d'approbation à priori qui sera l'exception. " La notion de
tutelle doit désormais disparaître et faire place à celle de contrôle. La suppression des tutelles
administratives, financières et techniques est accompagnée d'un nouveau dispositif de contrôle".
Dans les rapports entre l'Etat et les collectivités locales se pose le problème de la dialectique entre
l'autonomie et le contrôle.
Le Code des Collectivités locales prévoit un contrôle administratif de légalité et un contrôle budgétaire
mais laisse subsister une certaine tutelle.
Ainsi pour un certain nombre d'actes, la loi prévoit une procédure particulière en deux temps qui fait
intervenir le représentant de l'Etat et le conseil d'Etat : l'obligation de transmission et le déféré du
représentant de l'Etat.
a) L'obligation de transmission
Selon le Code des Collectivités locales, les actes les plus importants pris par les autorités locales
doivent être transmis au représentant de l'Etat auprès de la région, de la commune ou de la
communauté rurale, lequel en délivre aussitôt accusé de réception du représentant de l'Etat qui pourra
porter une appréciation de la légalité de ces décisions et éventuellement saisir à nouveau la
collectivité ou le juge.
- Quel est le domaine de l'obligation de transmission ? Le domaine de l'obligation est déterminé par
énumération des actes qui y sont soumis. L'article 334 énumère cinq catégories d'actes : délibérations
du Conseil de la collectivité locale, actes réglementaires, principaux contrats administratifs (marchés,
concession, affermage), décisions concernant la carrière des agents, sanctions et licenciements. Pour
ces actes, le représentant de l'Etat dispose d'un délai de 15 jours pour demander une seconde lecture
à l'organe de la collectivité locale. Cette demande revêt un caractère suspensif aussi bien pour le
caractère exécutoire de l'acte que pour tout délai de procédure contentieuse. Les actes sont
exécutoires de plein droit 15 jours après la délivrance de l'accusé de réception (sauf demande de
seconde lecture) et après leur publication ou leur notification aux intéressés le délai de 15 jours peut
être réduit par le représentant de l'Etat à la demande de l'autorité locale.
N.B. : L'article 335 vise une autre catégorie d'actes soumis à l'obligation de transmission : il s'agit
d'une part des décisions réglementaires et individuelles prises par l'exécutif local en matière de police
et d'autre part des actes de gestion quotidienne pris au nom des collectivités autres que ceux
mentionnés à l'article 334. Ces actes sont exécutoires de plein droit dès qu'il est procédé à leur
publication ou à leur notification aux intéressés après transmission.
Il faut dans ces conditions exclure de l'obligation de transmission les actes pris par les autorités
locales agissant au nom de l'Etat.
En principe, la transmission est opérée sur décision de l'organe exécutif de la collectivité. La date à
prendre en considération est celle du récépissé de réception délivré aussitôt par le représentant de
l'Etat.
L'accusé de réception qui est immédiatement délivré peut être utilisé comme preuve. Mais, selon le
code, la preuve de la réception des actes par le représentant de l'Etat peut être apportée par tout
moyen.
- D'abord, la transmission rend l'acte opposable aux tiers et exécutoires. L'accomplissement de cette
formalité n'est ni une condition d'existence de l'acte, ni une condition de validité. Elle rend seulement
l'acte exécutoire. Ainsi pour les actes visés à l'article 334, quinze (15) jours après la délivrance de
l'accusé de réception (sauf demande de seconde lecture) et après leur publicité, ils sont exécutoires
de plein droit.
(Voir CE 30 septembre 1988 ville de Nemour c/Mme Marquis, AJ. 1988 p.739). Elle a cependant en
effet suspensif pour certains actes, lorsque le représentant de l'Etat demande à la collectivité une
seconde lecture. Autrement dit la demande, en effet, suspend le caractère exécutoire de l'acte.
- Enfin la transmission déclenche le point de départ du délai dans lequel le représentant de l'Etat peut
saisir le Conseil d'Etat. Pour le recours direct du tiers lésé, le point de départ du délai est fixé à la
publication ou à la notification de l'acte qui fait grief. (CE 13 mai 1992)
183
Il faut préciser pour finir, que l'absence de transmission a pour effet de différer l'entrée en vigueur de
l'acte concerné mais n'affecte pas sa légalité. (CE 10 janvier 1992 Associaions des usagers de l’eau
de Perchan (Rec. p.13).
Le déféré est une sorte de recours pour excès de pouvoir intenté par le représentant de l'Etat
(gouverneur, préfet et sous-préfet). Celui-ci peut, lorsqu'il estime qu'un acte d'une collectivité locale
est illégale, déférer cet acte dans les deux mois qui suivent la transmission au Conseil d'Etat qui
statue dans un délai maximum d'un mois (article 337 du Code des collectivités locales).
Le déféré peut être intenté par le représentant de sa propre initiative (déféré spontané ou direct). Il
peut également agir sur demande d'un administré (déféré provoqué). En effet l'article 341 du code
prévoit qu'une personne lésée peut dans le délai de deux mois à partir de la date à laquelle l'acte est
exécutoire, demander au représentant de l'Etat de déférer l'acte au juge.
Le déféré s'applique aux actes soumis à l'obligation de transmission. A la différence du recours pour
excès, le déféré concerne aussi bien des actes unilatéraux que des actes conventionnels (marchés
publics, concessions ou affermages de services publics locaux à caractère industriel et commercial).
Voir CE 29-07-1982, Gouverneur de la région de Tambacounda, Bull. n°2 p.32.
Le représentant de l'Etat peut demander au juge l'annulation d'un acte estimé illégal. Il peut aussi
assortir son recours d'une demande de sursis à exécution.
Lorsque le représentant de l'Etat défère un acte au Conseil d'Etat, il en informe par écrit sans délai
l'autorité locale et lui communique toutes précisions sur les illégalités invoquées à l'endroit de l'acte
incriminé.
Comme en matière de recours par excès de pouvoir, il faut que l'acte fasse grief (une simple mesure
préparatoire ne peut être déférée au juge) il faut que le déféré soit le seul recours possible c'est-à –
dire qu'il faut une absence de recours parallèle.
Concernant l'intérêt à agir du requérant, il faut dire que le représentant de l'Etat a toujours intérêt à
agir ; en effet, il est chargé de veiller à la sauvegarde des intérêts nationaux, au respect des lois et à
l'exercice régulier par les collectivités locales de leurs compétences. Il peut donc toujours saisir le juge
par voie de déféré. Aucun problème de recevabilité ne se pose.
Le ne peut être exercé que contre les actes soumis à obligation de transmission (CE 25 novembre
1998, Préfet du département de Sédhiou c/Commune de Goudomp)
« Considérant que par requête en date du 3 août 1998, le Préfet du Département de Sédhiou
demande l’annulation de l’arrêté n°019/C.G du 28 mai 1998 par lequel le Maire de la Commune de
Goudomp a mis fin aux fonctions du délégué de quartier de Dialacounda I SALIF Seydi ;
Considérant que par sa forme le recours introduit devant le Conseil d’Etat doit être considéré comme
un déféré préfectoral ;
Mais considérant que la décision attaquée n’est pas de celles qui sont susceptibles de déféré au sens
des dispositions des articles 334, 335 et suivant du Code des Collectivités Locales.
La loi, nous l'avons vu prévoit l'obligation pour le représentant de l'Etat d'informer l'autorité locale
concernée. Il semble que son non-respect ne constitue pas une excuse d'irrecevabilité. C'est ce qu'a
décidé le juge français (CE 24 avril 1985 Ville d'Aix en Provence, Rec. p. 522 ; RFDA, 1985 p 527
concl. Latournerie ; AJDA, 1985, p 378, note J. Moreau).
Le délai pour se pouvoir est de deux mois à compter du jour de la transmission de l'acte (article
337 du Code des collectivités locales). Il correspond au délai de droit commun devant le Conseil
d'Etat.
Mais le point de départ du délai peut poser certains problèmes. Il en est ainsi en cas de transmission
incomplète par la collectivité locale. Dans ce cas, le représentant de l'Etat peut demander à la
collectivité de lui fournir les pièces complémentaires. Selon le juge français, c'est à partir de la
réception de ces pièces ou du refus de les communiquer que commence à courir le délai de deux
mois (CE sect. 13 janvier 1988 Mutuelle générale des personnels des collectivités locales et leurs
établissements publics, Rec. p 7, concl. Roux ; AJDA 1988 I, p.142 chr. Azibert et Mme Boisdeffre ;
RDP 1988 p 853, note Llorens, D. 1989, 66 note J.P. Negrin)
Le Code prévoit un cas dans lequel le point de départ du délai est différé. C'est le cas où pour les
actes énumérés à l'article 334, le représentant de l'Etat demande une seconde lecture dans le délai de
jours qui suit la transmission de l'acte. Cette demande vise à inciter la collectivité à modifier l'acte.
Cette demande revêt un caractère suspensif pour le délai de recours contentieux, c'est-à-dire qu'elle
conserve le délai de deux mois. Ce n'est qu'après la transmission à nouveau de l'acte ou le refus de
procéder à une seconde lecture que le délai commence à courir.
N.B. : Il faut signaler que les deux causes de prorogation ne se cumulent pas. C'est en tout cas ce que
le juge français a décidé. (TA Dijon, 9 août 1991, Préfet de Saône-et-Loire, Rec. p. 748).
En cas de déféré provoquée ou sur demande, le représentant de l'Etat n'est pas obligé de saisir le
Conseil d'Etat ; il dispose d'une marge d'appréciation et son refus ne constitue pas une décision
faisant grief. Mais dans ce cas le délai du recours direct en excès de pouvoir de la personne lésée
devant le juge est conservé jusqu'au jour où le silence gardé par le représentant de l'Etat vaut refus
implicite.
Pour les actes mentionnés à l'article 334 la demande du particulier ne peut avoir pour effet de
prolonger le délai du recours contentieux dont dispose le représentant de l'Etat.
Mais lorsque le particulier lésé demande au représentant de l'Etat, de déférer au Conseil d'Etat un
acte mentionné à l'article 335, celui-ci peut le faire dans le délai de deux mois qui suit la saisine.
Ce sont ceux que le Conseil d'Etat possède normalement dans le cadre du contentieux de la légalité,
même lorsque l'acte déféré est un contrat. Cependant le juge doit rendre sa décision dans un délai
maximum d'un mois. Voir CE 31 août 1999 Préfet de Dagana c/Commune de Richard-Toll.
Aucun recours administratif hiérarchique n'est prévu pour les actes déférés au juge.
En cas de demande de sursis à exécution (que le déféré soit d'office ou provoqué), un régime
spécifique s'applique : un sursis élargi si l'un des moyens invoqués dans la requête parait en l'état de
l'instruction, sérieux et de nature à justifier l'annulation de l'acte attaqué (article 338, alinéa 1 du code ;
un sursis accéléré lorsque l'acte est de nature à compromettre l'exercice d'une liberté publique ou
individuelle ; dans ce cas, le Conseil d'Etat ou un des membres délégués à cet effet prononce le
sursis dans les quarante-huit heures et un sursis d'office lorsqu'il s'agit d'un marché public. Dans ce
cas, c'est le Conseil d'Etat qui prononce le sursis, de sa propre initiative : il dispose ainsi d'un pouvoir
d'auto-saisine.
Pour certains actes (art.336 du CCL), l'approbation préalable du représentant de l'Etat est nécessaire.
Il s'agit d'actes relatifs aux questions budgétaires et financiers (budget primitifs et supplémentaires,
emprunts et garanties d'emprunts) à la planification (plans locaux de développement et lans
d'aménagement du territoire) aux relations internationales (conventions financières de coopération
internationale comportant des engagements d'un montant global de cent millions de franc CFA), à
l'interventionnisme économique (garantie de prise de participation dans les sociétés privées exerçant
des activités d'intérêt général à participation publique, marchés supérieurs à un montant total de cent
millions de franc CFA) et contrats de concession d'une durée supérieure à trente ans) et aux affaires
et à l’urbanisme.
Après transmission, le représentant de l'Etat dispose d'un délai d'un mois pour se prononcer à
compter de la date de l'accusé de réception. En cas de silence, l'approbation du représentant de l'Etat
est réputé tacite (c'est-à-dire si elle n'a pas été notifié à la collectivité locale). Ce délai peut être réduit
par le représentant de l'Etat à la demande de l'autorité locale.
L'exécutif local (Président du Conseil Régional, Maire et Président du Conseil rural) peut saisir le
Conseil d'Etat d'un recours par excès de pouvoir de la décision de refus d'approbation du représentant
de l'Etat. Le recours est introduit dans les deux mois du refus. Le Conseil d'Etat se prononce dans le
délai d'un mois. Le sursis à exécution est aussi possible. L’annulation de la décision de refus
d’approbation équivaut à une approbation des notification de l’arrêt à la Collectivité Locale.
Un particulier lésé peut demander au représentant de l'Etat d'annuler un acte qui fait l'objet d'une
approbation préalable. La demande doit être introduite dans le délai d'approbation. Elle est assimilée
à un recours gracieux. Mais si la décision est exécutoire, seul le recours direct est possible.
L'article 341 du Code précise que ces actes déférés ne sont pas susceptibles de recours hiérarchique.
2. Le contrôle budgétaire :
Le contrôle budgétaire est organisé par les articles 344 à 358 en ce qui concerne le contrôle
administratif, l'article 343 pour le contrôle juridictionnel.
A. Le contrôle administratif :
Le contrôle budgétaire est exercé par le représentant de l'Etat. Il s'agit surtout d'un contrôle de
l'élaboration du budget. Le contrôle est prévu dans quatre cas :
- 1er cas : non adoption du budget à la date légalement prescrite (article 345 du code des collectivités
locales).
En principe, cette date limitée est le 31 mars de l'année de l'exercice. Si dans le délai prescrit,
l'assemblée délibérante (Conseil régional, Conseil municipal ou Conseil rural) de la collectivité locale
qui a reçu avant le 10 mars, les informations nécessaires à l'établissement du budget ne l'a pas
adopté, elle est provisoirement dessaisie. Le représentant de l'Etat le règle et le rend exécutoire dans
les 15 jours qui suivent cette date.
Dans ce cas, le représentant de l'Etat doit d'abord constater le déséquilibre dans les 15 jours qui
suivent sa transmission. Ensuite il propose dans les 15 jours qui suivent cette constatation les
mesures nécessaires au rétablissement de l'équilibre. Puis il demande à l'assemblée délibérante une
nouvelle délibération qui doit intervenir dans le délai d'un mois à partir de la communication des
propositions au représentant de l'Etat.
Si le délai n'est pas respecté ou si l'assemblée délibérante n'a pas pris de mesures de redressement
jugés suffisantes par le représentant de l'Etat, celui-ci, dans un délai de 15 jours qui suit la
transmission de la nouvelle délibération, règle et rend exécutoire le budget.
Si le déficit dans l'exécution du budget atteint un certain seuil (10 % des recettes), Le représentant de
l'Etat propose à la collectivité locale les mesures nécessaires au rétablissement de l'équilibre
budgétaire, dans le délai de deux mois à compter de cette date.
Si, lors de l'examen du budget primitif suivant le représentant de l'Etat constate que la collectivité
locale n'a pas pris de mesures suffisantes pour résorber le déficit, le budget est réglé et rendu
exécutoire par lui.
Esquisses de corrigés d’exercice de Droit administratif de Bassirou Soumaré titulaire de
deux Masters en Droit et d’une attestation de participation au Tutorat de Droit en 2005
de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (U.C.A.D.). Contacts 221 77 747 94 83,
Médina Darou Sor St Louis du Sénégal. Agent de Banque au SENEGAL/Janvier 2021.
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- 4e cas : défaut d'inscription au budget des crédits nécessaires au règlement d'une dépense
obligatoire (article 355 et suivants).
Lorsque le représentant de l'Etat, de sa propre initiative ou saisi par le comptable public ou par toute
personne y ayant intérêt, constate qu'une défense obligatoire soit n'a pas été inscrit au budget, soit l'a
été pour une somme insuffisante, il adresse une mise en demeure à la collectivité locale concernée.
Si dans le délai d'un mois, cette mise en demeure n'est pas suivie d'effet, le représentant de l'Etat
inscrit cette dépense au budget de la collectivité locale et propose, s'il y a lieu, la création de
ressources ou la diminution de dépenses facultatives destinées à couvrir la dépense obligatoire. Le
représentant de l'Etat règle et rend exécutoire le budget rectifié en conséquence.
B. Le contrôle juridictionnel :
Le juge des comptes est le Conseil d'Etat (deuxième section). Il juge l'ensemble des comptes des
comptables publics des collectivités locales (et aussi des comptables de fait). La Cour vérifie sur
pièces et, si nécessaire, sur place la régularité des recettes et dépenses décrites dans les
comptabilités des collectivités locales. Il s'assure de l'emploi régulier des crédits, fonds et valeurs.
Le Conseil d'Etat, selon l'article 343 du Code des Collectivités locales, concourt également au contrôle
budgétaire des collectivités locales. Il examine la question des collectivités locales et formule les
observations. Il prend toutes les mesures nécessaires pour rendre secret ses investigations.
Les observations définitives formulées par le Conseil d'Etat sur la gestion d'une collectivité locale sont
communiquées par l'exécutif local à son assemblée délibérante. Le juge des comptes informe le
représentant de l'Etat et consacre chaque année une partie de son rapport public à la gestion des
Régions, des Communes et des Communautés rurales.
Sujet 10 : "Pas de tutelle sans texte, pas de tutelle au-delà des textes".
Problématique : Quels sont les fondements et les limites de la prévision de la tutelle par un texte ?
La tutelle administrative est le contrôle que l'Etat exerce sur les collectivités décentralisées. C'est
donc un contrôle de l'extérieur opéré par une personne publique à l'endroit d'une autre personne
publique.
1°) dans l'intérêt de l'Etat lui-même qui doit sauvegarder son unité politique et veiller au respect de la
loi ;
3°) dans l'intérêt des individus vivant dans la collectivité décentralisée qui peuvent avoir besoin d'une
certaine protection contre l'autorité décentralisée.
Au total, le contrôle de tutelle est nécessaire pour assurer d'abord une bonne application de la loi
(contrôle de légalité) et exceptionnellement pour assurer une bonne administration (contrôle
d'opportunité).
Mais ce contrôle doit se concilier avec la liberté reconnue à la collectivité décentralisée car en matière
de décentralisation, la liberté est la règle, le contrôle, l'exception. Ainsi, la tutelle n'existe pas de droit.
Elle doit être prévue par un texte. Un adage célèbre dit : "pas de tutelle sans texte, pas de tutelle au-
delà des textes".
Il faut noter que la personne morale décentralisée peut s'opposer à une mesure de tutelle qu'elle
estime illégale en saisissant le juge de l’excès de pouvoir
Sujet 11 : Le déféré du représentant de l'Etat (dans la tutelle des collectivités locales).
Problématique : Quel sont les déférés préfectoraux et leurs domaines ? Quels est le régime du déféré
du représentant de l’Etat?
Le déféré est une sorte de recours pour excès de pouvoir intenté par le représentant de l'Etat
dans les deux mois qui suivent la transmission contre un acte d'une collectivité territoriale qu’il
estime illégal (article 246 CGCT).
Le déféré est dit spontané ou direct lorsque le représentant de l’Etat défère de sa propre initiative un
acte d’une collectivité territoriale devant le juge aux fins d’annulation.
Le déféré est dit provoqué ou indirect, lorsque c’est un administré qui demande au représentant de
l’Etat de déférer un acte d’une collectivité territoriale devant le juge (article 250 CGCT).
Le déféré s'applique aux actes soumis à l'obligation de transmission (CE 25 novembre 1998,
Préfet du département de Sédhiou c/Commune de Goudomp). Il concerne aussi bien les actes
unilatéraux que les contrats administratifs des collectivités territoriales (CE 29-07-1998, Gouverneur
de la région de Tambacounda, Bull. n°2 p.32).
Le représentant de l'Etat peut demander au juge l'annulation d'un acte estimé illégal. Il peut
aussi assortir son recours d'une demande de sursis à exécution. Le juge doit rendre sa décision
dans un délai maximum d'un mois (CE 31 août 1999 Préfet de Dagana c/Commune de Richard-Toll).
Lorsque le représentant de l'Etat défère un acte au juge administratif, il en informe par écrit
sans délai l'autorité locale et lui communique toutes précisions sur les illégalités invoquées à l'endroit
de l'acte incriminé.
LA DECENTRALISATION
La décentralisation est le procédé inverse. Elle consiste à transférer la gestion des affaires locales à
des collectivités autonomes et élues. Dans la décentralisation, l'Etat n'est plus la seule personne
publique. Au contraire il cohabite avec d'autres personnes publiques infra-étatiques qui sont autant de
centres de décisions et d'appareils autonomes ( La décentralisation peut se faire sur une base
territoriale ou technique).
La décentralisation territoriale ou horizontale s'opère sur une base géographique. Elle consiste à
individualiser une collectivité humaine circonscrite sur une portion du territoire nationale et à lui confier
la gestion des affaires locales. Elle aboutit à la création de collectivités locales qui sont des personnes
publiques à caractère territoriales.
La décentralisation repose sur un partage des pouvoirs entre l'Etat qui prend en charge les affaires
nationales et les collectivités décentralisées auxquelles est confiée la gestion des affaires purement
locales.
- la personnalité juridique,
La décentralisation suppose une individualisation objective des intérêts pris en charge par
la collectivité décentralisée. Ce critère repose sur une distinction, parmi la masse des besoins
auxquels l'Etat doit pourvoir entre ceux des besoins qui intéressent l'ensemble de la nation et ceux qui
sont particuliers à une collectivité.
La consécration d'affaires locales distinctes des affaires nationales est une donnée première de la
décentralisation. Elle est le fondement du principe de la spécialité des collectivités locales. La notion
d'affaires locales est une notion résiduelle. Elle est déterminée par la loi soit par voie d'une clause
générale de compétence soit selon une méthode énumérative établissant le domaine d'intervention
des collectivités décentralisées.
b) La personnalisation juridique
La personnalité juridique permet aux collectivités locales d'exister indépendamment de l'Etat. Elle leur
garantit une participation au commerce juridique en étant des sujets de droits et d'obligations. Les
collectivités décentralisées sont ainsi dotées de moyens humains, matériels et financiers distincts de
ceux de l'Etat afin de leur permettre de fonctionner de manière autonome. Toutefois l'autonomie ne
signifie pas l'indépendance. Ces collectivités sont créées par la loi de l'Etat qui s'arroge d'un droit de
regard sur leurs activités. Le contrôle aménagé à cet effet est souple car devant tenir compte des
particularités de la décentralisation. Il s'agit du contrôle de tutelle qui est un contrôle de droit traduit
par cette formule "Pas de tutelle sans texte; pas de tutelle au-delà du texte".
Elle s'opère sur une base fonctionnelle. Elle consiste à détacher un service ou un ensemble de
services spécialisés de l'Etat et à confier leur gestion à un établissement public qui est une personne
publique spécialisée. L’Université du Mali constitue un exemple de décentralisation technique en ce
sens qu’elle est établissement public jouissant d'une autonomie juridique et financière, contrairement
aux lycées et écoles primaires sont des structures déconcentrées de l'Etat. Les autorités locales
soient désignées en son sein, qu'elles représentent la localité et non le pouvoir central.
L'élection est le procédé par excellence de désignation des autorités. Toutefois elle peut être
combinée avec d'autres techniques (nomination par le pouvoir central).
La décentralisation permet ainsi de réaliser une plus large démocratie locale. Elle assure l'autonomie
et la participation des populations locales au choix de leurs représentants et à la prise des décisions
les intéressant.
Technique de partage de la gestion des affaires publiques, la décentralisation présente des avantages
et des inconvénients.
La décentralisation est souvent liée à la démocratie libérale. On considère que les régimes libéraux
sont ceux qui réservent une place privilégiée aux libertés locales contrairement aux régimes
autoritaires dont les tendances naturelles vont à la centralisation. La décentralisation et la démocratie
partagent certaines valeurs fondamentales qui sont le recours à l'élection, l'association des
populations au processus décisionnel.
A travers la gestion des affaires locales par les propres intéressés, la décentralisation apparaît comme
une école de formation civique qui habitue les populations locales et leurs élus à être plus actifs, c'est-
à-dire à participer et non plus à subir. Elle constitue à cet égard une véritable "école de la démocratie"
selon Alexis de Tocqueville assurant l'éducation politique et la préparation des collectivités locales à
l'exercice de la démocratie dans le cadre d'un Etat dont l'emprise du pouvoir central est freinée.
Etats la collectivité locale a précédé l'Etat, le processus est renversé dans les nouveaux Etats du tiers-
monde. A l'instar de la nation, il revient à l'Etat de créer et de cultiver un cadre favorable à la
décentralisation. Or les fondements sociologiques de ces Etats sont fragiles. Le fractionnement du
pouvoir central et sa dispersion entre les différentes collectivités locales peuvent conduire à son
affaiblissement. Ce danger est d'autant plus grand que les particularismes locaux sont très intenses
dans ces Etats. La décentralisation poussée pourrait conduire à un éclatement de l'Etat, une
méconnaissance de l'intérêt général et, surtout, une exacerbation des antagonismes régionaux,
tribaux ou religieux.
La décentralisation est plus dispendieuse que la centralisation. Elle conduit à la multiplication des
structures et à un dédoublement des emplois résultant des administrations locales juxtaposées. Elle
fragmente les moyens de l'Etat sans garantir la qualité de la gestion. En effet, les tâches
administratives sont confiées à des amateurs que sont les élus locaux. Dépendant des populations
locales, les autorités décentralisées pourraient être amenées à prendre des décisions politiquement
justifiables mais techniquement irrationnelles.
En définitive l'option pour ou contre la décentralisation semble opposer principalement les tenants de
la liberté que sont les décentralisateurs et les techniciens centralisateurs.
Si l’acte administratif existe dès sa signature, il n’est opposable aux administrés qu’à partir de
l’accomplissement des formalités de la publicité. En effet, une décision individuelle est créatrice de
droits dès sa signature : CE, 19 décembre 1952, Dlle Mattéi. Un recours pour excès de pouvoir est
recevable contre elle-même sans mesure de publicité. Il y a deux modalités de publicité : la notification
(utilisée pour les actes administratifs individuels) et la publication (utilisée pour les actes
réglementaires ou les actes individuels susceptibles d’intéresser les tiers).
Il y a des actes administratifs qui doivent faire l’objet à la fois d’une notification aux intéressés mais
aussi d’une publication pour les tiers. Il en est ainsi de l’affectation ou la désaffectation d’une terre du
domaine national qui doit faire l’objet de publicité par notification aux intéressés et publication par tout
moyen approprié (Cf l’article 18 du décret n°72-1288 du 27 octobre 1972).
En matière administrative, la décision administrative est source d'obligation et doit être exécutée
immédiatement. Le privilège du préalable qui signifie que les décisions administratives sont
présumées régulières et produisent leurs effets tant qu'elles n'ont pas été déclarées nulles par le juge,
a pour corollaire, l'exécution provisionnelle. Autrement dit, l’introduction d’un REP ne fait pas obstacle
à l’exécution d’une décision administrative. C’estce que le juge a confirmé dans l’affaire ayant opposé
Thierno Mamadou KANE et neuf autres à l’Etat du Sénégal. La Chambre administrative de la CS,
dans son arrêt du 12 avril 2012, a considéré que les requérants ne sauraient solliciter l’annulation de
l’arrêté fixant la date du concours au seul motif qu’à cette date l’exercice d’une voie de recours était
encore ouverte contre ledit arrêté29.
Ce privilège peut être remis en cause en cas de recours contre une déclaration d’utilité publique, une
expulsion d’étrangers, une extradition ou un recours portant sur l’élection au conseil municipal ou au
conseil départemental30ou en cas de suspension de l’exécution d’une décision ou de certains de ses
effets ordonnée par le juge des référés31. Pour ce faire, il faut que l’urgence le justifie et qu’un doute
sérieux existe quant à la légalité de la décision
A la question de savoir si l’Administration peut recourir à la force pour obtenir l’exécution de ses
décisions, la jurisprudence administrative considère que l’Administration ne peut pas se faire justice
elle-même ; qu’il y aurait trop de risques à reconnaitre à l’Administration un pouvoir d’exécution par la
force, de ses décisions (TC, 2 décembre 1902, Société Immobilière Saint-Just).
29
Pour le juge, ni le recours pour excès de pouvoir, ni le délai dans lequel il doit être exercé ne sont suspensifs
de l’exécution d’une telle décision. Les requérants estimaient qu’il y’avait erreur de droit en ce que, à la date de
notification des arrêtés querellés, soit le 17 février 2011, ils avaient deux mois pour introduire un recours, alors
que le concours a été fixé aux 17 et 18 mars 2011, donc bien avant l’épuisement des délais de recours.
30
Art 74-2 de la loi n°2017-09
31
Encore plus attentatoire au principe de la sécurité juridique, il permet comme l'annulation d'un acte par
le juge d'effacer rétroactivement les effets des actes administratifs.
Concernant les règlements, le retrait n'est possible que tant que celui-ci n'est pas devenu définitif.
C’est le cas si l’acte n’a pas servi de fondement à d’autres actes administratifs individuels. Sinon,
seule l'abrogation est possible.
Concernant les décisions individuelles non créatrices de droit, le retrait est possible à tout moment
(c'est le cas des actes obtenus par fraude de l’administré 32, des actes précaires et révocables :
exemple, l’autorisation d’occupation du domaine public).
En vertu du principe de non-rétroactivité des actes administratifs, les actes administratifs réguliers ne
peuvent être retirés. Par exception, la jurisprudence a admis ce retrait pour les actes individuels à la
demande de leur bénéficiaire.
Concernant les actes individuels réguliers créateurs de droit, le retrait est en principe impossible.
Pour les actes individuels irréguliers créateurs de droit, la règle traditionnelle provenait de l'arrêt Dame
Cachet (C.E 3 novembre 1922) selon lequel l'administration pouvait retirer l'acte illégal tant que le juge
de l'excès de pouvoir était compétent pour l'annuler. Depuis l’arrêt Ternon (CE Ass, 26 octobre 2001),
le retrait est possible dans le délai de quatre mois à partir de la date d’édiction de la décision. Au
Sénégal, il n’y a pas eu de dissociation entre les délais du recours et du retrait (Cf. CS, 19 avril 1967,
Samba Cor SARR).
Il y a lieu de faire une distinction entre les décisions réglementaires et les décisions individuelles.
L’abrogation d’une décision réglementaire est toujours possible. C’est là une conséquence du principe
de mutabilité. Pour les actes individuels, il faut voir si l’acte a créé des droits ou n’a pas créé de droits.
Si l’acte a créé des droits, l'abrogation est en principe impossible. Elle n’est envisageable que dans
deux hypothèses identifiées par le juge : Soit lorsque le titulaire des droits en a fait la demande (CE 30
juin 2006, Soc. Neuf Télécom AJDA, 2006, 1720) ; soit dans les cas et aux conditions prévus par les
textes (CE 6 novembre 2002 Mme Soulier). Par exemple, la nomination régulière d'un fonctionnaire ne
peut être abrogée que dans des hypothèses et selon des procédures précises prévues par le statut
général des fonctionnaires (révocation, mise à la retraite…)
Si l’acte n’a pas créé de droits, l'abrogation est une faculté que l'administration peut utiliser à tout
moment, sur simple opportunité, sans condition de légalité.
En tout état de cause, le juge français estime depuis 2009, dans un souci de sécurité juridique que
« l’administration ne peut…abroger une décision expresse individuelle créatrice de droit que dans le
délai de quatre mois suivant l’intervention de cette décision et si elle est illégale »CE 6 mars 2009
Coulibaly, AJDA 2009, 455.
Qu'ils soient créateurs de droits ou non, l'administration a obligation d'abroger les actes devenus
illégaux du fait d'un changement de droit ou de circonstances (CE, 10 janvier 1930, Despujol) 33 sur
simple demande d'un intéressé.
33
A propos de la requête d’un automobiliste mécontent d’avoir eu un PV pour non observation de l’arrêté du
Maire qui limitait le stationnement aux abords du château à ¼ d’heure. Le délai de 2mois n’a pas été respecté par
le sieur Despujol. Le CE considéra néanmoins « qu’il serait fâcheux qu’un règlement illégal dès l’origine, ou
devenu illégal du fait de circonstances nouvelles, puisse demeurer indéfiniment en vigueur s’il n’a pas été
attaqué dans les deux mois ».
34
JO n° 296 du 21 décembre 2007
Esquisses de corrigés d’exercice de Droit administratif de Bassirou Soumaré titulaire de
deux Masters en Droit et d’une attestation de participation au Tutorat de Droit en 2005
de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (U.C.A.D.). Contacts 221 77 747 94 83,
Médina Darou Sor St Louis du Sénégal. Agent de Banque au SENEGAL/Janvier 2021.
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Cette classification aboutit à la distinction entre actes réglementaires et actes non réglementaires.
L’acte administratif réglementaire édicte des normes de caractère général et impersonnel. Autrement
dit, il s’adresse à un nombre et à une catégorie indéterminée de personnes. Le nombre de personnes
visées n’est pas un critère pouvant déterminer le caractère réglementaire d’un acte administratif.
Exemple : le décret portant code des marchés publics. L’acte administratif réglementaire est
permanent car, il régit une situation jusqu’à sa modification ou son abrogation. Il doit faire l’objet d’une
publication (au J.0 ou par voie d’affichage).
L’acte individuel est relativement aisé à identifier : c’est un acte qui s’adresse à une
personne (exemple : l’acte de nomination d’un fonctionnaire). Il faut noter cependant que l’acte
individuel peut s’adresser à plusieurs personnes (exemple: la liste des candidats reçus à un
concours). On considère dans ce cas qu’il s’agit d’un acte individuel pris dans un acte collectif. La CS
l’a réaffirmé dans son arrêt du 23 septembre 2015 (Affaire Bouré Diouf et autres, communément
appelée affaire des 690 élèves-maitres). Le juge considère « que la décision attaquée n’est pas un
acte réglementaire (… mais) plutôt une décision individuelle prise dans un acte collectif en ce qu’elle
concerne plusieurs personnes nommément désignées ».Toutes les personnes concernées auraient
alors dû en recevoir notification.
Nb : Il existe une autre catégorie d’actes qui ne visent pas des personnes mais certaines opérations
administratives telle une déclaration d’utilité publique.
B. Le critère matériel :
Le critère matériel s’attache au contenu et à l’objet ; et ce critère permet aux particuliers ou personnes
morales de droit privé de prendre des décisions administratives (CE 1942 Monpeurt et CS ASC Dial
DIOP)
Le principe étant que les effets du contrat sont limités aux parties, ces dernières ont de tout temps été
les seules admises au contentieux contractuel. C’est ainsi que sur saisine du cocontractant de
l’administration, le juge peut annuler un contrat sur le fondement d’une force majeure, d’une
modification excessive de l’objet du contrat ou d’une faute grave de l’administration. Depuis 2007, le
CE français reconnait aux concurrents évincés le droit de former un recours de plein contentieux
contre les marchés publics (et les autres contrats administratifs) dans un délai de deux mois à
compter de la publicité de leur signature (CE 16 juillet 2007 Soc. Tropic travaux signalisation AJDA
2007, 1577).
Dans un arrêt d’Assemblée du 4 avril 2014, le CE va plus loin et reconnait à tout tiers susceptible
d’être lésé par la passation ou les clauses d’un contrat la possibilité d’agir devant le juge du contrat
par un recours de pleine juridiction contestant la validité du contrat ou de certaines de ses clauses non
réglementaires35 qui en sont divisibles, y compris en faisant valoir l’illégalité des actes détachables du
contrat (CE Ass., 4 avril 2014, Département du Tarn et Garonne).
Les évolutions jurisprudentielles récentes tendent à favoriser la stabilité des relations contractuelles,
notamment par l'aménagement, en cas de nullité du contrat, de sa résiliation (résiliation différée). Le
juge du contrat pourra notamment déterminer dans quelle condition une mesure d'exécution d'un
contrat qui lèse l'une des parties est de nature à ouvrir un droit à indemnité, mais surtout, cette même
partie pourra former un recours de plein contentieux en vue de contester la validité de la résiliation du
contrat et d'exiger la reprise des relations contractuelles, cela, deux mois après s'être vue notifiée la
décision de résiliation : CE Sec. 21 mars 2011, Commune de Béziers.
« Considérant que le juge du contrat, saisi par une partie d'un litige relatif à une mesure d'exécution
d'un contrat, peut seulement, en principe, rechercher si cette mesure est intervenue dans des
conditions de nature à ouvrir droit à indemnité ; que, toutefois, une partie à un contrat administratif
peut, eu égard à la portée d'une telle mesure d'exécution, former devant le juge du contrat un recours
de plein contentieux contestant la validité de la résiliation de ce contrat et tendant à la reprise des
relations contractuelles ; qu'elle doit exercer ce recours, y compris si le contrat en cause est relatif à
des travaux publics, dans un délai de deux mois à compter de la date à laquelle elle a été informée de
la mesure de résiliation ; que de telles conclusions peuvent être assorties d'une demande tendant, sur
le fondement des dispositions de l'article L. 521-1 du code de justice administrative, à la suspension
de l'exécution de la résiliation, afin que les relations contractuelles soient provisoirement reprises... »
Le contentieux des contrats relève de la pleine juridiction dès lors qu’il repose sur l’existence d’une
situation juridique individuelle. Au Sénégal, le juge des contrats administratifs est le tribunal régional
(139 COA) saisi sur le fondement des articles 729 et suivant du Code de procédure civile.
Il existe une règle traditionnelle selon laquelle en matière de contrat administratif il n’est possible
d’attaquer en recours pour excès de pouvoir que les actes détachables du contrat. Ces derniers sont
les actes fortement individualisés dont l’appréciation de la légalité peut se faire en dehors du contrat
dans sa globalité. CE 04 août 1905 Martin GAJA 15ème éd. n°16 – CE 29 octobre 1997, Société Sud
Communication BACE n°1 juillet 1998, p.147.
35
Les clauses réglementaires du contrat continuent de relever du recours pour excès de pouvoir
Esquisses de corrigés d’exercice de Droit administratif de Bassirou Soumaré titulaire de
deux Masters en Droit et d’une attestation de participation au Tutorat de Droit en 2005
de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (U.C.A.D.). Contacts 221 77 747 94 83,
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Le droit sénégalais (article 140 nouveau du COA) donne une liste énumérative des actes détachables
qui peuvent faire l’objet d’un recours pour excès de pouvoir devant la chambre administrative de la
Cour Suprême. Il s’agit de l’autorisation de contracter, de la décision de contracter ou de ne pas
contracter, de l’opération d’attribution et de l’approbation du contrat.
L’on a fini par admettre en France qu’un REP puisse être dirigé, en dehors des actes détachables
contre les « clauses règlementaires » du contrat (CE ass, 10 juillet 1996 Cayzeele). A ces actes, il
faut ajouter aujourd’hui le recours susceptible d’être formé par un tiers contre le recrutement d’un
agent territorial (CE 30 octobre 1998 Ville de Lisieux).
Le Conseil d’Etat après avoir considéré dans sa décision du 26 juillet 1991, Commune de Sainte-
Marie que le déféré36 préfectoral peut être assimilé à un recours pour excès de pouvoir est revenu sur
sa jurisprudence en jugeant, dans ses décisions du 23 décembre 2011, Ministre de l’intérieur, de
l’outre-mer, des collectivités territoriales et de l’immigration et du 4 avril2014, Conseil général du Tarn
et Garonne, que le déféré préfectoral dirigé contre un contrat est, non plus un recours pour excès de
pouvoir mais un recours de plein contentieux
Sujet 03 : Les actes administratifs unilatéraux et les actes administratifs bilatéraux ou contrats
administratifs.
Problématique : Quels sont les liens entre actes administratifs unilatéraux et les actes administratifs
bilatéraux ou contrats administratifs?
1. Deux actes juridiques soumis aux mêmes conditions de légalité des actes administratifs:
A. Les conditions de légalité externe des actes administratifs:
- L’acte administratif bilatéral est recevable pour contester sa légalité par voie de REP.
36
Problématique : Quels sont les actes détachables des différents actes administratifs?
Sujet 06 : Les aléas ou les éléments nouveaux ou les difficultés de mise en œuvres du contrat
administratif.
- CE : 2007 Société Tropic-Travaux-Signalisation : fin juridictionnelle du contrat pour motif de force
majeure, modification excessive, faute grave de l’Administration ou concurrent évincé.
L’administration dispose d’un pouvoir de résiliation unilatérale d’un contrat administratif (art 136). C’est
une manifestation des prérogatives exorbitantes du droit commun. Elle est prononcée pour faute
imputable au cocontractant ou sans faute lorsque les clauses du contrat sont devenues inutiles et
inadaptées donc dans l’intérêt du service public (art 134).
Le contrat prend fin lorsque les obligations des parties ont été exécutées. On parle de réalisation de
l’objet du contrat. Par exemple, la livraison du produit dans le cas d’un marché de fournitures. La
résiliation se produit de plein droit.
Le contrat prend fin à la survenance de son terme. Par exemple l’arrivée du terme d’une concession
de service public.
Les parties peuvent à tout moment mettre fin à un contrat en cours d’exécution. C’est une résiliation
conventionnelle article 132 du COA.
Sujet 08 : Comparer les conditions et les effets des éléments nouveaux contrat administratif ou
les difficultés de mise en œuvres du contrat administratif.
1. Convergence des éléments nouveaux du contrat quant à leur conditions et à leurs effets :
A. Du point de vue de leurs conditions :
- Pour l’imprévision et les sujétions imprévues : éléments nouveaux extérieur aux parties
indépendamment aux volontés des parties.
- Dans tous les cas le cocontractant de l’Administration est tenu de poursuivre l’exécution du service
public.
- Dans tous les cas l’Administration est tenue de participer à la charge financière, ainsi pour le fait du
prince et les sujétions imprévues l’Administration effectue une réparation intégrale des charges
supplémentaires.
- Le fait du prince se différencie des autres éléments du fait qu’il résulte de la volonté de l’un des
cocontractants de l’Administration.
- L’Administration doit utiliser son pouvoir de modification unilatéral. Elle prend une mesure particulière
affectant l’exécution du contrat et une mesure générale portant atteinte aux stipulations contractuelles,
alors que pour l’imprévision et les sujétions imprévues l’événement est indépendant de la volonté des
cocontractants et ne pouvait être imaginé lors de la conclusion du contrat
- Lorsqu’il s’agit du fait du prince ou des sujétions imprévues la réparation des charges est intégrale.
Pour l’imprévision, l’Administration est tenue d’une réparation financière.
Encore plus attentatoire au principe de la sécurité juridique, il permet comme l'annulation d'un acte par
le juge d'effacer rétroactivement les effets des actes administratifs par l’autorité administrative.
Concernant les règlements, le retrait n'est possible que tant que celui-ci n'est pas devenu définitif.
C’est le cas si l’acte n’a pas servi de fondement à d’autres actes administratifs individuels. Sinon,
seule l'abrogation est possible.
Concernant les décisions individuelles non créatrices de droit, le retrait est possible à tout moment
(c'est le cas des actes obtenus par fraude de l’administré 37, des actes précaires et révocables :
exemple, l’autorisation d’occupation du domaine public).
En vertu du principe de non-rétroactivité des actes administratifs, les actes administratifs réguliers ne
peuvent être retirés. Par exception, la jurisprudence a admis ce retrait pour les actes individuels à la
demande de leur bénéficiaire.
37
CE, 17 juin 1955, Silbertein ; CE, 29 novembre 2002, Assistance publique des hôpitaux de Marseille.
Esquisses de corrigés d’exercice de Droit administratif de Bassirou Soumaré titulaire de
deux Masters en Droit et d’une attestation de participation au Tutorat de Droit en 2005
de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (U.C.A.D.). Contacts 221 77 747 94 83,
Médina Darou Sor St Louis du Sénégal. Agent de Banque au SENEGAL/Janvier 2021.
~ 86 ~
Concernant les actes individuels réguliers créateurs de droit, le retrait est en principe impossible.
Pour les actes individuels irréguliers créateurs de droit, la règle traditionnelle provenait de l'arrêt Dame
Cachet (C.E 3 novembre 1922) selon lequel l'administration pouvait retirer l'acte illégal tant que le juge
de l'excès de pouvoir était compétent pour l'annuler. Depuis l’arrêt Ternon (CE Ass, 26 octobre 2001),
le retrait est possible dans le délai de quatre mois à partir de la date d’édiction de la décision. Au
Sénégal, il n’y a pas eu de dissociation entre les délais du recours et du retrait (Cf. CS, 19 avril 1967,
Samba Cor SARR).
B. La faute personnelle commise dans l’exercice des fonctions comme faute non
intentionnelle :
B. La faute lourde :
- Faute matériellement détachable du service car n’ayant aucun rapport avec l’exercice du service, ni
de par son objet, ni de par son but.
- Faute qui n’est pas matériellement détachée mais qui est intellectuellement détachable du service.
Cette faute peut revêtir le caractère d’une faute personnelle, intentionnelle ou d’une faute lourde
inexcusable.
B. La responsabilité administrative :
- Cumul de faute ou responsabilité (faute personnelle non dépourvue de tout lien avec le service). La
faute détachée dans ce cas doit être commise à l’occasion de l’exercice des fonctions (par un objet
du service, pendant les heures du service ou dans les locaux du service.
* Le service public n’est pas désigné exactement par la jurisprudence. L’accent es mis sur un faisceau
d’indices CE : 28 juin 1963 NANCY
* Service public un critère en crise au profit de gestion publique gestion privée mais service
toujours critère d’application du droit administratif.
* Pour la responsabilité administrative, art 142 du C.O.A. Responsabilité pour faute de service
et art 11 du C.O.A. Définition du service public activité « toute personne morale de droit public
en vue de satisfaire un besoin d’intérêt général. »
Problématique : Quels sont les critères de mise en œuvre de la légalité administrative(ou Droit
administratif) ?
Le droit administratif a la particularité d’être à la recherche d’un critère permettant de dire de manière
certaine quand le droit administratif est applicable et donc quand le juge administratif est compétent.
Les notions proposées n’ont pas permis à elles seules de déterminer le champ d’application du droit
administratif.
Cette tâche a opposé à la fin du 19e et au début du 20e siècle deux écoles se fondant sur deux
notions fondamentales : l’école de la puissance publique et celle du service public.
L’école de la puissance publique était animée par le Doyen de la Faculté de droit de Toulouse,
Maurice Hauriou (1856-1929). Selon cette école, on ne peut définir le droit administratif qu’à partir des
procédés typiques utilisés par l’administration.
L’école du service public qui a eu comme tête de fil, le Doyen de la Faculté de droit de Bordeaux,
Léon Duguit. Pour cette école, le droit administratif s’applique au service public défini comme
l’activité d’une personne publique visant à satisfaire un besoin d’intérêt général. En fait, cette école
s’appuyait sur l’idée selon laquelle l’activité publique est entièrement consacrée à la gestion du service
public. Ainsi, le droit administratif ne s’explique et ne trouve sa raison d’être que dans les exigences
du service public.
Il y a eu un déclin de la notion de puissance publique et une crise de celle du service public en tant
que notions explicatives du droit administratif.
La notion de puissance publique comme champ d’application du droit administratif a connu un déclin
car d’une part, elle était critiquée au nom de l’idéal démocratique et d’autre part, elle ne rendait pas
compte de toute l’activité de l’administration. En effet, l’administration n’utilisait pas toujours la
puissance publique dans l’exercice de ses activités. Il est apparu des services de l’administration dont
l’objet est économique. Ce sont les services publics industriels et commerciaux reconnus par le
Conseil d'Etat et le Tribunal des conflits et qui fonctionnent dans des conditions comparables à des
entreprises privées, c’est-à-dire sans l’emploi de procédés de puissance publique.
La notion de service public qui a joué un rôle important dans le développement du droit administratif
est entrée en crise dans les années 1920. Durant cette période, la double relation entre service public
et droit administratif et entre service public et personne publique (âge d’or du service public) est
rompue.
Cette rupture est due à la prise en charge d’activités de services publics par des personnes privées
mais également par l’émergence des SPIC fonctionnant dans les mêmes conditions que les
entreprises privées et soumis au juge judiciaire. Donc, il pouvait exister des services publics exercés
par des personnes privées et des services publics soustraits à l’empire du droit administratif et à la
compétence du juge administratif (solution consacrée le 22 janvier 1921 par le Tribunal des conflits
dans l’affaire SCOA ou bac d’Eloka).
Il y a donc échec de toute tentative d’explication du droit administratif à partir d’une notion unique. La
doctrine penche vers la combinaison des deux notions. En conséquence, le droit administratif repose
à la fois sur la puissance publique (moyens à mettre en œuvre) et sur le service public (finalité
d’intérêt général).
Cette tâche a opposé à la fin du 19e et au début du 20e siècle deux écoles se fondant sur deux
notions fondamentales : l’école de la puissance publique et celle du service public.
L’école du service public qui a eu comme tête de fil, le Doyen de la Faculté de droit de Bordeaux,
Léon Duguit. Pour cette école, le droit administratif s’applique au service public défini comme
l’activité d’une personne publique visant à satisfaire un besoin d’intérêt général. En fait, cette école
s’appuyait sur l’idée selon laquelle l’activité publique est entièrement consacrée à la gestion du service
public. Ainsi, le droit administratif ne s’explique et ne trouve sa raison d’être que dans les exigences
du service public.
La notion de service public qui a joué un rôle important dans le développement du droit administratif
est entrée en crise dans les années 1920. Durant cette période, la double relation entre service public
et droit administratif et entre service public et personne publique (âge d’or du service public) est
rompue.
Cette rupture est due à la prise en charge d’activités de services publics par des personnes privées
mais également par l’émergence des SPIC fonctionnant dans les mêmes conditions que les
entreprises privées et soumis au juge judiciaire. Donc, il pouvait exister des services publics exercés
par des personnes privées et des services publics soustraits à l’empire du droit administratif et à la
compétence du juge administratif (solution consacrée le 22 janvier 1921 par le Tribunal des conflits
dans l’affaire SCOA ou bac d’Eloka).
Il y a donc échec de toute tentative d’explication du droit administratif à partir d’une notion unique. La
doctrine penche vers la combinaison des deux notions. En conséquence, le droit administratif repose
à la fois sur la puissance publique (moyens à mettre en œuvre) et sur le service public (finalité
d’intérêt général).
Pour le contrat, service public critère de détermination du caractère administratif du contrat et critère
d’exécution du contrat.
Pour la responsabilité administrative, art 142 du C.O.A. Responsabilité pour faute de service et art 11
du C.O.A. Définition du service public activité « toute personne morale de droit public en vue de
satisfaire un besoin d’intérêt général. »
Puisque les mesures de police sont potentiellement dangereuses pour les libertés publiques,
l’obligation de les motiver est forte. Elle est imposée en France par le législateur (voir l’article 1er de la
loi du 11 juillet 1979). Au Sénégal, le juge a, de son propre chef, élargi le domaine d’application de la
motivation obligatoire à propos des décisions qui restreignent l'exercice des libertés publiques. Il l’a
clairement signifié dans l’affaire LD/MPT38 en sanctionnant l’absence de mo connaître les motifs d’une
décision d’interdiction d’une manifestation pacifique sur la voie publique. Les mesures de police sont
encadrées assez strictement par les textes et sont strictement contrôlées par le juge.
Le juge veille à ce que les autorités de police administrative ne portent pas atteinte à l’exercice d’une
liberté publique, au-delà de ce qui est nécessaire au maintien de l’ordre.
Afin d’empêcher tout arbitraire de l’administration en la matière, il exerce un contrôle dit "maximum".
Ce contrôle consiste à vérifier la proportionnalité de la mesure de police attaquée par rapport au motif
invoqué par l’autorité administrative pour la justifier. Toute disproportion, même légère, entraîne la
censure de la mesure (CE 19-5-1933 Benjamin Gaja). Pour le juge administratif « la liberté est la règle
et la restriction de police l’exception »
Dans l’affaire Alioune TINE (CS 13 octobre 2011), le juge considère que, s’il incombe à l’autorité
administrative compétente, de prendre les mesures qu’exige le maintien de l’ordre, elle doit concilier
l’exercice de ce pouvoir avec le respect de la liberté de réunion garantie par la Constitution. Le Préfet
de Dakar, dans l’arrêté attaqué, s’est fondé sur ce que l’encadrement sécuritaire du rassemblement
pacifique programmé à Dakar à la place de l’Obélisque le 24 Décembre 2010 par la Rencontre
Africaine des Droits de l’Homme (RADDHO) en vue de réclamer le départ du Président Laurent
GBAGBO serait difficile à assurer en raison de la mobilisation des forces de sécurité pour la
couverture du Festival Mondial des Arts Nègres (FESMAN). Le juge lui répondit qu’en se bornant à
invoquer la difficulté de l’encadrement sécuritaire sans même alléguer l’éventualité de troubles à
l’ordre public, il a porté atteinte à la liberté de réunion. S’il est vrai, lui rappelle le juge, que la loi n° 78
– 02 du 29 Janvier 1978 relative aux réunions lui permet en son article 14 d’interdire toute réunion
publique, cette interdiction ne peut intervenir que s’il existe une menace réelle de troubles à l’ordre
public et si elle ne dispose pas de forces de sécurité alors qu’aucun texte n’obligeait l’administration à
faire nécessaires pour assurer la sécurité des citoyens.
38
CE, 25 novembre 1999, B.A, 1999, p.26
Esquisses de corrigés d’exercice de Droit administratif de Bassirou Soumaré titulaire de
deux Masters en Droit et d’une attestation de participation au Tutorat de Droit en 2005
de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (U.C.A.D.). Contacts 221 77 747 94 83,
Médina Darou Sor St Louis du Sénégal. Agent de Banque au SENEGAL/Janvier 2021.
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L’exercice du pouvoir de police est soumis à un contrôle étendu de légalité parce qu’elles sont
susceptibles de porter atteinte aux libertés. La légalité des mesures de police est étroitement liée à
leur nécessité.
Le caractère nécessaire des mesures de police a pour corollaire, le principe de prohibition des
interdictions « générales et absolues »
Dans l’affaire Daudignac (CE, 22 juin 1951), le juge rappelle à l’autorité administrative que seul le
législateur peut instaurer un régime d’autorisation préalable ou de déclaration préalable. Les
interdictions « générales et absolues » sont illégales s’il est possible de parvenir au but à atteindre par
une décision moins rigoureuse. (CE, 24 octobre 1986, Fédération française des sociétés de protection
de la nature).
Les mesures de police ne peuvent être prises que dans le but exclusif qui leur est assigné, c’est-à-
dire le maintien de l’ordre public.
Le juge n’hésite pas à annuler une qualification lorsque celle-ci lui parait ne pas correspondre à la
réalité39. Dans l’affaire ayant opposé And Jef/Parti Africain pour la Démocratie et le Socialisme
(AJ/PADS) et l’Etat du Sénégal, le juge a considéré dans sa décision du 24 décembre 2009,qu’il ne
ressort pas des éléments du dossier que le risque de télescopage allégué au siège du parti
A.J./P.A.D.S entre les partisans de Landing SAVANE, le SG et ceux de Mamadou DIOP DECROIX, le
SG adjoint fut de nature à menacer l’ordre public. Dans cette affaire, le Gouverneur de Dakar avait
ordonné la fermeture provisoire du siège du Parti A.J./P.A.D.S en invoquant dans son arrêté des
risques de troubles à l’ordre public découlant du différend ayant opposé Landing SAVANE et
Mamadou DIOP DECROIX, Pour le juge, des mesures de police appropriées, pouvaient être prises en
l’espèce sans aller jusqu’à la mesure extrême de fermeture du siège du parti.
Il faut noter que les mesures de police ont une rigueur variable en fonction de circonstances de temps
ou de lieu. En effet, les pouvoirs de police sont plus étendus en temps de crise (état d’urgence par
exemple) ou en période de circonstance exceptionnelle (épidémie ou calamité naturelle) qu’en période
normale. De même, ils sont plus étendus s’il s’agit de la voie publique que s’il s’agit d’un domicile privé
non ouvert au public (veiller à la tranquillité ou à la salubrité publique) ou un lieu ouvert au public
(café, bar, restaurant).
39
Dans l’affaire Sté Frampar, le CE estime qu’une saisie de journaux ordonnée par le Préfet d’Alger en 1956 et 1957, dont
l’objet était d’empêcher la diffusion d’articles susceptibles d’entrainer des troubles à l’ordre public (et non de conserver les
preuves d’une infraction comme il le prétendait), ne pouvait être présentée comme une mesure de police judiciaire mais
constituait en réalité une mesure de police administrative (CE Ass, 24 juin 1960, Sté Le Monde et Sté Frampar).