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Tema 14.
Concept de grammaire : réflexion sur la langue et son apprentissage. De la
grammaire normative à la grammaire en fonction de l’emploi de la langue
et de la communication
Les emplois flous et multiples du terme grammaire ont donc comme résultat un manque
d’homogénéité dans la façon dont chacun conçoit la grammaire, la teneur d’un enseignement
grammatical et son rôle dans l’acquisition d’une langue étrangère.
C’est sans doute dans les représentations sur la grammaire et dans les rapports que
chacun établit entre grammaire et apprentissage d’une langue étrangère que l’on peut trouver
des explications partielles aux attitudes individuelles et culturelles manifestées autour de la
grammaire.
C’est ainsi que le débat a longtemps porté sur la nécessité ou non d’expliciter la
grammaire. Si pour certains, le fait de passer par une phase d’explicitation d’un problème
grammatical inexistant dans la langue maternelle apparaît comme inévitable, pour d’autres
grammaire et aspect utilitariste de l’apprentissage d’une langue s’excluent, c’est-à-dire,
l’enseignement ne doit pas porter sur la grammaire, mais sur l’emploi effectif de la langue.
Par ailleurs, les attitudes des enseignants envers la grammaire dépendent d’un certain nombre
de facteurs :
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Centro de Estudios Tecnoszubia
Comme nous l’avons déjà signalé, le débat se situait au niveau de la nécessité ou non
d’expliciter les règles de la grammaire et du rôle de cette explicitation dans l’acquisition. Au
début, certains tenants de l’approche communicative sont partis d’un constat qu’on pourrait
qualifier de naïf : il est impossible de se passer d’activités de description sur la langue
étrangère, d’où la réapparition de tableaux de grammaire et d’exercices plutôt traditionnels.
Mais d’un point de vue méthodologique, la réflexion devrait porter sur les relations et sur la
dynamique qui s’établit entre les divers facteurs accompagnant l’acquisition grammaticale,
que nous pouvons schématiser comme suit :
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Profesores de Enseñanza Secundaria – Francés
Dans cette perspective, les activités de conceptualisation sont donc à privilégier, car
elles permettent, dès le début de l’apprentissage, d’aider l’apprenant à se construire des
repères qu’il suivra tout au long de son apprentissage, et à lui donner une démarche qu’il
pourra s’approprier pour le traitement des informations grammaticales auxquelles il sera
exposé dans le contact avec la langue étrangère ou dans les explicitations fournies par le
professeur et par le manuel :
le détour par la conceptualisation vise une conception de l’apprentissage comme une entreprise à long
terme, une démarche prédictive, un système générateur et ouvert qui renforce l’autonomie de l’apprenant
(Berthoud et Py, 1993).
Il s’agit moins en somme d’aider l’apprenant à mémoriser, puis à formuler des règles de
façon détaillée, que de l’amener à trouver des concepts opératoires qui lui donnent les
moyens, face à un problème grammatical, d’exercer ses capacités d’observation, de
classement et de questionnement.
échec peut être lié au déficit de formation continue de l’enseignant, ce qui a comme
conséquence l’impossibilité, pour lui, de construire ses propres outils d’enseignement.
Comme le fait noter Évelyne Bérard, le professeur pourra construire ses outils
d’enseignement s’il a la possibilité de gérer lui-même son parcours de formation, et en ce
sens, il est nécessaire qu’un certain nombre de conditions soient réunies : temps de formation
intégré au temps de travail, outils disponibles, ressources. Si ces conditions sont réunies, la
formation aura comme objectif de faire évoluer l’enseignant sur trois axes :
— dans le cadre d’une formation théorique lui permettant de maîtriser les théories de
référence de l’approche communicative.
Cette compétence que l’enseignant doit acquérir en formation montre que l’on ne peut
pas faire l’impasse sur l’autonomie du professeur si l’on prône celle de l’apprenant. Cette
autonomie passe par un parcours de formation exigeant qui est sans doute souvent éloigné des
situations réelles, mais qui n’en demeure pas moins souhaitable.
la langue étrangère repose ici sur un apprentissage fractionné et progressif d’un ensemble de
structures mises en situation : chaque leçon introduit une ou deux difficultés grammaticales
selon une organisation qui s’appuie surtout sur la structure de la phrase. Si l’apprentissage des
formes est privilégié, elles sont par contre enseignées en fonction des situations. Dans ce type
de méthodologie, la grammaire est implicite, on ne fait pas référence à un métalangage
grammatical ; il s’agit essentiellement, à travers la pratique d’exercices systématiques sur les
structures, de mettre en place de manière automatique la langue étrangère, comme s’il
s’agissait d’acquérir des réflexes.
L’approche communicative, enfin, mise en place à la fin des années 70, accorde la
priorité à la valeur illocutoire de la langue, par conséquent aux fonctions, aux actes de parole.
Ce que l’on nomme grammaire dans les méthodologies précédentes, passe alors au second
plan et n’est conçu que comme un moyen de réaliser des actes de parole. Par conséquent, les
entrées permettant d’organiser le matériel didactique vont s’appuyer sur les actes de parole, et
les éléments grammaticaux vont être considérés comme des supports permettant de réaliser tel
ou tel acte de parole.
Cette approche de la grammaire est sans doute liée aux travaux effectués sur l’analyse
d’erreurs, celles-ci étant la manifestation observable de l’interlangue ; mais aussi aux
réflexions portant sur l’acquisition langagière en langue maternelle, où l’enfant n’a pas besoin
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Centro de Estudios Tecnoszubia
On retrouve ainsi dans les manuels à visée communicative une organisation de l’unité
didactique qui part souvent d’un ou plusieurs dialogues présentant une situation. À partir d’un
objectif de communication formulé d’une manière plus globale qu’un acte de parole, sont
intégrés des contenus qui relèvent des différentes composantes de la compétence de
communication. Or, ces contenus semblent se regrouper entre deux pôles : un pôle
communicatif (qui inclut les actes de parole, des éléments socio-culturels, extralinguistiques
et la composante discursive) et un pôle grammatical qui apparaît toujours quelque peu
dissocié des autres. Si les deux points clefs de l’approche communicative sont l’articulation
du communicatif et du grammatical et l’établissement d’une progression, assez peu de
manuels semblent par contre apporter sur ces deux points une réponse satisfaisante ; et ce que
R. Porquier écrivait en 1984 semble rester encore vrai pour de nombreux manuels : « la
plupart des manuels notionnels-fonctionnels se bornent à ‘masquer’ la progression
grammaticale assez traditionnelle qu’ils suivent ». Il ressort souvent de ces progressions une
vision d’émiettement des contenus et il faut aller chercher la cohérence dans d’autres
domaines tels que la thématique par exemple.
Par ailleurs, au niveau des pratiques de classe, on trouve un courant qui prône une
progression construite sur les documents de classe, en général authentiques, puisqu’ils
constituent le support privilégié de travail de l’approche communicative. Cependant, ces
documents excluent, de par leur nature même, comme le fait remarquer E. Bérard, la
possibilité de sérier de manière rigoureuse les contenus grammaticaux, et cette approche peut
aussi parfois déconcerter les apprenants qui, par leurs habitudes d’apprentissage des langues,
s’attendent à une organisation de l’enseignement qui repose essentiellement sur la grammaire.
Il est sans doute important que l’approche communicative se soit constituée à partir de
théories de référence diversifiées et qu’elle se soit éloignée de la linguistique structurale. Ceci
s’est traduit dans les pratiques par des effets positifs : l’importance accordée au sens, le
déplacement de l’unité de travail de base des méthodes audio-visuelles (la phrase) vers le
discours, le fait de tendre rapidement vers une communication mieux ancrée dans le réel sont
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autant d’éléments qui ont trouvé leur place et fait progresser les pratiques d’enseignement
d’une langue étrangère. Or, dans le cadre de la grammaire, le déplacement d’une tradition
normative vers une approche grammaticale globalisante ne peut être possible qu’après une
réflexion théorique trop souvent absente des programmes de formation des enseignants.
Il ressort, de tout ce qui vient d’être dit, que des essais sont faits, avec plus ou moins de
bonheur, pour mettre en relation approche communicative et grammaire. Ainsi, les premières
unités des méthodes portent souvent sur les salutations : bonjour, madame, comment allez-
vous? salut, ça va? Et nous voilà engagés dans le jeu du tutoiement et du vouvoiement et des
formes variées de l’interrogation ; d’abord par simple imprégnation globale dans des
situations claires, puis, petit à petit, par analyse des éléments. Constater qu’on dit au revoir
seulement quand on se quitte, mais que bonsoir peut servir aussi bien à l’arrivée qu’au départ,
mais pas à n’importe quelle heure, n’est-ce pas déjà réfléchir à la situation de communication?
Les exemples, de leur côté, ne sont plus des phrases qui n’ont de sens que dans les
grammaires, sans contexte ni situation. Les élèves ont peu de chances de retrouver des
énoncés tels que Pierre est un homme, Marie est une femme ; ils pourront lire plutôt de petites
annonces, des modes d’emploi, des bulletins météorologiques, des horoscopes, etc. qui sont
de la grammaire vivante, de la langue en emploi, bref de la communication.
Références bibliographiques