Vous êtes sur la page 1sur 9

Profesores de Enseñanza Secundaria – Francés

Tema 50.
Du Palais de Versailles à la Pyramide du Louvre : l’architecture
française et son influence à l’extérieur, du XVIIe s. à nous jours.
Introduction : l’architecture et ses transformations. 1 Du XVII e au XVIIIe : de l’architecture d’État à
l’utilité publique. – 1.1. Le classicisme. – 1.2. Le baroque. – 1.3. L’influence des Lumières : l’utilité
publique. 2. Le XIXe siècle. – 2.1. Architecture néoclassique et néogothique. – 2.2. Les nouveaux
matériaux.. 3. Le XXe siècle. – 3.1. Après la Première Guerre mondiale : le fonctionnalisme. – 3.2. Après
la Seconde Guerre Mondiale : architecture organique et postmodernisme. Annexe : quelques
constructions à Paris. Conclusion. Bibliographie

Introduction : l’architecture et ses transformations

L’architecture révèle non seulement l’évolution du goût, mais aussi l’influence de la


structure économique et sociale, avec la spéculation, les bénéfices, la loi de l’offre et de la
demande; mais cet art pose des questions différentes de celles de la peinture ou de la sculpture.
Dès les origines, l’architecte bâtit en effet un matériel bien indispensable. Trois facteurs,
entraînés par la révolution industrielle déterminent son évolution :

1.— changements dans les techniques de construction : à partir du XIXe siècle, la


construction en pierre va être délaissée au profit de nouveaux matériaux : le fer, le verre et le
béton. On donne aux usines une structure de fonte et de fer dans une enveloppe en brique et en
verre.

2.— les nouveaux types de bâtiments : l’architecture ne vise plus seulement à la


construction de monuments, de palais, de cathédrales. L’évolution de la société fait apparaitre de
nouveaux besoins : gares, immeubles de bureaux, grands magasins, zones d’habitation à forte
densité définissent les nouveaux espaces. Plus que l’architecte, lié à l’art par sa formation
académique, c’est l’ingénieur, de formation plus empirique, qui prend l’initiative.

3.— le développement d’une politique de construction : les grandes concentrations


urbaines (les cités industrielles), qui représentent un changement brutal de la demande, posent de
nouveaux problèmes d’urbanisme et de construction. Si l’architecture du passé a été celle du
pouvoir — temples, palais, monuments funéraires— celle du XXe se trouve confrontée aux
besoins de la population. L’urbanisme devient une discipline à part entière, et on s’intéresse au
logement de masse : distribution des espaces en fonction de leur usage, importane des
conditions d’hygiène (ventilation, lumière), différenciation de zones (résidence, industrie,
services, loisirs), dessin des réseaux de circulation. On en vient à créer un style international dont
les principaux thèmes sont développés dans la Charte d’Athènes. Rédigé en 1933 par un groupe
d’architectes, ce manifeste comporte cinq rubriques : habitation, loisirs, travail, circulation,
patrimoine historique. Il sera remis en forme et publié par Le Corbusier en 1942.

Ces facteurs parallèlement une évolution dans la conception même du métier : l’architecte
est de moins en moins un artiste ou un artisan, et devient de plus en plus un technicien, soumis
aux lois du marché, de l’offre et de la demande à tel point que, dans la plupart des cas, ce sont les
entreprises de construction, et non plus les architectes, qui créent le style de l’environnement
urbain.

1
Centro de Estudios Tecnoszubia

1. Du XVIIe siècle au XVIIIe : de l’architecture d’État à l’utilité publique

Les grandes constructions de cette période sont une « affaire d’État ». Richelieu,
Mazarin, Louis XIV commandent la construction de palais et de monuments et aspirent à
créer un art national, représentatif des valeurs françaises. Une nette différentiation s’etablit
alors entre les oeuvres officielles et les constructions privées, ces dernières adoptant le plus
souvent les tendances internationales. Mais une autre différence sépare constructions publiques
et privées : les premières évoluent vers une ligne baroque opposée en tout à la fonctionnalité
de plus en plus recherchée dans les constructions privées.

La réflexion sur les usages et leur traduction architecturale s’appronfondit par la suite, en
même temps que naît une opinion publique indépendante du pouvoir monarchique avec laquelle
les hommes de l’art vont devoir compter désormais. Sous l’influence des Lumières, on verra
donc s’imposer la notion d’utilité publique.

1.1. Le classicisme 

Sous le cardinal Richelieu et sous Mazarin, les principes qui guident l’architecture sont
ceux de l’ordre, l’équilibre et l’harmonie (esprit rationaliste typiquement français qui
s’impose en même temps en littérature). Trois bâtisseurs se font les interprètes de ces critères
esthétiques incarnant le cartésianisme architectural : Jacques Lemercier, François Mansart et
Louis Le Vau. En combinant des éléments hérités de la Renaissance française, en les
harmonisant avec des solutions romaines, ils donnent lieu à des structures dont l’ordre, la beauté
froide et le maintien de l’angle rect sont les clés.

— Jacques Lemercier : issu d’une longue dynastie d’architectes parisiens, après un


séjour en Italie, il commence à travailler pour le roi. En 1624, il est chargé par Louis XIII
d’un projet très ambitieux : l’agrandissement du Louvre. Mais il doit surtout sa renommée à
Richelieu, qui lui confie les tâches les plus importantes de sa carrière : le Palais-Cardinal,
devenu par la suite Palais Royal, la chapelle de la Sorbonne, le château et l’église de Rueil et,
en 1631, le château et la ville de Richelieu. À Paris, il construit l’Oratoire et l’église Saint-Roch
et succède à Mansart dans la direction des travaux de Val-de-Grâce.

— François Mansart : En 1635, Gaston d’Orléans, frère du roi, lui confie un vaste
projet, la renovation du Château de Blois et la construction, à Paris, de nombreuses maisons
particulières. À cette date il a déjà réalisé de nombreux travaux importants : la façade de la
chapelle des Feuillants, à Paris (1623), le château de Berry à Fresnes (1623) et le château de
Balleroy (1629). Il construit, entre autres, le bâtiment actuellement occupé par la Banque de
France (archétype du palais parisien) et de nombreuses maisons particulières. Rompant avec
la tradition des pavillons latéraux, il augmente la surface habitable en ajoutant un étage. Son
oeuvre maîtresse et la seule qui nous soit parvenue avec la décoration originelle est le
Château de Maisons, à Maisons-Laffite, commandé par René de Longueil en 1642. Mais il se
charge également de constructions religieuses et conçoit le projet (fini par Lemercier) du Val-
de-Grâce, inspiré de l’Escorial et combinant un couvent, un palais et un temple, et la chapelle
du château de Fresnes.

— Louis le Vau : il travaille presque exclusivement dans des projets officiels.


Successeur de Lemercier au poste d’architecte du Louvre et des Tuileries, nommé architecte
du roi sous Louis XIV, il entreprend les travaux d’agrandissement du Palais Royal et surveille

2
Profesores de Enseñanza Secundaria – Francés

les travaux du Palais de Versailles. En 1654 il entreprend le remaniement des pavillons et de la


cour sud du Château de Vincennes. Dans le domaine religieux, il réalise l’église Saint-Louis-en-
l’Île (1664) et la chapelle de l’hôpital de la Salpétrière. Il édifie aussi le collèges des Quatre-
Nations (actuel Institut de France), l’hôtel Tambonneau (commencé en 1642) et l’hôtel de
Lionne (commencé en 1662). Son style évolue progressivement du classicisme de la première
moitié du siècle vers le baroque.

1.2. Le baroque

Sous Louis XIV, le style classique et rationaliste des monuments publics s’efface au
profit du baroque. C’est à cette époque qu’apparaissent certaines constructions typiquement
françaises, adoptées ensuite par d’autres pays européens, notamment les « jardins à la
française ». Principaux architectes de la période : 

— Hardouin-Mansart (petit-neveu de Mansart). Il met en pratique les formules de la


ligne officielle dans de nombreuses constructions, parmi lesquelles le dôme des Invalides. Il
travaille aussi à la chapelle du château de Versailles. Dès 1673, il participe aux travaux
entrepris à Versailles par le roi. Il y sera chargé de diverses missions, en particulier, l’édification
de l’Orangerie (1681-1686), de la chapelle (1689) et du Grand Trianon (1687). Également
urbaniste, il érige à Paris la Place des Victoires, sur plan circulaire (1685) et élabore le projet de
la place des États à Dijon. Il dirige en outre le chantier de la Place Vendôme, conçue par son
grand-oncle Marsant, sur plan carré et avec des angles coupés.

— François Blondel : plutôt intéressé à l’urbanisme, il prépare pour le roi un projet


d’agrandissement de la ville de Paris et construit entre autres la Porte Saint-Denis et la Porte
Saint-Antoine.

— Bruant : disciple de Le Vau, il construit à Paris la Chapelle de la Salpetrière et l’Hôtel


des Invalides, pour lequel il adopte le plan de l’Escorial.

— Claude Perrault : versé tout autant dans les sciences que dans les humanités, il signe
non seulement des oeuvres littéraires, mais aussi des écrits théoriques d’architecture. .Architecte
très actif dans les milieux officiels, il fait partie d’une commmission chargée de concevoir le
programme de la façade orientale du Louvre. À Versailles, il élabore différents plans d’intérieurs
et dessine entre autres la grotte de Téthys, le Bain de Diane et le Grand Canal.

— Le Nôtre : il impose une nouvelle conception du jardin en Europe et crée la mode du


jardin à la française. Le plus célèbre reste sans doute celui de Versailles, point culminant
d’une évolution qui dure plus d’un siècle et modèle de la notion baroque de l’espace.
L’élément de base en est l’axe longitudinal au milieu duquel se dresse le palais, des voies
transversales et des schémas rayonnants donnant l’impression d’un espace en expansion,
impression renforcée par le dynamisme des fontaines, des bassins et des canaux. L’influence
du « style Versailles » se laisse sentir en Espagne (Madrid, Palais de la Granja), en Italie
(Naples, Palais de Caserte), au Portugal (Lisbonne, Palais de Queluz), etc.

1.3. L’influence des Lumières : l’utilité publique

En France, la période rococo qui s’ouvre peu après la mort de Louis XIV voit
l’appronfondissement des recherches concernant les agencements intérieurs. Les exigences du

3
Centro de Estudios Tecnoszubia

« paraître » doivent composer avec un désir d’intimité grandissant qui conduit à spécialiser les
pièces de l’habitation, à multiplier les cabinets, les garde-robes et les dégagements, tandis que les
premiers couloirs font leur apparition dans les demeures de la noblesse et de la grande
bourgeoisie.

En même temps, sous l’influence des penseurs des Lumières, on voit s’imposer la
notion d’utilité publique : la pratique architecturale la plus ordinaire, celle qui consiste à élever
des immeubles dans les villes, obéit déjà à des impératifs de rentabilité. Sans tomber dans la
pauvreté formelle de ses productions, ne conviendrait-il pas de rénover la grande commande
architecturale, d’en redéfinir les principes, d’en étendre le champ, d’en varier les moyens?
Conçue au début des années 1770, la saline d’Arc-et-Senans de Ledoux constitue le prototype
d’une architecture utile, en même temps qu’elle témoigne d’un changement de style à base de
volumes simples et autonomes.

Les changements dans la structure sociale semblent se refléter aussi dans la conception
architecturale : la différence entre public et privé, autrement dit, entre monumentalité et
fonctionnalité témoigne ainsi du passage de la société d’ordres à la société de classes qui
naîtra de la Révolution. Contrairement au monument qui implique la manifestation d’une
souveraineté sans partage, le couple équipement-habitation renvoie aux rapports beaucoup plus
complexes qui commencent à se nouer entre gouvernement et population.

2. Le XIXe siècle

2.1. Architecture néoclassique et néogothique

Au début du XIXe l’Europe imite l’antiquité classique. Alors qu’en Angleterre et en


Allemagne on voit triompher l’influence grecque (« greek revival ») comme dans la National
Gallery ou le British Muséum, en France c’est le style romain qui s’impose : Napoléon charge
ses architectes de la construction de bâtiments et de monuments censés traduire ses exploits
militaires. La place de la Concorde est rendue le coeur de la capitale, sur la place Vendôme est
dressée une colonne commémorative qui, à l’exemple de la colonne Trajane, retrace les exploits
napoléoniens. L’Église de la Madeleine, inspirée de la Maison Carrée de Nîmes, se présente
comme un temple corinthien. En 1806 est élevé sur des plans de Percier et de Fontaine l’arc de
triomphe du Carrousel et la même année est décrétée la construction de l’arc de triomphe de
l’Étoile, le plus grand du monde, qui sert d’axe à l’un des tracés radiaux les plus spectaculaires
de l’urbanisme mondial.

Vers la moitité du siècle, ce style néoclassique se voit concurrencé par le néogothique,


prôné surtout par les Romantiques), qui s’impose dans l’édification des églises et des châteaux,
tandis que le néoclassicisme est adopté par les bâtisseurs d’édifices publics et officiels. La
polémique entre les partisans des deux styles dure tout au long du siècle et engendre une certaine
confusion à laquelle contribuent d’autres courants historicistes, tels que le style néobaroque,
illustrès par l’Opéra de Paris (1861-1874) et par le Palais de Justice de Bruxelles (1866-1883) ou
la tendance exotique-orientale (l’Espagne voit surgir une série de couvents et d’églises dans le
goût mudéjar). Tout cela aboutit finalement à de véritables pastiches.

Le dernier quart du siècle, enfin, se caractérise par une accentuation de l’excentricité et de


l’opulence grandiloquente qui correspondent bien à l’image de la bourgeoisie enrichie sous le
Second Empire.

4
Profesores de Enseñanza Secundaria – Francés

2.2. Les nouveaux matériaux

Parallèlement à ces courants historicistes, le XIXe siècle voit se multiplier les constructions
en fer, en verre, en béton armé, et, à partir de 1860, en acier. Cette bipolarité témoigne en fait
de la scission de deux professions qui avaient été jusque-là étroitement liées : celle d’architecte et
celle d’ingénieur. Alors que les ingénieurs font leurs études dans des écoles ou des universités
techniques, les architectes s’inscrivent, comme les peintres, dans des académies, ou sont
apprentis dans des ateliers. Cette formation «artisanale» leur donne une tournure d’esprit plus en
rapport avec le reste des arts plastiques, et la majorité de ces artistes-architectes ont en aversion
la civilisation industrielle et se tiennent à l’écart des nouveaux matériaux et des techniques
récentes.

L’adoption des nouveaux matériaux n’est pas toujours une option aisée. De fait, assimilés
au monde de la machine, ils sont très souvent rejetés par les intellectuels et les artistes qui se
sentent plus attirés par une «architecture du sentiment» qu’ils opposent à l’ère deshumanisante
de la machine.

Au cours des trois premières décennies du XIX e siècle, de nombreux ponts métalliques
sont construits en Europe plus spécialement en Grande Bretagne, qui grâce à l’essor de son
industrie sidérurgique domine alors le continent. D’artre part, la structure en fonte est adaptée à
des édifices dont l’enveloppe externe s’inscrit dans un courant historiciste ou pittoresque. En
France, l’emploi du fer s’intensifie à partir de la Restauration, mais souvent en coexistence avec
des éléments traditionnels (structures en fer recouvertes de pierres de style gothique (églises
Saint-Clotilde et Saint-Eugène, à Paris). Enfin, l’emploi du ver permet de créer des toits et des
murs transparents qui ouvrent la voie à d’importantes recherches sur la luminosité.

Parmi les premiers exemples de l’introduction de ces nouveaux matériaux, on peut citer:

— la Bibliothèque Nationale (1858-1868), chef d’œuvre d’Henri Labrouste, l’un des


premiers à montrer les possibilités esthétiques du fer, au-delà de son utilité. La partie la plus
spectaculaire de l’édifice, la réserve, est entièrement recouverte d’un toit en verre.

— les anciennes Halles Centrales de Paris (Baltard, 1833), premier marché en fer de
l’Europe,

— la verrière qui couvre la Galerie d’Orléans du Palais Royal (Percier et Fontaine)

— la mode des grandes serres, comme celle du Jardin des Plantes (Fleury, 1833) et du
Jardin d’Hiver des Champs Elysées, œuvre de Flamalens, dont les conceptions semblent avoir
inspiré Joseph Paxton pour son Crystal Palace, construit pour abriter la Première Exposition
Internationale de l’Industrie, du Commerce et des Arts à Londres (1851). Le succès de ce
bâtiment est tel qu’il inspirera les pavillons destinés à accueillir les Expositions Universelles
organisées par la suite.

Or, la manifestation la plus importante en France de l’introduction de ces nouveaux


matériaux demeure sans doute la Tour Eiffel, emblème de l’Exposition Universelle de 1889 à
Paris, commémorant le Centenaire de la Révolution Française. Lorsqu’il conçoit ce projet,
Gustave Eiffel a déjà construit l’ossature métallique de la Statue de la Liberté à New York. Il
se propose de réaliser une œuvre non-utilitaire de 300 mètres de hauteur visant à symboliser

5
Centro de Estudios Tecnoszubia

le triomphe des nouvelles technologies et des constructions métalliques. L’audace du


monument suscitera cependant de violentes contestations (article signé par Maupassant et
Zola, entre autres).

La fin du siècle voit naître peu à peu une philosophie nouvelle en matière d’architecture
qui préconise un rejet du monumental. C’est aux Etats-Unis que ce nouveau courant se
concrétise d’abord avec l’« Ecole de Chicago » et ses théories fondées sur le fonctionnalisme
(accord entre la forme et la fonction), puis il atteint l’Europe dans les premières années du
XXe siècle.

3. Le XXe siècle

3.1. Après la Première Guerre mondiale : le fonctionnalisme

Après la première Guerre mondiale, l’avant-garde de l’architecture et son souci pour la


rationalisation de l’espace et pour les formules urbanistiques dominent le panorma de
l’architecture mondiale. En 1931, le musée d’Art moderne de New York accueille la Première
Exposition Internationale d’architecture moderne, où Le Corbusier, Gropius, Oud et Mies Van
der Rohe sont reconnus comme le chefs de file de cette nouvelle architecture à vocation
internationale, comme en témoignent les C.I.A.M. (Congrès Internationaux d’Architecture
Moderne) à partir de 1920. Le style international est également représenté par Alvar Aalto, Erik
Gunnar Asplund, Arne Jacobsen et le groupe rationaliste espagnol G.A.T.E.P.A.C.

— Le fonctionnalisme de Le Corbusier : pendant sa période de formation il collabore


avec plusieurs architectes (J. Hoffmann à Vienne, T. Garnier à Lyon et A. Péret à Paris) et
voyage en Europe et en Asie, ce qui lui permet de découvrir des types variés d’architecture. À
partir de 1918, son association avec le peintre Amédée Ozenfant, préside à la formulation des
principes théoriques du purisme : dans son désir de dépasser le cubisme, le purisme revalorise
le retour aux modèles classiques et propose de réduire l’architecture à des volumes simples
qui maintiennent un équilibre formel. Entre 1914 et 1931, il construit ainsi la Maison
Domino (dont l’ossature en béton armé assure la totale indépendance et permet d’être fabriquée
en grande série), la villa Stein, la villa Savoye (structure sur pilotis, fenêtres en bandeau sur
toute la façade et toit-terrasse).

En 1922, il conçoit son premier projet de cité idéale, destinée à «une ville contemporaine
de trois millions d’habitants». Son ordonnancement devait s’adapter aux nécessités de la vie
moderne : circuler, travailler, se loger, avec une rationalisation de l’espace ainsi que de la
circulation (circulation en ville des piétons et des véhicules, et voies de communication entre les
édifices et les espaces verts qui les entourent). Cette ville idéale devait avoir des gratte-ciels
cruciformes au centre, puis des maisons de six étages dans la zone intermédiaire et des villas à la
périphérie. Ce modèle urbain se trouve à la base de ses plans pour Paris (1925, plan Voisin), pour
Alger (1931, plan Obus), pour Barcelone (1932¸ plan Macià) pour Buenos Aires, Montevideo et
São Paolo entre autres. Son modèle d’immeubles-villas trouve une application directe à l’Unité
d’habitation de Marseille, qu’il conçoit entre 1943-1952.

Le Corbusier est aussi l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages qui ont exercé une influence
dans le monde entier (Vers une architecture, 1923, Urbanisme 1942, la Ville Radieuse, 1935, La
Charte d’Athènes, 1942, Le Moludor, 1950).

6
Profesores de Enseñanza Secundaria – Francés

Le courant fonctionnaliste-rationaliste aura une influence directe sur un groupe de jeunes


architectes espagnols, le G.A.T.E.P.A.C. (Groupes d’artiste et de techniciens espagnols pour une
architecture contemporaine), qui contribue à un renouveau extraordinaire de l’architecture en
Espagne entre 1920-1930.

3.2. Après la Seconde Guerre Mondiale : architecture organique et


postmodernisme

Après la Seconde Guerre mondiale, l’Europe perd sa suprématie dans le domaine de


l’architecture moderne, au profit des États-Unis. Mais, occupée à la reconstruction des villes et
des villages dévastés par la guerre, l’Europe bénéficie d’un essor économique qui entraînera de
profondes mutations sociales et d’importantes transformations du paysage urbain.

Ainsi par exemple :


— le tracé des autoroutes est renforcé ;
— de nouvelles formes d’architecture apparaissent, liées au développement du secteur
tertiaire et de la culture : cinémas, musées, hotels, restaurants, universités,
bibliothèques ;
— l’accélération du processus d’industrialisation et l’adoption des techniques de pointe
améliorent le secteur du bâtiment : les grands édifices en verre et en acier destinés à
des bureaux et des appartements aboutissent à une «troisième ère du gratte-ciel».

Le fonctionnalisme de Le Corbusier continue à jouer un rôle prééminent dans le


domaine de l’architecture et on lui demande conseil pour la planification de Brasilia (projet
réalisé par ses disciples Oscar Niemeyer et Lucio Costa). En 1955 il achève l’un de ses chefs-
d’œuvre, la Chapelle de Notre-Dame du Haut à Ronchamp et son influence s’étend en
Amérique Latine et au Japon . Mais face à ce maintien des principes rationalistes et
fonctionnalistes et aux célébrations des CIAM (jusqu’en 1959), une seconde tendance
apparaît qui dénote un sens beaucoup plus marqué de l’harmonie entre l’architecture et la
nature, représentée par Alvar Aalto et Frank Lloyd Wright : l’architecture organique. Face
au béton armé des rationalistes, elle prône l’emploi du bois, de la brique et de la pierre, pour
harmoniser les constructions avec l’environnement.

Enfin dans les années 60 l’architecture semble se caractériser par une érosion des
certitudes du modernisme et du fonctionnalisme. La remise en cause des principes
architecturaux cristallise au cours des années 1970 en un mouvement que l’on qualifie de
« postmodernisme ». Cependant, cette étiquette a été appliquée aussi bien à des œuvres qui
sont purement postmodernes (comme l’ensemble Antigone de Montpellier, de Ricardo Bofill),
qu’à des œuvres qui se situent plutôt dans le prolongement du modernisme (Institut du monde
arabe de Jean Nouvel).

La critique que ces architectes (p. ex. Peter Blake) font de l’architecture moderne atteint
parfois ses principes de base : le fonctionnalisme, la souplesse de l’espace, le plan libre, la
pureté du style, le recours aux techniques de pointe et la standardisation. Principes qui
semblaient pourtant annoncer et permettre la création de la ville idéale, accueillante,
fonctionnelle et plus humaine. Il semble aujourd’hui que les résultats soient très éloignés des
objectifs et que les architectes modernes aient échoué dans la plupart de ses tentatives de
construire des quartiers authentiques, capables de reproduire les mêmes effets psychologiques
que ceux provoqués par les cadres historiques. Selon Blake, il faut abandonner le mythe des

7
Centro de Estudios Tecnoszubia

gratte-ciel, ainsi que ces gigantesques emblèmes du monde moderne que sont les autoroutes, qui
absorbent ciment, goudron, métal, essence et temps humain, comme il faut en finir avec les
zonages qui divisent les villes en ghettos et conduisent à la destruction de bâtiments.

Le postmodernisme envisage le temps présent d’un point de vue historiciste, comme un


retour sur le passé, sur les origines ; il privilégie la qualité par rapport à la quantité et
préconise la récupération et réhabilitation du patrimoine architectural. D’où la tendance
actuelle à préserver et récupérer plutôt qu’à détruire et agrandir (restauration du quartier du
Marais, à Paris); tendance également marquée par la volonté de répondre a des nécessités en
attribuant aux ensembles réhabilités une fonction souvent très éloignée de leur utilité originelle :
ainsi, à Paris, le Musée d’Orsay a occupé une ancienne gare.

Le mouvement postmoderne se manifeste en fait à travers des approches et des


préoccupations multiples voire contradictoires. Le courant historiciste constitue une de celles-ci,
sans doute la plus familière et la plus indentifiable par le public qui voit les façades des édifices
récents se garnir de pilastres, d’arcatures, de pans coupés ou d’éléments des panoplies classiques.
L’équipe britannique de John Darbourne et Geoffroy Darke, le Belge Lucien Kroll, le Hollandais
Aldo Van Eyck, le Luxembourgeois Léon Krier s’apparentent à cette démarche qui gravite
autour des thèmes de la réhabilitation de l’urbanisme contextuel. Un dernier registre issu de la
tendance organique du modernisme, dont Le Corbusier pourrait, avec la chapelle de Notre-Dame
du Haut, faire figure d’instigateur, constitue une voie dans laquelle on trouve, entre autres, Hans
Scharoun (Philharmonique de Berlin) John Utzon (Opéra de Sidney) et Yamashita Kazumasa.

Parmi les réprésentants du modernisme tardif figurent le Japonais Arata Isokazi, le


Britannique James Stirling et les architectes de l’École de Londres. Quant aux principaux
interprètes de la tendance postmoderne, ce sont Robert Venturi, Philip Johnson, Charles Moore,
Yasufimi Kijima, Robert Sterne et Thomas Gordon Smith.

Il demeure pourtant aléatoire de définir les limites précises du postmodernisme. Il est


difficile de savoir si le postmodernisme est, sous tous ses avatars, l’expression d’un
désenchantement fin de siècle ou le point de départ d’une nouvelle page de l’histoire de
l’architecture, une réinterprétation ou une innovation, une simple fin ou un début.

Annexe : quelques constructions à Paris

1. 1920-1945 :

— École Pratique de Médecine


— Église de St-Pierre de Chaillot
— Mosquée
— Musée d’art moderne
— Musée des colonies
— Musée des Travaux Publics
— Palais de Chaillot
— Pavillon Suisse (Cité Univ. Le Corbusier)
— Pont du Carrousel
— Porte de St-Cloud

8
Profesores de Enseñanza Secundaria – Francés

2. 1945—

— Centre National Georges Pompidou


— Cité des Sciences et de l’Industrie
— Grand Louvre (M. Pei, M. Macary) 1988—1992, au centre de la cour Napoléon
Pyramide inaugurée en 1988.
— Mémorial des Martyrs de la déportation
— Maison de la Radio
— Palais de l’UNESCO
— Tour Maine-Montparnasse.

Conclusion

La France a été, au XVIIe-XVIIe siècle, source d’inspiration pour ses voisins européens en
matière de constructions publiques. Si à partir du XXe les marques de style national disparaissent
sous la poussée d’un style international, il n’en demeure pas moins que la France a continué à
inspirer les pratiques architecturales grâce notamment à l’influence de Le Corbusier.

Le patrimoine architectural d’un pays constitue sans doute un reflet de son histoire, de
l’évolution de ses mœurs. Comme nous le signalions au début, l’architecture ne dépend pas
seulement du goût, mais elle se trouve soumise aux conditionnements économiques, historiques
et sociaux qui façonnent les vies des hommes et les villes qu’ils habitent. Chaque monument,
chaque palais, chaque construction deviennent ainsi témoignage d’un moment historique. C’est
dire en somme que la connaissance d’une culture serait incomplète sans la référence à son
histoire artistique.

Du point de vue de la didactique des langues étrangères, cette référence vient tout
naturellement enrichir la composante socioculturelle que l’apprenant est censé acquérir au cours
du développement de sa compétence de communication. Monuments emblématiques,
promenades simulées sur la carte d’une ville, parcours imaginés à travers la lecture d’une oeuvre
romanesque constituent autant de prétextes à l’introduction, à côté d’éléments purement
linguistiques —tels que la localisation dans l’espace, par exemple— ou pragmatiques —
demander son chemin, indiquer la direction—, de références architecturales, et dans un sens plus
large, socioculturelles.

Bibliographie
CHASLIN, F. (1985) : Les Paris de François Mitterrand, Paris, Gallimard.
COLQUHOUN, A. (1985) : Colquhoun, Recueil d’essais critiques : architecture moderne et
changements historiques, Liège, Mardaga.
FRAMPTON, K. (1985) : Histoire critique de l’architecture moderne, Paris, Sers.
PICON, A. (1988) : Architectes et ingénieurs au siècle des Lumières, Marseille, Paranthèses.

Vous aimerez peut-être aussi