LICENCE 1
COURS
RARIVOJAONA Emile Andrianirina
INTRODUCTION
Le droit constitutionnel fait partie du droit public. Cette matière concerne les règles relatives à la
forme de l'État en tant que sujet, à l’organisation des relations entre le pouvoir exécutif, le pouvoir
législatif et le pouvoir judiciaire, à la participation des citoyens à l'exercice de ces pouvoirs et aux
différentes formes de constitution.
Nombreux sont les théories concernant l’exercice du pouvoir mais ce qui nous intéresse concerne la
vision juridique de celui-ci. Il est à remarquer qu’il ne faut pas être simpliste et penser que le droit
constitutionnel est le droit de la constitution.
La démarche et le raisonnement juridique ne peut se suffire à lui-même dans le cadre de notre cours.
Il faut aller au-delà de ce qui et penser à ce qui devrait être. Parler de l’exercice du pouvoir va de
pair avec la connaissance des actualités politiques et institutionnelles.
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CHAPITRE 1 - L’ETAT
Section 1. Définition
L’Etat peut être défini sous plusieurs angles : sociologique, philosophique, juridique. Ce qui nous
intéresse évidemment, c’est la définition juridique, et plus précisément la définition en droit
constitutionnel qui est à nuancer avec celle en droit international public.
Le plus souvent, l’Etat est défini à travers les éléments qui le composent.
Ils sont au nombre de trois : le territoire, la population et l’existence d’une organisation politique et
juridique.
§1. Le territoire
L’existence d’un territoire est primordiale à la reconnaissance d’un Etat. Le territoire est la
délimitation géographique de l’Etat. Il est à remarquer que le territoire d’un Etat peut comprendre
trois parties :
En cas d’absence de territoire précis et délimité, un peuple ne peut former un Etat. Tel est le cas par
exemple des kurdes, des palestiniens,...
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§2. La population
La population habitant le territoire doit avoir un minimum de cohésion c’est-à-dire une volonté de
vivre ensemble. Les individus peuvent être unis par une langue (pas forcément), par les mêmes
traditions. L’important est qu’ils ont la volonté de vivre ensemble.
Un Etat peut être composé par plusieurs nations. Et inversement, deux Etats peuvent être composés
par une seule et même nation (cas de la Corée du Nord et de la Corée du Sud composés par des
coréens)
Un groupement d’individus ne saurait être qualifié d’Etat sans l’existence d’un pouvoir politique
effectif et réel. En quelque sorte, un « gouvernement » au sens large ou un appareil d’Etat
quelconque.
L’effectivité de cette organisation est un élément essentiel et doit s’entendre comme une aptitude à
commander et diriger l’entité.
Enfin, ce qu’il faut retenir concernant les éléments constitutifs de l’Etat, une fois l’Etat créé, il a la
personnalité juridique, l’Etat étant une personne morale de droit public (cf. cours introduction à
l’étude du droit).
Dans un Etat unitaire, il n’y a qu’un seul ordre juridique pour tout l’ensemble du territoire et de la
population. Il s’agit par exemple de la France comme de Madagascar.
Toutefois, l’Etat unitaire peut être organisé soit en Etat centralisé (qui n’est plus possible aujourd’hui
compte tenu de la réalité démographique, politique et administrative), soit en Etat déconcentré et
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décentralisé. (Voir partie du cours de droit administratif sur l’organisation administrative :
décontraction et décentralisation).
L’Etat unitaire se forme soit sur la base d’un regroupement de plusieurs Etats soit sur l’éclatement
d’un grand Etat. (Cas des Etats de l’Europe de l’Est issus de l’éclatement de l’URSS).
Le fédéralisme peut prendre plusieurs formes. Le système fédéral des Etats-Unis n’est pas le même
que celui de l’Allemagne ou de la Suisse.
Toutefois, le caractère principal d’un système fédéral est l’existence de deux ordres juridiques
superposés ; celui de l’Etat fédéral qui détient les compétences les plus importantes marquant la
souveraineté (défense, relations diplomatiques, monnaie) et celui des Etats fédérés qui disposent de
leurs propres institutions internes. S’y ajoute ensuite le critère de la participation des Etats fédérés
dans le processus de décision au niveau fédéral.
La création d’un Etat fédéral peut avoir lieu par association de plusieurs Etats (cas des Etats-Unis qui
est passé par la confédération) ou par la dissociation d’un Etat (cas de l’union soviétique avant 1991).
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CHAPITRE 2 - LA CONSTITUTION
La constitution est considérée comme étant le statut de l’Etat, ce dernier étant une personne morale
qui ne peut exister en absence de statut. Elle désigne aussi la loi fondamentale d’un Etat.
Sur le plan technique, la constitution est définie à travers ses deux sens : le sens formel ou organique
et le sens matériel, c’est-à-dire en fonction du contenu.
Au sens formel, la constitution désigne des règles établies selon des procédures spécifiques et qui ne
peuvent être modifiées ou révisées que selon aussi des procédures particulières et par des organes
spécifiques, contrairement aux lois ordinaires.
Au sens matériel, la constitution s’entend de toutes les règles relatives à la dévolution et à l’exercice
du pouvoir.
Comme son nom l’indique, il s’agit d’un ensemble de règles rédigées et contenues dans un document
écrit. Quasi la majorité des Etats dispose aujourd’hui de cette forme de constitution.
Il s’agit ici d’un ensemble de règles coutumières et donc non écrites organisant l’exercice du pouvoir.
Certes, la coutume fait partie des sources de droit mais il faut avoir à l’idée que parfois, elles sont
imprécises quant à leur contenu et peuvent s’avérer discontinues quant à leur durée dans le temps.
Le seul exemple d’un grand Etat qu’on peut citer ayant toujours cette forme de constitution est la
Grande Bretagne. Mais même pour elle, certains documents écrits ont valeur constitutionnelle (Act
d’Habeas Corpus de 1679, Bill of Rights de 1689,…)
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n’est pas de moindre importance. On parle alors ici de coutume constitutionnelle qui est à
différencier de constitution coutumière.
Il faut aussi remarquer que pratique politique ne signifie pas coutume source de droit. Cette dernière
doit répondre à des critères précis tels que la répétition, la constance,... (cf cours d’introduction à
l’étude du droit)
Cette situation se produit suite à un soulèvement populaire qui a détruit l’ordre constitutionnel
existant et donc, on est en présence d’un vide juridique (cas de Madagascar en 2009). Elle se produit
également lors de la création d’un nouvel Etat. Ce cas de figure est apparu lors du processus de
décolonisation. C’est aussi le cas lors de la création d’un Etat fédéral où plusieurs Etats abandonnent
leurs souverainetés au profit du nouveau grand Etat (exemple des Etats Unis).
Certes, dans une démocratie, le titulaire de ce pouvoir constituant originaire est le peuple qui est
représenté par les gouvernants. Mais dans les faits, son exercice concret est attribué à un organe
spécifique. Il peut s’agir d’une assemblée constituante qui sera élue ou simplement d’un groupe de
spécialistes qui va rédiger le texte. Le peuple approuvera ou non ensuite par un référendum. Les
procédés sont nombreuses et diverses mais l’important pour un Etat qui se veut démocratique est
l’approbation du peuple c’est-à-dire sa présence lors du processus.
Le terme juridique exact ici est la révision. Il arrive des situations politiques où la révision de la
constitution s’avère nécessaire. Rien n’étant immuable, la révision consiste à modifier certaines
dispositions de la constitution sans pour autant remettre en cause la république en place.
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Certaines révisions ne sont effectuées que pour corriger les lacunes ou bien les imperfections lorsque
la constitution est à l’épreuve des réalités institutionnelles. D’autres ont pour finalité d’opérer des
changements plus ou moins radicaux dans le fonctionnement des institutions.
La constitution est dite souple lorsqu’elle peut être révisée par les organes et selon les procédures
d’adoption des lois ordinaires. Donc le parlement procèdera à la révision par l’adoption à la majorité
simple d’une loi à qui on donne une valeur constitutionnelle.
La constitution rigide est celle qui ne peut être révisée que selon une procédure spécifique, souvent
difficile, et par un organe distinct. Et le plus souvent, cette révision se termine par une consultation
populaire. La suprématie de la constitution par rapport aux lois et règlements trouve ici son
application.
Il est rare aujourd’hui qu’un Etat opte pour une constitution souple. De par le rôle et la valeur même
de la constitution, les Etats préfèrent les constitutions rigides. La stabilité qu’offre une constitution
rigide fait aussi que le choix du pouvoir constituant originaire se tourne vers elle.
L’Etat de droit, pour faire simple, doit s’entendre d’un Etat qui se soumet au droit c’est-à-dire aux
normes juridiques en vigueur. Généralement, on l’oppose au concept d’Etat de police.
§1. Le constitutionnalisme
Le constitutionnalisme est un mouvement qui a soutenu une théorie selon laquelle l’exercice du
pouvoir et sa dévolution doivent être inscrits dans une charte fondamentale servant de règle du jeu
de manière à ce que le souverain ne puisse agir arbitrairement et à sa propre guise. Il s’agissait donc
d’une limitation idéologique et juridique du pouvoir à partir du moment où on consacrait la
suprématie de la constitution.
Au fil du temps, cette barrière contre l’arbitraire est devenue juste une barrière purement formelle
qui peut être révisée mais qui s’est trouvée une place importante dans le paysage institutionnel
lorsque le contrôle de constitutionnalité a trouvé tout son sens.
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§2. Le contrôle de constitutionnalité
Le contrôle de constitutionnalité est effectué soit par une juridiction spécifique soit par les
juridictions ordinaires.
Effectués par les juridictions spécifiques (Haute Cour Constitutionnelle de Madagascar, Cour
Constitutionnelle…), le contrôle de constitutionnalité est qualifié le plus souvent de théorique ou
direct ou a priori. Le contrôle s’effectue alors ainsi : une autorité habilitée par la constitution
(Président de la République, Premier Ministre, une partie des députés...) saisit la juridiction et lui
demande si tel ou tel texte juridique est conforme ou non à la constitution ; si la juridiction prononce
la non-conformité, le texte en question est déclaré inconstitutionnel et n’entrera pas dans
l’ordonnancement juridique.
Lorsque le contrôle de constitutionnalité est fait par les juridictions ordinaires (les Cours
suprêmes,…), on dit qu’il s’agit d’un contrôle indirect ou pratique ou a posteriori. C’est à l’occasion
d’un litige concret que l’une des parties invoque l’inconstitutionnalité d’un texte juridique ; la
juridiction saisie devra alors statuer sur la constitutionnalité ou non du texte avant de statuer sur le
fond du litige. S’il est déclaré inconstitutionnel, il sera écarté pour le litige en cours.
Actuellement, avec l’évolution des constitutions, il existe des constitutions qui prévoient les deux
modes de contrôle. (Cas de la France depuis 2010 avec la question prioritaire de constitutionnalité,
cas de Madagascar avec l’exception d’inconstitutionalité)
Une réflexion s’impose lorsqu’on parle de contrôle de constitutionnalité. En effet, il faut comprendre
que les décisions judiciaires prononcées dans le cadre de ce contrôle ont souvent des portées
politiques. C’est la raison pour laquelle on parle de gouvernement des juges. Le rapport entre le droit
constitutionnel et la régulation du fonctionnement des institutions fait que la jurisprudence
constitutionnelle est issue des aspirations politiques des juges constitutionnels.
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CHAPITRE 3 - LA SEPARATION DES POUVOIRS
Ce chapitre est intitulé ainsi afin de démontrer que dans les régimes politiques contemporains, la
concentration du pouvoir entre les mains d’une seule et même personne n’est plus possible. Il s’agit
donc d’une répartition.
La théorie de la séparation des pouvoirs trouve son origine dans l’histoire de l’Angleterre. De la
monarchie absolue, l’Angleterre est passé petit à petit vers l’acceptation de l’influence du grand
conseil pour être consulté sur des certaines questions comme l’impôt. En parallèle, le roi a aussi
commencé à consulter les autres représentants des bourgs et des comtés.
Au XVe siècle, cette concession du roi a abouti à la consécration du rôle de législateur à la Chambre
des Lords et à la Chambre des Communes avec le roi. Le droit d’initiative des lois et de s’y opposer a
vu le jour.
Pour John Locke, l’État est constitué par trois pouvoirs : le pouvoir législatif, le pouvoir exécutif et le
pouvoir fédératif (pour la conduite des relations internationales).
Montesquieu a pris le dessus en faisant référence à la question de limitation du pouvoir afin que ce
dernier ne dérive et porte atteinte aux libertés individuelles. La séparation des pouvoirs constitue un
aménagement interne de manière à limiter le pouvoir par un autre pouvoir. Est alors apparue cette
séparation des pouvoirs basée sur les attributions de chacun : la puissance exécutrice, la puissance
législative et la puissance de juger.
Au fil du temps et des pratiques constitutionnelles, l’application de cette théorie a été relativisée en
fonction des rapports de force politique tout en ne perdant pas de visu l’objectif principal qui est
l’équilibre des pouvoirs et non le cloisonnement pur et simple.
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Le régime parlementaire qui est aussi dénommée régime des confusions de pouvoir est un régime où
le pouvoir exécutif est issu de la majorité parlementaire. L’exemple type est celui du régime politique
britannique.
Ce régime est caractérisé donc par une séparation souple des pouvoirs. Le mécanisme est
relativement simple : c’est lors des élections législatives que se joue non seulement la composition
du parlement mais aussi le gouvernement. Le chef du parti qui a obtenu la majorité aux élections
législatives devient le Premier Ministre. A ce dernier de former un gouvernement.
Ce type de régime politique est actuellement la plus répandue en Europe. L’un des problèmes
pratiques du régime parlementaire actuellement est la notion de majorité qui est difficile à acquérir
dans les pays multipartites. Le résultat des élections législatives peut ne dégager aucun parti
disposant de la majorité absolue. La conséquence est qu’il faudra faire alliance avec généralement le
parti arrivé troisième des élections pour pouvoir former un gouvernement. Ce qui n’est pas des plus
faciles car la majorité devient variable ; l’alliance peut être rompue à tout moment et donc le
gouvernement sera destitué. C’est pourquoi, certain pays d’Europe mettent plusieurs années à avoir
un gouvernement stable. Il faut refaire et refaire les élections législatives jusqu’à ce qu’un parti
obtienne une majorité absolue ou du moins assez nette pour pouvoir prétendre gouverner.
Le régime de présidentiel est un régime politique de séparation stricte des pouvoirs. L’exemple type
est celui du régime des Etats-Unis.
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A l’exemple des Etats-Unis, le pouvoir exécutif est incarné par le Président. Les ministres ne sont que
des exécutants des ordres du Président. Aussi, ils ne sont responsables que devant lui. Il peut les
limoger à tout moment et en toutes circonstances.
Le Président comme dans tout système démocratique est élu. Le fait qu’il soit élu lui offre non
seulement une légitimité mais aussi une large marge de manœuvres dans ses actions. Ainsi, il
concentre tous les pouvoirs de l’exécutif entre ses mains. L’absence d’un Premier Ministre (il n’y a
qu’un Vice-président désigné par le Président lui-même) dans ce type de régime politique permet de
donner en apparence tous les pouvoirs au Président. Cette personnification du pouvoir est telle que
le parlement doit jouer son rôle de contre-pouvoir afin d’éviter les dérives.
§2. Le parlement
L’exemple des Etats-Unis offre l’idée de ce que doit être un parlement dans un régime présidentiel.
Ce parlement est bicaméral. Dénommé congrès, le pouvoir législatif américain a été divisé en deux le
Sénat et la Chambre des représentants.
Le Sénat aux Etats-Unis, puisqu’on est dans un système fédéral, représente les Etats fédérés. Les
sénateurs sont élus pour un mandat de six ans renouvelable par tiers. Chaque Etat dispose de deux
sénateurs quelque que soit le nombre de population de l’Etat.
La Chambre des représentants est composée de 435 représentants élus au scrutin majoritaire. Leur
mandat est de deux ans. Ceci s’explique par une volonté de contrôler le plus souvent les élus.
La Cour suprême est à la tête de l’appareil judiciaire américaine. Elle règle les différends entre les
Etats mais elle est aussi juge en dernier ressort des litiges privés. Symbole du pouvoir judiciaire, la
Cour suprême fait aussi office de contrôleur de tout l’appareil judiciaire.
Les organes institués par la Constitution sont indépendants les uns des autres. Néanmoins, la
Constitution américaine a prévu des mécanismes de manière à ce que les agissements d’un organe
ne soit attentatoires aux libertés individuelles. Ainsi par exemple, la fonction législative qui
appartient au Congrès s’exerce sous le contrôle du Président de la Cour suprême. Cette Cour qui
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procède au contrôle de constitutionnalité des lois depuis un arrêt de principe Marbury contre
Madison.
Il en est de même pour la fonction exécutive. Les deux autres pouvoirs ne sont pas très loin grâce à
leur pouvoir de contrôle que la constitution leur a donné. Ceci s’illustre surtout en matière
budgétaire où le parlement dispose d’un pouvoir très large. Ce qui est un pouvoir considérable
lorsque le congrès voudrait freiner le travail de l’exécutif. Il en est ainsi du rôle du Sénat dans la
nomination de certains agents fédéraux à qui un avis est demandé ou bien parfois le consentement.
Il est évident qu’en théorie, ce système peut aboutir à la paralysie de l’Etat. Mais l’histoire a
démontré que la Constitution américaine a duré dans le temps. Ce qui signifie une certaine capacité à
s’adapter aux circonstances politiques. D’ailleurs, la Constitution vit au travers des interactions entre
les institutions, la stabilité du régime présidentielle américain n’a jamais vacillé. Ce qui n’a pas été le
cas de certains Etas qui ont essayé ce type de régime politique.
Afin d’obtenir la stabilité mais aussi pour favoriser le pouvoir de l’exécutif ou du parlement, plusieurs
constitutions ont prévu des régimes combinant les deux systèmes. On parle alors de régime mixte à
dominance présidentiel ou de régime semi parlementaire.
Le plus souvent dans ces régimes, la Constitution prévoit une élection du Chef de l’Etat sans que ce
dernier soit responsable devant le parlement. On est donc en présence d’un exécutif dualiste : un
Président et un Premier Ministre sont à la tête du pouvoir exécutif.
Parfois, le Premier Ministre est issu du parlement et ne répond de ses actes que devant lui et parfois
le Premier Ministre est désigné par le Président lui-même mais doit être approuvé par le parlement.
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De la rédaction de la Constitution dépend donc du régime politique adopté. Et en fonction du
système politique d’un pays, c’est-à-dire le mécanisme des rapports de force, dépend la stabilité ou
non d’un pouvoir en place.
En résumé, la théorie de la séparation des pouvoirs n’est que comme son nom l’indique une théorie.
C’est plus l’équilibre des pouvoirs qui est recherché que la séparation étanche.
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CHAPITRE 4 - LES INSTITUTIONS DE L’ETAT PREVUES PAR LA CONSTITUTION DE MADAGASCAR DE
2010
La Constitution de Madagascar, en son article 40 alinéa premier, prévoit que : « Les institutions de
l'État sont :
- le Président de la République et le Gouvernement ;
- l'Assemblée nationale et le Sénat ;
- la Haute Cour constitutionnelle. »
Il est à remarquer que le constituant malgache n’a pas voulu octroyer le pouvoir judiciaire à l’appareil
judiciaire malgache.
A Madagascar, on est en présence d’un exécutif bicéphale. Aussi, l’exécutif malgache est composé
d’un côté du Président de la République et de l’autre côté du Gouvernement. Aux termes de l’article
40 de la Constitution : « La fonction exécutive est exercée par le Président de la République et le
Gouvernement. »
Le Président de la République est le chef de l’Etat. Il est élu au suffrage universel direct pour un
mandat de cinq ans renouvelable deux fois. Ce qui signifie qu’une personne peut être Président de la
République pendant trois mandats consécutifs.
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D’autres attributions sont conférées au Président de la République mais ce ne sont que des
attributions « symboliques » du fait qu’il est le seul représentant élu par la majorité des électeurs.
Ainsi, il est le chef suprême des Forces Armées, le Président du Conseil Supérieur de la Magistrature,
il a le droit de grâce pour les personnes condamnées….
Enfin, dans ses relations avec le Parlement, il peut prononcer la dissolution de l’Assemblée nationale.
Les fonctions du Président de la République prennent fin juridiquement au terme de son mandat.
Toutefois, il peut y avoir une fin prématurée en cas d’empêchement définitif prononcée par la Haute
Cour Constitutionnelle.
Enfin, une des prérogatives clés du Président de la République est celle de nommer le Premier
Ministre. Elle est encadrée par l’article 54 de la Constitution.
§2. Le Gouvernement
Le Gouvernement est composé par le Premier Ministre et les ministres. Il met en œuvre la politique
générale de l'État et est responsable devant l'Assemblée nationale.
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7° veille à l'exécution des décisions de justice ;
8° saisit, en tant que de besoin, les organes de contrôle de l'administration et s'assure du bon
fonctionnement des services publics, de la bonne gestion des finances des collectivités
publiques et des organismes publics de l'État ;
9° assure la sécurité, la paix et la stabilité sur toute l'étendue du territoire national dans le
respect de l'unité nationale ; à cette fin, il dispose de toutes les forces chargées de la police,
du maintien de l'ordre, de la sécurité intérieure et de la défense ;
10° en cas de troubles politiques graves et avant la proclamation de la situation d'exception,
peut recourir aux forces de l'ordre pour rétablir la paix sociale après avis des autorités
supérieures de la Police, de la Gendarmerie et de l'Armée, du Haut Conseil de la Défense
nationale et du Président de la Haute Cour constitutionnelle ;
11° est le chef de l'administration ;
12° nomme aux emplois civils et militaires ainsi qu'à ceux des organismes relevant de l'État,
sous réserve des dispositions de l'article 55 alinéa 4. »
Il s’avère ainsi que sur le plan juridique, c’est le Premier Ministre qui est en charge des actions de
l’exécutif et de la concrétisation de toutes les mesures politiques et stratégiques. Pour ce faire, le
Gouvernement dispose de l’Administration.
Les membres de l'Assemblée nationale ou « Députés de Madagascar » sont élus pour cinq ans au
suffrage universel direct. Le mandat de Député est incompatible avec l'exercice de tout autre
mandat public électif et de tout emploi public, excepté l'enseignement.
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L'Assemblée nationale se réunit en deux sessions ordinaires par an, d’une durée respective de
soixante jours. La première session commence le premier mardi de mai et la seconde le troisième
mardi d'octobre.
§2. Le Sénat
Le mandat des membres du Sénat ou « Sénateurs de Madagascar » est de cinq ans, sauf en ce qui
concerne le Président du Sénat. Conformément à l’article 81 de la Constitution, deux tiers des
Sénateurs sont élus en nombre égal pour chaque province, un tiers sont nommés par le Président de
la République.
Le mandat de Sénateur est incompatible avec l'exercice de tout autre mandat public électif et de tout
emploi public, excepté l'enseignement.
Le Sénat est consulté par le Gouvernement pour donner son avis sur les questions économiques,
sociales et d'organisation des collectivités territoriales décentralisées.
Comme le Parlement, le Sénat se réunit en deux sessions ordinaires par an, d’une durée respective à
soixante jours. La première session commence le premier mardi de mai et la seconde le troisième
mardi d'octobre.
Lorsque l'Assemblée nationale ne siège pas, le Sénat ne peut discuter que des questions dont le
Gouvernement l'a saisi pour avis, à l'exclusion de tout projet législatif.
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Le Parlement a l’initiative des lois, concurremment au Premier Ministre, en présentant des
propositions de lois. Il vote les lois organiques, les lois de finances et les lois ordinaires dans les
conditions fixées par la Constitution.
Le Parlement examine et adopte les projets de loi déposés par le Gouvernement auprès des deux
Assemblées.
Les propositions de loi et amendements sont adoptés par le Parlement après que le Gouvernement
ait émis ses observations.
Le Parlement examine le projet de loi de finances au cours de sa seconde session ordinaire dans un
délai maximum de soixante jours.
Le Parlement émet des suggestions sur le programme de mise en œuvre de la politique générale de
l’Etat. Le Premier Ministre peut engager la responsabilité de son Gouvernement à travers la question
de confiance
Aussi, l'Assemblée nationale peut mettre en cause la responsabilité du Gouvernement par le vote
d'une motion de censure. Si la motion est adoptée, le Gouvernement remet sa démission au
Président de la République ; il sera procédé à la nomination d'un Premier Ministre dans les
conditions prévues à l'article 54 de la Constitution.
Le Parlement, par un vote à la majorité absolue des membres composant chaque Assemblée, peut
déléguer son pouvoir de légiférer au Président de la République pendant un temps limité et pour un
objet déterminé. La délégation de pouvoir autorise le Président de la République à prendre, par
ordonnance en Conseil des ministres, des mesures de portée générale sur des matières relevant du
domaine de la loi.
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