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DESCRIPTION DE LA. CATALOGNE.

sur le h aut de sa por te l'inscription du. temple d'Epidaure : L'entrée de ·ce lieu !J'est permise
)

qu au.x ames p ures.


Nous avons indiqué en général ce que le ·M ont-Serrat présentoit de plus remarquable;
le lecteur j ugera mieux de ch acune de ces beautés par la suite de notre voyage comprise
dans l'explication particu liere des planch es; il y trouvera des observations intéressantes
qu1 nous Qnt été communiquées sur plusieurs parties de ce lieu, et le caractere de ses
habitants.

EXPLIC ATION D ES PLAN CHES.


P L ANCHE X I X. conduit en serpentant au-dessus des précipic~s, le cirque resserré
de la montagne qui s'éleve à pic au-dessus du bâtiment et semble
Vue générale de la montagne ~t du couvent
soutenir à peine des masses prêtes à l'écraser; les riches sillons de
de Mont-Serrat.
verdure dont il est rempli; les cônes plus grands et plus multipliés
Au sortir de Martorel"on apperçoit le Mont-Serrat, qui paroît qui le couronnent, et qui portent à une étonnante hauteur sur leurs
dans l'éloignement comme surmonté d'un amas d'édifices informes tuyaux alongés les fragiles édifices de plusiew·s ermitages; la magie
et ruinés: il s'étend longuement dans la plaine, et se lie à droite et de couleur de ces rochers gris de fer, de cette sombre verdure, de
à gauche à des collines assez arides; les pointes de ses sommets cet édifice rougeâtre, et de ce ciel d'azur; le son des cloches s'unis-
forment des découpures qui n'o'nt rien de grand ni de beau; ses sant aux accords des instruments de musique, et des jeunes voix
flancs ne présentent que des rochers dépouillés, d'un gris foncé, et qui s'exerçent à chanter les louanges de Dieu : tous ces objets,
rayés d'une végétation noirâtre qui regne dans toutes les fentes et frappant à la fois, impriment dans l'ame l'étonnement, le respect,
interstices des masses, et qui de loin ressemble p lus à de la poussiere et l'admiration. ·
qu'à des plantes. On arrive à Colbato où deux chemins se présen- PLANCHE XX.
tent pour monter au monastere; l'un sert aux voitures, il ~st bon et
Entrée du couvent par la route des voitures.
bien entretenu; l'autre est beaucoup plus court, mais il n·est prati-
cable qu'à cheval: nous choisîmes ce dernier qui offi:e des sites Cette vue est prise de l'endroit où le chemin fait un •Coude pour
plus variés et plus pittoresques. n s'éleve en tow·nant autour de la· arriver au couvent. Sur le devant on a représenté une scene très
montagne au milieu des rochers encore privés de végétation; car commune dans la montagne; c'est une dame qui arrive nu-piéds,
c'est une chose particuliere au .Mont-Serrat, que, contre l'ordi- et ayant fait vœu d'aller sur les genoux depuis l'entrée du monas-
naire des autres montagnes, il est plus riche et plus fertile à mesure tere jusqu'au maître-autel de l'église: les forces lui marrquent au '
qu'il s'éleve; il semble qu'il y ait dans cette singularité cruelque moment d'arriver, et les PP. du couvent accourent pour la se-
rapport ayec cette religion à laquelle il est consacré, et qui paroît courir. n y en a toujours quatre qui sont préposés pour relever de
d'abord aride à ceux qui la contemplent dans l'éloignement, mais ces sortes de vœux, et les convertir en d'autres pénitences plus
qui fait trouver à ceux quie~ gravissent les sentiers difficiles, des faciles, comme des oraisons, des prieres. P lusieurs grands sei-
asile;> agréables et une ombre protectrice. En s'élevant le long des gneurs d'Espagne ont fait des pélerinages au Mont-Serrat en por-
flancs du mont, on voit s'étendre à ses pieds les plaines environ- tant des cierges, des croix de bois, ou des morceaux de fer, qu'ils
nantes, la culture réguliere des oliviers formant des grands quin- offroient à la Vierge. Cet usage précécloit jadis ou suivoit toutes les
conces, et contrastant agréablement par la teinte cendrée de lew· grandes enn·eprises. Joinville' raconte qu'avant de partir pour la
feuillage avec la verdure d'émeraude des pins qui balancent leurs Terre-Sainte, il entreprit ainsi plusieurs pélerinages tous à piés
longues. tiges sur les collines; les sinuosités du Llobregat serpen- deschaux et en langes.
tant à travers la plaine découverte, et se perdant au loin dans la
mer dont la ligne bleuâtre borde l'horizon: souvent on s'enfonce PLANC H E XXI.
· dans les plis de la montagne, et cette belle vue s'apperçoit entre
Situation respective des ermitages et du couvent de Mont-Serrat.
deux avancements des rochers, comme dans une bordure bronzée.
A mesure crue l'on s'éleve, on est plus frappé des formes bizarres Nous ne prétendons point avoir tracé ici la .carte du Mont-
de ces masses de roches et de la beauté de la végétation qui les Serrat; ce plan est w1e simple esquisse pour servir à l'in telligence
unit; des plantes odorantes bordentle chemin, et couvrent la terre; du texte, et donner une idée de la situation du couvent et des
de tous côtés des berceaux de verdure se balancent sur la tête en
lais~ant par intervalle appercevoir de profonds précipices, et de
..
ermitages qui en dépendent, ainsi que l'indique les numéro du plan.

hautes pyramides. Après avoir parcouru environ la moitié de la N• 1. Le couvent.


circonférence du mont le chemin tourne, et perdant de vue la 2.. Ermitage de sainte Anne.
plaine, on se trouve dans la direction du couvent, qu'on ne tarde pas 3. de saint J érôme.
à appercevoir clans le sein d'un des plus vastes enfoncements de la 4· de saint Antoine.
montagne. C'est la vue que représente cette planche; elle est prisé' s. de saint Sauveur.
de l'~rmitage ab~ndonné de saint Michel. n est impossible de ne 6. de la Trinité.
' .pas s'arrêter dans ce moment, frappé du beau tableau qui s'offi:e 7· de la sainte Croix.
à la vue: le couvent adossé à la h aute muraille de rocher, son
. architecture simple, son cloch er gothique, le sentier
, escarpé qui y (•) Joinville, Hist. de S. Loys, p. :~3, éd. in:folio.
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