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Jean-Claude Raskin

Mon Projet : Rêve Ou Réalité ?


ou

Comment le savoir et/ou le réussir


en 7 questions ?

Le livre de l’artisan et de l’entrepreneur.

Editions ???
2 Jean-Claude Raskin © Mon projet à travers les 7 questions 2016
« A toutes celles et ceux qui, depuis près de vingt ans
sont devenus entrepreneurs, artisans, commerçants ou qui ont trouvé et
réussi leur chemin professionnel après avoir croisé le mien. »

3 Jean-Claude Raskin © Mon projet à travers les 7 questions 2016


4 Jean-Claude Raskin © Mon projet à travers les 7 questions 2016
Table des Matières

Introduction 7
Prologue 11
A. La Réflexion 17
Première question : Qui ? 19
Qui bis ? 29
Seconde question : Quoi ? 31
Troisième question : Pour qui ? 35
Quatrième question : Pourquoi ? 43

L’Entracte 47

B. L’Action 49

Cinquième question : Comment ? 49


Sixième question : Où …. ? 59
… et Quand ? 62
Septième question : Combien ? 69

C. Résumé & exercice 77

D. Conclusions 83

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Mon Projet : Rêve ou Réalité ?
Sept questions pour réussir un projet.

Introduction

Lorsqu’on m’a demandé à la fin des années 90 de donner une


formation sur la communication face à de futurs
entrepreneurs, à moi qui n’avait fait aucune étude en ce
domaine et qui ne possédait qu’une expérience acquise sur le
terrain, j’ai failli refuser. Qui donc étais-je pour oser prétendre
donner des leçons de communication à la place de mentors
diplômés qui avaient tout appris dans les hautes écoles et les
universités ou encore avaient une expérience en marketing ou
dans des boites prestigieuses.

J’ai donc demandé :

- « Pourquoi vous me demandez ça à moi ? »

- «Parce que tous les formateurs que nous avons rencontrés ont une
approche faite pour les grandes entreprises mais qui ne correspond pas à
notre réalité. »

- « Et quelle est votre réalité ? »

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- « Celles de personnes qui veulent créer leur propre emploi mais qui n’ont
pas d’énormes fonds et qui ont pour seuls bagages, leur volonté, leur
motivation et leurs compétences techniques. Qu’ils ou elles soient
coiffeur(euse), électricien(ne), épicier(e) en produits bio, maraîcher(e),
conseiller en bâtiment, accueillant(e) d’enfants, …
Et nous sommes conscients qu’ils ne peuvent plus se lancer aujourd’hui,
comme hier, uniquement par le bouche à oreille, des annonces dans les
petits journaux locaux et un lettrage de vitrine. Il leur faut de la
communication et du marketing. »

Et là, j’avais bien des idées. Parce que j’avais toujours été
proches des petits entrepreneurs et des artisans et que je
trouvais depuis longtemps que toutes les boites de pub les
délaissaient. La raison : « ils n’ont pas les moyens ! ». Et c’est tout à
fait juste, la plupart n’ont pas les moyens. Car la
communication et la publicité, ça coûte très très cher. Surtout
quand elle est faite n’importe comment en écoutant les
conseils de n’importe qui et qu’on ne possède aucune arme,
aucun argument pour comprendre et savoir ce qu’il faut faire.

J’ai alors lancé ma première formation en communication.


Tout le monde avait compris.
Et tout le monde était ravi.
Y compris moi.

Quelques années plus tard, on m’a demandé de donner une


formation pour des personnes en décrochage social. Elles ne
savaient pas – ou plus - ce qu’elles voulaient faire, mais avaient
la volonté farouche « de s’en sortir ».
Et toutes avaient 25 projets en tête.
Elles ne savaient donc par lequel commencer.
Et donc elles n’en commençaient aucun.
Elles rêvaient à ce quelles auraient aimé faire.

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Mais sans jamais essayer de le faire ou de savoir si elles
pourraient le faire.
Le risque était de les voir finir leur vie en disant : « Moi, si on
m’avait laissé faire… J’en avais des idées, mais il me manquait les
moyens… etc etc. »
Et de passer le reste de sa vie au chapitre des regrets pour des
rêves que nous n’aurions peut-être jamais pu réaliser ou au
contraire qui auraient changé notre vie.
Car changer sa vie, ce n’est pas nécessairement devenir
millionnaire et diriger une grande entreprise.
Pour certains, c’est cultiver un jardin (mais il est peut-être
nécessaire de déménager pour ce faire), pour d’autres c’est de
partir en vacances au moins une fois par an (mais comment
s’en donner les moyens ?), pour un autre c’est retrouver une
dignité perdue…

J’ai donc étudié cette nouvelle proposition de près et l’ai


confrontée à la méthode que j’avais élaborée quelques années
plus tôt pour mes jeunes artisans.
Communication d’une part, projet de vie d’autre part. Quels
rapports ?

Et bien, pour moi, la méthode est la même.


Il s’agit de structurer son projet, de le définir et d’avancer.
Pas à pas, petit à petit.
En ne négligeant aucune étape.

Des étapes, j’en ai découvertes 71.


Et je les ai transformées en 7 questions à se poser pour mener
à bien l’étude de son projet.
Et plus de ces 7 questions que tout le monde connaît, C’EST
L’ORDRE DANS LEQUEL IL FAUT SE LES POSER QUI
EST DETERMINANT ET QUI CHANGE TOUT.
1 ou plutôt 8 mais j’y viendrai plus tard
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Cette méthode est-elle garante de la réussite de mon projet ?

Pas du tout.

Par contre elle est garante qu’après y avoir répondu vous


saurez si ce projet est viable, réaliste et réalisable.
Avec cette méthode vous éviterez d’entretenir des regrets.
Et elle vous permettra de vous plonger dans l’étude d’un autre
projet qui lui, sera réaliste, réalisable, dans vos compétences et
qui respectera vos valeurs.
Et cette méthode vous explique une fois pour toutes quelles
sont les 7 bonnes questions à se poser… dans le bon ordre !

Attention, ce premier ouvrage s’adresse essentiellement à celles


et ceux qui souhaitent développer un projet professionnel afin
de devenir indépendant : artisan, commerçant, négociant, …
de type TPE : Très Petite Entreprise.
D’autres publications suivront pour les projets sociaux ou les
projets de vie.

Jean-Claude Raskin et ses 7 questions ©.

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Prologue
Et tout d’abord, qu’est-ce qui nous empêchent de nous
lancer ? Quels sont nos freins ? :
Le manque d’argent ?
La peur de l’insécurité ?
Le manque de confiance en soi ?
La peur d’être incompétent(e) ?
La peur finale et terrible de l’Echec avec comme
corolaire le regard des autres et les remarques acerbes
de notre entourage : « Je l’avais bien dit ! Tu aurais dû
m’écouter ! On le savait que ça ne marcherait pas ! etc etc. » ?

Ah ! Le regard des autres…


Dans ces regards, je distingue trois catégories :
• ceux qui ont essayé et qui ont abandonné
• ceux qui se sont lancés, le regrette et qui ne veulent pas
que vous viviez ce qu’ils ont vécu
• enfin, ceux qui ont réussi et qui épanouis, vous
encouragent dans votre projet.

Je ne sais pas pourquoi mais nous avons tendance à moins


entendre cette dernière catégorie.

La première étape est cependant de fermer vos oreilles aux


deux premières et d’ouvrir et de recevoir les bras grands
ouverts les encouragements de ceux-ci.

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Si vous avez déjà appris à rabattre le caquet aux mauvais
coucheurs, vous êtes déjà sur la bonne voie de la confiance en
VOUS !

Différence entre erreur et échec.


L’élaboration d’un projet réalisé dans la précipitation ne peut
conduire qu’à l’échec. Et un échec ce n’est pas une erreur. Une
erreur, des erreurs, nous en faisons tous et celles-ci nous
permettent de nous corriger et d’avancer. L’erreur est
essentielle dans notre apprentissage.
L’enfant qui apprend à marcher tombe et retombe,
quelquefois en se faisant mal, jusqu’à trouver la bonne posture,
le bon équilibre. Et il recommence jusqu’à y arriver.
Inlassablement.
Toutefois, si vous l’observer bien, au fur et à mesure de son
apprentissage, il va modifier son comportement. Il va prendre
conscience que tel geste aboutit au même résultat négatif. Il va
comprendre qu’il doit s’accrocher autrement ou à autre chose
pour pouvoir se hisser sur ses deux jambes. Et il va commettre
plusieurs fois la même erreur avant de comprendre qu’il doit
modifier son comportement.
Jusqu’à la victoire. Et ce n’est pas un échec.
Un enfant qui apprend à marcher n’abandonne jamais.

Pour l’échec, plusieurs interprétations sont possibles.


Pour les uns, c’est une succession ou une accumulation
d’erreurs, comme le dit de manière positive Thomas Edison,
inventeur de l’ampoule électrique, « Je n’ai pas échoué. J’ai
simplement trouvé 10 000 solutions qui ne fonctionnent pas ! ».
C’est une autre manière de parler de nos erreurs et si vous
conservez cette définition, alors faites que vos échecs eux aussi
vous apprennent.

12 Jean-Claude Raskin © Mon projet à travers les 7 questions 2016


Selon moi, la définition de l’échec qui me convient le mieux,
c’est un projet ou une envie qui n’a pas abouti et qui est
abandonné avant même de savoir si « ça » pouvait réussir.

Nous apprenons toujours – pour autant que nous les


reconnaissions – de nos erreurs, tandis que nous gardons de
l’amertume et des regrets de nos échecs.

Et quelles sont donc ces 7 questions ?


Lorsque vous vous lancez dans un projet quel qu’il soit, vous
vous posez un tas de questions : Par quoi je vais commencer ?
Ça va coûter combien ? Est-ce que je vais y arriver ? Ça va
prendre combien de temps ? Comment vais-je m’y prendre ?
Où est-ce que je vais faire ça ? Je vais commencer quand ?
Qu’est-ce qui me manque ? …
Et tant d’autres. Vous en rêvez. Vous en parlez à vos amis…
ou pas car une idée trop répandue veut que l’on ne parle pas
de son projet aux autres car « ils » pourraient le piquer.
« Le monde est truffé d’entrepreneurs malhonnêtes qui ne pensent qu’à
piquer des idées aux autres, et surtout à moi, c’est bien connu. »
Je reviendrai sur cette croyance infondée qui vous créera plus
de tort que de bien.

Toutes ces questions et celles que vous vous posez encore en


lisant ces lignes sont tout à fait légitimes. A une condition et
une seule, c’est celle de prendre le temps d’y répondre.

Mais au moment où vous vous installez calmement à une table


avec une feuille de papier et un crayon ou devant votre écran,
ou devant votre tablette, pour commencer à décrire votre

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projet, une question domine toutes les autres : « Par quoi vais-
je commencer ? »

C’est à partir d’ici que les 7 questions interviennent et comme


vous allez le découvrir, c’est à partir d’ici que l’ordre de ces
questions est important, voire primordial.

Qui ? Quoi ? Pour qui ? Pourquoi ? Comment ? Quand et


Où 2? Combien ?

C’est dans cet ordre là et pas dans un autre que vous allez vous
poser ces 7 questions et vous ne passerez à la suivante
qu’après avoir répondu à la précédente.
Je vais vous le démontrer dans les pages qui suivent.

Ces 7 questions sont réparties en deux grands thèmes :

1. La réflexion
o Qui ?
o Quoi ?
o Pour qui ?
o Pourquoi ?
C’est au cours de cette partie que vous aller rédiger votre
projet. Le penser, le sentir, le ressentir, le partager aux autres,
vous ouvrir à la critique, bonne et mauvaise, apprendre à trier
les bonnes intentions des uns et les mauvaises des autres.
C’est aussi la confrontation au doute, à certaines angoisses, à la
confiance en soi, … Mais nous y reviendrons.

2. L’action
o Comment ?

2
Voilà la huitième question : « Où ? » et je l’ai regroupée avec le « Quand ? ». Je les
ai appelées les « Questions circonstancielles ». Elles sont pour moi liées et donc
rassemblées.
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o Où ? et Quand ?
o Combien ?

C’est le côté pratique de votre projet. Il va se construire,


toujours sur papier dans un premier temps, mais avec des
éléments tangibles.
Exemple : « Je rêve de construire un clocher qui pointe vers le bas ».
Ok dans la phase de « Réflexion ».
Mais dans « l’Action », il va falloir imaginer concrètement
comment gérer l’écoulement des eaux de pluie…

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16 Jean-Claude Raskin © Mon projet à travers les 7 questions 2016
A. La Réflexion
Ici, généralement, lors de mes séminaires ou de mes
rencontres individuelles avec des porteurs de projet, leur
première envie est de m’en parler, de le détailler, de l’exposer,

Ils et Elles sont enthousiastes, passionné(e)s, ils ne souhaitent
qu’une chose : démarrer le plus vite possible.
Certains me disent d’entrée, avant même d’avoir présenté leur
projet: « en fait, mon projet, il est clair et je pourrais commencer
rapidement, mais il me manque juste un peu de financement pour
commencer » ou encore « ce que je voudrais c’est que vous me disiez
comment je dois faire ma pub parce que le reste, c’est bon ! »

Je les laisse un peu s’exprimer et puis je lance quelques


questions. Dans le désordre et la confusion :
- « Et votre clientèle, ce sera qui ? »
- « Oh ben tout le monde »
- « Ah ! Et vous serez installé où ? »
- « Je ne sais pas encore mais… »
- « Et quels sont vos concurrents ? »
- « J’en n’ai pas vraiment parce que ce n’est pas comme les
autres, ça ressemble mais… »
-« Et à quelles valeurs correspond votre entreprise ? »
-« Heu… »

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-« Et comment alors les gens ont-ils fait sans vous jusqu’à
maintenant ? Et qui vous dit qu’ils auront besoin de votre
produit/service ? »
-« Heu… »
-« Et avant vous faisiez quoi ? »

Je commence alors à lire un grand désarroi dans leurs yeux et il


est grand temps que je reprenne les choses en main.
Encore une fois en posant les bonnes questions – celles que je
leur ai posées sont des sous-questions qui, bien qu’essentielles, viendront
plus tard- et surtout en les posant dans le BON ordre.

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1. Première question : Qui ?
a. …suis-je ?
« Qui quoi ? » me demande-t-on alors.

Eh bien, qui êtes-vous, vous ?


Ou plutôt, qui suis-je moi ?
Avant de savoir ce que je veux faire, je veux savoir qui je suis.
Oui, Moi, qui suis-je ? D’où je viens ? Quelles sont mes
origines ? Familiales ? Sociales ? Culturelles ? Quel a été mon
parcours d’étudiant ? Professionnel ? Personnel ? Quels ont
été mes échecs ? Mes erreurs ? Mes succès ? Tant
professionnels que privés. Quelles sont mes motivations ?
Quelle est mon expérience ? Quelles sont mes qualités ? Mes
compétences ? Quel était mon rêve d’enfant ? Qu’est-il
devenu ? Quelles sont mes valeurs ? Etc.

Toutes ces questions, qui peuvent vous paraître saugrenues


alors que vous voulez juste lancer un commerce en ligne,
ouvrir un salon de coiffure, vous lancer dans la dégustation de
vins et fromages, développer une start-up ou un service en
3D… Que sais-je ?
Mais peu importe.
La question du « Qui » est pourtant la base, le fondement de
votre réussite. Car c’est vous et vous seulement qui allez porter
votre projet et votre projet sera un peu – beaucoup – de vous !

19 Jean-Claude Raskin © Mon projet à travers les 7 questions 2016


C’est donc le moment de faire un vrai et sincère bilan de votre
personnalité et de tout ce qui a fait de vous ce que vous êtes
aujourd’hui.
Et si votre impression est que vous êtes allés d’échec en échec
et que ce projet va enfin vous permettre de réaliser votre vie et
votre carrière et que ressasser le passé va vous faire retomber,
eh bien, relevez la tête et transformer le tout de manière
positive. Ainsi si vous avez aujourd’hui ce projet en vous, que
vous le portez à bout de bras, que vous allez le mener à bien,
sachez que c’est grâce – et non à cause – de tout ce que vous
avez vécu, de tout ce que vous avez construit en bien –et aussi
en mal, mais sans mauvaise intention - tout au long de votre
vie. Que vous ayez été élevé par des parents aimants ou
abandonné par ceux-ci, si vous êtes là aujourd’hui c’est grâce à
votre force de caractère et votre force à surmonter au fil du
temps les échecs, les erreurs et tous les coups reçus.
Mais prenez aussi le temps de retenir les caresses, les bons
moments, les fous rires, les coups de foudre passés ou à venir,
regardez la couleur du ciel, noir aujourd’hui et bleu demain.
Rappelez-vous le parcours de la goutte d’eau…

Au fait, connaissez-vous l’histoire de la goutte d’eau ?


La voici :

« Un jour, une goutte d’eau est sortie de terre, entre deux


roches épaisses elle a trouvé une fissure. Enterrée et enfuie
depuis des dizaines et des dizaines d’année, elle a fait son petit
bonhomme de chemin avec une première envie, prendre l’air !
Elle a glissé le long de la roche, est restée un moment
suspendue en l’air puis à fait le grand saut… pour s’écraser sur
une autre pierre. Ça fait un peu mal mais elle se relève et
découvre qu’elle n’est pas seule. Sans plus attendre, elle se joint
aux autres. Ensemble, on est plus fort non ?

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Et déjà, voilà qu’un mince filet d’eau – avec en son milieu la
petite goutte d’eau - se glisse entre les cailloux et descend
lentement le flanc de la colline. Le trajet est lent et plein
d’embûches : des brindilles, des hautes herbes, des petits ou
des gros cailloux qu’il faut contourner. C’est plus lent que
prévu mais bon, elle avance. Oh ! Un carrefour. Le filet va
rejoindre un petit ruisseau qui va beaucoup plus vite mais qu’à
cela ne tienne, elle prend le courant et descend de plus en plus
vite. C’est grisant la vitesse ! Ça peut faire mal aussi. On se
cogne contre de grosses pierres, de vieilles branches, on saute,
on retombe, quelquefois, on arrive sur une roche très dure ou
de la terre et toutes ensemble on creuse un peu. Un tout petit
peu. Il faut en laisser à toutes les autres gouttes d’eau qui nous
suivent. Mais rien ne nous arrête. Toujours regarder devant
sans jamais se retourner avec un objectif.
Un seul : arriver à la Mer.
Le ruisseau rejoint une rivière. Le mouvement s’amplifie. La
rivière rejoint un fleuve. Arrive une chute, immense
vertigineuse, je n’y arriverai jamais. Ça va trop vite, c’est trop
haut, j’ai peur, je ne suis pas capable, je crie, je hurle, mais je
continue, j’avance, j’avance et je saute. Avec les autres. Ça a
duré quelques secondes seulement. C’était pas plus dur que ça.
Qu’est-ce que je suis contente de l’avoir osé. Et je me retrouve
de nouveau dans le fleuve. Tranquillement. Un peu de repos
avant de repartir. Toujours droit devant.
Au bout, il y a la Mer…

Sur le chemin, nous avons perdu quelques amies. Elles ont


choisi de s’arrêter dans une mare, un étang, un lac. Et là,
tranquillement, elles vivront paisiblement leurs vie de goutte
d’eau. La mer ne les intéressait pas. Un petit endroit tranquille
à la campagne ou à la montagne, entourées de prés ou de
forêts, sans marées, sans voyages. Quelques orages mais qui ne

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perturbent pas trop l’ensemble de la communauté. Longue et
douce vie à vous.

Pour notre petite goutte d’eau, par contre, l’aventure continue.


Dans le fleuve, elle se fait régulièrement bousculer par des
bateaux, la pollution la guette et l’empoisonne mais elle
continue, sans répit, ou presque, avec toujours son rêve :
arriver à la Mer.

Un jour, elle y arrive.


Mer ou Océan mais l’immensité est devant elle.
Elle y connaîtra encore des orages.
Des violents. Et des tempêtes aussi, des tsunamis peut-être.
Mais entre ces coups durs, la majeure partie de son temps se
passera dans l’immensité de la mer jusqu’au jour où elle
s’évaporera pour retourner dans les nuages, retomber sur terre,
y rentrer et un jour, sous une autre forme, dans un autre lieu,
ressortir comme une nouvelle petite goutte d’eau.

Aujourd’hui, ce qui compte pour elle, c’est qu’elle a atteint son


but avec une seule et une seule constance : elle s’est laissée
porter par le courant. »

§§§§§§§§§

Or notre morale occidentale nous conditionne à nous battre


contre tout. Nous battre contre l’adversité, nous battre contre
la maladie, nous battre contre nos vieux démons, nous battre
pour arrêter de fumer, nous battre contre nos kilos en trop,
nous battre contre nos défauts, nous battre pour réaliser nos
résolutions, nous battre, nous battre, nous battre…

22 Jean-Claude Raskin © Mon projet à travers les 7 questions 2016


Car les « Il faut » et les « Je dois » sont des ennemis à vie
dans la motivation, la création et la fluidité des choses…!

Imaginez la goutte d’eau. Avec cette discipline, elle se serait


battue toute sa vie contre le courant, elle aurait toute sa vie
essayer de remonter le courant. Elle aurait dépensé son énergie
pour ne pas tomber dans la chute. Et après ? Quand bien
même elle aurait réussi à tout remonter, jusqu’à la roche d’où
elle est sortie un jour. Elle aurait fait comment pour rentrer
dedans ? Elle s’y serait casser les ongles à force de gratter.

La vie est pleine d’adversité, d’échecs, d’erreurs, de faits


imprévisibles, d’accidents, de chutes, mais notre première
victoire est de les accepter, puis de les contourner, de les
franchir, mais toujours de garder notre objectif. Arriver à la
Mer. En suivant le courant. Tout simplement.

Comme le dit Nicolas Boothman, cité par Fred Colantonio3 :


« Votre identité ne se résume pas à l’une des facettes de votre personnalité,
mais les englobe toutes. Intégrez-les plutôt que de les renier. »4

Bien sûr, cette phase d’introspection doit rester personnelle.


Pour construire votre dossier ou le présenter à des
investisseurs, des partenaires, des amis, vous resterez plus
sobre, vous éviterez les détails et vous présenterez uniquement
ce qui est en rapport avec votre projet. Mais je peux vous
assurer que passer du temps à parcourir tout ce qui vous a
amené là où vous êtes et à l’accepter comme autant
d’événements franchis avec plus ou moins d’heurs et de
bonheurs, vous donnera l’assurance qui est primordiale dans
l’avancée de votre projet.

3
in « ‘L’attitude des Héros : T.1, Inspiration. Ed. L’attitude des héros. 2013.
4
Boothman N. in « Convaincre en moins de deux minutes » Ed. Marabout. 2007.
23 Jean-Claude Raskin © Mon projet à travers les 7 questions 2016
C’est aussi dans ce « Qui ? » que vous ferez le relevé de toutes
vos compétences : techniques et intellectuelles. De toutes vos
valeurs : morales et sociales. Que peut un projet ou une
entreprise sans valeurs ? Sans morale ? Nous subissons chaque
jour crises, faillites et désillusions de la part d’entreprises,
d’institutions financières, voire d’état totalitaire ou
démagogique qui ont oublié ou renié les leurs.
Evitons de suivre leur exemple.
Un projet se construit la tête haute et le regard franc.

Une fois le « Qui ? » découvert, il est temps maintenant de le


confronter à votre projet, votre idée, même embryonnaire.

Car comment votre interlocuteur pourrait-il vous accorder sa


confiance s’il ne sait quelles compétences vous avez pour
porter ce projet.

Lors de mes formations, lorsque le doute subsiste dans le


groupe, je leur donne l’exemple caricatural suivant.

« Un groupe d’investisseurs, voire de mécènes, est réuni afin


d’accorder des crédits et une aide substantielle à des projets
innovants en matière d’énergie et de mobilité à l’échelle
mondiale.
Un individu rentre dans la pièce, décline son identité et sans
plus attendre présente son idée :

-« J’ai mis au point avec des amis un véhicule de type hélicoptère se


déplaçant à l’énergie solaire. Ce véhicule ultra léger permet de se déplacer à
la vitesse du son et de transporter 4 à 5 personnes sans étapes d’un
continent à l’autre. Par ailleurs, il sera commercialisable au prix d’une
grosse berline. Une véritable révolution ».
S’en suivent des détails techniques à profusion. Une vraie
révolution.

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Après son exposé, entre le second porteur de projet. Celui-ci
est similaire à quelques détails près. Il décline son identité,
comme le précédent puis, ajoute :

- « J’ai obtenu un doctorat en ingénierie aéronautique et énergétique à


l’Université de … Ensuite, après avoir travaillé de nombreuses années à
la NASA au service Recherches et Développement, j’ai fait partie de
l’équipe qui oeuvra au développement de la navette expérimentale avec les
Russes et les Américains où j’étais chargé de … Je suis également chargé
de cours aux universités de Fukuchima au Japon et de … aux Etats-
Unis. Avec une équipe d’ingénieurs, de physiciens et de … nous avons
mis au point un véhicule de type hélicoptère se déplaçant à l’énergie solaire.
Ce véhicule ultra léger permet… etc. »

A votre avis, lequel est le plus crédible ?

Imaginons même que la première étude regorge davantage de


détails techniques, de tableaux, de graphiques, d’études
diverses accréditant le bien fondé du projet, que va-t-il se
passer dans la tête des personnes qui assistent à l’exposé et qui
devront décider d’investir ou pas dans celui-ci ?

Durant tout l’exposé, au risque d’en perdre de nombreux pans,


ceux-ci se demanderont : « Mais d’où vient-il ? Quelles sont ses
compétences ? Ses références ? Comment lui faire confiance ? »
Et c’est à ce moment déjà, que l’opinion se construit et que la
décision se prend. Même si c’est encore inconscient.
Par ailleurs, ces questions latentes, voire inconscientes qui
vont tourner dans leur esprit vont les distraire de toutes les
innovations techniques qui sont hyper importantes pour la
compréhension et la crédibilité du projet. Ils vont perdre des
détails, puis ils poseront des questions, auront sauté certains
passages, perdront le fil, …

25 Jean-Claude Raskin © Mon projet à travers les 7 questions 2016


Et peut-être au final, le premier projet est-il nettement mieux
étudié que le second. Mais tant pis, la confiance est absente.

Et il en est de même pour vos propres projets. Bien sûr, vous


ne construisez pas un hélicoptère, mais qu’importe. Pour vous,
VOTRE projet représente autant que pour ce chercheur en
aéronautique.
Ce serait dommage de le gâcher en oubliant qui vous êtes.
Imaginons maintenant que vous soyez amené à solliciter un
emprunt dans votre banque. Après avoir répondu à divers
critères objectifs selon une grille établie par l’établissement
financier, certains points restant à éclaircir, le gérant de votre
agence bancaire doit défendre votre demande devant un
comité de crédit.
Quels seront ses arguments pour convaincre de vous accorder
ce crédit ?
De refaire tout le plan financier ?
De défendre votre étude de marché ?
De raboter sur vos investissements au profit de vos
amortissements ?
Et que sais-je encore ?
Ou plutôt sera-t-il amené à défendre :
Vos compétences,
Vos motivations,
Votre détermination,
Votre assiduité.
Autrement dit la confiance qu’il a en vous de mener ce projet à
bien et, in fine, défendre l’idée que vous mettrez tout en œuvre
pour réussir et…le rembourser car pour lui, vous êtes
FIABLE !

26 Jean-Claude Raskin © Mon projet à travers les 7 questions 2016


La réponse à cette question - comme d’ailleurs toutes les
réponses aux 7 questions - évitez de la laisser tourner dans
votre tête simplement par la réflexion et la pensée.
ECRIVEZ-LA !

Prenez-vous un cahier, un bloc de feuilles, un document Word


dans votre PC ou tout ce que vous voulez, mais réservez, créez
un dossier où vous répondrez de manière méthodique à
chacune de ces questions. Vous pouvez prendre le temps. Y
revenir ultérieurement, rafraîchir certaines réponses encore
vagues au début et qui s’affirmeront au fil de vos avancées,
rencontres et réflexions.
Ne figez rien ! Ecrivez tout !

27 Jean-Claude Raskin © Mon projet à travers les 7 questions 2016


28 Jean-Claude Raskin © Mon projet à travers les 7 questions 2016
1. Première question bis : Qui ?
b. …sont les autres ?
Maintenant que je sais qui je suis, encore faut-il un peu et de
manière sommaire, déterminer :
Qui peuvent ou pourraient être mes partenaires et/ou mes
fournisseurs ?
Ceux-ci peuvent être bien plus que des fournisseurs. Ils
peuvent en effet être une source précieuse de renseignements
lorsque vous ferez votre étude de marché. Ils connaissent les
habitudes de leurs clients, le marché, les tendances « in » et les
tendances « out ».
Qui va pouvoir m’aider dans toutes mes démarches : amis,
famille, voisins, connaissances…?
Mais aussi :
Qui sont ou seront mes concurrents ?
Qui sont ou seront mes prospects, ma clientèle ?

A toutes ces questions, nous reviendrons avec plus de détails


plus loin mais commencez déjà à les lister maintenant.
Simplement les lister. Nous pourrons y revenir au fur et à
mesure de nos besoins futurs.

29 Jean-Claude Raskin © Mon projet à travers les 7 questions 2016


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2. Deuxième question : Quoi ?
Le « Qui ? » étant posé, il est maintenant temps d’en venir au
« Quoi ? » !
Que voulez-vous faire ? Quel est votre projet ?

Et tout d’abord, s’agit-il d’un produit ? Ou d’un service ?


Voire les deux ?
Et si ce sont les deux, produits ET services, y en a t-il un qui
est prédominant sur l’autre ?

Et savez-vous que ce n’est peut-être pas celui que vous voulez


mettre en avant qui est celui qui vous fera gagner votre vie ?
D’où l’importance de bien comprendre ce que vous souhaitez
offrir. Surtout dans la manière dont vous communiquerez plus
tard.

Exemple :
Vous souhaitez ouvrir une chambre d’hôtes.
Le lieu, l’architecture, la qualité de la literie sont des produits.
De même que les ingrédients qui garniront la table du petit
déjeuner.

31 Jean-Claude Raskin © Mon projet à travers les 7 questions 2016


Par contre, votre présence, ou pas, les lieux de divertissements,
les renseignements sur les visites possibles, les conseils, votre
sourire, sont des services.

Vous pouvez choisir les produits, c’est-à-dire que vous


renseignerez où se trouve la clé, il y aura un vade-mecum de ce
que vos clients doivent faire et où trouver ce dont ils ont
besoin mais vous n’aurez aucun contact avec vos clients. Et
cela peut convenir à un certain type de clientèle.
A ce moment vous êtes orientés « Produits ».

Par contre, si vous accueillez vos hôtes, les renseignez et les


conseillez sur les richesses et les découvertes de votre région,
leur demandez ce qu’ils souhaitent pour le petit déjeuner et
envisager de leur confectionner des spécialités locales et que
vous êtes à disposition à la demande, vous offrez un service et
peut-être celui-ci aura-t-il davantage d’impact sur votre
clientèle que la qualité de votre literie. Et cela peut aussi
convenir à un certain type de clientèle. Différente de la
précédente.

Et bien entendu, vous pouvez combiner les qualités du produit


et du service.

Mais si vous manquez de disponibilité, si vous êtes timide, si


vous ne connaissez pas grand chose à l’histoire et aux
coutumes de votre région, (et ça, c’est en répondant à la
première question « Qui ? » que vous le saurez) autant ouvrir
une chambre d’hôtes orientée « Produits ». Et si vous préparez
vous mêmes les confitures du petit déjeuner, cuisez votre pain
et pressez les pommes de votre verger, … et que vous n’êtes
pas présents, vous restez orienté « produits ».

32 Jean-Claude Raskin © Mon projet à travers les 7 questions 2016


Autre exemple :
Le contexte : Deux magasins de vaisselle vendant des produits
similaires en termes de qualités et de design.
L’un propose des ventes au poids ou à la quantité, l’autre
propose un service de conseils en décoration pour le meilleur
usage de la vaisselle.

Tous deux proposent un produit. Le même.


Le premier ne fait que le produit.
Le second propose Le produit ET Le service.

Le premier devra tabler sur la quantité vendue pour faire du


chiffre et aura besoin de moins de personnel et de frais de
décoration, le second vendra de moindre quantité, plus cher et
aura davantage de frais de décoration mais au final, peut-être
arriveront-ils au même bilan financier à la fin de l’année.

Et dans ce deuxième exemple, il est de nouveau essentiel


d’avoir bien répondu à la première question « Qui suis-je et
qu’est-ce que j’aime ? ».

A. Je n’aime pas trop les contacts avec la clientèle ou avoir du


personnel ?
Je suis produit et j’opte pour la première formule :
« Produits ».

B. J’adore déléguer et rencontrer les gens, je suis orienté


« Services ».

Prenez maintenant le temps de décortiquer votre projet :


produits ou services ou les deux ?

33 Jean-Claude Raskin © Mon projet à travers les 7 questions 2016


Petit conseil.

Comme il est parfois difficile de s’évaluer et que l’on voit plus


facilement la paille dans l’œil de son voisin, que etc.
Entraînez-vous à analyser les comportements des entreprises,
commerces, artisans, que vous fréquentez.
Débattez-en entre vous avec vos amis, votre famille.
Et comparez les résultats avec votre projet.

Quand vous aurez déterminé si vous êtes « produits » ou


services », comparez avec les réponses que vous aurez
exprimées à la première question.
Est-ce cohérent ?
Si non, réévaluez votre « Qui » et votre « Quoi » et apportez
les adaptations.

Si oui, vous êtes prêt pour la question suivante !

34 Jean-Claude Raskin © Mon projet à travers les 7 questions 2016


3. Troisième question : Pour qui ?
Votre projet se précise.
Toutefois, pour que votre affaire marche, il va falloir que des
personnes, des entreprises, des institutions, des associations
adhèrent à votre idée, vos services, vos produits, bref qu’ils
vous « achètent » tout ou partie de celui-ci.

C’est la partie dite « Etude de marché ». Il existe de nombreux


ouvrages de références sur le sujet.
Dans ce chapitre, j’éviterai de les concurrencer. Ils ont
davantage de compétences techniques, de trucs et astuces pour
les mener à bien.
Je vais vous proposer par contre de préparer cette étude de
marché et de la mettre en adéquation avec les deux premières
questions.
Et si je vous ai déjà démontré, à travers mon exemple de
l’hélicoptère, la nécessité de vous poser les questions dans le
bon ordre, nous allons en avoir ici un nouvel exemple.

A cette question du « Pour qui ? », j’ai eu toutes sortes de


réponses. Et tous m’observaient avec un regard pour le moins
circonspect. Je devinais dans leurs esprits de nombreuses
questions sur ma crédibilité et mes compétences de formateur.
« Ben, quelle drôle de question ! Pour tout le monde ! Tout le monde est
susceptible d’acheter ou d’avoir besoin de… Dans ma catégorie bien sûr».

D’accord ? On va voir ça.

35 Jean-Claude Raskin © Mon projet à travers les 7 questions 2016


Donc, si :
1. vous ouvrez un snack où vous vendrez entre autres des
frites, vous êtes convaincu que tout le monde ou presque est
susceptible de venir vous acheter des frites ?

2. Si vous ouvrez une maison d’enfants, vous êtes


convaincu que toutes les personnes ayant des bébés de 2 mois
à 2,5 ans sont susceptibles de venir les déposer chez vous pour
la journée ?

3. Si vous ouvrez un magasin de pièces détachées


automobiles, vous êtes certains que tous les garagistes
amateurs et professionnels vont se précipiter chez vous dès
l’ouverture de votre enseigne ?

4. Si vous faites un commerce en ligne sur les agences de


voyages et les vols bon marché, tous les internautes vont-ils
traverser les océans grâce à vous ?

C’est bien ça que vous me dites ? C’est tout le monde ?

Les réponses sont alors plus hésitantes.

Je reprends maintenant avec les bonnes questions (attention ce


sont des exemples et vous pouvez – devez – ajouter vos
propres questions).

1. Le snack ou le marchand de frites.


Envisage-t-il de s’adresser à :
a. des touristes ?
b. des étudiants ?
c. des ouvriers ?
d. des employés ?
e. des festivaliers après un spectacle ?

36 Jean-Claude Raskin © Mon projet à travers les 7 questions 2016


Quelles sont maintenant les sous-questions en fonction de la
cible choisie ?

Si a :
Quels types de touristes ?
Quelles nationalités ?
Sera-t-il utile de connaître des langues étrangères ? Et si oui,
lesquelles ?
Y a t-il des ingrédients à éviter ?
Des suggestions typiques de chez nous à proposer pour faire le
lien avec leurs goûts ?

Si b :
Ceux-ci cherchent-ils parfois la nouveauté, sont-ils ouverts aux
suggestions ?
Quels types de boissons : soft, alcoolisées, énergisantes, jus de
fruits, … ?
Ne faut-il pas penser à des promos spéciales durant leurs fêtes
de baptême5 ?
Des salades légères en période de « bloques » ?
Une carte de fidélité …cessible ou par groupe ou par classe ?

Si c :
Dois-je envisager de plus grosses rations ?
Est-il utile de parler « light » ?
Quelles boissons ?
Besoin de calories, de protéines, de graisses,… ?.
Quel impact sur leurs performances de l’après-midi ?

Si d :
Par contre, dans ce cas, si le repas est trop gras, il y a un risque
d’assoupissement l’après-midi au bureau, donc plus léger, plus

5
« Baptême » en Belgique correspond à « bizutage ».
37 Jean-Claude Raskin © Mon projet à travers les 7 questions 2016
« light » … Prévoir des salades, des frites allégées, des menus
vegan ?

Si e,
Attention, faut du « lourd », ça doit aller vite et ça doit aider à
« dessaouler » !
Mais l’accueil, la déco, l’ambiance devront correspondre au
public.

2. La maison d’enfants
Serez vous équipée ou formée à accueillir des enfants
présentant un léger handicap ?
Comment prévoyez-vous l’alimentation en fonction des
diversités culturelles rencontrées ?
Avez-vous réfléchi aux besoins des personnes qui sont dans
votre quartier : Population aisée ? Population de classes
moyennes ? Population défavorisée ?
Quels sont leurs horaires ? Dois-je m’adapter ?

3. Le magasin de pièces automobiles


Plutôt garagiste du dimanche ou professionnels ?
Petits indépendants ou grosses structures ?
Assortis du conseil ou plutôt self-services ?
Est-ce que j’ai réfléchi à un secteur « pièces d’occasion » ?
Ou à un coin « Voitures de collections » ?
Est-ce que je prévois ce qui a trait à la customisation ?
Et dans mes clients, est-ce que je pense aussi aux artisans
locaux qui ont du matériel pro type camionnettes ou tracteurs
et qui réparent beaucoup eux-mêmes ?

38 Jean-Claude Raskin © Mon projet à travers les 7 questions 2016


4. Le commerce en ligne
Ma clientèle sera-t-elle :
Etudiante ?
Hommes et femmes d’affaires ?
Familiale ?
Tranches d’âge ?
Groupes scolaires ?

Avec des objectifs :


Touristiques ?
Sportifs ?
Découvertes/aventures ?
Médicaux ?
Economiques ?

Et bien sûr, les questions génériques propres à toutes les


professions, tous les métiers, toutes les activités ?

Qu’est-ce qui existe déjà sur ce thème ?


Qu’est-ce que je peux apporter de plus ?
Qu’est-ce que je peux apporter de différent ?
Les plus et les différences sont-ils nécessaires par rapport à ce
que je veux faire et par rapport à la concurrence ?

Car dans ce cas, la question 2 « Quoi ? » et 3 « Pour qui ? »


combinées ensemble vont vous apporter des réponses sur le
bien fondé de votre démarche. Rappelez-vous aussi qu’il est
bon de prospecter l’avenir et les tendances du marché. Ces
études et ces prospectives valent ce qu’elles valent mais elles
sont souvent le reflet d’une évolution. Alors que j’avais 18 ans
et que je terminais des études d’imprimeur, on demanda à nos
professeurs quel était l’avenir de l’offset par rapport à la
typographie. L’offset était un nouveau procédé d’impression
par plaque qui a bouleversé l’imprimerie et qui aujourd’hui

39 Jean-Claude Raskin © Mon projet à travers les 7 questions 2016


commence à montrer des signes d’essoufflement face à
l’émergence de l’impression digitale. A l’époque, nos
professeurs nous répondirent, sûrs de leur bonne foi :
« Phénomène de mode qui ne détrônera JAMAIS la typographie ! » !

Et près de 50 ans plus tard, des imprimeurs à qui on pose la


question sur l’impression digitale répondent :« Phénomène de
mode qui ne détrônera JAMAIS l’offset ! » !

Méfions nous des affirmations et des croyances qui ne servent


qu’à nous rassurer et nous voilent l’évolution du monde. Que
cette évolution nous plaise ou pas. Créer ou reprendre un
point presse avec vente de journaux et de loterie aujourd’hui
est peut-être encore une bonne idée, mais face à la montée
croissante de l’info par internet et des jeux en ligne, il est
vraiment important de bien y réfléchir ou d’y apporter une
notion de services encore à inventer.

Et maintenant, prenez un peu de temps pour vous.


Fermez les yeux, détendez-vous, mettez-vous au calme.
Avec de la musique si besoin.
Et posez-vous cette question ?

Avec quel public idéal vous voyez-vous dans votre


activité ?

Rêvez-le. Imaginez-le. Tâchez de le concrétiser.


Et imaginez votre comportement avec ce public, ce client,
même virtuel.

Je viens de vous démontrer la nécessité de découvrir et


d’affiner votre cible, autrement dit vos futurs clients. Mais

40 Jean-Claude Raskin © Mon projet à travers les 7 questions 2016


revenons maintenant en arrière et relisez ce que vous avez
répondu à la première question « Qui ? ».

Et maintenant revenez à cette troisième question et répondez


à : « Pour QUI est-ce que je souhaite lancer ce projet ? »

Est-ce vraiment pour vous ?


Cela correspond-il toujours à vos valeurs, à vos envies, à vos
compétences ? Apprécierez-vous vos futurs clients ?
Ou alors peut-être avez vous quelque chose à prouver ? A
vous ou à vos enfants ? Votre compagne/compagnon ?
Vos parents ?

Nous y reviendrons au chapitre suivant.

41 Jean-Claude Raskin © Mon projet à travers les 7 questions 2016


42 Jean-Claude Raskin © Mon projet à travers les 7 questions 2016
4. Quatrième question : Pourquoi ?
Les raisons qui me poussent à construire ce projet sont
étroitement liées à la dernière sous-question du « Pour qui ? »,
à savoir : « Qui ? Pourquoi ? et Comment ? », allons-nous tirer
du profit de cette aventure. Car tout projet est une aventure.
Une prise de risques.
Et qui dit profit signifie bien plus que le simple profit
financier. Même si celui-ci doit être pris en compte et évalué.

Avez-vous pris la peine de répondre aux dernières questions


du chapitre précédent ?
Pour qui est-ce que je souhaite lancer ce projet ?

Est-ce bien pour moi ?


Et si oui, pour quelles raisons ? Autrement dit : « Pourquoi ? »

En coaching et en développement personnel, il est de bon ton


d’éviter la question « Pourquoi ? » pour la bonne raison qu’elle
a tendance à culpabiliser celui à qui elle est posée.

La préférence est davantage tournée vers des questions plus


ouvertes : « Quelles sont les raisons qui t’ont amené à … ?
plutôt que « Pourquoi t’as fait ça ? »

Vous saisissez la nuance ?

43 Jean-Claude Raskin © Mon projet à travers les 7 questions 2016


Par contre, dans mon questionnaire, je garde le « Pourquoi ? »
car cette question résume bien « Toutes les raisons qui vous
ont amené à ! »

Si la réponse à « Qui en profitera ? » est autre que vous, il y a


lieu de passer un peu de temps à trouver en quoi votre projet
profitera à d’autres.

A votre compagnon/compagne ? Qu’il vous encourage et


vous accompagne est une chose, que vous lui consacriez ou lui
portiez en offrande toute la sueur de votre front relève
davantage de la dévotion et de l’abnégation. A moins que vous
ne vouliez davantage compter à ses yeux ? C’est une raison et
une réponse à votre pourquoi pour elle/lui ?
Et cette raison, a-t-elle une chance de tenir la distance ?

Un autre profit pourrait être vos enfants. Ou vos parents.


Et pourquoi eux ? Peut-être pour obtenir de la reconnaissance
de leur part.
« Je n’ai jamais rien fait de bon. Je vais leur prouver que je peux faire
quelque chose et j’en obtiendrai – enfin – de la reconnaissance » ou
encore « Je veux que mes enfants/parents soient fiers de moi ! »

Je vous laisse à vos réflexions, mais je vous en conjure,


répondez sincèrement. Car ce projet, quelle que soit l’aide ou
la reconnaissance que vous en obtiendrez, c’est avant tout
pour vous et pour vous seul(e) que vous le réaliserez.
Et si il y en a une part pour les autres – tant mieux - soyez en
conscient(e) mais qu’elle ne soit pas la principale raison.

Et les autres raisons ?


• Pour gagner de l’argent ? C’est une bonne raison.

44 Jean-Claude Raskin © Mon projet à travers les 7 questions 2016


Sous-question : Pourquoi voulez-vous gagner de l’argent en
devenant indépendant ? Avez-vous épuisé tous les autres
moyens ? Et combien voulez-vous gagner ? Et de combien
avez-vous besoin ? Que représente l’argent pour vous ?

• Pour être indépendant(e), marre d’obéir à un patron !


Sous-question : qu’est-ce qui vous donne l’impression d’obéir
à un patron ? Est-ce la seule solution de vous affirmer vis-à-vis
d’une autorité ?
Je dirai que ça va dépendre du patron. Rappelez-vous qu’un
client peut parfois être aussi contraignant qu’un patron.

• Pour être libre de mes horaires, être mon propre


patron et vivre sans contraintes.
C’est un bel objectif. Très beau même. Et je vous souhaite de
le vivre tout au long de votre vie. Mais comment allez-vous
vous y prendre ? Est-ce que le fait d’être « indépendant » est
une des façons de vivre libre ?
Et puis… qu’est-ce donc qui vous empêche d’être libre ?

• Pour me réaliser et m’épanouir à travers mes valeurs et


en fonction de « Qui je suis ? », question n°1.

Alors là, rien à dire !

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Entracte

Cette première partie que j’ai dénommée « La Réflexion »


arrive à son terme.

Prenez la peine de relire consciencieusement toutes les


réponses que vous avez - j’espère - consignées
méticuleusement tout au long de ce questionnement. Je
souhaite qu’il y ait quelques ratures car les réponses à une
question vous ont peut-être permis d’alimenter ou de réviser
les réponses d’une question précédente.

Avant de passer à la seconde partie, essayez donc de visualiser,


ressentir, goûter et écouter tout ce que votre projet va vous
apporter…ou pas !

A ce stade de la réflexion, certains ont déjà plié bagage et


abandonné ce projet…
Sans regrets et pour en rêver un autre qui sera bien davantage
dans leurs cordes.

Petits exercices à faire seul ou entre amis :

Comment rêvez-vous votre vie à venir ?


Comment vous rêvez vous dans 10 ans ?
Quelle serait une journée type selon vous ?

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B. L’action
Vous avez construit et écrit le premier chapitre de votre
nouvelle vie. Les choses commencent à prendre forme dans
votre esprit. Vous consolidez l’envie de celui-ci. Vos amis vous
encouragent.
Ou pas !
L’important est ce que vous ressentez, ce dont vous avez
envie, votre motivation à continuer.
Attention toutefois d’éviter de poursuivre juste pour aller à
l’encontre de vos opposants, juste pour aller contre eux. Ce
serait dommage que vous perdiez votre objectif au détriment
de conflits de bas étage.

Je vous invite à chaque écueil, à chaque moment de doutes, et


dieu sait si vous en aurez, et heureusement, à relire vos
premières pages consignées dans la première partie de ce livre :
celle de la Réflexion et de ses quatre premières questions :
Qui êtes-vous et quelles sont mes valeurs ?
Qu’est-ce que je veux faire ?
Pour qui est-ce que je veux le faire ?
Pourquoi est-ce que je veux le faire ?

Toujours ok ?
Vous pouvez toujours revenir, affiner, modifier, renforcer.

Le doute est le ciment de la confiance en soi.

Faites bien la différence entre « avoir l’air sûr de soi » et « avoir


confiance en soi ».

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La forme et le fond.
Etre trop sûr de soi risque de vous mener « dans le mur » car
vous ne verrez pas le danger arriver ou plus simplement vous
ne verrez pas l’imprévu arriver.
Or la vie c’est l’imprévu en permanence.
De temps à autre, les forts en gueule diront « je l’avais bien
dit » mais dites-vous bien qu’ils oublient le nombre de fois où
ils l’avaient aussi « bien dit » et où ils se sont royalement
plantés.

Dans cette seconde partie, l’ordre des questions est moins


important que précédemment.
Autant je suis intransigeant sur le respect de l’ordonnancement
des quatre premières, autant je suis souple sur les trois
suivantes. Par contre hors de question d’en éviter une.
Et si vous êtes rebelle à répondre à une des 7 questions,
réfléchissez à ce qui vous bloque.
Prenez du temps. Revenez dessus. Qu’est-ce qui vous
empêche de répondre à cette question là ? (peu importe
laquelle ).

Elle est inutile pour MON projet ?


Elle ne sert à rien ?
C’est très bien mais ça ne concerne pas le projet que je mène ?

Sachez que cette réaction, voire ce rejet provient souvent


d’une réponse que vous connaissez au fond de vous et que
vous ne souhaitez pas entendre. Vous sentez que la réponse
risque de mettre le doigt sur une grosse difficulté à venir ou
mettre en avant une de vos faiblesses et cela pourrait entraver
la bonne marche de votre projet et même de le remettre en
question.

50 Jean-Claude Raskin © Mon projet à travers les 7 questions 2016


Et cette crainte vous fait rejeter la question et surtout sa
réponse. En l’enfouissant, en la rejetant, en la niant, vous
pensez qu’elle disparaîtra.
Jouez le jeu.
Cette question qui vous dérange,
Soit, une fois posée sur le papier, trouvera une solution pas
aussi insurmontable que vous ne le pensez,
soit vous montrera l’importante difficulté de réaliser votre
projet pour des raisons diverses et vous permettra d’arrêter à
temps.
Ces raisons peuvent être d’ordre divers : finances,
compétences, immobilier, etc.
Mais dites vous bien que tout est surmontable.
Si vous le voulez vraiment. Et ne soyez pas honteux de
changer de projet si vous vous rendez compte qu’entre ce que
vous imaginiez et la réalité que vous découvrez, il y a des
tâches imprévues qui sont sous le niveau de la mer. La face
visible d’un iceberg ou d’une profession cache une somme
d’inconnues que tout le monde n’a pas envie d’affronter une
fois celles-ci révélées.
Par le jeu des 7 questions, vous découvrirez aussi la face
cachée de l’iceberg. A vous de voir si celle-ci vous convient.
Et continuez ou arrêtez.
En connaissance de cause, et sans regrets.

Et surtout, faites confiance à votre intuition, acceptez de


douter et : AGISSEZ !

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5. Cinquième question : Comment ?
Sans doute, avec la première question « Qui ? », le plus gros
chapitre de votre projet.
Vous allez dans ce chapitre lister tout ce que vous aurez à faire
pour mener à bien ce projet et vous allez les sous chapitrer.

En effet, le principe des 7 questions fonctionne comme des


poupées russes. En posant une question, vous découvrez de
nouvelles interrogations. A ce moment, il s’agit de reposer les
7 questions à chaque nouvelle interrogation.
Le mieux est de vous donner des exemples.

Je commence à lister les besoins administratifs, les besoins


marketing, les besoins en communications, les besoins
financiers,…

A. Pour les besoins administratifs, je dois vérifier :


• si j’ai les connaissances de gestion obligatoires et
nécessaires ;
o si non : comment y remédier ?
§ formations ?
• quel organisme ?
• quel coût ?
• combien de temps ?
• quels horaires ?
• quelle compatibilité avec le
lancement de mon projet ?

53 Jean-Claude Raskin © Mon projet à travers les 7 questions 2016


• si la profession est protégée et nécessite un accès
particulier ?
o si oui, comment y remédier ?
§ formations ?
• quel organisme ?
• quel coût ?
• combien de temps ?
• quels horaires ?
• quelle compatibilité avec le
lancement de mon projet ?
• Quelles sont les formalités liées à ma région, mon
pays ?

• Quelles sont les aides possibles : financières, coaching,


conseils, … octroyées par le gouvernement, les
régions, les provinces/départements, les communes,
voire certaines associations : chambre de commerce,
unions professionnelles, …

B. Pour les besoins marketing, j’aurai besoin de compléter et


d’affiner ma clientèle, ma cible. Autrement dit, je devrai savoir
comment compléter ma question 3 : « Pour Qui ? ».
J’ai défini celle-ci dans la première partie en fonction de mes
valeurs, de mes souhaits, de mes envies, de ce qu’il me semble
juste en fonction de qui je suis (Qui ?) et de ce que je fais
(Quoi ?) mais maintenant, je dois déterminer « Comment ? » je
vais trouver et sélectionner cette clientèle.
C’est ce que l’on appelle dans les livres de marketing l’étude de
marché.
Mais comment vais-je m’y prendre ?
Un sondage ?
Une enquête ?

54 Jean-Claude Raskin © Mon projet à travers les 7 questions 2016


Et si oui, est-ce que cette enquête, je vais la faire dans la rue ?
dans un centre commercial ? par mail ? par Facebook ?

Cela vous effraie ? Vous semble compliqué ?


Toutes ces questions de nouveau… Pffff ! J’y arriverai jamais.
Vous sentez le découragement revenir ?

C’est le moment de revenir aux anciennes questions.


Souvenez-vous.
Vous avez pris la peine à la question 1.b « Qui sont les
autres ? » de lister toutes les personnes qui pouvaient vous
aider. De près ou de loin. De même que vous avez référencé
vos concurrents, vos fournisseurs, …
Reprenez-les par catégorie et confrontez-les à chacune de vos
questions.
Comment ?

Voici un exemple.
Je souhaite ouvrir une épicerie bio dans mon quartier.
Je relis mon projet depuis le début et je résume les réponses.

1. Qui ?
o J’ai toujours mangé de manière saine, mes
grands parents cultivaient leur jardin, je suis
passionné de diététique, j’ai suivi une
formation en vente et une autre en économie
locale, j’ai des valeurs écologiques, mais aussi :
j’ai travaillé comme vendeur sur les marchés,
j’adore conseiller les gens, …
o J’ai un ami (Steve) qui est maraîcher, un autre
(Fred) qui est fonctionnaire, une amie
(Chantal) qui est coiffeuse ( ?), je connais un
grossiste en produits bio, il y a une épicerie du
même type dans la ville voisine,…

55 Jean-Claude Raskin © Mon projet à travers les 7 questions 2016


2. Quoi ?
o Une épicerie bio qui respecte toute la filière
écologique et éthique, circuits courts, produits
frais, avec conseils et dégustations,…
3. Pour qui ?
o La clientèle de mon quartier/village/ville…
o Les familles avec des enfants/adolescents
o Tranches d’âge 30 à 45 ans (à affiner)
4. Pour quoi ?
o Etre autonome
o Défense de mes valeurs écologiques et
humaines
o Rendre services
o M’amuser dans le conseil et l’animation
o Pouvoir m’occuper de mes enfants en
travaillant près de chez moi

Ayant répondu et résumé mes réponses – ce qui me permet de


me réapproprier le projet de manière globale mais synthétique
et de voir avec satisfaction qu’il tient la route – je passe à la
question 5 « Comment ? » et je la confronte :

« Comment » mon ami « Fred » qui est fonctionnaire peut-il


m’aider ?
Et d’abord, dans quel secteur travaille-t-il ?
Aux finances ? Alors il doit pouvoir m’indiquer la
réglementation fiscale liée à mon nouveau boulot.
A l’urbanisme ? Alors il doit pouvoir me dire quelles
sont les contraintes dans la rue/le village/le quartier où
je veux m’installer ?
Mais peut-être ne peut-il rien pour moi ? Je le laisse alors de
côté pour ces questions et je passe au suivant.

56 Jean-Claude Raskin © Mon projet à travers les 7 questions 2016


Ma voisine Chantal est coiffeuse dans un salon du centre ville.
Mon projet ne concerne pas l’esthétique, ni le bien-être. Je
veux ouvrir une épicerie bio. Comment peut-elle m’aider ?
Une coiffeuse parle beaucoup à sa clientèle. Peut-elle
demander un avis sur les habitudes de ses clientes ? Mangent-
elles bio ? Que reprochent-elles au bio ? Qu’aiment-elles dans
le bio ?
Et avant ça, les clientes de Chantal sont-elles financièrement
aisées ? Quelle est leur tranche d’âge, leur mode de vie ? Est-ce
que cet échantillon (clientèle de Chantal) correspond à ma
cible (Q3 Pour qui ?) ? 6

Compris ?

A chaque question du « Comment » faire ceci ou cela,


réfléchissez à « Comment » vos amis pourraient vous aider.
Vous serez étonné du nombre de tâches ou de renseignements
que vous allez obtenir.
Sollicitez vos amis, vous les mettrez en avant. Vous leur
donnez de l’importance.
Vous justifiez l’amitié qu’ils vous portent. 7
Autrement dit : déléguez !

Et ainsi de suite.
Chaque projet, chaque profession, possède ses spécificités.

6
(c’est déjà une étude de marché)
7
Sachez aussi leur rendre service lorsqu’ils vous solliciteront. C’est aussi ça l’amitié.
57 Jean-Claude Raskin © Mon projet à travers les 7 questions 2016
58 Jean-Claude Raskin © Mon projet à travers les 7 questions 2016
6. Sixième question : Où ?
Les questions circonstancielles
Vous allez comprendre dans ce chapitre pourquoi l’ordre des
questions de cette seconde partie est moins importante que
dans le temps de la réflexion.
Si vous avez hérité d’un local, si vous devez reprendre un
commerce existant ou encore, si l’activité est saisonnière,… Il
y a de fortes chances pour que vous ayez les réponses au
« Quand ? » et au « Où ? » depuis le début.
Et ces réponses vont évidemment influencer les réponses à la
question 5 « Comment ? ».

Néanmoins, il ne suffit pas de savoir où vous allez vous


installer pour en bâcler la réponse…

En effet, en sachant tout ce que vous savez depuis que vous


avez répondu à la première partie, l’atelier ou la boutique que
vous allez reprendre correspond-il toujours à votre cible de la
question 3 « Pour qui ? » ?

Avez-vous pris en compte l’évolution de votre clientèle qui :


• soit n’a plus besoin d’un accès aisé et d’un vaste
parking parce que la plupart de vos commandes vont
arriver en ligne,
• soit au contraire a besoin d’une grande visibilité et d’un
lieu de passage parce que la manière dont vous allez
faire évoluer votre activité nécessite une animation
permanente ?

59 Jean-Claude Raskin © Mon projet à travers les 7 questions 2016


Le lieu prend-il en compte l’accessibilité pour tous ?
Toujours en fonction de ce que vous allez faire, y-a-t-il accès
par les transports en commun ? Accès aux personnes à
mobilité réduite ? Parking aisé ?

Pour l’anecdote, je me suis rendu un soir dans un restaurant


pratiquant une cuisine africaine très typée – très bonne
d’ailleurs - et qui à l’époque n’avait pas aménagé de parking.
Mais comme l’établissement se trouvait dans un virage où la
visibilité était mauvaise, les clients devaient aller se garer à plus
de 100 mètres et en bord de route avant de trouver un lieu sûr.
Par ailleurs, le tronçon de route n’était pas éclairé !
Et la Belgique, au niveau climat, ce n’est pas l’Afrique…
Nous avons avec ma compagne bravé tous ces inconvénients
– et bien nous en pris - mais nous avions failli abandonner et
si il avait plu, nous n’y serions pas allé. Et le souvenir de ces
inconvénients a dépassé le souvenir de la qualité des mets
dégustés et de l’ambiance du lieu et nous n’y sommes donc
jamais retourné. Dommage.
Et peut-être ces restaurateurs ne savent-ils pas quelle incidence
l’absence de parking a pu avoir sur le peu de succès de leur
établissement. Et il leur sera donc difficile de tirer un
apprentissage de cette erreur de lieu non aménagé.

Comme quoi, la question du lieu est importante car si vous ne


pouvez le choisir, il est important de vérifier tous les
paramètres qui doivent être pris en compte en le passant lui
aussi au crible des 7 questions.

De même, si vous n’avez pas encore de lieu, vérifiez en bien


tous les paramètres.

60 Jean-Claude Raskin © Mon projet à travers les 7 questions 2016


Un autre point, assez caractéristique de la Belgique qui est un
tout petit pays avec trois langues officielles, mais que vous
retrouverez cette problématique dans toutes les régions
frontalières : la langue.

Si vous vous installez près d’une frontière, qu’elle soit


purement linguistique (Belgique) ou mitoyenne d’un pays de
langue étrangère à la vôtre, tenez en compte.
Vous serez susceptible d’avoir des clients qui ne parlent pas
nécessairement votre langue.
Pourrez-vous vous exprimer et vous faire comprendre ?
Devrez vous développer vos outils de communication en deux
langues ?
Acceptez-vous d’ignorer cette clientèle potentielle ? Pourquoi
pas ? Revisitez la première partie de cet ouvrage et voyez si
vous pouvez vous en passer ?
Autant de questions dont je n’ai pas la réponse mais qu’il faut
vous poser sous peine de ne pas comprendre certaines
évolutions de votre entreprise.

Encore une fois, construire une entreprise, c’est bien préparer


tout ce qui pourrait vous arriver de manière à avoir le plus
d’assurance possible et ne pas vous laisser submerger par une
multitude de petits problèmes que vous auriez pu éviter et qui
sont source de stress inutile. Les imprévus seront toujours de
la partie et font partie de la vie d’un entrepreneur. Mais
comme en toutes choses, il y a des imprévus heureux et des
imprévus malheureux. Comme il y a des personnes au
tempérament davantage prêt à affronter l’imprévu que
d’autres. Mais quelle que soit votre personnalité, ne provoquez
pas le diable et prévoyez de ne pas laisser venir à votre table –
trop – d’imprévus désagréables…

61 Jean-Claude Raskin © Mon projet à travers les 7 questions 2016


…et Quand ?
En commençant ce chapitre, j’ai ouvert la porte aux activités
saisonnières. Et je me rappelle d’un brave marchand de pizzas
de mon quartier qui me racontait sa première expérience
soldée par …une faillite !

Il y a une vingtaine d’années, il eut l’opportunité de reprendre


un commerce de crèmes glacées dans une galerie
commerçante. Commerce qui avait sa clientèle et qui
présentait une belle opportunité.
Il gratte donc ses petites économies, ne fait pas de plan
d’affaires mais fait un calcul de rentabilité à l’instar de « Perette
et le pot au lait » de Jean de La Fontaine: « Il suffirait de… » et
« si ceci alors cela » et des approximations du type « Tout le
monde aime bien la glace ». Avec son calcul, et en pleine saison, il
allait tenir sans problèmes … une partie de l’année. Mais une
année, c’est 12 mois. Et en Belgique, il y a peu de touristes et
de plus il fait froid l’hiver. Et il pleut souvent.
Et notre homme a négligé tous ces paramètres et a ouvert à
grand renfort de publicité en … novembre ! Quand tout va
bien, on peut estimer qu’une saison pour un glacier commence
– timidement - à Pâques ! Autrement dit près de 6 mois sans
même couvrir ses frais fixes : loyers, chauffage,
amortissements, etc.
Sa trésorerie n’a pas suivi et il dut déposer son bilan l’année
suivante.

Par contre, il a bien appris de ses erreurs et il conduit


aujourd’hui une petite pizzeria florissante. Mais il y a peu de

62 Jean-Claude Raskin © Mon projet à travers les 7 questions 2016


temps qu’il a enfin remboursé les dettes de ses glaces
hivernales…

Cet exemple ne doit évidemment pas vous décourager. J’essaie


simplement de vous faire comprendre l’importance de penser
à tout. Votre projet passé au crible des 7 questions vous
évitera ces écueils. Et après, et après seulement, vous pourrez
vous atteler à votre plan financier et à votre business plan tels
qu’ils sont proposés dans la plupart des ouvrages de marketing
et de lancement d’affaires.

Revenons au « Quand ? ».
Allez, je me fais plaisir, j’en fais une citation :

« Un projet doit être marqué dans le temps sous peine


d’être reporté sans cesse !»
Jean-Claude Raskin 2016.

La procrastination. Vous voyez ce que c’est ?


Mais il y a plusieurs façons de procrastiner.
J’ai accompagné un porteur de projet qui se lançait dans la
location de motos de course pour amateurs. Vous aimez la
moto et vous souhaiteriez piloter une vraie moto de
compétition sur un circuit. C’était son projet. Lui-même pilote,
mécano et passionné, il a pris des accords avec des
constructeurs, avec différents circuits et il organise ( au présent
car son activité « roule ») des « tours de circuits » pour
particuliers, entreprises, etc.
Mais sans cesse il reportait le lancement de son activité. Une
fois, il n’était pas content de la qualité du traiteur qui assurerait
le catering, une autre fois, avant de louer les tentes pour abriter
les équipes, il voulait vérifier si une autre qualité de toiles
n’existait pas sur le marché, une autre fois encore, il voulait
vérifier un point de détail dans la page d’accueil de son site

63 Jean-Claude Raskin © Mon projet à travers les 7 questions 2016


internet… Et ainsi de suite. Son besoin de perfection pour
toute une série de détails lui faisait sans cesse reporter le
lancement de son activité. Ce fut l’essentiel de mon
accompagnement, car son projet était tip-top, lui donner
confiance afin qu’il se lance et découvre – et résolve - au fur et
à mesure tous ces petits détails. Mais son stress se marquait
par un souci de perfection qui, forcément risquait de ne jamais
lui permettre de démarrer.
Commencez.
Osez.
Et puis : améliorez, enrichissez, embellissez.
Parce que ses clients, ce n’était pas sur la qualité des
sandwiches ou du café, pas plus que sur la blancheur des toiles
de tentes qu’ils allaient le juger. Ce serait à la qualité des
motos, des conseils, de l’infrastructure générale, du circuit… et
ensuite – peut-être – à la qualité de la nourriture.
Et s’il avait avancé une date, vu son caractère perfectionniste
et son système de valeurs basé, notamment, sur le respect de
ses engagements et de la parole donnée, il aurait commencé à
temps.
Ceci dit la plupart des personnes que je reçois ont quasi toutes
réalisé un planning.

Quid du planning ….

Un planning est bien une manière de planifier les tâches sur


une période donnée. Je pars de la date du jour, aujourd’hui, et
je couche mes tâches une à une sur le papier tout en faisant
dérouler, les jours, les semaines et les mois jusqu’à arriver à la
fin de mon parcours et déterminer alors le début de mon
activité.
Une autre manière est de déterminer la date à laquelle je
souhaite démarrer mon activité puis, de coucher mes tâches
une à une tout en faisant dérouler etc.

64 Jean-Claude Raskin © Mon projet à travers les 7 questions 2016


Si dans le premier des cas, où je n’ai pas de date butoir,
l’avancée se fait à mon rythme et sans aucun stress : « On verra
bien le temps que ça prendra », il faut bien reconnaître qu’il en
va rarement ainsi. Dans la construction d’un projet
professionnel, à moins d’avoir gagné au Lotto ou d’avoir
réalisé un bel héritage, rares sont les personnes qui peuvent se
permettre de passer leur vie à construire un projet sans date
butoir. Il faut quand même bien gagner sa vie.
Nous nous trouvons alors dans le second cas, le plus fréquent,
et là, le stress commence.
Comme au début de ce livre, avant de commencer à vous
poser les bonnes questions : « C’est trop », « Je vais jamais y
arriver », « Je n’aurai pas le temps ».

De fait, ce planning classique, dans ce cas de construction de


projet, ressemble un peu à la course à l’échalote : plus j’avance
et plus je trouve des pelures à retirer.

Pour une fois, je vais transgresser. Mais une fois seulement. Je


vais vous inviter à construire un rétro-planning et à partir en
marche arrière plutôt que de foncer en marche avant tête
baissée avec le risque d’aller dans le mur. Mais plutôt qu’une
marche arrière, je préfère imaginer un temps d’arrêt pour
relever la tête, observer le paysage, contempler ce qui a été
accompli, ce qu’il reste à faire et repartir dans la bonne
direction. Comme la goutte d’eau qui s’arrête un moment dans
un cours d’eau plus calme et qui prend le temps d’imaginer
l’océan…

… et du rétro-planning ?

Cet outil ne m’appartient pas et vous trouverez de nombreuses


références sur les différents moteurs de recherche avec
exemples et exercices à l’appui, aussi je ne m’étendrai pas sur la

65 Jean-Claude Raskin © Mon projet à travers les 7 questions 2016


technique mais bien sur les avantages du rétro planning par
rapport au planning conventionnel.

Pour des raisons x ou y, vous avez une date butoir.


Raisons financières, vous reprenez une activité existante et elle
ne peut se permettre d’arrêter, une activité saisonnière qui ne
peut attendre une année de plus, … que sais-je ?

Vous allez donc arrêter la date.


Vous allez prendre le listing de l’ensemble des tâches réalisées
à la question 5 « Comment ? » et vous allez les mettre dans
l’ordre et déterminer le temps que va prendre chacune de ces
tâches.
Vous allez également déterminer quelle est la personne la
mieux à même de mener chaque tâche à bien. Parmi ces
personnes, outre vos amis et vous-mêmes évidemment, listez
les extérieurs : fonctionnaires qui devront vous fournir tel
document, fournisseurs, tant pour l’aménagement du local que
pour la livraison de vos produits, graphiste qui va créer votre
logo et votre site internet, etc.
Autrement dit une liste qui reprend :

a. Le listing de tous les extérieurs


b. Le détail de toutes les tâches
c. Qui peut faire quoi ? Autrement dit les
correspondances entre a et b, entre le Qui et le quoi.

Quand c’est fait, vous déterminez les grandes familles de


tâches :
• l’aménagement d’un bureau/local/atelier
• toute les demandes administratives
• la création de l’image et de la charte graphique
• etc

66 Jean-Claude Raskin © Mon projet à travers les 7 questions 2016


Vous donnez une couleur à chaque famille et vous tracez sur
un grand tableau autant de ligne de temps qu’il y a de couleurs
ou de famille de tâches.

Et à partir de là, vous partez de votre date butoir et vous


remontez le temps jusqu’à aujourd’hui. Comme un petit
tableau vaut mieux qu’un long discours, voici un schéma
virtuel de ce tableau :

Encore une fois vous trouverez des exemples et des


applications sur la toile.
Ce dont je peux vous assurer, c’est que c’est un formidable
outil pour la gestion du stress.
Et quand certains me disent qu’ils aiment travailler sous stress
et qu’ils en ont besoin pour avancer, ce en quoi je suis en
partie d’accord - en tous cas pour le « bon » stress - je rassure
en disant qu’il en restera toujours bien assez.
67 Jean-Claude Raskin © Mon projet à travers les 7 questions 2016
Et que le stress que l’on ne peut contrôler, autrement dit, les
tâches qui vont dépendre des autres et sur lesquelles vous avez
peu de maîtrise, et bien celles-là, vous pouvez vous en passer
car elles génèrent du « mauvais » stress.
Et ce mauvais stress place la goutte d’eau dans une flaque
stagnante plutôt que dans un cours d’eau qui avance !

Après ce « Où » et ce « Quand » - et les 5 questions qui


précèdent, je vous invite à découvrir la dernière des 7
questions : « Combien ? ».

68 Jean-Claude Raskin © Mon projet à travers les 7 questions 2016


7. Septième question : Combien ?
Dès que ce mot est nommé, des « $ » et des « € » apparaissent
dans les yeux des participants.
Essentiel évidemment mais pas trop vite.

En référence à la question précédente et en complémentarité


avec elle, demandez-vous :
« Combien » de temps ?
« Combien » de partenaires ?
« Combien de collaborateurs ?
mais aussi
« Combien » d’heures pourrez-vous consacrer à cette
occupation : par jour, par semaine (si vous avez des enfants en
bas-âge), par mois, par an…
Et dans le même ordre d’idées, de combien de temps avez-
vous besoin pour vous ressourcer, pour prendre des
vacances…

Une personne n’est pas l’autre et la plupart des indépendants


vous diront : « Si tu commences à compter tes heures, ne commence pas !
Un indépendant, ça bosse jour et nuit, week-end compris et pas de
vacances ! »

Peut-être. C’est vrai pour certains. Un de mes amis, qui dès


l’âge de 7 ans rêvait de devenir artisan ébéniste, l’est devenu, a
réjoui sa clientèle tout au long de sa vie, passe dans son atelier
le dimanche pour se détendre et aura pris sur toute sa vie
moins de vacances que je n’en prends en un an. Et il s’est aussi
occupé de ses enfants. Avec tout autant de passion.
Mais ce qui est bon pour l’un ne l’est pas nécessairement pour
l’autre.
69 Jean-Claude Raskin © Mon projet à travers les 7 questions 2016
Bien sûr, la semaine des 35 heures, ça fait rire. Et au début,
vous serez au four et au moulin. Et vous gaspillerez aussi pas
mal de temps. Pour trouver vos marques, pour organiser vos
journées en fonction des imprévus… que vous n’aviez pas
prévus !
Et ce n’est pas un jeu de mots. En bon organisateur que vous
êtes, vous avez intégré dans votre planning des temps pour
gérer une série d’imprévus : une panne récalcitrante, une
demande de renseignements plus longue qu’estimée, un livreur
bavard, un ami – qui vous veut du bien – et qui prend de vos
nouvelles… Hé oui, la vie continue.
Eh bien, malgré tout ça, il risque encore d’y avoir des
imprévus.

Ou pas.
Et si c’est le cas, alors faites preuve d’imagination : profitez-
en !
Savourez votre organisation, le chemin parcouru, prenez un
café, mangez une glace, téléphonez à votre amoureux(se),
félicitez-vous.
Et puis reprenez !
Ces courts instants, intégrez-les dès le départ. Je ne peux vous
garantir que vous en aurez beaucoup mais ne les laissez pas
échapper. Oui, dans une vie d’indépendants il y a de très bons
moments et vous devez en profiter.

NON, le client n’est pas roi !


Je ne sais quel esclavagiste des temps modernes a un jour sorti
cette stupidité, mais évitez de partir avec ce concept en tête.
Bien sûr, vous devez le servir le mieux possible, bien sûr vous
devez sans cesse rechercher l’excellence, bien sûr vous devez
respecter vos délais et vos engagements, … mais lui aussi !

70 Jean-Claude Raskin © Mon projet à travers les 7 questions 2016


Savez-vous que les cabinets de coaching ainsi que les médecins
reçoivent de plus en plus de cas de burnout …
d’indépendants, d’artisans, de petits commerçants ?

Et la plupart du temps, sous la pression des clients.


A quoi bon devenir indépendant, si c’est pour s’aliéner à un
patron/client ? Où est l’indépendance ?

Un bon client – de même qu’un bon patron d’ailleurs – est


quelqu’un qui vous respecte et que vous respectez.
J’ose espérer qu’après lecture et application des 7 questions,
vous tendrez davantage vers cette excellence de la liberté et du
respect des engagements pris.

Car ce temps qu’il vous faut pour accomplir ces tâches, il doit
impérativement correspondre, lui aussi, à votre première
question : « Qui suis-je et quelles sont mes valeurs ? ».

Dans les questions 5 « Comment ? » et 6 « Quand et où ? »,


vous avez listé les tâches et les personnes dont vous auriez
besoin.
Reprenez-les dans un tableau synthétique si ce n’est déjà fait.

Et venons-en maintenant au « Combien d’argent ? »


Et là aussi, il y a deux catégories :
A. Combien vais-je devoir investir ?
o Qu’est-ce que je possède déjà ?
§ Une épargne ?
§ Des biens ?
§ Rien ? …
C’est le moment de faire un vrai bilan. Bien sûr il y a des
banques qui prêtent…surtout aux riches ! Ne soyons pas
mesquin, il existe aussi des systèmes de prêts alternatifs et des
associations de micro-crédits. Toutefois, même en partant
71 Jean-Claude Raskin © Mon projet à travers les 7 questions 2016
d’une bonne intention et sans vouloir maximiser leurs profits,
ces associations ont besoin de garanties, ne fut-ce que pour
récupérer leur mise et pouvoir prêter à d’autres !
J’ai un jour rencontré un brave homme qui voulait créer sa
petite entreprise et qui avait un peu d’épargne. Quand cette
question est arrivée, il a dit haut et fort : « Ah non. J’ai épargné
toute ma vie, ce n’est pas pour mettre cet argent dans mon commerce et
risquer de tout perdre. Les banques n’ont qu’à me prêter ! ».
Euh ! Comment voulez-vous qu’une banque ou une
association ou un organisme d’état vous prête – et prenne un
risque – si vous-même, n’êtes pas prêt à en prendre ?
Il faut rester logique. Pour le prêteur, si vous ne voulez pas
mettre un euro dans l’affaire, c’est que vous ne croyez pas à sa
réussite. Pourquoi vous ferait-il confiance ?
Vous restez sur votre idée de tout garder ? Peut-être n’êtes-
vous pas prêt à prendre des risques et à vous lancer ? Ce n’est
évidemment pas grave mais réfléchissez.

Par contre, si vous avez de l’épargne, ne placez pas tout dans


votre affaire. Là, notre monsieur a raison. Faites preuve de
bon sens et gardez-en un peu. Dans ce cas, c’est faire preuve
de bon sens. Et ce sera apprécié par le prêteur.

Mais j’en ai rencontré beaucoup qui n’avait rien. Nada.


Nothing.
Est-ce une raison pour abandonner ?
Non. Mais ce sera plus difficile.
Et votre conviction devra vraiment l’emporter. Et comme
disait Raymond Devos, « Rien, c’est déjà quelque chose ».
Etes-vous sûr de ne rien avoir ? Et de combien aurez-vous
vraiment besoin ? Et d’ici le lancement de votre affaire, que
pourriez-vous faire pour avoir un peu mieux que rien ?

72 Jean-Claude Raskin © Mon projet à travers les 7 questions 2016


Et avant de chercher qui pourrait vous prêter, sachez qu’il
existe, outre les organismes classiques cités plus haut, des
systèmes alternatifs.
Le premier, c’est un prêt de famille ou d’amis.
Mais attention, nombreux sont ceux qui, après avoir sollicité et
obtenu ce type de prêt ont perdu famille et amis !
Soyez sûr de vous ! Faites un dossier en béton et donnez vous
à fond dans votre entreprise. Qu’au moins personne ne puisse
vous reprocher quoi que ce soit. Ça ne sauve pas de tout mais
ça peut aider.

Et dans le calcul de vos besoins, soit votre plan financier, pour


lequel, je vous recommande, mieux, je vous conjure de vous
faire aider8, pensez que vous allez devoir vivre au quotidien.
Pensez qu’outre vos investissements, il vous faudra vivre
quelques semaines - ou quelques mois - avant de commencer à
récolter les premiers fruits de votre nouvelle activité.
Vous devrez boire et manger, payez votre loyer, votre
chauffage, votre électricité, vous devrez vous habiller, vous
déplacer…

8 Même si vous avez un diplôme des plus hautes écoles du monde des affaires. Un
regard extérieur est souvent – toujours - le bienvenu.

73 Jean-Claude Raskin © Mon projet à travers les 7 questions 2016
B. Combien vais-je gagner ? Et de combien ai-je besoin ?

Ça, ça ne vous regarde pas !


C’est du moins la mentalité occidentale, côté vieille Europe.
« On ne parle pas de ce qu’on gagne ! » « Ça ne regarde personne »
« C’est personnel »
Bon. Ok.
Mais à vous, vous pouvez au moins l’avouer.
De combien avez-vous besoin ? Combien voudriez-vous
gagner ? Réellement.
Nombreux sont ceux qui rêve de gagner à l’Euromillions ou
autre jeu de loterie, mais lorsque la question est posée de ce
qu’ils feront de ces montants, la majorité – une fois les
premiers fantasmes des yachts, vie de palace et autres jets
privés dépassés – retombe à une réalité bien plus sereine.

Le loyer – ou crédit hypothécaire – les charges y afférentes, se


nourrir, nourrir sa famille, … Autant de charges à prendre en
compte dès le départ.
Ou pas.
Il y a les cas de figure où l’activité envisagée est secondaire
dans le ménage. Où une personne dans le foyer est apte, du
moins dans un premier temps, à assurer le gîte et le couvert
pour la maisonnée.
Tenez-en compte.
Et sachez que richesse ou pauvreté ont des significations
différentes pour les uns et pour les autres. Respectez les avis
contraires mais respectez vous également par rapport à VOS
besoins et non par rapport aux besoins de vos voisins et de
votre entourage.

74 Jean-Claude Raskin © Mon projet à travers les 7 questions 2016


Voyez cette anecdote :
Elle me fut rapportée il y a quelques années et je ne sais si elle
est authentique mais cela importe peu.
Un sondage avait été réalisé en Belgique francophone sur la
perception de la richesse auprès d’un panel assez large, toutes
couches sociales confondues.
Ainsi s’exprimait un SDF d’une soixantaine d’années du sud
du pays :
« Je ne sais pas bien ce qu’est la richesse, mais j’ai entendu dire que
certains, à Bruxelles, avaient des salaires de plus de 1 500 € par mois.
C’est énorme ! ».
Dans le même temps, un adolescent de 18-20 ans d’une
commune réputée comme hébergeant une majorité de
personnes à très hauts revenus de la capitale, répondait lui à ce
même questionnaire mais sur sa perception de la pauvreté :
« Je ne sais pas bien ce qu’est la pauvreté, mais j’ai entendu dire qu’il y
avait des jeunes de mon âge qui ne disposaient pas de 1 500 € pour sortir
le week-end. C’est terrible ! ».
Histoire vraie ou pas, celle-ci révèle que les besoins des uns ne
sont pas ceux des autres, de même que leurs situations.

Si votre mode de vie se contente de la lecture d’un livre, d’une


ballade dans les bois, voire d’une série télé, que vous buvez de
l’eau, que vous mangez les fruits de votre jardin, que vous
vous habillez dans des magasins de seconde main et que votre
maison/appartement est payé, vos rentrées financières ne
devront pas être très élevées. Par contre, si vous avez un crédit
hypothécaire, que aimez vous détendre avec des amis dans des
restaurants, que vous aimez théâtre et cinéma et que vous vous
sentez bien dans des habits griffés, vos rentrées devront être
en conséquence.

75 Jean-Claude Raskin © Mon projet à travers les 7 questions 2016


Et je ne juge pas. Simplement, l’une comme l’autre situation
aura été développée dans la première question « Qui ? » et
vous pourrez ainsi jugez de la pertinence de votre projet.

Ainsi, une candidate à l’ouverture d’une maison d’enfants,


domaine en grands développement mais par ailleurs
extrêmement réglementé - nombre d’enfants notamment – qui
souhaite vivre selon un mode de vie élevé sera confrontée à
une impossibilité de réalisation, car les limites de participation
journalière des parents et le nombre d’enfants - entre autres -
ne permettront pas d’atteindre le revenu souhaité.

Est-ce grave ? Non, bien sûr. Mais vaut mieux le savoir. Et


commencer une activité par une frustration qui va s’incruster
au fil des ans risque de vous faire abandonner avec des regrets
et des rancoeurs.
La vie vaut mieux que ça, non ?

Hé oui. Vous voilà maintenant au bout de vos 7 questions.


Et tout a été dit. En tous cas, tout a été posé. A vous de
répondre.
Peut-être certains ont déjà abandonné leur projet. Enfin, je
veux dire le projet initial qui vous a fait acheter ce livre. Mais
des projets, vous en avez plein la tête. Non ? Du talent, tout le
monde en a.
On attribue à Albert Enstein l’expression suivante :
“Genius is 1% talent and 99% percent hard work...”. Traduction
non littérale : « Le génie représente 1% et les 99% qui restent
du travail dur ! ».

76 Jean-Claude Raskin © Mon projet à travers les 7 questions 2016


Résumé, exercice…
Voici maintenant un plan résumé que je vous invite à
imprimer ou mieux encore à télécharger gratuitement sur le
site ………… afin de pouvoir remplir votre questionnaire.

Les 7 questions

1.  Qui ?
2.  Quoi ?
3.  Pour qui ?
4.  Pourquoi ?
5.  Comment ?
6.  Quand ? Où ?
7.  Combien ?

77 Jean-Claude Raskin © Mon projet à travers les 7 questions 2016


1 Qui… suis-je ?

•  Quel est mon parcours?


•  D’où est-ce que je viens?
•  Quelle est ma forma9on?
•  Quelle est mon expérience?
•  Quelle est ma mo9va9on?

1 Qui …?

•  Sont:
•  mes concurrents?
•  mes partenaires?


78 Jean-Claude Raskin © Mon projet à travers les 7 questions 2016


2 Quoi ?

•  Qu’est-ce que je veux faire ?


–  Bien déterminer quoi et comment et surtout :
– Qu’est-ce qui me différencie ?



3 Pour Qui ?

•  Quelle est réellement ma cible, ma clientèle?


•  Pour qui est-ce que je porte ce projet ?

79 Jean-Claude Raskin © Mon projet à travers les 7 questions 2016



4 Pourquoi ?

Quel est l’objec-f de ma démarche?
Personnelle… :
–  Gagner de l’argent ?
–  Être autonome ?
–  Réaliser un rêve d’enfant ?
–  Faire plaisir à Papa ou Maman ? Etre reconnu ?
–  Me prouver que je peux … ?
…et globale :
–  Pour quelles raisons ?

5 Comment ?

•  Comment vais-je arriver à mes objec2fs?
•  Comment vais-je procéder pour tout arriver à
organiser sans stress ?
•  Avec qui? Quelles démarches ? …

80 Jean-Claude Raskin © Mon projet à travers les 7 questions 2016


6 Quand et Où?

•  Quand? Et dans quel délai?


–  Ai-je le temps de réaliser, de préparer, …?

•  Où?
–  Zone géographique:
•  Commune? Région? Pays?
•  Déplacements? Transports en communs ?
•  Langue ?

7. Combien ?
7 Combien ?
•  De temps pour réaliser?
•  De budget à rassembler?
•  Vais-je gagner?
•  De partenaires à contacter?
•  De sous-traitants? De fournisseurs?

81 Jean-Claude Raskin © Mon projet à travers les 7 questions 2016


82 Jean-Claude Raskin © Mon projet à travers les 7 questions 2016
… & Conclusion
Et voilà !

Vous avez maintenant tout en main pour réaliser votre rêve.


Ou pas !

Comme je vous le disais au tout début de ce livre, l’important


est de prendre du temps pour vous, et rien que pour vous.
Pas pour Papa ou Maman, pas pour mon compagnon ou ma
compagne, pas pour mes amis, pas pour les voisins, pas pour
les gens bien pensants et surtout pas pour les gens qui
savent… et qui ne font rien !

Quel que soit l’aboutissement de votre projet, que vous l’ayez


réussi, poursuivi, abandonné, réalisé, …Sachez que vous avez
fait un grand pas en avant. Pour vous et pour les vôtres.
A travers ces 7 questions vous avez pu faire, sans vous en
rendre compte, le tour de votre vie.

Car au-delà de votre vie professionnelle, il y a votre vie à vous.


Et cette introspection à travers ces 7 questions vous aura
permis de faire un grand pas vers la sérénité et la confiance en
vous.
Pour être arrivé au bout de ces quelques dizaines de pages,
pour avoir pris le temps de répondre à ces questions : Bravo !

Et merci de m’avoir accompagner jusqu’au au bout de cet


ouvrage. Car pour moi aussi, à chaque formation ou
conférence que je donne, c’est l’occasion de faire et de refaire
ma propre introspection à travers ces 7 questions !

83 Jean-Claude Raskin © Mon projet à travers les 7 questions 2016


84 Jean-Claude Raskin © Mon projet à travers les 7 questions 2016
Bon vent dans votre
nouvelle VIE!

85 Jean-Claude Raskin © Mon projet à travers les 7 questions 2016

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