De façon générale, un texte de philosophie tend à établir une thèse et à prendre position face à
un problème philosophique.
Attention à ne pas confondre deux thèses contraires et deux thèses seulement différentes.
Attention : un exemple ne démontre rien et ne suffit pas pour justifier une thèse.
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b) Expliciter et développer une thèse.
L'explicitation tend à rendre la thèse plus claire, à évacuer ses obscurités. Le développement
tend à la rendre plus précise et à l'exposer plus en détail. Là encore, on n'a pas encore
justifié une thèse lorsqu'on l'a éclaircie ou précisée.
b) Contredire la thèse.
Pour contredire une thèse il suffit de dire le contraire de ce qu'elle dit, ce qui revient à
formuler une antithèse.
Attention ne dites pas : "l'auteur se contredit" quand vous voulez dire qu'il pose une
antithèse ou qu'il contredit une thèse antérieurement présentée. En effet « se contredire »
est une erreur logique. Cela signifie que l'on soutient à la fois une chose et son contraire,
ce qui, selon le principe logique de non-contradiction est impossible. Selon ce principe, une
affirmation et son contraire ne peuvent être vraies en même temps (formulé de façon
logique : Si A est vrai alors non-A est faux, et si A est faux alors non-A est vrai. Celui qui se
contredit l'ignore et croit dire la même chose alors qu'il dit des choses opposées. Un
raisonnement commence à devenir équivoque quand il prend deux idées différentes pour
une seule et même idée et il tombe dans la contradiction pure et simple quand il prend deux
idées contraires pour la même idée.
En outre, il ne faut pas non plus confondre un paradoxe et une contradiction. Un paradoxe
est une contradiction seulement apparente. Par exemple, « personne ne désire travailler et
tout le monde cherche pourtant à travailler » est un paradoxe car « ne pas désirer » semble
le contraire de « chercher à ». Mais, en réalité, « désirer » signifie ici « vouloir une chose
pour elle même ou la rechercher en tant que fin » alors que, dans le cas de la recherche du
travail, il ne s'agit que de la recherche d'un moyen (en vue de la finalité qu'est l'argent).
Voir exercice 2, ci-dessous.
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c) Mettre en doute une thèse.
Il s'agit de la remettre en question et de lui faire perdre son évidence. Douter d'une idée ce
n'est pas encore y renoncer ni adhérer à une idée différente ou contraire, mais c'est ne plus
en être certain et éprouver au moins le besoin de la repenser et de trouver de nouveaux
arguments en sa faveur .
Remarque : alors que l'exemple ne suffisait pas pour justifier une thèse, un contre-exemple
suffit à la réfuter.
Une objection peut avoir pour rôle de nuancer ou de tempérer une thèse en invalidant une
partie de ce qu'elle soutient sans pour autant la réfuter et l'invalider en totalité. La nuance
(ou la restriction) peut être annoncée par des connecteurs grammaticaux tels que :
« néanmoins », « toutefois », « cependant », « pourtant », « quoique », « bien que »...
Voir exercice 3, ci-dessous.
6. Remarques.
Ne dites pas systématiquement que la première phrase ou étape d'un texte est une
introduction. Si la première phrase vous introduit dans un texte, n'oubliez pas qu'il s'agit
d'un extrait d'une oeuvre philosophique. Une introduction est une étape particulière dans la
réflexion (elle présente le sujet d'une réflexion) et il est rare que, dans un texte de
baccalauréat, figure une introduction et un développement.
De même, la dernière phrase d'un texte n'est pas nécessairement une conclusion.
Ne confondez pas : une conséquence, qui découle de ce qui précède (annoncée par « par
conséquent »); une conclusion, qui met fin à un raisonnement (annoncée par « donc »); un
résumé, qui est un abrégé et redit en peu de mots ce qui vient d'être dit (annoncé par
« bref »).
II. Les différents types de raisonnements utilisés pour justifier une thèse.
Ils sont variés mais n'ont pas tous la même force de conviction.
Il s'agit toutefois d'une forme de raisonnement assez faible qui a plus valeur d'illustration
que de démonstration. Sa valeur dépend du degré de légitimité de la comparaison.
Voir exercice 4, ci-dessous.
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2. Le raisonnement par induction.
On appelle raisonnement par induction le raisonnement qui constate un fait particulier et le
généralise, en induisant une loi générale. Par exemple :
« A cause que nos sens nous trompent quelque fois, je voulus supposer qu’il n’y avait
aucune chose qui fut telle qu’ils nous la font imaginer. » (induction qu'on trouve
développée chez Descartes, lors de la mise en place du doute, dans le Discours de la
méthode).
« Si nous ne comprenons pas toujours le sens de nos actions, alors il faut conclure que
celles-ci ont pour origine des désirs inconscients. »
Le raisonnement est beaucoup plus fort, car il repose sur une loi générale, une expérience
faite par tout homme (ne pas comprendre la signification de certaines de nos réactions, de
nos attitudes ou de nos paroles, comme dans le cas des actes manqués et des lapsus).
Voir exercices 5 et 6, ci-dessous.
Ce type de raisonnement est fort car il repose sur le principe de non-contradiction, qui est à
la base de la logique.
Seuls les deux derniers types de raisonnements sont capables de justifier pleinement une
thèse. Les deux premiers en donnent plutôt une illustration.
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EXERCICES
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b) Si les sens ne faisaient que nous tromper, nous ne pourrions rien savoir car tous les
savoirs comportent une part de perception sensible. Par conséquent, si l’on admet qu’on
sait certaines choses, on doit aussi admettre que la perception peut être source de vérité.
c) Les sens ne nous trompent pas.
d) Les sens ne nous trompent pas à proprement parler, mais nous livrent des informations
confuses que nous interprétons mal et de façon précipitée.
Vous remarquerez que l'intérêt de la mise en forme syllogistique est qu'elle oblige à trouver le
principe général qui guide l'argumentation et qui, lorsque l'argument n'est pas mis en forme,
reste présupposé (et donc à l'abri de toute discussion). Là aussi réside la difficulté de l'exercice.
6. Le raisonnement déductif.
Soit le texte de Spinoza :
« On pense que l’esclave est celui qui agit par commandement et l’homme libre celui qui
agit selon son bon plaisir. Cela cependant n’est absolument pas vrai, car en réalité être
captif de son plaisir et incapable de rien voir ni faire qui nous soit vraiment utile, c’est le
pire esclavage et la liberté n’est qu’à celui qui de son entier consentement vit sous la seule
conduite de la raison. » Traité théologico-politique.
L'auteur cherche à y établir la nécessité de lois et de l’État. Un raisonnement déductif structure
son argumentation. Cette structure est la suivante :
l- Si A, alors B.
2- Mais, non-A.
3- Donc, non-B.
• Identifiez A, B, non A, non, B (en relevant dans le texte ou en résumant les affirmations qu'ils
désignent).
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rendait un acte juste, comme c’est aussi elle qui le rend réel (c’est toujours l’acte du plus
fort qui se réalise), il n’y aurait plus aucune différence entre un acte juste et un acte réel.
Le prétendu « droit du plus fort » ne permettrait pas au droit d’accomplir sa tâche.