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Atrésie pulmonaire avec communication


interventriculaire
V. Fouilloux, C. Gran, L. Macé, A. Fraisse, B. Kreitmann

La grande hétérogénéité des différentes formes anatomiques d’atrésies pulmonaires avec communication
interventriculaire (CIV) rend la prise en charge de ces cardiopathies congénitales plus ou moins difficile.
Cette prise en charge comporte plusieurs options, palliatives et correctrices. Plusieurs étapes chirurgicales,
et désormais endovasculaires (cathétérisme interventionnel), sont souvent nécessaires avant d’aboutir à
une correction complète. La prise en charge des atrésies pulmonaires avec CIV illustre toute la complexité
des choix et options thérapeutiques, et ainsi tous les challenges que représente la prise en charge des
cardiopathies congénitales complexes. Le projet thérapeutique élaboré autour de cette cardiopathie cya-
nogène doit absolument être mené au sein d’une équipe médicochirurgicale expérimentée. Le pronostic
peut être très favorable si toutes les conditions sont réunies.
© 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : Cardiopathie cyanogène ; Unifocalisation ; Connexion ventricule droit–artère pulmonaire ;


Communication interventriculaire

Plan  Introduction
■ Introduction 1 L’atrésie pulmonaire est définie par l’absence de continuité
■ Notions générales 2 fonctionnelle entre le ventricule droit et les artères pulmonaires.
Classification et description anatomiques 2 La présence ou non d’une communication interventriculaire
Embryologie – Diagnostic anténatal 3 (CIV) définit deux entités pathologiques bien distinctes.
Physiopathologie des formes simples et complexes 5 L’absence de CIV (atrésie pulmonaire à septum interventri-
Cathétérisme cardiaque diagnostique 5 culaire intact) est en général à l’origine d’une anomalie de

développement du ventricule droit et de la valve tricuspide, leur
Différentes techniques utiles dans la prise en charge
conférant ainsi un certain degré d’hypoplasie. Des anomalies de
des atrésies pulmonaires avec communication
la circulation coronaire peuvent s’y associer. Les anomalies font
interventriculaire 6
de cette cardiopathie une toute autre pathologie, dont l’étude doit
Anastomoses systémicopulmonaires 6
faire l’objet d’un chapitre dédié.
Contrôle et ligature d’une anastomose de Blalock–Taussig
En présence d’une atrésie pulmonaire, l’existence d’une CIV
modifiée 6
autorise le développement du ventricule droit pendant la vie
Ouverture chirurgicale précoce de la voie ventricule droit–artère
fœtale. En dehors de malformations cardiaques congénitales asso-
pulmonaire 6
ciées, la problématique principale de cette pathologie est d’aboutir
Ouverture par cathétérisme interventionnel de la voie
à la mise en continuité d’un ventricule droit normofonction-
ventricule droit–artère pulmonaire 7
nel avec un réseau artériel pulmonaire le plus normal et le plus
Rétablissement de la continuité ventricule droit–artère pulmonaire 7
complet possible.
Fermeture de la communication interventriculaire
On retrouve parfois, dans certains ouvrages francophones,
conoventriculaire 8
la dénomination de cette entité pathologique sous le terme
Unifocalisation des artères pulmonaires 8
d’atrésie pulmonaire à septum ouvert (APSO). Cette appellation
Cathétérisme cardiaque interventionnel 8
nous paraît inexacte d’un point de vue sémantique et sémiolo-
Particularités de la circulation extracorporelle et de la prise
gique, raison pour laquelle le terme retrouvé dans la littérature
en charge postopératoire 9
internationale d’« atrésie pulmonaire avec CIV » (AP–CIV) est
■ Stratégies de prise en charge et indications thérapeutiques 10 préféré. De plus, dans la littérature anglo-saxonne, l’AP–CIV
Atrésie pulmonaire avec communication interventriculaire est souvent citée, avec pertinence, parmi les tétralogies de Fal-
de type A 10 lot irrégulières (tetralogy of Fallot with pulmonary atresia), en
Atrésie pulmonaire avec communication interventriculaire raison de similitudes embryologiques, anatomiques et physio-
de type B 11 pathologiques. Cette définition élimine logiquement tout autre
Atrésie pulmonaire avec communication interventriculaire association malformative (transposition des gros vaisseaux avec
de type C 13 AP–CIV, double discordance avec AP–CIV, canal atrioventriculaire
Fermeture de la communication interventriculaire 13 avec atrésie pulmonaire, etc.) que nous ne traiterons pas non
Arbre décisionnel 15 plus.
■ Conclusion 15

EMC - Techniques chirurgicales - Thorax 1


Volume 9 > n◦ 1 > mars 2014
http://dx.doi.org/10.1016/S1241-8226(13)45196-4
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D’un point de vue strictement chirurgical, la prise en charge Anatomie intracardiaque


des AP–CIV implique, en plus de la chirurgie de la CIV, la maîtrise
L’anatomie intracardiaque est en général comparable à celle
des différentes techniques palliatives ou correctrices de traitement
d’une tétralogie de Fallot [1] . Le déplacement antérieur du septum
des anomalies de la voie de sortie du ventricule droit : anastomoses
conal est responsable de la dextroposition aortique et de la CIV.
systémicopulmonaires, plasties des artères pulmonaires, mise en
Il s’agit donc d’une CIV postérieure, par malalignement, cono-
continuité du ventricule droit et des artères pulmonaires, etc.
ventriculaire. La présence d’une ou plusieurs CIV additionnelles
Les AP–CIV synthétisent à elles seules toute la complexité
doit être recherchée, de même qu’une disposition coronaire anor-
de la stratégie et de la démarche thérapeutique à adopter dans
male compromettant la mise en continuité du ventricule droit et
la prise en charge des cardiopathies congénitales complexes,
des artères pulmonaires. Il peut y avoir des anomalies de situs,
où plusieurs étapes chirurgicales vont parfois se succéder avant
mais elles restent exceptionnelles et l’anatomie segmentaire est
d’aboutir à la correction complète. Une collaboration multidis-
en général normale hors la malformation spécifique.
ciplinaire associant chirurgiens, cardiologues interventionnels
et anesthésistes–réanimateurs est absolument indispensable.
Chaque décision doit être pondérée avec comme objectif final Anatomie extracardiaque
l’optimisation de la longévité et de la qualité de vie du patient. Deux critères, bien sûr complémentaires, doivent être pris en
considération et évalués de manière distincte :
• la taille et la distribution des artères pulmonaires dans leurs
 Notions générales trajets intrapéricardiques puis intraparenchymateux ;
• l’origine du flux sanguin artériel pulmonaire.
La prise en charge de ces cardiopathies peut être longue et
difficile. Elle est parfois représentée par plusieurs procédures chi- Le flux sanguin artériel pulmonaire peut avoir trois origines :
rurgicales et endovasculaires, s’échelonnant sur plusieurs années. • le canal artériel (voire les deux canaux droit et gauche) ;
La bonne compréhension et l’adhésion totale et complète de • des collatérales aortopulmonaires ;
la famille et de l’enfant au projet de soin, mais aussi celle de • les deux.
l’ensemble de l’équipe soignante, sont des prérequis indispen- Il peut être adéquat (la saturation artérielle est proche de 80 %),
sables. trop élevé (saturation trop bonne, insuffisance cardiaque) ou trop
Comme pour toute cardiopathie congénitale, la réalisation d’un faible (hypoxie, cyanose, polyglobulie).
bilan malformatif complet est indispensable en période néona-
tale (échographie abdominale, échographie transfontanellaire,
consultation génétique avec notamment recherche de microdé- Toute la prise en charge médicochirurgicale est basée sur ces
létion 22q11). deux éléments, anatomique et physiologique, bien sûr corrélés à
la clinique.
Les classifications de Barbero–Macial [2] et Tchervenkov [3] se
Classification et description anatomiques basent donc sur la présence ou l’absence d’une artère pulmonaire
native (mais dans tous les cas non perméable, puisque atrétique)
La description anatomique de toute cardiopathie congénitale ainsi que sur la présence ou l’absence de collatérale aortopulmo-
comprend deux parties : l’anatomie extracardiaque et l’anatomie naire (Fig. 1).
intracardiaque. Nous détaillons aussi les collatérales et les artères • Type A : les artères pulmonaires intrapéricardiques sont
pulmonaires dans un paragraphe spécifique. bien développées. Il existe une continuité anatomique

Figure 1. Différents types d’atrésie tricuspide


avec communication interventriculaire selon la
classification de Barbero–Macial [2] .

Type A Type B

Type C

2 EMC - Techniques chirurgicales - Thorax

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Les MAPCA doivent être distinguées des artères bronchiques,


également d’origine aortique. L’origine embryologique et la
nature histologique des MAPCA demeurent incertaines et encore
débattues (tissu artériel pulmonaire ou tissu artériel systémique ?).
Selon d’Udekem [4] , les MAPCA sont des artères bronchiques
dilatées dont le potentiel de croissance à long terme demeure
incertain.

Évaluation de la taille des artères pulmonaires


La taille et le développement des artères pulmonaires doivent
être évalués autant dans leur trajet proximal que dans leur trajet
distal.
A La taille des artères pulmonaires proximales natives doit d’abord
être comparée aux valeurs théoriques publiées par Sievers et al. [5] :
respectivement 19 et 17 mm/m2 de surface corporelle pour l’artère
pulmonaire droite et gauche. La taille des artères pulmonaires
intrapéricardiques s’évalue également par le calcul de l’indice
de Nakata [6] , au décours de la réalisation d’un cathétérisme car-
diaque.
L’indice de Nakata ou index pulmonaire artériel (Pulmonary
Artery Index [PAI]) se calcule en mesurant, sur des images angio-
graphiques de face, la surface de section en millimètre-carré des
artères pulmonaires droite et gauche immédiatement après la
bifurcation. La somme de ces deux diamètres est ensuite indexée
à la surface corporelle en mètre-carré. La valeur normale est
B 330 ± 30 mm2 /m2 . Une valeur inférieure à 100–120 témoigne d’un
calibre artériel pulmonaire insuffisant pour accepter un débit
Figure 2. Collatérales aortopulmonaires (major aorto-pulmonary colla- pulmonaire satisfaisant. La notion de Nakata « potentiel » est inté-
teral arteries [MAPCA]). ressante (néo-index de Nakata ou Total NeoPulmonary Arterial
A. MAPCA non communicante qu’il faudra unifocaliser. Index [TNPAI] [7] ). Sa valeur résulte de la somme entre l’indice de
B. MAPCA communicante que l’on peut occlure. Nakata et la surface de section indexée des MAPCA. Cet indicateur
permet, en préopératoire, de calculer quelle sera théoriquement la
valeur de l’indice de Nakata après unifocalisation des artères pul-
atrétique entre la voie de sortie du ventricule droit et les monaires et des MAPCA. Cette méthode est utilisée par certaines
artères pulmonaires. Il existe souvent un plancher valvu- équipes afin de décider de la stratégie chirurgicale [8, 9] .
laire (« diaphragme »). Les collatérales aortopulmonaires sont Cependant, l’indice de Nakata n’évalue les artères pulmonaires
absentes. En période néonatale, le débit artériel pulmonaire pro- que dans leur segment proximal intrapéricardique. De plus, son
vient uniquement du canal artériel encore perméable. La taille calcul suppose que la surface de section de l’artère pulmonaire, à
et la distribution des artères pulmonaires intrapéricardiques l’endroit où elle est mesurée, correspond à celle d’un disque, ce
et intraparenchymateuses sont normales. Le type A définit les qui n’est pas toujours exact.
formes simples, dont la prise en charge thérapeutique est voi- De plus, la recherche de sténoses isolées ou étagées des artères
sine de celle de la tétralogie de Fallot. pulmonaires distales dans leur trajet intraparenchymateux est
• Type B : il est caractérisé par la présence de collatérales aorto- également indispensable. Là encore, ce sont les images angiogra-
pulmonaires. Les artères pulmonaires sont petites, voire même phiques qui sont informatives.
hypoplasiques. Il n’y a pas de canal artériel. Le débit artériel
pulmonaire est donc uniquement dépendant des major aorto-
pulmonary collateral arteries (MAPCA).
• Type C : il se distingue par l’absence totale d’artères pulmo-
naires droite et gauche intrapéricardiques. Il s’agit en fait de
“ Point fort
la forme « extrême » du type B, avec hypoplasie extrême des
artères pulmonaires ainsi que du tronc artériel pulmonaire, qui Le bilan initial doit préciser les caractéristiques anato-
sont réduits à une continuité fibreuse. Comme dans le type B, miques :
il n’y a pas de canal artériel et le débit artériel pulmonaire est • des artères pulmonaires natives ;
assuré dans sa totalité par les MAPCA. • des collatérales aortopulmonaires.

Anatomie des « major aorto-pulmonary collateral


arteries »
La distribution anatomique de chaque collatérale aortopul- Embryologie – Diagnostic anténatal
monaire doit être étudiée précisément par angiographie et/ou
tomodensitométrie (TDM) et/ou imagerie par résonance magné- L’examen de pièces anatomiques retrouve une morphologie
tique (IRM). Cette analyse permet de définir deux types de intracardiaque comparable à celle observée dans la tétralogie de
collatérales (Fig. 2) : Fallot. D’ailleurs, dans la littérature anglo-saxonne, l’AP–CIV est
• MAPCA non communicante ; citée parmi les formes extrêmes de tétralogie de Fallot, dites
• MAPCA communicante. « irrégulières ».
Les MAPCA non communicantes sont celles qui réalisent À partir des deux aortes dorsales se développent les artères inter-
une vascularisation terminale des segments pulmonaires qu’elles segmentaires. Ces artères contribuent, entre autres, à la formation
irriguent. Il est donc inenvisageable de les occlure. Ce sont des artères intercostales et des artères bronchiques. Pendant ce
elles qui sont unifocalisées chirurgicalement, c’est-à-dire qui sont même temps, les bourgeons vasculaires intrapulmonaires se diffé-
« déconnectées » de l’aorte pour être « reconnectées » à l’artère pul- rencient et forment la segmentation vasculaire intrapulmonaire
monaire homolatérale. (40e j). Les artères pulmonaires droites et gauches se développent
Le trajet de chaque MAPCA doit être étudié de son origine aor- à partir du sixième arc. À ce moment, le parenchyme pulmo-
tique jusqu’à sa terminaison parenchymateuse. Il n’est pas rare naire et ses vaisseaux reçoivent donc une double vascularisation
que celui-ci soit tortueux et sténosé. (« centrale » par le 6e arc aortique et « périphérique » par les artères

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a b

1
1

2 3 3

6
6
4
4
5
5 7
7 8
8

c d
3

1
1 2

3
1
3 6 6

2 5
4 9 10
10
7
5
8
7 8
A B
Figure 3.
A. Embryon au 40e jour d’aménorrhée : apparition des bourgeons vasculaires intrapulmonaires et des artères intersegmentaires systémiques. 1. Artère pul-
monaire primitive ; 2. Bourgeon vasculaire intrapulmonaire ; 3. aorte dorsale ; 4. artère intersegmentaire.
B. Segmentation vasculaire pulmonaire (Boyden, 1945). a. Vue latérale du poumon droit ; b. vue latérale du poumon gauche. 1. Apical ; 2. postérieur ;
3. antérieur ; 4. latéral ; 5. médial ; 6. supérieur ; 7. basal antérieur ; 8. basal latéral. c. Vue médiale du poumon droit ; d. vue médiale du poumon gauche.
1. Apical ; 2. postérieur ; 3. antérieur ; 4. supérieur ; 5. médial ; 6. supérieur ; 7. basal antérieur ; 8. basal antérieur ; 9. basal médial ; 10. basal postérieur.

segmentaires) (Fig. 3A). Les artères segmentaires disparaissent du diagnostic anténatal. Cependant, les explications données ci-
normalement vers le 50e jour (Boyden, 1970), et l’origine du dessus expliquent en partie la continuité physiologique entre
débit artériel pulmonaire devient les artères pulmonaires cen- les différentes formes anatomiques d’AP–CIV. Ainsi, le dévelop-
trales, via le canal artériel et le tronc artériel pulmonaire, dérivant pement des artères pulmonaires pendant la vie fœtale semble
tout deux respectivement de la portion proximale et distale directement corrélé au flux sanguin qui les traverse, à partir
du 6e arc. d’un flux antérograde peut-être présent à un certain moment
Dans le contexte des AP–CIV, il semble que ce processus de de la vie fœtale, et surtout à partir du canal artériel (type A). Le
maturation soit interrompu. Il en découle donc une coexistence type B est particulièrement intéressant puisque la taille des artères
de segments bronchopulmonaires vascularisés par des artères pulmonaires est en général inversement proportionnelle ou déve-
pulmonaires centrales et/ou des artères aortopulmonaires seg- loppement des MAPCA, avec, à l’extrême, des AP complètement
mentaires (collatérale aortopulmonaire ; MAPCA). La localisation atrétiques et des MAPCA très développées, conférant ainsi au
de ces MAPCA est donc en général située au niveau proximal de type C.
l’aorte descendante, à proximité de la carène. Certaines d’entre L’association à une autre malformation cardiaque est rare. Une
elles peuvent naître plus à distance, mais très rarement au delà des crosse aortique droite doit bien sûr être recherchée, surtout devant
deux espaces intervertébraux sus- et sous-jacents. En revanche, il une indication d’anastomose de Blalock–Taussig. De la même
existe une extrême variabilité de connexion de ces MAPCA au sein façon, le bilan préopératoire doit éliminer une artère sous-clavière
de la circulation intrapulmonaire. en position lusoria.
Il peut également exister des MAPCA qui émergent directement En revanche, environ 40 % des nouveau-nés sont porteurs d’une
des troncs supra-aortiques. Les connaissances embryologiques ne microdélétion 22q11. Cette anomalie chromosomique constitue
permettent pas, à ce jour, d’expliquer cette constatation rare. un facteur indépendant de pronostic défavorable [11–13] .
L’existence d’un canal artériel « malformatif » droit ou gauche, Le large spectre de cette cardiopathie congénitale rend
naissant alors souvent plus proximal qu’un canal habituel, dérive l’entretien prénatal délicat. Les formes sévères peuvent légitime-
selon Anderson [1] du 3e arc droit ou gauche. Ce canal artériel ment mener à une interruption thérapeutique de la grossesse.
« malformatif » est donc en général dépourvu de tissu ductal. Malgré les progrès de l’imagerie fœtale, l’évaluation anténatale
Bien que la littérature ne dispose que de peu de données concer- reste délicate et souvent imprécise. Les informations délivrées aux
nant l’origine embryologique de cette cardiopathie conotroncale, parents doivent se munir de toutes les précautions nécessaires,
ces notions communes avec la tétralogie de Fallot et le trun- afin de les orienter vers une réflexion et un choix éclairés du mieux
cus arteriosus [10] expliquent les limites et les erreurs potentielles possible.

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Physiopathologie des formes simples Une fois le diagnostic posé, la tolérance clinique laisse en
général le temps d’organiser la stratégie de prise en charge médi-
et complexes cochirurgicale. Celle-ci peut être variable. Cette stratégie doit être
Formes simples (type A) adaptée à la particularité anatomique de chaque patient, avec dis-
cussion d’équipe médicochirurgicale et informations éclairées des
La physiopathologie des AP–CIV de type A est très proche de parents. Il est fondamental de toujours préciser que, à chaque
celle de la tétralogie de Fallot dite « extrême ». stade de la prise en charge :
Durant la vie fœtale, la circulation fœtale, bien que modi- • l’état de santé cliniquement constaté n’a rien à voir avec la
fiée, n’est pas compromise par la cardiopathie. En effet, le shunt bénignité ou la gravité, avec le pronostic de la malformation ;
gauche–droit à travers le canal artériel permet le développement • il y a souvent coexistence de segments pulmonaires ayant cha-
des artères pulmonaires natives. À la naissance, la chute des résis- cun une vascularisation différente ; certains peuvent être en
tances artérielles pulmonaires est progressive et facilite encore risque de maladie vasculaire pulmonaire, en étant contigus à
plus le shunt gauche–droit à travers le canal artériel. d’autres s’atrophiant par hypodébit, etc.
La CIV n’a pas d’autre choix que de shunter en droit–gauche,
puisqu’elle représente la seule voie de sortie du ventricule droit.
Le débit artériel pulmonaire est donc exclusivement dépendant
du flux dans le canal artériel. Celui-ci est d’ailleurs souvent assez
long et tortueux. Rarement, on peut le retrouver à droite, entre
le tronc artériel brachiocéphalique et l’artère pulmonaire droite.
“ Point fort
En revanche, il est souvent gauche, entre le tronc artériel brachio- • La présentation clinique des types A est très proche de
céphalique gauche et l’origine de l’artère pulmonaire gauche, en
celle rencontrée dans la tétralogie de Fallot « extrême »
cas de crosse droite. Les deux, droit et gauche, peuvent coexis-
• Les types C peuvent volontiers passer inaperçus à a nais-
ter ; dans ces cas, on note souvent une perte de continuité entre
l’artère pulmonaire droite et gauche et l’absence de tronc artériel sance
pulmonaire. On est donc à la limite du type A.
Le débit antérograde étant par définition inexistant, la ferme-
ture du canal artériel, survenant en général au cours de la première
semaine de vie, s’accompagne d’une cyanose et d’une désatu-
ration croissantes. La fermeture du canal artériel s’accompagne Cathétérisme cardiaque diagnostique
parfois en plus d’une sténose, véritable coarctation de l’artère pul-
monaire sur laquelle il s’implante. L’accès de cyanose peut être La réalisation d’un cathétérisme cardiaque est presque toujours
parfois très rapide. En l’absence de diagnostic anténatal, c’est la indispensable.
majoration de cette cyanose et les signes de détresse respiratoire Le diagnostic est confirmé et la forme anatomique est préci-
qui orientent l’enfant vers le cardiopédiatre. sée, réalisant ainsi une véritable cartographie de la vascularisation
Dans ce contexte de ductodépendance et en l’absence de diag- pulmonaire.
nostic préalable, un malaise anoxique peut rapidement entraîner Plusieurs éléments sont relevés :
le décès de l’enfant. • la taille et le développement des artères pulmonaires natives
Une fois le diagnostic de ductodépendance établi, le traitement proximales et distales (calcul de l’indice de Nakata, recherche
par prostaglandines de synthèse (Prostine® ) doit être immédia- de sténoses isolées ou étagées) ;
tement débuté. Il n’est interrompu qu’après établissement d’un • l’existence d’une continuité anatomique ventricule droit–artère
débit artériel pulmonaire pérenne par : anastomose systémico- pulmonaire (type A et parfois B). C’est dans le type B que l’on
pulmonaire (ou exceptionnellement stenting du canal artériel), retrouve l’aspect de « mouette » angiographique (Fig. 4A). Il
correction complète précoce ou, ouverture de la voie ventricule s’agit d’une opacification rétrograde des petites artères pulmo-
droit–artère pulmonaire. naires droite et gauche ainsi que du tronc de l’artère pulmonaire
également hypoplasique, obtenue par une injection bloquée
dans les veines pulmonaires ou dans une collatérale ;
• l’existence et la distribution des MAPCA (Fig. 4B) ;
Formes complexes (types B et C) • la taille, la position et l’aspect unique de la CIV ;
Dans les formes d’AP–CIV avec collatérales aortopulmonaires, • la position des artères coronaires (recherche d’un trajet en
le débit artériel pulmonaire est assuré par les MAPCA. La présen- regard de la zone de ventriculotomie droite éventuelle, com-
tation néonatale de la cardiopathie peut passer inaperçue, malgré promettant une future ouverture ou mise en continuité de la
la cyanose qui est souvent le signe clinique prédominant. Selon voie ventricule droit–artère pulmonaire).
l’importance du shunt gauche–droit à travers les MAPCA, un cer- Cet examen permet une analyse fine de la vascularisation des
tain degré d’insuffisance cardiaque par hyperdébit pulmonaire, 20 segments pulmonaires (dix à droite et dix à gauche) (Fig. 3B).
avec retentissement clinique, est parfois à l’origine du diagnostic. Rappelons que les voies aériennes se divisent de façon dichoto-
Une « trop bonne saturation » peut ainsi retarder le diagnostic. mique. Chaque bronche mère donne naissance à deux bronches
Les MAPCA sont parcourues par un flux sanguin d’origine aor- filles. Ainsi, à la trachée succèdent deux bronches souches, cinq
tique, donc potentiellement à pression systémique. La pression bronches lobaires, 20 bronches segmentaires et 3000 bronchioles
sanguine régnant au sein d’une MAPCA dépend essentiellement lobulaires. Chaque segment pulmonaire correspond à la por-
de la présence de sténose(s) à son origine ou bien le long de son tion de parenchyme irriguée et ventilée par une artère et une
trajet. En l’absence de sténose, les territoires pulmonaires irrigués bronche segmentaire. L’origine de la vascularisation de chacun
par ces collatérales sont donc à haut risque de développer une de ces segments doit être précisément cartographiée. Chaque col-
véritable maladie vasculaire pulmonaire (hypertension artérielle latérale aortopulmonaire doit être étudiée (angiographie, mesure
pulmonaire [HTAP]) pouvant devenir avec le temps irréversible. de la pression artérielle pulmonaire [PAP] « segmentaire ») afin
Inversement, la présence d’une sténose à l’origine ou sur le trajet de déterminer les caractéristiques hémodynamiques du territoire
de la MAPCA concernée peut être à l’origine d’un certain degré de pulmonaire qu’elle vascularise. À noter que parfois seul le cathé-
protection du territoire pulmonaire. térisme postopératoire (après ouverture de la voie ventricule
C’est dans un premier temps l’échographie cardiaque trans- droit–artère pulmonaire par exemple) permet d’accéder à cette
thoracique qui pose le diagnostic. Cet examen permet d’évaluer analyse fine.
la taille des artères pulmonaires. Selon leur zone d’émergence, Tout au long de la prise en charge du patient, plusieurs procé-
l’origine aortique de certaines collatérales aortopulmonaires peut dures endovasculaires peuvent être nécessaires pour l’évaluation
également être mise en évidence par l’échographie. Un bilan et le suivi évolutif anatomique et fonctionnel de la patholo-
d’imagerie complet comprenant en général un cathétérisme car- gie (développement des artères pulmonaires, perméabilité des
diaque et/ou une angio-TDM ou une angio-IRM est indispensable. MAPCA, etc.).

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Anastomoses systémicopulmonaires
Les objectifs sont :
• d’assurer un débit sanguin pulmonaire suffisant ;
• de favoriser le développement et la croissance des artères pul-
monaires natives.

Contrôle et ligature d’une anastomose


de Blalock–Taussig modifiée
L’objectif est de ligaturer et sectionner une anastomose de
Blalock–Taussig devenue inutile.

A Ouverture chirurgicale précoce


de la voie ventricule droit–artère pulmonaire
Les objectifs sont :
• une mise en continuité précoce du ventricule droit et des artères
pulmonaires natives ;
• de favoriser le développement et la croissance des artères pul-
monaires natives par rétablissement d’un débit antérograde.
Cette technique s’adresse aux AP–CIV de type B et représente la
première étape de la prise en charge, appelée « réhabilitation des
artères pulmonaires ». En présence d’un tronc artériel pulmonaire
atrétique mais présent, il s’agit de réaliser une mise en continuité
du ventricule droit et de la confluence artérielle pulmonaire (étape
1) par ouverture longitudinale du tronc artériel pulmonaire et de
l’infundibulum par plastie d’élargissement à l’aide d’un patch de
péricarde ou prothétique [14–17] .

Technique chirurgicale d’ouverture


de la voie ventricule droit–artère pulmonaire
par plastie d’élargissement
B infundibulopulmonaire [15] (Fig. 5)
Après avoir confirmé par angiographie la présence d’un tronc
Figure 4. Atrésie pulmonaire avec communication interventriculaire
artériel pulmonaire confluant (« mouette angiographique »), et
type B.
après avoir éliminé la présence d’une artère coronaire anormale
A. Angiographie de face : « mouette » angiographique.
cheminant en avant de l’infundibulum, l’intervention est réalisée
B. Collatérales aortopulmonaires.
sous circulation extracorporelle (CEC) d’assistance (en laissant le
VG éjecter librement), en normothermie, sans clampage aortique.
Le clampage aortique doit être évité car, en présence de MAPCA,
une partie non négligeable du débit de la CEC serait redirigé vers
 Différentes techniques utiles les poumons, avec comme double conséquence une majoration
conséquente du retour gauche et surtout un risque d’hyperdébit
dans la prise en charge pulmonaire avec bas débit relatif de l’hémicorps inférieur (cf.
des AP–CIV infra).
Les artères pulmonaires sont contrôlées et mises sur lacs de
Ce chapitre fait appel à différentes techniques de chirurgie des silicone. Le geste consiste ensuite à réaliser une ouverture longi-
cardiopathies congénitales et de cathétérisme interventionnel. La tudinale du tronc artériel pulmonaire, franchissant en fin de geste
prise en charge des AP–CIV impose à l’équipe médicochirurgi- l’anneau pulmonaire jusqu’à l’infundibulum. Le tronc artériel
cale de maîtriser ces différentes techniques à la fois palliatives et pulmonaire est élargi à l’aide d’un patch de péricarde autologue
curatives. C’est précisément la raison pour laquelle cette prise en traité au glutaraldéhyde (ou hétérologue) suturé par un surjet de
charge ne peut être réalisée qu’au sein d’une structure dotée de monofilament non résorbable 7/0 aux berges de l’artériotomie.
moyens humains et techniques adaptés (chirurgiens, cardiologues Ensuite, l’incision est étendue au-delà de l’anneau pulmonaire,
et plateaux techniques). vers l’infundibulum. La suture du patch se poursuit sur l’épicarde
Ces différentes techniques vont être développées mais font déjà ventriculaire droit. L’ouverture de l’infundibulum est complétée
l’objet, pour la plupart, de chapitres dédiés spécifiques. par la résection de muscle infundibulaire hypertrophique, afin
d’assurer une ouverture de la voie de sortie du ventricule droit suf-
fisante. Une fois l’infundibulum ouvert, la CIV fait courir le risque
d’une embolie gazeuse systémique. Un certain nombre de précau-
tions doivent être prises. Une canule d’aspiration doit être placée

“ Point fort dans l’aorte ascendante de façon à « récupérer » d’éventuelles


bulles d’air. Un clampage aortique partiel en aval de la canule
constitue également un « piège à bulle » assurant une sécurité sup-
plémentaire (Fig. 6). Le risque d’embolie gazeuse à travers la CIV
Les différentes techniques destinées à la prise en charge est aussi contrôlé par la réalisation d’une aspiration « récupérée »
palliative ou curative de l’ensemble de la voie de sor- toujours superficielle, ne s’enfonçant jamais dans le ventricule
tie du ventricule droit (ventricule droit–tronc artériel droit, et par la bonne coordination avec le perfusionniste qui doit
pulmonaire–artères pulmonaires droite et gauche) doivent veiller à ne pas laisser le patient devenir hypovolémique. Il est
être maîtrisées. en fait possible de minimiser ce temps en réalisant à l’avance
une partie de la suture à l’épicarde, par exemple toute la partie

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Atrésie pulmonaire avec communication interventriculaire  42-816

A B

C D
Figure 5. Ouverture du tronc artériel pulmonaire : technique chirurgicale.
A, B. Tronc artériel pulmonaire hypoplasique (flèche). Les artères pulmonaires droite et gauche sont contrôlées.
C. Le tronc artériel pulmonaire est ouvert longitudinalement (flèche). L’incision est prolongée vers l’infundibulum, de façon à obtenir une ouverture suffisante
du ventricule droit.
D. Un patch de péricarde autologue traité au glutaraldéhyde est suturé le long des berges de l’artériotomie et de l’infundibulotomie (flèche).

gauche (proche de l’interventriculaire antérieure) et inférieure, Rétablissement de la continuité ventricule


puis de ne réaliser qu’à ce stade l’infundibulotomie, et termi-
ner la suture rapidement, en ayant repéré le trajet à l’avance de droit–artère pulmonaire
façon à pouvoir laisser « saigner », diminuant encore plus le risque Le rétablissement de la continuité ventricule droit–artère pul-
embolique. monaire peut faire suite à une prise en charge initiale intégrant un
premier geste palliatif (anastomose systémicopulmonaire), mais
peut également faire partie intégrante de la première interven-
tion pour les équipes favorables à une correction complète en un
Ouverture par cathétérisme interventionnel seul temps [18–20] .
Ici encore, il faut s’adapter à l’anatomie et deux solutions sont
de la voie ventricule droit–artère pulmonaire envisageables : interposition d’un conduit ventricule droit–artère
L’objectif est de perforer le plancher valvulaire pulmonaire atré- pulmonaire ou connexion directe ventricule droit–artère pulmo-
tique (AP–CIV type A) naire.

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42-816  Atrésie pulmonaire avec communication interventriculaire

Le principe est simple en théorie, puisqu’il s’agit de détacher les


collatérales de l’aorte et de les réunir afin de les connecter le plus
directement possible aux artères pulmonaires (Fig. 2).
La pratique est plus complexe. Après repérage angiographique
et/ou scanographique de leur origine et de leur trajet (et notam-
ment des relations spatiales avec les autres éléments, surtout
les bronches), les collatérales sont disséquées et isolées une à
une. Il faut savoir être patient dans la recherche et la dissec-
tion de chacune d’entre elles. Elles doivent être individualisées
jusqu’en distalité d’une éventuelle sténose. Le geste est d’autant
plus périlleux que le tissu vasculaire qui constitue ces collatérales
est dysplasique et fragile [4] , et que ce geste est parfois réalisé sur
un médiastin déjà abordé chirurgicalement (chirurgie redux, voire
plus).
L’unifocalisation peut être réalisée en un ou plusieurs
temps [18–20] . La difficulté d’accessibilité de chaque collatérale
justifie parfois plusieurs voies d’abord (thoracotomies postéro-
latérales droite et/ou gauche). Par sternotomie, il est surtout
possible d’aborder et de disséquer d’une part les collatérales
qui se trouvent en avant du plan bronchique (notamment en
avant de la bronche souche droite, dans la fenêtre interaorti-
cocave) et d’autre part celles qui naissent de la partie haute
de l’aorte descendante (assez facilement si l’aorte descendante
est à droite, toujours dans la fenêtre interaorticocave, un peu
Figure 6. Réalisation d’un « piège à bulle » aortique, permettant de plus difficilement, en incisant le péricarde postérieur en des-
minimiser le risque d’embolie gazeuse systémique. 1. Minicanule/grosse sous du plan de la bronche souche gauche et au-dessus de
aiguille connectée à une aspiration « récupérée » ; 2. clampage partiel de la veine pulmonaire supérieure gauche, si l’aorte descendante
l’aorte ascendante. est à gauche). La réimplantation de ces collatérales peut être
effectuée de manière directe dans l’artère pulmonaire native
homolatérale par anastomose latéroterminale, la plus biseau-
tée, donc la plus large possible. Elle peut également se faire
Fermeture de la communication de manière indirecte par interposition de matériel prothétique
interventriculaire conoventriculaire (poly-tétra-fluoro-éthylène [PTFE], péricarde autologue), surtout
lorsqu’une suture directe ferait courir un risque d’étirement de
Les objectifs sont :
l’anastomose ou de compression de structures adjacentes. Une
• fermer le shunt devenu inutile (le réseau artériel pulmo-
plastie d’élargissement de la collatérale ou bien de l’artère pulmo-
naire est suffisamment corrigé pour accepter la totalité du
naire native sur laquelle elle est connectée peut parfois compléter
débit du ventricule droit, celui-ci n’a donc plus besoin
le geste.
d’être « déchargé ») ;
Les différents travaux retrouvés dans la littérature [18–20]
• éviter l’apparition d’un hyperdébit pulmonaire et le développe-
admettent qu’au moins 8 à 12 segments pulmonaires doivent être
ment d’une maladie vasculaire pulmonaire (en présence d’une
vascularisés par du sang provenant du ventricule droit. C’est à
voie ventricule droit– tronc artériel pulmonaire–artères pul-
ce stade que la CIV doit être fermée, sous peine d’entraîner un
monaires distales réparées, les résistances pulmonaires totales
hyperdébit pulmonaire incompatible avec la réanimation post-
baissent et le shunt à travers la CIV devient gauche–droit).
opératoire.
La CIV conoventriculaire peut être fermée soit par voie atriale
L’intérêt de l’unifocalisation des artères pulmonaires par
à travers la valve tricuspide, soit par voie infundibulaire, exacte-
réimplantations des MAPCA reste cependant un sujet de
ment comme celle retrouvée dans la tétralogie de Fallot.
controverses. Selon d’Udekem, les MAPCA, dont la nature his-
Avant de refermer l’atriotomie droite par un double surjet, il est
tologique serait similaire à celle des artères bronchiques [4] ,
prudent de laisser un foramen ovale perméable d’environ 3 mm,
sont dépourvues de potentiel de croissance. Leur unifocali-
faisant office de « soupape de sécurité » en cas de trouble de la
sation serait donc inutile et n’apporterait aucun bénéfice à
compliance du ventricule droit postopératoire. Dans certains cas,
long terme [21, 22] . Au contraire, Brawn et Macé considèrent que
il peut également être nécessaire de « fenêtrer » le patch de CIV (cf.
cette étape est essentielle pour accéder aux meilleurs résul-
infra). Dans tous les cas, il est fondamental de respecter le tissu de
tats [23, 24] .
conduction et la valve tricuspide. Une grande partie de ces patients
Le sujet est d’autant plus complexe que la délimita-
sont à risque de dysfonction ventriculaire droite chronique. Des
tion réelle entre la fin de la collatérale et le début d’une
troubles du rythme ou de la conduction et/ou une insuffisance
arborisation artérielle pulmonaire native est une zone assez
tricuspide iatrogène sont des facteurs d’aggravation majeurs de
théorique. En pratique, la collatérale est un vaisseau, dont
cette dysfonction.
la paroi dans ses premiers centimètres semble presque tou-
jours anormale, alternant des zones épaisses et fibreuses et
des zones très fines, tenant mal les sutures et se déchirant
Unifocalisation des artères pulmonaires facilement. Ensuite, au fur et à mesure que le trajet se rap-
proche des bronches et du parenchyme, le vaisseau devient
L’objectif est la reconstitution d’un arbre artériel pulmonaire le de plus en plus semblable à une branche artérielle pulmo-
plus complet possible. naire.
Il s’agit d’un terme générique qui désigne le fait de reconsti-
tuer une vascularisation pulmonaire la plus complète possible,
avec une seule origine (d’où le terme unifocal) en déconnectant Cathétérisme cardiaque interventionnel
les MAPCA non communicantes de leur origine aortique et en
les reconnectant à l’artère pulmonaire homolatérale. Ceci rétablit Les objectifs sont :
donc, à travers la ou les MAPCA unifocalisées, un flux artériel pul- • une optimisation des artères pulmonaires proximales et dis-
monaire d’une seule origine (provenant du ventricule droit et non tales ;
plus de la circulation systémique) vers le ou les territoires pulmo- • l’occlusion (ou parfois stenting) des MAPCA.
naires concernés. Cette technique concerne donc les AP–CIV de Le développement des artères pulmonaires est directement cor-
types B et C. rélé au flux qui les traverse. Le cathétérisme permet de réaliser

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Figure 7. Cathétérisme cardiaque intervention-


nel avec angioplastie et stenting de l’artère
pulmonaire droite (A) et gauche (B).

A B

des gestes thérapeutiques, principalement des angioplasties des Particularités de la circulation extracorporelle
artères pulmonaires (dilatation au ballonnet, stenting) et des
embolisations de collatérales communicantes (coils, occluders, et de la prise en charge postopératoire
etc.) [17] (Fig. 7). L’embolisation d’une collatérale doit bien sûr
être précédée d’un test d’occlusion. Une chute significative de La conduite de la CEC chez ces patients cyanosés requiert une
la saturation artérielle du patient (SaO2 < 70 %) doit faire renon- attention particulière [26, 27] . La collaboration étroite entre le per-
cer. Toutes les collatérales communicantes ne sont pas toujours fusionniste, le chirurgien et l’anesthésiste est plus que jamais
« embolisables » au cours de la même procédure, et il est parfois fondamentale. Plusieurs éléments doivent être pris en considé-
nécessaire de laisser quelques semaines s’écouler entre deux pro- ration :
cédures. Ce délai a pour but de favoriser encore et d’optimiser le • la durée de la CEC doit être aussi réduite que possible, de façon
développement du débit artériel pulmonaire à travers les artères à minimiser au maximum les interactions poumons/CEC ;
pulmonaires natives. • le démarrage de la CEC doit être progressif, en oxygénant le
De même, certaines collatérales « indispensables » à une satura- moins possible le sang, de façon à ne pas « hyperoxygéner » le
tion sanguine artérielle correcte doivent parfois être maintenues patient et à limiter la production de radicaux libres. En effet,
perméables grâce à un stent, en attendant leur future unifocalisa- les oxygénateurs actuellement utilisés sont très performants et
tion [25] . il est facile d’avoir des pressions partielles en oxygène (PO2 )
Inversement, l’occlusion précoce de collatérales communi- de sortie d’oxygénateur très élevées, presque toxiques pour un
cantes peut être indispensable chez un enfant en grande organisme habitué à des PO2 très basses ;
insuffisance cardiaque par hyperdébit pulmonaire, si le traite- • le taux d’hématocrite per-CEC et plus particulièrement au
ment médical (diurétiques, vasodilatateurs, alimentation entérale moment du sevrage doit être maintenu volontairement élevé ;
à débit continu, etc.) ne suffit pas. Si ce geste ne peut être réalisé • enfin et surtout, toute l’équipe doit être consciente que, chez ces
par cathétérisme, il faut une ligature chirurgicale parfois salvatrice patients encore plus que chez les autres, une partie très impor-
chez un enfant non sevrable de ventilation artificielle. tante du débit artériel passe dans les collatérales et les shunts.
Ces gestes s’intègrent totalement dans la procédure de réha- Le retour gauche, bronchique, est donc très important. Il peut
bilitation des artères pulmonaires et doivent être réalisés en être un obstacle majeur à la visualisation chirurgicale. Si on
collaboration avec le chirurgien. Il n’est donc pas rare que celui- travaille à cœur battant, il faut veiller à ce que le ventricule
ci soit sollicité en salle de cathétérisme pendant la procédure, gauche puisse éjecter facilement ce volume. S’il ne le peut, ou
afin de décider au mieux, avec le cardiologue–cathétériseur, de si l’aorte est clampée, il y a un risque de dilatation majeur du
l’opportunité d’un geste. massif ventriculaire ainsi que de mauvaise protection. Dans la
Durant ces dernières années, les progrès du cathétérisme inter- mesure du possible, les principales sources de retour gauche
ventionnel ont permis, dans de nombreux cas, de rendre une sont contrôlées (clampage d’un shunt de type Blalock, contrôle
correction complète possible avec un bon résultat, même pour des collatérales à unifocaliser, embolisation préalable de colla-
des formes initialement péjoratives (type C, indice de Nakata ini- térales communicantes, etc.), mais malgré cela, la magnitude
tial < 80). du retour gauche est toujours grande. L’enjeu est alors de

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42-816  Atrésie pulmonaire avec communication interventriculaire

positionner une ou plusieurs aspirations du retour gauche, dont Une fois le diagnostic de ductodépendance posé, l’introduction
le flux impressionne parfois même les plus aguerris des perfu- immédiate d’un traitement par prostaglandines (PG) de synthèse
sionnistes. Le débit de pompe artériel doit être en permanence permet de rétablir un débit artériel pulmonaire suffisant. En effet,
la somme du débit artériel théorique, des besoins systémiques la reperméabilisation du canal artériel permet en règle générale
du patient, et du retour gauche (débit « perdu » pour le patient). d’obtenir une SaO2 supérieure à 70 %. Chez les nouveau-nés ayant
Les paramètres d’adéquation du débit (saturation veineuse, par- bénéficié d’un diagnostic anténatal, ce traitement est instauré de
fois faussement élevée si on draine l’oreillette droite et qu’il façon volontiers systématique.
y a une communication interauriculaire, oxymétrie cérébrale, Parfois, si ce traitement a été introduit d’emblée et sous cou-
lactates, etc.) sont surveillés avec grande attention. vert d’une surveillance médicale accrue, il peut être intéressant de
La prise en charge postopératoire de ce type de patient est réaliser une épreuve d’arrêt des PG. En effet, il n’est pas rare de
d’autant plus facile que le monitorage peropératoire du patient a retrouver un canal artériel d’allure « malformative » qui demeure
été opportun. Là encore, la collaboration étroite entre l’équipe chi- persistant, constituant ainsi une anastomose de Blalock–Taussig
rurgicale et l’équipe de réanimation est essentielle. Au maximum, modifiée « naturelle ».
le réanimateur peut disposer : La prise en charge chirurgicale est comparable à celle d’une
• d’une voie veineuse centrale avec mesure continue de la pres- tétralogie de Fallot. Le poids de l’enfant à la naissance, l’existence
sion veineuse centrale ; ou non de malformations extracardiaques associées et les habi-
• d’un cathéter de pression mis en place dans la voie de sortie tudes de chaque équipe médicochirurgicale font discuter soit
ventricule droit–artère pulmonaire, et poussé en artère pulmo- la réalisation d’une anastomose systémicopulmonaire de type
naire distale, au-delà des sutures, avec mesure continue de la Blalock–Taussig modifiée suivie d’une correction complète dans
saturation en oxygène de l’hémoglobine du sang veineux mêlé la première année de vie, soit une correction complète d’emblée.
(SvO2 ) ; Un nouveau-né prématuré et/ou hypotrophe fait préférer, dans
• d’un cathéter de pression dans l’oreillette gauche. la majorité des cas, une chirurgie en deux temps. Le premier
Cet équipement permet de contrôler en permanence les pres- geste, palliatif, consiste en la confection d’une anastomose sys-
sions de remplissage des ventricules droit et gauche et de dépister témicopulmonaire à l’aide d’un tube de PTFE (anastomose de
une éventuelle dysfonction. La réalisation de gazométries étagées, Blalock–Taussig modifiée), par thoracotomie postérolatérale ou
comparant les saturations caves ou atriales et les saturations arté- (plus souvent) par sternotomie médiane.
rielles pulmonaires est également un outil utile au dépistage et à Le but de cette première intervention chirurgicale est d’assurer
la quantification d’un shunt résiduel. un débit artériel pulmonaire pérenne, permettant à l’enfant de
Deux éléments principaux conditionnent la réanimation et la poursuivre une évolution staturopondérale satisfaisante. Le choix
prise en charge postopératoire de ce type de patients : de la taille du tube de Goretex® varie entre 3,5 et 5 mm. Ce choix
• le débit pulmonaire postopératoire : selon la nature de la procé- est fait en fonction du poids de l’enfant et de la taille de ses
dure réalisée (geste chirurgical, durée de la CEC, etc.), il faut se artères pulmonaires natives. Un tube trop petit expose au risque
préoccuper de savoir s’il persiste un certain degré d’hypodébit de thrombose et la survenue précoce d’un hypodébit pulmonaire.
pulmonaire ou au contraire plutôt un hyperdébit. Un œdème de Un tube trop grand peut être responsable d’un hyperdébit pul-
reperfusion pulmonaire peut venir compliquer les suites post- monaire pouvant rendre l’extubation difficile. Une discongruence
opératoires immédiates [28] . Le mode et la durée de ventilation, entre la taille du tube et celle de l’artère cible pose de toute façon
le pH, la capnie, la fraction d’oxygène dans les gaz inspirés des problèmes. Son anastomose sur une artère pulmonaire native
(FiO2 ), le taux d’hémoglobine sont autant de paramètres à de petit calibre (moins de 3,5 mm, quels que soient le poids et la
ajuster afin d’optimiser le débit pulmonaire. L’utilisation de taille de l’enfant) peut également être techniquement difficile et
monoxyde d’azote (NO) inhalé peut s’avérer extrêmement utile être responsable d’une sténose ou d’une distorsion de cette artère.
dans les premiers jours postopératoires ; Outre le fait d’assurer la survie du malade en maintenant un débit
• la fonction myocardique : la fonction postopératoire du ven- pulmonaire et donc une saturation artérielle satisfaisante, le débit
tricule gauche et surtout celle du ventricule droit doivent assuré par l’anastomose de Blalock entraîne la croissance et le
également être surveillées, particulièrement si l’intervention a développement progressif de ces artères pulmonaires. Ce point
nécessité une infundibulotomie. Un support inotrope est habi- est confirmé par le suivi échocardiographique et angiographique
tuellement utile. La ventilation mécanique est volontiers sevrée réalisé très régulièrement dans les suites de cette première inter-
avant l’arrêt des inotropes. vention.
De même, une surveillance stricte du bilan hydrique, avec adap- Au cours du suivi cardiopédiatrique, la baisse progressive de la
tation de la dose de diurétique, est indispensable afin de minimiser SaO2 , traduisant l’apparition progressive d’un hypodébit pulmo-
les signes congestifs. naire au fur et à mesure que l’enfant se développe, est l’un des
témoins indiquant la correction complète. Comme pour une cure
complète d’une tétralogie de Fallot, ce temps se situe le plus sou-
vent entre le 6e et 12e mois. Le poids de l’enfant, au-delà de 8 kg,
“ Point fort permet une bonne marge de sécurité peropératoire, notamment
par rapport à la CEC.
Le deuxième temps opératoire réalise la correction complète
• Attention aux pièges de l’anesthésie et de la réanimation de cette cardiopathie. Il est précédé par la réalisation d’un cathé-
d’un patient cyanosé. térisme à visée diagnostique et parfois interventionnelle. Le but
• Les deux clés de la réanimation postopératoire : de cet examen est avant tout morphologique. Tous les doutes
◦ débit artériel pulmonaire, concernant l’anatomie intracardiaque doivent être levés (CIV
◦ fonction du ventricule droit. unique ou multiple, anatomie coronaire), et le développement
des artères pulmonaires droite et gauche doit être précisé. La zone
d’anastomose avec le tube de Goretex® peut être le siège d’une
sténose, justifiant alors la réalisation d’une plastie d’élargissement
peropératoire.
L’intérêt du cathétérisme est également de réaliser une aor-
 Stratégies de prise en charge tographie afin de mettre en évidence le développement d’une
collatéralité par l’intermédiaire des artères bronchiques. Ces col-
et indications thérapeutiques latérales doivent être embolisées au cours de la procédure.
La correction complète se réalise par sternotomie médiane, sous
Atrésie pulmonaire avec communication CEC en normothermie et après clampage aortique. La procédure
interventriculaire de type A est en fait menée de façon similaire à la correction complète d’une
tétralogie de Fallot, avec fermeture de la CIV (par voie atriale ou
À la naissance, le débit artériel pulmonaire est ductodépendant. infundibulaire) et rétablissement de la voie de sortie ventricule

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Figure 8. Arbre décisionnel. Programme


Évaluation initale de « réhabilitation des artères pulmonaires ».
Cathétérisme cardiaque ± IRM ou TDM IRM : imagerie par résonance magnétique ;
TDM : tomodensitométrie ; VD–AP : ventricule
droit–artère pulmonaire ; MAPCA : major
aorto-pulmonary collateral arteries ; AP : artère
Première étape Overture chirurgicale de la voie VD–AP vers 3 mois pulmonaire ; CIV : communication interventricu-
laire ;

Cathétérisme interventionnel
Deuxième étape Occlusions des MAPCA communicantes vers 5–6 mois
Optimisation des AP (angioplasties, stentings)

Correction complète chirurgicale


Unifocalisation des MAPCA et plasties des AP
Troisième étape entre 12 et 24 mois
Tube VD–AP
Fermeture de la CIV

Suivi à long terme


Échographie, scintigraphie pulmonaire de
ventilation/perfusion, IRM
Cathétérisme interventionnel
Chirurgie

droit–artère pulmonaire. Après interruption de l’anastomose de « isolée ». L’unifocalisation des MAPCA et la fermeture de la CIV
Blalock–Taussig modifiée (section–suture), un tube valvé du plus sont réalisées après optimisation des artères pulmonaires. Entre
grand diamètre autorisé (homogreffe ou tube de Contegra® ) est ces temps chirurgicaux s’intercalent des procédures endovascu-
suturé entre l’infundibulum et le bord inférieur de la bifurcation laires : angioplasties des artères pulmonaires natives, embolisation
pulmonaire. La connexion directe ventricule droit–artère pulmo- de MAPCA communicantes, etc. Cette méthode de prise en charge
naire est parfois possible mais a pour inconvénient majeur de est donc basée sur une approche combinée, associant les tech-
laisser une voie de sortie VD-AP dévalvulée. niques chirurgicales et endovasculaires.
Cette stratégie thérapeutique est celle adoptée par notre
équipe [17] . Elle peut être schématisée ainsi (Fig. 8).
Atrésie pulmonaire avec communication
Étape 1
interventriculaire de type B
Réalisation d’une ouverture de la voie ventricule droit–artère
Cette forme anatomique est définie par des artères pulmonaires pulmonaire, de façon à rétablir un débit antérograde (Fig. 5).
hypoplasiques mais présentes, associées à des collatérales aor-
topulmonaires. Le débit sanguin pulmonaire est dépendant des Étape 2
MAPCA. Il permet en général un débit pulmonaire suffisant au Après au moins deux mois postopératoires, un premier cathé-
maintien d’une SaO2 entre 70 et 80 %. Contrairement au type A, térisme cardiaque est réalisé. Son rôle est à la fois diagnostique et
il n’y a donc généralement pas d’urgence immédiate et vitale à la interventionnel :
prise en charge médicochirurgicale. • évaluation de la croissance des artères pulmonaires (calcul de
Les AP–CIV de types B et C représentent environ 25 % des l’indice de Nakata) ;
AP–CIV [29] . Avant les nombreux travaux [30–32] ayant permis une • une nouvelle analyse détaillée de l’arborisation artérielle pul-
meilleure compréhension anatomique, morphologique et hémo- monaire avec identification des MAPCA ;
dynamique des MAPCA, ces patients étaient traités de façon • réalisation de geste d’angioplastie artérielle pulmonaire (dila-
palliative (abstention thérapeutique ou shunt[s] définitif[s]). Le tation, stenting). À noter que la réhabilitation chirurgicale des
concept d’unifocalisation des différentes sources de débit pulmo- artères pulmonaires a pour immense avantage de permettre au
naire a été proposé en 1980 par Harworth et Macartney [33] . cathétérisme d’accéder aux artères pulmonaires natives. À ce
La prise en charge thérapeutique de cette forme anatomique stade, le cathétérisme s’intéresse aux artères pulmonaires proxi-
fait l’objet d’un grand nombre de débats à l’heure actuelle. Le males ;
terme de « stratégie » prend ici tout son sens, car plusieurs options • embolisation progressive de toutes les collatérales communi-
peuvent être envisagées, avec un objectif final identique : la cantes, en fonction de la tolérance (test d’occlusion préalable
correction complète, c’est-à-dire le rétablissement d’une filière avec surveillance de la SaO2 ).
ventricule droit–tronc artériel pulmonaire–artères pulmonaires Les angiographies successives permettent également de consta-
droite et gauche médiastinales et distales la plus complète et la ter qu’au fur et à mesure que se développe le lit artériel
plus harmonieuse possible, associé à la fermeture de la CIV. pulmonaire, certaines collatérales s’occluent spontanément.
Schématiquement, deux conceptions et deux modes de prise en Selon la multiplicité des gestes endovasculaires à réaliser, plu-
charge se distinguent. sieurs cathétérismes itératifs peuvent être nécessaires.

Étape 3
Réparation en plusieurs étapes avec
Enfin, la deuxième intervention chirurgicale, réalisant la cor-
« réhabilitation des artères pulmonaires natives » rection complète avec fermeture de la CIV, mise en place d’un
La stratégie de « réhabilitation des artères pulmonaires » est pro- tube valvé ventricule droit–artère pulmonaire, et unifocalisation
posée en 1981 par Castaneda et al. [34] . Il s’agit d’abord de favoriser des MAPCA non communicantes, est réalisée.
la croissance des artères pulmonaires natives grâce à la réalisa- L’indication de correction complète est basée sur plusieurs élé-
tion précoce d’une ouverture ventricule droit–artère pulmonaire ments :

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• évaluation de la taille des artères pulmonaires droite et gauche À noter que par « réparation en un temps », les auteurs
avec index de Nakata supérieur à 120. Ce calcul doit tenir entendent principalement « réparation de la voie ventricule
compte de l’aspect angiographique de la bifurcation pulmo- droit–artères pulmonaires centrales–artères pulmonaires distales
naire, et doit intégrer la possibilité d’une plastie peropératoire et unifocalisation des collatérales » (Fig. 9). La fermeture de la CIV
(Nakata « potentiel ») ; nécessite parfois d’être différée ou bien celle-ci peut être partielle-
• évaluation des résistances artérielles pulmonaires et de leur ment fermée à l’aide d’un patch fenêtré.
réversibilité. Rappelons encore que chaque segment pulmo- Les principes de la réparation en un seul temps proposé par
naire est soumis à un régime de pression qui dépend de l’origine Hanley sont :
du débit sanguin qu’il reçoit. Les segments dépendant de la • par sternotomie médiane ± élargie, unifocalisation des col-
vascularisation pulmonaire « normale » ont des résistances vas- latérales avec recrutement de 5 à 9 segments pulmonaires
culaires différentes de celles de segments dont la vascularisation incorporant, si elles existent, les artères natives au même titre
est à point de départ systémique via les MAPCA. Au sein d’un que les collatérales ;
même hémichamp pulmonaire peuvent donc « cohabiter » des • éviter au maximum l’utilisation de tissu prothétique pour la
zones de parenchyme pulmonaire à résistance vasculaire nor- réparation de l’arbre vasculaire pulmonaire (à l’exception du
male et élevée. L’évaluation de la réversibilité de ces résistances conduit ventricule droit–artère pulmonaire) ;
vasculaires pulmonaires devient alors délicate. Chaque segment • réalisation précoce de la chirurgie idéalement avant la fin de la
pulmonaire doit être évalué individuellement. première année ;
Cette évaluation n’est pas « mathématique », et est prise au • fermeture de la CIV selon le résultat de l’étude peropératoire du
terme d’un consensus médicochirurgical basé sur l’expérience de flux pulmonaire.
l’équipe. Les arguments évoqués sont les suivants :
À noter que certaines MAPCA, plus facilement accessibles par • la correction précoce de la physiologie cardiovasculaire et de la
thoracotomie postérolatérale, doivent être unifocalisées avant la cyanose ;
correction complète qui s’effectue par sternotomie médiane. Ceci • la diminution du temps d’exposition des collatérales et du ter-
vient donc rajouter une étape chirurgicale supplémentaire à la ritoire pulmonaire irrigué à la pression artérielle systémique
prise en charge. entraîne une diminution du risque de « perte de segments pul-
monaires » par développement d’une hyperplasie myo-intimale
responsable de la maladie vasculaire pulmonaire. De plus,
Réparation en un temps il semblerait que les collatérales précocement soustraites au
régime de pression systémique aient moins tendance à déve-
En 1995, Hanley et al. [18] sont l’auteur d’une publication dans
lopper des sténoses ;
laquelle il défend une nouvelle stratégie de prise en charge des
• la réparation de l’arbre vasculaire pulmonaire en un temps
AP–CIV type B, voire C. Jusque-là, les patients étaient traditionnel-
minimise les cicatrices et les distorsions pariétales des artères
lement pris en charge par une stratégie de correction étagée [35–37] ,
pulmonaires.
faisant se succéder de nombreuses chirurgies (shunt, unifocali-
sation par sternotomie ou thoracotomies droite et/ou gauche, Quelle que soit la stratégie adoptée, l’établissement précoce
plasties des artères pulmonaires, mise en continuité ventricule d’un flux antégrade pulmonaire favorisant la croissance et le déve-
droit–artère pulmonaire, fermeture de la CIV, etc.). Selon les loppement des artères pulmonaires natives et l’accessibilité du
séries [38] , la réparation complète restait inaccessible dans parfois réseau artériel pulmonaire au cathétérisme interventionnel sont
plus de 50 % des cas. les deux priorités essentielles.

4
2

A
Figure 9. Réparation en un temps selon Hanley et al. [18] .
A. Atrésie pulmonaire–communication interventriculaire, hypoplasie majeure des artères pulmonaires et collatérales aortopulmonaires. 1. Collatérale aorto-
pulmonaire no 1 ; 2. artère pulmonaire droite ; 3. collatérale aortopulmonaire no 2 ; 4. artère pulmonaire gauche.
B. Déconnexion des collatérales aortopulmonaires nos 1 et 2 et plastie d’élargissement de l’artère pulmonaire.

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Atrésie pulmonaire avec communication interventriculaire  42-816

1
2

C
Figure 9. (suite) Réparation en un temps selon Hanley et al. [18] .
C. Unifocalisation des collatérales aortopulmonaires et plastie d’élargissement de l’artère pulmonaire. 1. Collatérale aortopulmonaire no 1 unifocalisée ;
2. plastie d’élargissement artérielle pulmonaire ; 3. collatérale aortopulmonaire no 2 unifocalisé.
D. Mise en continuité ventricule droit–artère pulmonaire par un conduit valvé.

Atrésie pulmonaire avec communication


interventriculaire de type C
La correction compète des AP–CIV de type C demeure un chal-
lenge technique considérable.
L’absence d’artère pulmonaire native intrapéricardique
compromet la réparation intégrant une « réhabilitation des
artères pulmonaires ».
Afin de reconstituer une arborisation vasculaire pulmonaire
complète à partir des collatérales, chacune d’entre elles doit
plus que jamais être minutieusement examinée (cathétérisme et
angioscanner) afin de déterminer :
• le segment pulmonaire correspondant ;
• s’il s’agit d’une collatérale communicante ou non ;
• s’il existe des sténoses sur son trajet ;
• si le segment pulmonaire lui correspondant est le siège d’une
HTAP réversible ou fixée, en sachant qu’il est tout à fait possible
de retrouver un « statut d’HTAP » différent (HTAP réversible 3
ou fixée) entre deux segments pulmonaires. De ce fait, il est
extrêmement difficile d’établir une corrélation fiable entre l’état
clinique du patient et le stade évolutif de la maladie.
Cette évaluation doit être répétée à plusieurs reprises au fur et
à mesure de l’évolution du patient et de sa cardiopathie.
Ainsi, selon les habitudes de l’équipe médicochirurgicale, cer-
tains proposent :
• unifocalisation complète, reconstruction des artères pulmo-
naires intrapéricardiques et fermeture de la CIV en un seul
temps ;
1
• unifocalisation des collatérales et reconstruction d’artères pul-
monaires intrapéricardiques en plusieurs étapes et souvent
plusieurs voies d’abord (thoracotomie droite, gauche, sterno- 2
tomie). Dans les cas les plus favorables, la mise en place d’un
conduit ventricule droit–artère pulmonaire et la fermeture de
Figure 10. Étude peropératoire du flux artériel pulmonaire : principe.
la CIV viennent compléter la correction.
1. Pompe occlusive ; 2. canule d’injection ; 3. cathéter de mesure de pres-
sion.
Fermeture de la communication
interventriculaire
accéder à la correction complète. Si la CIV est fermée alors que
Quelle que soit la stratégie employée, le choix du meilleur le territoire vasculaire pulmonaire est insuffisamment développé
moment pour la fermeture de la CIV est un élément clé pour et compliant, celui-ci ne peut « accepter » le débit du ventricule

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42-816  Atrésie pulmonaire avec communication interventriculaire

droit. Ceci se traduit par une élévation brutale de la postcharge, Mesure du rapport de pression ventricule
responsable d’une défaillance ventriculaire droite dramatique, et droit/ventricule gauche
rapidement d’un désamorçage gauche avec bas débit systémique
et décès. Si la CIV est laissée ouverte alors que le territoire vas- Depuis les travaux de Kirklin et al. en 1979 [40] , un rapport
culaire pulmonaire est satisfaisant, le patient est alors exposé aux de pression ventricule droit/ventricule gauche (pVD/pVG) en fin
complications d’un shunt gauche–droit à l’étage ventriculaire. d’intervention inférieur à 0,7 est admis comme étant satisfai-
Chez ces patients complexes, la situation est bien souvent sant. Dans l’intérêt d’assurer au patient des suites opératoires les
intermédiaire, rendant la décision difficile. Plusieurs techniques plus favorables possibles, la mesure des pVD et pVG et le cal-
permettent d’apporter des éléments de réponses [7] . cul pVD/pVG est absolument indispensable avant d’envisager la
fermeture du thorax.
Des pVD trop élevées imposent un nouveau clampage aortique
Estimation préopératoire du néo-Nakata ou Total et la réouverture immédiate de la CIV de façon complète en reti-
NeoPulmonary Arterial Index rant le patch préalablement mis en place ou de façon partielle en
perforant celui-ci à l’aide d’un emporte-pièce. Dans les cas inter-
Ce calcul est basé sur l’étude et l’analyse minutieuse des images médiaires, cette dernière technique permet de « calibrer » la CIV
angiographiques. Comme décrit par Nakata et al. [6] , les artères (Fig. 11) et de la rendre accessible à une fermeture future par cathé-
pulmonaires droite et gauche sont mesurées juste avant leur bifur- térisme interventionnel. Parfois, la décision de fermer la CIV avec
cation. Le diamètre des MAPCA est mesuré juste après la zone un patch ainsi perforé peut être prise de principe, sur des dossiers
d’anastomose envisagée. Les sténoses segmentaires supérieures à complexes avec Nakata limite.
25 % doivent être considérées comme significatives.
Une valeur du Total NeoPulmonary Arterial Index (TNPAI) supé-
rieure à 200 mm2 /m2 est compatible avec la fermeture de la CIV.

Étude peropératoire du flux pulmonaire


Sous CEC et après unifocalisation des MAPCA, plasties des
artères pulmonaires droite et gauche et interposition d’un tube
valvé ventricule droit–artère pulmonaire, une canule de perfu-
sion est insérée dans le tube ventricule droit–artère pulmonaire
et laquée. Un cathéter de mesure de pression est positionné en
distalité du tube.
La canule de perfusion est connectée en Y au réservoir veineux
et reliée à une tête de pompe à galets indépendante. Une canule
d’aspiration gauche doit être en bonne position afin de décharger
efficacement le ventricule gauche. Une fois le système en place
(Fig. 10), le débit de la pompe est progressivement augmenté
jusqu’à atteindre 1,5 fois le débit théorique de 2,5 l/min/m2 .
Malgré les modifications des résistances pulmonaires entraî-
nées par la CEC, cette technique permettrait de savoir, avec une
marge d’erreur peu significative selon Reddy et al. [7] , quelle sera
la valeur de la pression artérielle pulmonaire en postopératoire.
La tolérance physiologique à la fermeture de la CIV est prédite de
façon plus sensible, en comparaison avec une étude anatomique Figure 11. Fermeture de la communication interventriculaire à l’aide
préopératoire [39] . d’un patch fenêtré.

Figure 12. Arbre décisionnel. Prise en charge des


Évaluation de I’origine du débit artériel pulmonaire atrésies pulmonaires–communication interventriculaire
(AP-CIV). MAPCA : major aorto-pulmonary collateral arteries ;
TAP : tronc artériel pulmonaire ; AP : artères pulmonaires.

Canal artériel Évaluation du MAPCA


(type A) débit pulmonaire (types B et C)

Hypodébit pulmonaire Maintien du débit


(fermeture du canal artériel) pulmonaire

Étape 1

Anastomose Réhabilitation TAP


systémicopulmonaire
Étape 2

Embolisation progressive des


MAPCA communicantes
Optimisation des AP
Étape 3

Correction complète

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Atrésie pulmonaire avec communication interventriculaire  42-816

Arbre décisionnel [3] Tchervenkov CI, Roy N. Congenital heart surgery nomenclature and
database project: pulmonary atresia-ventricular septal defect. Ann Tho-
La stratégie de prise en charge des patients avec AP–CIV est rac Surg 2000;69:S97–105.
loin d’être unanime, plus particulièrement pour les types B et [4] Norgaard MA, Alphonso N, Cochrane AD, Menahem S, Brizard CP,
C. Prenant en compte les différentes options, Di Donato et al. [8] d’Udekem Y. Major aorto-pulmonary collateral arteries of patients with
s’appuient sur le TNPAI pour décider de la stratégie chirurgicale à pulmonary atresia and ventricular septal defect are dilated bronchial
adopter pour les types B : arteries. Eur J Cardiothorac Surg 2006;29:653–8.
• TNPAI supérieur à 150 mm2 /m2 : unifocalisation complète en [5] Sievers HH, Onnasch DG, Lange PE, Bernherd A, Heintzen PH.
un temps et fermeture de la CIV si PAP inférieure à 30 mmHg Dimensions of the great arteries, semilunar valve roots, and right ventri-
(d’après l’étude du flux artériel pulmonaire peropératoire) ; cular outflow tract during growth: normative angiocardiographic data.
• TNPAI inférieur à 150 mm2 /m2 : réparation en plusieurs étapes Pediatr Cardiol 1983;4:189.
intégrant la « réhabilitation des artères pulmonaires ». [6] Nakata S, Imai Y, Takanashi Y. A new method for the quantitative
Nous proposons un arbre décisionnel plus didactique, per- standardization of cross-sectionnal areas of the pulmonary arteries
in congenital heart diseases with decreased pulmonary blood flow. J
mettant de mieux synthétiser la prise en charge de ces patients
Thorac Cardiovasc Surg 1984;88:610–9.
(Fig. 12).
[7] Reddy VM, Petrossian E, McElhinney DB, Moore P, Teitel DF, Han-
ley F. One stage complete unifocalisation in infants: when should
the ventricular septal defect be closed? J Thorac Cardiovasc Surg
 Conclusion 1997;113:858–66.
[8] Carotti A, Albanese SB, Minniti G, Guccione P, Di Donato RM. Increa-
Comme souvent dans le vaste domaine des cardiopathies sing experience with integrated approach to pulmonary atresia with
congénitales, la prise en charge des patients porteurs d’une atré- ventricular septal defect and major aortopulmonary collateral arteries.
sie pulmonaire avec CIV doit être élaborée au cas par cas. C’est Eur J Cardiothorac Surg 2003;23:719–27.
principalement l’évaluation du débit artériel pulmonaire, basée [9] Rome JR, Mayer JE, Castaneda AR, Lock JE. Tetralogy of Fallot with
sur l’anatomie et la physiologie du patient lors de son adaptation pulmonary atresia. Rehabilitation of diminutive pulmonary arteries.
à la vie extra-utérine, mais aussi au cours de l’évolution dans le Circulation 1993;88(4Pt1):1691–8.
temps de cette cardiopathie, qui permet de poser les indications. [10] Thiene G, Frescura C, Bortolotti U, Del Maschio A, Valente M. The
Ces décisions médicochirurgicales doivent assurer au patient les systemic pulmonary circulation in pulmonary atresia with ventricular
meilleures longévité et qualité de vie possible. septal defect: concept of reciprocal development of the fourth and sixth
Le traitement des AP–CIV requiert une collaboration médico- aortic arches. Am Heart J 1981;101:339–44.
chirurgicale exemplaire au sein d’équipes aguerries, ayant aussi [11] Chessa M, Butera G, Bonhoeffer P, Iserin L, Kachaner J, Lyonnet S,
bien acquis l’expérience des cardiopathies complexes néonatales et al. Relation of genotype 22q11 deletion to phénotype of pulmonary
que celle des congénitaux adultes. vessels in tetralogy of Fallot and pulmonary atresia-ventricular septal
Chaque geste chirurgical en soit n’est pas extrêmement defect. Heart 1998;79:186–90.
[12] Chen MY, Chiu SN, Wang JK, Lu CW, Lin MT, Chang CI, et al. Genetic
complexe, il s’agit souvent de procédures chirurgicales très clas-
syndromes and outcome after surgical repair of pulmonary atresia and
siques (anastomoses, tube ventricule droit–artère pulmonaire,
ventricular septal defect. Ann Thorac Surg 2012;94:1627–33.
fermeture de CIV, etc.). La vrai difficulté est en fait de savoir quel
[13] Mahle WT, Crisalli J, Coleman K, Campbell RM, Tam VK, Vincent
geste utiliser et quand ! RN, et al. Deletion of chromosome 22q11.2 and outcome in patients
with pulmonary atresia and ventricular septal defect. Ann Thorac Surg
2003;76:567–71.
“ Points essentiels [14] Freedom RM, Pongiglione G, Williams WG, Trusler GA, Rowe RD.
Palliative right ventricular outflow tract construction for patients with
pulmonary atresia, ventricular septal defect, and hypoplastic pulmo-
• Formes simples à complexes, selon le degré nary arteries. J Thorac Cardiovasc Surg 1983;86:24–36.
[15] Metras D, Chetaille P, Kreitmann B, Fraisse A, Ghez O, Riberi A.
d’hypoplasie des artères pulmonaires natives. Pulmonary atresia with ventricular septal defect, extremly hypoplastic
• Le degré d’hypoplasie des artères pulmonaires est pulmonary arteries, major aorto-pulmonary collaterals. Eur J Cardio-
inversement corrélé au degré de développement des col- thorac Surg 2001;20:500–6.
latérales aortopulmonaires (MAPCA). [16] Dragulescu A, Kammache I, Fouilloux V, Amedro P, Metras M, Kreit-
• Projet thérapeutique propre à chaque patient avec mann B, et al. Long-term results of pulmonary artery rehabilitation
nécessité d’une prise en charge multidisciplinaire (chirur- in patients with pulmonary atresia, ventricular septal defect, pulmo-
nary artery hypoplasia, and major aortopulmonary collaterals. J Thorac
gie et cathétérisme interventionnel).
Cardiovasc Surg 2011;142:1374–80.
• Objectif thérapeutique :
[17] Fouilloux V, Bonello B, Kammache I, Fraisse A, Macé L, Kreitmann
◦ mise en continuité d’un ventricule droit normofonc- B. Management of patients with pulmonary atresia, ventricular septal
tionnel avec un réseau artériel pulmonaire le plus defect, hypoplastic pulmonary arteries and major aorto-pulmonary col-
normal et le plus complet possible, laterals: focus on the strategy of rehabilitation of the native pulmonary
◦ fermeture de la CIV. arteries. Arch Cardiovasc Dis 2012;105:666–75.
• Deux grandes stratégies chirurgicales : [18] Reddy VM, Liddicoat JR, Hanley FL. Midline one-stage complete
unifocalization and repair of pulmonary atresia with ventricular sep-
◦ réparation en plusieurs étapes avec « réhabilitation
tal defect and major aortopulmonary collaterals. J Thorac Cardiovasc
des artères pulmonaires natives », Surg 1995;109:832–45.
◦ réparation en un temps. [19] Moritz A, Marx M, Wollenek G, Domanig E, Wolner E. Complete
• Le pronostic peut être très favorable si toutes les condi- repair of PA-VSD with diminutive or discontinuous pulmonary arte-
tions sont réunies. ries by transverse thoracosternotomy. Ann Thorac Surg 1996;61:
646–50.
[20] Tchervenkov CI, Salasidis G, Cecere R, Be land MJ, Jutras L, Paquet
M, et al. One-stage midline unifocalization and complete repair in
infancy versus multiple-stage unifocalization followed by repair for
 Références complex heart disease with major aortopulmonary collaterals. J Thorac
Cardiovasc Surg 1997;114:727–37.
[1] Anderson RH, Baker EJ, Macartney FJ, Rigby ML, Shinebourne EA, [21] Liava’a M, Brizard CP, Konstantinov IE, Robertson T, Cheung MM,
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[2] Barbero-Marcial M, Jatene AD. Surgical management of the anomalies and major aortopulmonary collaterals: neonatal pulmonary artery
of the pulmonary arteries in the tetralogy of Fallot with pulmonary rehabilitation without unifocalization. Ann Thorac Surg 2012;93:
atresia. Semin Thorac Cardiovasc Surg 1990;2:93–107. 185–91.

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42-816  Atrésie pulmonaire avec communication interventriculaire

[22] Norgaard MA, Cochrane AD, Grigg LE, Wilkinson JL, Brizard CP. [32] Haworth SG, Rees PG, Taylor JF, Macartney FJ, de Leval M, Stark J.
Pulmonary atresia with ventricular septal defects and major aortopul- Pulmonary atresia with ventricular septal defect and major aortopul-
monary collateral arteries: unifocalisation brings no long-term benefits. monary collateral arteries: effect of systemic pulmonary anastomosis.
J Thorac Cardiovasc Surg 2005;130:1496–502. Br Heart J 1981;45:133–41.
[23] Davies B, Mussa S, Davies P, Stickley J, Jones TJ, Barron DJ, et al. Uni- [33] Haworth SG, Macartney FJ. Growth and development of pulmonary
focalization of major aortopulmonary collateral arteries in pulmonary circulation in pulmonary atresia with ventricular septal defect and
atresia with ventricular septal defect is essential to achieve excellent major aortopulmonary collateral arteries. Br Heart J 1980;44:14–24.
outcomes irrespective of native pulmonary artery morphology. J Tho- [34] Rabinovich M, Herrera-DeLeon V, Castaneda AR, Reid L. Growth
rac Cardiovasc Surg 2009;138:1269–75. and development of pulmonary vascular bed in patients with tetra-
[24] Macé L, Dervanian P, Losay J, Folliguet TA, Santoro F, Abdelmoulah logy of Fallot with or without pulmonary atresia. Circulation
S, et al. Pulmonary arborization abnormalities in complex forms of 1981;64:1234–49.
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lization and complete repair. Arch Mal Coeur Vaiss 1996;89:561–8. pulmonary atresia, ventricular septal defect, and severe peripheral
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B-10, 2004 : 22p. more sensitive predictor than preoperative anatomy for right ventri-
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systemic arterial blood supply to the lungs. Br Heart J 1973;35: [40] Blackstone EH, Kirklin JW, Bertranou EG, Labrosse CJ, Soto B, Bar-
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septal defect: a precarious blood supply. Br Heart J 1980;44:5–13. Surg 1979;78:542–52.

V. Fouilloux (fouillouxvirginie@yahoo.fr).
C. Gran.
L. Macé.
Service de chirurgie thoracique et cardiovasculaire, Hôpital d’enfants de la Timone, 264, rue Saint-Pierre, 13385 Marseille cedex 5, France.
Aix-Marseille Université, 13000 Marseille, France.
A. Fraisse.
Service de cardiologie, Hôpital d’enfants de la Timone, 264, rue Saint-Pierre, 13385 Marseille cedex 5, France.
Aix-Marseille Université, 13000 Marseille, France.
B. Kreitmann.
Service de chirurgie thoracique et cardiovasculaire, Hôpital d’enfants de la Timone, 264, rue Saint-Pierre, 13385 Marseille cedex 5, France.
Aix-Marseille Université, 13000 Marseille, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Fouilloux V, Gran C, Macé L, Fraisse A, Kreitmann B. Atrésie pulmonaire avec communication interven-
triculaire. EMC - Techniques chirurgicales - Thorax 2014;9(1):1-16 [Article 42-816].

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Anastomoses systémicopulmonaires.
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Contrôle et ligature d'une anastomose de Blalock-Taussig modifiée.
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Ouverture par cathétérisme interventionnel de la voie ventricule droit-artère pulmonaire.
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Rétablissement de la continuité ventricule droit-artère pulmonaire.
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