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Films vidéos
et accompagnement écrit disponibles en ligne
2005-2006
2
Méthodes et méthodologies pour l'enseignement des langues étrangères (l'exemple
du français langue étrangère)
1. Présentation
Ce cours est destiné à compléter les acquis UED de Licence 2 de didactique des
langues. J'y développe la problématique en analysant de façon transversale les choix
proposés par divers courants méthodologiques en didactique des langues/du F.L.E. Le
cours s'appuiera notamment sur l'étude d'extraits de méthodes et manuels. On y
privilégiera, comme précédemment, une approche dite "communicative" jusqu'à ses
évolutions récentes (interculturalité, "éveil aux langues", méthodes
"métacommunicatives" et ciblées, didactique du plurilinguisme).
L'essentiel de ce cours est contenu sur douze films d'environ 50 minutes chacun (10
sont prêts, 2 sont en préparation et vous seront proposés début 2006). Ces films sont
une version retravaillée du même cours pour les étudiants assidus (années 1998-99 et
2003-2004) que j'ai réalisée avec le CREA et le SUED. Les extraits de méthodes et
documents didactiques commentés y sont présentés à l'écran.
Ces films sont visionnables sur le serveur du SUED et sur Canal U (tous deux
nécessitent en ce cas un haut débit) et sur cassettes VHS ou DVD. Ils sont programmés
sur France 5 deux à trois fois par an dans le cadre des « Amphis de la 5 ».
A ces films s'ajoute le présent document, dans les pages duquel vous allez trouver, plus
loin, quelques données générales sur les méthodologies en FLE. Cela vous donnera, en
plus du plan des cassettes, une trame écrite pour mieux suivre les enregistrements.
E-mail : philippe.blanchet@uhb.fr
3
2. PLAN DU COURS sur CASSETTES
(les titres et intertitres correspondent à ceux figurant sur les documents vidéo)
4
Cours n°7: Une méthode notionnelle-fonctionnelle (2ème partie) : Archipel et une
méthode interculturelle ciblée : Fréquence Jeunes
IT1 : Archipel [principes généraux]
IT2 : Documents authentiques en question
IT3 : Une unité [ses choix, son organisation]
IT4 : Fréquence Jeunes [une méthode actuelle, interculturelle et ciblée]
IT5 : Principes généraux
IT6 : Une unité [ses choix, son organisation]
IT7 : Interculturalité [une autre approche des identités culturelles]
Cours en préparation :
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IT 3: Le Portfolio
IT 4: Le Cadre européen
3. Bibliographie indicative
-H. BESSE, 1985, Méthodes et pratiques des manuels de langue, Paris, Didier.
-E. BÉRARD, 1991, L'Approche communicative, Paris, Clé-International.
-BILLIEZ, J. (éd.), De la didactique des langues à la didactique du plurilinguisme,
Grenoble, CDL-LIDILEM, 1998
-Ph. BLANCHET, 1998, Introduction à la complexité de l'enseignement du Français
Langue Etrangère, Louvain, Peeters.
-H. BOYER, M. BUTZBACH & M. PENDANX, 1990, Nouvelle introduction à la
didactique du français langue étrangère, Paris, Clé-International.
-Conseil de l’Europe, 2001, Cadre européen commun de référence pour l’apprentissage
et l’enseignement des langues. Strasbourg, Conseil de l’Europe, 1e ed. 1996 ; 2e ed. corr.
1998. Paris, Didier. Téléchargeable sur :
http://www.culture2.coe.int/portfolio/documents/cadrecommun.pdf
-CASTELLOTTI V. (Dir.), D’une langue à l’autre : pratiques et représentations,
Publications de l’université de Rouen, 2001.
-CASTELLOTTI, V. & PY, B., La Notion de compétence en langue, Lyon, ENS-
éditions, 2002.
-O. CHALLE, Enseigner le français de spécialité, Paris, Economica, 2002.
-Conseil de l’Europe, 2001, Le portfolio européen des langues, Paris, Didier.
-R. GALISSON et alii, 1980, D'hier à aujourd'hui, la didactique générale des langues,
Paris, Clé-International.
-R. GALISSON et alii, 1982, D'autres voies pour la didactique des langues étrangères,
Paris, Hatier/CREDIF.
-R. GALISSON, 1990, De la linguistique appliquée à la didactologie des langues-
cultures : vingt ans de réflexion disciplinaire, Paris, Didier.
-R. GALISSON et D. COSTE, 1976, Dictionnaire de didactique des langues, Paris,
Hachette.
-C. GERMAIN, Evolution de l'enseignement des langues, 5000 ans d'histoire, Paris,
Clé-international/Nathan, 1993.
-GIRARD, D. et alii, 1992, Choix et distribution des contenus dans les programmes de
langues, Strasbourg, Conseil de l’Europe.
-D. LEHMANN, Objectifs spécifiques en langue étrangère, Paris, Hachette, 1993.
-PENDANX, M. 1998, Les activités d’apprentissage en classe de langue, Paris,
Hachette.
-L. PORCHER, Le français langue étrangère, Paris, Hachette, 1995.
-Ch. PUREN, 1988, Histoire des méthodologies de l'enseignement des langues, Paris,
Nathan.
-Ch. PUREN, 1994, La Didactique des langues étrangères à la croisée des méthodes,
essai sur l'éclectisme, Paris, Didier/CREDIF "Essai".
-RIVENC, P., 2003, Apprentissage d’une langue étrangère / seconde. 3. La
méthodologie, Bruxelles, De Boeck.
-G. de SALINS, 1992, Une introduction à l'ethnographie de la communication pour la
formation à l'enseignement du F.L.E., Paris, Didier.
-C. TAGLIANTE, 1994, La classe de langue, Paris, Clé-International.
-G. ZARATE, 1986, Enseigner une culture étrangère, Paris, Hachette.
6
4. Documents relatifs aux nouvelles orientations méthodologiques et
institutionnelles dans l’enseignement des langues
1) Beacco, J.-C. & Byram, M., Guide pour l’élaboration des politiques linguistiques
éducatives en Europe, Conseil de l’Europe, 2003. Rapport téléchargeable en version
intégrale ou de synthèse que le site :
http://www.coe.int/T/F/Coopération_culturelle/education/Langues/Politiques_linguistiq
ues/Activités_en_matière_de_politique/Guide/
9) Prudent, L.-F., Tupin, F. & Wharton, S. (éds), Du plurilinguisme à l’école. Vers une
gestion coordonnée des langues en contextes éducatifs sensibles, Bern, Peter Lang,
2005, 483 p.
☛ titre
☛ auteur(s), qualifications annoncées
7
☛ éditeur et partenaires
☛ année de publication
☛ matériels
☛ tables des matières et autres plans
☛ introduction/commentaires pédagogiques
☛ public(s) et objectifs visé(s)
☛ structure-type d'une "unité"
☛ types de contenus communicatifs, culturels, langagiers
et pédagogiques (activités, exercices…)
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6. Repères chronologiques pour l'étude des méthodologies
en didactique des langues
NB: les méthodes d'un époque perdurent aux époques ultérieures. Il n'y a donc pas
substitution générale mais ajout en parallèle, avec plus ou moins de mixages
intermédiaires.
c) Années 1950-60 :
Début des recherches en didactique et pédagogie du F.L.E., sous l'influence du
renouveau pédagogique général initié dès les années 1930 (J. Piaget, C. Freinet, etc.),
pour répondre à la décolonisation et à l'expansion pédagogico-linguistique anglophone.
Méthodes comportementalistes américaines audio-orales (Skinner : pédagogie de la
réponse au stimulus et du renforcement par récompense). Exercices grammaticaux
structuraux répétitifs, et laboratoire de langue (répétition automatique d'éléments
linguistiques isolés) dans la perspective de l'imitation d'un modèle "parfait". Naissance
d'organismes officiels de recherches en didactique du FLE (CREDIF, BELC),
élaboration du français fondamental (lexique le plus fréquent).
d) Années 1970 :
Premières méthodes audio-visuelles (enregistrement + film fixe), dans la
méthodologie Structuro-Globale-Audio-Visuelle (SGAV). Présupposés
épistémologiques issus de la gestalt-theorie (on ne peut pas aborder un phénomène
global à partir de ses éléments constitutifs, car c'est la forme globale qui constitue les
éléments et non le contraire), emphase sur les canaux non-verbaux de communication
(mimo-posturo-gestuel, visuel, auditif), sur le suprasegmental (rythmes, intonations,
etc.), sur des aspects interactionnels affectifs (image de Soi et de l'Autre). Début de
l'influence post-soixante-huitarde des théories et méthodologies psychothérapeutiques
de la communication (Palo-Alto, PNL) et des pédagogies dites "non-directives". La
finalité du F.L.E. devient alors de "structurer l'individu dans une autre langue". Accent
mis sur la forme, moins sur les contenus. Hypothèse de l'apprentissage isomorphe de
l'acquisition "naturelle", d'où poursuite de la "méthode directe" et développement des
laboratoires de langue. Développement de l'enseignement du F.L.E. en France et dans le
monde.
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Conjointement, premières approches notionnelles-fonctionnelles communicatives
orales (accent mis sur un besoin communicatif, pragmatico-sémantique, en situation, et
non plus sur une structure grammaticale normative). Réalisation de Un Niveau-Seuil
première sélection didactique des situations de communications usuelles (dans plusieurs
langues, en 1977 pour le français, publication du Conseil de l'Europe).
e) Années 1980
Déploiement des approches communicatives, à la suite de la méthodologie
SGAV et dans la direction du renouveau didactique lié aux recherches
sociolinguistiques et socio-pragmatiques. Réintroduction de l'écrit -revisité façon
énonciation et grammaire textuelle- dans l'enseignement du F.L.E., et retour à des
méthodes audio-orales (sans film fixe comme support visuel central). Point culminant
de la pédagogie par objectifs (P.P.O.) dans divers domaines, d'où un certain nombre de
retombées dans le champ du F.L.E., où les méthodes SGAV sont délaissées au profit de
méthodes cherchant à être plus rationnelles (recherche d'efficacité évaluable, découpage
en objectifs connus des apprenants), et plus pragmatiques (prise en compte de la
situation d'apprentissage réelle). Développement de la didactique (réflexion sur les
contenus à enseigner, approche variationniste plurinormative ou plurinormaliste) et des
notions d'apprendre à apprendre, de pédagogie différenciée et d'autonomie, de
progressions pédagogiques conçues sur le modèle "sensibilisation, observation,
appropriation, production, création, conscientisation, évaluation critériée", soit en gros
le schéma piagétien).
Expansion du F.L.E. en France, notamment à destination des populations immigrées,
centration d'une politique diplomatique française vers l'Afrique francophone. Montée
des tensions entre francophones et autrophones en Belgique et au Canada.
f) Années 1990
Retour en force du discours expansionniste de "la francophonie" notamment face
à l'anglo-américain, avec reprise en main de l'Agence de Coopération Culturelle et
Technique devenue Agence Intergouvernementale de la Francophonie (organisme
international officiel de la Francophonie) par des francophones occidentaux. Contexte
de l'élargissement de l'Europe ("Acte unique", Maastricht, Union Européenne, chute du
bloc communiste à l'Est…), de la mondialisation d'une économie libérale (GATT puis
OMC…). Contexte éducatif de l'influence accrue des langues de l'immigration, et des
langues régionales de France (largement soutenues par les populations concernées, les
instances européennes, l'ONU, les collectivités locales après la décentralisation de
1982) par rapport au français (devenu en 1992 langue officielle -unique- "de la
République"). Développement de l'idée d'une écologie des langues et des cultures.
Réduction drastique du dispositif F.L.E. en France parallèle à celle de l'immigration,
mais compensée par la lutte contre "l'illettrisme" et "l'exclusion", l'orientation vers le
"Quart-monde" en plus du "Tiers-monde". Tentatives séparatistes au Québec.
g) Années 2000
Développement des méthodes connues dans les années 1990, avec introduction
massive de la perspective interactionnelle et interculturelle. Développement de
l'utilisation des outils de communication issus des nouvelles technologies (internet,
vidéo, CD, "ateliers pédagogiques personnalisés" et pédagogie assistée par ordinateur
[PAO], vidéodisque "interactif", télématique…). Attention croissante apportée à la
sensibilisation précoce aux langues étrangères (courant du language awareness ou
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"éveil aux langues" venu de Grande-Bretagne et du Canada), multiplication des
méthodes ciblées vers des champs professionnels et techniques précis. Développement
d’une prise en compte de la pluralité linguistique et d’une didactique du plurilinguisme
qui introduisent à nouveau une modification radicale de perspective.
Premiers grands bilans de l'évolution de la didactique des langues et notamment
du F.L.E.
Ce qui frappe, c'est l'évolution constante, malgré des coups de balancier exagérés,
vers un "juste milieu" didactico-pédagogique qui retiendrait les acquis les plus solides
de chaque époque méthodologique et délaisserait ses hypothèses les plus discutables.
Schématiquement, cette progression serait sans doute une dent de scie, mais qui
tracerait globalement une courbe ascendante en terme de réflexion/théorisation. En tous
les cas, aucune méthodologie n'a été intégralement mauvaise. Chacune a apporté sa
pierre. Aucune, non plus, n'est intégralement bonne. Chacune a ses défauts. Si on avait
enfin trouvé la méthodologie et la méthode miracle, ça se saurait, ça se verrait. Cela
n'engage pourtant pas à une pédagogie papillonnante car la cohérence et la continuité
sont fondamentales dans ce domaine pour les apprenants. Une telle cohérence n'est
possible qu'à condition d'avoir une analyse suffisamment approfondie de ses propres
pratiques, principes et objectifs, ainsi que de ceux des courants pédagogiques envisagés.
Les approches non-magistrales ont cependant toutes un certain nombre de points
en commun : la prise en compte du vécu et des représentations de l'apprenant, le
recentrage de la pédagogie vers la personne (et non plus vers les contenus uniquement),
la recherche d'une meilleure connaissance des processus cognitifs et de l'adéquation des
dispositifs pédagogiques avec eux, le lien avec une didactique réaliste non-
encyclopédique, la place accordée aux savoir-faires et à la participation active des
apprenants.
Au delà des recherches scientifiques et des savoirs rationnels, chaque enseignant
de F.L.E., chaque planificateur linguistique, doit aussi se positionner en tant
qu'individu, tant sur le plan éthique que sur le plan personnel.
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Les manuels ont de grandes qualités. Celles, notamment, de fournir à l'enseignant
et à l'apprenant un référent commun, un cadre, un outil, mais aussi une méthode et une
logistique pédagogiques clé-en-main. A l'époque des moyens techniques de plus en plus
sophistiqués (bandes-sons, supports visuels…), et de l'urgence dans laquelle la
croissance rapide de la demande de formation met les enseignants, c'est là un atout non
négligeable.
Mais, du coup, les manuels ont de gros défauts. Ils empêchent de travailler. Ils
font des enseignants, et souvent des apprenants aussi, de simples exécutants, répétiteurs
dépendants d'un outil, et non concepteurs d'un enseignement ou d'un apprentissage
appropriés. Faute de bien connaitre les principes méthodologiques de fond du manuel,
qui sont très rarement bien explicités, les enseignants de F.L.E. ne se les approprient pas
toujours réellement. Alors, ils appliquent, dans l'ordre, et sans autre support, ni sans
modifier quoi que ce soit au travail proposé. En passant exhaustivement par toutes les
activités une après l'autre, ou pire en en piochant au hasard, parce qu'on n'a pas le temps
de tout faire, quitte à ruiner complètement la progression méthodique de l'ouvrage. Ne
parlons plus de différenciation pédagogique, ni de choix didactique…
Il y a là pour les éditeurs, il faut bien le dire, un marché juteux. La concurrence est
vive, les manuels édités sont nombreux. Et l'on sait bien vous séduire pour vous vendre
des produits… dont l'attrait commercial n'est souvent pas fondé sur des critères
didactico-pédagogiques pertinents, mais sur des apparences prosaïques (couleurs,
format, qualité du papier, originalité, modernité technologique, cout…). A y regarder
d'un peu près, et quand on sait comment cela se passe dans nombre de maisons
d'édition, on se rend compte que les auteurs eux-mêmes ne sont hélas pas toujours
particulièrement qualifiés.
Et pourtant, un enseignant (a fortiori un auteur de manuel) doit être un double
spécialiste. Spécialiste didacticien, c'est-à-dire spécialiste des contenus de son champ
d'intervention. Ici, de linguistique, de sémiotique, de socio-pragmatique, d'ethno-
sociologie, de critique littéraire, de français… Et spécialiste de sciences de l'éducation,
et donc de psychologie, de pédagogie, de communication, d'épistémologie… Et
pourtant, un outil n'est efficace que lorsque l'on se l'est approprié, c'est-à-dire qu'on lui a
imprimé sa marque personnelle. Enseigner, c'est choisir, c'est sélectionner, c'est trier.
C'est poser soi-même ses objectifs, en fonction des apprenants. C'est déterminer avec
eux les moyens les plus adaptés pour les atteindre. C'est évaluer avec eux cette atteinte
et les perspectives de progression. De ce fait, on voit mal comment un manuel et un seul
pourrait satisfaire tous les besoins, tous les publics, toutes les situations.
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internet, disques compacts audio et vidéo, magnétoscopes, caméras vidéo, télévision par
cable et par satellite, CD-Rom, DVD…). La pédagogie s'en est bien vite emparé (et la
didactique aussi car il s'agit de nouveaux types de communications à maitriser).
L'enseignement assisté par ordinateur et le CD (surtout le vidéodisque) sont sans doute
les moyens qui ont le plus retenu l'attention des pédagogues. Les évolutions
technologiques ont toujours joué un rôle important dans les évolutions didactiques et
pédagogiques, surtout en ce qui concerne les langues, et notamment les moyens de les
faire pénétrer dans la classe / la salle de formation.
Cependant, après la fascination première que de tels outils engendrent, on s'est
bien vite rendu compte que la pratique pédagogique n'avait pas vraiment besoin de leurs
capacités gigantesques, et qu'ici encore l'outil risquait de prendre le pas sur le maitre et
sur l'élève, exécutants et passifs. Manipuler des appareils souvent complexes s’avère
plus souvent être une perte de temps et d'énergie. Un film fixe est, en langue vivante,
pédagogiquement beaucoup plus performant qu'une cassette vidéo, pour de multiples
raisons (rôle de l'imaginaire, rythme de l'image, par exemple). Un bon outil est un outil
qui satisfait des besoins précis. Ce n'est pas un outil surcompétent. De plus, le facteur
humain essentiel à la dynamique pédagogique, et principalement le fonctionnement d'un
groupe, est très fortement ou totalement réduit avec ce genre d'outils informatisés. On
craint l'isolement psychologique des apprenants et l'oubli de l'oral (pour apprendre à
communiquer en langue, c'est grave !). Le problème se pose déjà depuis longtemps avec
les laboratoires de langue. L'apprenant y est en général placé dans une situation de non-
communication, isolé dans une cabine devant un micro, et y répète mécaniquement des
énoncés brefs sortis de tout contexte, n'ayant donc que fort peu de signification et
d'utilité… Et on y met surtout sur des détails superficiels, d'ordre phonétique. On peut
s'interroger sur la "rentabilité" pédagogique de ces équipements fort couteux.
La pédagogie en groupe présente de nombreux avantages, car le groupe est un
espace intermédiaire entre l'individuel et le collectif qui médiatise les passages d'un pôle
à l'autre, un espace dynamique qui provoque l'apparition de processus, de changements,
de déséquilibres et d'équilibres, un espace de structuration des éléments précédents. La
pédagogie en groupe est sans doute la plus cohérente par rapport à un projet de
pédagogie plurinormaliste et interculturelle, pour l'enseignement/apprentissage des
langues.
En ce qui concerne internet, son exploitation pédagogique relève très souvent
d'une vision archaïque de l'enseignement où il suffirait de "transmettre de l'information"
et de faire quelques tests simplistes type QCM pour faire apprendre. C'est évidemment
faux, d'autant plus pour des apprentissages fondamentaux dans des domaines
profondément humains et concrets (comme les langues, dont l'enseignement vise avant
tout l'oral alors qu'internet est surtout écrit). En revanche, en tant qu'outil de recherche,
de transfert de documents et de contact écrit, internet est bien sûr un bon moyen
secondaire et complémentaire de formation. Du reste, les possibilités pédagogiques
offertes par les nouvelles technologies sont rarement exploitées : on se contente de
mette en ligne des fichiers de textes au format pdf au lieu de concevoir des supports
multimédia où l’image et l’interaction sont favorisées.
Employées de façon mesurée et réellement raisonnées, ces technologies sont alors
utiles : logiciels d'activités d'apprentissages souvent de bonne qualité (lecture,
orthographe, par exemple), traitements de texte, logiciels d'analyse textuelle,
enregistrement vidéo de documents sélectionnés et exploités, activités interactives…
Ces logiciels et ressources restent encore peu nombreux.
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On n'a pas fini d'enseigner et d'apprendre les langues-autres, les cultures-autres, et
avec un enseignant professionnel, c'est-à-dire un vrai pédagogue.
10. CONCLUSION
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