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DE L'ORNEMANISTE
RECUEILD'ORNEMENTS
PAR A. CHENAVARD.
LONDRES, M. A. NATTALI, 25, Bedford street, Covent-Garden
SAINT-PÉTERSBOUKG, J. ISAKOFF.
MOSCOU, DAZIARO.
GENÈVE, CHERBULIEZ.
NOTICE SUR AIME CHENAVARD.
Aimé Chenavard naquit à Lyon en -1798. Dès l'âge de quatorze ans, il quitta le lycée et entra dans l'atelier de
M. Dromard, qui lui enseigna les premiers éléments de l'architecture. Bientôt après, il fut admis à l'École des
Beaux-Arts : là, il apprit avec succès la figure et le paysage sous la direction de plusieurs peintres en renom. 11 dirigeait
en même temps un établissementindustriel important, ce qui lui permettait de s'initier aux secrets de diverses fabrica-
tions et d'en apprécier les procédés et les besoins. Pendant de longues années, il partagea ainsi son temps entre les soins
réclamés par cet établissement et des études sérieuses sur les productions de l'art de tous les âges et de tous les pays.
Ses premiers essais révélèrent son talent de dessinateur et d'ornemaniste; aussi, dès -1829, Chenavard fut-il appelé
par M. le vicomte Turpin de Crissé, inspecteur des beaux-arts de la maison du Roi, à régénérer la manufacture de
tapis de Beauvais, bien déchue de ce qu'elle était au siècle précédent. C'est à partir de cette époque que sa réputation
se fonda, qu'il commença à recueillir le fruit de tous ses sacrifices et de ses investigations dans le vaste domaine du
passé.
Ce qui fait la gloire de Chenavard, ce sont ses efforts constants pour allier l'art à l'industrie. Il comprenait que ce
qui donne aux produits des manufactures leur valeur et ce qui assure leur durée, c'est plutôt l'excellence de la forme
que la richesse de la matière. Il sentait aussi que l'on pouvait tirer un heureux parti de ce goût général pour le luxe,
de ce penchant pour la nouveauté qui caractérisait notre société; il prêta en conséquence, avec dévouement, le con-
cours de son talent aux fabricants et aux ouvriers, et les dirigea dans une voie de progrès incontestable. Il donnait à
notre époque, dont le goût encyclopédiquerecherche avec avidité les formes autrefois en honneur, des bains étrus-
ques, des oratoires du moyen âge, des salons de la Renaissance et des boudoirs de la Régence, des vases grecs et des
poteries chinoises, des tapis arabes et des tissus indous, et chacun de ces objets était une reproduction vraie, intelli-
gente et complète. Le plus bel éloge que l'on puisse faire de son talent, c'est de dire qu'il trouva le secret de donner de
l'originalité à l'imitation. Les succès qu'il obtint dans cette carrière, il les devait à son organisation d'élite autant
qu'à de longues et patientes études. Il joignait, en effet, au sens le plus droit et à une infatigable activité d'esprit l'ima-
gination la plus ardente et la plus féconde. Personne, parmi ses émules, n'avait un goût plus pur et plus exquis, un
dessin plus ferme et plus correct. Il possédait d'ailleurs une grandeexpériencedes travaux industriels, et cette connais-
sance lui permit de fournir des modèles, d'une exécution facile en raison de la nature des matières premières et des
ressources qu'offrait la main-d'oeuvre. C'est surtout dans les divers établissements confiés à ses soins qu'on put juger de
l'habileté avec laquelle il savait imprimer à toutes les productions ce cachet d'art qui en fait la beauté et le prix. M. Le-
brun et M. Alex. Brongniart se l'étaient adjoint comme conseil, le premier à l'Imprimerie Royale, le second à la Ma-
nufacture de porcelaine de Sèvres. Chenavard a laissé de magnifiques compositions, trop peu connues du public,
dans ces deux établissements, ainsi que dans les manufactures de Beauvais et des Gobelins, qui ont exécuté plu-
sieurs de leurs précieusestapisseries d'après ses dessins.
Tous les artistes ont admiré pendant dix ans aux expositions du Louvre les superbes vases de porcelaine, si élégants
de forme et si riches de couleur, dont il a fourni les modèles, et de grands vitraux faits pour la chapelle du château
d'Eu et pour le Louvre, vitraux qui peuvent être comparés sans désavantage aux oeuvres les plus parfaites des maîtres
des XV° et XVIe siècles. D'élégantes publications, l'Artiste, l'Ancien Bourbonnais et la Collection des manuscrits arabes,
auxquelles il prêta plus spécialementl'appui de son nom et de son talent, furent enrichies par lui de vignettes et de
fleurons où son crayon se joue en mille détails gracieux, en mille fantaisies charmantes. II fut le premier artiste qui alla
puiser aux sources si fécondes du Moyen âge et de la Renaissance, à une époque où les doctrines mesquines et bâtardes
de l'école impériale exerçaient leur despotisme sur nos arts. 11 opérait ainsi une véritable révolution dans la science
de l'ornementation. Plus tard, ayant eu l'occasion d'étudier les arabesques qui rehaussent les manuscrits chinois et
persans, il pensa que les lignes si élégantes et si pittoresques de ces dessins seraient d'un grand secours pour la déco-
ration des ouvrages de l'industrie moderne, et il les appliqua avec tant de bonheur et de succès, qu'une foule d'artistes,
après lui, ont exploité cette mine si riche de la calligraphie orientale.
Pour compléter cette notice nous croyons devoir indiquer succinctement les principaux ouvrages de Chenavard. En
4 85-1, il exposait plusieurs projets de vitraux, et la vue d'un choeur d'église gothique. Il mettait ainsi à l'ordre du jour
cette question de l'ameublement de nos basiliques dont on se préoccupe avec tant de raison depuis quelques années. Il
démontrait avec raison que les candélabres, les boiseries, les bannières et les tapisseries devaient et pouvaient être en
harmonie avec le style de chaque édifice; c'était là encore une idée qui commence à porter ses fruits. L'année suivante
il commença la publication de YAlbum de l'ornemaniste. Cet ouvrage, composé de soixante-douze planches, renferme
des dessins en tout genre, exécutés avec une rare perfection; ce sont des encadrements, des frontispices de livres,
des culs-de-lampes, des panneaux, des armes, des vases allemands, flamands et italiens, des motifs de décorationsarabes,
persans, chinois, gothiques, des tapis et des tentures, et des meubles divers, tels que guéridons, écrans, lits, tables,
fauteuils :véritable encyclopédie d'ornements admirablement conçus et coordonnés : aussi cet album précieux et
justement recherché, a-t-il, dès son apparition obtenu un honorable succès et fait une très-vive sensation parmi les
,
artistes. — En 4 854, Chenavard envoya au Louvre, entre autres dessins, un projet de décoration pour le Théâtre Fran-
çais, dont il avait été chargé sous le ministère de M. Thiers; dans ce projet, il reproduisait de la manière la plus ingé-
nieuse l'histoire complète du théâtre en France, et les tableaux primitifs de l'art dramatique chez tous les peuples. A
la suite de cette exposition, A. Chenavard fut noblement récompensé de ses travaux; Il obtint la médaille d'or et reçut
la croix de la Légion-d'honneur. Quelque temps après parut le célèbre vase de porcelaine exécuté à Sèvres sous sa di-
rection. Ce vase, de six pieds de hauteur, peut être regardé comme le chef-d'oeuvre de l'art céramique en France.
Nous trouvons ensuite son grand vitrail de la Renaissanceplacé maintenant dans l'escalier d'Henri II au Louvre. Che-
navard a représenté dans cette curieuse verrière les principales inventions du XVIe siècle, au moyen d'allégories et
d'emblèmes; il a fixé sur le verre avec un rare talent la chronologie et l'histoire ainsi qu'une foule de portraits
et de costumes. Dans les dernières années de sa vie, Chenavard s'était occupé avec ardeur de deux ouvrages qui de-
vaient mettre le sceau à sa réputation. Le premier fut un surtout de table commandé par le duc d'Orléans ; toutes
les personnes qui ont pu admirer ce grand travail s'accordent pour reconnaître que la composition en est aussi mer-
veilleuse que l'exécution en est parfaite. Les pièces nombreuses de ce surtout sont fabriquées en bronze florentin,
en cuivre argenté et doré, et rehaussé de perles, de lapis-lazuli et de nielles. Tous nos premiers sculpteurs ont, pen-
dant plusieurs années, travaillé sous l'inspiration de Chenavard, pour mener à bonne fin cette curieuse entreprise.
Pradier, Ant. Moine, Baryc, Klagmann, Feuchère, Fratin et la princesse Marie elle-même ont contribué à décorer
ce beau monument. Le dernier ouvrage d'Aimé Chenavard fut un nouvel album d'ornements intitulé la Mosaïque. Cet
album devait renfermer divers dessins de la jolie chapelle d'Eu; plusieurs décorations d'appartementsroyaux avec tout
leur riche ameublement, les restaurations du Théâtre Français et du théâtre de l'Opéra-Comique, les compositions de
plusieurs surtouts et d'une foule de vitraux. Un assez grand nombre de planches gravées par Chenavard pour cet
ou-
vrage sont complètement achevées; nous espérons pouvoir bientôt les publier.—Nous avons pensé que le plus bel hom-
mage que nous pouvions rendre à la mémoire d'Aimé Chenavard était de constater le rôle qu'il a joué dans,l'histoire
des arts de notre pays, et d'énumérer les principaux travaux qui ont rempli sa vie. 11 est mort en 4 8^8 dànî)a force
de l'âge et du talent. < < v
L. RATISSIEH:
PREMIÈRE LIVRAISON.
PLANCHE 4. Frontispice.
2. Bordures de tentures, exécutées en brocart d'or pour le mobilier de la Couronne, en -1824.
5. Fragments d'une vignette d'entourage, faite pour l'ouvrage inédit du sacre de Charles X, exécuté plus
tard pour un devant d'autel.
4. Frontispice chinois exécuté à l'Imprimerie royale pour les traductions de M. Klaproth.
5. Dessin d'une tapisserie en brocart d'or commandée en 4 825, par l'administration du mobilier de la
Couronne, à M. Maisiat, de Lyon,
6. Bordures diverses.
DEUXIEME LIVRAISON.
PLANCHE 7. Tenture commandée à M. Maisiat, de Lyon, pour la décoration d'une des salles des Tuileries.
8. Têtes de pages et bordures exécutées sur bois pour l'illustration de l'ouvrage l'Ancien Bourbonnais.
9. Armes.
-10. Vignettes d'entourage exécutées sur bois pour l'Imprimerie royale.
4 4. Vase, style de la Renaissance.
42. Frontispicepersan pour le Raschid-Eldin.
Tous les dessins persans, indiens, arabes et mongols que renferme ce recueil, ont été composés
pour la grande collection orientale qui s'exécute à l'Imprimerie royale. Le tirage des illustrations
de cet ouvrage est fait en or et en couleurs variées, à l'imitation complète des manuscrits, par des
procédés typographiquesparticuliers à cet établissement.
TROISIEME LIVRAISON.
PLANCHE 4 9. Détails gothiques du XVe siècle; tenture exécutée en tapisserie par M. 11.
CINQUIÈME ilVRAISON.
SIXIÈME LIVRAISON.
SEPTIÈME LIVRAISON.
HUITIÈME LIVRAISON.
DIXIÈME LIVRAISON.
ONZIÈME LIVRAISON.
DOUZIÈME LIVRAISON.
« Parmi les parties accessoires de cet important ouvrage, nous citerons : dans I'ARCUITÊCTCRE, une Descriptiondes plus célèbresCatacombes pcïiennes
et chrétiennes, et un Tableau des principauxBaptistèresélevés près des anciennes basiliques : des recherches très-étendues sur l'Origine et le Caractère
de l'architecture appelée Gothique, etc., etc. ; dans la SCULPTURE, des documents multipliés sur les Diptyques grecs et latins, sur la Fonte en bronze, la
Ciselure, la Damasquinerie, VArt de graver le cristal, etc. ; dans la PEINTURE enfin, des recherches sur les Mosaïques ancienneset modernes, sur la Pein-
ture en émail, sur l'invention de la Gravure, et sur celle de YImprimerie, et principalement un Essai historique sur la Peinture en Miniature, accom-
pagné de soixante-trois planches qui offre l'histoire de ce genre de peinture, depuis le IVe siècle jusqu'au XVF, extraite de LXXX manuscrits de la
bibliothèque du Vatican. »
Prix réduit de 720 fr. à 500 fr., et sur papier jésus vélin superfin de 1440 l'r. à 600 fr.
RECUEIL DE FRAGMENTS DE SCULPTURE ANTIQUE en terre cuite, 4 vol. in-4°, figures (au
nombre de 57), avec portrait, prix réduit de 24 fr. à 4 0 fr.
Et sur papier vélin, de 56 fr. a 15 fr.
Cette magnifique porte faite en concours des Bruncllesco, Donatello, Jacopo délia Guercia, Niccolô d'Arezzo, Francesco de Vandabrina,
Simone da
Colle, et qui, un siècle plus tard, faisait dire à Michel-Ange qu'elle était digne de fermer le paradis, est
encore de nos jours l'admiration des artistes de
talent et des connaisseurs.