è Plus de huit bacheliers technologiques rès de trois bacheliers sur dix obtiennent leur bacca-
sur dix poursuivent des études après leur
baccalauréat : le plus souvent ils sont les
premiers de leur famille à accéder à
P lauréat dans une série technologique : cette part
est restée relativement stable depuis le début des
années 80, la croissance du nombre des lauréats d'un
l’enseignement supérieur. La majorité baccalauréat technologique ayant suivi celle du nombre
d’entre eux s’inscrivent dans une filière global des lauréats. Mais le fait nouveau, au cours de
professionnalisée courte : les sections de la même période, consiste en l'entrée massive de ces
techniciens supérieurs accueillent un bacheliers technologiques dans l'enseignement supé-
bachelier technologique sur deux (et même rieur (même si le mouvement paraît avoir connu un
deux lauréats de la série STI sur trois), les IUT frein depuis 1995) : alors qu'ils étaient moins de six
apparaissant comme une filière d’excellence. sur dix à poursuivre des études après le baccalauréat
Mais un bachelier technologique sur cinq se au début des années 80, ils sont quasiment huit sur dix
retrouve inscrit en DEUG, souvent par défaut : à le faire quinze ans plus tard (graphique 1).
la moitié n’y passe qu’un an. Qui sont ces bacheliers technologiques ?
Trois ans après leur bac, près de six Où s'inscrivent-ils ? Quels vont être les parcours de
bacheliers technologiques sur dix qui avaient ces « nouveaux étudiants » qui présentent des carac-
poursuivi leurs études ont obtenu un diplôme téristiques qui les distinguent, par bien des côtés,
de l’enseignement supérieur : trois fois sur
quatre il s’agit d’un BTS, qui constitue leur GRAPHIQUE 1 – Taux de poursuite des bacheliers
principale voie d’accès au niveau III. dans les principales filières du supérieur
Plus d’un bachelier technologique sur quatre a Bacheliers généraux
cependant abandonné ses études sans aucun 100
autre diplôme que le bac ; près de deux sur
90
trois sont des filles titulaires d’un bac STT
ou SMS. 80
70
Bacheliers technologiques
60
Sylvie LEMAIRE
Bureau des études statistiques sur l’enseignement supérieur 50
Direction de l’évaluation et de la prospective
1980 84 86 87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 00 01 02
Source : MJENR-DEP
THÈME
proximité d'offre de formation qui leur corresponde Des ambitions scolaires modestes
(13 %). Mais la caractéristique qui semble influer le
pluss ur la non-poursuite d'études est le retard accu- Les bacheliers technologiques qui poursuivent
mulé au cours de la scolarité secondaire : 16 % des élè- leurs études après leur baccalauréat n'entreprennent
ves qui ont mis neuf ans pour obtenir leur baccalauréat pas tous des études supérieures : ils s'engagent en
arrêtent leurs études (tableau 1). effet dans des voies très variées, qui ne relèvent pas
Aussi les bacheliers technologiques qui sortent du toujours de l'enseignement supérieur. Certains font
système éducatif après leur baccalauréat présen- ainsi une nouvelle année de terminale pour améliorer
tent-ils des particularités scolaires fortes. Ils sont ainsi leur dossier ou pour préparer un baccalauréat profes-
plus âgés : 62 % ont eu leur baccalauréat à 20 ans ou sionnel, d'autres s'inscrivent dans des formations
plus, contre 35 % de ceux qui poursuivent leurs études. complémentaires d'une durée d'un an en règle géné-
Ils l'ont également réussi moins facilement : plus de rale ou, le plus souvent, dans des préparations à
neuf sur dix n'ont pas eu de mention, alors que 31 % de l'entrée dans des écoles paramédicales, de statuts
ceux qui continuent en ont obtenu une. Mais ils se dis- très divers. Tous les autres, soit 83 % des bacheliers
tinguent également par leur environnement familial : technologiques, entrent dans l'enseignement supé-
majoritairement (53 %) d'origine défavorisée, près du rieur : ce taux, même s'il a fait un bond en avant depuis
quart était scolarisé dans une commune de moins de le début des années 80, reste inférieur d'environ
20 000 habitants. Plus d'une fois sur trois leurs parents dix points à celui des bacheliers généraux.
longues s'explique en partie par leur âge, mais aussi leur scolarité secondaire, accueillent six bacheliers
par des moyens financiers plus limités, comme le reflè- technologiques sur dix. De fait, ce sont les STS qui ont
tent leurs conditions de vie à l'entrée dans l'enseigne- presque à elles seules permis le développement très
ment supérieur. Ils reçoivent ainsi moins souvent de important de leur accès à l'enseignement supérieur,
l'argent de poche : 67 % seulement des bacheliers les seules STS du domaine des services2 accueillant
technologiques inscrits dans l'enseignement supé- un bachelier technologique sur trois.
rieur sont aidés par leurs parents, alors que c'est le Souvent d'ailleurs ces classes sont présentes dans
cas de 85 % des bacheliers généraux. De même, l'établissement dans lequel ils se trouvaient en termi-
36 % bénéficient d'une bourse1. La décohabitation nale : 44 % des bacheliers technologiques qui poursui-
familiale, souvent coûteuse, est beaucoup moins fré- vent en STS restent ainsi sur place. Cette proximité
quente : ils occupent moins souvent un logement indé- renforce le rôle déterminant des enseignants dans le
pendant en location (ou colocation), mais ils sont choix de leur orientation. Ces derniers constituent en
également moins souvent hébergés en résidence uni- effet la principale source d'information des bacheliers
versitaire ou en internat. 69 % des bacheliers techno- technologiques et ont tendance à les diriger d'autant
logiques continuent à habiter chez leurs parents, alors plus souvent vers une formation qu'ils connaissent, et
que ce n'est le cas que de 54 % des bacheliers qui, dans un certain nombre de cas, existe dans leur
généraux. lycée : 45 % des bacheliers technologiques (et 55 %
des bacheliers technologiques qui s'inscrivent dans
une STS) déclarent s'être renseignés auprès de leurs
enseignants, alors que ce n'est le cas que de 29 % des
bacheliers généraux (tableau 2). Leur rôle est d'autant
TABLEAU 2 – Moyens d’information utilisés
par les bacheliers pour choisir leur orientation (en %)
Bacheliers Bacheliers
Moyens d’information utilisés techno-
N OTES logiques généraux
Auprès de leurs enseignants 44,9 28,6
1. À titre d'indication, le montant de l'aide annuelle pour Dans des forums ou salons spécialisés 33,2 35,5
les bourses sur critères sociaux s'échelonnait en 1997 entre
Auprès d’amis 29,6 27,8
1 162 et 3 132 euros (en euros 2001). (cf. Note d’information
03-15). Dans un CIO ou un centre d’information
jeunesse 28,4 33,4
2. Les STS du domaine des services, dont les effectifs sont les
Auprès de membres de leur famille 14,7 23,0
plus nombreux, préparent aux BTS du commerce et de la vente
(« action commerciale », « commerce international », « force de En rencontrant un conseiller d’orientation 14,4 19,4
vente »), aux BTS de comptabilité et gestion, de secrétariat et Lecture : parmi les principaux moyens d’information qu’ils ont utilisés,
44,9 % des bacheliers technologiques citent leurs enseignants.
bureautique, ainsi qu'aux BTS en hôtellerie et tourisme.
Source : suivi des bacheliers du panel 1989, MJENR-DEP
THÈME
souhaitent en priorité.
plus souvent, auraient souhaité préparer un brevet de Source : suivi des bacheliers du panel 1989, MJENR-DEP
technicien supérieur (BTS) dans une autre spécialité.
Leur choix d'une STS est motivé par des considéra- Les IUT apparaissent comme la filière
tions pratiques (tableau 3) : les débouchés arrivent d'excellence des bacheliers
loin devant l'intérêt pour le contenu de la formation. technologiques
La durée des études et, dans une moindre mesure, Les IUT restent une voie minoritaire pour l'entrée
la proximité du lieu de formation tiennent une place dans le supérieur des bacheliers technologiques,
non négligeable. Mais les différences sont importan- alors qu'ils leur étaient à l'origine plutôt destinés : ils
tes selon les spécialités : l'attrait des débouchés en n'accueillent en effet qu'un peu plus d'un bachelier
particulier est beaucoup plus fort pour les bacheliers technologique sur dix, ces derniers subissant la forte
technologiques inscrits dans une spécialité du do- concurrence des bacheliers généraux largement
maine de la production que pour ceux des sections ter- majoritaires parmi les nouveaux inscrits. Aussi, dans
tiaires (61 contre 48 %), également moins motivés par la mesure où les classes préparatoires aux grandes
le contenu des études. D'ailleurs, dès la première écoles ne scolarisent quant à elles qu'à peine 1 % des
année, ces derniers sont moins optimistes en ce qui bacheliers technologiques, les IUT sont-ils devenus
concerne leur avenir professionnel ; alors que les opinions pour eux une filière d'excellence : ceux qui ont obtenu
positives l'emportent parmi les bacheliers inscrits en leur baccalauréat avec une mention intègrent deux fois
STS production (57 %), elles sont mitigées parmi les plus souvent cette formation (tableau 4). La moitié
bacheliers inscrits en STS tertiaires. Ces derniers ont des bacheliers technologiques inscrits en IUT ont
pourtant plus souvent un projet professionnel (62 % ainsi eu une mention ; ils sont également plus
contre 45 % pour les élèves des séries industrielles), jeunes et appartiennent plus souvent aux milieux les
mais ils se montrent pessimistes quant à leur possi-
TABLEAU 4 – Orientations prises par les bacheliers
bilité de le réaliser. technologiques selon l'obtention d'une mention
Près d'un bachelier technologique sur dix qui pré- au baccalauréat (en %)
parent un BTS le fait par la voie de l'alternance, avec Pas de
Orientations mention Mention
un contrat de qualification (5 %) ou d'apprentissage
CPGE 0,1 2,8
(4 %) ; le pourcentage s'élève même à 13 % parmi les DEUG/PCEM 22,9 13,4
bacheliers âgés de 20 ans et plus, souvent désireux IUT 8,2 19,5
STS 46,6 54,6
d'entrer dans la vie active et de percevoir une rému-
Autres formations 10,9 7,1
nération. L'apprentissage est plus fréquent dans les Non-poursuite d'études 11,3 2,6
STS production, tandis que le contrat de qualification Total 100,0 100,0
Lecture : 0,1 % des bacheliers technologiques qui n’ont pas eu de
est surtout présent dans les STS du domaine des mention au bac poursuivent leurs études en CPGE.
services. Source : suivi des bacheliers du panel 1989, MJENR-DEP
des enseignants dans les choix d'orientation, mais il sont ainsi les moins nombreux à avoir un projet profes-
s'exerce ici plutôt négativement : à caractéristiques sionnel : c'est dans une moindre mesure la même situa-
scolaires et familiales égales, un élève qui s'est infor- tion que celle observée parmi les bacheliers généraux
mé auprès de ses enseignants ira moins souvent en qui intègrent une classe préparatoire aux grandes écoles.
THÈME
De la même façon, l'écart est très important selon insuffisant : 44 % ont au moins deux ans de retard, huit
l'obtention ou non d'une mention : les trois quarts des sur dix ont eu leur baccalauréat sans mention. Cela
bacheliers technologiques qui ont eu une mention sont aboutit au paradoxe que les bacheliers technologiques
ainsi accueillis dans une filière professionnalisée dont le niveau scolaire est le plus fragile sont exclus
courte. Ceux qui n'ont pas eu de mention poursuivent des filières les plus proches de leur formation initiale
moins souvent non seulement en IUT mais aussi en et ont, en revanche, accès à la filière de l'enseigne-
STS : près d'un sur quatre (23 %) se retrouve ainsi dans ment supérieur la plus exigeante en matière de travail
une filière générale à l'université. personnel et d'autonomie.
C'est parmi les bacheliers technologiques inscrits
plus souvent reste « le hasard » (42 %). d'orientation exprimés en fin de seconde montre que
plus de quatre futurs bacheliers STT sur dix auraient
r DES SITUATIONS CEPENDANT souhaité être admis dans une autre série, un sur cinq
dans la série ES. Ce n'est pas le cas des futurs bache-
TRÈS HÉTÉROGÈNES SELON liers STI : huit sur dix avaient demandé cette filière.
LES SÉRIES DE BAC Différences également dans les origines sociales
selon les séries : les élèves de STI appartiennent plus
Des profils de bacheliers très différents souvent aux catégories sociales favorisées (39 %
selon les séries… contre 29 % pour les STT et 27 % pour les SMS), et les
pères sont plus souvent bacheliers (respectivement
Cette orientation en DEUG ne concerne cependant 28, 20 et 15 %).
pas de la même façon tous les bacheliers technologi-
ques, qui se trouvent dans des contextes très diffé- … mais aussi des possibilités
rents selon la série du baccalauréat qu'ils ont obtenu. de poursuites d'études
Les bacheliers technologiques se répartissent en effet inégalement ouvertes
depuis 1993 entre quatre principales séries d'impor-
tance très inégale : la série STT (sciences et technolo- Ces disparités vont peser sur les poursuites d'études
gies tertiaires) concentre plus de la moitié des des uns et des autres, d'autant plus que les débouchés
bacheliers technologiques, la série STI (sciences et de chacune des séries en termes d'offre de formations
technologies industrielles) scolarisant quant à elle sont très différents : aussi les orientations prises par
près d'un quart des effectifs et la série SMS (sciences les bacheliers technologiques sont-elles très hétéro-
médico-sociales) 13 %. La série STL (sciences et gènes selon les séries de baccalauréat (tableau 6).
technologies de laboratoire) ne rassemble que 4 % Ainsi, c'est parmi les bacheliers STI que les pour-
des bacheliers technologiques et a été regroupée ici suites d'études sont les plus fréquentes, neuf sur dix
avec les autres séries technologiques (l'hôtellerie et sont dans la formation de leur choix : grâce à leur
les séries agricoles). dossier scolaire, mais aussi aux nombreuses ouver-
Or les élèves présentent des caractéristiques très tures de sections industrielles dans les années 90,
différentes selon ces filières. Disparités de niveau deux bacheliers STI sur trois sont accueillis en STS.
scolaire à l'entrée en sixième, disparités d'itinéraires C'est aussi parmi eux que les inscriptions en CPGE et
dans l'enseignement secondaire : les bacheliers SMS en IUT sont les plus fréquentes : elles concernent plus
sont ainsi les plus nombreux à être passés par la voie d'un bachelier STI sur cinq. Seuls 5 % se retrouvent
professionnelle, le plus souvent un BEP « carrières à l'université.
sanitaires et sociales » (35 %). Aussi ce sont eux qui
THÈME
Total 100,0 100,0 100,0
sept garçons sur dix sont accueillis en STS ou IUT : 62 %
Lecture : 0,5 % des bacheliers de série STT s’orientent vers une CPGE. des bacheliers technologiques inscrits en DEUG sont
Source : suivi des bacheliers du panel 1989, MJENR-DEP des filles titulaires d'un baccalauréat STT ou SMS.
Les bacheliers STT occupent une situation inter-
médiaire : un sur deux entre dans une STS du domaine
des services, où l'augmentation du nombre des places
r LA BONNE RÉUSSITE DES
offertes n'a pas été aussi forte que dans les sections BACHELIERS TECHNOLOGIQUES
industrielles, mais un sur dix seulement intègre un IUT EN STS, MAIS DES SORTIES SANS
où la concurrence des bacheliers généraux, en particu-
DIPLÔMES NON NÉGLIGEABLES
lier de la série économique, est très forte. L'analyse
toutes choses égales par ailleurs des facteurs favori-
sant l'orientation d'un bachelier technologique en IUT Des abandons très rares
confirme ce handicap, en montrant que le fait d'avoir à l’issue de la première année...
eu son baccalauréat dans la série tertiaire pèse très
négativement (voir le tableau 5). Ainsi un bache- Parmi les bacheliers technologiques engagés dans
lier STT sur quatre se retrouve dans une filière longue à des études supérieures après leur bac, ceux inscrits en
l'université. STS sont les plus nombreux à continuer dans la même
Ce sont les bacheliers SMS qui rencontrent la voie l’année suivante (tableau 7). Interrogés au cours
situation la moins facile, dans la mesure où l'offre de de la première année sur les études qu'ils suivent,
formation les concernant est étroite : c'est parmi eux ils se montrent satisfaits de leur formation : souvent
que les interruptions d'études sont les plus fréquentes directement renseignés par leurs enseignants, ils
(16 %). Les écoles paramédicales ou du secteur social, avaient été bien informés, particulièrement sur le
dont l'accès est régi par un concours avec un nombre contenu de l'enseignement et sur la continuité entre
de places limité, constituent en effet leur principal dé- leur baccalauréat et les études qu'ils suivent (78 %).
bouché. Ainsi un bachelier SMS sur trois s'engage À propos du déroulement de la formation elle-même,
dans cette filière, le plus souvent pour préparer le la part des opinions positives ne descend pas au-
concours d'entrée, quelques-uns intégrant une école dessous de 70 % : elle atteint même 82 % sur le
dès la rentrée suivant leur bac. Leurs possibilités de contenu des études. Mais elle est forte également sur
poursuites d'études dans une filière courte sont très le suivi et l'encadrement.
réduites : moins d'un bachelier SMS sur dix est ac- Les réorientations à l'issue de la première année
cueilli en STS et quasiment aucun ne l'est en IUT. Aussi sont très rares ; le plus souvent ceux qui ne poursuivent
un bachelier SMS sur trois s'inscrit-il à l'université, pas abandonnent leurs études et entrent dans la vie
en attendant de pouvoir faire autre chose l'année active. Ces sorties sont un peu plus fréquentes parmi
59 réussissent
leur BTS en 2 ans 13 réussissent
leur BTS en 3 ans
Lecture : sur 100 bacheliers technologiques inscrits en STS après leur bac, 92 continuent en STS l’année suivante, 3 changent d’orientation et
5 abandonnent leurs études.
Source : suivi des bacheliers du panel 1989, MJENR-DEP
les élèves des sections tertiaires (7 % contre 4 % dans préparent leur BTS en alternance, souvent aussi plus
les spécialités de production). âgés, ont plus de mal à obtenir leur diplôme deux ans
après le baccalauréat (53 %).
… mais des résultats inégaux L'analyse toutes choses égales par ailleurs
selon les spécialités confirme que la réussite en deux ans d'un bachelier
technologique inscrit en STS après son baccalauréat
Six bacheliers technologiques sur dix accueillis en dépend avant tout de son niveau scolaire mesuré à
STS après leur baccalauréat accèdent au BTS deux ans travers la mention qu'il a obtenue au baccalauréat
plus tard : c'est la meilleure réussite obtenue par les (tableau 8). Son âge joue également un rôle important,
bacheliers technologiques dans l'ensemble des filières mais sensiblement moindre : à la fois âge d'entrée en
du supérieur, en retrait cependant de douze points par sixième, qui mesure les difficultés rencontrées au
rapport à celle des bacheliers généraux également ins- cours de la scolarité primaire, mais plus encore par-
crits en STS après leur bac. Mais les disparités sont for- cours dans l'enseignement secondaire. Si, en effet,
tes entre les BTS du secteur des services où le taux de le fait d'avoir redoublé une fois ne diminue pas signifi-
réussite en deux ans n'est que de 54 % et ceux du sec- cativement les chances de réussite, et si un passage
teur de la production où il atteint 66 % : la différence par un BEP ne constitue pas un handicap, deux redou-
avec les bacheliers généraux est ainsi moins importante blements, que ce soit au collège ou au lycée, réduisent
dans ces spécialités où la maîtrise des matières techni- sensiblement les chances de réussite. Cependant,
ques acquise par les bacheliers technologiques avant à caractéristiques identiques, la spécialité de BTS
leur baccalauréat leur donne un avantage certain. Cela préparée exerce également une forte influence : il est
explique que les filles, quasiment toutes dans les spé- plus difficile d'avoir son diplôme en deux ans quand on
cialités tertiaires, ont de moins bons taux de réussite prépare un BTS du domaine des services. Le fait de
au BTS en deux ans que les garçons (56 contre 62 %) ; préparer son BTS dans un établissement privé, en
cependant même dans ces seules spécialités, et en dé- revanche, n'a pas d'effet significatif.
pit de leur meilleur profil scolaire, elles ne sont pas plus En dehors de ces caractéristiques proprement sco-
souvent diplômées que les garçons. Les bacheliers laires, les caractéristiques socio-démographiques
technologiques qui ont obtenu leur baccalauréat avec gardent leur importance, mais dans un sens inhabi-
mention (80 %), et dans une moindre mesure ceux qui tuel : toutes choses égales par ailleurs, les enfants
ont eu leur baccalauréat à 18 ans (69 %) sont les plus d'agriculteurs, artisans, commerçants ou employés
nombreux à accéder au BTS en deux ans. Ceux qui réussissent mieux que les enfants des professions
THÈME
Aucun redoublement n.s. -
Un redoublement après la 6ème réf. réf.
Parcours après la sixième
Deux redoublements ou plus - 0,64*** - 15,6
Passage par un BEP n.s. -
Oui 1,35*** 23,6
Mention au bac
Non réf. réf.
Domaine des services réf. réf.
Spécialité de BTS
Domaine de la production 0,48*** 10,4
Public réf. réf.
Type d'établissement
Privé n.s. -
Oui réf. réf.
Est dans la filière de son choix
Non - 0,52** - 12,8
Oui réf. réf.
Motivé par le contenu des études
Non - 0,32** - 7,7
Oui réf. réf.
Motivé par les débouchés
Non - 0,53*** - 13,0
Oui - 0,31** - 7,5
Motivé par la durée des études
Non réf. réf.
Non réf. réf.
Dispose d'une bourse
Oui n.s. -
Source : suivi des bacheliers du panel 1989, MJENR-DEP
*** significatif au seuil de 1%, ** significatif au seuil de 5 %, n.s. = non-significatif.
Lecture : toutes choses égales par ailleurs, un bachelier technologique inscrit en STS après son bac a plus de chances d'avoir son BTS en deux ans
s'il a eu son bac avec une mention : la probabilité qu'il y parvienne est supérieure de 23,6 points à celle d'un étudiant qui présente les mêmes
caractéristiques mais n'a pas eu de mention.
intermédiaires ou supérieures et avoir un père qui est étudiants, aussi important que celui des variables sco-
au moins bachelier, et souvent diplômé de l'enseigne- laires ou socio-démographiques : ainsi le fait de ne
ment supérieur, a un impact négatif sur la réussite. pas avoir pu s'inscrire dans la spécialité de son choix
Ce résultat à première vue surprenant peut s'expli- affecte sensiblement la réussite. Une motivation forte
quer par un biais de sélection, dans la mesure où les en faveur des débouchés offerts par le diplôme prépa-
bacheliers technologiques appartenant aux catégo- ré est un facteur de réussite plus fort que l'intérêt pour
ries sociales favorisées se retrouvent en effet plutôt le contenu des études : les bacheliers technologiques
en IUT. Mais, à caractéristiques identiques, il n'y a réussissent d'autant mieux que leur formation a été
pas de différence de réussite entre les garçons et vraiment choisie par attrait pour les emplois sur les-
les filles. quels elle débouche. En revanche, le fait d'avoir choisi
Enfin l'analyse met également en évidence l'effet le BTS en raison de la durée des études est un élément
propre de variables ayant trait aux motivations des plutôt négatif.
sur quatre admis en STS après leur ou d'échec. Mais ils reçoivent également dans un cer-
baccalauréat ont accédé au BTS tain nombre de cas une proposition d'embauche de la
trois ans plus tard part de l'entreprise dans laquelle ils ont effectué leur
stage, et abandonnent de ce fait leur formation avant
La majorité de ceux qui n'ont pas leur diplôme l'examen.
au bout de deux ans le préparent à nouveau l'année
suivante : 13 % des bacheliers technologiques qui Des poursuites d'études
s'étaient inscrits en STS obtiennent ainsi encore après l'obtention du BTS
leur diplôme, portant le taux d'obtention du BTS à moins fréquentes que parmi
72 %. La différence se creuse encore entre les domai- les bacheliers généraux
nes de formation : le taux d'accès au BTS varie ainsi
entre 80 % pour les BTS qui relèvent du domaine de la Dès la première année, 56 % des nouveaux bache-
production et 67 % pour ceux du domaine des services. liers technologiques inscrits en STS affichaient
Cependant, au-delà de ces différences, l'observation l'intention de s'arrêter à bac + 2, tandis que 24 %
des parcours suivis par les bacheliers technologiques souhaitaient aller au moins jusqu'à bac + 3, les élèves
au cours des quatre premières années après leur bac- des STS industrielles envisageant plus souvent une
calauréat confirme que la filière STS favorise un bon poursuite d'études que ceux des STS tertiaires.
accès de ces bacheliers au niveau III. Dans la réalité, parmi tous les bacheliers technolo-
Mais elle montre également que ceux qui ne giques qui ont obtenu un BTS deux ou trois ans
réussissent pas sortent sans diplôme, après le plus après leur bac, seuls 31% ont prolongé leurs études,
souvent deux années, voire trois dans cette filière. contre 44 % des bacheliers généraux (tableau 9).
TABLEAU 9 – Poursuites d’études des bacheliers technologiques après un BTS ou un DUT (en %)
Après un DUT Après un BTS
Poursuites d’études Bacheliers Bacheliers Bacheliers Bacheliers
technologiques généraux technologiques généraux
Deuxième cycle universitaire 20 22 4 8
DEUG 5 10 4 6
Autres formations 33 33 23 30
par la voie scolaire 22 21 17 21
en alternance 11 12 6 9
Total des poursuites d’études 58 65 31 44
Non-poursuite d’études 42 35 69 56
Source : suivi des bacheliers du panel 1989, MJENR-DEP
Lecture : 19 % des bacheliers technologiques qui ont obtenu un BTS deux ou trois ans après leur bac poursuivent leurs études en deuxième cycle
à l’université ; c’est le cas de 23 % des bacheliers généraux qui ont eu un BTS.
THÈME
technologiques inscrits en IUT… plus souvent leur DUT en deux ans (60 %) que ceux
qui préparent un DUT industriel (46 %). Un élément
Les bacheliers technologiques inscrits en IUT d'explication de cette situation se trouve peut-être
affichent leur satisfaction à l'égard de leur formation : dans la sur-sélection subie par les bacheliers technolo-
comme en STS la part des opinions positives ne des- giques à l'entrée des spécialités tertiaires des IUT.
cend pas au-dessous de 70 %, elle atteint même 82 % La concurrence subie par les bacheliers technolo-
sur le contenu des études et 85 % parmi les étudiants giques, très minoritaires en IUT, est en effet vive :
inscrits dans une spécialité tertiaire. Sur les contacts l'écart de réussite avec les bacheliers généraux, dont
avec les autres étudiants, la part des opinions très plus des trois quarts accèdent au DUT en deux ans,
positives s'élève même à 43 %, tandis que le suivi et est ainsi deux fois plus important en IUT qu'en STS.
l'encadrement enregistrent une satisfaction un peu
moins élevée, même si elle reste forte (70 %). … mais des poursuites d'études
Cependant, plus d'un bachelier technologique fréquentes parmi les diplômés
admis en IUT sur quatre ne poursuit pas l'année sui-
vante : l'abandon est ainsi beaucoup plus fréquent 14 % de ceux qui s'étaient inscrits en IUT obtien-
qu'en STS (tableau 10). Mais lorsqu'ils quittent l'IUT nent leur DUT en trois ans, après avoir redoublé la pre-
c'est presque toujours pour se réorienter ailleurs, en mière ou la deuxième année : au total deux bacheliers
TABLEAU 10 – Parcours des bacheliers technologiques inscrits dans un IUT après leur bac
53 réussissent
leur DUT en 2 ans 14 réussissent
leur DUT en 3 ans
73 continuent 16 continuent
100 en IUT en IUT 2 partent sans
bacheliers avoir eu le DUT
inscrits
en IUT 4 partent sans
avoir eu le DUT
27 partent 2 autres formations
22 autres form. 2 sorties
5 sorties
Parmi ceux qui ont eu un DUT, six sur dix poursui- Ainsi, un bachelier technologique sur deux ne se
vent leurs études (tableau 9) : ils en avaient le projet réinscrit pas en DEUG l'année suivante (tableau 11) :
dès la première année, près d'un tiers déclarant dès les plus nombreux rejoignent une filière courte (presque
l'origine vouloir aller jusqu'à bac + 4 ou bac + 5. Ces toujours une STS), et 8 % intègrent une école paramé-
poursuites d'études sont un peu moins fréquentes dicale ou sociale (graphique 2). Le plus souvent, ils
que parmi les bacheliers généraux (58 % contre 65 %) ; expliquent leur changement de filière par le fait que
un bachelier technologique titulaire d'un DUT sur cinq les études qu’ils suivaient ne les intéressaient pas,
accède directement au deuxième cycle universitaire. mais aussi parce qu’ils ont été admis dans la filière
Les bacheliers technologiques s'inscrivent cependant qu’ils souhaitaient initialement (respectivement 50
un peu moins souvent à l'université que les bacheliers et 41 % des réponses). Les autres raisons, « je n’avais
généraux, moins souvent également dans une école pas des résultats suffisants pour continuer » ou
d'ingénieurs ou de commerce et, à l'inverse, plus sou- « l’organisation de l’enseignement ne me convenait
vent dans des formations complémentaires d'un an, pas », sont moins souvent citées.
mais les différences ne sont pas considérables ; la part
des poursuites d'études par alternance est équiva-
lente. Les bacheliers technologiques, lorsqu'ils ont GRAPHIQUE 2 – Situation des bacheliers
un DUT, ne paraissent ainsi pas pénalisés par le type inscrits en DEUG après leur bac et
de leur baccalauréat. non réinscrits l'année suivante
9 réussissent
leur DEUG en 2 ans 6 réussissent
leur DEUG en 3 ans
THÈME
18 sorties
Près d'un bachelier technologique inscrit en DEUG quarts ont fait le choix de leur filière, et leur intérêt
sur cinq, interrompt complètement ses études. Si les pour le contenu des études est très marqué. Plus des
étudiants ont abandonné, c'est avant tout parce que deux tiers ont un projet professionnel, le plus souvent
« la formation qu'ils suivaient ne leur plaisait pas » celui de devenir enseignants.
(42 % des réponses) ; mais le fait qu'ils « voulaient ou Mais ils sont très peu nombreux et le bilan est
devaient travailler » revient presque aussi souvent lourd : 37 % de ceux qui s'étaient inscrits en DEUG ont
(36 % des réponses). Viennent ensuite, citée par 25 % abandonné leurs études sans autre diplôme que le
des bacheliers, l'insuffisance de leurs résultats et le baccalauréat après un, deux ou trois ans passés dans
fait que « ils n'ont pas pu entrer où ils voulaient ». En la filière. Les réorientations sont en effet difficiles et
effet, un an après l'obtention du bac, les IUT sur- le parcours de ceux qui continuent des études est sou-
tout, mais aussi les STS, se ferment davantage en- vent chaotique : au total, trois ans après leur bac, un
core aux bacheliers technologiques : 85 % de ceux bachelier technologique inscrit en DEUG après le bac
qui rejoignent un IUT un an après leur baccalauréat sur quatre seulement a acquis un diplôme de niveau
sont des bacheliers généraux, mais c'est aussi le cas bac + 2. Près d’un sur deux est sorti de l’enseignement
de près de la moitié de ceux qui intègrent une STS. supérieur sans diplôme. Les bacheliers qui s'étaient
Aussi les bacheliers technologiques qui avaient voulu inscrits en DEUG sont cependant également les plus
s'inscrire dans ces filières après leur baccalauréat nombreux à être encore en formation quatre ans après
sont-ils loin d'y parvenir tous l'année suivante. leur baccalauréat (45 %).
Cet échec des bacheliers des séries technologi-
Une réussite au DEUG très faible ques à l'université, qui a fait l'objet de nombreuses
analyses, a des causes multiples ; celles-ci tiennent à
Parmi ceux qui restent en DEUG, les plus nombreux la fois au décalage entre le bagage antérieur de ces
redoublent la première année : 16 % seulement des « nouveaux étudiants » et celui requis par la culture
bacheliers technologiques qui s'étaient inscrits en universitaire, à leur absence totale de repères dans
DEUG passent en deuxième année l'année suivante et, cet univers, à leurs difficultés de socialisation à la
au total, moins d'un sur dix obtient son diplôme deux vie universitaire et étudiante, que la multiplication
ans après le bac. Quelques-uns auront encore leur des antennes universitaires dans les villes moyennes,
diplôme un an plus tard, portant la réussite à 15 % en en les maintenant dans le même environnement, n'a
trois ans. Ces bacheliers technologiques lauréats du peut-être pas contribué à résoudre.
DEUG présentent des particularités fortes : les trois
THÈME
À LIRE
Stéphane Beaud, 80 % au niveau du bac… et après ? Les enfants de la démocratisation scolaire, La Découverte, 2002.
Thierry Blôss et Valérie Erlich, « Les nouveaux « acteurs » de la sélection universitaire : les bacheliers technologiques en question »,
Revue française de sociologie n° 41-4, 2000.
Jean-Paul Caille et Sylvie Lemaire, « Filles et garçons face à l'orientation », Éducation & formations n° 63,
MEN-Direction de la programmation et du développement, avril-juin 2002.
Servet Ertul (dir.), L'enseignement professionnel court post-baccalauréat (IUT-STS), PUF, 2000.
Alain Frickey (dir.), La socialisation des étudiants débutants. Expériences universitaires, familiales et sociales, Dossier n° 115,
MEN-Direction de la programmation et du développement, juin 2000.
Bernadette Hée, « Les facteurs de réussite au BTS – Des effets académiques forts », Note d'Information 03.13,
MEN-Direction de la programmation et du développement, mars 2003.
Sylvie Lemaire, « L'entrée dans une filière courte après le baccalauréat », Éducation & formations n° 55,
MEN-Direction de la programmation et du développement, janvier-mars 2000.
Sylvie Lemaire, « Les facteurs de réussite dans les deux premières années d'enseignement supérieur », Note d'Information 00-25,
MEN-Direction de la programmation et du développement, août 2000.