Vous êtes sur la page 1sur 7

Université Laval, Faculté de musique

MUS-1707 – Chefs-d’œuvre de l’histoire de la musique

Le parcours musical de Liszt

Par

Camille Roy

Présenté à

Carole Grégoire

4 Avril 2021
I. INTRODUCTION

Tout pianiste connaît le nom du célèbre compositeur hongrois Franz Liszt. Ce compositeur

est grandement admiré pour ses chefs d’œuvres comme «Liebesträume» et «La Campanella ». Il

est non seulement un compositeur innovateur, mais aussi un pianiste- virtuose, un grand

arrangeur et un chef- d’orchestre. 1 Mais, l’influence la plus grande qu’il porte sur le monde de la

musique classique ce sont ses innovations dans la musique pour piano. Pour comprendre ces

nouveautés harmoniques et techniques, il faut d’abord porter attention au style de musique de ce

compositeur et de ceux qui l’ont influencé. Puis, il faut comprendre la relation que Liszt

entretenait avec ses contemporains romantiques. Finalement, Les études d’exécution

transcendante et particulièrement la dernière, Chasse-neige, illustrent parfaitement le genre

d’innovations que Liszt employait.

II. Liszt et sa musique

1. L’influence musicale sur Liszt

Plusieurs œuvres de Jean-Sébastien Bach, Domenico Scarlatti, Mozart et Beethoven ont

eu une influence sur l’étude du piano de Liszt. 2Il avait un style musical large et varié. C’est ainsi

qu’en tant que compositeur, plusieurs de ses collègues romantiques ont marqué ses compositions.

Tout d’abord, Hector Berlioz, un compositeur français l’encouragea à l’innovation d’harmonies

étranges et audacieuses. D’autre part, Niccolo Paganini, un violoniste virtuose de l’Italie l’inspira

à la bravoure pianistique. De plus, Frédéric Chopin, un pianiste-compositeur polonais,

contrecarra le « diabolisme » de Berlioz et la virtuosité de Paganini avec la grâce et la poésie.

1
Patricia Fallows-Hammond, Three Hundred Years at the Keyboard : A Piano Sourcebook from Bach to the Moderns
(Berkeley, California : Ross Books, 1984), 145.
2
Serge Gut, Franz Liszt : les éléments du langage musical, (France : Éditions Robert Martin, 2012), 7-8.
3
Finalement, son engagement dans les différentes sphères culturelles de l’époque fut reflété dans

sa musique. Notamment, le bel canto italien, la romance française, les airs folkloriques et

populaires, la musique tzigane et le grégorianisme s’ajoutèrent à son langage musical. 4Toutes

ces influences musicales contribuèrent au style unique de Liszt.

2. Le style musical de Liszt

Comprendre le style musical de Liszt est une étude en soi. D’abord, il démontrait un

manque d’unité à cause de son amour et de son engagement dans les différentes culturelles

autour de lui. 5 En général, il essayait de se libérer des formes « classiques » de l’époque. Pour le

rythme, il était attiré vers des formes plus libres. Mélodiquement, il aimait utiliser plusieurs

styles dont : les mélodiques lyriques, les phrases déclamatoires, les fanfares et la monotonie.

Harmoniquement, il explorait des harmonies et des cadences moins usuelles. De plus, il aimait

utiliser les gammes pentatoniques, modales, « gypsy » et la gamme par ton dans ses

compositions. Même s’il était un virtuose, Liszt croyait que l’expression musicale était plus

importante qu’une simple technique impressionnante. 6Le style musical que Liszt incarnait était

une source de conflit avec ses contemporains.

3. Liszt et ses contemporains

Liszt avait une relation intéressante avec ses contemporains romantiques. Il les admirait

et apprenait de leurs œuvres, mais il préserva des buts différents d’eux pour lesquels il avait

besoin d’autres modes d’expression. Il n’était pas satisfait d’écrire de belles petites pièces

comme une « Romanze » ou un « Intermezzo ». Ses contemporains : Chopin, Schuman et

3
Patricia Fallows-Hammond, Three Hundred Years at the Keyboard: A Piano Sourcebook from Bach to the Moderns
(Berkeley, California: Ross Books, 1984), 144.
4
Serge Gut, Franz Liszt : les éléments du langage musical, (France : Éditions Robert Martin, 2012), 307.
5
Ibid.
6
Derek Watson, Liszt, (New York: Schirmer books, 1989), 171.
Brahms étaient bien confortables dans leur petit monde de bourgeoisie romantique et ne

voulaient pas de « feu du ciel » comme Liszt. Par exemple, Schuman fut horrifié par l’agressivité

brutale de la sonate en si mineur. Chopin quant à lui, l’admirait comme pianiste mais il croyait

que ses œuvres allaient être oubliées. Brahms s’endormit pendant que Liszt interprétait la

fameuse sonate. Ils reconnaissaient que Liszt était un génie, mais ils ne l’acceptèrent jamais

comme l’un d’eux. En revanche, même si Liszt n’était pas ouvertement méchant avec eux, son
7
orgueil fut fouetté. Parfois, les grands innovateurs doivent savoir être rejetés par leurs pairs

pour avancer.

III. Liszt et ses innovations

1. Les innovations harmoniques et techniques de Liszt

L’intellect hors pair de Liszt le poussa à innover dans l’harmonie et la technique. Il

développa une harmonie de chromatisme extrême pour supporter ses nouvelles formes. Cette

harmonie poussa les relations de clé aux limites d’être reconnaissables. De plus, il développa des
8
techniques de piano aux limites des possibilités pianistiques. Il produisit un son orchestral en

adoptant la technique de « piano à trois mains ». 9Qui plus est, il fit sauter la mélodie d’un étage

à l’autre. Puis, il ajouta des trémolos, des notes répétées rapides, des accords arpégés de

quinzième sur deux octaves et des croisements de mains. 10D’une autre part, il demanda de la

force égale dans les deux mains pour les octaves, les accords, les notes répétées et les trilles.

7
Alan Walker, Franz Liszt: The Man and his Music, (London: Barrie and Jenkins, 1976), 81-82.
8
Patricia Fallows-Hammond, Three Hundred Years at the Keyboard: A Piano Sourcebook from Bach to the Moderns
(Berkeley, California: Ross Books, 1984), 145.
9
« Cela consiste à jouer la mélodie avec les pouces de chaque main au centre du clavier alors que les huit doigts
restants font des accompagnements en arpèges dans les registres grave et aigu. » (Mon Portail)
10
Jean-Benoît Tremblay, « La virtuosité instrumentale », Dans Chefs-d’œuvre de l'histoire de la musique, Mon
Portail-Université Laval, https://sitescours.monportail.ulaval.ca/ena/site/module?
idSite=126861&idModule=1093573&editionModule=false&idPage=2956998.
11
Finalement, il utilisa les parties extrêmes du piano avec une grande liberté et flexibilité. Ces

innovations techniques et harmoniques marquent la musique de Liszt.

2. Les études d’exécution transcendante

Les études d’exécution transcendante illustrent clairement les créations techniques et

harmoniques de Liszt. Ces études sont placées en ordre descendant du cercle des quintes, laissant

le cycle à moitié terminé. Après avoir composé la première version primitive à 15 ans, il réalisa

leur plein potentiel en 1838, une version qui était sur le point d’être injouable. Puis, en 1851, il

créa la version finale en la simplifiant et en ajoutant des titres descriptifs pour la plupart des

études. 12 Chacune des études aborde différents points techniques. Par exemple, la sixième étude

(« Vision ») est une étude d’arpège qui explore les limites du clavier et l’indépendance des

mains. L’étude numéro sept (« Eroica ») est une étude d’octaves dans la forme d’une marche

héroïque. Enfin, la neuvième étude (« Ricordanza ») est une étude mélodique qui travaille

l’égalité des doigts et les trilles. 13 Les études d’exécution transcendante sont indispensables pour

tout pianiste qui veut comprendre les techniques et les innovations de Franz Liszt.

3. Chasse-neige

Selon plusieurs « Lisztiens », Chasse-Neige est la plus grande des études d’exécution

transcendante. Cette étude est une image musicale d’une tempête de neige qui couvre

graduellement tout le monde, enterrant homme et bête pendant que le vent souffle. En d’autres

termes, c’est une étude de la nature qui est sans pitié. 14 Écrite dans une tonalité mineure, la pièce

communique le froid d’un blizzard hivernal. Dans cette pièce, Liszt se sert de plusieurs trémolos

11
Patricia Fallows-Hammond, Three Hundred Years at the Keyboard: A Piano Sourcebook from Bach to the
Moderns (Berkeley, California: Ross Books, 1984), 145.
12
Alan Walker, Franz Liszt: The Man and his Music, (London: Barrie and Jenkins, 1976), 105.
13
Derek Watson, Liszt, (New York: Schirmer books, 1989), 222-226.
14
Alan Walker, Franz Liszt: The Man and his Music, (London: Barrie and Jenkins, 1976), 109.
pour représenter la tempête de neige incessante. De plus, les gammes chromatiques imitent le

vent froid et intensifient le sentiment de peur et de désolation. Pour créer un son orchestral, le

piano est divisé en trois parties. La plupart du temps, l’accompagnement se trouve dans le centre

du clavier et la mélodie se retrouve dans les parties graves et aiguës du piano. 15Chasse-neige est

un excellent exemple du génie innovateur de son compositeur.

IV. CONCLUSION

Enfin de compte, nous pouvons dire que le style créatif de Liszt s’est formé sous

l’influence de plusieurs musiciens, mais a aussi contribué à son rejet par plusieurs de ses

contemporains. Les études d’exécution transcendante et particulièrement Chasse-neige

exemplifient les innovations techniques et harmoniques de ce compositeur-virtuose. Selon


16
certains musicologues, Liszt est considéré comme l’un des fondateurs de la musique moderne.

Il est un véritable pionnier dans le monde de la musique pour piano. Où serions-nous sans des

personnes comme Galileo Galilei et Martin Luther King – sans ces gens qui ne se soucient pas

du rejet de leurs contemporains et qui bouleversent le monde avec leurs idées et leurs

innovations ? Dans le domaine de la musique pour piano, Franz Liszt est ce genre de personne.

BIBLIOGRAPHIE

15
Han Wang, « A Performance Guide to Liszt’s 12 Transcendental Etudes, S. 139”, consulté le 19 mars 2021,
https://kuscholarworks.ku.edu/bitstream/handle/1808/27852/Wang_ku_0099D_16210_DATA_1.pdf?
sequence=1&isAllowed=y.
16
Serge Gut, Franz Liszt : les éléments du langage musical, (France : Éditions Robert Martin, 2012), 253.
Fallows-Hammond, Patricia. Three hundred years at the keyboard, A piano sourcebook from

Bach to the moderns. Berkeley, California : Ross Books, 1984.

Gut, Serge. Franz Liszt, les éléments du langage musical. France : Éditions Robert Martin, 2012.

Tremblay, Jean-Benoît. « La virtuosité instrumentale », Dans Chefs-d’œuvre de l'histoire de la

musique, Mon Portail-Université Laval. https://sitescours.monportail.ulaval.ca/ena/site/module?

idSite=126861&idModule=1093573&editionModule=false&idPage=2956998.

Walker, Alan. Franz Liszt, The man and his music. London: Barrie and Jenkins, 1976.

Wang, Han. “A Performance Guide to Liszt’s 12 Transcendental Etudes, S. 139”.

https://kuscholarworks.ku.edu/bitstream/handle/1808/27852/Wang_ku_0099D_16210_DATA_1.

pdf?sequence=1&isAllowed=y. (consulté le 19 mars 2021).

Watson, Derek. Liszt. New York : Schirmer books, 1989.

Vous aimerez peut-être aussi