MIEUX ARTICULER I. QU’EST-CE QU’UN VIRELANGUE ? Un virelangue (appelé aussi casse-langue) est une phrase, une formule, une maxime, une comptine ou un petit poème inventé pour « faire tourner la langue », et se tromper en le répétant, éventuellement de plus en plus vite. Il présente une ou plusieurs difficultés phonétique(s) particulière(s). C’est un néologisme et un calque de l’anglais Tongue Twister (« qui fait tordre la langue »). Dans L’Homme de paroles (Fayard, Paris, 1985, p. 86), le linguiste Claude Hagège a proposé le mot fourchelangue, forgé d’après l’expression « la langue m’a fourché », pour désigner ce type de piège phonétique. Note : On parle aussi de trompe-oreilles lorsqu’une phrase est difficile à comprendre et donne l’impression d’être en langue étrangère.
II. L’INTERET DES VIRELANGUES DANS
L’APPRENTISSAGE DU FRANÇAIS Les virelangues peuvent servir d’exercices de prononciation dans un cours de diction, dans l’apprentissage du français (langue maternelle ou langue étrangère)… Ils favorisent un travail d’écoute et d’articulation ; permettent d’initier un travail sur le rythme, en rythmant la diction de la phrase ; et favorisent également le travail sur l’intonation et la respiration.
Alors découvrez la magie de ces formules de volubilité qui font
fourcher la langue, à prononcer le plus vite possible sans s’emmêler, { écouter pour s’amuser, { savourer sans attendre !
III. COMMENT ET POURQUOI EXPLOITER LES
VIRE-LANGUES?
Les vire-langues permettent d’exercer et de développer la
prononciation, l’articulation et l’énonciation correctes des sons et des mots français.
Ils permettent aussi d’insérer une dimension ludique et
humoristique à cet apprentissage. Les vire-langues emploient parfois des termes farfelus et des tournures inversées ou condensées, afin d’intensifier la répétition ou le contraste des sons. On peut souvent tisser des liens avec des apprentissages déjà abordés, ou encore on peut en profiter pour élargir le champ sémantique ou les assises grammaticales et syntaxiques des élèves. Les 180 vire-langues suivants ont été disposés selon des cycles scolaires : les premiers sont normalement plus faciles ou ils font appels à du vocabulaire ou à des conjugaisons plus usuels; par la suite les vire-langues se complexifient jusqu’aux plus difficiles. Toutefois, chaque enseignant(e) peut déterminer quels vire- langues seraient les plus appropriés pour ses élèves. Les paliers indiqués ci-dessous ne sont qu’{ titre de suggestions. On pourrait choisir de proposer un nouveau vire-langue {chaque semaine ou deux; on l’afficherait au tableau et on pourrait accorder aux élèves 2-3 jours pour en pratiquer la récitation à haute voix (attention : ne pas en faire un exercice de mémorisation). Au besoin on repasserait la prononciation correcte du vire- langues, on expliquerait les mots inconnus et on en
éluciderait la signification (s’il y en a une; parfois ce n’est que
du rigolo!). On pourrait choisir d’enseigner de façon systématique les symboles phonétiques pour le français et par la suite s’y référer quand on veut préciser la prononciation correcte d’un mot, ou même souligner une liaison essentielle entre deux mots lus à haute voix. Les élèves pourraient aussi avoir la tâche, {l’occasion, de dénicher les définitions de certains mots nouveaux utilisés dans un vire-langue. Ils pourraient aussi répertorier des homonymes. Si on en fait un petit concours, par exemple hebdomadaire, la récitation gagnante d’un vire-langue devrait se faire de façon fluide, sans accroc; peut-être faudrait-il que l’élève récite le vire-langue deux ou trois fois, ou qu’il puisse nous en relater le sens.
IV. EXERCICES DE VIRELANGUES
Essayons de répéter le plus rapidement et le plus longtemps possible ces suites de mots, souvent insolites.
Angèle et Gilles en gilet gèlent.
La grosse cloche sonne. Papier, panier, piano. Piano, panier, panier, piano. Cinq chiens chassent six chats. Suis-je chez ce cher Serge? Serge cherche à changer son siège. Je suis juché sur sa chaise. Douze douches douces. En haut la banane et en bas l’ananas. La mouche rousse touche la mousse. La charmante Macha mâche en marchant.
Un plat plein de pâtes plates. La robe rouge de Rosalie est ravissante. Gros rat blanc, rat blanc gras, gros rat blanc gras. Croque quatre crevettes crues et quatre crabes creux. Une meule moud mille moules molles. Si ma tata tâte ta tata, ta tata sera tâtée. Son chat Sacha chante sa chanson sans son. Il fait noir ce soir sur le trottoir, bonsoir. Le singe sage passe, le linge sale pince. Une bête noire se baigne dans une baignoire noire. Si sa saucisse sent, ses six cent six saucisses sentent aussi. Des blancs pains, des bancs peints, des bains pleins. Sous chaque seau se cachent six choux. Bol bleu, bulles blêmes, balles blondes. Petits pois font petit appétit. Petit à petit, petit appétit fait petit poids. As-tu vu le tutu de tulle de Lili d’Honolulu ? As-tu vu le ver vert allant vers le verre en verre vert ? Babette a fait bombance à bord du bateau de Bob. Blés brûlaient, brûlent les blés. Ce ver vert sévère sait verser ses verres verts. Ces cerises sont si sûres qu’on ne sait pas si c’en sont. Ces cyprès sont si loin qu’on ne sait si c’en sont ! Ciel, si ceci se sait ces soins sont sans succès. Cinq chiens chassent six chats. Cinq gros rats grillent dans la grosse graisse grasse. Fruits frais, fruits frits, fruits cuits, fruits crus. Ah ! Pourquoi, Pépita, sans répit m’épies-tu ? Dans les bois, Pépita, pourquoi te tapis-tu ? Tu m’épies sans pitié ! C’est piteux de m’épier ! De m’épier, eh Pépita, saurais-tu te passer ?
Bonjour Madame la saucissière, combien vendez-vous ces six
saucisses-là ? – Je les vends six sous, six sous ci, six sous ça, six sous ces six saucisses-là. Ces Basques se passent ce casque et ce masque jusqu’{ ce que ce masque et ce casque se cassent. Ces six saucissons-ci sont si secs qu’on ne sait si c’en sont. Ces six chauds chocolats-ci sont-ils aussi chauds quand ces six chocolats-là font leur show ? C’est l’évadé du Nevada qui dévalait dans la vallée, dans la vallée du Nevada, qu’il dévalait pour s’évader, sur un vilain vélo volé, qu’il a volé dans une villa, et le valet qui fut volé vit l’évadé du Nevada qui dévalait dans la vallée, dans la vallée du Nevada, qu’il dévalait pour s’évader sur un vilain vélo volé. Chat vit rôt. Rôt tenta chat. Chat mit patte à rôt. Rôt brûla patte à chat. Chat quitta rôt. Chat vit rôt. Rôt plut à chat. Chat mit patte à rôt. Rôt brûla patte à chat. Chez les Papous, il y a des Papous papas et des Papous pas papas et des Papous à poux et des Papous pas à poux. Donc chez les Papous il y a des Papous papas à poux et des Papous papas pas à poux et des Papous pas papas à poux et des Papous pas papas pas à poux. Cinq pères capucins, sains de corps et sains d’esprit, le corps ceint d’une ceinture, portaient sur leur sein le sous seing des saints capucins. Coco, le concasseur de cacao, courtisait Kiki la cocotte. Kiki la cocotte convoitait un caraco kaki à col de caracul ; mais Coco, le concasseur de cacao, ne pouvait offrir à Kiki la cocotte qu’un caraco kaki sans col de caracul. Le jour où Coco, le concasseur de cacao, vit que Kiki la cocotte arborait un caraco kaki { col de caracul il comprit qu’il était cocu. Combien sont ces six saucissons-ci ? Ces six saucissons-ci sont six sous.
Didon dîna, dit-on, du dos d’un dodu dindon, mais si Didon
dîna du dos de ce dodu dindon, c’est que le dos dudit dindon céda aux doux et doctes coups de ladite Didon. Écartons ton carton car ton carton nous gêne. Fait faire à Fabien fourbe et fautif force farces fausses et fantasques. Gros gras grand grain d’orge, tout gros-gras-grand-grain- d’orgerisé, quand te dé-gros-gras-grandgrain-d’orgeriseras- tu ? – Je me dé-gros-gras-grand-grain-d’orgeriserai quand tous les gros gras grands grains d’orge se seront dé-gros- gras-grand-grain-d’orgerisés. Il était une fois, une marchande de foie, qui vendait du foie, dans la ville de Foix…Elle se dit ma foi, C’est la première fois et la dernière fois, que je vends du foie, dans la ville de Foix Je regardais mes zouaves chasser le zèbre et le zébu avec la zagaie que l’on voit appuyée au bord de l’image. Zélateur de Zarathoustra, je vivrais là loin des zoïles, loin des zizanies, des zéros, du zona, des zincs et des zozotants zoographes, le poing sur mon zygoma, perdu dans la contemplation du zénith ou du zodiaque, tel un innocent zoophyte. Ainsi jusqu’au zigzag suprême et jusqu’au zut définitif. (Georges Duhamel) Je veux et j’exige quatre-vingt-seize chaises. Je veux et j’exige d’exquises excuses du juge. Du juge, j’exige et je veux d’exquises excuses. La cavale aux Valaques avala l’eau du lac et l’eau du lac lava la cavale aux Valaques. La grosse cloche sonne. Le cricri de la crique cri son cri cru et critique car il craint que l’escroc ne le croque et ne le craque. Le mur murant Paris rend Paris murmurant. Le poivre fait fièvre à la pauvre pieuvre. Le tas de riz tentant tenta le tas de rats tentés.
Le tas de rats tentés tâta le tas de riz tentant.
Les chaussettes de l’archiduchesse sont-elles sèches, archi- sèches ? La blatte près du plat de pâtes. Natacha chassa son chat Pacha. Cela fâcha Sacha qui chassa Natacha. Natacha n’attacha pas son chat Pacha qui s’échappa. Cela fâcha Sacha qui chassa Natacha. Où niche la pie ? La pie niche haut. Où niche l’oie ? L’oie niche bas. Où niche le hibou ? Le hibou niche ni haut ni bas. Seize chaises sèchent. Si six scies scient Sissi, Sissi est sciée ! Si six scies scient six cyprès, six cent six scies scient six cent six cyprès. Six jeunes gens juchés sur six chaises chuchotaient ceci : sage chasseur au front chauve, au sang chaud, aux yeux chassieux, sachez chasser le chat chauve qui se cache sous la chiche souche de sauge séchée. Suis-je chez ce cher Serge, qui se sert en cierges chez son sergent-chef ? Tintin, t’entends-tu ton tonton tentant de téter les titanesques tétons de ta tante teutonne tant étonnée ? Trente-trois tortues trottent sur trente-trois trottoirs très étroits. Trois gros rats gris dans trois gros trous ronds rongent trois gros croûtons ronds. Trois petites truites non cuites, trois petites truites crues. Trois tortues têtues trottent en trottinette. Trois tortues trottaient sur trois toits très étroits. Tu t’entêtes { tout tenter. Tu t’uses et tu te tues { tant t’entêter. Un chasseur sachant chasser son chat sans son chien de chasse est un bon chasseur.
Un comte comptant ses comptes, content de son comté,
raconte un conte, d’un comte con comptant des comptes mécontents, en contant un conte contant un comte con mécontent se contentant d’un compte con en mangeant son comté. Un généreux déjeuner régénérerait des généraux dégénérés. Un pâtissier qui pâtissait chez un tapissier qui tapissait, dit un jour au tapissier qui tapissait : vaut-il mieux pâtisser chez un tapissier qui tapisse ou tapisser chez un pâtissier qui pâtisse ? Un vieux chasseur sobre plein de santé, mais atteint de cécité, chaussé de souliers souillés, sans cigare, fut dans la nécessité de chasser seul, sur ces champs sis en Sicile, un sinistre chat sauvage. Il siffla ses chiens, Châtain, Satin, Chauvin et suivit son chemin. Sur son passage, six chastes chérubins siciliens, sans soucis, sans chaussures, chuchotèrent ceci : Salut, Sire chasseur, citoyen sage et plein d’âge, aux yeux chassieux, au sang chaud, sois chanceux ! Sache en ce jour serein, sans chagrin… (Julos Beaucarne) Tata, ta tarte tatin tenta Tonton ; Tonton tâta ta tarte tatin, Tata. Tonton Toto, ton thé t’a-t-il ôté ta toux ? Tout étant à tenter, Toto, pour que tout aille, ta tante et ton tonton t’ont ôté tour { tour, ta toque et ton tutu, atout de ta beauté… tant tentant son ton teint et ta tête et ta taille ! Quand un cordier cordant doit accorder sa corde, pour sa corde accorder six cordons il accorde, mais si l’un des cordons de la corde décorde, le cordon décordé fait décorder la corde, que le cordier cordant avait mal accordée.* Quand le cheval de Thomas tomba, Comment Thomas ne tomba-t-il pas ? Thomas tomba-t-il Ou ne tomba-t-il pas ?Tomba-t-il à bas ? Ou pâtit-il a tel ébat ? Que c’est crevant de voir crever une crevette sur la cravate d’un homme crevé dans une crevasse.