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Pour une enfance heureuse a une suite. Ce livre que vous avez entre
les mains le complète en abordant les situations concrètes qui
préoccupent les parents et les amènent à consulter. Durant mes
consultations hospitalières de soutien à la parentalité, j’ai pu constater
que les principales inquiétudes, au sujet de la petite enfance, se centrent
d’abord sur les repas et le sommeil, puis sur les pleurs, les colères, les
caprices et le refus d’obéir. Ensuite, lorsque l’enfant grandit, d’autres
préocupations prennent le pas. Ainsi on me dit souvent : « Il est scotché
à ses jeux vidéo », « Il ne veut pas faire ses devoirs », etc.
Les parents attendent des réponses à leurs questions. Comment me
comporter quand mon enfant ne veut pas manger, ne veut pas dormir ?
Faut-il le punir ? Est-ce que je fais bien ? Est-ce que je fais mal ? Que
dois-je faire pour qu’il se développe bien, pour qu’il soit heureux ?
Vous découvrirez dans ce livre de nombreux exemples de relations
parents-enfants. Ces situations ne sont pas inventées, même si certaines
peuvent paraître surprenantes, elles émanent de mes très nombreuses
rencontres avec les parents et leurs enfants.
Pour chaque situation concrète, je rappellerai les recherches récentes
sur l’affectivité1 de l’enfant. Ces nouvelles connaissances sur le cerveau
affectif sont une véritable révolution dans la compréhension de l’humain
et nous éclairent sur ce qui est nécessaire pour un bon développement de
l’enfant ou au contraire sur ce qui l’entrave. Avoir connaissance des
recherches en neurosciences affectives et sociales2 est essentiel,
puisqu’elles nous aident à comprendre pourquoi l’enfant a des
comportements qui déroutent souvent l’adulte et quels sont ses besoins
fondamentaux auxquels les adultes doivent répondre au mieux.
Le plus souvent, les difficultés rencontrées par les adultes avec
l’enfant sont liées à la méconnaissance de ce qu’est un enfant à tel ou tel
âge, de ses capacités à pouvoir réguler ses émotions et à se comporter
comme le voudrait l’adulte. Les conflits naissent aussi très fréquemment
de malentendus, d’incompréhensions. La relation s’envenime car
l’adulte juge, critique l’enfant, sans prendre le temps de l’écouter, d’être
en empathie avec lui, de saisir ses ressentis et ses souhaits.
Les recettes magiques n’existent pas. Chaque famille est singulière,
chaque enfant est unique. En revanche, s’interroger sur notre façon
d’être, nous, les adultes, éprouver davantage d’empathie et de
bienveillance peut apporter et changer beaucoup de choses. La plupart
des adultes, qui n’ont pas connu de telles relations lors de leur enfance,
ont de grandes difficultés à se montrer empathiques, ouverts, à l’écoute.
Néanmoins, parler, se comporter avec empathie peut s’apprendre, quels
que soient notre âge ou notre passé. Cela est fort utile, car dès que
l’adulte adopte un comportement qu’il voudrait que son enfant
reproduise (par exemple, il ne crie pas quand il demande à l’enfant de ne
pas crier), dès qu’il prend le temps nécessaire pour écouter l’enfant, le
connaître, le comprendre, dès qu’il montre une attitude aimante,
bienveillante, alors la relation se transforme, se pacifie, et jaillit le
bonheur d’être ensemble, de voir l’enfant grandir et s’épanouir.
Quand j’étais petit ma mère m’a dit que le bonheur était la clé de la vie.
Quand je suis allé à l’école, ils m’ont demandé ce que je voulais être quand je
serais grand. J’ai répondu « heureux ». Ils m’ont dit que je n’avais pas compris
la question. J’ai répondu qu’ils n’avaient pas compris la vie.
John Lennon
L’enfant est une boule de vie, d’énergie. Il se heurte bien souvent aux
adultes qui ont perdu cette étincelle. L’adulte s’énerve et rétorque : « J’ai
autre chose à faire que de m’amuser, je n’ai pas de temps à perdre ! Et
puis il faut qu’il apprenne les frustrations, on n’est pas là pour rigoler !
Je veux le préparer au monde. Moi, je suis adulte, je ne vais quand même
pas jouer comme un enfant. »
Et si au contraire l’adulte retrouvait, grâce à l’enfant, la nature
profonde de l’être humain, qui est la vie dans toutes ses dimensions, ses
multiples facettes, dont le plaisir de vivre, la joie, le rire, la légèreté,
l’émerveillement...
L’enfant est la vie, jaillissante, débordante, fantaisiste. Il chante,
danse, rit, court, joue, imagine, rêve. Il n’est pas « infantile » de partager
cette joie avec lui. Bien au contraire. La joie est contagieuse. L’adulte se
sentira alors plus humain, plus vivant, plus heureux.
Le jeu
Jouer est vital pour l’enfant
La vie est un jeu pour le petit enfant. Jouer est vital pour lui. Par le
jeu il découvre et s’approprie le monde. Quand il joue, il vit pleinement,
intensément. Il ne connaît pas le devoir, il ne vit pas en se disant : « Il
faut, je dois, il est l’heure. » Il n’a pas la notion du temps. Il ne vit que
dans le présent. Il aime prendre son temps, vivre au rythme de ce qui
l’intéresse. Alors, il se passionne, il se donne à fond, avec un immense
plaisir1.
Quand l’entourage est bienveillant, son enthousiasme, sa curiosité
pour comprendre le monde, sa créativité sont infinis. Il est épatant de
savoir que plus l’enfant éprouve de plaisir, plus il est motivé, concentré,
et plus il est ouvert à la vie. Il « absorbe » le monde environnant, il
apprend avec tous ses sens. Il répète sans se lasser un geste pour
l’apprivoiser. Il regarde, observe, contemple, écoute, touche, prend,
caresse, goûte, sent. Il s’émerveille devant les couleurs, le rythme, la
musique.
La bienveillance
La bienveillance
Être bienveillant, c’est porter sur autrui un regard aimant, compréhensif, sans jugement, en
souhaitant qu’il se sente bien et en y veillant.
Des adultes bienveillants, qui apportent leur soutien, rendent les enfants heureux,
sociables, motivés, créatifs
Il est impressionnant de réaliser que l’adulte a la clé en lui pour que l’enfant soit
heureux, sociable, apaisé, motivé et créatif.
Dès que les adultes sont chaleureux, bienveillants, soutenants, l’enfant sécrète des
molécules cérébrales (ocytocine, dopamine, endorphines, sérotonine) qui le rendent heureux,
sociable, apaisé, motivé et créatif. Son cerveau se développe favorablement. Il mémorise et
apprend mieux2.
Jouer développe le cerveau de l’enfant
Ce qui donne de la joie à l’enfant est bon pour son développement cérébral. Jouer, rire,
s’amuser, se rouler par terre, grimper, courir sont indispensables et font maturer le cerveau.
Dans ces moments-là une molécule cérébrale appelée le BDNF (Brain-Derived Neurotrophic
Factor) est sécrétée. Ce BDNF est un facteur de croissance neuronale qui intervient dans la
prolifération, la survie, la différenciation des neurones et leurs connexions et assure le bon
développement du cerveau3.
1. Panksepp 2007, Milteer 2012. (Une bibliographie complète se trouve en fin d’ouvrage.)
2. Champagne 2008, Gordon 2010, Björnsdotter 2014, Whittle 2014.
3. Gordon 2003.
L’empathie
L’empathie au quotidien
Mélanie vient me voir en consultation car les relations avec son fils
adolescent sont très conflictuelles. Elle me dit : « Je vais vous donner un
exemple. Ce matin, le réveil a été difficile. J’étais de mauvaise humeur,
mais je n’ai pas voulu y prêter attention. Toute mon enfance, on m’a dit :
“Tu dois être forte. Tu ne dois pas parler de toi.” Durant le petit déjeuner,
mon fils a été odieux. Je me suis disputée avec lui. Je suis partie de la
maison encore plus énervée. Au travail, je me suis engueulée avec ma
collègue, qui l’a bien cherché. Et ce soir, je suis totalement épuisée. Je
sens que je vais encore m’énerver avec mon fils. Aidez-moi ! »
Quand j’entends Mélanie, je constate qu’elle n’éprouve d’empathie ni
pour elle-même ni pour son entourage. Elle vit dans le brouillard sans
prendre le temps d’écouter, de comprendre ce qui se passe en elle et
autour d’elle. Elle n’est pas à l’écoute de ses émotions. Son malaise
s’accentue et retentit sur elle et ses proches.
Si elle éprouvait de l’empathie pour elle-même, elle me raconterait
autrement les événements : « Ce matin, dès le réveil, je sentais que cela
n’allait pas. La journée commençait mal, j’étais de mauvaise humeur.
J’ai pris un peu de temps pour mieux identifier mes ressentis : était-ce de
la fatigue, de l’inquiétude, de la colère ? En fait, j’ai réalisé que ma
mauvaise humeur me concernait vraiment et qu’elle avait retenti sur mon
fils. Elle venait de ce que j’avais vécu hier soir et de la perspective de la
journée qui s’annonçait. Hier soir, je me suis disputée avec mon
conjoint, et ce matin, je me sentais triste de partir au travail sans avoir pu
apaiser notre relation. Ensuite, une journée difficile m’attendait au
bureau, j’étais très anxieuse à l’idée de travailler un dossier épineux avec
ma collègue. »
Si Mélanie éprouvait de l’empathie pour son entourage, voilà ce qui
se serait passé : « Ce matin, j’étais de méchante humeur. Je sais que
l’humeur se propage et que mon compagnon et mon fils étaient
probablement inquiets, et même en colère de me voir ainsi. Je suis allée
leur parler et leur demander ce qu’ils éprouvaient. Mon compagnon m’a
répondu :
“Je suis préoccupé de te voir dans cet état-là. Est-ce à cause de notre
dispute d’hier soir ?
— Oui, je me sens bouleversée, angoissée. J’aimerais qu’on prenne
du temps pour nous retrouver et échanger.
— Oui, moi aussi je souhaite avoir un moment d’intimité avec toi.
Veux-tu qu’on dîne en tête à tête ce soir, au restaurant ?”
J’étais soulagée ! Cela m’a fait un immense plaisir. Quant à mon fils,
il m’a dit : “J’en ai vraiment marre d’avoir une mère toujours énervée,
désagréable, qui fait la tête !” Il était très en colère contre moi. Il s’est
apaisé quand je lui ai répondu que la dispute d’hier soir avec son père,
qu’il avait évidemment entendue, me rendait très triste et que nous
avions décidé de dîner ce soir en tête à tête, pour prendre le temps d’être
ensemble. J’ai ajouté que j’étais particulièrement sous tension car une
journée très difficile m’attendait au travail. J’ai vu alors son visage se
détendre. Il avait compris ce qui m’avait mise de mauvaise humeur. Il
m’a embrassée avec un grand sourire et m’a souhaité une belle journée.
Je me suis sentie soudain beaucoup mieux et je suis partie au travail
soulagée et pleine d’allant. Au bureau, j’ai trouvé ma collègue tendue,
elle aussi. On en a parlé ensemble, ce qui a allégé l’atmosphère. On a
même ri toutes les deux en se disant que cela faisait vraiment du bien de
pouvoir se parler de nos états d’âme. »
L’empathie se transmet
Chaque fois que l’enfant reçoit de l’empathie, de l’affection, il sécrète de l’ocytocine,
qui le conduit à son tour à être empathique et affectueux. L’empathie se transmet. C’est un
cercle vertueux : plus nous recevons d’empathie, plus nous avons un taux élevé d’ocytocine,
et plus nous sommes capables d’être empathiques. L’inverse est aussi vrai, moins nous
recevons d’empathie, moins nous avons d’ocytocine et moins nous sommes capables d’être
empathiques4.
1. Decety 2015.
2. Decety 2015.
3. Shamay-Tsoory 2011.
4. Eisenberg 2009, 2010 ; Feldman 2010.
5. Pour en savoir plus sur la CNV, voir p. 197.
6. Hariri 2000 ; Ledoux 2002, 2005.
7. Davidov 2013, Decety 2015.
8. Brownell 2013, Drummond 2014, Paulus 2014.
Les repas
Le rôle de l’adulte
Aider l’enfant à se connaître, à être à l’écoute de son corps,
connecté à ses sensations de faim, de satiété
Aider l’enfant à se connaître, à connaître son corps, les sensations, ses
rythmes, ses besoins qui lui sont propres, permet à l’enfant de vivre en
harmonie avec son corps, de savoir prendre soin de lui, et contribue à lui
apporter ce qui lui est nécessaire. Quand l’adulte intervient en ne
respectant ni la faim ni la satiété de l’enfant, il l’empêche d’être à
l’écoute de ses propres besoins. L’enfant est dépossédé de lui-même, de
son corps. On ne lui donne pas le temps, les moyens d’identifier ce qu’il
ressent, ce que lui dit son corps. Il ne sait plus s’il a faim, s’il est rassasié
car l’adulte lui assène : « C’est moi qui sais si tu as faim ou non, ce n’est
pas toi. » Cela peut provoquer de nombreuses perturbations, dérégler
l’horloge cérébrale de la faim, de la satiété. L’enfant ne se connaît plus,
ne sait plus écouter les sensations, les besoins de son corps. Il n’a plus
confiance en lui. Il développe une mauvaise image de lui-même :
« Maman me dit que ce n’est pas bien de ne pas avoir faim, je ne suis pas
un enfant bien. »
Faire confiance, laisser l’enfant manger à sa faim
Vis-à-vis de la nourriture, l’enfant est comme un adulte. Certains
jours, nous avons une faim de loup, d’autres jours, moins. L’appétit se
régule en fonction de nos besoins, de notre activité physique,
intellectuelle, de la température extérieure, de notre humeur, etc. Il est
très variable selon les jours, selon les repas. Accepter que son enfant
mange moins ou plus certains jours, n’ait pas faim, ou au contraire très
faim, est important pour lui. C’est une manière de respecter ses besoins
physiologiques. Le stress, l’anxiété modifient l’appétit, peuvent induire
un manque d’appétit : « J’ai l’estomac noué », ou un appétit redoublé, la
nourriture devenant alors un refuge, une consolation : « Cela me calme
de manger. »
L’équilibre de l’humain est fragile. Notre cerveau possède un
régulateur central de la faim, de la satiété, qui est un véritable
thermostat. Si des personnes extérieures viennent le perturber, des
désordres graves de la conduite alimentaire sont susceptibles de survenir
(anorexie, boulimie), avec des retentissements physiques et psychiques
importants. J’ai constaté que lorsque les parents respectent totalement
l’appétit de leur enfant depuis la naissance, le laissent manger la quantité
qu’il désire, sans intervenir, sans faire de commentaires, sans jamais le
forcer ni le restreindre, l’enfant a un poids idéal, ne présente ni obésité ni
maigreur. L’enfant sait spontanément de quelles quantités de nourriture il
a besoin. Et s’il mange moins à un repas, il mangera plus au repas
suivant. Faisons-lui confiance.
Se mettre à la place de son enfant. Accueillir ses émotions, les
sentir, les comprendre
Il est donc crucial de se poser la question suivante : « Que ressent
mon enfant lors des repas ? » Sentir, comprendre ses émotions, l’aider à
se connecter à ses propres sensations, lui faire confiance sont les
premiers pas pour construire une relation de qualité. Mais le chemin pour
améliorer cette relation demande de revoir certaines de nos habitudes.
Les jugements, les étiquettes sont à bannir
Dans une relation quotidienne, bien souvent, on ne cherche pas à
comprendre la personne qui vit avec nous, on lui colle des étiquettes, on
porte des jugements péremptoires : « Qu’est-ce qu’il est odieux, c’est un
vrai tyran ! Il est insupportable, invivable, ingérable. » C’est définitif,
cela dévalorise, humilie l’autre, empêche de penser, de réfléchir, et
instaure des rapports de force, d’humiliation délétères et inutiles. « C’est
moi qui ai raison et c’est lui qui a tort. Je suis donc dans mon bon droit
pour le faire changer et moi je reste comme je suis ! »
Cette façon d’être, cette position de force, « C’est moi qui
ai raison ! », bloque la relation, ferme la discussion, mène à des impasses
et à des conflits inutiles. Comme le dit Marshall Rosenberg, fondateur de
la « communication non violente (ou CNV) : « Préfères-tu avoir raison
ou être heureux ? Tu ne peux pas avoir les deux ! » Pour être heureux
dans une relation humaine, il est indispensable de comprendre les
émotions, les sentiments, les intentions de l’autre, sans le juger ni lui
mettre des étiquettes.
Donner des ordres n’est pas une solution
Les êtres humains, quel que soit leur âge, n’apprécient pas les ordres.
Quand une personne va bien, elle ne supporte pas les ordres, les
exigences. Et pourquoi ? Quand on exige, commande, donne des ordres,
on domine l’autre, on le soumet. L’autre n’a pas droit à la parole. On
restreint sa liberté. Or la dignité de l’être humain, son désir le plus
profond, est de pouvoir s’exprimer, de se sentir libre, de faire des choix.
« Mais comment faire avec l’enfant puisqu’il faut l’éduquer, lui montrer
ce qui est “bien” ? »
L’idéal est d’être avec l’enfant comme nous souhaiterions qu’il soit
avec nous. Nous n’aimons pas recevoir des ordres, lui non plus. Si nous
lui donnons des ordres, soit il va se soumettre, s’inhiber et une partie de
lui va s’éteindre, soit il va nous imiter. Il donnera des ordres à ses
parents, à ses frères et sœurs, à ses copains de classe. Voulons-nous un
enfant qui instaure des rapports de domination avec les autres, les
commande, ou un enfant sociable qui sait tisser des liens, coopère,
comprend les autres ?
Très souvent, j’entends : « Vous savez, il est vraiment arrogant,
provocant, autoritaire, agressif, c’est un vrai tyran ! » Mais il se
comporte comme ses parents et les adultes le traitent ! Les adultes sont
avant tout un modèle pour l’enfant.
Les menaces, les cris, les punitions, les humiliations verbales, physiques n’éduquent pas
l’enfant,
elles sont très nocives pour son cerveau
Les punitions comme : « Puisque tu ne veux pas manger tes épinards, tu vas au coin, tu
es privé de dessert », les fessées, les gifles, et même les cris répétés, les humiliations
verbales, les mots durs : « Tu as vraiment un sale caractère ! Tu es capricieux, nul, infernal,
ingérable, tu es insupportable », les menaces : « Attention, je compte jusqu’à trois et tu
manges sinon tu vas voir ! », toutes ces violences répétées régulièrement perturbent en
profondeur le cerveau et peuvent conduire à de véritables troubles du comportement chez
l’enfant : agressivité, anxiété, dépression. Plus tard, l’adolescent et l’adulte peuvent
développer divers comportements à risque, de la violence, des addictions à l’alcool, aux
drogues, faire des tentatives de suicide3.
L’enfant imite l’adulte par l’intermédiaire des neurones miroirs4, ces cellules cérébrales
qui servent à imiter les gestes, les actions d’autrui. Les adultes sont des modèles. Si un adulte
donne des ordres, crie, menace, fait les gros yeux, tape, l’enfant apprend à faire de même. Il
se conduira comme l’adulte, en entretenant des rapports de force avec les autres5.
• Il existe des gros, des moyens et des petits dormeurs, des couche-tard et des lève-
tôt
Les besoins de sommeil sont individuels. Les couche-tard sont en
pleine forme le soir, mais le matin, quand ils doivent se lever tôt, leur
réveil est difficile et leur humeur est souvent maussade. Ils ont besoin de
temps pour se mettre en route et ont envie d’être tranquilles pendant le
petit déjeuner. Les lève-tôt, dès le matin, débordent d’énergie, se sentent
joyeux, pleins d’allant, prêts à franchir tous les obstacles, et s’écroulent
de fatigue le soir.
Un des rôles passionnants des parents est d’observer, de découvrir qui
est leur enfant dans toutes ses dimensions physiologiques, affectives,
intellectuelles. Mon enfant est-il un gros, moyen, petit dormeur ? Est-il
un couche-tôt, un couche-tard ? Imaginez... Votre enfant est un petit
dormeur. Il a besoin de dormir un peu moins que les autres et on le force
à rester dans le noir pendant des heures, alors qu’il ne dort pas. Il
s’ennuie, ressasse des idées ou des peurs...
Il faut aider l’enfant à sentir, à reconnaître s’il est fatigué, s’il a
besoin de dormir, en n’associant jamais le besoin de dormir à une
exclusion, une punition : « Je n’en peux plus. Tu es infernal, va te
coucher. » Sans quoi le moment du coucher devient un moment très
désagréable, d’isolement, l’enfant sent que les parents ont envie de se
débarrasser de lui « pour être enfin tranquilles ! » et va résister de plus
en plus en prenant le sommeil en grippe.
Chaque enfant a ses propres besoins de sommeil, l’idéal est de les
respecter. Le moment du coucher, quand on peut aller dormir à l’heure
souhaitée, est un moment très agréable où l’on répond au besoin
physiologique de se reposer. On est en accord avec son corps, avec soi.
C’est une véritable satisfaction.
Matéo, 5 ans, est un couche-tard
Matéo est un enfant plein de vie, pétillant, sociable. En revanche, les
parents galèrent avec lui le soir. Ils se battent pour qu’il se couche tôt.
Usés par les conflits qui prennent de plus en plus d’ampleur au moment
du coucher, ils consultent et réalisent alors que leur enfant est
physiologiquement un petit dormeur et un couche-tard. Depuis, ils
n’obligent plus Matéo à éteindre sa lumière à 21 heures. Ils le laissent
regarder des livres, jouer tranquillement et éteindre lui-même sa lumière
quand il sent le sommeil arriver. Les soirées sont beaucoup plus paisibles
et Matéo se sent compris par ses parents, en sécurité.
Camille, 4 ans, est une grosse dormeuse
Camille, elle, s’endort dès 20 heures et a besoin d’au moins douze
heures de sommeil pour être en forme. Ce n’est pas toujours simple.
Quand ses parents rentrent tard de leur journée de travail, elle pique du
nez dans son assiette et ne mange plus. Dès qu’elle est trop fatiguée, elle
chouine, elle s’énerve. Après une période de tâtonnement, les parents
comprennent que leur fille est une grosse dormeuse. Ils modifient leur
organisation. Maintenant, Camille mange tôt et gagne avec un grand
bonheur son lit dès 20 heures. À l’opposé, son frère est un petit dormeur
et se couche plus tard.
Les rapports de force entraînent un stress très nuisible pour le cerveau de l’enfant et
empêchent
son bon développement
Les rapports de force, le stress sont nocifs pour le développement du cerveau de l’enfant
et provoquent de véritables troubles du comportement : agressivité, anxiété, dépression, tout
l’inverse de ce qui est souhaité par les adultes.
Au contraire quand les adultes sont compréhensifs, bienveillants, empathiques avec
l’enfant, l’aident à exprimer ses émotions, ses sentiments, l’écoutent, ils font maturer
progressivement la partie du cerveau qui va lui permettre d’être plus « raisonnable » (les
lobes frontaux, le cortex orbito-frontal ou COF) et les circuits neuronaux reliant le cortex
préfrontal et les cerveaux archaïque et émotionnel. L’inverse est vrai : une attitude
autoritaire, dure, rigide freine le développement de ces structures et réseaux cérébraux1.
Le sentiment d’exclusion
est une très grande souffrance
Quand l’enfant entend : « Il est l’heure de se coucher, va dans ta chambre », alors qu’il
n’a pas du tout sommeil et que la famille est réunie dans le salon, il peut se sentir exclu du
cercle familial. Quand nous sommes rejetés, isolés de force, une structure cérébrale appelée
le « cortex cingulaire antérieur » s’active et produit un sentiment de très grande souffrance.
Le rejet ou la peur d’être rejeté est l’une des principales causes de détresse chez l’humain2.
Que faire ?
Comprendre son enfant, se mettre à sa place.
Mon enfant a-t-il des difficultés pour s’endormir car :
• il a eu une journée trop chargée, difficile, stressante ?
• à la maison, l’ambiance est à l’agitation, à l’excitation. Il lui faut alors du temps pour
retrouver son calme. Il aurait besoin d’un moment où le parent n’est là que pour lui, sans « rien
faire d’autre», en partageant juste le plaisir d’être ensemble ;
• les parents sont rentrés tard du travail et il a besoin d’un temps pour les retrouver ;
• il a des peurs : peur du noir, du loup, des monstres, des sorcières ?
• il est plutôt un couche-tard, n’a pas sommeil et se coucher une heure plus tard serait peut-être
mieux pour lui ?
• son heure idéale pour s’endormir est passée. Il est trop excité et énervé pour trouver le
sommeil tranquillement ?
attitude que : « Oui, c’est bien cela que je ressens, je suis triste,
inquiet, j’ai faim, j’ai mal, etc. » Il se sentira compris, en confiance
avec vous et s’apaisera.
Plus nous nommons ses émotions, plus l’enfant va se connaître, puis
découvrir que les autres éprouvent, eux aussi, des émotions, des besoins,
ce qui renforce la sociabilité naturelle qui existe chez tout être humain
dès la naissance. L’enfant va alors manifester davantage de
comportements d’entraide, de coopération1.
« C’est pas grave »
Samuel, 17 mois, est très fier de marcher. Mais le monde est plein
d’embûches, il se cogne au coin de la table, il tente de monter l’escalier
et chute, il veut à tout prix courir, glisse sur un jouet et tombe. Bref, il se
fait mal tout le long de la journée, il a des « bleus », des blessures qui
saignent, des « bosses ». Il pleure et l’adulte, croyant bien faire, lui
répète : « C’est pas grave, c’est rien. Arrête de pleurer. » L’adulte veut
qu’il soit fort, courageux, mais il l’empêche de se connecter avec son
corps, ses sensations. Si l’adulte dit : « Oui, tu t’es fait mal, veux-tu un
câlin ? », il lui transmet qu’être attentif aux souffrances de l’autre, même
si elles ne sont pas très importantes, fait réellement partie de notre
humanité.
Grâce à la bienveillance,
l’enfant va progressivement gérer ses émotions
Le stress intense vécu par un tout-petit peut altérer des circuits neuronaux essentiels pour
son bon développement. Ces circuits qui vont du cortex préfrontal à l’amygdale sont
fondamentaux pour que progressivement l’enfant puisse réguler ses émotions et son
comportement, ne pas être dans l’agressivité, dans l’opposition permanente. Au contraire,
une présence affectueuse, empathique participe à la maturation de ces circuits et permet à
l’enfant de gérer ses émotions petit à petit. Si l’enfant est entouré d’adultes empathiques,
soutenants, bienveillants, vers 5-7 ans il contrôlera mieux ses émotions et n’agressera pas les
autres, verbalement ou physiquement4.
Circuits cérébraux.
Oui, un petit demande beaucoup d’attention, de présence, d’affection.
Oui, les pleurs peuvent être difficiles, parfois très difficiles, à supporter.
Les parents peuvent être fatigués, en avoir marre, disjoncter, mais au
XXIe siècle, nous ne pouvons plus ignorer que l’attitude des adultes
impacte directement le développement du cerveau de l’enfant.
Les pleurs des bébés sont la première cause
de maltraitance
Les bébés pleurent. Cette réalité incontournable n’est pas toujours
acceptée ni comprise. Un certain nombre de parents excédés, épuisés,
stressés par ces pleurs veulent à tout prix qu’ils cessent. Ils ne supportent
plus cet enfant qui crie. Quelques-uns violentent l’enfant : cris, insultes,
gestes d’énervement, gestes violents. Les pleurs sont la première cause
de maltraitance de l’enfant.
En France, deux enfants meurent chaque jour sous la violence des
adultes. C’est donc un problème immense. Pouvoir parler des pleurs,
tranquillement, sans tabou, connaître et comprendre leurs causes,
pouvoir dire combien cela peut être insupportable permettraient
probablement que certains adultes soient plus compréhensifs vis-à-vis de
leur enfant et osent demander de l’aide sans culpabilité quand ils sentent
qu’ils atteignent leurs limites. Il est indispensable d’être épaulé quand on
commence à avoir des paroles, des gestes violents. Les parents stressés
par les pleurs de leur enfant ont très souvent vécu des enfances difficiles.
En effet, les humiliations verbales, physiques, la négligence durant
l’enfance freinent le développement de tous les systèmes biologiques,
cérébraux permettant de faire face au stress. Une fois adultes, les pleurs
de leur enfant sont alors vécus comme un stress insurmontable entraînant
des gestes que les parents ne parviennent pas à contrôler.
Il est très facile d’avoir un enfant « sage »
qui ne pleure pas
La mère d’Adrien, 2 mois : « Moi, j’ai appliqué les conseils de mes
parents. Dès le retour de la maternité, je l’ai laissé pleurer la nuit et au
bout de quatre nuits, il ne pleurait plus. On était tranquilles, on a pu
dormir. J’ai fait la même chose pour la journée. Je l’ai laissé dans son
berceau, il faut qu’il soit au calme et qu’il dorme et je l’ai laissé pleurer.
Cela a demandé huit jours, j’ai tenu bon et maintenant j’ai un enfant
sage, qui dort beaucoup, je ne l’entends plus. Il pleure juste pour
réclamer à manger. » Adrien a un visage peu expressif, il sourit peu,
babille peu. Il s’est déconnecté de ses émotions. Ses parents sont
contents, ils sont tranquilles...
Il est très facile d’avoir un enfant sage. Il suffit dès tout petit de ne
pas l’écouter, de ne pas l’entendre, de ne pas répondre à ses demandes.
L’enfant saisit très vite que ce n’est plus la peine d’appeler, car personne
ne vient. Il refoule ses émotions, une partie de lui s’éteint. Il ne saura
plus qui il est, quels sont ses besoins et ne demandera plus rien. En
grandissant, ses parents auront des difficultés à connaître cet enfant qui
s’exprime si peu.
Par contre, quand les parents écoutent leur enfant, l’autorisent à
exprimer ses émotions, ses besoins, l’enfant sera « plus difficile » les
premiers temps car il manifestera ses émotions : ses peurs, ses tristesses,
ses angoisses, ses colères. Il ne les refoulera pas. Mais il saura affirmer
aussi son bonheur de vivre, son émerveillement, sa gaieté, sa curiosité. Il
sera plein de vie et emplira la maison de sa présence joyeuse. Au fil des
années, les parents auront beaucoup plus de facilité et de bonheur à
élever cet enfant épanoui, confiant, qui exprime ce qu’il est, ses besoins,
ses souhaits et avec qui un dialogue pourra s’établir quand il rencontrera
des questionnements ou des difficultés.
Mon entourage me dit de ne pas prendre
mon bébé dans les bras
La mère d’Akiho : « Je ne sais plus quoi faire. Mon entourage
n’arrête pas de me dire qu’il faut absolument que je ne prenne plus mon
bébé dans les bras, que si je lui cède tout, il va devenir de plus en plus
capricieux, il ne sera jamais autonome, je serai son esclave. J’en fais des
cauchemars la nuit. Je suis déstabilisée, tiraillée. Je sais que mon enfant
a besoin de moi, de ma douceur, de mon affection. Je le sens encore tout
petit, fragile. J’ai envie de le câliner, de l’avoir dans mes bras. Ma mère
nous a beaucoup dorlotés mes frères et moi, nous avons été souvent dans
ses bras. Cela me paraît normal d’agir ainsi avec mon fils. Quand
j’interroge les personnes qui me disent de ne pas me préoccuper de ses
pleurs, elles me répliquent que leurs parents les ont élevées à la dure
pour qu’elles s’habituent à la dureté du monde, aux frustrations et qu’on
doit élever les enfants de cette manière-là. Il faut leur apprendre la
frustration.
« Et si élever les enfants dans la douceur, dans l’affection, dans
l’empathie rendait les humains plus pacifiques et plus aimants et
transformait le monde ? Faut-il endurcir nos enfants pour qu’eux-mêmes
deviennent inflexibles, insensibles et s’adaptent à un monde belliqueux
et impitoyable ? »
L’enfant a besoin d’amour, de protection,
de proximité, de présence
Le petit de l’homme confronte l’adulte a une réalité souvent déniée
car dérangeante : l’être humain naît très vulnérable et très immature, sa
survie et son développement dépendent du bon vouloir des adultes. Or le
petit enfant ne bénéficie pas toujours de cette présence affectueuse qui
lui est nécessaire. Certains adultes aimeraient passer plus de temps avec
leur enfant, mais sont contraints de travailler pour des raisons
financières. D’autres ont le choix d’aménager leur temps de travail, mais
se sentent contrariés dans leur ambition personnelle et leur carrière,
tiraillés entre leur désir légitime d’épanouissement personnel et leur rôle
de parents.
Consoler, rassurer ne donnent pas
de mauvaises habitudes
Avoir besoin d’être rassuré, consolé, n’est pas un caprice, ne donne
pas de mauvaises habitudes. C’est un besoin vital indispensable pour un
tout-petit qui s’apaise, se ressource pour repartir ensuite à la découverte
du monde. L’amour puisé dans ces moments-là donne de la force, de
l’élan, du plaisir et du bonheur à vivre. L’amour rend libre, entreprenant,
créatif. C’est un socle de sécurité sur lequel l’enfant se construit,
s’épanouit. Un être humain qui cherche du réconfort, de l’affection,
devrait pouvoir trouver des bras accueillants quel que soit son âge. Il n’y
a pas un âge auquel il ne faut plus répondre aux pleurs et aux demandes
d’affection.
L’amour quel que soit l’âge est nourrissant et libérateur
Quand la mère, le père ont reçu dans leur enfance de l’affection de la
part de leurs parents ou d’autres adultes, cette faculté d’aimer, présente
chez eux, se reporte naturellement sur leur conjoint et sur leur enfant.
L’amour est nourrissant et libérateur à tout âge. L’amour écoute,
respecte, donne confiance, croit en l’autre, le rend libre.
Quand l’enfant reçoit de l’amour, du réconfort, de la compréhension
lorsqu’il est en détresse, c’est une source inestimable de joie, de force,
de confiance dans laquelle il pourra puiser lors des épreuves. L’amour
reçu dans notre enfance est le premier facteur qui permet de résilier,
c’est-à-dire de surmonter les difficultés de la vie. Aimer son enfant quel
que soit son âge est toujours bénéfique. On n’aime jamais trop son
enfant !
La confusion entre amour, possession et fusion
Qu’est-ce qu’aimer véritablement ? Vaste question qui gardera
toujours une part de mystère et c’est très bien ainsi. Mais nous pouvons,
malgré tout, tenter de cerner un peu mieux ce que signifie « aimer ».
Que ressentons-nous quand nous aimons ? Nous éprouvons du
bonheur, de la joie, de la sérénité en présence de l’être aimé, enfant,
conjoint, ami. Sa présence nous remplit, nous fait du bien, nous apaise,
nous donne confiance, nous rend heureux de vivre. Quand cette personne
est absente, loin de nous, penser à elle nous réconforte.
Que souhaitons-nous pour la personne aimée ? Nous désirons qu’elle
soit heureuse, s’épanouisse, suive son chemin. Aimer est donc le
contraire de la possession et de la fusion qui empêchent l’autre d’être lui-
même. La possession traite l’autre comme un objet, ne le laisse pas libre.
La fusion, elle, ne permet pas de faire la différence entre soi et l’autre.
L’amour est tout l’inverse. Aimer une personne, c’est l’aimer pour ce
qu’elle est, inconditionnellement, avec ses ombres et ses lumières. C’est
la comprendre, ne pas la juger, lui donner confiance, la traiter en sujet,
en être libre, différent de soi.
L’amour est vivant et se manifeste par des paroles, des gestes
d’affection qui respectent l’autre et lui laissent sa liberté d’être. Les
manifestations d’affection respectent le souhait de l’autre. L’enfant vient
chercher ces moments de tendresse chez l’adulte aimant, il grimpe sur
ses genoux, se love dans ses bras, et bien vite, réconforté, repart vers ses
jeux. L’adulte le laisse libre de venir et repartir à son rythme. Un certain
nombre de personnes sont perturbées, troublées et même agacées en
voyant des parents donner de l’amour à leur enfant et disent : « Arrête de
le prendre dans les bras, de le couver, tu es trop fusionnelle ! » Ces
personnes, le plus souvent, n’ont pas reçu d’amour et n’imaginent pas
que l’amour véritable, respectueux, existe. Au fond d’elles, sans se
l’avouer, elles envient cet enfant.
Certains adultes ont des craintes : « Je veux qu’il soit fort. La vie est
dure ! Si je lui fais trop de câlins, il ne sera jamais autonome, il va être
tout le temps accroché à moi, je vais en faire une mauviette ! » Au
contraire, c’est le manque d’affection qui donne des enfants dépendants,
en manque, agrippés à leurs parents en quête d’un peu d’amour,
d’attention, de présence. Par contre, quand les adultes ont une attitude
possessive, intrusive vis-à-vis de l’enfant, ils l’inhibent, l’étouffent, le
rendent dépendant, mais cette façon d’être n’est pas du tout de l’amour,
c’est tout l’opposé.
Quand la relation est dominatrice, intrusive, exclusive, qu’elle étouffe
l’autre, qu’elle ne le comprend pas, qu’elle le juge, le critique, ne le
laisse pas libre, ce n’est pas de l’amour.
« Ma mère m’a toujours dit qu’elle m’aimait. Elle voulait toujours
que je reste avec elle. J’étouffais avec elle, elle ne me laissait pas vivre,
je n’étais pas libre. Je réalise maintenant que son enfance a été très
malheureuse et qu’en fait elle n’a jamais été aimée. Elle était en très
grand manque d’affection. Ce qu’elle prenait pour de l’amour n’en était
pas. Elle se consolait avec moi, j’étais son doudou, sa chose qu’elle
voulait posséder ! Elle ne m’aimait pas pour ce que j’étais. »
Les moments de câlins, d’échange avec l’enfant
apportent du bien-être à l’enfant...
mais aussi aux adultes
Chez le tout-petit, durant les premiers mois, plus les parents donnent
de l’affection à leur enfant, plus il est serein, calme, éveillé, et plus
l’enfant donne en retour du bonheur à ses parents. Ces moments de
câlins avec l’enfant, où toute l’attention affective est tournée vers lui, où
l’on partage des paroles, des sourires, des jeux, apaisent aussi les
parents. Ils se ressourcent, ils sont plus patients, s’énervent moins et
supportent mieux les pleurs. Le tout-petit aime la musique. Entendre
chanter le ravit. Il est captivé par ce qui est lumineux, brillant, par les
couleurs vives, contrastées. Tout cela participe à son éveil, mais s’il est
laissé seul face à ces découvertes, il lui manque l’essentiel. Rien ne
remplace, dans ces instants-là, l’échange tendre avec un humain auquel il
répond par des sourires, des gazouillis et des vocalises.
Pourquoi se priver de câlins avec son enfant ?
Prendre le temps de câliner son enfant, de l’avoir dans les bras, de lui
donner de l’affection, donne du plaisir et du bien-être aussi bien à
l’enfant qu’aux parents. De plus, il permet à l’enfant de bien se
développer. S’allonger et poser l’enfant sur soi est un vrai bonheur :
odeur, chaleur, contact, douceur se mêlent. Rien n’est plus doux que le
giron d’une mère qui vient d’accoucher, mais le ventre du père est aussi
très agréable. L’essentiel est d’être calme et disponible pour ce moment-
là. Si la somnolence nous guette, mieux vaut s’allonger au milieu d’un
grand lit pour éviter les risques de chute de l’enfant. Cela n’empêche pas
de partager un moment d’intimité et de plaisir qui crée un lien d’amour
et de confiance.
Le « peau à peau »
Le peau à peau est un moment de contact intime, privilégié, entre le
bébé et ses parents. Le bébé nu blotti contre la peau de sa mère ou de son
père vit un véritable échange d’affection, de sensations, de chaleur.
Le système nerveux végétatif.
Le peau à peau agit sur le système nerveux parasympathique5, axe qui comme nous
l’avons déjà vu nous apporte un meilleur équilibre émotionnel, favorise la faculté de penser
et de se concentrer. Le cœur et la respiration ralentissent, la tension diminue. Les défenses
immunitaires augmentent et la digestion est stimulée.
Le portage
Beaucoup d’enfants une fois portés ne pleurent plus. Le portage, quel
qu’il soit (porte-bébé, écharpe ou autre), peut être très agréable et
bénéfique pour l’enfant et ses parents. Mais il ne remplacera jamais les
moments d’échange où les parents prennent le temps d’être totalement
présents à leur enfant, ni les moments de peau à peau.
Le portage est très à la mode. Mais je me suis aperçue qu’il ne
convient pas à tous les parents ni à tous les enfants. Il peut être très utile
car il apaise certains enfants, mais d’autres ne supportent pas la position
ou manifestent le désir de se sentir libres de leurs mouvements. L’enfant
a vraiment besoin que l’adulte tienne compte de ce qu’il exprime. Ce qui
plaît à l’adulte n’est pas nécessairement ce qui convient à l’enfant.
L’adulte attentif à son enfant lui demande son avis, comprend quand il
manifeste le désir de changer de position, de bouger, d’être porté
autrement.
Certains parents apprécient beaucoup le portage, ils aiment ce contact
avec leur enfant et, de plus, leurs deux mains libres leur permettent de
vaquer à leurs occupations. D’autres parents ont mal au dos, trouvent
cela inconfortable et préfèrent la poussette. À chaque parent de trouver
ce qui convient le mieux à lui et à son enfant.
Les massages
Les massages sont également très à la mode... Ils ne sont pas « bons »
en soi. Être massé peut être fort agréable, mais parfois très pénible quel
que soit l’âge.
L’essentiel est que la personne massée vive ce qui est bon pour elle.
La personne qui masse doit tenir compte de ce qu’exprime celui qui est
massé, même si c’est un bébé. Toujours lui demander si le massage lui
convient. Est-ce le bon moment pour lui, la bonne façon ? Les gestes
sont-ils tendres, respectueux ? Est-il d’accord avec la durée ? N’est-ce
pas trop long ? Le tout-petit vous répondra par ses mimiques, ses
expressions faciales, son regard, ses gestes, et le plus grand vous le dira
en paroles s’il a été autorisé dès tout petit à exprimer ce qu’il ressent.
Le piège dans lequel il vaut mieux ne pas tomber :
pleurs et allaitement
Eliot est en permanence au sein, et ses pleurs incessants inquiètent et
épuisent Fabienne, sa mère. « Je n’en peux plus. Je craque, je m’énerve,
je n’ai plus de temps ni pour moi, ni pour mon compagnon. On se
dispute beaucoup en ce moment. J’ai envie d’envoyer tout promener !
On m’a dit : l’allaitement, c’est à la demande. Donc quand il pleure, je
lui donne à manger et il pleure tout le temps ! »
Au moindre pleur, Fabienne le met au sein. Elle se soumet à ce
qu’elle a entendu dire : « l’allaitement à la demande ». Elle n’est
connectée ni à son propre ressenti ni à celui de son enfant, ce qui
l’empêche de le comprendre ! Car que signifie « l’allaitement à la
demande » ? Quelle demande ? Les demandes, les besoins de l’enfant
sont pluriels.
« Que ressentez-vous quand il pleure ? » Quand Fabienne s’autorise à
sentir par elle-même, elle est alors tout à fait capable de dire : « Parfois il
a mal au ventre, parfois il veut juste un câlin, ou bien il est fatigué,
cherche son sommeil, parfois il est énervé. » Elle sait au fond d’elle-
même quels sont les vrais besoins de son enfant et qu’en fait, il n’a pas
besoin de manger en permanence.
« Je le mets au sein chaque fois qu’il pleure parce qu’on m’a dit de le
mettre à la demande, et puis il tête quand je le mets au sein ! » Un
dialogue se noue entre elle et moi : « Ne pensez-vous pas que vous lui
donnez l’habitude de manger alors qu’il n’a pas faim, juste pour calmer
un besoin de câlin, un énervement, une fatigue, un mal de ventre, une
angoisse ? Dans toutes ces circonstances, si vous lui présentez le sein, il
va téter sans avoir faim, uniquement pour le plaisir, pour se rassurer car
téter le calme. Le ressenti de ses émotions et de ses besoins devient alors
très confus, il ne sait plus s’il a faim ou non. C’est un véritable piège
pour lui et pour vous, car plus il tète, plus il a mal au ventre, et donc plus
il va pleurer... de douleur, car trop manger donne mal au ventre. C’est un
cercle infernal ! Savez-vous quand ses pleurs sont des pleurs de faim ?
— En fait, en vous écoutant, je viens de réaliser que je le mets au sein
quels que soient ses pleurs. Je réponds à tous ses besoins d’affection, de
repos, de calme, d’apaisement en lui donnant à manger. Je suis en train
de le gaver et de le conditionner avec la nourriture. Quand il sera plus
grand, dès qu’il ressentira une frustration, une angoisse, un besoin
d’affection, il compensera en mangeant. Je ne veux pas de cela. J’ai
compris. En ce moment, je ne m’interroge pas sur l’origine de ses pleurs.
Quand il pleure, je le mets au sein automatiquement mais c’est comme si
je lui disais : “Tais-toi et mange !” Car pendant qu’il est au sein, je suis
enfin tranquille, il ne pleure plus ! Maintenant je serai attentive et je lui
donnerai le sein quand ses pleurs seront des pleurs de faim, et quand il
aura besoin d’affection je le câlinerai, mais sans lui donner à manger. »
Le premier mois, s’assurer de la prise de poids de l’enfant est
indispensable, car la crainte principale de la mère allaitante est de ne pas
avoir assez de lait, expliquant en partie les mises au sein si fréquentes.
Tant que la mère n’est pas sûre que son enfant grossit, elle le met au sein
sans arrêt, au moindre pleur. Louer une balance, le premier mois, peser
l’enfant tous les deux ou trois jours, est un excellent moyen pour la mère
de prendre confiance en elle, en voyant son enfant grossir ! Elle peut
alors écouter sereinement les raisons des pleurs de son enfant, au lieu
d’assimiler pleurs et faim. Et lui faire confiance à la femme la soutient
dans son rôle et ses capacités de mère. Elle peut elle-même le peser et,
quand l’enfant grossit, adapter la mise au sein en fonction de la prise de
poids. Par contre, si l’enfant ne grossit pas, s’il y a la moindre
inquiétude, la consultation avec un professionnel est indispensable.
Donner confiance aux parents dans leur possibilité de prendre en charge
leur enfant, ne pas les déposséder de cette aptitude, est primordial dans
l’accompagnement des parents. Oui, ils sont capables d’être parents !
Le sourire de l’enfant est un rayon de soleil
qui permet de supporter bien des pleurs
Quand l’enfant sourit à ses parents, supporter ses pleurs devient plus
facile. Ces moments de bonheur passés avec lui effaceront une partie de
la fatigue occasionnée par les pleurs.
Le nouveau-né voit, mais seulement à une distance de 40-50 cm. Son
regard erre, ses yeux bougent de droite à gauche. Il est capable de fixer
quelque chose mais son attention est courte. L’enfant peut sourire
rapidement après la naissance, contrairement aux idées reçues, si l’adulte
prend le temps d’être pleinement présent, disponible, heureux d’être
avec lui et de lui faire sentir son affection. Il se met à une distance de 40-
50 cm (trop près pourrait lui faire peur), capte son regard, lui parle d’une
voix douce. L’enfant peut ainsi lui répondre et sourire. Il ne sourit pas
obligatoirement à chaque sollicitation. Il répond s’il est lui-même
disponible. Il sourit alors réellement à ses parents. Ce n’est pas le sourire
de satisfaction, de bien-être que l’enfant peut manifester quand il est
dans les bras, termine un repas, s’endort, mais un vrai « sourire-
réponse » à ses parents. Le bonheur pétille dans les yeux de l’enfant si
avide de relation. Surgissent la joie, la fierté d’être en lien avec l’enfant
et la relation se transforme, elle est source de bonheur. Parents et enfant
se parlent, échangent, et l’affection, l’attachement grandissent.
Sourire à son enfant fait jaillir en lui
le bonheur d’exister, d’échanger
Les primates peuvent avoir des « rictus », assimilés à des sourires. Ils
sont de mon point de vue peu comparables au sourire humain qui
illumine et modifie pleinement l’expression du visage. Chez l’enfant, le
sourire échangé est essentiel pour lui, il l’humanise réellement. C’est
comme si, à ce moment précis, le bonheur de vivre jaillissait dans la joie
d’échanger. Dès tout petit, on constate que l’être humain est fait pour
l’échange, et pour l’échange avec une personne bienveillante, aimante.
Quand on ne prend pas le temps de se poser, de capter leur regard, de
leur sourire, certains enfants développent vers 2-3 mois des attitudes de
repli, de tristesse, comme si vivre ne les intéressait pas, ne procurait pas
de plaisir, car ils ne connaissent pas d’échange dans la joie partagée. La
vie s’éteint en eux. Et on voit leurs yeux s’agiter de droite à gauche
comme s’ils cherchaient enfin un regard humain où se reposer, premier
signe probable chez l’enfant d’agitation, de manque de concentration
avec progressivement d’autres symptômes dont le fameux « syndrome
d’hyperactivité », terme souvent utilisé de façon inappropriée car, bien
que l’hyperactivité soit présente, c’est le manque d’attention de l’enfant
pour autrui qui est au premier plan. Il n’arrive pas à nouer des relations
affectives, n’en ayant pas vécu lui-même. Si aucun humain ne fait
attention à lui, ne prend le temps de capter son regard et d’échanger
affectueusement, le cercle vicieux commence, et lui, l’enfant, en retour,
ne sera pas attentif à autrui. Quand les adultes ne savent pas parler,
sourire, câliner, jouer, rire de façon affectueuse, ils se retrouvent avec un
enfant qui ne leur donne pas de plaisir à être avec lui. Cet enfant-là, qui
ne procure pas de bonheur à l’adulte, aura souvent tendance à être de
plus en plus négligé et délaissé par son entourage.
Toutes ces connaissances récentes font prendre conscience de
l’importance de la toute petite enfance dans le développement de
l’humain et amènent les parents à se poser cette question : « Mais à qui
vais-je pouvoir confier mon enfant ? » La réponse n’est pas simple.
Le congé parental
Avant d’aborder le mode d’accueil, je souhaite aborder la question du
congé parental en France. Les familles ont-elles le choix entre garder
elles-mêmes leur enfant, et donc prendre un congé parental, ou le
confier ? Ce sujet est important car il creuse les inégalités entre les
familles. Celles qui sont aisées peuvent faire un véritable choix entre
élever elles-mêmes leur enfant ou le confier. Mais les familles à faibles
revenus sont confrontées à des difficultés financières. Elles sont souvent
obligées de reprendre le travail, la rémunération du congé parental étant
insuffisante. Elles n’ont pas le choix. Il est très dommageable que ces
parents qui aimeraient s’occuper eux-mêmes de leur enfant ne puissent le
faire faute de moyens financiers.
Il est essentiel que les parents puissent réellement choisir. Pour cela, il
serait souhaitable d’avoir un congé parental bien rémunéré comme dans
les pays d’Europe du Nord, partagé entre les deux parents. Investir dans
la petite enfance est d’une importance capitale pour le devenir d’une
société.
En résumé
Que faire ?
Quand l’enfant a des gestes agressifs :
L’arrêter, mais avec douceur.
1. Gee 2014.
2. Björnsdotter 2014, Kida 2014, Michalska 2014, Decety 2015, Hanson 2015.
3. Brownell 2013, Ornaghi 2014.
Je ne vais quand même pas céder
à tous ses caprices ?
En dehors des colères, les parents sont souvent très inquiets et agacés
par les fameux « caprices ».
Quand le parent pose cette question : « Je ne vais quand même pas
céder à tous ses caprices ? », celle-ci témoigne de sa peur d’être débordé
par l’enfant et de ne plus pouvoir le « maîtriser ». « Si je cède, que va-t-il
arriver ? » Dans l’imaginaire de l’adulte, l’enfant serait plus fort que lui
et pourrait le commander. Or, nous l’avons vu, l’enfant est très fragile,
malléable, immature. Il a besoin d’un adulte qui lui montre le chemin, lui
fasse découvrir le monde dans toute sa diversité, lui transmette des
valeurs, des repères mais avec bienveillance, patience et douceur.
Les punitions
Imaginons un dialogue entre deux adultes :
Élodie parle à son compagnon : « J’en ai plus qu’assez que tes
affaires traînent par terre dans la chambre, que tu ne fasses jamais la
vaisselle. Je ne suis pas ta bonne. » Et vlan ! Une claque fuse. « Cette
claque, tu l’as bien cherchée, elle va te remettre les idées en place ! Une
punition te fera également le plus grand bien. Va au coin immédiatement,
sans bouger, réfléchis à ton comportement et pendant quinze jours tu as
interdiction de regarder tes séries préférées. » En fait que se passe-t-il
entre ces deux personnes ? Des rapports de force, de domination. Élodie
contraint Emmanuel et croit que l’humiliation, la souffrance physique, la
privation amènent à réfléchir et à progresser. Elle pense qu’ainsi
Emmanuel s’améliorera et participera aux tâches ménagères.
Emmanuel sent la colère monter en lui, contre sa femme. Il se sent
maltraité et refuse de répondre à ses exigences. Le comportement violent
de sa femme l’exaspère et lui donne envie de la quitter.
Pourquoi croit-on que l’humiliation, la souffrance physique,
la privation peuvent faire progresser ?
Les adultes reproduisent souvent la façon dont ils ont été eux-mêmes
éduqués sans y avoir réellement réfléchi, sans vouloir ou pouvoir
remettre en cause leurs parents. Il peut être très douloureux de critiquer
ses parents. Ils pensent que la punition apprend à « bien » se comporter,
et que sous la contrainte l’enfant va progresser et devenir pleinement
humain.
Or c’est l’inverse. L’enfant apprend dans ce contexte violent que les
rapports humains sont des rapports de force, d’humiliation, de
domination, et agira de même. Souhaitons-nous lui transmettre cela ?
Ensuite, la colère engendrée contre le parent brise la confiance, le
respect. La méfiance s’installe et le lien se distend. L’enfant rumine et ne
progresse pas, au contraire. Il perd confiance en lui, se mésestime. On lui
a dit qu’il n’était « pas bien » ou que ce qu’il faisait n’était « pas bien ».
Il se vit comme « mauvais, méchant, pas bien ». S’il obéit, ce sera pour
échapper à la punition. L’adulte sera satisfait sur le moment de le voir
obéir. Mais l’enfant apprendra à vivre dans la crainte et la soumission
tout en nourrissant un ressentiment croissant contre l’adulte. Il n’aura
pas compris pourquoi se comporter de telle ou telle façon est bénéfique
pour lui et pour les autres. Il n’aura pas appris à identifier ses émotions, à
se connaître. Il n’aura pas senti, compris que vivre ensemble peut être un
grand bonheur quand on sait résoudre les conflits pacifiquement.
Les menaces
L’éducation par la peur, par la menace – « Attention je compte
jusqu’à trois et à trois si tu n’obéis pas, tu vas voir : Un, deux, trois... »
ou « Si tu continues, tu seras privé de dessert, de tablette, de sorties » –
laisse des traces souterraines, délétères, qui continuent à agir à l’âge
adulte. Les menaces comme les punitions sont un rapport de force, une
pression exercée sur l’autre. L’adulte veut que l’enfant agisse comme il
l’entend. Encore une fois, l’enfant le plus souvent obéira, mais
uniquement pour éviter la punition contenue dans la menace, sans autre
réflexion. Or chacun de nous, adultes comme enfants, souhaitons agir
parce que nous avons choisi telle ou telle option et non parce que nous y
sommes contraints.
Certaines menaces sont des prédictions de mauvais augure et
resteront fixées dans la mémoire de l’enfant : « Si tu continues à avoir de
mauvaises notes, tu finiras sur le trottoir, tu ne trouveras jamais de
travail et tu seras au chômage. » Le parent craint pour l’avenir de son
enfant et lui transmet son angoisse sans réaliser que ses paroles ont des
effets néfastes. Au lieu de donner un sursaut d’énergie à l’enfant pour
qu’il trouve de l’intérêt à son travail, il prend peur, se stresse. N’étant
pas soutenu par la confiance de ses parents, il perd son estime de soi. Il
se décourage, se sent un « bon à rien » et travaille encore moins. Une
fois adulte, il n’aura pas la confiance nécessaire pour se valoriser à
l’entretien d’embauche ou pour rechercher activement du travail. Il a
entendu toute son enfance : « Tu n’y arriveras pas... »
Les humiliations verbales, les humiliations physiques (fessées, gifles), une attitude
rejetante ou hostile,
les menaces perturbent le développement du cerveau et entraînent de vrais troubles du
comportement
Actuellement, nous connaissons les conséquences des humiliations verbales, physiques,
des menaces sur le développement du cerveau de l’enfant. Il ressort des études scientifiques
que les effets négatifs sur le cerveau sont importants et atteignent des structures cérébrales et
des circuits cérébraux essentiels pour le bon fonctionnement du cerveau : cortex frontal,
hippocampe, corps calleux, cervelet, circuits reliant le cerveau supérieur au cerveau
émotionnel et archaïque. Il en résulte de vrais troubles du comportement : les enfants
souffrent d’agressivité, d’anxiété, de dépression, puis, plus tard, à l’adolescence et à l’âge
adulte, ils pourront développer des comportements à risque (violence, addictions à l’alcool,
aux drogues)1.
La maltraitance émotionnelle
La maltraitance émotionnelle a des conséquences très négatives sur le
développement de l’enfant. Qu’entend-on par « maltraitance
émotionnelle » ?
La maltraitance émotionnelle est définie comme :
• tout comportement ou parole qui rabaisse l’enfant, le ridiculise,
le critique, le punit, lui procure un sentiment d’humiliation, de
honte ;
• tout ce qui lui fait peur ou le terrorise.
Maltraiter l’enfant émotionnellement, c’est aussi :
• ignorer l’enfant ou ne pas répondre à ses besoins d’affection, de
soin, de protection ;
• le rejeter ;
• l’isoler, le priver de liberté, ou d’interactions sociales ;
• négliger les soins à lui apporter et ses besoins éducatifs ;
• le laisser assister à des violences conjugales2.
Les séparations
Quand l’entente n’est plus possible, que l’amour n’est plus là, que les
disputes sont incessantes, mieux vaut se séparer pour le bien de l’enfant.
Certains parents disent : « Je ne m’entends plus avec mon conjoint, je ne
l’aime plus mais je reste pour mon enfant, c’est mieux pour lui. » Ces
parents ignorent qu’assister à des conflits permanents, parfois violents en
paroles, en gestes, est très nocif pour l’enfant. Bien sûr, se séparer n’est
pas une décision facile à prendre. Souvent, un des deux conjoints est prêt
à se séparer, mais l’autre ne le souhaite pas. Cette décision demandera
parfois de longs mois, de longues années durant lesquels les conflits se
répéteront, usant parents et enfants. Ce moment de séparation laisse
souvent un sentiment d’échec, et reste une période très douloureuse pour
le couple et pour l’enfant, mais une fois que chaque parent retrouve son
équilibre affectif, l’enfant lui aussi s’apaise et redevient joyeux.
1. Choi, 2012.
Quand on n’en peut plus
Élever un enfant n’est pas simple. Quand un parent ne prend pas soin
de lui, de ses besoins, il se sent mal, ses frustrations, son énervement, sa
fatigue retentissent alors négativement sur l’enfant.
Quand un des parents me dit : « Je n’en peux plus, je craque », c’est
le signal qu’il ne vit pas comme il le souhaiterait. Y a-t-il suffisamment
d’échanges dans leur couple, prennent-ils le temps de se parler au sujet
de leur enfant, de l’éducation qu’ils souhaitent lui donner ? Ont-ils des
moments de bonheur à être en famille, avec leur enfant ? Ont-ils des
projets enthousiasmants qui les réunissent, les mobilisent ? Quand l’un
des parents se sent surchargé, ne peut-il demander de l’aide à son
conjoint, mieux répartir les tâches du quotidien pour ne pas se sentir à
bout face aux demandes légitimes de l’enfant ?
De façon plus individuelle, ce parent aurait-il envie de moments de
détente, de lire, de voir des amis, de danser, de faire du sport ? La
relaxation, le yoga, la méditation en pleine conscience contribuent à
retrouver calme et sérénité.
Quel que soit son âge, dès tout petit, dire à l’enfant : « Là, je pense
que tu es en colère, inquiet, impatient, heureux, excité, enthousiaste. Est-
ce bien cela ? » Bien sûr, l’enfant tout petit ne pourra pas vous répondre :
« Oui, c’est ce que je ressens », mais cela « entraîne » l’adulte à ne pas
plaquer sur son enfant des sentiments que lui ne ressent pas et apprend à
l’enfant à mettre un nom sur ce qu’il vit. On se trompe très souvent sur
ce qui traverse l’autre, lui seul peut dire ce qu’il éprouve. Dire : « Tu es
triste, inquiet, désemparé » comme une affirmation alors qu’il ne le
ressent pas est un non-respect et une prise de pouvoir sur lui. Par contre
lui demander : « Es-tu triste, inquiet ? » est une aide, lui permet de
prendre le temps de se connecter à ses émotions, de sentir si oui ou non il
éprouve cela, et, très souvent, l’enfant s’apaise en entendant ces mots,
car l’adulte le comprend et ne le gronde pas. Si l’entourage aide l’enfant
à exprimer ses émotions, progressivement, à partir de 3-4-5 ans, il pourra
mettre les mots justes sur ce qu’il ressent, il saura identifier et nommer
ses émotions. Il aura acquis une conscience et une connaissance de lui-
même.
« Se mettre à la place de son enfant », sentir,
comprendre ce qu’il éprouve, ses sensations, ses émotions, est
une des clés de la relation parents-enfant
Une telle attitude permet de reconsidérer beaucoup d’habitudes dans
notre manière d’élever un enfant. Le parent peut alors trouver lui-même
bien des solutions à des questions quotidiennes et être créatif sans avoir
recours à Internet, aux livres ou à diverses consultations.
Prenons un exemple concret qui concerne le bébé. Quelle est la
meilleure position quand il boit au sein ou au biberon ?
Se mettre à sa place, avoir de l’empathie pour lui, pour ce qu’il
ressent, nous aide à adopter une position qui lui soit confortable. Durant
les trois premiers mois, le repas est un moment particulièrement
important pour lui et répété cinq à huit fois par jour. Que constate-t-on ?
Le bébé boit le plus souvent en position allongée, qu’il soit au sein ou au
biberon. Beaucoup de mères aiment donner le sein allongées, elles sont à
l’aise, reposées, elles se sentent bien. Quand la mère est assise, le bébé
est souvent aussi en position allongée ou semi-allongée pour boire son
biberon ou téter au sein. Prennent-elles en compte ce qu’éprouve leur
enfant ?
Nous, adultes, buvons-nous en position allongée ? Non ! Boire
allongé est difficile et peut entraîner des fausses routes ! Est-ce
confortable ? Non. La réponse est alors évidente : mettre le bébé le plus
proche possible de la verticale pour le biberon ou pour la tétée sera plus
confortable pour lui et les régurgitations fréquentes à cet âge seront
diminuées. L’expérience montre que certains bébés qui ne régurgitent
pas ne semblent pas gênés de boire allongés. Se sont-ils adaptés, ou ne
montrent-ils pas leur inconfort ? Je ne sais pas. Ce qui est sûr, c’est que
je ne connais pas d’adultes qui boivent spontanément en position
allongée et qui trouvent cela agréable.
Cet exemple tout simple nous confirme que dès que nous nous
mettons à la place de notre enfant, que nous comprenons ses sensations,
ses émotions, nous pouvons trouver des solutions pour lui offrir une vie
plus agréable.
Apaiser, câliner, avoir une attitude bienveillante
Quand l’enfant est en proie aux doutes, à la colère, à l’anxiété, à la
tristesse, l’attitude calme, douce de l’adulte l’apaise. Si l’enfant a besoin
d’être réconforté, pris dans les bras, le câliner, quel que soit son âge, lui
fera sentir cet amour inconditionnel, base de tout épanouissement. « Oui,
je suis aimé et non rejeté quand je suis triste, anxieux, en colère, plein de
doutes. » Quand l’enfant sait qu’il peut exprimer sans réserve ses
émotions, qu’il est écouté, compris, la maison familiale est ce lieu de
ressourcement, d’apaisement indispensable où il peut partager ses joies
et ses peines. Il repartira réconforté, plus confiant vers ce qu’il est lui,
vers ce qui l’intéresse.
Il est indispensable de transmettre à l’enfant que les doutes, les
erreurs sont inhérents au chemin de la vie, et sont un formidable tremplin
pour apprendre.
Si l’enfant sent qu’il n’est pas jugé, critiqué, que ses parents ne sont
pas intrusifs, il continuera d’échanger avec ses parents même à
l’adolescence quand il en aura besoin. Sinon, adolescent, dans ses
moments de doute, il cherchera de l’aide, du réconfort, ailleurs.
« Je veux savoir ce que mon enfant pense. Il ne me dit rien. Je veux
connaître ses relations, savoir qui il fréquente. » Le parent s’inquiète,
veut protéger son enfant. Mais une attitude intrusive, qui force l’enfant
ou l’adolescent à s’exprimer quand il n’en a pas envie, produira l’effet
contraire, et l’enfant, se sentant surveillé, se fermera.
Parfois, l’enfant, l’adolescent s’ouvrent, se confient à des moments
inattendus. Il faut alors savoir se rendre disponible. Ne pas leur répondre
risquerait de les décevoir et de rompre un lien parfois fragile à
l’adolescence.
L’amour s’exprime à travers toute notre personne, notre attitude
d’ouverture, notre regard, notre ton de voix, nos gestes, nos paroles.
L’amour est vivant et a besoin d’être vécu, exprimé. Câliner l’enfant,
avoir un regard, une voix, des gestes, des mots tendres sont une
nourriture indispensable à tout âge. Mais ce n’est pas toujours le bon
moment, surtout à l’adolescence. « Oh ! Arrête de m’embêter, tu me
colles. Laisse-moi tranquille. » Le parent se sentira rejeté. Si le parent a
des doutes sur le moment adéquat, il peut demander : « Veux-tu un
câlin ? » Cela est clair, ne choque pas du tout l’enfant ou l’adolescent et
leur transmet que demander simplement si l’autre souhaite telle ou telle
attitude fluidifie la relation.
Apaiser, câliner, avoir une attitude bienveillante agissent en profondeur sur l’être
humain, font sécréter de l’ocytocine et maturer les lobes frontaux
• Apaiser, câliner, avoir une attitude bienveillante font sécréter de l’ocytocine, molécule de
l’amour, de l’amitié, de l’empathie chez celui qui la reçoit et chez celui qui donne cette
attention. Elle agit sur les structures cérébrales qui nous permettent de décrypter l’expression
des yeux, du visage, d’être empathiques : de sentir, de comprendre les émotions de l’autre.
L’ocytocine est une molécule indispensable pour être pleinement vivant et heureux car plus
on a d’ocytocine, plus on sent, plus on comprend les émotions de l’autre. On peut alors avoir
des relations satisfaisantes, être sociable, aimer. Un sentiment de bien-être, d’apaisement
nous envahit2.
• Apaiser, câliner, avoir une attitude bienveillante participent à la maturation des lobes
frontaux, du cortex orbito-frontal. Ces structures cérébrales permettent à l’enfant de gérer ses
émotions, et favorisent sa faculté de discernement et son sens moral3.
Le petit enfant est dominé par son cerveau archaïque qui le pousse à
réagir instinctivement pour sa survie. Il attaque, fuit ou est sidéré quand
il se sent en danger ou que ses besoins fondamentaux (besoin
d’affection, d’attention, de protection, d’exploration, de calme, etc.) ne
sont pas assurés.
Le petit enfant est dominé par son cerveau émotionnel, il vit ses
émotions avec une extrême intensité : ses peurs, ses chagrins, ses colères
sont très profonds. Il est perdu et submergé par ces véritables orages
émotionnels.
L’enfant ne peut se calmer seul. Quand il est laissé seul face à ses
émotions de tristesse, de colère, de peur, son amygdale cérébrale active
la sécrétion de molécules de stress du cortisol, de l’adrénaline, qui en
quantité importante peuvent être très toxiques pour son cerveau et tout
son organisme.
Mettre des mots sur ses émotions est bénéfique. Cela apaise
l’amygdale cérébrale, équilibre le système nerveux végétatif. Les
molécules de stress toxiques pour le cerveau immature diminuent.
Le cerveau de l’enfant petit est très fragile et très malléable :
Le cerveau ne se développe bien intellectuellement et affectivement
que s’il reçoit de la bienveillance, de l’empathie, du soutien.
L’enfant imite via les neurones miroirs. L’adulte est donc un modèle
pour l’enfant, son influence est majeure. Ce que fait, dit l’adulte, l’enfant
le reproduit.
1. Sondage BVA pour Domeo et la presse régionale réalisé les 12-13 février 2015.
2. http://www.unicef.org/french/endviolence/facts.html.
Comment se faire aider ?
Le gouvernement a mis en place dans tous les départements, dans toutes les villes :
• des points d’information famille : www.social-sante.gouv.fr ;
• des lieux d’accueil enfants-parents (LAEP) pour enfants de
moins de 6 ans (www.mon-enfant.fr) créés par la Caisse des
allocations familiales ;
• un réseau d’écoute, d’appui et d’accompagnement des parents
(REAAP) pour enfants et adolescents, créé en 1998 : reaap.com ;
• la médiation familiale : www.mediation-familiale.org,
www.mediation-familiale.info ;
• la PMI : protection maternelle et infantile.
Film
Si j’aurais su... je serais né en Suède, de Marion Cuerq. Vous pouvez
le visionner gratuitement sur le site oveo.org.
Revues
• PEPS (parution trimestrielle) : premier magazine dédié à la
parentalité positive. Pepsmagazine.com.
• Non-violence actualité ou NVA (parution bimestrielle).
Livres
L’Autorité sans fessées, Edwige Antier, Robert Laffont, 2010.
Cessez d’être gentil, soyez vrai, Thomas d’Ansembourg, Éditions de
l’Homme, 2012.
Abécédaire de la bien-traitance en multi-accueil : guide pratique,
Arnaud Deroo, Danielle Rapoport, Chroniques sociales, 2009.
Heureux en crèche. Un projet de coéducation parents-professionnels,
Arnaud Deroo, Sylviane Giampino, Chroniques sociales, 2012.
Élever son enfant autrement, Catherine Dumonteil-Kremer, Éd. La
Plage, 2009.
Parents épanouis, enfants épanouis, Adele Faber et Elaine Mazlish,
Éd. du Phare, 2001.
Jalousies et rivalités entre frères et sœurs, Adele Faber et Elaine
Mazlish, Stock, 2011.
Parler pour que les enfants écoutent, écouter pour que les enfants
parlent, Adele Faber et Elaine Mazlish, Éd. du Phare, 2012.
Au cœur des émotions de l’enfant, Isabelle Filliozat, Marabout, 2006.
J’ai tout essayé, Isabelle Filliozat, Marabout, 2013.
Éduquer sans punir, Thomas Gordon, Marabout, 2013.
Parents bienveillants, Noël Janis-Norton, L’Instant présent, 2013.
La Fessée, Olivier Maurel, Éd. La Plage, 2015.
Oui, la nature est bonne, Olivier Maurel, Robert laffont, 2009.
C’est pour ton bien, Alice Miller, Aubier, 1998.
Les mots sont des fenêtres ou des murs, Marshall Rosenberg, La
Découverte, 2004.
Élever nos enfants avec bienveillance. L’approche de la
communication non violente, Marshall Rosenberg, Jouvence, 2007.
Pleurs et colères des enfants et des bébés, Aletha Solter, Jouvence,
1999.
Bien comprendre les besoins de votre enfant, Aletha Solter, Jouvence,
2007
Mon bébé comprend tout, Aletha Solter, Marabout, 2013.
Jeux coopératifs
• Jouons ensemble... autrement, Catherine Dumonteil-Kremer, Éd.
La Plage, 2006.
• Jeux coopératifs pour bâtir la paix, Université de paix,
chroniques sociales, 2004 (pour les plus de six ans).
• Jouons ensemble davantage. Jeux et sports coopératifs, First,
Pierre Provot, 2012.
• 80 activités de coopération pour apprendre ensemble.Moyenne
section et cycle 2, Catherine Vialles, Retz, 2008.
• Les jeux de Bruno Faidutti : cet homme créateur de jeux est un
passionné, vous trouverez sur son site des centaines de jeux :
www.faidutti.com.
Bibliographie
Entre L’enfant a les mêmes besoins que précédemment, mais en plus il a L’enfant a du L’enfant est
1 an besoin : plaisir à vivre, il stressé
et 2 — d’un adulte qui l’apaise quand il a de fortes colères, qu’il tape, a de l’allant, est +++++.
ans mord ; joyeux, Il peut
— d’un adulte qui le comprenne. Ce qui ne signifie pas laisser explorateur, devenir de
tout faire et céder. Quand l’adulte n’est pas d’accord, il le dit joueur. plus en plus
calmement et agit avec empathie et bienveillance ; agressif ou
— d’un adulte qui, lors d’un différend, propose diverses solutions anxieux,
à l’enfant pour renforcer son esprit d’initiative et son autonomie ; déprimé.
— d’un adulte qui lui serve de modèle, donne des repères ;
A des colères,
— de confiance ;
des peurs.
— d’explorer, de découvrir, de comprendre le monde qui
l’entoure ;
— de sécurité et de liberté ;
— d’être soutenu, encouragé dans sa curiosité.
Entre L’enfant a les mêmes besoins que précédemment, sans oublier : L’enfant apprend L’enfant
2 et — qu’il est toujours soumis à de fortes impulsions et émotions très n’apprend
5 ans qu’il ne contrôle pas encore ; progressivement pas à
— qu’il a donc besoin de compréhension, d’apaisement et d’un à réguler ses réguler ses
adulte qui lui-même sait sortir des conflits, lui sert de modèle, émotions, ses émotions.
donne des repères de façon bienveillante et qui lorsqu’il n’est pas impulsions. Il devient
d’accord propose à l’enfant de chercher des solutions ensemble. Il est heureux de de plus en
vivre, sociable, plus
curieux, agressif ou
entreprenant, anxieux,
joueur. déprimé.
Il aime
comprendre,
apprendre.
Entre 5 et 7 L’enfant a toujours besoin : L’enfant L’enfant ne régule pas ses émotions.
ans — de confiance, de commence à Il a des troubles du comportement : il
compréhension, de soutien, de réguler ses est agressif ou anxieux ou déprimé.
pouvoir faire des choix ; émotions, ses
— d’un adulte qui soit un impulsions.
guide, un modèle et que Il est heureux de
l’enfant peut imiter. vivre, sociable,
curieux,
entreprenant,
joueur.
Il aime
comprendre,
apprendre.
De 7 ans L’enfant a toujours besoin L’enfant régule L’enfant, l’adolescent ne régulent pas
jusqu’à d’écoute, de compréhension, de ses émotions leurs émotions.
l’adolescence soutien, d’encouragement, de sauf s’il est Ces troubles du comportement
confiance, de liberté, de pouvoir confronté à des s’accentuent : ils sont très agressifs ou
faire des choix. conflits très très anxieux ou déprimés. Chez
importants. l’adolescent débutent les addictions à
Il a de bonnes l’alcool, aux drogues.
capacités
relationnelles. Il
a un sens
éthique.
Il aime
apprendre.
Développement émotionnel, affectif