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mesure des contraintes rn situ

par la cellule de surcarottage CERCHAR

par
H. M. Helal

1 I ntroduction Dans ces conditions, seules les mesures réalisées à


partir d'un forage peuvent atteindre une profondeur
Depuis un certain nombre d'années, le problème de la suff isante pour pouvoir s'aff ranchir de ce handicap. Le
mesure des contraintes in situ préoccupe bon nombre CERCHAR a donc cherché à se doter d'une technique
de chercheurs en mécanique des terrains. L'intérêt que et d'un matériel lui permettant d'utiliser la technique
présenterait une bonne connaissance de l'état de du surcarottage, technique particulièrement bien
contrainte des massifs rocheux n'est plus à démontrer, adaptée à la mesure des contraintes dans le cæur des
et cette recherche a fait I'objet de diverses contribu- piliers ou dans le toit d'une exploitation.
tions : Leeman (1), Bonnechère (2)*, etc. Des sympo-
Le principe de la méthode consiste à détendre la roche
siums, comme Zurich en 1977, lui ont même été
entièrement consacrés. autour d'un sondage en mesurant les déformations
diamétrales provoquées par cette opération. La mesure
Certains chercheurs ont orienté leurs travaux vers des précise de ces déformations permet de remonter aux
tentatives de modélisation théorique des sites étudiés; contraintes, moyennant la connaissance des caracté-
d'autres ont préféré la mise au point de techniques et ristiques élastiques (E, u) du matériau.
d'instruments permettant d'effectuer des mesures en
place. Le tableau I ci-après rassemble quelques A cet effet, une cellule dilatométrique à mesure
diamétrales a été conçue et mise au point, ainsi qu'un
exemples de ces dispositifs et rappelle les principes de
leur conception. ensemble de matériels destiné à déterminer en outre
un module pressiométrique du matériau.
Le CERCHAR pour sa part, et dans le cadre de ses
études relatives à la stabilité des exploitatlons à faible
Le texte qui suit décrit la cellule CERCHAR, son
principe, son mode d'utilisation, le matériel de mesure
profondeur, a été amené à mesurer couramment les
qui lui est attaché, ainsi que les bases théoriques sur
contraintes in situ, et à comparer systématiquement les
valeurs obtenues aux résultats issus de calculs sur
lesquelles les résultats obtenus sont interprétés.
modèles. Deux techniques sont habituellement utili- Quelques exemples d'utilisation de cette cellule en
laboratoire et au chantier sont également présentés.
sées Bonvallet (3)
la méthode de la rosette, basée sur la mesure des
déformations,
la méthode du vérin plat, basée sur l'équilibrage des 2 La procédure de surcarottage
pressions.
L'intérêt de ces deux méthodes, relativement faciles à Nous ne décrirons pas ici le principe du surcarottage,
mettre en æuvre, souffre du fait que les mesures ne déjà publié par ailleurs (Leeman (1), Bonnechère (2\,
peuvent être faites qu'à la paroi des ouvrages. Or dans etc.). Nous rappellerons simplement la procédure
cette zone la roche est souvent dans un état plastique adoptée par le CERCHAR.
ou bien soumise à une importante fracturation Dans une première étape, oh fore un trou de diamètre
d'origine mécanique. assez grand (210 mm) jusqu'à la profondeur à laquelle
on veut mesurer les contraintes (fig. 1a). On réalise
ensuite un second forage concentrique au premier
mais de diamètre plus petit (97 mm) (fig. 1 b). La cellule
* Les chiff res entre parenthèses renvoient à la bibliographie est alors introduite dans ce petit forage, et les
placée en fin d'article. conditions initiales sont mesurées et enregistrées

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a- 1 9r forage ( trou 2î0 mm ) (diamètre initial du trou) (fig. 1c). Trois cyctes
pressiométriques de mise en pression et de décharge
sont effectués, en vue de déterminer le module
d'élasticité du massif. Une fois ces cycles terminés, le
surcarottage proprement dit est exécuté; les terrains
autour de la cellule de mesure sont surcarottés en
grand diamètre (210 mm) pendant que I'on mesure
simultanément les variations de diamètre selon trois
directions (fig. 1 d).

b 2 e?e Forage ( trou 97 mm ) La cellule CERCHAR


-
La cellule CERCHAR est une cellule dilatométrique
fournissant des mesures diamétrales avec une résolu-
tion inférieure au micron, et qui peut fonctionner sous
très faible pression.
Le prototype de I'appareil a été construit en coopéra-
tion avec les sociétés Mazier et Ci'et Coyne et Bellier. ll
est conçu pour être utilisé dans un trou de forage de
diamètre97 mm. Un schéma de la cellule est donné par
c - lnstallation de la cellule la f igu re 2, et une photo de I'appareil dans son
montage d'étalonnage est présentée à la figure 3.
octive
cellulc La cellule se présente sous la forme d'un cylindre de
500 mm de longueur et de 95 mm de diamètre. Le
corps en acier est enveloppé par une manchette de
caoutchouc souple.L'étanchéité est assurée, à
chacune des deux extrémités par un manchon
tronconique qui assure le blocage de la manchette sur
le corps métallique.
Six capteurs de déplacement sont logés dans la partie
d - Surcarottage centrale de la cellule dont la partie gonflable mesure
200 mm. lls sont disposés en trois paires décalées de
120 degrés les unes par rapport aux autres, et sont
placés dans trois plans distants de 40 mm. Pour tenir
compte d'une éventuelle dérive des capteurs due, par
exemple, à une variation de la température en cours
d'essais, un septième capteur bloqué est installé dans
le corps de la cellule et sert de référence.
--------a> Les capteurs sont de fabrication Coyne et Bellier.
Chacun est constitué d'une bobine d'induction montée
sur un anneau de quartz et d'un disque de laiton
Fig. 'l La procédure du surcarottage mobile par rapport à ce bobinage. Le circuit
électronique contient un oscillateur et un amplificateur
alimentés par une tension stabilisée. La grandeur
caractéristique de la mesure du déplacement du
disque de laiton par rapport à la bobine d'induction est
la fréquence du courant alternatif parcourant le circuit.

Dîsouc dc laiton

Cône dc serra0c Joint torisuc Vis cl oeur Nonchcttc dc ceoutchouc Cônc d'a ncra

Ecrou dc scrîa Ccptcur de référcncc Ccotc u r Çorps Conte incr dc l'élcctronîquc

Fig. 2 Plan schématique de la cellule CERCHAR

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Le disque de chaque capteur est fixé dans la
manchette par une vis palpeur munie d'un joint torique
pour assurer l'étanchéité de la cellule.
Pour assurer le contact entre la cellule et la paroi du
forage, la cellule est gonflée par de I'azote sous
pression. La pression nécessaire pour assurer ce
contact est une fonction de deux paramètres princi-
paux: la souplesse de la manchette utilisée, dont
dépend la pression rnaximale que I'on peut appliquer
lors de I'essai pressiométrique, et la résistance à la
traction du matériau dans lequel I'essai est réalisé,
pour éviter de casser l'anneau du surcarottage pendant
I'opération. La figure 4 montre un exemple de courbe
de gonflement de la manchette utilisée dans la craie.
Dans ce cas, la pression suffisante pour assurer le
contact des six capteurs avec la paroi est de I'ordre de
0,18 MPa. La pression retenue pour opérer dans la
craie est de 0,2 MPa, pour assurer le contact même en
cas d'irrégularité des parois du forage
Atin de maintenir cette pression constante pendant
toute I'opération, uh système de détendeur asservi est
utilisé. ll permet un double passage de I'azote,
c'est-à-dire de la bouteille vers la cellule, mais
également de la cellule vers I'extérieur.

4 Étalonnage des capteurs


La courbe de réponse de chaque capteur
c'est-à-dire l'évolution de la fréquence du courant
dans le circuit oscillant en fonction du déplacement du
par l'étalonnage des capteurs.
disque
- est obtenue
Cet étalonnage se fait à I'aide du montage présenté
figure 3 qui permet de fixer la cellule et une vis
micrométrique dont la précision est de deux microns.

Fig. 3 La cellule CERCHAR dans son montage d'éta-


lonnage

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Presict suffismb pu? tssat'cr lc coobct

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96 97

Fig. 4 Courbe caractéristique du gonf lement de la Fig. 5 Exemple de courbe de réponse du capteur 'l
manchette no 3

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Le processus consiste à gonfler la cellule à la pression 5 Le matériel de mesure
préalablement déterminée pour être utilisée pendant le
surcarottage, et à imposer un certain déplacement à Le matériel nécessaire pour effectuer les mesures par
I'aide de la vis micrométrique au capteur à étalonner. la cellule CERCHAR peut se classer en deux groupes
on fait ensuite varier ce déplacement par paliers, êh principaux :
mesurant les f réquences correspondantes, et ce le premier concerne les travaux de forage; il
jusqu'en fin de course du capteur (10 mm environ). comprend d'une part une sondeuse légère suscep-
Cette méthode permet d'obtenir un étalonnage tible d'être dissociée en plusieurs éléments,
contrôlé (100 p chaque fois), sous une pression équipée d'un moteur électrique puissant et alimen-
constante, et selon un processus proche de la mesure tée par un groupe électrogène, et d'autre part un
réelle. certain nombre de matériels de service, comme les
carottiers, la pompe à eau, etc.;
La figure 5 donne un exemple de courbe d'étalonnage le deuxième est le système de saisie des données,
obtenue. piloté par un petit calculateur HP 9825. ll permet
On note que la réponse de ce type de capteur n'est pas d'abord la saisie automatique des mesures succes-
linéaire, et que la précision de mesure dépend de la sivement sur tous les capteurs grâce à un
plage de fonctionnement : pour les déplacements scrutateur et un fréquencemètre, ensuite la trans-
faibles, de un à deux millimètres, on a à peu près 6 Hz mission au jour et la conversion des Hertz en
par micron, tandis que dans la plage de 4 à 5 mm, on a microns selon les courbes d'étalonnage déjà
seulement 2 Hz par micron. établies et stockées en mémoire, et enfin I'enregis-
Les conséquences de cette non-linéarité sont de deux trement des résultats sur cassettes pour les traiter
ordres : en premier lieu, il convient d'essayer toujours ultérieurement et I'impression sous forme d'un
de faire travailler la cellule dans la plage correspondant listing des résultats des mesures. Afin que
au début de course des capteurs, afin d'avoir I'ingénieur au fond contrôle en permanence la
la
meilleure précision. Pour celà, il faut que la différence validité des mesures pendant I'opération de
entre le diamètre extérieur de la cellule et le diamètre su rcarottage, I'information est sim ultanément
du trou soit minimale, c'est-à-dire que le diamètre du visualisée au fond sur un écran de télévision.
trou soit le plus possible de 97 mm. D'autre part, un Ce système informatique est transportable et normale-
calculateur doit être utilisé pour convertir directement ment laissé au jour; mais il peut être éventuellement
les fréquences mesurées en déplacements. descendu dans les mines non-grisouteuses moyennant
certaines précautions vis-à-vis des poussières et de
I'humidité. La figure 6 représente un schéma d'ensem-
ble du matériel utilisé.

Tableau 1
Quelques exemples des appareits des mesures des contraintes*

Type de mesures Principe de I'instrument Méthode de détermination


Appareils
effectuées de mesure des contraintes
Déformètre Invar Déformation linéaire Bobine d'induction Détente totale d'une surface
D. C. O. T. libre plane
Disque Contraintes Photoélasticité Détente totale d'une surface
photoélastique libre plane ou bien du fond plat
d'un forage
Doorstopper Dilatations Résistances électriq ues Détente totale du fond plat
Jauges de déformation ohmiques d'un forage

Appareillage 3 déformations Comparateurs Détente partielle par forage


Talobre linéaires d'une surface libre plane
Vérin plat Pression d'un liquide Manomètre et extensomètre Rétablissement des contraintes
et déformation linéaire

Cellule " Université Déformations Lames encastrées avec jauges Détente totale d'un forage
du Minnesota,' diamétrales de déformation ohmiques libre
Cellule .. Université Déformation Lames encastrées avec jauges Détente totale d'un forage
de Liège " diamétrales de déformation ohmiques libre
et déformation
longitudinale

* D'après Bonnechère (2).

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lnprl nontc Cclcalotcur Fréqucnccnàtrc

Cart c vi dé o
Scru tct c ur

AI lnc ntotion

Puîts oci sondegc

rottlcr t 210 ndcus c

fil é vlscur Conpcnsot ion

lllncnSctbn cn ezotc
soas prcssîon rêgulêc

Fig. 6 Schéma d'ensemble du matériel de mesure de surcarottage

h3

los
6 Méthode d'interprétation des mesures
Considérons un massif homogène, isotrope et linéaire-
#,
ment élastique percé d'un trou circulaire de diamètre d
et soumis à un état homogène de contraintes (f igure 7).
La détente des contraintes appliquées induit une
variation du diamètre du trou, qui est égale en module,
mais de sens opposé, à la variation de diamètre qui
avait été provoquée par I'application de ces contraintes
sur le même massif initialement non-contraint.
Les relations entre la variation d iamétrale U et les
contraintes appliquées o dans le repère local du trou,
figure 7, s'écrivent Panek [a]; Himarastu et Ok [5] :

U-Fr'or *F".a2*F".tr3*Fo.T13 1

avec Fig. 7 Système de coordonnées de l'axe du trou

.E -Y2),-, +2cos2o) -Y
F,:d(1
îdu
l.t 1l- :
tr
L'équation 1 est une relation paramétrique entre d'une
Fs:ry(1 -2cos2e)+Y part U et d'autre part cr1, a2, o" et rrg. Cependant, elle
ne permet pas de calculer ces quatre composantes
rF+:-d(1 -r'l (4 sin 20) sans une hypothèse supplémentaire, car seulement
trois valeurs de U sont indépendantes.
où o1, cz, o3, rrs sont définis sur la figure 7. L'idée est donc d'effectuer des mesures dans d'autres
U - variation diamétrale dans la direction 0 trous et de rapporter toutes les mesures à un seul
repère (x, y,z), ce qui donne d'après les équations de
d- diamètre du trou transformation
E - module d'élasticité du matériau :

u: coêfficient de Poisson du matériau. U - Jro,. * J2o, * J3o= * Jotr" * J5ry= * J6r=, 2

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avec Détermination des paramètres élastiques du
J1 : F $l + 2(Z + se2s + 44 J3
F F F matériau (E, u )
J": F.tmf + F2mZ + F"m"2 + F4m1mg ll existe de nombreux moyens de détermination des
J": F,nf +F"nl+ F"n! + F4nln3 caractéristiques élastiques des roches, âu laboratoire
J a : 2F.,(,.,m., + 2F 2e 2m 2 + 2F.l.m. + Fo({' m" + ! 3m -tl ou in situ, Çui tiennent compte de la spécificité du
problème. La plupart des méthodes de laboratoire sont
J5: 2Frmrn., + 2F2m2n2 * 2F"m"n. + Fo(m.,n" + m"n.')
basées sur I'utilisation de carottes issues du forage
Ju:2F.,nr(, + 2F"n"(" + 2Fsns(,3-l F o(n-,l. + n"{1 ) lui-mêffiê, en simulant le champs des contraintes in
où o,, o", ..., rzx sont les composantes du tenseur des situ, soit dans un essai monoaxial (Fitzpatrick [6]), soit
contraintes dans le repère (x, y, z). dans un essai triaxial (Obert t7l).L'inconvénient
principal des mesures de laboratoires réside dans la
/,, m,, n,, i:1,2,3 sont les cosinus directeurs de h, par diff iculté de simuler exactement les conditions in situ
rapport aux axes x, y, z respectivement. (en particulier, la température, I'humidité et peut-être
L'équation 2 exprime une liaison linéaire entre la la répartition des contraintes), tandis que la mesure en
variation diamétrale mesurée et les contraintes appli- place prend en compte les conditions locales réelles,
quées au massif. Chaque détermination de U corres- en particulier la fissuration, l'effet d'échelle et
pond à certaines valeurs de Ji qui dépendent I'anisotropie du matériau. Plusieurs méthodes permet-
seulement de la direction de mesure e et les tant de déterminer le module in situ sont proposées
caractéristiques élastiques E et u. La détermination de dans la bibliographie, comme par exemple, le vérin plat
U pour six conditions indépendantes permet d'obtenir (Bonvallet [3]), I'essai à la plaque (Van Heerden [8]) et
par l'équation un système de six équations indépen- I'essai dilatométrique en trou de sondage (Duffaut [9]).
dantes. La résolution de ce système donnera les'six ll autf toutef ois noter q ue toutes ces méthodes
composantes du tenseur des contraintes. nécessitent I'emploi d'un certain nombre de matériels
spécialisés dans des conditions parfois difficiles.
La mesure des variations diamétrales dans un trou par La cellule CERCHAR a I'avantage de fonctionner
la cellule CERCHAR (3 directions différentes) ne comme un dilatomètre; cette possibilité peut être
fournit que trois conditions indépendantes. Dans ces utilisée pour mesurer le module pressiométrique de la
conditions, la détermination de ces six équations roche dans le trou même, avant de commencer
indépendantes peut être obtenue par deux trous au I'opération du surcarottage proprement dite. Après
minimum, à condition qu'ils ne soient ni parallèles ni I'installation de la cellule dans le forage de petit
perpendiculaires. diamètre et la détermination des conditions initiales,
Le problème de la validité des mesures et la précision un essai cyclique de pressiométrie (charge-décharge)
du calcul des contraintes, c'est-à-dire la représentati- peut être effectué. De cet essai, on déduit une pente de
vité de la valeur calculée par rapport à la valeur réelle la courbe pressiométrique que I'on utilise dans la
peut être abordé de deux manières. L'une consiste à formule 3 développée à partir du modèle du cylindre
améliorer la précision en mesurant U dans plusieurs épais :

trous et en calculant à I'aide de la méthode des AP


moindres carrés une valeur moyenne pour chaque E:(1 +u)0.*
composante du tenseur des contraintes. L'application
de la méthode des moindres carrés permet d'évaluer la où
dispersion des composantes calculées et de détermi- module d'élasticité
ner leur intervalle de confiance. D'autres analyses
E -
d - diamètre du trou
statistiques sont également possibles avec ce type de
calcul. L'autre approche traite le problème par la
P - pression appliquée
U - variation diamétrale mesurée
simplif ication du calcul en faisant intervenir des v : Goêff icient de Poisson
hypothèses supplémentaires. Quant à la précision des
mesures, elle devient alors une fonction de la validité En ce qui concerne le coefficient de Poisson v, il est
de la simplification par rapport aux conditions in situ déterminé en laboratoire sur éprouvettes. Afin d'amé-
en particulier la géométrie de I'ouvrage. liorer la précision des résultats, plusieurs essais sont
eff ectués.
Un programme informatique a été décrit pour exécuter
les procédures de ce calcul. ll présente la possibilité
d'effectuer les calculs avec des nombres de mesures
variables et selon différentes hypothèses de répartition I Essais en laboratoire
des contraintes.
Un certain nombre d'essais ont été réalisés en
Pour déterminer les contraintes in situ à I'aide du laboratoire sous presse. L'objectif était d'étudier le
calcul précédent, il faut compléter la mesure des fonctionnement de la cellule et de contrôler la f iabilité
déformations diamétrales par la connaissance des de l'ensemble de I'appareillage utilisé avec cette
paramètres élastiques du matériau (E, u). La détermi- cellule, sous un état de contrainte connu (monoaxial)
nation de ces paramètres représente un des problèmes avant son emploi in situ.
fondamentaux de la mesure des contraintes in situ. La Pour atteindre cet objectif , 3 matériaux de caractéristi-
précision de la détermination des contraintes est ques différentes ont été choisis. Cinq blocs prismati-
directement liée à la précision avec laquelle ces ques de dimensions 40 x 40 x 60 cm percés d'un trou
paramètres sont déterminés. Si toutefois, la variation de diamètre 97 mm au milieu, ont été découpés. Au
du coelficient de Poisson u est relativement limitée, la préalable, des essais de caractérisation ont été
valeur du module d'élasticité varie beaucoup; elle effectués su r des éprouvettes représentatives des
dépend de la structure des roches et peut-être 3 matériaux, en vue de connaître leurs caractéristiques
également de l'état des contraintes in situ (M. Borecki et de déterminer la charge maximale à appliquer sur
et al). chaque bloc pour rester. dans le domaine élastique.

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Dans la plupart des cas, il est impossible de déterminer
un rnodule pressiométrique dans le bloc sous la presse
en raison de la f issuration que provoque I'essai, et qui
se traduit par un éclatement du bloc.

Mesure in situ
L'ensemble de I'appareillage a été utilisé pour mesurer
les contraintes in situ. Quelques campagnes de mesure
ont été réalisées dans les carrières souterraines à faible
profondeur et dans les mines à profondeur moyenne,
où plusieurs séries de mesures de pressiométrie et de
surcarottage ont été effectuées dans les piliers
(tableau ll ci-après). Parmi ces mesures, quelques-
unes ont été réalisées en des points pour lesquels des
Fig. 8 La cellule dans le bloc de grès sous la presse mesures par la méthode du vérin plat avaient déjà été
effectuée.s. La f igure 10 illustre un exemple de courbe
de pressiornétrie obtenue dans la craie où la pression
Déterminer la variation de diamètre intervenant dans le maximale a été limitée à 1,1 MPa. On remarque que le
trou lorsque I'on supprime les contraintes appliquées module déterminé par la première montée est très
au bloc revient à déterminer la variation diamétrale faible, ce qui peut être dû au tassement du matériau.
provoquée par le surcarottage"
L'opération de surcarottage a donc été simulée en
portant la charge initiale à la valeur maximale possible,
et en mesurant les variations de diamètre pendant la
décharge. l-a f igure I montre une vue de la cellule dans Tableau ll
un bloc de grès de Niderviller sous la presse.Un Caractéristiques élémentaires des sifes étudiés
exemple de la réponse de la cellule dans un bloc de
béton est illustré par la figure g.
L'examen des résultats obtenus montre q ue la Taux de Profondeur
Cas étudié
variation diamétrale mesurée par la cellule est une défruitement (%) en mètres
fonction linéaire de la charge appliquée quel que soit le
matériau, mêrne pour des faibles niveaux de contrain- Lezennes (59)
81 11,5
tes. Mais la pente de la courbe obtenue dépend du (craie blanche)
module d'élasticité de ce matériau. Nous avons
constaté que la pente de la courbe correspondait à un Extçeux (59)
80 19,9
module supérieur à celui mesuré sur éprouvettes en (craie grise)
laboratoire.
Vaillon (60)
68 7
(calcaire)
|| CtgtoanSotltertlccax
v(r r u, dcsccndont Grozon (39)
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Le module pressiométrique est calculé en prenant la


moyenne des 2' et 3' descentes entre 0,5 et 1,1 MPa.
On note également que malgré le faible niveau de la
pression appliquée, le module déterminé est en bonne
concordance avec celui déterminé par la méthode du
vérin plat au même endroit.
Quelques exemples des courbes caractéristiques du
surcarottage dans différents états de contraintes sont
_/ donnés sur les f igures 1 1 , 12 et 13. Ces courbes
représentent les déplacements diamétraux mesurés
.n/ par la cellule, êî fonction de I'avancement du carottier.
Trois mesures par centimètre d'avancement ont été
enregistrées, cê qui représente plus d'une centaine de
ùêplceenen nesuré ( aîcrons ) points pour établir chaque courbe complète. L'analyse
10 20 30 Q 50 de ces courbes montre que la réponse de la cellule en
fonction du milieu rocheux est en parfait accord avec
Fig. 9 Exemple de courbe de réponse de la cellule dans la courbe théorique du surcarottage obtenue à partir
le béton d'un modèle par éléments finis (Blackwood t10l).

REVUE FRANÇA|SE DE GEOTECHNTOUE NUMERO 21


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Fig. | | Courbes caractéristiques du surcarotbge dans la craie d'Estreux

REVUE FRANçAIsE DE GEorEcHNrouE NUMEBo 21 38


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rtg. 13 Courbes caractéristiques du surcarottage dans le gypse de Grozon

REVUE FRANÇA|SE DE GEOTECHNIOUE NUMERO 21


10 Conclusion
Vérin courbe
La cellule CERCHAR et I'ensemble de I'appareillage de
mesure présentent une originalité qui satisfait toutes
les exigences d'une méthode de mesure in situ, c'est-
à-d ire :

une mesure continue est assurée par I'unité


informatique, ce qui permet d'établir la courbe de
surcarottage avec plus d'une centaine de points;
les résuttats sont simultanément affichés au Compcnsotion p.r vérins c ourbcs
chantier sur un téléviseur ce qui assure un contrôle ( e portics )
de I'opération;
la cellule présente une bonne précision sous très Fig. | 4 Remise en pression de I'anneau de terrain
faible pression; surcarotté par des vérins courbes
la double utilisation de la cellule en tant que cellule
de mesure radiale et comme dilatomètre permet la
détermination du module d'élasticité sans aucun
matériel supplémentaire;
[4] PANEK L. A. * calcuration of the average ground
aucun collage n'est utilisé pour fixer la cellule. Le - from
stress components measurements of the diame-
contact entre les oapteurs et la paroi du trou est tral deformation of a drill hole. "
assuré par la pression de t'azote comprimé; Rep. of Inv. 6732. U.S. Bur. Mines, 41 pp., 1966.
les dérives possibles des capteurs de mesure
pendant I'opération du surcarottage peuvent être
corrigées grâce au capteur de référence;
tsl HIRAMATSU and oKA ..Determination of the
stress in rock unaffected by borehales or drifts, from
l'étalonnage des capteurs de mesure est très simple measured strains or deformations. > Int. J. Rock Mech.
et demande un minimum de matériel. Min. Sci. Vol. 5, pp" 337, 1968.
Enfin, pour contrôler I'hypothèse de r'élasticité linéaire
[6] FITZPATRICK
du - Biaxial Device for determining the
<(
matériau, il est nécessaire de compléter ta modulus of elasticity
procédure de mesure par la remise en pression de of stress relief cores. >
U. S. BU. Mines Rept of Inv. 0128, 13 pp. 1962.
I'anneau de terrpin surcarotté à I'aide de vérins
courbes. Un dispositif (représenté sur la fig. 14) a été
mis au point qui permet effectivement de contrôler in l7l OBERT L. " Triaxial method for determing the
elastic constants of stress relief cores. >
situ la linéarité du comportement du matériau, et U.S. Bu. Mines Rep. of tnv. 6490, 22 pp., 1964.
d'effectuer les mesu res en util isant seu lement
I'hypothèse de la réversibilité des déformations.
[8] vAN HEERDEN w" L., MASCHER R. K. A.
- In situ
.,
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